Cauchemars au Lac Supérieur [Ilianna]

Louis est fatigué : il vient de livrer une importante commande à un client canadien. Les efforts de production liés à la fatigue du voyage jusqu’au Lac Michigan l’ont poussé à prendre quelques jours de repos.

Etant sensible aux plaisirs contemplatifs, il s’est décidé à profiter des options touristiques offertes près des grands lacs qui délimitent les USA du Canada vers le côté est. Bien que la pollution ait été un réel problème suite à l’industrialisation intensive de ces deux pays, il reste de superbes paysages à leurs alentours : Med a un faible pour les décors sauvages et rudes du pourtour nord du Lac Supérieur.

De temps en temps, ça fait du bien de jouer au touriste de base. Il s’est donc inscrit à une randonnée-kayak de plusieurs jours. La formule compte un guide pour huit personnes. Chacun est prié d’apporter son sac de couchage et le guide les conduit pas à pas vers les sites les plus intéressants entre chaque refuge.

Margareth : Tu nous as inscrits à un attrape-pigeons. Et en groupe, qui plus est !
Louis : J’ai envie de me laisser conduire pour une fois. Alors ne critique pas mon élan de sociabilité de l’année, s’il-te-plaît.

Compte de juste, le groupe est constitué de personnes assez ouvertes voire bavardes pour certain. Mais pour l’heure, les neuf personnes profitent de la vue.
Des conifères transpercent le sol aride par petits groupes. On dirait qu’ils se sont encouragés mutuellement à survivre dans ces terres brutales. Les eaux du lac, plus rares à cet endroit reflètent un ciel parfaitement bleu. Les fortes dénivellations de terrain jouent sur les tons gris-vert et cassent la ligne de vue en de nombreux endroits.

Louis s’assied à même le sol près de son sac à dos. Avec son pantalon vert à poches et son pull brun foncé, il pourrait se fondre dans le paysage si ses cheveux d'un rouge très foncé et son teint cadavérique ne créaient pas un tel contraste visuel. Ses lunettes à verres fumés cachent heureusement son regard de mort-vivant.

Ilianna avait besoin de vacances! Enfin elle avait surtout besoin de nager, nager librement dans un lieu naturel où la faune et la flore se rencontre pour créer la vie! Elle en avait assez de la piscine du centre où elle se sentait comme un poisson prisonnier de son bocal. C'était horriblement petit et terriblement déprimant de nager en rond pendant des heures en ne voyant rien d'autre que le bleu intense du fond de la piscine. Et cette odeur de chlore... un vrai cauchemar! Ca avait finit par lui donner des mal de crâne horribles!

Non elle avait besoin d'espace et de nature. Alors après en avoir eu l'autorisation, elle prépara ses valises et s'offrit un petit séjour aux grands lacs. Elle avait fait des économies grace a son petit travail et elle avait pu s'offrir un week end de répit. Elle avait loué un petit chalet aux alentours du lac. Là bas au moins elle pourrait nager tout son aise et se recharger un peu les batteries. Haaaa c'est sur c'était pas la grande mer australienne... mais c'était toujours mieux qu'une piscine et une odeur de chlore.

La voila donc partit, avec sa petite valise. La jeune fille arriva bien vite a son petit châlet, rien de bien grand: une chambre avec un lit double avec une salle de bain, une petite cuisine et un petit salon. Pas de télévision ici mais une belle cheminée et des bouquins, pleins de bouquins! Et surtout une vue imprenable sur le lac. C'était magnifique... cette grande étendue d'eau a perte de vue dans laquelle se reflétait le paysage environnant. Ilianna inspira lentement, remplissant ses poumons d'air pur avant de se decider a prendre la direction du lac.

Elle avait trop envie de nager! Et une fois au bord de l'eau elle se dévêtit en quelques instants, cachant ses affaires dans un coin sur. Elle plongea immédiatement et la transformation opéra. Ses jambes se changèrent en une queue de poisson scintillante alors que la jeune fille filait vers les grands fonds. C'était trop beau! Même la température glaciale de l'eau ne la génait pas. Elle se risqua a remonter a la surface.. après tout qui pourrait la voir ici, eprdu au milieu de nul part?

