Au nom de ceux qui nous ont quittés [PV Erik Lehnsherr]

30 avril 2011
Dans les rues de New-York tout semble calme.
Le jour vient à peine de se lever, ses habitants encore endormis profitent de quelques heures de sommeil bien méritées après une longue semaine de travail.
Pas un mot, pas un bruit ne trouble la quiétude des lieux.

Soudainement, brusquement sortis de l’obscurité, une foule immense ressemblant homme et femmes, vieillards et enfants se dirigent vers un bâtiment imposant ou déjà de nombreuses personnes sont rassemblées.

Ici, dans la synagogue centrale se tiendra dans quelques instants l’une des plus belles et plus tragique cérémonie de l’année, la Yom-a-Shoah.

Jour de deuil et de commémoration pour tout le peuple juif, elle était là pour qu’aucun Homme ne puisse jamais oublier leurs frères tombé sous le jouc de l’Allemagne nazie.

Ce matin, je m’étais levé aux aurores pour m’assurer qu’aucun détail ne puisse manquer pour la célébration. Rabbin de cette grande Paroisse depuis seulement quelques jours, je tenais à m’assurer que cette cérémonie se déroule sous les meilleurs auspices. Ayant passé plusieurs nuits sans sommeil à préparer et relire mon sermon d’aujourd’hui, j’espérais que les mots et ton choisi conviendrait au mieux au ressenti de tous mes fidèle rassemblé en cette Eglise.

Après avoir choisi ma tenue avec le plus grand soin, je saisis avec délicatesse l’étoile de David posée sur ma table de nuit et me dirigeais vers le lieu de célébration. Arrivé bien avant les autres personnes, je priais afin que le Seigneur accorde sa protection et sa bienveillance à chacune des personnes qui me rejoindraient plus tard. Puis, m’approchant de mon bureau, je m’assis et restais quelques instants pensif. Les deux photographies qui trônaient fièrement sur mon bureau me firent sourire.

Daniel Shomron et Erik Lehnsherr. Je les considérais depuis longtemps comme des pères spirituels sans lesquels je ne serais pas là aujourd’hui. Lorsque j’étais enfant, ce fut Daniel qui m’avait conduit sur le chemin du judaïsme. M’apprenant les différentes coutumes, m’assistant dans l’approche de la Torah, il fut le premier à m’entretenir de l’Holocauste sans que j’en puisse encore mesurer toute la portée. Il nous avait malheureusement quittés bien trop tôt, cruellement assassiné par une bande d’activistes antisémites. Les images de sa mort hantant sans cesse mon esprit et le traumatisme de ma mutation qui s’ensuivit m’éloignèrent inexorablement du plus grand des trésors qu’il m’avait offert. Honteux de mes origines, désireux d’enfouir ses souvenirs au plus profonds de ma mémoire, je perdais tous points de repère ne distinguant plus le bien du mal. C’est à ce moment qu’Erik fit intrusion dans ma vie sans même prévenir. A son contact. J’avais redécouvert la fierté d’appartenir à ce peuple millénaire que rien n’avais su détruire. Me conduisant en pèlerinage à Auschwitz, je compris enfin la signification de l’exaction commise contre mon peuple et décidais de consacrer ma vie à reconduire ses pauvres âmes égarées vers la lumière du Seigneur. Je le devais au nom de mes nouveaux idéaux, au nom de ma famille, au nom de ce qui nous avaient quittés.

Soudain l’horloge de mon bureau sonna et me sortis de mes songes. Il était temps d’accueillir mes semblables et de leur dispenser mon humble sermon. Coiffé de ma kippa et drapés de mon châle de prière, je rejoignis l’assemblée installée dans ce lieu. Parmi eux se trouvaient de jeunes juifs, des rescapés des camps de la mort que je connaissais et côtoyais depuis fort longtemps. Je les saluais tous, les priais de s’asseoir puis débutais la cérémonie. A la fin de celle-ci je les priais une dernière fois de s’asseoir et adoptais un ton des plus solennels pour débuter mon discours. Je les entretins ainsi durant une dizaine de minutes sur la présence constante de Dieu à leurs côtés, l’importance de l’Amour et de la voie passive dans la résolution de conflits et l’importance du témoignage vivant qu’ils représentaient pour notre société. J’ordonnais ensuite 5 minutes de silence afin de rendre hommage aux nombreuses victimes de la S hoah.

C'est ainsi que la cérémonie se termina. Sans un bruit, je vis les personnes se lever et quitter la synagogue. Je pris soin de saluer tous mes fidèles par un demi-sourire et une poignée de main chaleureuse. Quelques instants plus tard, je me retrouvais seul dans mon Eglise… tout du moins c’est ce que je pensais, car un léger bruissement derrière moi me fis prendre conscience derrière moi. Une présence qui ne tarda d’ailleurs pas à se manifester.

Erik n'était pas très apprécié dans les centres religieux, il était un terroriste reconnu sur la planète, le premier ennemi des États-Unis depuis Ben Laden. Il avait plusieurs accusations de crime contre l'humanité de l'ONU et du Haut Commissariat des Droits de l'Homme. Oui, il était le gros méchant de l'histoire, celui qui tue des milliers de personnes à chaque année à cause de la frustration et de la peur. Le gros méchant, qui était capable de tuer des millions de personnes pour son idéologie, oui on le présentait comme un foutu sadique, c'était traditionnel. On fait des beaux documentaires qui passent à la télévision, sur les familles qui ont été toucher par la Confrérie, on décrit les membres aussi dangereux que n'importe quels organisations. On les décrit comme des méchants totalitaires qui revendiquent un nouveau système bien différent.

Oui, c'était toujours Magnéto, c'était toujours le grand sadique de l'histoire qui revendique des actes terroristes pour une personne qui pense respecter la Charte Universelle des Droits de l'Homme. Il agissait bien avec la frustration contre les humains aussi opportunistes et égoïstes, il agissait bien avec la peur pour essayer de contrer un futur génocide des mutants de la part des êtres humains, oui ce n'était pas très moral dans la rhétorique, mais les humains utilisent bien ce genre d'instruments pour créer la guerre et les différentes souffrances dans le monde. La seule différence entre la Confrérie et les États de la planète, c'est que eux, ils ont une légitimité bien coincée dans des stratégies politiques et militaires pour massacrer des gens. Bien sûr, c'est toujours très différent, quand on essaie de changer le monde de la même façon que certaines personnes profitent de la faiblesse des pays du Tiers-monde.

Il avait toujours passé les opérations de la Confrérie avant toutes les opérations de sa vie familiale ou de son vécu. Il avait beaucoup de difficultés à accepter une vie plus normale, après avoir repenser aux années de sa jeunesse. Toute sa vie était un grand échec social, économique et ainsi que familial, il n'avait pas besoin de se rappeler de ses échecs de sauver sa famille ou simplement de sauver un peuple entier. Oui, il avait souvent oublié la journée de la commémoration de la mémoire des victimes de l'Holocauste. De toute façon, plusieurs comités judaïsmes ont banni Magnéto à cause de ses actes terroristes et pour avoir une belle image aux États-Unis.

