Tous sous le même Ciel [Enora]

C'est impressionnant le nombre de sucrerie que tu peux ingurgiter ! C'est à croire que ton moulin à parole est alimenté directement par les calories provenant exclusivement du sucre que ta gourmandise te pousse à consommer..ca expliquerai bien des choses..

Il posa sa tête dans la main droite en s'accoudant au comptoir , puis , il lui adressa un sourire sincère tendit qu'elle dévorait sa glace.
Le lieu était encore désert, l'après midi était déjà bien entamé et le soir était surtout réservé aux couples et au rendez-vous plus intimes. C'était cependant le meilleur endroit que Daniel connaissait à New York où on pouvait consommé une cuisine française "convenable".
Il passait beaucoup de temps en dehors de l'Institut mais le peu qu'il y retournait, il saluait toujours ses élèves. Parmi ces derniers Enora était sans aucun doute sa préférée. Son esprit vif et sa joie de vivre alliées à des origines similaires avaient attendri le professeur.
Elle était encore déboussolée de ce nouvel univers mais Daniel s'était fait la promesse secrète de garder un œil sur elle afin que rien de fâcheux ne lui arrive. Il lui montrait un visage assez particulier qu'il n'arborait pas souvent, décontracté et protecteur.
Enora était le pendant de Vermine. Tous deux étaient devenu les protégés du Time Tricker comme autant d'enfant qu'il n'aurait sans doute jamais et c'est justement pour ca, qu'il avait décidé d'emmener la jeune française en ville pour lui payer une glace qu'il lui avait promis depuis des semaines.

Il devait aborder certains sujets avec elle, Vermine était l'un d'eux.
Pour l'heure, il se contentait de la regarder se baffer loin de l'élégance traditionnelle avec laquelle se sustentaient les jeunes françaises de la haute société

Je souriais un peu plus à chaque phrase que débitait Daniel. Sa compagnie était plaisante. Quand j'étais avec lui, j'avais juste l'impression de retrouver un membre de ma famille que je n'avais quitté que depuis quelques heures. Cet instant, je l'attendais depuis le moment où on avait déclaré qu'on le ferait. Mon stress, mes émotions toutes entières n'étaient pas les même lorsque j'étais avec monsieur Hopes, seul français de mon répertoire présent à New York.

De plus, ses intentions me touchaient. Lorsque je sus que le restaurant où nous nous rendions était réputé pour faire une bonne cuisine française, j'avais souris jusqu'aux oreilles et j'avais du me retenir pour ne pas sauter au cou de mon cher professeur. Ce restaurant était désert et Daniel m'avait longuement expliqué, en français, que la population adaptée à cet endroit n'arrivait qu'en soirée. M'amenant jusqu'au comptoir, il me fit choisir une glace de mon choix. Après un long moment de réflexion, j'avais réussi à me décider pour... un simple chocolat liégeois dont j'avais l'habitude. Cette glace avait toujours été ma préférée et elle me rappellerait bien des souvenirs.

Alors que je la mangeai, je ne cessai de raconter au professeur Hopes les jours que je vécu suite à mon arrivée. Je ne lui épargnai rien hormis peut être ma rencontre avec Andrew. Ce n’était pas un oubli volontaire ou non mais juste l’envie de parler d’autres choses, lui expliquant mon ressenti et mes émotions. Au bout d'un moment, je dus faire une pause pour reprendre mon souffle. C'est à cet instant qu'il me lâcha, un sourire aux lèvres :

C'est impressionnant le nombre de sucrerie que tu peux ingurgiter ! C'est à croire que ton moulin à parole est alimenté directement par les calories provenant exclusivement du sucre que ta gourmandise te pousse à consommer… ca expliquerai bien des choses..

Je souris vite fait à mon tour avant de ne plus pouvoir m’empêcher de rire. Un rire simple, sans gène et naturel qui me donnait toujours une moue plus enfantine. Lui, toujours avec ce sourire intrigant et amusant, accoudé contre le comptoir attendait ma réponse. Je pris une nouvelle cuillère de glace au chocolat.