Assis un peu en retrait du groupe - asociabilité oblige - Louis prend le temps d'observer son groupe.
Celui qu'on remarque en premier est Timothy Saint-Pierre l'adolescent de 16 ans qui accompagne ses parents. Ce duo de quadragénaires semblent bien s'entendre et la famille a l'air assez équilibrée même si quelques regards appuyés de la part du père - William Saint-Pierre - comme de la mère - Helen Saint-Pierre - sur les autres membres de l'équipe laissent deviner un certain libertinage.
Parmi les canadiens en présence, on compte aussi Adam Demers et Thomas Lemay, deux célibataires. Ils ont vite sympathisé dès le début de la randonnée et se sont avérés d'excellents marcheurs. Le premier a environ 30 ans, on l'entend peu mais il semble aimable; le second s'approche de la quarantaine et il est beaucoup plus prolixe que son cadet. Médecin généraliste de formation, il a le contact facile.
Enfin vient le couple de 30 ans, récemment Marié. Ryan et Sally Martin sont comme deux tourtereaux gambadant dans la nature, bien que Sally réagisse un peu rapidement aux œillades dérobées à droite à gauche.

Et Louis dans tout ça... et bien... il espère passer quelques jours sympas. L'objectif semble déjà compromis étant donné que le guide ne revient pas. Ca fait bien 3h qu'il est parti, le groupe commence à s'inquiéter: la nuit va bientôt tomber. Ils se décident à bouger, ne pouvant communiquer avec personne: les téléphones cellulaires ne marchent pas dans cette zone.
C'est Thomas Lemay, le médecin d'environ 40 ans qui prend le lead et la tête du groupe. Le chimiste reste à l'arrière. Les vacances commencent bien.

Soudain, la voix de Thomas le sort de ses pensées:
Thomas: Un chalet! On va pouvoir passer la nuit à l'abri!

Nager dans un lac c'était quand même autre chose que de tourner en rond dans une piscine. A tête sortie de l'eau, Ili observait le paysage. Elle avait l'impression de se trouver dans une peinture. Les montagnes et les arbres autour se refletaient dans l'eau si bien que la jeune fille avait plutôt l'impression de voler que de nager. Elle sourit doucement avant de replonger sous l'eau. On ne sais jamais ca pouvait être risqué de se faire remarquer ici... même s'il ne devait pas y avoir grand monde.

De retour sous l'eau, a grands coups de nageoire, Ilianna fonçait a une vitesse incroyable. Tournant, virevoltant entre les algues et les roches, effleurant le fond rocheux du bout de ses doigts. Un banc de poisson juste devant elle la fit sourire. Elle accelera un peu et se méla au banc, tournant autour, effleurant les poissons du bout de sa queue avant de les laisser tranquille et de repartir. Ici il n'y avait pas de bruit, tout était silencieux et calme. Levant les yeux vers la surface, Ilianna s'émerveilla devant la contemplation du ciel. L'eau était vraiment claire ici et les rayons du soleil n'avaient aucuns mal a venir éclairer en dessous de la surface de l'eau.

Ilianna était dans son élément, même s'il est vrai qu'elle arriva a l'autre bout du lac. Dans la mer il n'y avait pas de limite au moins, ou du moins elle avait plus de terrain de jeu. Mais elle n'allait pas se plaindre! C'était toujours mieux que la piscine ici! Elle fit demi tour et continua de jouer encore un peu. La faune et la flore était variée ici et elle croisa même une loutre avec qui elle s'amusa quelque temps avant de la regarder partir, vers d'autres occupations.

Il était temps pour elle aussi de sen aller et de reprendre le cours de sa vie "d'humaine". C'était bien beau de jouer aux sardines mais il fallait qu'elle aille préparer a manger et qu'elle aille ramasser du bois pour le feu! Elle nagea donc vers la rive où elle était venue, se repérant facilement grace a son sonar. Elle sortit de l'eau après s'être bien assuré qu'il n'y avait personne et se rhabilla. Elle n'avait pas prit de serviette mais qu'importe, une fois dans le chalet elle se sècherait. La jeune fille remonta le petite sentier de terre et arriva au chalet. Elle entra et s'étira avant d'aller se changer pour enfiler des vêtements secs.

Redescendant dans la salle, elle s'affera a la cuisine quand elle entendit des bruits non loin. Des voix? Mais il n'y avait personne ici! Elle sortit sur la terrasse et appercu un groupe de gens, apparement fatiguée et soulagée de la voir. Surprise mais pas apeurée elle esquissa un sourire avenant et serein. C'était toujours bon d'avoir de la compagnie non? Et puis c'est vrai que toute seule ici elle commençait a s'ennuyer? Mais qui étaient-ils? Des aventuriers? Une classe en exploration pour un exposé?

