Nouit, belle nouit... (Vermine)

Avait-elle entendu ? On pouvait se le demander vu son absence totale de réaction. Zut alors, voilà Ernest bien ennuyé. S’il était au moins sûr que ses mots n’étaient pas allés jusqu’aux oreilles de sa « compagne », il aurait put répéter et même embellir sa prose. Mais si elle l’avait juste ignoré, il en deviendrait ridicule d’ainsi répéter. Le temps qu’il se décide de la suite à donner à sa stratégie de séduction, la féline sortait déjà de l’eau et il la suivit.

-Mettre quelque chose ? Ben, j’ai ma fourrure, répondit-il à la remarque de Maëlys sans toute fois parvenir à cacher totalement son embarras.

Quelle ignoble faute de goût ! Quelle image donnait-il de lui ? Celle d’un sauvageon ? Oui c’était sûr et certain, il mettrait quelque chose la prochaine fois, surtout quand il déciderait à nouveau de jouer les gentlemans juniors.

-Et mon hologramme, ajouta-t-il tout de même. Merde ! Ma montre !

Plus qu’absorbé par la prochaine destination, à savoir la laverie qui offrirait une nouvelle opportunité de se rincer l’œil, Vermine en avait oublié son précieux outil de dissimulation. Précipitamment, il fit demi-tour pour le récupérer. Quand ce fut fait, il hésita un instant puis remit en marche l’illusion. Il préférait offrir à la demoiselle l’image du jeune et élégant garçon plutôt que celle du rat impudique et trempé. Il rejoignit ensuite Maëlys et la suivit hors du parc.

Histoire de donner un sujet de bavardage et surtout de cacher son plan, il ne tarda guère à reprendre la parole.

-Heu, dites-moi belle amie, seriez-vous gourmande ? Une glace, une crêpe, ne serait-ce pas une succulente conclusion à notre repas ?

Alors même qu’il disait cela, il ne pensait plus qu’à la laverie. Aurait-il droit au spectacle tant attendu ? Sa logique lui disait que oui. Elle n’avait sans doute rien à se mettre en attendant. Ho, youpi !

Vermine remit son hologramme, le faisant apparaître sous les traits de l'enfant de six ans habillé comme un baron. Maintenant que je savais ce qui se cachait sous cette image, j'aimais moins ce Tim, il était comme un imposteur qui prenait la place de Vermine. Mais en même temps, tant que l'enfant-rat serait nu, c'était peut-être préférable. Après ça, mieux valait qu'on ne me prenne pas une une méchante mutante psychopathe-schizophrène-kidnappeuse-terroriste-communiste-pédophile-nymphomane-sodomite-mangeuse d'enfants...

"Heu, dites-moi belle amie, seriez-vous gourmande ? Une glace, une crêpe, ne serait-ce pas une succulente conclusion à notre repas ?"

"Mmh...OK. Juste le temps de sécher ma robe et on peut se faire une petite glace. Par contre, c'est toi qui paie, puisque tu m'as grillée chez Mario."

J'emmenai le rat jusqu'à la laverie automatique. Il n'y avait personne, tant mieux. Je m'avançai jusqu'à une énorme lave-linge où j'aurais pu faire rentrer Vermine tout entier. J'ouvris la zipette de ma robe, l'enlevai et la jeatai dans le tambour. En dessous, je portais mes sous-vêtements en dentelle noire. Ma coloc' était un peu gothique sur les bords et même au milieu. Elle essayait de me convertir, et sa première étape avait été de m'offrir ces sous-vêtements "Reine de la nuit". Je lançai le programme de séchage et attendis.
Je m'approchai alors de Vermine. J'avais toujours été une puce, mais je le dominais toujours de mon petit mètre-soixante. Je posai les doigts sous son menton et le forçai à me regarder dans les yeux. Il était intimidé, je pouvais le sentir. J'approchai alors ma bouche de la sienne et lui roulai un patin...purement, simplement ! Puis je le relâchai en faisant comme si rien ne s'était passé. Et oui, j'aime bien faire tourner les gens en bourrique.

"Ok. Pour moi ce sera framboise-citron."

