• You don't sing but drink with me tonight... [Libre]

La jeune fille était en nage. Se donner à fond, c’était bon. Le micro à la main, elle remercia pour la dernière fois la petite foule qui avait prêté oreilles à la prestation de son groupe. Les cheveux emmêlés, la chemise ouverte, un mini short en Jean qui partait en lambeaux et chaussée de boots en cuir noires, elle se dirigea vers la sortie de scène. Alice Rigby n’en revenait pas. Elle venait de clôturer son premier concert New Yorkais. Elle et son nouveau groupe. The Ruthless Children. Elle avait mis du temps à se remettre dans la musique mais finalement, elle y était parvenue. Elle voulait en vivre plus que tout. Finalement, cet Ace Bradford qu’elle avait rencontré l’avait bien aidé. Même s’il ne l’avait pas totalement calmée, elle avait trouvé un nouveau but. Et puis, ce n’était pas comme si elle avait par finir dans une situation assez critique. Sa sœur avait fini par ne plus rentrer à l’appartement et l’adolescente avait préféré foutre le camp. Pas facile la vie de sans abri. Elle avait passé deux nuits dehors et avait cherché du travail. Elle avait fini par trouver une place de serveuse dans un bar mal famé, le Blood Orchid. Toux ceux qui y allaient la dégustait des yeux. Cela ne l’aurait pas dérangé si elle avait pu leur montrer à son tour de quoi elle était capable sur scène mais cela ne collait pas vraiment avec la mentalité et la fonction du bar. Elle avait donc dû se résoudre à faire ce qu’elle souhaitait ailleurs.

Finalement, elle avait trouvé où crécher chez le dealer qui lui vendait sa poudre. Et elle avait rencontré certains de ses amis. Ensemble, ils s’étaient découvert cette passion commune qu’était le rock et ils avaient décidé de tenter leur chance. C’était une expérience enrichissante. La journée, Alice tâchait de rendre certains clients heureux en leur souriant, les laissant lui caresser les jambes ou se prendre un claque bien trempée sur les fesses. Mais le soir venu, elle laissait la musique l’emporter. Ce bruit. Ces sonorités. Entre deux lignes et deux bières, elle chantait et jouait de la guitare, les autres découvrant alors son talent musical et sa vraie nature. Ils l’avaient apprécié à sa juste valeur et lui avait donné sa chance. Et maintenant, c’était elle qui leur donnait la leur.

Marchant dans la rue, elle s’était retrouvée face à un petit bar qui avait la réputation de donner des petits concerts. Elle avait rencontré le propriétaire et avait obtenu leur ticket d’entrée sur scène. Deux jours après, elle grimpait sur scène et chauffait la salle. The Ruthless Children n’avaient alors guère plus de 6 chansons, reprises comprises à présenter. Mais cela suffisait amplement à mettre le feu au bar. Miss Rigby savait qu’il fallait désormais ne plus se louper sinon, c’était la trappe qui menait aux oubliettes.

A peine sortie de scène, elle se dirigea dehors pendant que ses nouveaux camarades finissaient de ranger leur matériel. Elle ne prit pas le temps de refermer sa chemise et s’alluma une cigarette. Elle en avait déjà fumé la moitié quand les autres se joignirent à elle.

« J’ai rangé ta gratte Alice… Tu d’vrais y faire plus gaffe quoi… »
« Ouai, je sais… »
« Pas mal ce concert hein ? »
« Carrément… On a assuré les mecs ! »
« … »

La jeune fille lâcha le reste de sa cigarette et l’écrasa sous sa chaussure. Regardant « ses mecs », elle leur signala qu’elle rentrait à l’intérieur boire un verre. Puis, le haut de sa chemise glissant légèrement sur son épaule, elle se dirigea vers le bar. Derrière elle, elle entendit un "Tain, tu l'as encore vexé mec !" mais n'y prêta pas attention. Elle vérifia si sa guitare était belle et bien rangée. Puis, elle commanda une bière. Le serveur la lui donna gratuitement « pour le super son qu’ils avaient lâchés ». Elle le remercia d’un mince sourire et commença à boire, seule devant le comptoir. Le bar n’était pourtant pas vide mais chacun s’était remis dans son coin après le concert. Bientôt, elle rentrerait se coucher. Mais avant, ses souvenirs lui revenant sans cesse, elle voulait tenter d’oublier. Lorsqu’elle était ainsi, aucune présence ne pouvait passer inaperçue mais elle ne voulait renvoyer quiconque ce soir. Elle voulait simplement apprécier le moment présent, sans souvenir, sans avenir…

Le jeune homme avait pris pour habitude ces derniers de finir la soirée écroué dans un bar. Le bar en question n’avait que peu d’importance, si ce n’est qu’il était venu dans le but de picoler et de passer une bonne soirée, seul comme à l’accoutumée. L’ambiance était assurée par un nouveau groupe qui semblait prometteur dont Hayden avait vu les affichettes placardées un peu partout dans le quartier où il racolait à peu près quotidiennement. Il n’avait pas retenu le nom, c’était un truc du genre Ruth machin truc, ce qui était sûr c’est qu’il appréciait la musique qu’ils produisaient et il ne put s’empêcher de nombreuses fois en danser d’une manière endiablée au milieu de gens plus ou moins sobres. Il enchaina bière sur bière puis passa à la vodka avant de revenir à ses premières amours, la tequila. Ses inhibitions s’étant envolées depuis longtemps, il se surprit même à draguer un jeune homme aux allures de skateur qui tout aussi inopinément répondit à ses avances. Ce n’était donc plus seul mais accompagné d’un bel homme qu’il sortit prendre l’air et fumer un joint dans l’optique de se détendre un peu.

