Une Livraison [PV X-Men]

Marie était dans le bureau de Charles Xavier, et observait les jardins par la large baie vitrée, la vue était imprenable, elle englobait tout le parc de l’Institut. Mais bien sur le professeur n’avait pas besoin de cela pour surveiller ses élèves. Mais en ce moment Charles Xavier était absent. Personne ne savait réellement pourquoi, mais il ne faisait aucun doute que cela était important, jamais sinon il ne se serait absenté, et nulle doute ne faisait que lorsqu’il reviendrait, se serait avec une explication et une nouvelle mission. Elle avait foi en ses idéaux, mais il n’empêchait que depuis qu’il n’était plus là, certains perdaient la foi, Aeric par exemple avait rejoint la Confrérie.

Plongé dans ses pensées elle sursauta quand la sonnerie stridente de l’interphone résonna dans le bureau. Celui se déclenchait automatiquement à l’approche d’un individu, ce qui évitait les mauvaises surprises. Elle appuya sur un bouton et une image s’afficha, celle d’un asiatique, et d’un moine si elle en jugeait par la coiffure et la tenue. Il ne venait sans doute pas prêcher la bonne parole si elle en jugeait par les traits graves de son visage, ce qui fit tiquer Malicia, c’était les gants que portait le moine, en cette saison, il n’y avait qu’elle qui portait ce genre d’accessoire, et elle ne se souvenait pas d’avoir un jour entendu dire que les moins en portaient.

''Je voudrais parler au Professeur Charles Xavier. J'ai une lettre à lui donner.''
Le professeur est absent, mais je tiendrai lieu de secrétaire.

Elle lui ouvrit la large grille de fer forgée et ouvragée, et sorti du bureau, refermant soigneusement la porte afin que nul élève ne s’amuse à traîner par là. Puis la mutante descendit l’escalier et se posta dans le hall, prête à accueillir son visiteur, qui semble t-il venait de faire un très long voyage.

Machinalement, lorsqu’il la salua par la petite révérence typiquement asiatique, elle lui répondit de même, ses longs cheveux retombants sur son visage. D’un geste agacée elle les replaça. Elle savait depuis son séjour en Asie, que les gens là bas n’étaient pas très portés sur les contacts physiques, ce qui l’avait bien arrangé. D’un rapide coup d’œil elle aperçut la dite lettre, et se demanda vaguement si ce qu’elle contenait valait réellement un si long voyage. Car, à en juger par la tenue du moine, il était tibétain et d’après ce qu’elle savait il était rare qu’ils quittent leur retraite monastique. En entendant sa voix elle remarqua qu’un léger accent la teintait, mais beaucoup moins prononcé que la plupart de ses compatriotes, qui eux étaient à la limite du compréhensible. Elle lui répondit aimablement.

-Je suis Marie d’Acanto, mais ici, tout le monde m’appelle Malicia. Et oui, c’était moi, en quoi puis-je vous aider ?

Elle avait en tête d’autres questions, qui concernaient entre autre la lettre. Mais elle ne lui était pas adressée et par conséquent son contenu resterait sans doute mystérieux, du moins tant que son destinataire, le professeur Xavier, ne serait pas revenu d’elle ne savait quel coin du globe. Elle était d’un naturel curieux, et cela n’était pas son moindre défaut, et ce moine attisait vraiment sa curiosité, personne n’entreprenait un si long voyage, afin de simplement livrer une lettre, les services postaux servaient bien à ça. A moins bien sur qu’il faille absolument que celle-ci soit remise en main propre, et dans ce cas son contenu devait être hautement important. Elle clôt les yeux un instant, afin de recentrer ses pensées sur son hôte, attendant une quelconque réponse.
S’il était mutant peut être cherchait-il lui aussi un abri, envoyé ici par un ami ou une connaissance du professeur afin de trouver un refuge, bien qu’il n’ait pas vraiment le profil des adolescents ou des jeunes adultes un peu perdus qu’ils avaient l’habitude de recueillir au sein de l’école. En tout cas cela expliquerait le fait qu’il soit venu ici avec un sac de voyage.

Marie avait attentivement écouté le moine expliquer la raison de sa venue, et bien qu’elle brûlait de lui demander des explications sur la disparition du monastère ainsi que son exacte participation à ce macabre événement, elle s’abstint. Si il n’en parlait pas de lui-même, elle ne voulait en aucun cas raviver de douloureux souvenir, ou le gêner avec d’embarrassantes questions sur son passé. Elle-même n’avait pas aimé ça.
Lorsqu’elle était arrivée à l’Institut, elle avait dut se justifier devant de nombreuses personnes, seul le professeur l’avait accueilli sans rien lui demander. Ici, tout le monde était accueilli comme un égal, ce n’était pas un monastère, pourtant chacun faisait partie de la même fratrie. L’institut était une famille, soudée, du moins elle aimait à le penser. Si jamais un élève, ou même un x-man avait des ennuis, chacun se mobilisait à sa façon.