- Et encore, je n’ai mangé qu’une glace ! Je ne vous raconte pas ce que ça donne lors d’un grand repas. Mais si je mangeai réellement autant de sucreries, je ressemblerais plus à une baleine qu’à une… euh… sardine ? Enfin bref… Toujours est-il que cette glace est excellente ! Merci beaucoup de m’avoir amenée ici, ça me rappelle beaucoup de choses agréables…

Je souris de nouveau, posa un regard doux et qui se voulait remerciant sur mon interlocuteur.

Daniel était toujours d'humeur taquine lorsqu'il était avec elle. C'était une des rares personnes dont l'insouciance juvénile pouvait sortir le professeur d'une morosité dévorante. Peut être la savait-il aussi espiègle que lui. Les choses semblaient plus simples à son contact et le monde se colorait de teintes voyantes et chaleureuses.

Une sardine ??? Ne dis donc pas de bêtises...ta ligne fait honneur aux jeunes filles de notre pays..tu es ravissante et ton esprit est un plus indéniable..
Ne vas pas prendre la grosse tête avec ces compliments ou je t'assure que je t'assommerais tellement de travail que tu ne seras pas prête de revoir un restaurant...parole de Hopes, jeune fille !

Il porta la main à sa tasse de café et en gouta l'arôme avec un léger sourire.

Tu sais...je crois que le café est l'une des choses qui me manque le plus de notre pays...j'ai vécu en Italie et là bas, on a sacré le café comme un véritable Art de vivre...mais rien cependant ne vaut un Petit Noir français..ca me rappelle tellement de choses que ca me fait sourire malgré moi.

Il reposa sa tasse et poursuivit en français d'une façon quasi naturelle, peut-être lui même ne s'en apercevait-il pas.

Et si tu me racontais un peu ton passé avant d'arriver ici ? Que faisais tu en France ? Ca me ferait plaisir de parler de notre patrie, j'ai souvent le mal du pays, les gens d'ici ont une vision assez faussé, pleines de clichés. Cela m'amuse parfois, me navre la plupart du temps...il y a tant de belles choses à voir !

Je souriai un peu plus à chaque instant, piochant de temps à autre un bout de ma glace comme le faisait Daniel avec ses gorgées de café. Lorsqu'il me fit quelques compliments, je me sentis flattée. Rares avait été des paroles douces et sincères comme celle-ci depuis quelques temps. Toutefois, il dût sentir que ces paroles me firent grand effet car il s'empressa d'ajouter que si je tentai de prendre la grosse tête, il m'assomerais littéralement de travail. Sans trop savoir pourquoi, je répondis alors au tac au tac :

- Mais, professeur Hopes... Encore faut-il que je me rende à vos cours...

J'accentuai ces quelques paroles d'un petit sourire taquin. Embêter de la sorte ce pauvre Daniel était devenu un jeu pour moi et je sentais qu'il en été de même pour lui. Les liens qu'avait créé notre nationalité commune étaient tout à fait agréables. Cela me permettait de ne pas perdre trop mes marques dans ce pays nouveau pour moi et ces longues conversations que l'on pouvait avoir m'enthousiasmaient un peu plus à chaque fois.

Puis, il se mît à me parler de la France, de son café et de son manque vis-à-vis de ce pays. Je restai silencieuse durant ces instants, mangeant calmement le reste de ma glace. Lorsque je l'entendais parler, j'avais peur d'en arriver là également dans quelques années. Mais je n'eus pas le temps de m'attarder plus que cela sur le sujet car mon professeur préféré enchaina sur plusieurs questions. Je commençai par lui sourire. Je pris une grande inspiration et répondis.

- Eh bien... Je pense qu'on peut dire que je vivais là bas une vie semblable à celle de beaucoup de filles de mon âge... Le lycée, la famille, et les quelques amis que j'avais. Je devais passer mon bac mais pour l'instant, je pense avoir de nouvelles priorités. A vrai dire, j'aurais aimé devenir généticienne. Pourquoi, je ne sais pas trop. Quant à la France, eh bien... Elle n'a pas énormément changée en elle même je pense. Mais qui sait... Demain, elle se trouvera peut être à côté du Japon !