Il avait quand même prévu quelques choses d'importants ou d'anodins selon la définition qu'on pouvait faire pour la Confrérie. Il avait décidé de prendre une journée de repos pour le 30 Avril 2011 pour essayer de respirer un peu et surtout de voir un peu David depuis l'époque. Il a bien eu une transformation culturelle, celui-ci a décidé de rejoindre une idée de pacifiste de son père pendant que Magnus cherchait beaucoup à changer radicalement le système.

Peut-être que c'était le temps de revenir un peu en arrière pour mieux comprendre le monde, pour comprendre la construction culturelle de Magnéto et avant d'aider l'évolution naturel des choses. Ce n'était pas le temps d'y renoncer, ni de revenir en arrière, personne ne pouvait revenir en arrière, sinon même lui, serait terriblement incohérent. David était très religieux comparé à Erik, oui il se considérait toujours comme une victime de l'Holocauste, mais cela fait très longtemps qu'il n'avait pas eu de Torah entre ses deux mains. Bon, il avait quand même entendu jusqu'à la fin, jusqu'aux départs de tous les juifs avant d'intervenir auprès de David.

S'approchant prudemment espérant de ne pas voir, un anti-terroriste primaire qui va lui envoyer un champ de force sur la gueule.

-C'était sympathique, David...

Il choisit toujours très bien ses mots pour éviter d'être trop gentil ou trop méchant. Levant ses mains pour montrer qu'il ne voulait rien faire de mal.

-Je ne suis pas ici pour me battre, tu dois le savoir, j'espère.

Il ne portait même pas son costume rouge avec son fameux casque pour bloquer les télépathes, peut-être qu'il avait beaucoup trop de confiances. Il portait simplement des vêtements noirs.

-J'ai toujours un peu oublié cette date avec le 27 Janvier. Peut-être que j'étais beaucoup trop occupé, je ne sais pas encore. De toute façon, plusieurs groupes juifs ont décidé de m'excommunier et de m'exclure de la religion juive quand les rumeurs sont apparus dans les années 90, sur mon passé dans Auschwitz. On t'a déjà rencontré avant Hitler? Avant la montée d'Adolf au pouvoir? L'Allemagne était quelques choses de grands, quelques choses d'élevés intellectuellement et artistiquement, malgré la première guerre mondiale. Mon père avait participé à cette guerre, il était un peu naïf, il croyait que la République de Weimar allait lui donner la reconnaissance de la première guerre mondiale.

On voyait souvent Hitler comme un marginal, on ne pensait jamais que celui-ci allait prendre place au Gouvernement. Il était un peu comme Charles Lindberg aux États-Unis et Adrien Arcand au Canada français, on ne croyait jamais que celui-ci allait arriver au sommet. C'était inconcevable, on ne pouvait pas se permettre encore plus de victimes surtout après la première guerre mondiale et la guerre prussio-française. L'Allemagne devenait aussi beaucoup plus socialiste, malgré que la monarchie rejetait ce genre de systèmes. On avait une assurance-santé, on avait même un peu de chômage et un peu d'aide durant la crise économique.

Ils ont changé en trois ans. Trois années pour changer un système dit égalitaire et capitaliste par un système fasciste beaucoup plus radical que celui-ci qu'on retrouvait en Allemagne. En douze ans, ils ont tué une centaine de millions de personnes en créant une guerre et un génocide jamais vu en Occident.

Je le croyais aussi à l'époque, je ne croyais pas que ceux-ci allaient répétés un autre génocide avec l'implication moral et culturel de la Charte Universelle des Droits de l'Homme, mais j'avais tort. Ils recommençaient sous des principes totalement irrationnelles. Même aujourd'hui, tu peux entendre des âneries de FOX News ou à la talk radio. Ils ne sont pas conscients qu'ils font comme au début de l'enfer en Allemagne. Ils se pensent morales.

Quand, ils ne le sont pas vraiment ou que peu. Ils pensent en achetant la société prônée par ceux qui ont commandité une dictature néo-libérale au Chili que tout va aller très bien. C'est triste d'une façon, on m'a toujours dit de laisser une chance à l'humanité, j'ai même pardonné l'holocauste, et après, j'ai encore pardonné.

Au nom de ceux qui nous ont quittés [PV Erik Lehnsherr] 1613758-anya

Mais, ils ont recommencé. Ils recommencent toujours. David, j'ai une question pour toi, tu peux me juger sur ce coté. Est-ce que crois plus en Dieu ou plus que les êtres humains pourraient recommencer un génocide envers les mutants?

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Depuis quelques minutes déjà, je restais impassible ne pouvant mettre un nom sur l’identité de l’inconnu. Une image discrète s’était doucement insinuée à mon esprit. Une image fluette qui peu à peu avait prit une réelle consistance. Cette emprunte psychique je la connaissais, je côtoyais son propriétaire depuis déjà de nombreuses années. Laissant apparaître un large sourire sur mon visage je me retournais pour me retrouver nez à nez avec ce mystérieux visiteur.

Erik !

Cela faisait plusieurs mois déjà que je n’avais pu le rencontrer et le voir en ce lieu me surprenais tout autant que ses paroles pacifique. Vêtu de l’habillement le plus simple qui soit, il ne portait aucun des artifices dont je le voyais parer habituellement. Le temps d’une journée, il avait troqué son casque et ses habits guerrier contre des habits noirs. Il n’était alors plus Magnéto, le terroriste effrayant craint par une majeure partie de la population humaine, mais Erik Lehnsherr le fantôme du jeune Max Eisenhardt égaré à jamais dans les méandres d’un passé qu’il s’évertuait à oublier. C’était une image que j’appréciais le plus, celle qui m’avait permise de me rapprocher de lui et de me lancer en sa compagnie dans des discussions aussi intéressantes qu’enrichissantes. Dans un hochement de tête, je le remerciai alors pour son compliment et lui fis par de mon grand étonnement.

- Je te remercie beaucoup Erik. Venant de toi, ces paroles me touchent réellement. Je ne doute pas que tu soies venu en ami, nous battre en de pareille circonstances et dans la maison de Dieu lui semblerait un affront intolérable. Quelle surprise te pouvoir te trouver ici, moi qui imaginais que jamais plus tu ne franchirais le pas d’une synagogue.

Bien sûr, je n’ignorais la décision si injuste que certains de mes confrères avaient prises le concernant. Je m’étais d’ailleurs grandement fâché à ce propos avec eux lorsqu’ils avaient fait étalage des exploits de Magnéto. Même si Erik ignorait tout de cette rencontre, je l’avais défendu aussi vaillamment que possible devant leur intolérance. C’étais un souvenir que je gardais gravé au plus profond de moi et qui faisait ma fierté.

…

- C’est intolérable que l’on puisse accepter de tels agissements de la part de l’un de nos frères.
- Vous avez raison rabbi Erstein, que l’on compte un mutant reconnu parmi notre peuple soit, mais nous ne pouvons pas permettre que ce dernier menace la moitié de l’Humanité.