La soirée aurait ainsi put être parfaite si l’homme apparemment très réceptif au charme d’Hayden ne devint pas aussi collant. Le jeune homme s’évertua alors le reste de la soirée à l’éviter aussi soigneusement qu’il avait été collé à lui quelques instants auparavant.
Se clouant au bar qui désormais, il l’avait décidé ainsi, était son nouveau QG. De toute façon le concert était terminé et pratiquement plus personnes ne dansait sur la piste de danse. C’est donc avec un verre de tequila et un air grincheux que le barman se mit à lui parler. Hayden prit un air asocial, espérant décourager celui-ci qui n’arrêtait décidément plus de parler. Au final il se dit que ça ne pourrait pas lui faire de mal de copiner avec le tenancier du bar espérant que celui-ci lui paye quelques coups à boire. Ce qu’il fit évidemment au bout de quelques instants, Hayden savait mener sa barque.

Un évènement imprévu survint alors, le skateur collant de tout à l’heure refit surface. Hayden essaya ainsi tant bien que mal de se dissimuler derrière son verre, ce qui ne fit apparemment pas diversion puisqu’il vint directement vers lui.

-Qu’est ce que tu fais ?

Hayden ne comprit pas de suite ce qu’il lui demandait. Il lui montra alors son verre d’un air de dire « bein je picole », puis il remarqua que son regard s’était attardé sur le serveur avait qui il papotait depuis un bon moment déjà.

-Tu parle de notre conversation purement amicale ?

-Viens on s’casse !

Il avait détaillé le pauvre serveur de bas en haut, Hayden lui lança un regard d’excuse et se renfrogna. Il enleva retira alors sa main de celle du skateur et soutint son regard méchamment.

-Pour qui tu te prends, j’vais nulle part, j’veux picoler !

Le mec essaya alors de lui donner une gifle qu’Hayden esquiva allègrement, seulement la dose d’alcool qu’il venait d’ingérer ne lui permit pas de retrouver son équilibre et il tomba contre une fille qui buvait à côté de lui depuis un moment. Il se releva tant bien que mal et s’excusa auprès de la jeune femme.

-Je vais t’crever raclure !

Il se dirigea alors vers le skater une lueur démente dans les yeux, si Hayden n’aimait pas quelque chose c’était qu’on l’humilie en public et qu’on le prenne pour possession acquise au bout d’une soirée. Malheureusement pour lui l’homme qui se tenait en face de lui réunissait ces deux conditions.

Alice en était à son troisième verre. Lentement, son esprit s'endormait alors qu'elle restait éveillée. Le serveur était carrément cool à ses yeux, la laissant boire ce qu'elle voulait gratuitement mais en la prévenant simplement que l'ivresse n'était pas tolérée dans sa boutique. La jeune fille pensa alors que si ce bougre savait seulement qu'elle devrait être au lit pour retourner à l'école le lendemain... Mais il l'ignorait et c'était très bien comme ça.

La tranquilité du bar s'arrêta brusquement. Alice jeta un coup d'oeil au cinglé qui venait de faire son entrée. Celui là, on lui avait pas dit que les skates étaient totalement has been et que ce soir, c'était l'air du rock qui aurait dû envahir la place. Distraitement, elle écouta la conversation qui se déroulait alors à coté. Apparemment, c'était une jolie petite histoire du style "je t'aime, moi non plus". L'un avait flirté avec l'autre donc l'autre était jaloux du fait que l'un discute avec le serveur mais l'un en avait plus rien à foutre de l'autre... Bref, une histoire de gays jamais contents. Et à vrai dire, Blondie comptait bien rester en dehors de ça... Mais ce n'est jamais comme ça que ça se passe au pays des merveilles, n'est-ce pas Alice ?

Une gifle. Digne de celles que l'on voit dans ces superproductions américaines où des cascadeurs encaissent pour la santé des petits acteurs surprotégés. Sauf que dans les films, ils se la prennent, la gifle. Là, le dragueur en folie esquiva. Sauf que cet imbécile n'avait pas pensé qu'il avait trop bu - en même temps, s'il a trop bu, non, il ne pense plus. Et c'est alors que la bousculade eut lieu. Certes, miss Rigby aurait pu la voir venir et éviter de lever don verre à ce moment là mais non. Au lieu de ça, une partie du contenu du verre se renversa sur le bar et sur les jambes de la demoiselle... Qui réagit au quart de tour.

" Putain ! Mais tu peux pas faire gaffe pauvre con ?"

L'autre bafouilla des excuses et vu son état, on pouvait juger ça de pas mal. Par contre, la suite surprit Alice. Voilà que M. Flirt-d'un-soir s'apprétait à sauter sur son ex mais pas pour lui faire spécialement plaisir... Alors, contre toute attente, la miss sauta de son haut tabouret pour retenir celui qui lui devait réparation par le poignet. Puis, sans réfléchir, elle lui chuchota rapidement à l'oreille :

"T'arrêtes de faire le con deux minutes et j'mets ton PD de pote sur la touche pigé?"

La situation était totalement hors de contrôle. La jeune fille repoussa le jeune homme et s'avança, la chemise toujours ouverte, rappelons le, vers l'ami skatter. L'envie de lui démolir la tronche était tentante mais le petit jeu préféré de la demoiselle était les mots.

"Bon, gros naze, j'vais parler à la place de ta copine parce qu'elle est plus en état de quoi que ce soit. Te suivre par exemple... J'sais pas si t'étais là tout à l'heure mais le concert là, c'té moi et mes potes... Notre premier concert à New York... Et tu sais quoi? Tu viens de pourrir ma soirée qui était jusque la complètement bonne. Alors t'as le choix... Sois tu continues à faire ton grand et à faire chier tout le monde et autant te prévenir que tu risque de rentrer sur ta planche mais sans les roulettes..." D'un petit mouvement de la tête, elle désigna les autres membres du groupe qui s'avançaient vers eux, certainement alertés par la réprimande d'Alice. "Soit t'es un gentil garçon bien sage et tu dégages de là avant que je ne décide finalement de lâcher ton flirt de ce soir dessus et quelque chose me dit que ça aura quelque chose de bestial... T'as juste était là histoire qu'il passe le temps, désolée chéri..."