Je lui rendis un nouveau sourire bourré de malice. Puis, une question nouvelle me vint à l'esprit. Je n'hesitai pas à la poser à Daniel.

- Au fait... Ça remonte à quelle année la dernière fois que vous avait vu le sol français ? Et pourquoi l'avoir quitté si vous l'aimiez temps ?

Vous prenez vos aises Mademoiselle. Autant vous prévenir cependant, si d'aventure vous prenait la lubie de sécher mon cours, je vous rappelle que c'est moi aussi qui place les élèves dans les chambres. je suis certain que notre ami Kurkaru serait ravis d'avoir une camarade de chambrée, non ?

Il déclamait sa tirade l'air totalement décontracté et sérieux et la ponctua d'un sourire espiègle.

Il l'écouta ensuite parler brièvement de sa vie au pays. Lui n'avait pas eu la chance d'avoir une jeunesse très aventureuse et à cause de la pauvreté de ses parents, l'imaginaire seul lui permettait d'échapper à la lenteur du temps d'alors. Le souvenir de l'insouciance était cependant assez prédominant rappelant au professeur la chance qu'on les jeunes de ne pas être confronté trop vite à la lourdeur des responsabilité qu'engendre la vie.
Il fut tiré de sa retour en arrière, très poussé pour ainsi dire par la question impromptue de la jeune demoiselle.

- Au fait... Ça remonte à quelle année la dernière fois que vous avait vu le sol français ? Et pourquoi l'avoir quitté si vous l'aimiez temps ?

Hopes se sentit légèrement déstabilisé. Cette question était somme toute assez intime mais il savait aussi qu'Enora ne cherchait nullement par cette démarche ingénue à l'embarrasser, mais juste à étancher une certaine curiosité que leur connivence avérée pouvait légitimer à être satisfaite. Il prit le temps de la réflexion et répondit d'une voix calme ou perçait une certaine mélancolie.



Je suis retourné à Paris ils a un peu plus de 5 mois, j'y ai passé une semaine avec une personne que j'aime beaucoup. J'ai un appartement là bas..entre autre. Avant celà j'y retournais de temps à autre par périodes, jamais plus de quinze jours.
J'ai quitté "pour de bon", la France en 1935, je me souviens qu'il pleuvait violemment ce soir là. Je suis parti avec un peu de liquidité et rien d'autres sur moi. J'ai gagné l'Allemagne ou j'aii vécu quelques temps..Puis Londres. Je suis venu ici a New York pour la première fois en 1949.

Si j'ai quitté Paris c'est surtout parce que je n'aimais pas du tout la personne que j'étais devenu. Je voulais recommencer ma vie..j'ai changé de pays et de nom.

Mon sourire, aussi espiègle et innocent soit-il, s'effaça en moins d'une fraction de seconde sous la menace de mon tuteur. Bien qu'elle n'était pas si effrayante vu ainsi, elle me refroidie instantanément. En effet, je savais que ce cher Kurkaru avait un don innestimable pour l'art et tout ce qui s'y rapporte depuis le jour même de mon arrivée. L'idée de partager la chambre de ce "monstre" chaotique ne m'enchanta pas le moins du monde ce qui pouvait être compréhensible au vu de l'état dans lequel il avait mis ma chambre. Je redressai la tête vers Daniel et lui souris tout de même, ayant une nouvelle idée en tête.

"Mais monsieur Hopes, même si je viens à vos cours, vous ne voudriez pas m'effrayer par une charge de travail bien trop importante pour une jeune fille comme moi...?"

Je cillai légèrement, regardant mon professeur avec l'air le plus innocent du monde. Je savais que mon charme juvénile avait fait ses preuves par le passé et j'espérais bien qu'il continue à fonctionner pour un certain temps.

Après avoir posé ma question, je remarquai une légère gène chez mon interlocuteur. Me la reposant mentalement, j'essayais de comprendre en quoi cette question pouvait être déplacée sans pour autant voir vraiment. Malgré cela, Daniel y répondit. Je fus surprise d'apprendre qu'il possédait un appartement là-bas. Puis, il m'expliqua quelques moments important de son passé liés à la France. Les dates ne m'étonnait plus, m'étant définitivement fait à l'idée que ce maître du temps pourrait certainement vivre de manière indéfinie. Cependant, je ne comprenais pas comment on pouvait choisir d'abandonner sa vie antérieure à celle du mutant pour se "renouveler". Mentalement, je me jurai que jamais je n'aurais recours à de telles manières.