- Que proposeriez-vous donc comme solution ?

- Puisque lui faire changer ses projets me semble impossible, lui-même ayant déjà embrassé les positions du démon, je proposerais le bannissement pur et simple de notre Eglise !

- Le bannissement ? De quel droit vous arrogez-vous le droit d’excommunier un membre de notre peuple, rabbi Keller ? Prenez garde à ne pas dépassez vos fonctions et à prendre des décisions qui ne seraient nullement de vos compétences. Seul l’Eternel est en droit de juger des actions des Hommes et sa volonté ne s’exercera ni maintenant ni en ce lieux. Je me refuse d’adhérer à votre philosophie et déclare que si l’un des enfants d’Israël vient en sa maison, je ne le rejetterai pas. Et cela qu’elle que puisse être son identité

- Comme il vous plaira rabbi Haller, mais vous ne m’hotterais pas de l’esprit que faites preuve de partialité particulière à son propos.

…

Que pouvais-je répondre à cela ? Il est sans doute probable que je faisais preuve d’une partialité mais comment aurait-il pu en être autrement ? Si Dieu n’avait pas placé Erik sur ma route jamais je n’aurais épousé la carrière d’ecclésiastique. Je me refusais à croire que notre rencontre n’ait été que le fruit du hasard. Le Seigneur dans sa grande Sagesse m’avait confié une mission. Un devoir bien plus sacré que tous et je ne pouvais me résigner à l’ignorer.

Au fond de moi, j’avais toujours gardé le secret espoir de voir un jour son messager retrouver foi en cette vie qui l’avait blessé de si nombreuses fois et en un avenir glorieux dans lequel humains et mutants ne serait plus ennemis mas travailleraient mains dans la main pour construire un monde meilleur. Le fait qu’Erik soit là aujourd’hui me conforter dans l’idée que cet espoir pourrait un jour devenir réalité.

- Je le sais Erik et crois bien que je suis outré de voir notre peuple t’adresser de telles paroles. Comment justifier de telles exactions ? S’ils avaient seulement compris le courage dont tu as fait preuve dans les camps de la mort, ils ne pourraient te traiter de la sorte. La rébellion que tu as menée à Auschwitz avec tes compagnons aura permis de sauver des vies humaines et contribuer à redonner courage à ceux qui pensaient succomber sous le poids du fardeau que leur infligeaient les Allemands. N’écoute surtout pas ce que te diront tes détracteurs à ce propos, l’Eternel qui t’a guidé dans toutes tes errances et protégé jusqu’au jour d’aujourd’hui ne te chassera pas de sa maison. Peu importe l’avis de ses serviteurs, tu es notre frère et tu le resteras toujours !
e]]J’avais prononcé ces quelques mots avec le plus de sincérité possible, espérant qu’il en saisirait la portée et l’admiration que je nourrissais pour son comportement en ses jours si sombres. Avec une patience infinie que je l’écoutais me parler de ses expériences passées. De ce qui aurait dû être et ne fut jamais. Il faisait preuve d’un calme et d’une sagesse en s’exprimant sur ces blessures d’enfants que cela forçais mon admiration. Combien de fois avais-je entendu de tels récits ? Les nazis avaient causés tant de ravages sur le passage, arraché de si nombreuses vis lors de la deuxième guerre mondiale. Les exactions qu’ils avaient pu commettre ne pourraient sans doute jamais trouver de rédemption. Avec un regard compatissant je m’adressais alors à mon interlocuteur en ces termes.[/i]

- Il aura fallu tellement peu de temps au monde pour basculer dans la terreur. L’Europe commençait tout justes à panser ses blessures et voilà qu’un nouveau coup lui était porté bien plus destructeur que le premier… Tu as raison sur ce point, l’Allemagne était une puissante impressionnante autant sur le plan économique que militaire. Quel dommage que ce grand peuple ait suivi les propos d’un politiciens aux idées si radicales. Je me suis posé de si nombreuses fois cette question. Pour quelle raison ces êtres dotés d’une telle intelligence ont pu succomber à des propos d’une telle bassesse. Nul peuple ne peut se prétendre être au-dessus des autres. Nous sommes tous frères ici bas, les enfants de l’Eternel vivant dans un monde ou chacun est soumis aux règles de la Nature. Pourquoi donc avoir voulu précipiter l’Humanité dans cette guerre fratricide ? Ces abus se sont produits de si nombreuses fois dans l’Histoire que cela en devient irrationnel. Je pense que l’étranger est une notion effrayante pour chacun de nous. Ce qui nous dépasse ou semble différent nous conduit à commettre des crimes plus atroces les uns que les autres. Il nous suffit de regarder les nombreux exemples historiques pour nous en persuader. La conquête du Nouveau Monde ou des milliers d’Indiens furent assassiné, les pogroms et les croisades menées par les chrétiens contre les juifs et les musulmans, la Reconquista et j’en passe.

Tu me demandes si en croyant en Dieu, je pense que ces drames humains pourraient encore se produire ? La Foi n’a rien à faire dans ces crimes. Si les humains font encore couler le sang c’est qu’ils ne savent plus écouter notre Père éternel. Lui-même souffre de nous voir infliger ainsi ces tortures à nos frères. Il a préféré nous laisser libre en étant persuadé que sa Création saurait mettre à profit cette liberté pour le bonheur de notre communauté et ne peut que constater l’égoïsme et l’intolérance dont ils font preuve. Si nous désirons nous en sortir vivants, nous devons réapprendre à l’écouter et travailler dans un esprit de Fraternité Universelle sans distinction de races, de religions ou d’opinion ou nous risquons sinon un cataclysme monumental. Je sais que cela te semble impensable, étant donné les traumatismes qui ont jalonnés ton existence, mais avant de penser à éradiquer un peuple tout entier, pourquoi ne pas chercher à l’éduquer, à lui apprendre que nous ne sommes pas des monstres cherchant à faire leur malheur ?

Il n'était pas une mauvaise personne, et peut-être l'une des moins mauvaises qu'on pouvait retrouver dans l'hypocrisie de plusieurs êtres humains qui ne connaissaient pas les détails de leurs horreurs. Les gens avaient quelques choses de très étrange, leurs jugements étaient parfois trop simplistes pour comprendre les différents conflits de l'humanité. Ils ne pouvaient pas comprendre pourquoi une personne cherchait à établir un autre ordre de vie social et politique. Ils ne pouvaient pas comprendre parce que la majorité de leurs conforts venaient des autres, et que les autres étaient souvent proclamés comme un dommage collatéral pour leurs intérêts personnels. Quand ceux-ci le revendiquaient pacifiquement, on les marginalisait souvent dans le monde populaire pour éviter qu'ils prennent beaucoup trop de place.