"Bonjour..."

Fit-elle timidement en descendant les quelques marches de sa terrasse. C'est un homme d'une quarantaines d'années qui lui adressa la parole, souriant lui aussi.

"Ho vous nous sauvez! On est touriste et on a perdu notre guide n peu plus haut dans le sous bois... Comme il ne revenait pas on a prit la route. La nuit tombe et on est épuisé... vous pensez qu'on pourrait passer la nuit ici? S'il vous plait!"

Ilianna ouvrit de grands yeux et regarda le groupe. Ils étaient fatigués, les pauvres. Elle les compta rapidement. Aie..; bon cest vrai que son chalet n'était pas prévu pour tout ce monde mais elle trouverais des solutions, elle n'allait pas les laisser dehors quand même!

"Oui bien sur! Entrez!"

Fit-elle en les précédant, ouvrant la porte pour les laisser entrer. Ca faisait beaucoup de monde... mais comme d'habitude Ilianna était surtout contente de pouvoir aider les autres.

Pas trop tôt… Louis est soulagé de voir un châlet. Ils vont enfin pouvoir téléphoner pour signaler la disparition du guide.
C’est une jeune fille qui les accueille : avec ses traits fins et ses formes féminines, elle est déjà observée de la tête aux pieds par les hommes du groupe. Les femmes lui réservent un accueil plus mitigé.

Tous les membres de l'équipée se pressent autour de la néréide pour la remercier. Le chimiste ne fait pas exception.

Louis : Merci, c’est très gentil à vous. Moi c’est Louis. Vous avez une ligne téléphonique ?

Les huit nouveaux venus déposent leurs sacs dans le salon. Le châlet est assez petit, ça risque de complexifier un peu plus les relations amoureuses… les personnes vont et viennent, l’exigüité des lieux les maintient en partie à l’extérieur tant que la nécessité de dormir ne les force pas à se serrer.

Louis a trouvé le téléphone, il cherche le carton donné lors du paiement pour la randonnée. Aucune tonalité. Un peu étonné, il se met à la recherche d’Ilianna, leur hôtesse du jour.

Elle n'aurait jamais cru trouver autant de monde dans un endroit perdu comme celui-ci. Mais après tout, la vie n'était faite que de surprises. La jeune fille laissa les gens entrer dans le châlet alors qu'elle pensait déjà a une solution pour les faire dormir tous dans les meilleures conditions. Réfléchissons... Hum, il y avait le grand lit dans la chambre on pouvait facilement y dormir a trois, le canapé du salon se transformait en lit également mais plus petit où on pouvait dormir a deux, dans le placard de la chambre il y avait un petit de camp pour une personne et une chauffeuse convertible dans le petit salon également pour une personne. Et puis il y avait aussi la balancelle sur la terrasse mais personne n'irait dormir dehors, avec cette température il finirait par mourir de froid. Elle soupira un peu, il faudrait trouver une solution pour les personnes restantes... mais elle verrait bien le moment venu.

Tout le monde venait la remercier et lui demander des choses. Où étaient les toilettes, est-ce qu'elle avait le téléphone, est-ce qu'ils pouvaient prendre un bain, est-ce qu'il y avait assez de bois pour le feu ou encore s'il y avait assez de nourriture. Pour le bois, elle devrait aller en chercher un peu plus bas sur le sentier dans la petite réserve et pour la nourriture... a vrai dire elle n'avait prit que deux ou trois choses pour elle mais ca ne suffirait pas pour 9. Elle se mordit légèrement la lèvre avant de trouver une idée! Du poisson! Il y avait plein de poisson dans le lac elle pourrait aller en pécher quelques uns. Mais elle fut tirer de ses pensées par un jeune homme qui venait a sa rencontre, celui qui lui avait demandé si elle avait le téléphone.

Elle l'accueillit en souriant, penchant un peu la tête sur le côté mais a voir sa tête il ne devait pas avoir de bonnes nouvelles. Le téléphone marchait pourtant...

"Ca ne va pas? Je peux vous aider pour quelque chose?"

Ilianna : Ca ne va pas? Je peux vous aider pour quelque chose?