[i]Elle observa le skater, attendant sa réaction. Elle était prête à tout pour que cette pourriture dégage maintenant que sa soirée tendait à virer au cauchemar.

La jeune femme l’avait intercepté. Hayden ne savait pas comment ni pourquoi elle s’était trouvé là cette pimbèche, mais une chose était sure elle semblait très énervée. En la détaillant un peu plus, il s’aperçut que c’était la jeune femme qu’il avait bousculé quelques secondes auparavant. Elle comptait à elle seule se débarrasser du skater qui encombrait la vie de l’oracle depuis quelques heures déjà. Bizarrement alors qu’elle s’était enfilée plusieurs verres au cours de la soirée, les mots de la jeune femme étaient clairs, exprimant facilement une idée. Bref, elle semblait sobre ce qui étonna le jeune homme qui haussa un sourcil.

Il n’écouta pas véritablement son charabia qu’elle débitait à une vitesse hallucinante, tout était trop embrouillé et surtout tout était en train de tourner. Hayden avait besoin de se calmer, de se défouler et l’homme qui se tenait en face de lui paraissait une raison parfaite de subvenir à cette pulsion. La blonde en avait enfin terminé avec son discours qui fut aux yeux d’Hayden des plus longs. Il observa la réaction de son bourreau, il ne bougea pas, son visage indiquait clairement une expression de mépris mêlé à de l’angoisse. L’oracle se contenait intérieurement pour ne pas laisser déborder tous signes extérieurs de sa rage intérieure. Finalement il recula, les mains en l’air comme quelqu’un qui se rend.

-J’me casse, j’veux pas d’emmerdes.

Hayden allait décidément de surprises en surprises au cour de cette soirée. Il fut décontenancé par la réaction de son ex compagnon de soirée et frappa le bar de son petit poing rageux. Le serveur, croyant surement à un appel fut à ses côtés en moins d’une secondes. Lui aussi avait un comportement étrange d’après Hayden mais lui au moins était sympathique et détenait à son avantage le sésame de l’ivresse.

-Hey Blondie ! J’te dois un verre il me semble, tu veux quoi ?

Il la dévisagea un instant, elle fit de même. Hayden ne comprenait pas son attitude, elle semblait vexer, voir même outrée. Il se demanda alors si c’était Blondie qui la dérangeait ou si c’était le fait de boire un verre en sa compagnie. Au bout d’un moment il se rendit compte qu’il ne l’avait même pas remerciée, ce qu’il s’empressa de rectifier.

-Au fait merci … Bon alors tu t’joins à moi ou tu glande ? Profites en c’est ma tournée ma belle !

Il attendit patiemment qu’elle se décide en commandant au serveur un verre de tequila, qu’il avala cul sec en le remerciant chaleureusement. Il s’assit alors au bar en mettant son sac sur ses genoux, commençant à rouler un joint discrètement loin des yeux du serveur. Une fois qu’elle eut terminé son verre, Hayden s’avança vers elle.

-Tu viens, on va dehors ?

Il lui montra alors le joint qu’il avait roulé et lui sourit gentiment.

-J’ai très envie d’me détendre et ce seras l’occaz de faire connaissance, tu m’as l’air d’être un fort caractère et j’ai bien aimé ton balayage de gros lourdeau.

Il lui sourit une dernière fois, surement sous l’effet de l’alcool et se dirigea vers la sortie. Il espérait que la jeune femme allait le suivre mais si elle ne le faisait pas il ne s’en porterait pas plus mal. Hayden ne faisait pas partie des gens qui attendent.

Apparement, le monstre tenait à ses roulettes. Levant les mains au dessus de sa tête, il rendit les armes. Alice s'amusa à mimer un revolver et à descendre le bonhomme pendant qu'il reculait. L'un des membres du groupe lui saisit l'epaule. Miss Rigby se dégagea de cette séminaire étreinte et se contenta de dire à sa bande de mecs de rentrer, elle n'allait pas s'attarder. Enfin, ça, c'était avant que l'ex du monstre ne lui propose un verre en la surnommant Blondie. Non pas qu'elle n'aimait pas ce surnom qu'on lui avait déjà donné mais venant d'un inconnu qui avait un don inné pour foutre la merde... Mais la jeune fille préféra lui accorder le bénéfice du toute après qu'il l'euthanasie remercié.

"Me remercie pas va... La seule chose qui m'étonne c'est comment t'as pu draguer un mec pareil..."

Elle s'assit à coté du jeune homme et commanda la même chose que lui. En revanche, elle ne prit pas un malin plaisir à boire ce verre cul sec, ayant appris que l'alcool pouvait se savourer. Cependant, elle se dépêcha de finir son verre avec plus d'entrain lorsqu'elle apperçut ce que le jeune homme tenait sur ses genoux. Puis, il se leva, titubant légèrement. Alice le regarda avec cet air qui voulait dire "allez, encore un verre et dodo hein?". Le jeune homme lui proposa alors de sortir, lui montrant alors clairement son joint. La jeune fille sourit. Oh oui, elle avait fort caractère et ce jeune homme n'en avait vu qu'un maigre échantillon.

Elle se leva et le suivit docilement. Ainsi, il voulait se détendre et appréciait la jeune fille. Voilà qui n'était pas pour déplaire à miss Rigby qui avait la quasi certitude d'avoir trouvé là un nouveau dealer à mettre dans sa poche. Il alluma son pétard et en tira une longue bouffée. C'est à ce moment là que la jeune fille glissa ses doigts sur le tube et le déroba à son propriétaire pour le porter à ses lèvres. Après avoir tiré dessus, elle le rendit au jeune homme. Bah quoi, elle avait bien le droit de tester non ? Elle s'appuya contre le mur et s'alluma une simple cigarette. Puis, ses yeux se reposèrent sur le jeune homme qu'elle dévisagea attentivement. Finalement, Alice prit conscience qu'elle ne connaissait personne à NY. Peut être était il temps pour elle de briser sa coquille et de s'ouvrir un peu. Rien qu'un peu.