Quand, ils devenaient un peu plus gueulard, on disait souvent qu'ils encouragent la violence verbale et quand ils pratiquaient la véritable violence, ils devenaient des terroristes. C'était la logique politique planétaire, la logique occidentale dans ce monde qui se crée plusieurs injustices. Des gens les suivaient aveuglément sans se poser des questions, croyant avoir une position intellectuelle et politique, justifiant la plus grande force d'un pays sur l'autre, par un simple darwinisme politique. David avait toujours la grande innocence d'avoir deux confiances envers deux systèmes bien trop différents. Un système de changement et un système d'évolution ne pouvait pas être ensemble, il ne pouvait pas être mélanger.

David voulait laisser le symbole de pseudo paix des êtres humains, pour éviter encore plus de conflits, c'était toujours aussi défendable. Les remarques du jeune enfant de Xavier étaient quand même touchants, presque personne ne connaissait vraiment Max et c'était toujours mieux ainsi. Si David aurait donné des informations de sa vie personnelle, le sentiment de trahison serait toujours aussi présent. Au moins, David avait l'intégrité de ne pas briser la confiance de Magnéto, ce qui était déjà une bonne chose.

-Même durant ma jeunesse, ma famille n'était pas très religieuse, on n'était que juif par culture et religion, non par esprit.

Ce n'était pas une insulte, mais plusieurs juifs avaient certaines tendances socialistes durant les années de la grande dépression pour parler d'égalité et éviter de tomber dans les différents préjugés de l'époque. D'autres suivaient beaucoup plus les traditions politiques de l'époque, la majorité était socialiste, alors pourquoi pas moi?

David avait toujours des bonnes explications au niveau de la justification religieuse, il n'était pas un prophète de malheur, qui prononçait ce qui était bien ou mal, mais bien une personne saine au niveau moral. Il ne jugeait pas les gens, simplement en se basant sur la grande différence, mais il construisait bien plus un judaïsme bien plus libéral que certains conservateurs revendiquaient. Pour plusieurs religieux, presque tout était condamnable. Il pratiquait un jugement et une mauvaise perception des origines religieuses qui cherchaient surtout à établir ce qui était bien ou mal, quand personne ne savait pas vraiment. Erik ne savait pas vraiment trop quoi répondre à l'acceptation de ses origines dans la logique de David.

-C'est gentil... merci...

Il n'avait pas ajouté quelques choses de blessants ou quelques choses de bien trop sympathique. Il avait décidé de donner une réponse bien simple pour commencer. Est-ce que Magnus croyait toujours en Dieu? Peut-être que oui, mais il avait encore beaucoup de difficultés à intégrer cette idée dans son monde, suivant toujours les théoriciens les plus concrets vers la science. Il essayait quand même de lui faire une grande morale autour des notions et du combat de Magnéto contre l'humanité. Bien que le but était très individuel au début, son but devenait de plus en plus collectif peu après.

-Je peux très bien comprendre ton point de vue sur ce monde, mais tu sais, on pense toujours que l'humain est doté de raison et de logique, mais quand on s'amuse avec des notions superficielles et non réelles, ils deviennent de plus en plus monstrueux. Ils ne se rendent pas compte de leurs bêtises et ils blâment les autres pour leurs erreurs personnelles, pour leurs échecs. Tout va se terminer de cette façon pour l'humanité, je suis simplement le seul à avoir un bon paquet de cadavres sur ma conscience. Il ne va pas avoir de sauveur, il ne va pas avoir de libérateur ou de gentil. Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas d'ennemis, pas de vilains ou de méchants.

Juste une masse informe d'abrutis qui s'inventent des adversaires, des ennemis à la foire, des complots à ne plus savoir quoi en faire. Tout ça pour justifier leurs échecs individuelles, leurs ratages ou leurs vies de merde. On essaie de les ré-éduquer depuis les 70 dernières années avec la Charte Universelle des droits de l'Homme, mais ils ne font rien, ils passent leurs chemins dès qu'ils se sentent menacés. Le monde s'est créer par la différence et par cette différence, on décide qui va vivre ou crever, qui va être le gentil ou le méchant, qui va mené et qui va être soumis. Oui, peut-être que j’exagère, peut-être que je suis finalement le méchant de l'histoire, mais je crois toujours que l'humain est son propre danger.

Je n'ai pas besoin d'être là pour qu'ils se détruisent. Ils vont se détruire avec une guerre, ils vont détruire la planète pour des conflits diplomatiques. Je ne suis pas le plus grand croyant, David... tu dois le savoir depuis l'époque. L'humanité me répugne, comme quand je me suis répugné pour plusieurs de mes actes. Je veux changer le monde, avec le concret et je crois être capable de le changer. Si Dieu m'a donné ses pouvoirs, il doit bien avoir une raison, tu ne crois pas? Je veux que les gens évoluent et je crois sincèrement que c'est ma méthode qui va faire évoluer les choses. Nous sommes les élus de l'Évolution ou de Dieu, nous allons prendre la place qui nous donne. Si un jour, je me fais tuer ou massacrer en plusieurs morceaux, j'espère simplement que les humains vont se permettre de réfléchir et peut-être évoluer d'une façon morale.

Peut-être que je suis l'ennemi en commun des humains, peut-être à ma mort, ils vont voir un autre monde, ils vont croire à quelques choses de plus. Peut-être qu'ils vont se réunir sous un seul groupe pour combattre la menace que je suis. Mon agissement va amené une conséquence, soit pour les mutants ou pour les humains, dans mon seul questionnement, c'est simplement quels genres de personnes qui vont se battre.

Notre discussion venait à peine d’être amorcée que l’éternelle question revint avec douceur se poser sur nos lèvres. Le problème mutant subira-t-il le même destin que celui des juifs durant la Seconde Guerre ? Survivront-ils à la lutte que l’Humanité voudra mener contre eux ? Je n’avais jamais tenté d’aborder cette question avec Erik. Ma mutation était pour moi une tare dont je me réjouissais de me débarrasser tant que je le pouvais. Le retour de Légion effrayait toutes personnes qui m’entouraient et je pouvais déjà apercevoir la frayeur dans leurs yeux à cette idée. Vivre comme un humain ? C’était mon vœu le plus cher. Non pas que je désirais renier mes origines, la question de la mutation était après tout une question génétique et l’aveu de mon dégoût aurait sans doute causé à mon père des blessures irréparable que je ne voulais surtout pas lui infliger.

Toujours était-il que je ne m’étais jamais posé des questions trop approfondies sur le sujet, me cachant derrière ma foi, vêtu du plus beau masque de mensonge et d’hypocrisie envers ma véritable nature, je vivais ma vie du mieux que je pouvais. Je n’avais jamais choisi véritablement un camp. Je ne me trouvais chez les X-men que parce que le manoir Xavier constituait mon foyer et que, tâchant de vivre au plus près des enseignements de Dieu, j’estimais que je devais suivre cette voie. « Tu ne tueras pas » et « Honore ton père et ta mère », le cinquième et sixième commandement du décalogue, faisaient partie des maximes qui accompagnais la vie du David Haller que j’idéalisais, et si cela signifiait de suivre les X-men alors soit je me plierais à cette volonté.

