Le retour des braves [Pv Lorelei et Maiwenn] [Terminé]

Dernière édition par Ampère le Mer 28 Oct 2009 - 23:15, édité 2 fois

Les murs de l’infirmerie étaient d’un blanc immaculé, plutôt agressif à la vue et peu rassurant. L’atmosphère ambiante sentait les médicaments et la propreté excessive…Rien de bien étonnant pour ces lieux mais Louise n’avait jamais aimé les hôpitaux ni les centres de soins et elle se sentait plutôt mal à l’aise dans l'infirmerie. Après la bataille du pont, les confréristes blessés avaient directement atterri ici…Les moins touchés n’avaient fait que passer. Les autres n’avaient pas eu cette chance et vu l’état lamentable dans lequel elle était rentrée, Louise n’avait pas eu trop le choix.

Après un peu de repos, la mutante se sentait pourtant mieux. Avec quelques analgésiques, la douleur s’était atténuée et elle avait pu profiter de quelques instants de calme. Dans quelques jours, les bleus, les ecchymoses et la fatigue finiraient par disparaître…

Elle lorgna les quelques bandages qui couvraient des plaies sans gravité, récoltées lors de sa rencontre brutale contre le bitume du pont. Aucune blessure sérieuse…sauf cette maudite brûlure sur sa gorge, laissée comme ultime vengeance par la métisse avant qu’elle ne rejoigne les eaux du fleuve. Elle frôla de ses doigt le pansement…La sensation était étrange. Plus très douloureuse mais chatouilleuse et assez désagréable. Elle allait très certainement hériter d’une marque et cette idée était bien loin de lui plaire...

Mais même ce douloureux souvenir ne parvenait pas à gâcher l’impression générale de la bataille. Après tout, elle venait de participer à sa première mission pour la confrérie et si on oubliait le fait (presque insignifiant) qu’elle avait fichu un hélicoptère en l’air (ou en l’occurrence sur le sol…), elle avait réussi à se battre et elle ne pouvait qu’en être fière.

Ampère jeta un coup d’œil autour d’elle. Près d’elle se trouvait la Syrène, qui avait fait elle aussi les frais des talents belliqueux de la X-Men…Un nez cassé, sans doute pas mal de courbatures…La métisse ne l’avait pas non plus épargnée. L’autre nouvelle recrue de la Confrérie, arrivée en même temps que Louise et qui parlait avec un fort accent étranger, se trouvait sur le côté, assez touchée elle aussi et le bras en écharpe. Celle-là, elle ne la connaissait pas...Enfin, du moins elle ne savait pas son nom. Et de toute façon, même si elle l'avait su, pas sûr qu'elle l'aurait retenu...elle était plus douée pour les visages que pour les noms. De toute façon, elle n’avait pas encore eu l’occasion de vraiment parler avec aucune des deux mutantes…Du moins en dehors du combat. Pendant la mission, Louise avait échangé quelques mots avec Maiwenn mais rien de bien conséquent.

Bref…A présent, elle ne savait pas trop quoi dire mais le silence qui s’était installé entre les trois jeunes femmes devenait pesant… Elle s’éclaircit la gorge, perdit une poignée de neurones à chercher une phrase pour engager la conversation…Et échoua à la trouver. Dépitée, la mutante décida de se lever mais lorsqu’elle se redressa de sa couche, elle sentit ses jambes vaciller sous son poids et manqua de perdre l’équilibre. Se rattrapant tant bien que mal, elle se rassit rapidement, attendant que ça passe. Mince, elle devait être plus fatiguée qu’elle le pensait. A moins que ça ne soit les médicaments qui l’aient assommée un peu trop… Quoi qu’il en soit, elle espérait que ses collègues n’avaient pas remarqué sa petite défaillance…Mouais, il aurait fallu être aveugle pour ne pas l’avoir aperçu...

La jeune femme lâcha un petit rire nerveux.

« Arf…J’pense que je vais devoir rester ici pour l’instant… »

Quelle entrée en matière captivante, vraiment...

Maiwenn avait l'impression que si elle ne faisait qu'avoir l'idée saugrenue de prendre une profonde inspiration, ses nerfs crieraient au scandales, ses muscles grinceraient des dents, sa moelle épinière assaillie par des message d'alerte à la douleur dirait à son cerveau de la mettre en veilleuse une fois pour toute. Autrement dit, que la souffrance que les coups avaient provoquée sur sa pauvre, délicate et autrefois délicatement ciselée, carcasse allait la faire tomber dans les vapes.