-Je ne sais pas vraiment quoi vous dire, vous avez fait une longue route… et le professeur s’est absenté, la seule chose que je peux faire c’est vous offrir le gîte et le couvert, pour vous permettre d’attendre. Le professeur ne reste jamais absent indéfiniment.

Elle avait remarqué qu’il avait sciemment évité de prononcer le mot mutant, elle n’avait jamais eu honte de sa nature, elle en avait eu peur, mais jamais cela n’avait été un tabou, par respect elle évita aussi, de prononcer ce qualificatif, qui semblait en chagriner tant.
Malicia retint un soupire en pensant au professeur, son absence était longue, mais quelque chose dans l’air signalait son retour, quelque chose au fond d’elle le lui susurrait. Mais Jean en saurait sans doute plus qu’elle sur ce sujet. Il n’empêchait que même sans la confirmation de la télépathe, elle en était intimement convaincue.
D’un geste machinal elle tira sur ses gants pour les ajuster, pliant les doigts, elle ne parviendrait sans doute jamais à s’y faire complètement.

Après avoir laissé passer un petit silence, elle se résolut à lui poser une question un peu plus personnel, mais qui était d’usage et qu’il entendrait sans aucun doute régulièrement. Elle choisit soigneusement ses mots, hésitant parfois au milieu de sa phrase. Elle était bien placée pour savoir que la mutation pouvait être un sujet délicat à expliquer, qui pouvait mettre mal à l’aise ou même fâcher. A chaque fois que la question lui était posée, elle répondait d’une voix neutre, et supportait mal les regards emprunt de pitié, de peur, ou même les longs silences gênés.

-Je ne voudrais pas me montrer impoli… mais… quelle est votre capacité ?

La jeune femme aux mèches blanches offrit un sourire franc à Adung lorsqu’il proposa de mettre ses talents de médecin au service de l’institut. Depuis que le docteur McCoy était parti, que Jean était la plupart de temps introuvable, l’institut manquait cruellement de personnel adapté. Elle en avait elle-même fait l’expérience lorsqu’une nuit, elle avait crut perdre Bobby. La suite de son dialogue l’étonna et son sourire se crispa sur son visage. L’homme face à elle possédait une capacité salutaire, un don incroyable qui pouvait se révéler une malédiction tout aussi cuisante que le fardeau qu’elle portait. Il était même sensiblement identique, sauf qu’elle n’absorbait pas les maux, mais l’être complet, qu’elle ne guérissait pas, mais tuait. Adung était son parfait contraire, une Némésis en quelque sorte. Elle resta muette un long moment, elle doutait qu’il puisse quoique se soit pour elle, sa mutation n’était pas une maladie, et cela aurait été risqué. Pour eux deux.

Pourtant l’espace d’un instant cela lui apparut comme un beau rêve, mais elle ne put que reconnaître la sagesse du maître d’Adung. Son pouvoir semblait puissant, et il n’était agréable pour personne de ressentir le mal qu’une personne a causée à autrui. Cela pouvait déclencher des réactions imprévisibles, et donc des catastrophes. Marie n’en laissa rien apparaître mais elle commençait à entrevoir vaguement ce qui avait pu se passer au monastère de son hôte. Le pensait-elle du moins.
Lorsqu’il reprit la parole, Malicia reprit pied dans la réalité, et focalisa son attention sur ce qu’il disait, ses paroles sonnaient justes, et elle était certaine qu’il ferait un formidable allié pour le professeur. Il pensait comme lui, son discours était semblable à celui qu’elle avait entendu à son arrivée à l’Institut. Il prêchait la bonne parole, mais pour une fois cela ne lui donnait pas envie d’user d’un ton légèrement moqueur, comme Charles Xavier, ses mots avaient le parfum de la vérité. Les accents de la raison.


-Je suis d’accord, la tolérance est une des vertus qui devraient être le fondement de toute société qui se dit civilisée. A une basse échelle, le professeur a réussit à créer cela ici, mais dehors… il y a encore beaucoup de travail. Chez les mutants, comme chez les non mutants. Entre ceux qui se pensent supérieur, et ceux qui terrifier cherchent de nouvelles armes, j'ai l'impression que la paix ne s'installera jamais... c'est pourtant une magnifique utopie à laquelle je veux croire.

Elle soupira, rien n’était facile dans cette guerre, se battre pour la tolérance et l’égalité est un combat de longue haleine. Surtout lorsque face à sois l’idéologie est plutôt radicale. Elle secoua la tête en signe de dépit, rien ne serait jamais simple. Et elle devait reconnaître aux humains normaux, que parfois leur peur était justifiée. Même si elle répugnait à le reconnaître, certains mutants étaient dangereux, et elle faisait sans aucun doute partie de ceux là.