La jeune fille arrête ce qui ressemble à une analyse des emboîtements des places de sommeil pour la nuit. C'est sympa mais ça ne devrait pas poser problème, du moins tant que les hormones n'entrent pas en jeu.

Louis : Ne vous inquiétez pas pour la nuit, nous avons tous nos sacs de couchage dans nos sacs à dos. Essayez quand même de ne pas trop vous isoler avec certains hommes. Le téléphone ne marche pas. Vous pouvez m’ouvrir la porte de la remise qui se trouve derrière la ligne téléphonique ?

A ce moment, les lampes s’éteignent ainsi que la radio. Les personnes présentes restent immobiles quelques secondes mais l'électricité revient aussitôt.

Louis : Ah, vous avez un générateur de secours ? Vous pouvez me montrer la remise, s’il-vous plaît ? Le générateur y est aussi? Vous avez des outils?

Ilianna fut surprise d'entendre que le jeune homme la mettait en garde contre certains membres de son groupe. Il y avait des gens dangereux parmi eux? Elle avait beau se souvenir elle n'avait pas eu a se plaindre de leur comportement pourtant.. enfin elle ferait attention, ca va de soi. Elle fut encore plus surprise d'entendre que le téléphone ne marchait pas... Ha ba mince alors elle était pourtant sur qu'il marchait. Mais il y avait du y avoir quelque chose.

"Ho hum.. la remise? Oui bien sur c'est..."

Avant qu'elle ai eu le temps de finir sa phrase, il y eu une coupure de courant. Elle sursauta même en retenant un cri de surprise avant que tout ne revienne. Mais qu'est ce qui se passait? Ce week end qui aurait du être un petit moment de détente commençait a avoir des airs de film d'horreur. Un groupe de randonneurs abandonnés qui trouvent refuge dans un petit chalet occupé par une jeune fille venue ici pour se soulager un peu des pressions du quotidien. Manquerait plus qu'il y ai un tueur en série et des morts partout et.. hum non.. encore son imagination trop fertile. Elle secoua la tête et reposa son regard sur lui, souriant légèrement.

"Ha oui la remise! Hum... suivez moi, elle est au sous sol. Heu, je ne sais pas ce qu'il y a dedans, des outils ou un générateur, je n'en sais rien. C'est une location... je n'habite pas icimais heu.. suivez moi je vais vous y emmener."

Fit-elle en descendant les marches de la terrasse pour contourner le chalet, l'entrée de la cave se trouvant a l'arrière. Là il y avait deux grande portes de bois a même le sol, collé au chalet. Ilianna fouilla dans sa poche pour attraper les clefs du chalet et ouvrit le cadenas qui retenait les portes. Elle les ouvrit et fit apparaitre un petit escalier sombre qui descendait en dessous du chalet. Il devait y avoir un interrupteur quelque part.

"Voila.. c'est là... Je vous accompagne!"

Ilianna : Ha oui la remise! Hum... suivez moi, elle est au sous sol. Heu, je ne sais pas ce qu'il y a dedans, des outils ou un générateur, je n'en sais rien. C'est une location... je n'habite pas icimais heu.. suivez moi je vais vous y emmener.
Louis : On peut déjà y jeter un œil, merci.

Les deux jeunes gens contournent le châlet : l’arrière est en contrebas par rapport à l’entrée. Louis suit son hôtesse sur l’escalier de la terrasse. Grâce à la dénivellation, il remarque la grande étendue de conifères qui engloutit toute la région. Peu nombreux mais bien visibles au sein de cette mer de verdure, des sentiers naturels mettent à nu le sol très rocailleux. Omniprésente, l’odeur de résine et d’humidité lui rappelle quelles forces sont en présence en ces lieux. Pas très loin, des monticules préfigurent les plus grands changements de terrain du nord.

Arrivée devant une des deux grandes portes en bois du sous-bassement du châlet, Ilianna tire des clefs d’une de ses poches.
Louis : Elle a un joli squelette fin.
Margareth : Je n’aurais jamais cru que tu remarquerais ça en premier.

La porte ouverte découvre un escalier étroit et sombre qui descend à une dizaine de mètres sous le châlet. Un interrupteur actionne une lumière faiblarde.
Margareth : C’est bien profond ?!
Louis : Oui, je suis perplexe.

Ilianna : Voila.. c'est là... Je vous accompagne!
Louis : Merci. Je passe devant ? Oh !

