Dans le parc, terrible parc... (Tesla)

*Et merde ! Merde ! Merde ! Fallait que ça tombe sur moi !*

Léo avait hissé le corps sur son dos et cherchait un coin tranquille, un buisson, quelque chose...vite ! Décidément les ennuis le poursuivaient ces derniers temps. Pourtant la situation semblait s'être améliorée depuis qu'ils avaient quitté la cale sombre du navire qui l'avait amené clandestinement avec ses camarades sur le continent américain. Samuels s'était bien rétabli de sa blessure à la jambe, ils avaient trouvé une planque en ville qu'ils avaient aménagée, noué des liens. Smith avait même réussi à joindre un trafiquant d'armes et à le convaincre de "sponsoriser" leur action. Et depuis ce temps, tous les soirs Léo quittait l'étouffement de la cave qui leur servait de planque pour aller faire une longue promenade nocturne dans Central Parc. Bien sûr, c'était risqué. Il risquait toujours d'être arrêter, ou de tomber sur des anti-mutants, mais il avait besoin de s'aérer.
Et ce soir, manque de bol, alors qu'il marchait sur en sentier désert, un vagabond avait bondi hors d'un buisson, revolver au poing en lui gueulant de lâcher son fric sale hybride. Bien sûr, en militaire expérimenté, Léo avait su désarmer son adversaire dans les règles de l'art. S'approchant de son agresseur, il avait bondi en avant, attrapé le poignet du vagabond et l'avait tordu jusqu'à lui faire lâcher l'arme. Mais ce qu'il n'avait pas pu prévoir, c'était que le mécanisme du revolver était très usé. Et lorsqu'il avait heurté le sol, le coup était parti tout seul. Dix secondes plus tard, le braqueur amateur gisait à plat ventre dans une mare de sang.
Et depuis, Léo essayait de s'en débarrasser de façon assez discrète. Il ne pouvait pas se contenter de le cacher dans un buisson. On finirait par le trouver, et on trouverait les poils que le mutant avait semés un peu partout. L'idéal aurait été de l'incinérer. Mais où pouvait-on trouver une chaudière en plein milieu de Central Park ? Et pas question de traverser la rue en portant un cadavre comme un sac à patates. Plus l'ex-militaire y réfléchissait, plus la meilleur solution semblait être de le dévorer. L'acte pouvait sembler répugnant, cannibalisme, gnagnagna...mais il n'y avait pas beaucoup d'autres solutions. Après tout, il était à moitié lion. En cours de survie avancée en milieu hostile, on lui avait appris que si jamais les vivres se faisaient trop rare il n'y aurait rien de mal à se repaître des cadavres sur le champ de bataille. En fait, ce type était déjà mort, le dévorer ne lui ferait pas plus de mal.

*Oh non ! Je n'en suis tout de même pas là ! Il doit bien y avoir une autre solution...*

Mais il n'en trouva aucune, ou alors c'étaient des solutions qui l'auraient envoyé derrière les verrous. Il trouva donc un fourré au bord d'un chemin isolé. Il jeta la cadavre par terre et se prépara mentalement à ce qu'il allait faire. il avait déjà commencé à retirer les chaussures du mort quand il s'aperçut qu'il y avait quelqu'un d'autre ici.

-Et merde ! dit-il en français, tout haut cette fois.

Léo pestait. Visiblement, l'inconnu l'avait repéré. Sinon, il n'aurait pas parlé.

-I-Il y a quelqu'un ?
-Non y'a personne !

Léo était doué pour plein de choses. Il était très bon au combat à mains nues, il était fort, il savait tirer comme pas deux, il en connaissait un rayon sur la survie en milieu hostile, il avait une grande culture littéraire, mais il lui arrivait tout de même de se montrer un peu...léger.

*P'tain mais quel con !*

En même temps, il avait été un peu surpris. Il ne s'était pas attendu à ce que le type lui parle en français. Sans doute un touriste. Mais bon, français ou pas, restait à savoir s'il oserait dénoncer un compatriote à la police new-yorkaise. Mieux valait serrer les fesses et prier pour qu'il passe son chemin.

-Ah...vous parlez français...c'est cool. Ravi de vous rencontrer... improvisa-t-il en se mettant devant le cadavre

Il fallait qu'il trouve un plan, et vite. Au pire, il pourrait toujours l'assommer. Mais à son réveil, le passant saurait sans doute se rappeler que c'était un homme-lion qui l'avait agressé, et la police lui donnerait la chasse.

*C'est ça, regarde-moi, ne fais pas attention au type mort.*

Il avait une pointe d'accent anglais. Peut-être était-ce un gars du coin. C'était plutôt rare que les américains prennent la peine d'apprendre le français, puisqu'à cause de la mondialisation leur fichue langue était partout. Un homme cultivé sans doute.

-Vous êtes américain ? Votre français n'est pas mal du tout.

Il donnait aussi discrètement que possible des coups de rangers à la dépouille pour la cacher derrière le buisson. Qui sait, avec un peu de chance c'était juste un gars un peu con qui prendrait ses jambes à son cou quand il verrait la tête du mutant.

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[HRP : désolé du petit retard de la réponse, hier fut une journée TRES CHI**** !... XD ]

-Merci, mais je suis britannique d'origine. Et à en juger par votre accent, vous êtes français, aren't you ?