Ne trouvant rien à répondre, je finis ma glace avec quelques raclements de cuillères. Mon mentor m'observait derrière ses verres tout en buvant une gorgée de café de temps à autres. Après avoir reposé la cuillère dans l'ancien contenant de glace et m'être essuyée la bouche, je me décidai pour faire par à Daniel d'une interrogation qui me trottait dans la tête depuis le jour où il m'avait invité à ce rendez-vous.

"Monsieur Hopes, y-a-t-il une raison pour laquelle vous m'avez amené ici ?"

Mes yeux se posèrent dans les siens et j'attendis qu'il me réponde.

Le regard se déplaça vers celui d'Enora et s'y agrippa. Quel ton solennelle brusquement ! C'était tout Enora cependant, un mélange de fraicheur, d'ingéniosité et de surprise sans cesse renouvelé. Elle savait jouer de l'instant, elle saurait sans doute feindre avec l'age. Malgré son inexpérience de la vie, Hopes se sentait véritablement en phase avec elle. Il sentit son cœur s'affaisser lorsqu'elle minauda sous la menace d'un châtiment scolaire. Oui...avec l'age elle deviendrait extraordinairement persuasive.
Avait-elle seulement conscience du don qui était le sien ?
Avait t-elle seulement conscience que si nous vivons tous sous le même ciel, nous n'en étions pas aussi proche les uns les autres pour autant ?
Chacun ses dons. Enora provoquait l'empathie.
Ce talent pouvait être utilisé au profit du monde mutant mais il était bien tôt pour en parler, peut être l'aborder mais pas expliciter l'idée qui lui trottait dans le tête.

Son esprit s'évada un instant.
Il vivait sous le poids quotidien des émotions depuis son arrivée à l'institut. C'était comme si le passé se mêlait au présent. Il aimait trop de personne et cela finissait par lui sembler dangereux.
La jeune Angie lui rappelait sa sœur, sa passion consumée avec Iliana, sa passion tumultueuse avec Ashe lovelace. Louis son presque fils qui avait disparu. David son meilleur ami. Les X men, Ororo et les autres : sa famille. Le tourbillon de la vie l'avait repris. Il s'attachait mais eux ?
Qu'en était-il ? Les doutes était ce qui faisait trembler la main.
Enora..
Si hopes aurait pu connaitre Espérance, sa fille, il aurait aimé qu'elle lui ressemble en tout point.
La jeune mutante était plus que sa protégée, elle était l'avenir de son peuple qu'il couvait d'un œil paternel et protecteur.

Ses iris toujours encrés sur les siennes, il aurait voulu lui dire cela. "Je t'ai mené ici parce que j'aime passer du temps avec toi comme je l'aurai fait avec ma fille" Il n'y parvint pas. Hopes était Hopes.


La raison ? Si je te dis que tu es irrésistible et gourmande...en voila deux.

Il lui sourit avec tendresse avant d'ôter ses lunettes et de continuer d'une voix plus neutre.

Plus sérieusement, j'ai deux choses à te demander. J'aimerai que tu te charges personnellement de l'accueil d'un nouveau pensionnaire. C'est un enfant-rat extrêmement malin et impértinant du nom d'Ernest Lenoir, j'ai beaucoup d'affection pour lui même si c'est une tête de mule incorrigible. Je n'ai pas honte de le dire, Enora, tu es ma protégée et je suis sur que tu le sais...dis toi qu'Ernest m'est tout aussi précieux, il m'a même sauvé la vie. C'est pourquoi il n'y a qu'à toi que je peux demander cela.

Ensuite j'aimerai t'inscrire à un programme particulier, un cours de communication et de management, diplomatie, rhétorique et Histoire politique. Je suis certain que tu pourrais devenir une communicante hors pair..je crois que tu es amené à faire de grandes choses ..pour nous.