Ho, génial ! La voilà en sous-tif. De la dentelle noire ? Ça faisait de l’effet ! Ernest n’aurait pas imaginé cela venant d’elle mais loin de lui l’idée de se plaindre. Oubliant presque toute retenue, son regard avide ne fit qu’observer de haut en bas le corps de la mutante. Grand dieu ! Il n’aurait même pas put décrire ce qu’il ressentait tant ses idées se troublaient. Il y avait de l’excitation, de l’admiration, mais aussi de la peur, de la timidité. Ce moment était aussi appréciable que gênant. Heureusement que le garçon était dissimulé sous son hologramme, il n’eut pas la honte de montrer une certaine rigidité au niveau de son entre-jambes. Bon dieu, se répétait-il intérieurement. Mais comment elle peut me montrer ça ? commença-t-il à se demander. Maëlys s’approcha de lui et il fallait presque reculer. Il aurait voulu tourner la tête, revenir au sujet de la glace, mais déjà la demoiselle lui saisit le menton. Sa joie de reluquer des choses stimulantes fut alors presque totalement éclipsée par un sentiment proche de la panique. Il se laissa faire mais sa nervosité le poussa à se tordre les doigts. Puis vint le… le…

Qu’est-ce qui c’est passé là ??? Elle m’a… elle m’a… embrassé ?! Sur la bouche ?!! Avec la… la…

Un instant, le jeune mutant resta figé sur place, une main pressée sur son museau. Il était réellement choqué. Evidement, il l’avait bien cherché. Que le faussée était profond entre l’imaginaire et la réalité ! Après ce temps de « bug », la première chose qu’il arriva à se dire fut : j’ai l’air d’un con. La féline s’était reculée et, l’air de rien, évoquait le parfum qu’elle désirait. Elle l’observait. Quelle image offrait-il ? Son hologramme affichait-il sa stupéfaction ? Il n’osa même pas chercher une glace des yeux pour vérifier. Il se contenta juste de tenter sans grand résultat de rester digne et répondit.

-Pour moi… pour moi… … vanille. C’est b’bon la vanille.

Puis, d’un coup, il secoua la tête avec vigueur comme pour se réveiller. Merde, il était en train de perdre toute crédibilité ! Il devait se reprendre et tout de suite ! Fournissant un effort de volonté assez imposant, il parvint à refouler la gêne monstrueuse qu’il éprouvait et reprit d’une voix plus assurée.

-J’ai pas d’argent sur moi. Elle pouvait le supposer, il n’avait même pas de poche où le ranger. Mais promis, je te rembourse la prochaine fois qu’on se voit. J’ai qu’une parole !

Il croisa les bras, reprenant une posture fière, histoire d’illustrer ses propos. Ensuite, il hésita. A nouveau, deux plans s’opposaient en lui. L’un consistait à redevenir « sage », à se contenter de ce qu’il avait eu, de s’orienter vers des rapports plus classiques, de juste chercher l’amitié de la féline. L’autre visait à aller plus loin, à continuer cette spirale folle de séduction, d’oser ce que la morale réprouvait, tenter ce qui à présent le faisait frémir autant de peur que de jubilation. Il se mit à regarder avec une attention excessive la machine à laver. Le programme allait durer encore plusieurs minutes… Ernest fit son choix. Quand il s’exprima, ce fut d’un ton dégagé.

-Heu… tu sais, tu d’vrais aussi en profiter pour sécher tes sous-tif. Ce sera plus agréable, non ? Si tu veux, j’monte la garde devant la porte et… j’regarderais pas.

Evidement, le dernier point était un mensonge éhonté. Ne jamais être raisonnable, c’était la devise de Vermine.

Je souriais en coin, mais intérieurement j'étais pétée de rire. Mon baiser avait visiblement eu l'effet attendu. Je crus qu'il allait redevenir un peu sage, mais en fait non, il revint à la charge.

"Heu… tu sais, tu d’vrais aussi en profiter pour sécher tes sous-tif. Ce sera plus agréable, non ? Si tu veux, j’monte la garde devant la porte et… j’regarderais pas."

Tu parles ! Je sentais qu'il rêvait d'en prendre plein la vue. Pour quelqu'un de son âge c'était plutôt malsain. Non, ce n'était pas dans mes habitudes de me comporter comme une allumeuse (à part pendant mes chaleurs), mais là j'avais bien envie de m'amuser un peu avec lui.

"Peut-être...quand tu seras plus grand. Je vais te dire, si tu trouves le moyen de vieillir de 6 ans là maintenant, je te saute dessus."

Voilà, je lui avais décoché ma flèche et j'étais contente. Le cycle de séchage se termina et je pus renfiler ma robe. Mes sous-vêtements étaient encore humide, ma fourrure aussi, mais ça irait. J'emmenai Vermine à l'exterieur, direction la première glacerie venue.

"Ok. Je t'avance la thune, mais tu n'oublieras pas la prochaine fois. Moi j'oublie jamais les question de fric."

Je finis par trouver un marchant de glaces et commandai une citron-framboise et une vanille. Je donnai la sienne à Vermine et léchai la mienne.

"Au final, on se sera bien marrés, non ?"