J’écoutais avec patience les propos de mon interlocuteur, pesant chacun de ses arguments et préparant avec soin une réponse à sa hauteur. Puisqu’Erik avait subitement décidé de jouer sur ce terrain-là, alors je le suivrais. La première de ses réponses sur la religion me fit sourire légèrement. Ils me rappelaient les propos qu’il m’avait tenus lors de notre pèlerinage en Pologne, lorsque ce dernier m’avait offert l’étoile d’argent scintillante qui pendait à mon cou et faisait ma fierté. Pour toute réponse, je lui récitais alors ces paroles mêmes, une sorte de clin d’œil que je voulais lui adresser avant que le sérieux de notre discussion ne rende ces propos incommodes.

- N’était-ce pas toi qui m’avait révélé tantôt que le fait d’être juif n’avait rien à voir avec la doctrine religieuse mais bien avec le peuple, élu de Dieu et persécuter par les autres nations par faute de leur jalousie grandissante ? Hors même si vous ne gardiez pas de place dans votre vie pour Dieu, cela ne vous aura pas empêché malgré tout de perdre une place au sein de cette communauté bénie.

Il prit ensuite mes propos avec une grande humilité. Accordait-il la moindre importance à la véracité de mes propos ? Croyait-il toujours en Dieu ? Je l’ignorais. La place qu’occupait désormais sa mutation dans sa vie et ses actions de tous les jours ne lui laissait guère de temps de s’arrêter à ce genre d’épineuses questions datant de plusieurs millénaires. Malgré tout je ne pouvais m’empêcher de penser à ces multiples voyages sur les lieux de son traumatisme et sa présence d’aujourd’hui dans ces lieux. Ce bref retour aux origines prouvait que le jeune Max n’était pas encore totalement enterré et qu’il continuait à vivre en lui-même si Magnus tentait de l’oublier. Me retournant à la question mutante je réfléchis alors à la conscience humaine et reprit le fil de la discussion.

- La notion du Bien et du Mal on trouvée leur place dans toutes les religions et philosophies du monde. Il est vraiment difficile de déterminer du quel côtés se rangent les Hommes. Même lorsqu’ils sont persuadés de faire le Bien, elles peuvent faire souffrir leur entourage qui ne voit pas la question avec le même point de vue. Il est très difficile de départager les avis négatifs et positifs des personnes. La Vérité absolue n’existe qu’à travers les yeux de l’Eternel et il refuse de la révéler à ses créatures craignant de les priver de leur liberté. Même si les hommes ont rédigés la Charte Universelle des droits de l’Homme, comme tu viens de le signaler, ils refusent de l’écouter. Comment guérir le mal causé par ce mutisme et cet aveuglement ? Le Bouddhisme représentait cette philosophie à travers les trois singes de la sagesse. Mais au lieu de prendre en Bien en considération ces derniers n’auront pris en compte que le mal qui était dit, fait ou vu.

L’instinct de l’Homme suit en définitive le même que celui de l’animal, nous ne sommes en rien leur supérieur. Nous ne sommes guidés que par la peur de survivre et agissons violemment lorsqu’un hôte étranger ose s’installer sur notre territoire. Nous craignons que ce dernier ne vienne prendre la place qui nous revient de droit dans l’ordre naturel des choses. Pourtant je reste persuadé que si l’Homme prenait le temps de s’asseoir rien qu’un instant et de regarder le monde qui l’entoure, il changerait d’opinion sur ce dernier. L’esclavage est passé aux oubliettes, le peuple Noir ne souffre plus de ces cruelles injustices qui les disaient inférieur, les chrétiens ne tentent plus de convertir les races de ses colonies qui étaient, selon eux, le fruit du diable. Je suis certain que l’Humanité changera un jour son opinion sur les mutants, ils évoluent également non pas physiquement ou psychiquement mais spirituellement.

Tu as raison, si Dieu t’a donné de tels pouvoirs c’est qu’il avait une raison de le faire. Je suivrais ces enseignements pour tenter d’éclaircir cette volonté au mieux. Le Seigneur prône l’Amour et la Tolérance depuis des millénaires mais les Hommes ne l’écoutent pas. Peut-être souhaitait-il que nous puissions être un intermédiaire entre lui et le reste de l’Humanité, que nous leur inculquions ces notions aux plus près de son message. Si tu tiens réellement à mourir en martyr, crucifié sur la croix du futur de l’avenir mutant, penses-tu vraiment vouloir mourir comme ennemi de la nation ? Le sang coulé durant les guerres n’auront servit les conquérants que le temps de leur triomphe et ils n’auront apporté dans leur tombe que déshonneurs et misère pour leur propre peuple. Regarde le cas de Napoléon, d’Hitler tous deux ont subit le même sort. Crois-tu réellement que tu pourras changer le monde en faisant preuve d’intolérance envers les autres peuples ? Qu’espères-tu apporter en fin de compte, la Suprématie des mutants, la destruction de toute trace de vie humaine ?

J’avais tenu ce discours avec le point de vue dégagé d’un enfant tentant d’obtenir des informations que j’estimais importantes. Pas la moindre trace d’animosité ou de violence, je voulais simplement connaître le chemin qu’il voulait emprunter pour changer ce monde qu’il prétendait à juste titre injuste.

Oui, le monde était bien complexe, il était très loin d'être dans la vision simpliste de plusieurs médias américains qui essayaient de renfermer les gens par des idées aussi débiles. Les gens, en majorité, ne connaissaient pas le moindre problème de la politique et du coté social. Ils ont défini dans les années 80, c'est quoi la norme traditionnelle des gens. Ils ont décidé de construire plusieurs idées liés à l'image pour construire la définition de la vie. La vie était maintenant une norme, des gens pouvaient très bien dire qu'un personne ou autre ne connaissait rien à la vie ou qu'ils étaient déconnectés de la réalité. Quand, dans le grand des résultats, c'était surtout eux qui ne connaissaient presque rien dans la vie politique, ils ne connaissaient que leurs pauvres perceptions individuelles.

Les occidentaux ont décidé de diviser tout en deux, il existait pour eux, des femmes et des enfants, il existait pour plusieurs d'entre-eux l'homosexualité et l'hétérosexualité et finalement ils existaient les mutants et les humains. Les gens créent une grande différence entre chaque chose, ils pensent même que ce genre de fondements étaient maintenant naturels et complets qui dépassaient vraiment les notions culturelles. Quand tout ce monde se construit par la culture et rien n'est naturel complètement dans l'humain. Le pouvoir mutant, étant une exception bien différente, du monde culturel. C'était une évolution beaucoup plus importante dans l'évolution de la société.

Les perceptions avaient beaucoup changé depuis l'époque, surtout pour Magnéto, il avait beaucoup changé dans son rôle et dans sa vie politique. Comme n'importe qui vivant sur cette planète, il avait été obligé de changer pour répondre à la violence structurelle des États.