"Bon... Tu fais quoi alors toi ? Moi... J'suis pas d'ici... J'viens de San Fransisco... Mais ça serait beaucoup trop long à raconter finalement... Tout ce qu'il faut retenir de moi, c'est que je suis là que pour la musique... Au fait, tu m'expliques ce que t'as fait au gros lourdeau pour qu'il se mette dans c't'etat ?"

Elle accepta avec un plaisir non dissimulé l’invitation du jeune homme et le suivit jusqu’à l’extérieur. Ils s’installèrent sur un banc en bois dont le confort semblait négligeable au vu des activités qu’ils allaient mener et qui les mèneraient surement sur la route de la détente totale. Le seul avantage de ce banc résidait dans le fait qu’il soit un peu éloigné de l’avenue principale qui bordait l’entrée du bar et donc qui permettait de faire des choses illégales à l’abri des regards indiscrets.
Hayden s’assit sur le dit banc en bois et alluma son joint qui lui fut bien vite dérobé par la jeune femme qui l’accompagnait. Le jeune homme ne réagit pas, il s’en fichait complètement, elle pouvait le terminer même, au pire il en roulerait un autre. Il était suffisamment pourvu en drogue pour ne pas se soucier de ce genre d’état d’âmes. Au bout de quelques lattes, elle lui rendit son bien, Hayden le porta à ses lèvres en la regardant allumer une cigarette et en l’écoutant poser des questions sur l’homme qu’ils venaient de quitter, ou plus exactement d’envoyer bouler version royale loi d’eux.

-Oulaaaa ! C’est assez compliqué, disons que je suis un professionnel de l’amour que l’on paye en échange de certains services … en gros on peut dire ça comme ça c’est plus poétique. Mais j’te rassure lui je l’ai juste séduit, un peu plus qu’il ne l’aurait fallut p’têtre.

Un sourire gêné s’étira sur les lèvres du jeune homme, en repensant à ce qu’il avait fait quelques heures plus tôt, il ne voyait en effet pas de raisons qui aurait pu justifier un accrochage tel à sa petite personne, à ce compte là c’était pire qu’une moule accrochée à son rocher. Hayden en était là de ses réflexions en se disant intérieurement que c’était une comparaison assez intéressante qu’il venait de faire lorsque son naturel le rattrapa au grand galop.

C’était une nuit claire, une nuit étoilé des plus appréciables et des plus calmes. Le bar dans lequel les deux jeunes gens s’étaient trouvés quelques temps plus tôt apparu alors clairement, et ce fus le chaos. Des sirènes stridentes retentirent dans la rue, leurs gyrophares brisant l’unité colorée du clair de lune. La foule sortit du bar et se dispersa dans la rue, elle fut retenue par les hommes de lois tel un épervier qui retient un banc de poissons. En véritable cow boy, ils dispersèrent des gaz lacrymogène et ce fut l’émeute, le chaos ….

Hayden sortit de sa vision tant bien que mal en secouant la tête. Il ne savait pas exactement dans combien de temps cela allait se produire mais il était persuadé que cela se déroulerait sous peu. Ils n’étaient pas très loin du bar, d’ici il ne risquerait surement rien, du moins dans l’immédiat. Il se demanda alors ce qui avait pu déclencher une telle vision et la réponse vint immédiatement éclairer son esprit. Ce foutu skateur avait du appeler les flics, prétextant sans doute qu’il avait été agressé ou un autre truc du genre que le jeune homme n’arrivait pas à imaginer. Il fallait prévenir la jeune femme, mais Hayden ne voulait pas révéler qu’il était un mutant, c’était un dilemme qu’il rompit bien vite. Tant pis pour la discrétion si elle venait à percer à jour ce qu’il était.

-Euh …. Je crois qu’on devrait bouger, j’me sens pas bien ici. J’ai peur que monsieur-le-skateur-qui-casse-les-couilles revienne …

Il se dirigea alors vers la sortie de la petite ruelle qui avait était leur refuge pour quelques minutes et attendit au loin le son strident des sirènes qui arrivaient déjà. Ils avaient été trop lent maintenant il allait falloir composer au mieux pour éviter le pire. Hayden sortit alors de son énorme sac un épais pull et en déchira deux grands morceau. Il en tendit un à Blondie.

-Prends ça, tu risque d'en avoir besoin ... Les flics arrivent.

Alice écoutait avec attention ce que racontait le jeune homme. Comment il s'appelait déjà ? L'avait il seulement dit ? La jeune fille décida de ne pas se remuer les méninges avec ce genre de questions sans intérêts. Tirant sur sa cigarette, elle écoutait ce que lui répondait le jeune homme, se perdant littéralement dans les métaphores qu'il employait, le tout avec un petit sourire gêné. Miss Rigby le regarda, adossée au mur, une épaule nue, la chemise froissée et toujours déboutonnée. Et lui... Il employait des métaphores jolies tout plein juste pour dire...

"Ouai... T'es une petite pute pour gay en fait c'est ça ? Pis bon, t'es gay aussi sinon t'aurais pas cherché à le draguer comme ça non ?"

Elle saurait peut être mais apparament pas maintenant. Le silence s'installa, et la jeune fille le laissa prendre part à la discussion. Tout en tirant sur sa clope, elle se demanda comment allait bien pouvoir finir cette soirée. Après tout, il était agréable ce gars. Et il avait l'air d'avoir des provision carrément cool... Mais elle resongea à sa sœur. L'espace d'un instant...

Avant que l'autre ne la sorte de ses pensées. Il voulait bouger. Alice haussa les sourcils. C'était pas lui qui voulait prendre l'air et se détendre ? La jeune fille allait le lui faire remarquer quand le jeune homme sauta du banc et fouilla dans son sac. Se détachant du mur et se rapprochant de lui, n'oubliant pas de jeter son mégot de cigarette par la même occasion, la jeune fille remit sa chemise en place et le regarda les mains plongées dans le sac.