Je continuai à le fixer de mon regard vert. Mon ton changeant l'avait quelques peu déstabilisé ce qui me fit légèrement sourire. J'avais fini par marquer le point gagnant sur notre échange portant sur les cours ce qui m'avait fait rire intérieurement. Chaque mot prononcé ressemblait à un point d'un match de tennis. Et pour l'instant, je menais un peu le jeu. Daniel me fixai lui aussi, d'un air distant. Il semblait de nouveau plongé dans des pensées noires et obscures. Cependant, n'ayant pas la capacité de lire les pensées des autres comme le pouvait David, je ne préférais pas menfixer sur une hypothèse certainement fausse.

Après quelques instants, mon mentor revint à l'instant présent et, avec un petit sourire, s'adressa à moi avec une simplicité à vous couper le souffle.

"La raison ? Si je te dis que tu es irrésistible et gourmande...en voila deux."

Mes joues prirent une couleur rosée et me brulèrent quelques instants. Hormis mes parents, rares étaient les gens qui m'adressaientbde telles paroles. Or, depuis mon arrivée, tout le monde semblait mener un véritable concours pour me faire le plus bel éloge de l'institut. Bon, certes, cela venait de l'un de mes professeurs. Mais l'effet fut le même que si c'était une personne de mon âge qui l'avait fait.

Avec un nouveau sourire, il ôta ses lunettes de son nez et reprit plus sérieusement, m'exposant alors les véritables raisons de notre présence ici. Pour commencer, il me parla d'un autre mutant. Au début je ne comprenais pas vraiment en quoi cela me concernait mais il me précisa ses attentes vis-a-vis de cet Ernest Lenoir. Un enfant rat. Une tête de mule. Et j'avais le devoir de l'accueillir. Je me demandai à quoi cela allait bien pouvoir ressembler. Je n'avais pas tendance àbme laisser marcher sur les pieds et, apparement, ce jeune mutant non plus. Deux bombes à retardement mises au contact l'une de l'autre. Allions-nous déclancher un cataclysme ? Nous le verrons.

En deuxième partie, Daniel me pris de court. Lorsqu'il m'exposa tout d'abord les déesse d'avenir qu'il me réservait, je cru d'abord à une plaisanterie. Cependant, en voyant son visage si sérieux je ne pus douter plus longtemps. Si ma cuillère était restée dans ma main, elle aurait fini sur le sol en moins d'une seconde. La surprise m'empecha de parler et je dus me remettre de ces émotions pour continuer la discussion. Préférant garder le ton humoristique que j'avais adopté jusqu'à maintent, je répondis d'un ton léger.

"Seriez vous médium en plus de cela ? Comment prévoir quelque chose de telle sorte sinon... Je ne vois pas en quoi je pourrais faire plus de choses que quelqu'un d'autre. Je... J'n'ai jamais été très à l'aise en public en plus ! C'est vrai, à chaque fois qu'on devait faire un exposé, j'en étais presque malade !"

Je jetai encore un coup d'oeil à Daniel, espérant au fond de moi qu'il me dise que tout ceci n'était qu'une plaisanterie. Mais lorsque je vis sa tête, j'en déduis rapidement que mon espoir s'ecroulait.

Elle doutait quoi de plus humain que le doute, surtout à son age. elle était à l'aube de sa vie et il lui demandait déjà de se projeter vers un avenir assez brumeux. Il savait son incompréhension, elle aurait pu être sienne en 1914 lorsqu'on lui dit "prends ton fusil et va défendre ta partie". Ce sujet lui sembla bon. il s'engouffra dans a brèche, mesurant ses paroles mais gardant un ton de liberté qu'il n'avait qu'avec ses proches car Enora était l'un d'eux.

