Recontre nihiliste? [Ghinzu + Vega]

La taille de Louis appartenant à la moyenne inférieure, les coupes italiennes lui siéent mieux que les coupes anglaises. Pour ce restaurant en soirée, il a choisi un costume trois-pièces en laine majoritaire, gris foncé et la chemise cintrée classique - blanche à col italien évasé pour la discrétion.
Margareth: Qu'est-ce qui t'a pris d'inviter deux nihilistes en même temps?
Louis: Malgré les apparences, je pense que leurs opinions divergent.

La Péniche, le restaurant réservé est un établissement respectable et bien tenu mais pas de haut standing. De plus, le chimiste est là pour servir de facilitateur, pas pour éclipser ses deux aînés en élégance. Finalement, il garde uniquement le pantalon du costume.
Louis: Et puis, ça leur fera peut-être plaisir de rencontrer une autre personne de leur époque.
Margareth: Deux caractères entiers, ça risque de mal tourner.
Louis: ...
Margareth: Tu n'y avais pas pensé?
Louis: Non, j'avoue... J'ai juste dit à Daniel que Beaubier avait écrit " Né Normal au Canada" et à Beaubier j'ai dit... bah je n'ai rien dit, à part que Daniel était centenaire.

A la place du gilet, il prend un pull sans manche de maille bleu ciel et fine, presque transparente qui laisse entrapercevoir la chemise blanche.
Margareth: J'ai trouvé son bouquin assez sympa, au fait.
Louis: J'ai plutôt été impressionné par sa personnalité.
Margareth: Il n'est pas blond, donc je m'en moque.
Louis: Ah...
Margareth: Non! Ne mets que l'après-rasage, pas de parfum; tu ne connais pas leurs goûts.
Louis: Juste. Ah, j'allais oublier les bonbons pour Beaubier.

A la place de la cravate, trop formelle pour cette rencontre qui se veut plus ou moins amicale, le jeune homme opte pour un foulard blanc en soie mate qu'il noue en Windsor lâche et qu'il rentre dans son pull.

------------------------------------------------------------------------

Après quelques renseignements auprès de ses collègues escorts, Louis avait sélectionné La Péniche pour sa réputation à accepter les "monstres de foire" de l'Institut proche. Il y a quelques jours, une brève visite lui a permis de repérer une table ronde séparée de la salle principale par un renfoncement du mur complété par un paravent fait de bambous naturels.

A peine entré dans le hall du restaurant, le jeune mutant est abordé par un garçon de salle habillé d'un costume bleu marine qui le guide vers l'espace réservé. Alors qu'il suit ce dernier, Louis remarque le sens pratique et économique du décorateur: le plancher est un plancher marin clair, certainement récupéré d'un vieux bateau; les chaises sont en osier brun foncé, adoucies par de gros coussins en lin blanc; les poutres foncées du plafond sont mises en valeur par un crépi crème. Quelques éléments de décoration ont été choisis dans les tons bleus. Dans cet espace "maritime", seule les frises en carrelage italien sur briques apparentes pourraient détonner avec ses ocres mais au contraire, elles apportent la touche d'optimisme qui contrebalance le froid bleuté.

Le chimiste choisit la seule place côté salle, pour permettre à ses invités de le remarquer avant l'inverse. De plus, de cette place, il peut facilement distinguer les autres tables pour éventuellement "passer le temps", au cas où la conversation deviendrait... vraiment nihiliste. Il suspend le sachet contenant les bonbons empaquetés à sa chaise.

Garçon de salle: Désirez-vous boire quelque chose?
Louis: Un café? Je sais c'est étrange en début de repas, mais j'ai un peu froid... Un yrgasheffe d'ethiopie?
Garçon de salle: Je vous l'apporte tout de suite.

Beaubier avait reçu le téléphone pour dire que ces bonbons empathiques étaient finalement prêts. Un rendez-vous à un petit restaurant pour des bonbons, pourquoi pas? Cela faisait quelques jours qu'il n'avait pas été dans des petits restaurants pour aller dormir. Beaubier aimait aller dans des fast food, c'était beaucoup plus rapide que les autres restaurants. Mais, il était très loin de l'idée de Beaubier de s'habiller comme un véritable millionnaire, il prit une simple blouse blanche avec des jeans. Ce n'était pas d'une grande allure, mais c'était quand mieux que rien.