Elle rassembla les lambeaux de son courage et tenta de se redresser, de quitter le nuage qui lui servait d'oreiller (bien qu'elle l'ai autrefois trouvé plus dure que du bois), de prendre appuis sur des mains dans le ressentis avait fermé son clapet il y avait de ça une heure (et par la même occasion de réveiller ses nerfs là aussi)... Je vous passe le reste et vous dis en une phrase la conséquence que ce mouvement pourtant si banal aurait : une intense douleur de plus.

Avec l'impression de se fendre le crâne au lieu de tout simplement se mettre en position assise sur son lit d'infirmerie. Elle se surprit elle même quand elle s'aperçut qu'elle avait réussi. Résistant à la dangereuse tentation de s'étirer, la Syrène regarda à coté d'elle. Ampère, sa partenaire du jour si je puis me permettre, venait d'essuyer un échec après avoir tenté de marcher. Maiwenn, elle n'arrivait pas à avoir l'idée même d'autant de prétention de sa propre part. S'être relevée sa dépassait déjà son quota de bravoure, alors on va arrêter les excès, hein ?

Avant qu'elle n'ai eut le temps de s'intéresser à son autre voisine, Maiwenn entendit une remarque sarcastique d'Ampère à son propre sujet.

- Bienvenue au club. Je crois bien que je vais demander un anesthésiant si ça continue comme ça, j'ai presque peur de respirer.

Elle eut un petit rire.

- Enfin, la métisse elle ne doit pas être au milieu de sa forme non plus, c'est au moins ça.

C'est mesquin vous trouvez ? Maiwenn pas du tout. Quoi de plus normal que de souhaitait la souffrance de celle qui vous a fait souffrir. C'est assez primaire comme principe en fait.

Infirmerie de la confrérie,

Persönlicher Brief,

Mes yeux fixaient le plafond actuel tandis que mes pensées n'avaient pas encore tourné la page sur le plan chronologique. Pour moi nous étions encore hier, jour du combat. Pourtant celui-ci était fini, et il s'était terminé trop tôt à mon goût. Pas un mort, seulement des blessés, et puis une portée disparue dans les eaux calmes du fleuve. Je n'avais même pas eu l'occasion de pouvoir annihiler le moindre homme, ni la blondasse qui était venue à son secours. C'était donc une de mes plus grandes déceptions que cette journée que je n'arrivais pas à surmonter. Je voulais la revivre, et en changer les évènements, mais surtout verser le sang. Cela avait été l'occasion pour moi de pouvoir enfin m'autoriser à tuer froidement, même si cela était mêlé à quelques accès de colère, je dois bien l'admettre, et pourtant cela n'avait été qu'un échec intégral… Je me remettais horriblement en question, je n'avais même pas su être utile de manière certaine, ne serait-ce que pour moi ou bien la confrérie elle-même, même si à vrai dire pour cette dernière, c'était mitigé. Je la servais pour ce qu'elle pouvait m'apporter, rien d'autre.
C'est la raison pour laquelle mes yeux étaient fixés au plafond, et que mes pensées se baladaient inlassablement. Non pas que je songeais à quitter la confrérie, car qu'on le veuille ou non, elle était pour moi un logement, un moyen de survivre, et un endroit où me cacher en cas de besoin, et surtout un moyen de me défendre en cas de danger, même si c'était souvent à l'insu des autres membres, desquels je me refusais de les appeler confrères pour les hommes, ce qui était évident, mais même à l'égard des femmes intérieurement je ne parvenais pas à leur attribuer le statut de consœur. Était-ce parce que je ne me reconnaissais pas dans ces personnages réels comparés à ceux que j'avais coutume de découvrir dans littérature ? Ou était-ce parce que mon entrée dans la confrérie était encore trop récente pour que dans ma tête je les place à l'égard de ma famille ? Quoique en regardant ce qu'il restait de ma famille, en tous cas peu de choses à cause de la guerre froide, des déportations, etc, ainsi que mon père qui était quelque part dans cette ville mais aussi facile à trouver qu'une aiguille dans une motte de foin. Mais j'avais toujours ce nœud à l'estomac lorsque je me représentais la scène où j'allais le rencontrer pour la première fois, après tant d'années d'absences.…