-Vous savez si je porte des gants, ce n’est pas un accessoire, ma mutation me cause des problèmes aussi, si vous, vous guérissez, moi je blesse… ou pis. C’est pour cela que certains nous rejetteront toujours. Et je peux le comprendre. Pas le cautionner mais le comprendre.

Les médecins de l’Institut, c’était un vaste sujet, ils s’étaient succédés, puis avait finalement déserté. Depuis quelques temps une certaine paix c’était instauré, Marie voyait cela comme le calme avant la tempête. L’air était chargé de manigance, le calme avait duré depuis trop longtemps. Lorsque la foudre s’abattra, elle fera sans aucun doute de profonds dégâts. Elle était peut être paranoïaque, mais elle préférait des attaques répétés plutôt qu’un répit qui soulevait bien des questions.

-Il y avait le professeur Hank McCoy mais il est parti depuis quelques temps déjà, et Jean Grey est notre infirmière. Mais elle se fait rare ses derniers temps… A dire vrai, depuis quelques temps, on est obligé de se soigner seul, par nos propres moyens.


Elle pinça les lèvres d’un désapprobateur mais finit par hausser les épaules d’un air impuissant. Les gens allaient et venaient à l’Institut, certains retournaient leur veste et à son grand désespoir rejoignait la Confrérie, l’ayant elle-même déserté des années auparavant, elle avait beaucoup du mal à cautionner ce revirement. D’autres encore partaient dans de mystérieuses missions données par le professeur dans le plus secret, et disparaissaient de longs moments. Elle soupira et chassa les pensées qui lui occupaient l’esprit lorsque le moine reprit la parole.
Son optimisme était contagieux. Marie pouvait sentir toute la sincérité qui émanait de chacun de ses mots, tout cela dans sa bouche paraissait si naturel, si logique. Mais cela semblait requérir une certaine patience. Si pour avoir la paix il fallait attendre que le rocher s’érode, alors il y aurait encore des milliers de victimes innocentes, dans une guerre qui n’était peut être pas la leur.
Une telle confiance en l’humanité était incroyable, la seule autre personne présentant de pareille disposition à croire en l’improbable était Charles Xavier.

-Si tout le monde pensait comme toi Adung, se serait la paix dans le monde. Et des endroits comme ici n’auraient pas besoin d’exister. Chacun pourrait marcher à visage découvert. Mais le problème quand on tombe, c’est que ça laisse des cicatrices. Et en ce qui me concerne, nous sommes déjà amis.

Malicia n’était pas d’un naturel profondément pessimiste, mais elle avait ressenti le besoin de mettre un bémol à la longue tirade d’Adung, mais avait ponctuer sa dernière phrase d’un sourire franc. Elle ressentait un élan d’affection pour ce moine qui venait de traverser de rudes épreuves, et la moitié de la planète afin de trouver un nouveau havre de paix.
L’amitié était pour elle une chose importante, l’amitié et la loyauté qu’elle impliquait. Adung semblait quelqu’un de profondément gentil, et elle se sentait proche de lui, comme si leur malédiction personnelle avait tissé en quelques instants seulement un lien entre eux. Pour l’instant fragile, mais elle avait foi, et elle savait que lui ne gagnerait jamais la cause de Magneto à moins d’avoir été manipulé, et cela était un point important pour qu’elle accorde sa confiance. La trahison était un sentiment qu’elle portait en elle depuis le jour où elle avait assisté au procès de Gambit. Depuis elle avait tendance à ne plus accorder sa confiance si facilement, ce genre de douleur cuisante n’était tolérable qu’une seule fois.


-Si tu le souhaites, je peux te montrer un peu l’Institut, le bureau du professeur, l’infirmerie, les sous-sols, ce genre de chose.

Adung remarqua grâce à la parole de Malicia que plusieurs médecins s'étaient succédé. Si Adung était superstitieux, il aurait pu croire qu'une malédiction planait sur l'institut. Par chance, cela n'avait pas l'air d'affecter leur vie. C'était inutile de faire des hypothèses quand on n'avait pas toutes les données en mains. De toute façon, Adung préférait de ne pas juger une situation avant de l'avoir vécu. Être un médecin était un travail difficile, mais gratifiant. Il verrait comment la situation se présenterait. Vivre le jour le jour était une maxime qui était beaucoup plus complexe à suivre.

Adung garda son sourire qui ne le quittait rarement. Il ne savait pas les problèmes que l'institut traversait. Il faut dire que les nouvelles au monastère étaient rares et souvent dataient de plusieurs semaines quand il en avait. Il avait gardé l'habitude de ne jamais lire des journaux. La plupart du temps, l'information n'était pas objective. On tronquait souvent à cause de contrainte financière ou autre. Cela avait pour résultat de ne pas donner une information complète. Il préférait voir par lui-même. C'était dans son caractère et il aimait nettement mieux les livres que les journaux.