"Mais qu'est c'tu fous encore ? T'as perdu ton sachet de coc' ou quoi ?"

Cependant l'attente ne dura pas longtemps. Tendant un fragment de tissu à l'adolescence, il lui annonça la très bonne nouvelle. Ah... Les flics. Ça faisait un moment qu'elle n'y avait pas eu affaire et elle se serait bien passé de cette nouvelle rencontre. Agissant avec réflexe plus que par réélection, elle replaça sa chemise correctement et la reboutonna un peu.

"Attend... Les keufs ? Faut que tu saches que... Fin... J'ai quelques soucis avec eux... Mais... Comment tu sais qu'ils arrivent ? Et à quoi il va me servir ce bout de chiffon ?"

Là... Les méninges tournaient à plein régime. À en donner le tourni. Et avec tout l'alcool que la jeune fille devait avoir dans le sang... Sans compter la drogue... Elle était bonne pour le poste à tous les coups. Elle regarda encore le jeune homme et finit par lui dire.

"Au fait... Moi c'est Alice... Et si ils me choppent, j'suis grave dans la merde là..."

Oui... Parce que miss Rigby était sûre à cent pour cent que son pouvoir avait dû se dissiper et les agents devaient certainement cherche la jeune fille pour tous les petits délits qu'elle avait fait auparavant...

La jeune femme semblait paniquée par l’arrivée des flics ce qui n’était absolument pas le cas d’Hayden qui agissait avec un calme déconcertant. Il n’entendit pas vraiment les paroles de Blondie, il était trop plongé dans ses pensées. Il était habitué à côtoyer les flics à travers ses visions et il arrivait généralement à les éviter et à les semer sans grandes difficultés même si ils étaient à sa recherche. Le jeune homme était pour ainsi dire assez détendu, ce qu’ils étaient en train de vivre faisait un peu partie de son quotidien maintenant. Il sortit une petite bouteille d’eau de son sac et l’utilisa pour humidifier les tissus qu’il avait déchirés auparavant. Il regarda Alice d’un œil critique lorsqu’elle arrangea sa tenue, Hayden connaissait bien les flics s’ils devaient l’arrêter ce ne serait certainement pas pour ça et il ne put s’empêcher de sourire.

-T’inquiète tout va bien se passer, ils vont pas nous choper. J’ai aussi quelques ennuis avec eux …

Il ne préférait pas s’étaler sur le sujet, c’était bien entendu à cause de Chaz que les flics seraient contents de mettre la main sur lui. Tous ses problèmes découlaient de Chaz de toute façon. La jeune femme semblait réellement paniquée par les flics, elle devait avoir fait quelque chose de grave pour en venir à les craindre autant, Hayden ne préférait pas le savoir et de toute manière si l’envie lui prenait il explorerait son passé par lui-même. Il apprit qu’elle s’appelait Alice, drôle d’ironie, ce n’était pas vraiment le pays des merveilles qui leur était promis ce soir.

-Moi c’est Hayden ! Et ne t’inquiète pas on va s’en sortir j’te dis. Viens on s’casse !

Il partit devant et finis de sortir de la ruelle. Les flics étaient déjà arrivés et garés à la va vite devant le bar. Ils hurlaient quelque chose dans un mégaphone qu’Hayden ne réussit à percevoir. Les négociations furent brèves cependant et les autorités en vinrent rapidement aux grands moyens. Les quelques habitués du bar, pour la plupart des gros bikers qu’il ne fallait pas chercher, étaient déjà dehors prêt à défendre leur territoire quitte à être embarqués au commissariat. Dans l’immédiat il ne pouvait pas bouger sans se faire repérer et sans être paranoïaque Hayden savait qu’ils étaient venus pour eux. Il fit signe à Alice de rester là.

-Ils vont lancer des lacrymos dans pas longtemps. Une fois que le nuage seras bien épais on court de l’autre côté de la barrière de flic et on s’casse. Normalement on passe tranquille.

Il adressa un grand sourire à Alice et ils attendirent ensemble le moment propice à l’action. Ce moment, Hayden n’en doutait pas n’allait guère tardait à arriver.

Contrairement à Alice, le jeune homme semblait confiant. Trop confiant pour que même une jeune fille légèrement éméchée trouve ça un minimum louche. Mais elle ne dit rien, préférant garder ses suspicions pour elle. Au pire, elle pourrait toujours vérifier certaines choses plus tard. Mais pour l'heure, c'était pas le moment de trainer à se dire "tiens mais ça alors, comment fait il pour rester calme dans de telles circonstances alors qu'il vient d'annoncer l'arrivée des flics et qu'il a de quoi se faire coffrer pour une bonne trentaine d'année avec la marchandise qu'il traine sur lui ?". Non, c'était plutôt la phase "sois discrète et tais toi" de l'opération évacuation.

Puis, le jeune homme déclina alors à son tour son identité. Une chose est sûre, l'arrivée des flics lui avait rendu un cerveau pour le moment. Hayden. Okay. Puis, sur un ordre simple, miss Rigby suivit à l'aveuglette sa nouvelle connaissance. C'était pas son genre et, intérieurement, elle se donnait des claques pour agir de la sorte tandis que son instinct lui demandait simplement de se débrouiller par elle même. Tout ce qu'elle parvint à dire à ce moment là, ce fut :

"Tain, j'espère sérieux que tu sais c'que tu fous mec !"

A vrai dire, avec une grande sœur injoignable, l'adolescente ne mît pas longtemps à comprendre qui les services de police joindrait si elle se faisait chopper. Ses parents. Et là, ça serait la fin de la grande aventure New-Yorkaise. Les deux fugitifs s'arrêtèrent au bout de la ruelle, dos au mur, jetant un regard à ce qui se passait devant le bar. Le petit bout de paradis de la miss ne tarda pas à se transformer en no man's land. À croire que cette soirée devait à tout pris être foutue du début à la fin. Le jeune homme la regarda alors pour lui donner la suite des opérations. Et là, les paroles vinrent avant les pensées.