Léo se surprit à être rassuré. Il était quelque peu américanophobe, surtout après la trahison dont lui et son régiment avaient été victimes. Il trouvait tout de même que les anglais étaient des bouffeurs de pudding à la langue barbare, mais il les préférait aux "ricains". Enfin, de toutes façons, le moment n'était pas aux stéréotypes. C'était déjà un miracle que l'anglais n'ait pas remarqué que son interlocuteur avait une tête de lion et tout le corps qui allait avec. Ou bien il était myope, ou bien il faisait plus sombre que prévu. Léo avait une très bonne vision nocturne et voyait assez clair, mais il pouvait faire plus sombre qu'il n'y paraissait. Il décida tout de même de ne pas tenter le diable. Il portait un jean, des rangers et un blouson de cuir entrouvert baillant sur son torse nu (il aimait se donner l'air vachement viril). Il referma la fermeture éclair de son blouson et enfouit ses pattes griffues dans ses poches. Ainsi, seule sa tête dépassait. Tant qu'il ferait assez sombre pour empêcher l'anglais de dévisager Léo, seule la stature imposante du mutant pourrait lui mettre la puce à l'oreille. Bon sang ! En plus le cadavre sentait. L'odeur fétide du sang chatouillait la truffe du militaire et, inconsciemment, lui faisait venir l'eau à la bouche. Pourvu que l'anglais n'ait pas plus d'odorat que le commun des mortels !

-Enchanté de vous rencontrer, donc. Eeeeet...que faites-vous ici à cette heure tardive ?

Un petit espoir pour le français. Si ça ce trouvait, ce type était là pour quelque chose d'encore moins légal.

-À dire vrai, je pourrais vous retourner la même question Monsieur... Mais pour ma part, je ne fais qu'une simple promenade nocturne dans Central Park : depuis que je suis arrivé à New York, et je devrais même dire aux États-Unis, je n'ai pas vraiment pris de temps pour moi.

Zut, c'était un curieux. Que dire ? Hors de question d'annoncer tout guilleret "Ne vous inquiétez pas, je viens seulement de tuer un mec qui voulait me dépouiller et je m'apprêtais à faire disparaître son corps. Et vous ? ça boume ?". Pas question non-plus de le supprimer, Léo n'en était pas encore arrivé là. Non, il fallait trouver un os à lui jeter le temps de trouver un plan.

-Et bien je faisais juste une promenade nocturne. C'est plus calme la nuit...je risque moins à me montrer.

C'était vrai, même si en temps normal il n'avait pas peur de se promener avec l'étiquette "mutant" épinglée sur le front.
L'inconnu sembla réfléchir. Soudain, il eut comme un sursaut et...des étincelles crépitèrent entre ses doigts. Ce fut bref, à peine une demie-seconde, mais Léo l'avait bien vu. Surpris, il avait même eu le réflexe se passer sa main dans le revers de son blouson, sur son holster. Ainsi, son interlocuteur était aussi un mutant. ça pouvait tourner à son avantage, mais aussi dégénérer.

-C'était quoi, ça ? Vous n'allez pas...?

Tesla fut encore plus surpris lorsqu'il s'aperçut que son interlocuteur avait remarqué les quelques étincelles électriques qui avaient perlées aux bouts de ses doigts. Il est vrai qu'en pleine nuit noire, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus discret. À ce moment précis, Tesla aurait bien voulu être n'importe où ailleurs ; mais désormais, il ne pouvait plus reculer.

Il cacha ses mains derrière son dos en tremblant, et recula d'un pas (plus par peur d'un mauvais geste de sa part que de la part du français en face de lui). Il répondit :
« C-Ce n-est rien... Un mouvement involontaire, désolé... »

Des sueurs froides coururent le long de son échine, et il sentit le courant revenir dans ses mains. Il devait se calmer s'il ne voulait pas de problèmes. Il inspira profondément et souffla par la bouche plusieurs fois d'affilé pour forcer son corps à se détendre. Petit à petit, ses doigts se relaxèrent.

« C'est que... j'ai cru reconnaître une odeur en fait... Et, c'est assez troublant... Vous ne sentez rien ? »

Tesla devait se méfier... Après tout, son interlocuteur était là, dans ces buissons, depuis plus longtemps que lui. Qui savait ce qu'il pouvait bien y trafiquer ?

[HRP : désolé pour le temps que j'ai mis à répondre...]

L'atmosphère était épaisse comme l'eau d'un marais du Poitou-Charentes. Aucun des deux personnages n'osait bouger.

-C-Ce n-est rien... Un mouvement involontaire, désolé...

Un mouvement involontaire ? Un mouvement qui avait fait des étincelles. Soit il était bourré d'électricité statique, soit il se nourrissait de piles, soit c'était un mutant. Léo opta pour la 3ème explication.

-C'est que... j'ai cru reconnaître une odeur en fait... Et, c'est assez troublant... Vous ne sentez rien ?

Si l'héroïsme, le courage et le sérieux avaient un abîme, ce serait ici et maintenant.

-Ahménonméhomépadutout ! C'est pas ma faute ! Il a fait ça tout seul ! Il m'a attaqué...le flingue...la clé...parti tout seul ! C'est pas moi ! Vous devez bien pouvoir comprendre ça...vu que vous êtes...aussi...

A cet instant, plutôt qu'un lion Léo aurait préféré être une souris pour pouvoir disparaître. Refusant quel qu'en soit le prix de tuer un civil innocent, il n'avait plus qu'à espérer obtenir une réaction amicale de ce dernier. Ou bien il resterait la plus veille stratégie du monde : la fuite !


(HRP) ça va, du moment que le RP n'est pas abandonné pour toujours.(HRP)