De plus, il a invité son ami centenaire. Pendant un bref moment, il croyait voir un vieux homme sur une chaise roulante en train de délirer sur la première et la seconde guerre mondiale, Véga avait du respect pour ces vieux, mais en réalité, il ne voulait pas entendre des récits sur la guerre, il en avait déjà entendu assez. Déjà que certaines personnes étaient attirés par le patriotisme de combattre des méchants islamiques en Moyen-Orient. Le désavantage de parler avec des jeunes militaires, c'était bien sûr la manque de culture surtout aux États-Unis où que seuls les mots liberté et démocratie sont de qualité pour une guerre.

Il a vu finalement le jeune homme qu'il avait secouru durant la dernière soirée, il décida de se mettre un peu plus à l'aise et de laisser tomber son nihilisme pour parler honnêtement et parler d'un autre sujet qu'une ville qui était en train de se dégrader.

-La dernière fois que je suis passé dans ce restaurant, c'était pendant que j'étais un élève X-Men. Ce restaurant ne m'attire pas beaucoup, parce qu'il peut avoir plusieurs élèves de l'Institut qui peuvent être présents. Cela fait donc environ 20 ans que je ne suis pas venu ici, dire que j'avais peut-être presque la même apparence que la première fois que je suis rentré dans ce restaurant dans les années 90.

Dit-t-il en riant en regardant doucement le menu.

-Alors, tu me proposes quoi?

Soirée de merde.

Le mot lui trottait dans la tête alors qu'il arpentait la rue non loin du restaurant. Tout avait commencé par la preuve qu'il n'était pas très concentré sur ses routines qui donnaient à sa vie cette absence de saveur morne, cependant rassurante et cloisonnée. il avait reçu un original d'un manuscrit rare du 17 eme siècle, il l'avait validé pour un client et effectué la transaction qui suivait l'authentification auprès d'un intermédiaire pour une somme assez conséquente. Quelques chose comme 9 000 euros (il ne traitait qu'en euro)...mais comme Ilianna et Paris lui trottaient dans la tête, il avait eu tendance à lever le pied et bâcler un peu trop vite son expertise. Pas de bol. Il s'agissait d'une réécriture-copiste du début du 18eme. Il venait juste de s'en apercevoir avant de se préparer pour le repas-lubie de son ami, Louis. Et bien...sans doute une perte sèche de 8000 environ..Ca et les folies qu'ils venaient de commettre en achat de Haute couture pour la jeune femme..il faudrait qu'il se décide à mettre le nez dans ses comptes..choses qui l'horrifiait au plus haut point !
Il avait opté pour un ensemble Armani assez clair et un éternel pardessus qu'il faisait négligemment flotté derrière lui, le mélange des deux époques lui donnaient un air décalé mais cependant assez élégant...si ce n'était qu'il s'était coupé en se rasant juste avant de partir, évidement le pansement à la base du coup était superbement visible et venait agacer la recherche esthétique de Daniel.
Il aurait du prendre un Taxi...il a préféré marcher. Il avait juste mal estimer la distance et était donc en retard, chose qui l'énervait encore plus. Il détestait le manque de ponctualité et en être victime, c'était encore plus énervant à ses yeux.

Il arriva enfin devant la façade du Restaurant et écrasa un sarcasme à la lecture du nom de l'institut..ces américains et leurs utilisation abusive de clichés français dès qu'on touchait au domaine de la gastronomie... Ils auraient mieux fait d'aller se taper un MacDo tiens ! L'idée l'amusa ne chassant par pour autant la mauvaise humeur qui l'habitait depuis l'incident de l'erreur d'expertise.
Il poussa la porte et fut vite agressé par un garçon de salle habillé d'un costume bleu marine qui le guida vers l'espace réservé une fois que Daniel eut indiqué qu'il cherchait Louis Mac Cavaugh. Le serveur était trop servile, ca l'énervait encore plus. Une brusque envie de faire demi tour et de planter Louis et le Canadien lettrés le submergea mais par amitié pour le jeune homme, il n'en fit rien. Arriva dans la salle sa mine déconcertée prit presque un aspect comique.

un bateau..Une saloperie de bateau !! Évidement ! quand ca ne veut pas, ca ne veut pas....Daniel n'appréciait pas la mer et tout ce qui y avait un rapport..dessus ou dedans. Un souvenir d'enfance assez pénible...l'idée de manger dans un bateau le barbait au plus haut point.
Alors qu'il soupirait et que d'un geste de contrariété, il fouillait dans sa poche pour sortir son étui à lunettes, il aperçu Louis...et un inconnu qui consultait le menu : super ! il etait le dernier !