"Eh ! Minute papillon ! Comment tu sais tout ça ? Il balancent des lacrymo qu'en cas de grandes manoeuvres ou si vraiment la situation devenait craignos. Alors pourquoi ils le feraient maintenant ? Et comment tu as su qu'ils débouleraient ?"

Pour le coup, elle allait pas non plus lui jeter la pierre. C'avait été plutôt utile de savoir que les poulets allaient se ramener. Mais 1+1=2 donc, tout n'était pas clair. Mais avant que quoi que ce soit n'ait le temps de se passer, les lacrymo furent lancées et le réflexe fit porter le bout de tissu sur son visage à la jeune fille. Puis, suivant le jeune homme, ils s'échappèrent de là. Tout ce passa exactement comme il l'avait prévu. C'en était presque effrayant. Et c'est pourquoi, lorsqu'enfin ils s'étaient éloignés, la jeune fille réagit plus avec la peur qui lui dévorait le ventre. Elle attrapa Hayden par le haut de son TShirt et le plaqua au mur.

"Okay bonhomme. Maintenant, soit tu m'expliques ces conneries, soit je découvre par moi même et autant te dire que ça sera pas des plus agréables..."

Oui... Certaines méthodes sont parfois plus efficaces que d'autres non ?

Hayden était plaqué contre le mur d’un de ces vieux bâtiments qui font la particularité du vieux centre de New York, Alice était accroupie à côté de lui et tout deux attendaient le bon moment pour passer. Le jeune homme regardait la scène avec un intérêt non feint et quand les policiers passèrent à l’action il ne fut pas surpris de la violence et des moyens employés. Les bikers toussaient, se frottaient les yeux et distribuaient à l’aveuglette de puissants coups de poings qui rataient pour la plupart leur cible, ils se faisaient ainsi littéralement rouer de coups par les forces de l’ordre mais en véritables durs à cuire les hommes ne bougèrent pas et encaissèrent. Il avait entendu au loin la voix d’Alice, mais trop absorbé par ce qu’il voyait et par le vacarme ambiant il n’y répondit pas.

Il l’entraina à travers la foule, bouts de tissus plaqués sur le visage, et passèrent au milieu même des voitures de flics sans que ceux-ci ne s’en rendent compte. Le nuage de fumée était de tout manière tellement épais que tout le monde avançait plus ou moins à l’aveuglette et il faut dire que sans son pouvoir, Hayden aurait été incapable de s’orienter. Il ne leur fallut que peu de temps pour atteindre l’autre côté du rempart policier et, comme Hayden l’avait prédit cela n’avait entrainé aucun problème. Ils s’éloignèrent un peu faisant encore route ensemble, même si Hayden n’avait pas l’intention de rester un peu plus longtemps dans les parages. C’est alors qu’Alice eut une réaction étrange, elle l’attrapa par son t-shirt et le plaqua avec force contre le mur qui se trouvait juste derrière lui. Elle voulait savoir comment il s’y était pris pour savoir tout cela, décidément le monde entier se posait ce genre de question et utilisait des méthodes similaires pour en obtenir une réponse à savoir la violence. Cela ne plaisait pas forcément à Hayden, mais il n’avait pas l’intention de blesser la jeune fille. Il se dégagea d’un rapide coup d’épaule.

-Je viens de te sauver la vie chérie, il me semble que la moindre des choses serait de me remercier tu crois pas ?

Il n’avait pas répondu à sa question, c’était volontaire, il faisait durer le suspens. Il sortit alors une cigarette et l’alluma, la fraise flamboyante éclaira alors son visage pâle dans l’obscurité de la petite ruelle ou tout deux se tenaient.

-Si tu l’as pas encore compris, je suis capable de voir le futur tout comme le passé. C’est plutôt pratique. Mais il me semble que toi aussi tu as une capacité hors du commun Alice non ?

Il se doutait que la jeune femme en face de lui était une mutante, il n’avait pas réussi en revanche à déterminer la nature de sa capacité ni son étendue. Peut être était il en train de faire une immense erreur, provoquer un mutant que l’on ne connaissait pas pouvait en effet se révéler fatal, Hayden en avait fait l’expérience quelques jours plus tôt. Mais il sentait chez Alice quelque chose de différent qui l’emmena à penser qu’elle n’était pas une de ses violentes sans foi ni loi et son instinct ne le trompait généralement pas.

La jeune fille n’avait pas l’habitude à ce genre de manières. Ou plutôt, les seules fois où elle s’en était servie, s’était dans des circonstances moins étranges. Hayden se dégagea de son étreinte d’un mouvement d’épaule. Puis, il lui rappela que si elle était là à cet instant précis, c’était parce qu’il l’avait tiré de ce mauvais pas. Aussi, il lui réclamait des remerciements plus qu’un voyage contre un mur qui n’avait rien de sentimental. Pour toute réponse, il eut seulement droit à un regard noir encre de Chine. Alice lui aurait volontiers balancé son poing dans la figure. Monsieur jouait les grands Secrets dans une situation qui frôlait la panique. Il s’alluma une cigarette et tira dessus une bonne fois pour être bien en mesure de répondre.

Alice fut à la fois soulagée, excitée, angoissée et soudainement énervée. Soulagée, parce que le jeune homme venait de lui confirmer son statut de mutant. Il était capable de voir le futur ainsi que l’avenir. Excitée, parce qu’en dehors de ses frère et sœur, c’était le premier mutant - enfin, officiellement car l’affaire Witman l’avait laissée sur un certain point d’interrogation - qu’elle croisait dans sa vie. Elle n’était plus seule, ne l’avait jamais été et ne le serait plus jamais. Angoissée, car ce mutant venait de la percer à jour. Pas évident lorsque l’on essaie de cacher à tout le monde qui l’on est et que le premier gars que vous croisez vous balance dans la tronche « salut, mutante ! ». Et énervée enfin, car la façon dont le jeune homme s’y prenait l’agaçait. Alors quoi, il n’avait peur de rien ce gars là ? Miss Rigby aurait pu lui faire oublier sa soirée et filer qu’il n’aurait rien vu. Alors pour qui se prenait-il pour faire le malin de la sorte ?