Le flux incessant et tumultueux de mes pensées fut brutalement dirigé vers un bruit anormal et donc soudain sur ma droite, Un heurt contre le sol mêlé à un bruit de ferraille qui s'entrechoque. Pourtant, luttant contre-moi même, je ne détournai pas la tête sur le côté, entraînée par la recherche d'une explication possible qui n'émanerait que de moi et de ma conception du bruit plutôt que par la réalité des faits. Mais ce n'était guerre couronné de succès, car soit je faisais face à un vide dénué de toutes cohérence, ou bien j'affrontais mes démons de la veille, qui prenaient d'assaut mon esprit après qu'ils aient martyrisé mon corps. L'un comme l'autre ne m'étaient absolument pas profitables, et je devais mettre un terme très vite à cela, sinon quoi je finirais par me fatiguer à chercher pendant des heures des solutions à un problème qui pouvait être résolu en un seul mouvement de tête…
J'optai donc pour la solution idéale de facilité, et observai l'attitude singulière d'une des filles qui avaient participé à l'attaque du pont, mais dont le nom m'échappait totalement. Tout ce dont je me souvenais était qu'elle était mécanicienne, mais alors après… un bébé aurait plus de facilités à retenir son prénom que moi à retenir celui d'autrui. Autant je pouvais me souvenir des visages, de l'attitude et de la démarche parfois même des personnes m'environnant que j'étais pourtant totalement inapte à redonner un nom exact à une personne que je n'avais fréquenté que quelques instants, parfois juste une seule fois, donc c'était pire qu'un casse-tête chinois pour moi. Derrière elle se trouvait encore une autre participante à la bataille, mais le moindre détail m'échappait de plus belle. Comme cela pouvait être agaçant que de côtoyer des gens dont vous ne pourriez même pas raconter quelques bribes véridiques sur celles-ci ! Je me consternais toute seule…

Enfin la phrase, énigmatique sans contexte, mais décisive ici, qu'avait prononcée la mécanicienne dissipa mes interrogations, futiles je l'accorde. Elle avait donc tenté de se relever mais avait surtout failli embrasser le sol aseptisé de l'infirmerie : Pas les meilleures sensations de sa vie à tout parier. Pas une seule réaction ne survint sur mon visage, et même je finis par reposer ma tête bien droite sur l'oreiller, inconfortable, tandis que mes yeux revinrent se poser sur un point invisible mais fixe du plafond, comme s'il était nécessaire au bon fonctionnement de mon entendement que de toujours avoir ce point en tête. Ce qui était absurde, bien évidemment.
Puis l'autre fille prit la parole à son tour, et là je dus vivre temporairement de la même manière que les deux autres, à savoir que lorsque je voulus me relever, je me poussai des deux mains, or l'une d'elle avait été grièvement brisée par le choc avec le sol, si bien que toute force s'échappa de mon bras et mon épaule vint s'écraser contre le dur support qui servait de lit, dans un bruit non négligeable, le tout accompagné d'un léger cri de stupéfaction alors que la douleur lancinante me parcourait tout le bras… J'avais trouvé le moyen de ne pas me rendre compte que je portais un plâtre, et tout naturellement l'appui sur le sol n'avait fait que forcer les os à se croiser… Que de talent ! Enfin, je n'étais pas à plaindre, pas plus que les deux autres filles. Et visiblement une de leurs adversaires avait été du genre coriace, même si je ne voyais pas très bien de qui il s'agissait, le seul détail que j'avais était qu'elle était métisse.

« Au moins, vous êtes parvenues à lui montrer ce qu'était réellement la confrérie… ce n'est pas le cas de tout le monde. » J'avais dit cela tout juste après m'être relevée sans user de mes mains, dans un soupir de mélancolie. « Je n'ai même pas eu le temps de couper le souffle à l'un d'eux… littéralement. Enfin, cela ne fait que préserver un peu leur souffle, et recule ainsi leur dernier. » Certes cela ne pouvait sonner que comme pures présomptions de celui qui n'a pas gagné, sans forcément avoir perdu, mais il aurait suffi que le terrain soit plus intérieur et j'aurais été bien plus efficace, et à la fois dangereuse pour mes coéquipiers s'ils étaient dans les environs…

La sensation de malaise commençait tout juste à se dissiper, maintenant que Louise était revenue à l’appui rassurant de sa couchette. Et ce n'était pas elle qui allait sans plaindre. Au moins, tant qu’elle était assise, elle n’avait pas à solliciter ses jambes qui semblaient avoir la consistance et la force du coton. Elle se rassit et se réinstalla confortablement, appréciant la douceur et la fraîcheur des draps. Inutile de vouloir songer à marcher tout de suite, si elle ne voulait pas finir au sol et se donner de nouveau en spectacle devant ses collègues…Et de toute façon, elle n’était pas pressée et elle n’était attendue nulle part, n'est-ce pas? Alors autant prendre son mal en patience...