Après quelques marches seulement, une odeur pestilentielle lui prend aux narines. Un gaz de décomposition s’infiltre dans ses poumons. Le chimiste porte sa main droite à son nez : peine perdue, il ne peut empêcher son corps de ressentir les spasmes de rejet de cette pré quelle à une macabre découverte.

Louis : Faites attention, je crois qu’il y a un animal mort dans cette cave.

La dernière marche atteinte, Louis découvre une pièce sans dessus dessous.

Ilianna laissa le jeune homme passer devant et s'engagea a sa suite. Elle grimaça légèrement quand sa vision nocturne prit le relai, avec la lumière qui était présente faiblement le résultat était assez étrange et la génait un peu mais ce n'était qu'une question d'habitude. Elle retint de justesse un haut le coeur quand elle fut assaillit par l'odeur péstilencielle qui régnait ici. Un animal mort? ... Mais la porte était fermée a clé... Peut être que les bestioles du coin avaient creusés des galleries qui débouchaient ici, qui sait.

Une main sur le nez et la bouche, Ilianna grimaçait de plus en plus en s'enfonçant dans la cave. C'était un endroit humide et complètement en désordre. De toute évidence ranger cet endroit ne faisait pas partit des priorités du propriétaire. La jeune fille secoua la tête en souriant faiblement... elle comprenait mieux pourquoi l'animal était mort maintenant: il n'avait pas réussit a trouver une sortie dans un bordel pareil! Elle laissa Louis aller de son côté et contourna un établi en désordre recouvert de vis, de plombs et de... liquide rouge?

Ilianna sentit son coeur louper un battement. C'était quoi? Du sang? ... Mais non allons il ne fallait pas être si catégorique! C'est pas parce que c'était rouge que c'était du sang! Ca devait être de l'huile, oui voila de l'huile de moteur ou un truc du genre, un lubrifiant pour mécanique. Elle poussa un léger soupire et s'engagea derrière une étagère a la recherche du générateur. Il devrait être quelque part sur un mur alors...

Mais soudain la jeune fille s'arrêta, là devant elle, gisant au sol, un corps d'une espèce indescriptible vu son état. Trempant depuis plusieurs mois dans une marre de sang qui avait eu le temps de sécher. Une motte de poils collés entre eux, un semblant de pattes, une tête ou du moins ce qui semblait y ressembler. Qu'est ce que c'était que cette bestiole? Impossible a dire tant les ravages de la décompositions étaient avancés. Ilianna sentit un cri monter le long de sa gorge et avant même qu'elle ait put se retenir, le cri passa la faible barrière de ses lèvres tremblantes.

Un cri suraigue qui n'avait a l'évidence rien de bien humain et qui avait même la particularité de leur vriller les tympans! La petite lampe de la cave explosa, la plongeant dans le noir total... du moins pour les autres. La vision nocturne d'Ilianna prit le relai, même si elle était beaucoup plus nette sous l'eau, mais c'était mieux que rien. Elle plaqua une main sur sa bouche, le souffle court, le coeur battant la chamade alors qu'elle reculait de plusieurs pas, lentement.

De température avoisinant les 15° grâce à sa profondeur sous terre, la "cave" est une succession de deux pièces sombres mais larges formant un "L"; la plus grande salle est celle où donne l'escalier d'entrée - éclairé par une seule ampoule faiblarde. La couche de poussière et l'absence d'éclairage ne facilitent pas la vision dans la pièce principale. Néanmoins, Louis arrive à distinguer dans le coin gauche trois installations: les deux premières sont certainement les systèmes électriques et la troisième... il doit s'en approcher pour mieux l'observer.

Comme si les particules en suspension, l'obscurité et l'odeur de mort ne suffisaient pas à gêner la progression, le mobilier a été en partie renversé et du bric-à-brac vient remplir les espaces vides: le propriétaire y a entreposé des outils divers comme des matériaux de construction. Les étagères sont soit remplies à ras bord soit couchées sur le sol sur lequel elles ont déversé leur contenu. Une chaise presque trouée nargue contre le mur droit.

Pendant que Louis essaye d'atteindre les systèmes électriques, Ilianna part sur la droite, dans la plus petite pièce formant le dos du "L". Il semble que cet endroit soit moins encombré.