-Je te comprends David, mais malgré que je n'ai pas de doctorat dans l'une des sciences humaines de l'Université, j'ai appris quelques choses de très importants. Quand, je t'ai rencontré la première fois avant tous les désastres, j'étais conditionné à un discours. Ce discours n'était pas mon discours, comme ce n'est pas ton discours, ce discours est une création de plusieurs discours au niveau historique et au niveau social. On pense toujours qu'on découvre une grande vérité par notre discours, mais à la fin, on découvre que tous les discours autour de nous, est beaucoup plus une construction humaine. Non, je ne renie pas mes origines ou ma jeunesse. Je ne crois pas que le monde se construit d'une seule voix.

Erik était très loin de plusieurs certitudes politiques ou religieux, les certitudes qu'il avait autour de ce sujet, étaient surtout cachés dans dans le grand doute. Il avait un seul véritable fondement dans son monde, que peut-être les postmodernes pourraient dire le contraire. La biologie avait toujours sa propre limite pour créer les différences. Le discours de David était toujours tourné vers des notions bien religieux, Erik avait toujours aussi plusieurs doutes envers toutes doctrines.

Erik avait aussi beaucoup de notions de David sur la finalité entre les humains et les animaux. Il avait beaucoup difficulté à trouver un modèle similaire entre les humains et les animaux. La notion historique était aussi très dérangeante pour pour Erik, bien qu'on donnait en accords plusieurs progrès contre l'esclavage et pour un nouveau égalitarisme entre les humains.

-Oui, c'est ça le problème, le bien et mal deviennent des principes qui peuvent changés d'un moment à un autre. Le moment historique par le mouvement philosophique et politique du moment, les gens changent cette perception pour leur plaire aux idées politiques et aux mouvements populaires. Je ne fais pas confiance aux gens, les gens ne me font pas confiances, mais même si tu me dis que six milliards de personnes ne tolèrent pas mes actions, je ne suis pas ici pour me faire aimer.

Je ne crois pas aussi à l'instinct naturel des humains, je ne crois encore que rien n'est naturel vraiment chez les humains. On pense que nos constructions de caractères qu'on donne aux humains, n'est qu'une grosse pièce de théâtre. Les gens dans cette culture, donnent la culture de la faiblesse chez les femmes, ils essaient d'apprendre aux filles d'être plus esthétiques et fragiles que les hommes, quand dans plusieurs autres cultures, c'est tout le contraire. L'instinct se crée par les cultures, rien n'est naturel chez l'homme, retrouver une partie du naturel chez l'être humain est encore beaucoup plus complexe que le simple animal.

Oui, tu as peut-être raison pour certains changements dans notre société, mais en réalité, le monde ne change pas vraiment. Ils ont simplement 10% des gens sont noirs aux États-Unis et environ 50% des prisonniers américains sont noirs. Les États-Unis ont décidé de créer des zones pour les riches et les pauvres, pour départager les minorités de la majorité pour créer une discrimination cachée. Je ne veux pas ce genre de choses pour les mutants. Toutes les histoires se retrouvent dans des intolérances, pour créer une révolution, ils ont été obligés d'y aller avec la violence. Je ne crois pas encore que c'est universel, mais dans ce monde, la violence semble primordiale.

Les premiers propos d’Erik me plongèrent dans une longue réflexion. Les discours seraient-ils la proie d’une évolution historique et sociale ? Cela me semblait on ne peut plus clair. Tel un enfant copiant les gestes et les paroles de ses parents, les Hommes subissaient toujours l’influence d’une majorité. Une puissance contre laquelle ils ne pouvaient rien et refusaient même de s’opposer. Le vote majoritaire avait peu à peu trouvé sa place au sein de nos sociétés. Les quelques petite voix qui s’élevait contre l’opinion publique étaient rapidement mâtée par l’Etat qui, selon ses propres termes, ne cherchait que son bonheur. C’est ainsi que bien peu d’Allemands trouvèrent la force de faire face à leur Führer et s’étaient mû dans un profond silence malgré les exactions commises à l’égard du peuple juif.

Humblement, je devais également reconnaître ne pas être resté insensible à cette influence. On devinait en moi le discours pacifiste et tolérant de mon père et, lorsque je célébrais les cérémonies en l’honneur du Très-Haut, je me contentais de reprendre les discours développé depuis des millénaires par les sages talmudiques. Pourtant, cette position ne me chagrinait nullement. Je partageais les croyances que l’on m’avait transmises et si je tenais tant à les redire à mon tour, c’est que j’y croyais véritablement.

Le changement était une chose inévitable dans le monde qui nous entourait. Nous étions les témoins vivant de l’évolution de l’Humanité et nous pouvions observer ce phénomène de mutation dans toute la nature qui nous entourait. Les papillons étaient le fruit de chenille, les arbres qui perdaient leurs feuilles en hiver, les retrouvait durant la belle saison. Oui, l’évolution était indéniable et pourtant…
- Tu penses donc que notre discours ne peut exister sans celui d’une autre personne. Affirmerais-tu donc que l’Homme est incapable de baser sa réflexion sur sa propre pensée ? Comment expliquer alors les propos de ces personnes passées à la postérité ? Ces humbles héros qui par une parole sont parvenue à bouleverser le monde. Rappelle-toi de Galilée, Newton ou encore Darwin. Leurs idées étaient totalement révolutionnaires et personne avant eux n’avait osé adopter de telles paroles. Ils ont changés notre vision du monde et la transformant à jamais. Personnellement, je pense que notre monde a toujours connu des Hommes qui, inspiré par nul autre que soi-même ou que Dieu, sont capable de changer profondément ce monde. Toutefois je veux bien reconnaître que les Hommes suivent l’avis de ces personnes plus qu’éclairées, ils reproduisent et rependent ses opinions. Il est malgré tout dommage que ces derniers finissent par déformer ces discours et adoptent un message bien différent que celui de leurs prédécesseurs. Il suffit de parcourir les textes de la Torah, du Coran ou de la Bible et de les comparer au propos des Fidèles extrémistes pour s’en convaincre.

Je pris ensuite le temps de la réflexion avant de me replonger dans le discours d’Erik. Il parla alors de la confiance que l’on pouvait prêter aux Hommes et sur ce point je ne pouvais que l’appuyer. I était de notoriété publique que Les être humains quel que puissent être leurs nature, mutante ou non, n’étaient pas parfait. Même les religions monothéistes s’accordaient sur le point que chaque Homme était pécheur. La perfection n’était l’apanage que de Dieu. Cependant, je me refusait à admettre que les personnes qui m’étaient les plus chers, mes amis et ma famille, puissent un jour songer à me trahir.

- Je suis d’accord avec toi Erik, l’Homme est un être vivant bien loin d’être parfait. Celui-ci commet bien des erreurs sur cette Terre et fait souffrir bien plus de personnes qu’il n’en soulage. Cependant, je pense qu’il est bon de prêter sa confiance à quelques un de ses proches et ne jamais douter de leur loyauté. C’est un moyen bien efficace pour éviter de devoir affronter ce problème qui nous fait si peur ici bas : la solitude.