Derrière elle, la Syrène s’était redressé elle-aussi mais elle avait eu le bon sens d’éviter de se mettre debout. Et apparemment, vu ce qu’elle venait de lui dire, elle n'était pas dans son meilleur jour non plus. Pas étonnant quand on considérait leur combat face à la métisse. Tiens, d’ailleurs, Maiwenn en parlait, de cette mutante. Et bien évidemment, elle n’avait pas l’air de la porter dans son cœur non plus.

Alors qu'elle s'apprêtait à lui répondre, elle entendit soudain un bruit dans son dos, accompagné d’un bref cri. Louise se retourna d’un coup pour apercevoir l'autre jeune femme, l'allemande, se relever tant bien que mal, en tentant de ne pas s’appuyer sur son bras cassé. Louise fronça les sourcils en observant la mutante. Qu’est-ce qu’elle avait tenté de faire au juste ?

Hum...Encore une qui s'était laissée avoir comme elle sans doute. L'état de la mutante n’était pas vraiment risible mais Louise ne put s’empêcher de s’esclaffer. La situation lui apparaissait vraiment cocasse...Elle ne se moquait pas de sa collègue mais le fait que les trois mutantes se retrouvent confinées dans l'infirmerie, chacune avec moins de force qu'un chiot...Ça la faisait tout simplement rire...S’apercevant que cela pouvait être mal interprété, elle fit un effort pour redevenir sérieuse et s’excusa aussitôt, en espérant que la confrériste ne le prenne pas mal.

« Désolée vraiment…Ce sont les nerfs…C’est juste qu’on est toutes les trois de vraies loques...»

Elle se passa la main sur le visage, comme pour en enlever la lassitude, et soupira.

"Ça doit être la fatigue et le stress du combat. C'était ma première mission pour la Confrérie...Pour une première, je ne pensais pas finir aussi abîmée..."

S’appuyant sur sa couche, elle se tourna vers la Syrène. Elle comprenait ce que la jeune mutante pouvait ressentir vis-à-vis de leur principale adversaire du jour. Elle lui adressa un large sourire et lui lança d'une voix enjouée et légèrement rauque.

« C’est vrai qu’on lui a bien réglé son compte à celle-là. Ravie d’avoir pu compter sur ton aide. Parce que seule contre elle et sa copine, j’aurais eu aucune chance. »

Elle le pensait vraiment. Quand l’autre était enfin passée par-dessus bord, tout ça parce qu’elle avait eu trop de sentiments, Louise était tombée par terre, à bout de souffle. Et si la Syrène ne s’était pas occupée de la maitresse du temps, il n'était pas certain qu'elle ait pu réellement s'en sortir. Elles avaient quand même formé une bonne équipe, autant face aux mutantes que face aux forces de police.

Réalisant qu'elle avait oublié la jeune femme allemande et son bras en écharpe, elle refit face à cette dernière.

"Et ...Excuse-moi, je ne connais pas ton nom? Bref...Ne t'inquiète pas, on va sûrement nous assigner d'autres missions...T'auras tout le temps de te rattraper.

Maiwenn était concentrée sur ses mouvements, les yeux rivés sur ses mains où des marques auparavant un peu rouges avait viré à l'indigo. La nausée commença à la gagner lorsqu'elle se remémora avec douleur les nombreux coups de son enfance, la violence et l'humiliation perpétuelle qu'elle avait subi. S'arrêtant sur les détails elle se laissait entraîné dans sa torrent non pas par masochisme, mais pour s'entretenir. Du moins entretenir sa motivation. Devenir plus forte, participer à l'avènement de la race supérieur. Elle esquissa un léger sourire et recommença à écouter la conversation.

Lorelei avait l'air soucieuse. Elle venait juste de formuler ses remords à ne pas avoir pu se distinguer. Maiwenn garda la bouche close. Elle n'avait pas vu ce qu'avait fait la Confrériste, mais elle voyait ses yeux brillant d'un désir de vengeance. C'était ce qui comptait le plus. Plus tard Lorelei deviendrait plus puissante, la Syrène n'en doutait pas. Ampère eut un petit rire nerveux. Elle se justifia avec humour et Maiwenn l'encouragea d'un sourire. Ce qui l'amena à tressaillir. Son action s'était payée par une douleur aigue au nez. Pas cassé, certes. Mais douloureux et extrêmement sensible. Puis Ampère annonça que c'était sa première mission pour la Confrérie.