Soudain, un cri suraigu déchire les tympans. Sous la douleur, l'homme est tombé à genoux. Quand il ouvre les yeux, il s'aperçoit que l'unique lampe est morte. Le noir est presque total, il ne voit que les bras rachitiques de la lumière donnée par l'ampoule de l'escalier d'entrée.

Louis: Ilianna? Ca va? On devrait trouver une lampe de poche et sortir.

A peine Louis a-t-il achevé sa phrase qu'il entend distinctement des pas précipités au-dessus de sa tête, comme si quelqu'un ou quelque chose fuyait. Pour quelle raison un membre de l'équipe se mettrait-il à courir? Et pourquoi n'entendrait-on que les pas d'une personne et aucune voix?
A ce moment, il se souvient: l'escalier descend profondément sous terre et le plafond de la cave est relativement bas. Qu'y a-t-il alors entre le sol du chalet et la cave?

Elle ne se sentait pas bien, la tête lui tournait et l'odeur inssuportable lui donnait des haut le coeur. Elle recula encore jusqu'a se trouver dos au mur où elle s'affaissa lentement jusqu'a toucher terre. Le souffle court elle faisait des efforts pour retenir ses cris et les bloquer autant que possible au fond de sa gorge. Si elle les laissait sortir, dans un endroit pareil, il y avait de forte chance pour qu'elle envoie dans le coma Louis et les autres. Elle se mordit légèrement la lèvre en secouant la tête, fermant les yeux en essayant de se calmer, respirant lentement pour que les battements de son coeur s'apaisent.

*Calmes-toi idiote... c'est rien... c'est juste une bestiole morte, pas de panique... ca va aller. Allez calmes-toi...*

Pensait-elle en soupirant longuement. Elle avait eu une de ses frousses. Elle rouvrit lentement les yeux et sa vision nocturne prit le relai. Ce n'était pas bien net mais au moins sans la lumière c'était un peu mieux. Pleins de bazar, pas mal de choses par terre et sur une étagère du fond... des bocaux. Ilianna grimaca et se releva doucement en prenant appui sur le mur a côté d'elle. Elle entendit alors la voix de Louis, de l'autre côté.

"Ha .. heu oui ca va merci. Désolée.. heu... une lampe torche, hum. Je vais fouiller par là."

Fit-elle a l'intention de Louis, sans quitter l'étagère des yeux. Qu'est ce que c'était que cette endroit? Elle s'en approcha lentement, les sens aux aguets alors que sa vue lui permettait déjà de voir le contenu les bocaux. Ilianna plaqua immédiatement une main sur sa bouche, immobile et terrifiée. Remplis d'un liquide de couleur jaunatre, les bocaux étaient alignés sur l'étagère et scrupuleusement étiquetés. Baignant dans le liquide jaunâtre, il y avait des choses étranges, certains petits, d'autres plus gros mais même avec toute la bonne volonté du monde Ili n'arrivait pas a savoir ce qu'il y avait dedans. Sauf un... qui avait la forme d'un doigt...

La jeune fille recula de plusieurs pas, il fallait partir d'ici. Elle fit attention où elle marchait et rejoignit Louis dans la pièce principale. C'est a ce moment là qu'elle entendit les bruits de pas. Elle aimait de moins en moins cette endroit. Serrant les dents elle chercha Louis du regard. Il était là juste devant.

"Louis... c'est moi..."

Fit-elle en s'avançant vers lui sans se soucier de ce qu'il pourrait dire sur le fait qu'elle se déplaçait étrangement vite pour quelqu'un qui n'était pas censé voir dans le noir... Elle saisit le jeune homme par l'épaule pour la rassurer en souriant même si elle se doutait bien qu'il ne pourrait pas la voir.

"Il y a trop de choses bizarres ici... on ferait mieux de s'en aller..."

Fit-elle et levant les yeux vers le plafond, entendant encore quelques pas de ci de là. Elle déglutit avec difficultés avant de relacher l'épaule du jeune homme pour aller fouiller sur l'établis qu'elle avait vu plus tôt, elle avait juré y avoir vu quelque chose qui ressemblait à... Bingo! Elle attrapa la petite lampe torche et la ramena a Louis.

"Tiens voila pour toi... évites de me la mettre dans les yeux j'ai heu... les pupilles sensibles.. a se genre de lumières..."

Fit-elle en essayant d'être crédible. Elle grimaca légèrement en se disant qu'elle aurait pu jouer un peu mieux la comédie mais elle était trop stressée pour songer a jouer a la comédienne. Elle attendit que Louis soit prêt.. car plus le temps passait plus elle avait un mauvais pressentiment sur ce lieux.