Je reste malgré tout persuader que l’instinct revête un aspect primordial chez les être humains. Si les femmes sont soumises dans certaines parties du monde, ce n’est que pour flatter l’orgueil de l’homme. Conscient de sa force physique supérieur sur les femmes, ce dernier les placent de force plus basses que terre afin d’éviter une quelconque rebellions de leur part. De même qu’une femme sentira d’instinct que son petit à besoin d’elle et fera tout pour le protéger du danger même au péril de sa vie. Si dans nos cultures occidentales les hommes font place belle à leur épouse et leurs enfants ce n’est que dans l’espoir d’échapper à leurs instincts primaires. Mais les guerres et l’appauvrissement nous prouve bien que ce dernier est incapable de pouvoir s’en départager. Et que faire lorsque cet individu si dangereux se révèle être un mutant ? Toi qui durant des années parlait d’une supériorité inévitable de du mutant sur l’être humain, n’as-tu donc pas rêvé de mettre à terre et d’anéantir ces derniers, tout comme les hommes asservissent les femmes ?

C’est donc le chemin de l’escalade de violence que tu as décidé de suivre ? Le sang n’a-t-il donc pas suffisamment coulé dans l’Humanité ? Méfies-toi Erik car tout homme prétendant pouvoir prendre le dessus sr un autre peuple a rapidement vu son empire lui filer entre ses doigts. La violence appelle la violence mais quelles que soient les pages que l’Histoire a pu écrire, c’est toujours le Bien est l’Amour qui ont fini par triompher.

David croyait toujours qu'on pouvait se permettre de créer des nouveaux discours, que l'influence humaine n'est pas surtout composée d'une façon culturelle. C'est bien le problème chez plusieurs personnes, ils se pensent totalement naturelles, que leurs actions et que leurs vies étaient beaucoup plus proche d'une construction sociale et humaine, qui était alliance avec la nature. Toutefois, cette idée que les humains étaient capables de faire leurs propres réflexions, c'était encore très rare et même désagréable. Les gens les plus éclairés vivaient sur des nuages selon la grande majorité. La majorité était surtout composée par des imbéciles qui n'ont aucunes idées de l'histoire et des différents facteurs sociales qui se retrouvent autour d'eux. Les gens qui ont fait les plus grandes découvertes, ont toujours été les plus illuminés et encore aujourd'hui, les gens qui font encore les plus grandes découvertes et qui posent encore des excellentes questions ne sont que des pauvres marginaux.

-Oui sincèrement. L'homme est incapable de construire sa propre pensée sans avoir une influence de d'autres personnes. On peut toujours dire que Galilée, que Newton ou que Darwin ont construit des théories et des réalités qui ont changé notre monde, mais ils ont toujours été influencé par des écoles de pensées et ainsi que plusieurs intellectuels de l'époque. Des gens avaient déjà écris sur ce genres de théories, mais la majorité ne voulait pas les croire, les dirigeants des pensées ne pouvaient pas concevoir ce genre d'idées. Les gens, les mutants ou humains, toi ou moi, nous n'avons pas nos propres pensées. Nous avons construit des idées d'après des différentes influences philosophiques ou religieuses.

Toutefois, David reste sur son idée, ce n'était pas vraiment de sa faute, tous les humains étaient composés de certaines vérités, même lui, avait plusieurs idées de l'époque. Ils croyaient avoir des vérités, quand ce n'était que des vérités dans son propre discours et dans sa propre culture. Rien n'avait quelques choses d'innés dans ce qu'il disait, rien n'était propre à une vérité universelle et fondamentale.

-Le solitude reste toujours le meilleur moyen de voir ce que ce monde s'entoure, de voir des réalités que les gens ne sont pas capables de voir. De prendre conscience que des millions de vies sont en train de se perdre à cause de différentes aliénations. Tu sais très bien que j'ai fais confiance aux gens durant mon passé, et ces gens bien qui me sont restés loyaux durant des années, ont été tués par des régimes humains. Peut-être que tu es jeune, mais un jour, les humains vont te trahir, ils vont simplement tués ce que tu aimes le plus au monde parce que certaines personnes ont décidé autrement. Tu as le choix, de rester, de regarder et de croire, mais moi, je ne peux plus regarder et croire. Quoi que tu me dises, les humains sont en train de gagner, leurs influences mégalomanes de créer des différences et de créer des cultures uniques qui ont tous des mêmes peurs.

Si les femmes sont soumises dans plusieurs cultures, c'est parce que ce sont les victorieux qui ont écrit cette histoire, cette influence et cette idée de domination. Ils ont décidé de concevoir que les hommes étaient les chasseurs et les femmes restaient à la maison, quand dans la majorité de l'histoire, c'était totalement faux. On a décidé de créer une mode qui a influencé ensuite les capacités physiques de tout le monde. Dans certaines cultures que j'ai visité, le genre n'existe même pas. Il n'existe pas de femmes et d'hommes. Toutefois, je ne vais pas les détruire, je vais leur faire évoluer. Je vais leur faire comprendre, qu'une seule chose semble être réelle, ce n'est pas limité comme la différence du genre au niveau biologique, mais bien au niveau réel. Nous possédons des pouvoirs et ses pouvoirs peuvent changés le monde. Une seule chose est réelle encore aujourd'hui pour moi, une seule chose. C'est que les mutants, le nom que les humains ont donné à notre race, sont la prochaine évolution de notre histoire. Une évolution biologique, politique et social.

Ce monde est construit d'imbéciles, ils construisent des idées d'imbéciles pour du monde imbécile, les gens le prennent en compte et ils critiquent n'importe quoi sans rien connaître. Tu peux bien critiquer mes méthodes, mais je vais te rappeler quelques choses de très importants. Des millions de gens meurent sur la planète à chaque mois, par des guerres et des famines. Je ne serai même pas capable de tuer autant de gens dans toute ma vie.

Aujourd'hui, c'est encore une histoire de domination, ce sont une minorité qui décide d'écraser une majorité pour vivre plus bien selon eux.

David a quand même ajouté des mots qui affectés beaucoup Magnéto. C'est toujours le bien et l'amour qui triomphe? Est-ce qu'il venait vraiment de dire ça? Non, le problème ne vient pas de David, il vient surtout du passé de Magnéto. Il a quand même perdu beaucoup de sa vie et lui dire ce genre de choses n'encourageait pas vraiment le regret ou les idées de pardon que Magnéto pourrait bien faire.

-Le Bien et l'Amour? Je ne crois pas. Ma famille a terminé dans un trou fusillé par des nazis dans le bien et l'Amour? Anya s'est fait brûlé vif dans le bien et l'amour? Isabelle s'est fait fusillée dans le bien et l'Amour? Non... ce n'est pas un conte de fée, les gens crèvent dans la souffrance pour l'argent, pour des idéologies et pour des affaires d'État, c'est ça notre monde.

Le ton avait visiblement changé pour Magnéto, surtout dans ses questions, un moment de faiblesse au niveau de l'émotion. On dirait presque, qu'il était en train de couiner au début de sa troisième question, trop de souvenirs à la fois. De douloureux souvenirs qui restent toujours aussi importants dans sa mémoire. Il n'aimait pas cela. Il pensait réellement de partir à ce moment là.