Avec un nouveau regard noir, elle s’appuya sur le mur opposé de la ruelle et s’alluma à son tour une cigarette. Il fallait qu’elle évacue tout ce qu’elle venait de vivre et pour ça, rien de mieux qu’une bonne clope. Puis, après deux ou trois lattes, elle le regarda de nouveau.

« Va falloir que tu m’expliques ce qui t’as fouttu c’t’idée dans le crâne… Mais ouai, t’as raison… J’suis talentueuse à ma façon… »

Elle prit une nouvelle bouffée de fumée avant de poursuivre d’une voix monotone.

« Si j’voulais, tu pourrais oublier toute ta soirée… Du connard fini que t’as dragué jusqu’aux flics. Tu pourrais même m’oublier moi. T’arrives à voir les choses, moi aussi mais d’une autre manière. Je peux revivre des événements comme si j’y étais. Des trucs que j’ai vus moi-même… On en fouillant dans une cervelle, les trucs des autres. Et moi, j’oublie quasi rien. Les moindres détails restent et je peux te dire exactement où se trouvait tel ou tel personne dans la salle ce soir par exemple… Le seul moyen que j’ai pour oublier toutes ces conneries… C’est d’boire ou fumer des trucs pas forcément bons mais qu’on un effet grave. »

Jamais la jeune fille ne s’était ouverte de la sorte. A sa sœur, elle avait juste dévoilé certaines parties de cette histoire, lui faisant comprendre qu’elle était mutante. Son frère avait eu la même version des faits. Alors pourquoi se confiait-elle à un illustre inconnu ? Elle n’en savait rien. Elle avait juste l’impression de pouvoir tout dire à Hayden sans s’en prendre plein la gueule derrière.

« Les flics… Ils m’ont choppés un jour en train de faire une connerie – comme consommer de la coke par exemple. J’ai pas eu le choix, j’ai du me barrer en leur faisant oublier notre rencontre. Le seul problème, c’est que les effets durent pas et maintenant, si je me refais chopper, faut craindre le pire… Alors oui… J’te r’mercie d’m’avoir sortie de c’merdier ce soir… »

Un mince sourire s’étendit sur le visage d’Alice. Elle ne savait pas quoi ajouter de plus. Elle avait parlé avec son cœur avec le jeune homme. Elle lui avait exposé ses soucis. Pourquoi ? Attendait-elle une aide ? Elle n’aurait su dire elle-même. Elle l’avait fait, c’était tout.

Lorsque le jeune homme évoqua les remerciements et la capacité de la jeune femme, il n’eut pour seule réponse qu’un regard noir qui valait toutes les remontrances. Il ne comprenait pas vraiment Alice pour tout dire, il venait de la tirer d’un sacré mauvais pas, il s’était montré plutôt sympathique avec elle et lui avait même proposé un joint, partage ultime pour le jeune oracle, et elle ne lui avait pas même accordé la reconnaissance d’un caniche qu’elle croiserait dans la rue. Hayden se sentait donc frustré et à la fois terriblement en colère, il tirait compulsivement sur la cigarette qu’il avait allumée auparavant et se rendit rapidement compte que c’était d’autre chose qu’il avait besoin.
Il commença ainsi à rouler un joint tandis que la jeune femme se mettait à parler. Elle lui expliqua plus ou moins en détail l’étendu de son talent en gardant une certaine part de mystère. Son pouvoir lui semblait aussi inconnu au niveau du fonctionnement que celui d’Hayden, ce qui lui fit ressentir un élan de compassion pour Alice.

-J’comprends ce que tu ressens, pour moi aussi boire et fumer ça aide. Mais j’me dis aussi qu’à force mon pouvoir en est complètement dépendant et j’aime pas trop c’te situation …

Hayden avait effectivement eu depuis longtemps certains problèmes avec la drogue et comme toujours, tout était lié à Chaz. Le jeune homme ne supportait plus cette dépendance vis-à-vis de son mac, il ne supportait plus qu’il puisse se servir de lui à travers la drogue et qu’il puisse également le tabasser à volonté. Hayden avait définitivement franchi un pas vers sa liberté lorsqu’il avait rencontré Tarnek et Lamia et en avait franchi un autre lorsqu’il avait fait la rencontre d’Oliver. Bref Hayden avait progressé grâce à des mutants, des gens comme lui, qui avait eu à subir plus ou moins les mêmes choses que lui et qui par-dessus tout étaient à même de le comprendre. Le fait qu’en cet instant Alice le perçoive comme un confident, un interlocuteur digne de confiance, le toucha profondément et réveilla en lui ce sentiment de fraternité qu’il éprouvait certaine fois en compagnie de ses semblables. Il n’était pas le seul à ressentir ce genre de sensation, nombres de mutants se réunissait en groupe pour se porter mutuellement soutient, ensemble ils étaient plus fort et ne craignaient plus rien. Cette nuit là Alice et Hayden n’avait rien à craindre, ils formaient à eux deux une puissance suffisante pour se rassurer mutuellement. Ce qu’Hayden ressentait, Alice ne semblait pas le percevoir et le jeune homme l’écouta patiemment raconter ses déboires avec les flics. Des déboires avec les flics il avait failli en avoir à plusieurs reprise, heureusement son don lui avait permit à chaque fois d’esquiver le pire sans trop de difficulté.

-Les flics c’est un véritable fléau … Mais ne t’inquiète pas ensemble on a rien à craindre, ils sont tellement prévisibles …

Il ne put s’empêcher de sourire à la suite de cette allusion sarcastique. Il alluma alors son joint, et en tira quelques lattes avant de le passer à Alice.

-Tu sais moi aussi j’ai eu quelque déboires avec eux, avec mon « métier » et mes activités s’pas étonnant que je sois recherché en même temps, m’enfin … heureusement j’ai toujours su les éviter.