On gagne nos guerres avec nos dons, ma très chere enfant. Lorsque j'avais ton age, j'ai du lutter pour la survie de notre partie que l'on disait en danger. J'ai quitté ma jeune épouse pour cela..je me croyais incapable de violence.. encore moins d'ôter une vie. Et pourtant. Crois moi, j'ai plus de sang sur les mains que bien des gens dans cette ville. Je crois cependant que si j'en suis là aujourd'hui, c'était pour aider des personnes comme toi à être libre un jour !
Je crois en la paix, je crois en la raison et en l'éducation. Je crois au changement. Le climat devient exécrable pour nous, le temps des luttes arrivent à grand pas mais chacun combattra avec son don. Je ne veux pas t'effrayer mais derrière mon calme, je suis un tueur sans pitié, je ne renie pas ce que je suis et si il le faut, je mettrai ce talent à la disposition de notre communauté.
La violence est un mal nécessaire mais la persuasion par l'argumentation est la meilleur option, je pense...non, je sais..que ca sera grâce à des personnes comme toi que nous y arrivons.
Tu as ce don, Enora, tu ne t'en es pas encore aperçu..ce charme et cette jeunesse, tu deviendras notre porte parole et celui de ta jeunesse.
Lorsque des voix comme celle de David, Charles ou la mienne se seront tues, c'est toi qui portera à bout de bras notre rêve, à ta manière.
Ce ne sera pas facile. J'ai conscience de ce que je demande et des sacrifices qu'une telle mission engendre.

Il lui posa la main sur la tête lui caressant paternellement les cheveux.

C'est ton combat et celui de ton peuple, notre peuple...mais c'est à toi de décider si tu veux donner ce sens à ta vie ou non, pas à moi. Tu n'es pas une X men, tu n'as aucun casier judiciaire et tu passes bien : pour le peu que tu apprennes ce qu'il faut faire, dire et surtout les écueils à éviter, tu pourras convaincre les humains que nous sommes tous..à ne pas scinder notre ciel en deux camps.

Il esquissa un léger sourire et reporta son attention sur sa tasse vide.

Je ne te laisserai pas seule dans cette tâche, je serai à tes cotés..si tu en as besoin, bien entendu.
Je ne te demande pas de me répondre de suite...réfléchis-y, c'est tout ce que je te demande.

Je réfléchissai. Je l'écoutai. Daniel attendait de moi certaines choses et, pour le moment, cela était impossible à réaliser pour moi. Quoi de plus normal ? Ce projeter de la sorte dans un futur brumeux n'avait jamais été une expérience qui me réussissait. La preuve, jamais je n'aurais envisagé me retrouver ici, à New York, en train de discuter avec un mutant au moins aussi dangereux que moi. Cependant, au fur et à mesur qu'il me parlait, je rencontrai une toute autre personne. Un tueur et un ancien soldat. Lui qui pouvait parraître assez innofensif à première vue, quiconque découvrirait qu'il était un mutant tremblerait de peur. Mais celui qui apprendrait qu'il est également doublé d'un ex-soldat fuirait simplement, la queue entre les jambes. Il m'effraya réellement lorsqu'il m'avoua vouloir mettre cet esprit assassin au service de notre communauté si cela devait se produire. Je frémis légèrement.

Puis, il en vint simplement au fait que, hormis la violence, il existe d'autre moyens de se faire entendre, de se faire comprendre du regard extérieur au notre. La persuasion. Je ne comprenais pas en quoi je pouvais être plus persuasive que quelqu'un d'autre. Qu'avais-je donc de plus ? Daniel ne tarda pas à répondre à cette question : le charme et la jeunesse. Je rougis légèrement, ne sachant si ce qu'il disait était vrai ou s'il le faisait simplement pour me faire plaisir et me mettre en confiance. Puis, il tomba dans la nostalgie d'un age où les anciens céderont leur place aux plus jeune. Je voulais lui rappelait qu'en ce qui le concernait, il n'était pas près de laisser sa place, compte tenu de son age et de son apparence actuelle mais il ne m'en laissa pas le temps.

Posant sa main sur ma tête, un doux sourire sur le visage, je revoyais... mon père. Quelle étrange impression cela créait en moi. J'avais l'impression de connaitre Daniel depuis tellement longtemps. Ma famille, ma vraie famille, avait la fâcheuse tendance à passer en second plan ces derniers temps. Bonne ou mauvaise chose ? Je n'aurais su le dire. Mais en tout cas, mon trouble fut imperceptible pour mon professeur Hopes qui continua sur sa lancée, toujours un peu plus théatral qu'avant. Mon avenir, je l'avais imaginé beau, doux et simple. Jamais au coeur d'une bataille pour affirmer les droits des mutants et pour montrer à l'humanité ce que nous étions, c'est-à-dire, des gens pas si différent qu'eux, juste perdus et plus forts sur certains points mais que beaucoup d'entre nous ne voyaient cela comme une possibilité de résoudre certaient choses avec plus de facilité.