Il s'approcha ignorant superbement le serveur et décrocha même un regard noir lorsqu'un autre le frôla en apportant à la table du jeune homme ce qui ressemblait à un café. Il poussa d'un air détaché ses lunettes sur le nez en s'adressant à Louis en premier.

Bonjour Louis....tu es un exemple d'élégance ce soir...

son regard se reposa sur Véga, son visage restait impassible, il n'avait pas particulièrement envi de se montrer charmant ce soir...ce n'était pas le jour !

Monsieur Beaubier je présumes ? J'ai lu votre livre il y a longtemps..je vous imaginais moins "frais"...Etes-vous l'original ou une réédition ?

Ca se voulait humoristique, ca ne l'était peut-être pas.

L'ongle du majeur caresse la tasse brûlante. Les arômes végétales de l'yrgasheffe montent déjà aux narines. A deux tables, une famille avec un garçonnet de neuf ans discute du menu. L'ambiance est calme mais il n'est que 19h, les clients vont probablement arriver vers le coup des 20h. Louis prend une première gorgée de ce café si souple, presque cristallin comme le thé.

Un autre jeune homme se tient de bout à côté de lui: Jean-Paul Beaubier vient d'arriver. Le chimiste sourit: heureusement qu'il a opté pour une tenue non formelle, le X-Man s'est lui-même présenté dans un ensemble jean-chemise "casual". Il a l'air plus doux que la dernière fois: aurait-il pris l'excitant d'empathie?
Louis se lève pour accueillir et laisser passer son aîné à sa gauche.
Louis: Monsieur Beaubier, je suis heureux que vous aillez pu venir. Daniel ne devrait pas tarder, il est ponctuel.

Toujours à l'affût, un garçon de salle avait suivi le dernier arrivé. Accompagné d'un "s'il-vous-plaît", il tend les menus et la carte des vins aux deux hommes.
Louis: Puis-je avoir un verre d'eau?
Vega: La dernière fois que je suis passé dans ce restaurant, c'était pendant que j'étais un élève X-Men. Ce restaurant ne m'attire pas beaucoup, parce qu'il peut avoir plusieurs élèves de l'Institut qui peuvent être présents. Cela fait donc environ 20 ans que je ne suis pas venu ici, dire que j'avais peut-être presque la même apparence que la première fois que je suis rentré dans ce restaurant dans les années 90.
Menu ouvert en main, son invité a l'air de vouloir plaisanter. C'est un changement radical...

En bouche, les premières notes du corps du café, à la fois suaves et métalliques pointent sur les muqueuses. Louis en reprend une gorgée avant de l'abandonner.
Vega: Alors, tu me proposes quoi?
C'est une soirée de première rencontre; si le courant passe mal entre ces deux-là, un écourtement du dîner sera le bienvenu. L'entrée est donc peut-être de trop. S'ils s'entendent bien, ils iront terminer la soirée dans un bar.
Louis: On m'a conseillé le saumon avec les éclats de lards, à la coriandre et au basilic accompagné de pommes de terre au four. Ce n'est pas trop gras grâce aux pommes de terre... Il paraît que le cuisinier a su bien gérer le sucré du lard et le piquant des épices.

L'yrgasheffe se fait maintenant plus acide sous la langue, vacillant entre attaque et douceur du sucré des fruits des bois.
Daniel: Bonjour Louis....tu es un exemple d'élégance ce soir...
Louis: Merci, toi aussi Daniel, mais chez toi c'est habituel.