Adung n'avait presque pas bougé depuis le début de l'entretien. Plusieurs personnes auraient pu être surprises de cette immobilité, surtout ceux qui connaissaient mal les moines tibétains. Ceux-ci pouvaient passer plusieurs heures dans une position pour méditer. On apprenait à contrôler chaque muscle de son corps. Cela demandait un entrainement ardu, mais cela amenait plusieurs avantages. Beaucoup trop long à décrire. Il continua à sourire. Il savait bien que la vie est injuste et que les épreuves sont souvent inéquitables, mais il s'était juré de voir toujours le bon côté sans négliger les aspects négatifs. Ce n'était pas un optimiste pur et dur, mais de voir la vie du bon côté permettait de se relever. Il dit

''Alors, je suis honoré de pouvoir compté sur votre amitié.''

Il ne savait pas grand-chose de la Confrérie, beaucoup trop occupée à fuir, il en avait entendu parler pendant ses études aux États-Unis. Il n'approuvait pas les manières violentes de la Confrérie. Adung prônait toujours le dialogue. Cela ne voulait pas dire qu'il était un lâche. Plusieurs personnes l'avaient sous-estimé et l'avaient amèrement regretté. Il pouvait se défendre aux corps à corps. Il ne se battait qu'en cas de légitime défense ou quand un de ses amis était en danger. Sinon il préférait se retirer. Certains le traitaient de lâche, mais cela ne le dérangeait pas. Il considérait que les démonstrations de force étaient pour ceux qui avaient des choses à prouver. Adung considérait qu'il n'avait rien à prouver à personne. Il s'entraînait durement et il connaissait ses forces et ses faiblesses. La proposition de visiter l'institut était tentante. Il ne voulait surtout pas déranger personne et puisqu'elle l'avait proposer. Il dit

''Cela me ferait plaisir. Comme cela, je risquerais moins de me perdre et d'aller dans des endroits interdits.''

Il espérait qu'il ait une bibliothèque. Les livres étaient un trésor important. C'était la mémoire du peuple. L'histoire, même si souvent on n'avait qu'un seul point de vue malheureusement. Il suivit Malacia et demanda sur un ton un peu gêné.

''Je sais que cela peut paraître étrange comme demande, mais le fonctionnement de la cuisine ou de la cafétéria, est-ce que cela serait possible d'avoir des repas végétariens ? Car ma religion m'interdit de manger de la viande. Sinon je peux faire mon repas moi même sans problème.''

Marie était étonne de la quasi immobilité du moine tibétain, s’il ne parlait pas, on aurait pu le croire statufier. Quand à elle, elle ne cessait de replacer l’une de ses mèches blanches derrière son oreille, mais celle-ci revenait sans cesse se perdre devant ses yeux, elle n’y prenait même pu garde c’était simplement devenu un tic. Agaçant certes, mais tout le monde, sauf les moins tibétains apparemment, en avait un.
En outre, bien qu’il accepte son amitié, il continuait à la vouvoyer, elle jugea inutile de lui faire la remarque, dans les pays asiatiques la familiarité n’était pas vraiment monnaie courante et ils avaient une très haute opinion de l’’interlocuteur, elle ne prit donc pas la peine de lui proposer le tutoiement.

- Les endroits interdits ici, se sont les sous-sols, et cette règle est surtout applicable pour les élèves trop curieux. Je ne pense pas que le professeur Xavier en interdirait l’accès à un moine.

Cette règle avait surtout pour but de protéger les élèves de leur propre témérité. En salle des dangers un accident était très vite arrivé. Elle avait eu vent de bruit de couloir. Certains petits malins, pensant sans aucun doute ne pas mériter que les plus âgés s’occupe d’eux, et voulaient monter leur propre team de super héro. Un jour peut être prendraient-ils en considérations les conseils des ainés. Rien n’était moins sur. Adung repris la parole, la sortant de ses pensées pour poser une question sur le self. En quelques mots elle le rassura. Ils comptaient déjà quelques végétariens parmi les élèves, et tout était prévu pour que chacun se sente chez sois. Il n’y avait aucune discrimination.

-Chacun ici fait à sa guise, la cuisine est grande et chacun peut se préparer à manger à n’importe quel moment. Je pense que tu y trouveras tout ce qu’il te faut pour suivre ton mode d’alimentation. Si tu le souhaites je vais te faire, faire le tour du propriétaire et te montrer où se trouve le bureau du professeur.

[hrp : je te propose de clore la dessus, à moins que tu ne veuilles ajouter quelque chose ?]