Je commençai à réfléchi à tout ce qu'il venait de me dire, cherchant un sens caché dans ses paroles sans en trouver un. Puis, il me rassura un peu, m'assurant d'être toujours auprès de moi si je voulais de lui. Il me précisa aussi que ma réponse pouvait attendre et j'en lâchai un soupir de soulagement. Jamais je n'aurais pu choisir maintenant. Je me contentai de baisser les yeux et de laisser un silence pesant s'installer. Puis, pour le rompre, je changeai de sujet.

"Quand Ernest arrive-t-il à l'institut ?"

Hopes fut tiré de ses réflexion par la voix peut assurée de sa jeune protégée, évidemment ce qu'il lui demandait devait engager chez elle un abime de questionnements légitimes et complexes.

Hum ? Ernest ? il arrivera dès que j'irai le chercher. ca fait longtemps que je lui demande d'intégrer l'institut mais il s'y est toujours refusé jusqu'à ces derniers temps. Pour des raisons que j'ignore jusqu'ici, certaines personnes lui veulent du mal et sont à sa recherche. Ernest n'est qu'un enfant même si il sait faire preuve de maturité à bien des égards. C'est de protection dont il a besoin à présent. Et nous pourrons lui offrir cette protection qu'au sein de l'Institut, le temps que je comprennes qui sont ses ennemis et après quoi ils courent réellement.

Daniel regarda sa montre et consulta sa messagerie de téléphone. Une commandes d'expertise à boucler ce soir au magasin. Ca lui était sortit de la tête. Il soupira en déposant quelques billets sur la table.


Peste soit des impératifs du monde du travail ma belle ! Tu verras qu'êtres réellement adulte, parfois, ca a quelque chose de pesant ! Ne te dépèches jamais de vieillir, ca...comment vous dites déjà ?
Ah oui...ca craint !

Il se leva lui adressant un demi sourire.

Je repris mon écoute avec attention tandis que Daniel m'expliquait la situation actuelle de son jeune protégé. Il était en danger et chercher une protection sûre et qui lui montrerait de l'attention. L'institut était en effet le lieur rêvé pour cecgenre de chose : entre mutants, personne ne cherchait à se chamailler bien que certaines personnes s'apprécient plus que d'autres. On ne peut aimer tout le monde, je le savais. Mon professeur m'expliqua par la suite qu'il comptait bien trouver qui voiler s'en prendre à lui et l'image du soldat refit surface. Je fus alors assurée que, si je rencontrait un problème quelconque, Hopes pourrait m'aider à le surmonter voir même le résoudre en partie pour moi. Je rangeai cette note dans un coin de ma tête et souris légèrement.

Puis, d'un rapide coup d'oeil sur sa montre suivi de près par l'écoute d'un message sur son portable, Daniel se leva en poussant un soupir. Je l'imitai et il m'expliqua rapidement la situation qui l'attendait, lui expliquant alors à sa façon que, le travail, même si c'etait la santé, c'était aussi l'horreur. Il prit alors le risque d'utiliser un vocabulaire que je connaissais bien ce qui me fit rire. Je ne pensais plus vraiment au lourd sujet que nous avions abordés quelques minutes auparavant, me contentant d'ajouter :

"Dans le cas présent, on peut même dire que ça craint un max ! C'est même pas cool du tout mais bon, c'est comme ça... Quant à ce qui est de grandir, je ne crois pas être pressée..."

Je souris tandis que nous nous approchions de la sortie. Devant la porte, il me demanda si je saurais me débrouiller pour rentrer et je hochai la tête en guise de réponse. Puis, après un au revoir très professionnel de la part de mon professeur, je le vis tourner les talons. Je l'observai quelques secondes se frayer un chemin sans aucun problème dans la foule New-yorkaise avant de partir de mon côté pour rentrer à l'institut.