En réfléchissant plus longuement au propos de mon interlocuteur je devais bien admettre qu’il n’avait pas tort. Toutefois je restais persuadé que pour qu’une idée puisse exister il lui fallait avoir un jour germé dans l’esprit d’une personne. « Un illuminé » tel que le désignait Erik et qui avec le concours de ses collègue avait fondé ces fameuses écoles de pensée et d’autres religions ou philosophie. Nous aurions pu nous entretenir durant des semaines sur cette épineuse question. Qu’aurions-nous pu y ressortir ? Rien. Je décidais donc de laisser le sujet de côté tout en restant ancré fermement à mes positions.

- Il est vrai que l’influence d’autrui joue dans nos vies un grand rôle. Il est difficile aujourd’hui de pouvoir prétendre à une volonté propre puisque toutes les questions ont été traitées. Et je veux bien reconnaître que si ces hommes sont devenus célèbres c’est pour avoir eu le courage de travailler et d’analyser plus profondément ces différentes théories. Nous pourrons donc au moins nous accorder sur le point que ces scientifiques ont été le porte-drapeau d’une théorie maintenue durant des siècles par ces écoles de pensées. Cela tendrait à supposer que ce ne sont pas des hommes seuls qui feront avancés l’Histoire mais bien le dialogue et le débat entre les hommes.

J’avais ensuite de la peine à m’accorder au point de vue d’Erik sur la solitude et sur ce qu’elle engendrait. Cette divergence était sans doute due à nos différences de parcours. L’entourage d’Erik lui avait été arraché de trop nombreuses fois pour qu’il ne puisse associés la présence des autres et l’Amour à de la souffrance. Quant à moi, qui connaissais les implications de ma famille dans mes problèmes de mutation, je ne pouvais que trembler à l’idée de les voir disparaître. Qu’adviendrait-il si Légion réapparaissait ? Qui serait en mesure de venir à bout de sa folie ? Je n’avais jamais été capable de maîtriser mes pouvoirs et ne le serais sans doute jamais. Ma vie s’était durant de nombreuses années limitées à des périodes de coma et des crises de schizophrénie. Maintenant que je m’étais trouver un certain équilibre, que je m’étais réalisé sur un plan aussi professionnel que relationnel, je ne voulais surtout pas le perdre. Mais hélas je finirais sans doute ma vie telle que celle-ci avait commencée. Je rejetais brusquement cette pensée de mon esprit. Me tournant alors vers mon interlocuteur

- Ce que t’ont infligés tes ennemis et tout bonnement impardonnable, cela n’aurait jamais dû se produire. Nous n’avons pas le droit d’arracher la vie d’être humains comme on peut le faire avec de la mauvaise herbe. Cependant, toutes les relations que tu auras entretenues avec les personnes que tu aimais auront permis de forger ta personnalité. Ces immenses qualités que l’ont te reconnaît et pour lesquelles nous t’apprécions sont le fruit des expériences extraordinaires que tu auras vécu auprès de ta famille et de tes amis. Ces différentes relations t’enrichissent bien plus que le sentiment d’être seul face au monde entier, bien plus que la haine et la violence que tu nourris actuellement. Ne te fait pas de fausses idées à mon propos. Bien que suivant la voie des pacifiques jamais je ne resterais les bras croisés si nos ennemis venait à m’arracher les personnes que j’aime. Je ne supporterais pas l’idée de vous perdre. Si une véritable guerre éclate, et il est fort probable qu’elle le fasse un jour, je ne serais pas celui qui fera couler en premier le sang. J’aurais alors la certitude d’avoir combattu et que je serais mort en faisant ce qui me paraissait le plus juste.

Tu as raison, la société va immanquablement évoluer et elle se doit d’évoluer. Les régimes empreints de haine et d’intolérance n’ont plus leur place dans notre monde. Dans cet esprit, la future race dominante devra montrer la voie à suivre. Nous devrions simplement nous accorder sur les valeurs qu’elle transmettre à partir de demain. Les sociétés dont tu me parles ont trouvé un équilibre parfait, comprenant que nous ne pouvions diviser leur peuple en catégories injustifiées. Nous devrions nous en inspirés pour instaurer un peuple nourrit par l’Amour et la Justice plutôt que la Haine et l’Intolérance qui ne pourront plus se justifier. Hors faire de la population humaine de futurs martyrs de notre cause ne pourra que divulguer des idées inverses. Pour moi je n’en démoderais pas, il faut à tout prix éviter que le sang se verse tant que cela est encore possible.

Les derniers de mes propos reçurent un mauvais écho de mon interlocuteur et je les regrettais bien rapidement. Je sentais soudainement Erik saisit par la tristesse et le regret de souvenirs traumatisants qu’il ne le quitterait jamais et justifiaient ses actions. Comment avais-je pu lui adresser un message pareil? Timidement je baissais mon visage en direction du sol, conscient de la terrible offense que je venais de lui faire. Sa vie l’avait trop blessée pour qu’il puisse accepter de baisser les bras. Après avoir vu mourir sa famille durant la Shoah, vu sa fille morte brûlée sous ses yeux sans pouvoir rien y faire… Chaque fois qu’il avait recommencé à croire en son avenir se dernier avait été balayé par ses ennemis. Il s’était retrouvé à terre tellement de fois qu’il ne pourrait plus trouver la force d’avancer autrement que par le meurtre et la violence. Essayer de le comprendre, partager ses expériences ne me permettrait jamais de me mettre à sa place. Après quelques minutes de silence, j’essuyais une larme perlant sur ma joue et relevais péniblement la tête avec un regard plus compatissant que jamais.

- Je te demande pardon Erik, je n’avais pas le droit de te dire ça. Tu as raison, le monde est rempli de ses sortes d’injustices qui pourrissent nos vies. Je ne pourrais jamais prétendre que mon rêve n’est rien d’autres qu’un idéal qui ne sera peut être jamais atteint. Malgré tout je garde l’espoir que les bienfaiteurs de l’Humanité puissent un jour bouleverser l’ordre établit pour faire régner un peu plus de justice dans notre monde. C’est mon travail de tout faire pour que notre peuple puisse faire vivre et transmettre cet espoir aux autres populations et aux générations futures.

Mon discours fut soudain interrompu par l’arrivée de ma secrétaire. Jetant un regard furtif vers ma montre, je me rendis que cela faisait déjà plus d’une heure que nous bavardions. Elle s’approcha ainsi de moi et après s’être raclée la gorge déclara

- Pardonnez-moi d’interrompre votre conversation Rabbi Haller, mais l’assemblée attend que vous les rejoigniez pour le dîner.

- Oui merci Rebecca, j’arrive tout de suite.

Me retournant alors vers Erik, je plongeais une dernière mon regard dans le sien et dans un sourire lui tendit la main.

- Tu es sûr que tu ne veux pas nous rejoindre ?

Attendant patiemment sa réponse, je continuais à lui tendre la main espérant véritablement qu’il accepterait cette invitation spontanée.

» Raconte-moi la Shoah! (PV Erik Lehnsherr)