Et zut ! L’inévitable arriva : la féline lui fit remarquer qu’il était trop jeune. C’était injuste ! Y’avait que les grands qui pouvaient s’amuser. Tant pis, ce n’était que partie remise. 6 ans… autant dire une éternité ! Au pire, Vermine trouverait quelqu’un d’autre, quelqu’un de mœurs plus légères. Il n’avait toute fois pas à être déçu, il avait eu droit à plus qu’il n’aurait cru. Cela ne l’empêcha pas d’accueillir le refus de la demoiselle avec un « Pff » dédaigneux tout en croisant les bras et en affichant un air boudeur.

Ce dernier ne dura pas. Sitôt la glace en main, il oublia sa contrariété et ne pensa qu’aux côtés positifs de la rencontre avec Maëlys.

-C’est vrai, on s’est bien amusé. T’en fais pas pour l’argent, j’y penserais, j’oublie rien. Il ne mentait pas, sa mémoire dépassait de loin la norme. Et dans 6 ans, tu peux être certaine que je te rendrais visite. Mais bon, si d’ici là, t’as une envie pressante, inutile d’attendre aussi longtemps.

Le gamin eut un sourire évocateur. Il devenait sans doute un peu lourd sur le sujet. Cela cachait une peur, celle de ne jamais parvenir à trouver une compagne. Conscient de son physique peu avantageux, il se doutait bien que rares seraient les demoiselles à s’intéresser à lui. Il n’y avait guère que les mutants hybrides et encore…

Tout en dégustant sa glace, il se demanda s’il existait un moyen de vieillir. Sans doute que quelqu’un en ce monde en avait le pouvoir. Ne serait-ce pas exagéré de le chercher juste pour une partie de jambes en l’air ? Si, évidement. Même soumis à ses pulsions du moment, l’enfant-rat s’en rendait compte.

-Au fait, à part ta nature d’hybride, tu as un autre pouvoir ? demanda-t-il, cette fois pour réellement changer de sujet. Moi, si je mord les gens, ils leurs arrivent plain de trucs curieux. Dès fois, ils deviennent un peu timbrés ou complètement aussi, des fois y’a des pustules qui leur poussent dessus, des fois ils changent complètement d’apparence. Y’a quelqu’un qui m’a dit que ça s’appelait l’Altérium.

Je levai les yeux au ciel. Je l'aimais bien, il était rigolo. Mais de là à un amour sérieux entre nous... En plus, je dois bien avouer que j'ai l'éducation sexuelle d'une bonne soeur bénédictine. Remarque, foutue comme je l'étais, je n'aurais peut-être pas beaucoup de choix quant à l'âme soeur. Quoique...ce n'était pas seulement uniquement à cause de ça. Même avant ma mutation, je n'arrivais pas à garder un petit ami bien longtemps, mais ça ne venait pas de moi ! Léo était un frère très attentionné, toujours à mes côtés, mais en fait il était peut-être un chouilla trop protecteur avec moi. Il allait jusqu'à faire un casting des garçons qui avaient le droit de m'approcher. Lorsqu'il jugeait qu'un mec n'était pas assez bien pour moi, il lui mettait la pression jusqu'à ce que ce dernier craque. Ainsi, plusieurs ont déménagé, l'un d'eux a atteri chez les fous, un autre s'est fait moine et les autres ne m'ont plus jamais adressé la parole. Maintenant, Léo était mort, et pourtant je n'avais jamais rencontré l'âme soeur. J'aurais sans doute dû en profiter pour coucher avec tous les mecs qui passaient, mais il y avait déjà mon apparence qui gênait la manoeuvre. On m'avait plusieurs fois envoyé paître avec l'excuse "Désolé, je fais pas dans la zoophilie !". Et en plus que ça, le fait d'avoir la bride lâchée m'avait permis de découvrir que j'étais en fait très compliquée, question amour.

"Au fait, à part ta nature d’hybride, tu as un autre pouvoir ? Moi, si je mord les gens, ils leurs arrivent plain de trucs curieux. Dès fois, ils deviennent un peu timbrés ou complètement aussi, des fois y’a des pustules qui leur poussent dessus, des fois ils changent complètement d’apparence. Y’a quelqu’un qui m’a dit que ça s’appelait l’Altérium."

Je sautai sur l'occasion de changer de sujet. parce qu'à force de parler amour j'allais finir par passer pour une pute ou une frustrée.

"Non, je n'ai rien d'autre. Mais tu avoueras que c'est déjà pas mal. Quand même...c'est un peu flippant ton histoire d'altérium. j'espère que tu ne me mordras jamais."

Quoique...pendant un dixième de seconde, l'idée me vint que cette substance pourrait me rendre humaine...même temporairement. Mais j'écartai aussitôt cette idée, le risque semblait trop grand.

"Sinon, tu fais quoi dans la vie ? Je veux dire...vraiment."