Après quelques bruits de pas légers et rapides vu l’obscurité, Ilianna arrive près de l’homme à qui elle tend une lampe torche.

Ilianna : Tiens voila pour toi... évite de me la mettre dans les yeux j'ai heu... les pupilles sensibles… à ce genre de lumière...
Louis : Merci, pas de souci. On sort, je vais être malade avec cette odeur.

La jeune fille a probablement entendu les bruits au-dessus de leurs têtes mais Louis préfère ne pas les mentionner pour éviter un stress supplémentaire et inutile.

Eclairé par le faisceau lumineux bienvenu, il avance en tenant Ilianna par le poignet droit. La prise n’est pas brutale mais il la tient fermement ; c’est sûrement idiot étant donné qu’elle a réussi à venir jusqu’à lui seule mais il préfère avoir un contact physique avec la frêle personne, au cas où elle serait… il vaut mieux ne pas y penser.

L’escalier est enfin atteint, le jour est visible. Arrivé à mi-hauteur, il entend de nouveau des bruits à deux-trois mètres de lui : ils sont au niveau de la chose qu’il a entendue il y a quelques secondes.
Louis : Vite…

La fraîcheur entre dans les poumons. Les deux personnes sont de nouveau à l’air libre. Rapidement, Louis gagne le haut de la terrasse et y respire profondément : il aura cette odeur de cadavre en décomposition encore longtemps dans le nez.

Soudain, la mère de famille surgit d’un sentier en hurlant et en pleurant.
Helen : A l’aiiiiiiiiide ! Le guide ! Le guide ! C’est affreux !

Se laissant entrainer par Louis qui la tenait par le poignet, Ilianna en profita pour lancer un dernier regard en arrière. Habituellement un geste aussi familier a son encontre l'aurait surement fait rougir, mais pour le moment elle était trop occupé a se poser des question sur cette endroit bizarre pour se soucier des rapprochements physiques avec le jeune homme. Il y avait quelque chose de pas catholique mais quoi? Et puis ce bruit qui venait d'en haut qu'est ce que c'était? Curieuse de nature, Ilianna se posait déjà beaucoup trop de questions pour que ca présage quelque chose de bon pour la suite. Elle se mordait déjà les lèvres, signe qu'elle avait l'intention de mettre tout ca au clair!

Elle suivit Louis dans l'escalier et respira a fond un bon bol d'air frais. Les yeux clos pour bien profiter de ce moment qui fut de courte durée malheureusement. Ilianna faillit avoir un arrêt cardiaque en entendant les cris alarmants d'une jeune femme. Ha! Elle faisait partit du groupe! Le guide? Ils l'avaient retrouvés? Ilianna lança un regard a Louis et sans plus attendre se mit a courir vers le devant du bâtiment. Elle commençait a entendre les voix des autres membres du groupe, des exclamations d'horreurs et des cris étouffés.

Même Ili faillit avoir un haut le coeur en voyant la scène. Le guide était là, allongé sur le sol devant le chalet. A ses côtés, un des hommes du groupe qui lui soutenait la tête alors que le guide semblait être inconscient. Et autour de tout ca: une marre de sang. Ilianna s'avança alors que les autres se reculaient. Un bras... voila la chose qu'il manquait au guide. On lui avait arraché un bras. Pas juste l'avant bras non! Tout était coupé au niveau de l'épaule, comme si on avait tiré dessus jusqu'a temps que la chair et les os ne cèdent.

Ilianna se retint de vomir et s'agenouilla aux côté du guide, serrant les dents en posant sa main sur son front. Il avait de la fièvre et il avait perdu beaucoup trop de sang... s'il n'était pas évacué dans les plus brefs délais il mourrait c'était évident.

"Mais qu'est ce qui s'est passé?"

Demanda-t-elle d'une voix tremblotante alors qu'elle s'affaira déjà a retirer son t-shirt, restant en débardeur, pour faire un garrot sur la plaie sanguinolente. Pas de temps a perdre, il lui fallait du repos et surtout soigner sa plaie au plus vite sinon il n'aurait aucunes chance. Ilianna tourna son regard vers Louis, après tout c'était le seul qu'elle connaissait le mieux ici.

"Tu veux bien m'aider a le monter dans la chambre? ..."