En fronçant imperceptiblement les sourcils, Louis salue son ami qui vient d'arriver. Ce dernier a l'air soucieux et le regard qu'il pose sur Beaubier confirme cette première impression. Peut-être à cause de la coupure au cou? Mais il en faut plus pour contrarier le time tricker depuis qu'il a rencontré Ilianna...
Daniel: Monsieur Beaubier je présume? J'ai lu votre livre il y a longtemps..je vous imaginais moins "frais"...Etes-vous l'original ou une réédition ?

Habitué à plus de tact, la question surprend le chimiste, qui se retient de répondre à la place du canadien. Il préfère enchaîner sur le livre en question.
Louis: Ah tu l'as donc aussi lu?

Louis se tourne vers l'auteur à qui il adresse un semi-sourire. Sa tâche de facilitateur risque de ne pas être facilitée par celui dont il doutait le moins.
Louis: Je l'ai trouvé très osé étant donné les circonstances d'alors.

Vive les blagues mauvaises, surtout des blagues de ce genre. Beaubier a fait semblant de rire un peu de commentaire, mais en vérité, il était très loin d'être un grand rigoleur. Il décida de prendre la recommandation de Louis, en restant beaucoup plus neutre. Lire son livre était quelque chose, mais le comprendre était différent. Ce n'était pas un simple livre pour défendre les mutants, c'était un livre pour se confesser pour raconter un peu sa vie. Son but était bien de défendre les mutants, mais c'était beaucoup plus de raconter sa vie en tant qu'homosexuel et pour raconter un fait important: Ce n'est pas normal de perdre un enfant. Ce n'est pas dans la nature humaine de comprendre ce deuil, il faut vraiment l'avoir vécu.

Les deux hommes ont lu son livre, au moins il avait encore quelques personnes qui étaient capables d'ouvrir son livre. Il lança un petit soupire et il essaya de complimenter aussi la personne. Il ne ressemblait pas à un petit sénile qui a fait la seconde guerre mondiale. C'était bien un mutant, peut-être un mutant dangereux si celui-ci a la capacité de changer le temps. Peut-être un mutant avec la régénération cellulaire, seulement des hypothèses, il faut bien vérifié. Peut-être lui casser le bras pour voir. Cela pourrait être un peu drôle. Mais, il doit avoir un code moral le pauvre Beaubier.

-Oui, c'est bien moi. Mais, je pense être l'original et la réédition en même temps. L'original pour les mentalités et la réédition pour le physique. Vous êtes le vieux? En tout cas, le centenaire? Régénération cellulaire? Chronokinésie? Immortalité? Sinon, vous ne faites pas votre âge, on pourrait dire que vous êtes bien chanceux, mais je ne pense pas. La plupart des gens que j'ai rencontré comme vous, ils sont tous pareils. Malheureux, triste et désabusé.

Dit-t-il en regardant le nouveau arrivé. Il manquait toujours un peu de tact pour certaines personnes. Il n'était pas capable de les comprendre ou de rester sensible pour les gens. C'était drôle de voir les gens décrire Beaubier comme un être insensible, peut-être que c'était les autres qui étaient beaucoup trop sensibles.

Daniel afficha un sourire ironique en s'installant. Beaubier était incisif, voire vexant..il aimait ca, non pas qu'il juge ses propos assez blessant mais parce qu'il détestait le langage langue de bois. cette soirée pouvait peut-être se présenter sous des hospices un peu plus favorable à l'amusement qu'initialement prévue. Il jeta un regard complice à Louis puis sur un ton amusé il répondit.

Mais Monsieur Beaubier, je n'échappe pas à votre analyse si pleine de finesse et délicate comme une rose printanière. Je suis un "vieux" malheureux, triste et désabusé. Heureusement votre ouvrage à su égayer plus par son contenu que par sa forme , une de ces soirées mélancoliques qui nous animent, nous autres les souvenirs ambulants.

Il s'empara du menu tout en commentant

C'est cher...pas très original...et ca n'a rien de français, croyez-moi.

Il reporta son regard sur le canadien, un regard malicieux et un ton de nouveau amusé.

Je contrôle le temps et le ralenti dans un certain périmètre bien défini, mon métabolisme ralentit mon vieillissement et j'ai 116 ans. Et vous, c'est quoi votre histoire ?