Pas grand-chose ? Mmh... En général, ça veut dire qu'on n'a pas de boulot. Vous me direz, il semblait un peu jeune pour travailler, mais d'un autre côté je le voyais mal aller à l'école. J'avais perdu presque tous mes "amis" lorsque j'avais muté, et ma scolarité était devenue très chaotique. En tout cas, Vermine me semblait capable de se débrouiller seul dans la vie. Pendant un moment, je pensai tout de même lui proposer de venir habiter chez moi quelque temps. Mais avec moi, mon chat, Alexia et son furet, nous étions déjà un peu à l'étroit. Bref... Ce soir j'allais devoir rentrer chez moi, et lui dans ses égoûts (si c'était bien là qu'il vivait).

"Moi ? Je te l'ai déjà, dit, en fait j'étudie l'audiovisuel à la fac d'ici. c'est pour ça que je suis venue aux Etats-Unis."

Et finalement je ne regrettais pas d'être venue. Si au départ j'avais accepté d'aller si loin chez moi, c'était surtout pour fuir l'ambiance "bataille de Verdun" qui règnait à la maison. Mais en fait, j'avais bien plus que ça, je découvrais des choses, je rencontrais plus de mutants qu'en France.

"Bon, ben si tu dois vraiment y aller... Dis, comment je peux te joindre si jamais je veux te revoir ? Parce qu'avec mes pattes je peux pas mettre de bottes, alors pour aller dans les égoûts c'est pas top."

Et puis comment dire que j'avais vu suffisament de films gores pour ne pas vouloir me promener seule dans les égoûts de New-York ?

"Ah, ok. Ouais, ce sera sûrement plus pratique. Attends un peu, je vais te noter mon adresse."

Je finis d'engloutir ma glace pour avoir les mains libres et pris dans mon sac un post-it sur lequel je notai l'adresse du loft que je louais avec Alexia dans le centre-ville. Puis j'arrachai le post-it du bloc et le collai sur le front de Vermine.

"Voilà ! Je t'ai aussi mis mon numéro au cas où tu trouverais un téléphone. Quand tu veux tu viens chez moi, on prendra l'apéro et je te présenterais ma colloc'."

Alexia serait sûrement ravie de le connaître. Elle avait toujours été amicale avec moi malgré mon apparence, alors à moins que Vermine ne se montre vraiment grossier et agressif envers elle, ça devrait bien se passer.

"Alors ouais, toi aussi t'as tes entrées à l'institut ? Je te souhaite bonne chance là-bas. Moi j'attends de voir avant de m'y inscrire. c'est pas le genre de décision que je prends rapidement. Il va me falloir un moment pour y réfléchir, mais si je décide d'y aller tu seras le premier averti...enfin...si j'arrive à mettre la main sur toi. Allez, à plus !"

Je lui fis signe et m'éloignai. Je repris le chemin de l'appartement, la tête pleine de souvenirs et l'estomac de pizza et de glace.

(Voilà ! Un bon RP, faudra qu'on en refasse.)

Ernest décolla le post-it de son front et fit un dernier signe de main à la féline qui s’éloignait.

-A plus ! Et peut-être à bientôt à l’Institut.

Un instant, il resta immobile, suivant la mutante du regard. Elle finit par disparaitre au coin de la rue. Alors il porta son attention sur le papier qu’il tenait maintenant en main. Il semblerait bien qu’il s’était fait ce soir une amie. Cette pensée lui redonna un peu de sa joie perdue. Du coup, il se remit à penser au sexe. Déjà il échafaudait un nouveau plan pour réussir cette opération de séduction. Reprenant le chemin des égouts, il ne fit que se plonger en cette réflexion de plus en plus riche en fantasmes.

Les chats, se disait-il, ont leurs chaleurs. Avec un peu de chance, Maëlys a hérité de cette particularité. Il suffirait de lui rendre visite au bon moment et de se faire suffisamment doux et charmant pour ne pas à avoir à attendre six ans. Ho oui, ce serait amusant ! Maintenant, il fallait juste trouver de la documentation sur les chats, ainsi qu’un calendrier. Vermine, malicieusement, eut un léger ricanement en disparaissant dans une bouche d’égout.

Heureusement, ses fantasmes passés, il se mit à voir la demoiselle autrement que comme une occasion de « prendre du bon temps ». Il la vit comme une personne sympathique, joyeuse, joueuse… il la vit comme l’amie qu’elle était devenue. Alors son plan, tout d’un coup, lui parut moins génial. Ce serait comme un piège. Faire ça à une inconnue, peut-être, mais pas à une personne qu’il appréciait.

HRP : contant que tu es appréciée. Faudra en refaire un quand l’occasion se présentera.