Comme elle surement, il ne savait pas pourquoi il lui accordait une confiance aveugle et qui pourtant lui paraissait juste. La jeune fille faisait partie intégrante semblait il de ces gens qui avait l’incroyable capacité de comprendre ses déboires et ses doutes. Ce genre de personne était rare et Hayden comptait bien garder Alice dans le cercle restreint de ses amis.

C'était comme enfin sortir du trou du lapin blanc - avouez que pour une Alice, c'est un peu le comble... La jeune fille venait de se rendre compte que sa solitude mutante était terminée. Elle aurait toujours quelqu'un qui pourrait l'écouter. Elle avait presque envie de sauter au cou du jeune homme pour le remercier de son axistence mais... Ce n'était pas encore dans ses manières. Hayden ajouta également ce que l'alcool et la drogue pouvait faire pour lui. Elle lui sourit un peu plus.

"J'aime pas ça non plus mais... ça devient presque une habitude... C'est moche à dire et encore plus à voir mais c'est comme ça... Par contre, j'avoue que j'avais pas pensé une seule seconde que mon pouvoir pourrait en devenir dépendant... Ca s'rait craignos à fond ça !"

Alice réfléchit là dessus. Oui, ce genre de souci, elle ne l'avait pas envisagé. En même temps, personne n'avait été là pour lui imposer des limites. Elle avait fait face, seule. Sa soeur avait bien essayé de tenter de l'aider mais toute tentative fut vouée à l'échec de part la mauvaise volonté de la cadette. Elle pensait qu'Anne-Eléanore ne pouvait la comprendre. Maintenant, elle en était presque à le regretter.

Le jeune homme sortit un joint de sa poche et en prit quelques bouffées avant de le tendre à la jeune fille. Elle hésita une fraction de seconde avant de le prendre et de créer à son tour des volutes de fumée. Puis, elle écouta le jeune homme aborder le problème majeure du moment. Les flics. Les poulets. Peu importe le nom qu'on leur donnait, ils étaient le problème n°1 des jeunes, des mutants, des truands, des dealers... Finalement, Alice et Hayden remplissent beaucoup de cases rien qu'à eux deux... Alors, il lui fit remarquer qu'il n'y avait qu'à prévoir. Anticiper leurs actions. Alice tâcha alors de lui rappeler quelque chose.

"Euuuh... Ils ne sont prévisibles que pour toi hein ? Moi j'galère toujours autant... Bon, c'est vrai que j'arrive toujours à leur filer entre les doigts d'une manière... Ou d'une autre. Bon, généralement, c'est pas la manière la plus simple et la plus catholique qu'on aurait pu faire... Mais bon, c'tout c'est comme ça..."

Alice lui rendit son joint après une nouvelle bouffée. Puis, le désignant de la tête, elle lui dit.

"Au moins, t'as du bon matos... C'est bon à savoir ce genre d'infos... bon, j'vais pas trop traîner dans le coin. On ferait mieux de se séparer... Où est-ce que je pourrais te revoir en cas de besoin la voyante ?"

Hayden ressentait à l’égard d’Alice une amitié grandissante. Il appréciait la jeune femme qui lui ressemblait en de nombreux points, sa solitude mutante, son addiction aux drogue et enfin son pouvoir qu’elle avait, tout comme lui, du mal à maitriser.

-Il vaudrait mieux que tu évite ce genre de cas. Je parle par expérience, y a peu mon pouvoir dépendait en quelques sorte de ce que je prenais, j’ai eu la chance de faire une bonne rencontre et ça va mieux depuis. Comme tu dis c’est craignos …

Puis alors qu’ils s’échangeaient mutuellement un joint roulé par l’oracle la conversation dériva lentement vers les flics, ce fléau. Pour Hayden c’était évident, il n’avait aucun mal à les éviter et il le faisait autant que possible, mieux vaut éviter les indésirables comme on dit. Ce n’était pas aussi facile pour Alice qui le lui fit remarquer. Elle concéda cependant qu’elle arrivait toujours à s’en débarrasser d’une manière peu catholique. Hayden en déduisit qu’elle utilisait ses dons mutants, il n’y avait aucune honte à cela, la plupart des mutants devaient faire de même, aussi il se demandait pourquoi la jeune fille semblait en avoir honte mais il n’osa pas évoquer le sujet.

- Bah tu sais le principal c’est d’arriver à s’en débarrasser au final c’est que des emmerdeurs t’façon ! Ils viennent te chercher des broutilles pour rien et quand ils s’aperçoivent que t’es un mutant c’est pire ! Mais bon je vais éviter de m’étaler sur le sujet j’ferais que m’emporter.

Il récupéra alors son joint et tira deux bouffées à l’affilée, la tête commença à lui tourner et il sentait cette douce défonce le pénétrer de part en part comme s’il était enveloppé dans un nuage de coton. Alice lui fit alors remarquer que sa beuh était bonne, ça au moins c’est sur qu’on trouvait difficilement mieux sur le marché New Yorkais entre les dealers à la sauvette qui vendent un shit de merde et ce qui coupe leur cargaison avec du verre pilé, Hayden pouvait s’estimer chanceux.
Elle comptait partir, sage décision quand on sait que les flics tournent dans le quartier, et souhaitait avoir un moyen de le contacter ou du moins de le revoir.

-Je vais rentrer aussi, juste un conseil ne passe pas par cette ruelle tu aurais une mauvaise surprise. Et si tu veux me revoir passe au Grind Stone j’y vais régulièrement boire une bière et en cas de soucis je serais la, je garde un œil sur ton avenir juste au cas où. Dans tout les cas nous serons bientôt amenés à nous revoir, Las Vegas nous appelle ! Mais je ne t’en dis pas plus, à bientôt ma belle !

Hayden lui fit une bise et se dirigea en direction de l’appartement d’Oliver, à cette heure ci il devait avoir fini de travailler ce qui lui promettrait une nuit torride, il en salivait déjà à l’avance.

FIN DU RP

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