Lost ? No, only disoriented [ PV Lisbeth]

Lisbeth, tellement obnubilé par sa vengeance prochaine, était longtemps resté enfermée à l’Institut à taper frénétiquement sur les touches de son clavier. Incapable de se sentir tranquille, ils savaient où elle était, ce qu’elle était, même son vrai nom. Ils étaient peut être là, dehors. Un sniper sur un toit, c’était une solution si simple. Selon ses informateurs Andreï Krasine avait reprit l’avion il y a quelques jours. Le tout était de savoir si d’autres étaient en place à New York, si elle avait crut en quelque chose, elle aurait sans doute prié pour que se ne soit pas le cas. L’enceinte de l’Institut avant un caractère protecteur, elle savait que jamais Xavier ne laisserait une bande de terroriste s’en prendre à sa précieuse école, elle était en sécurité.

Mais elle ne pouvait pas rester là, et attendre. Ce n’était pas dans son tempérament, affronter ses démons et mourir d’une balle entre les deux yeux, était préférable que de se terrer. L’après midi elle s’était rendue dans le parc, tout paraissait si paisible, un havre coupé du monde et de ses problèmes. Un monde d’une mièvrerie et d’un utopisme effarant, la plupart des élèves étaient si guimauvé qu’il lui donnait la nausée. Ils semblaient n’avoir aucun problème, les principales préoccupations ses derniers temps étaient celles du bal, robes, coiffures, manucures. Des préoccupations qu’elle n’avait jamais eues, et qu’elle préférait d’ailleurs ne jamais avoir. Plusieurs fois elle avait dut se grimer pour infiltrer tel ou tel autre soirée, entrer dans une maison. Mais cela ne lui avait jamais pris des journées entières. A l’Institut, c’était la préoccupation principale, à croire qu’aucune guerre ne menaçait. C’était affligeant, ils seraient si découverts pendant cet événement, des victimes parfaites, des cibles offertes. Et pourtant, elle ne voyait aucun visage soucieux, même parmi le personnel enseignant ou chez les X- men.

Elle avait quitté l’Institut dans un début de soirée frais et agréable, doc marteens aux pieds, et son revolver soigneusement rangé dans l’intérieur de sa veste. Elle ne serait pas tranquille, la paranoïa durerait un certains temps. Partir voir Bug, rester avec lui dans son bunker équipé était tentant. Mais elle préférait aller au devant, et puis elle avait pris la décision de s’offrir une normalité, elle n’y parviendrait sans doute jamais, sa méfiance, son regard désespérément vide, et ses antécédents l’en empêchaient. Mais elle voulait essayer. La cause du professeur lui paraissait vaine mais elle était juste, et se battre pour cela lui paraissait un bon départ pour sa nouvelle vie.

Machinalement ses pas la ramenèrent sur les lieux de son agression. Le mur éclairé par la lumière faiblarde d’un lampadaire portait encore l’emprunte de son propre sang. La police était venu ramasser le corps de l’homme qu’elle avait abattu, et la encore le sang restait comme seul vestige de cette soirée en enfer. Elle resta là un moment adossé contre le mur en brique, ressassant les souvenirs pour les graver en elle. Elle les avait sous-estimé, et elle avait faillit le payer de vie, elle ne pouvait plus jamais se permettre une telle erreur.

Elle balaya la rue de son regard inexpressif, et il s’arrêta quelques secondes sur une silhouette recroquevillée. La lumière jaunâtre lui permis tout juste de constater des vêtements d’une propreté douteuse, un SDF, sans doute. Pourtant la noirceur d’une longue mèche, et l’éclat blanc d’une peau au moins aussi diaphane que la sienne lui firent reconsidérer la personne. Une fugueuse peut être, en tout cas Lisbeth avait connu les difficultés de la rue, et son obstination à refuser de l’aide l’avait conduite à vivre de larcins. Se sustenter en cambriolant de petites superettes cela avait été facile pour elle, mais tout le monde ne possédait pas ses capacités. Elle jeta un regard sur son portable, il était tard, mais il y avait plus haut, un camion qui faisait son beurre en vendant sandwichs boissons pendant les sorties de boîtes.

Elle acheta deux sandwichs, une bouteille d’eau et deux cafés. Avant de retourner dans la ruelle, elle s’arrêta à quelques pas de la silhouette, s’interrogeant sur le meilleur moyen de ne pas la braquer. Si elle avait été confrontée à ce genre de cas, elle aurait sans aucun doute envoyé paître, et ce sans ménagement la personne voulant l’aider. Tant pis, elle essayerait, elle s’assit près d’elle, à une distance raisonnable, et posa un café près d’elle l’autre près de la silhouette, ainsi qu’un sandwich. Elle ne prononça aucun mot, préférant le silence à une banalité sur le climat ou la situation économique américaine.