- Ne t'inquiète pas pour ce qui est des dégâts, jusque là je ne suis venue que deux fois à l'infirmerie et c'était pour un rhume qui ne passait pas. Les grosse blessures ces pour les barjo comme le Crapaud ou Fléau. Encore que, lui...

Puis :

- Merci aussi d'avoir été là, ça aurait été chaud d'être seule face à elle deux. D'après ce que j'ai pu trouver, la métisse avait un pouvoir en rapport avec les photons et pouvait passer à la vitesse lumière en un clin d'oeil alors... Rien qu'elle ça aurait été costaud, mais la maîtresse du temps... Ca aurait été une histoire de rapidité. Mais avec l'autre très compliqué...

Elle réalisa alors qu'elles avaient laissé Lorelei de coté. L'allemande devait se sentir mise à l'écart, en plus d'être nouvelle à la Confrérie. Maiwenn aurait voulu reprendre après Ampère mais ne trouvant rien d'intéressant à dire de plus elle prolongea son silence. Puis le rompit et changea de sujet :

- Dés qu'on est remises, on va faire une virée en ville histoire de calmer les nerfs, ça vous va ?

Je me tenais le bras, même si réellement je ne tenais que le plâtre qui l'encerclait, tellement la douleur de m'appuyer sur un membre déjà fragilisé n'avait pas spécialement arrangé les choses. Je n'avais pas vu les radios de mon bras, mais ce devait être particulièrement horrible à voir. Enfin c'était surtout l'impression que me laissait la douleur, rien à voir avec une quelconque connaissance dans l'anatomie du corps humain ni ses réactions éventuelles à cause des blessures. Je laissai ce travail-là aux médecins, et je n'en avais franchement pas besoin. J'avais mal, un point c'est tout. Mais un mal physique transcendé par un mal mental, ces deux mutants devaient payer pour ce que j'avais enduré, m'avoir retenu ainsi dans mon élan, selon leurs propres volontés. La situation ne l'avait pas permis à cause du terrain, mais en terrain plus fermé et truffé de lieux où se cacher, ils auraient été bien en peine de me résister. Oui, je devais devenir plus forte, et me venger !
Me revinrent alors les images de Mystique nous proposant cette drogue censée décupler notre puissance. Je m'imaginais alors l'utiliser et devenir cette meurtrière décimant un grand nombre de personnes sur son passage. Soit en temps normal j'aurais trouvé cela presque mauvais, mais l'état d'esprit dans lequel je me trouvais me permettait de n'avoir pas de regrets à retirer des âmes, trop souvent inutiles, de ce monde. Sans être particulièrement glorieuse dans la tête des gens, elle se révélait pourtant comme un état d'esprit idéal dans la tête de la personne qui en était l'auteur, car elle n'avait plus de limites que celles qu'elle se fixait elle-même, qui n'avait bien souvent pas la moindre raison d'être. Ainsi elle pouvait éliminer tous les facteurs gênants, tous les témoins potentiels, cela ne la chagrinait pas le moins du monde. Bref, un état merveilleux.

En fait, mes pensées se reposèrent sur cette chambre à l'infirmerie uniquement lorsqu'on m'interpela, si bien que je n'avais rien entendu avant qu'on ne me dise que j'allais pouvoir faire mes preuves plus tard. Mais était-ce véritablement ce que je voulais ? Mes intérêts passaient avant ceux de la confrérie, même si je laissais croire le contraire, ou plutôt que je n'avais pas tellement le choix de le faire croire. Mais si je voulais tuer les gens, ce n'était pas pour la confrérie que je le faisais, mais pour ne plus avoir d'ennemis sur ma route. Bien sûr mes ancêtres avaient procédé différemment, mais je ne prétendais pas être liée d'une quelconque manière que ce soit à eux. Ils avaient blessé l'Allemagne alors que celle-ci ne leur avait rien fait, mais moi je voulais en finir avec les hommes parce qu'ils ne font qu'exploiter les femmes, se servant d'eux comme de n'importe quoi, niant leur vraie valeur, les rendant dans un état pire que celui des animaux et encore de ceux parmi les plus exécrables.
Mais celle dont j'ignorais tout, sans répondre à la remarque de la mécanicienne, proposa après avoir brisé le silence qui s'était installé d'aller quelque part en ville, soi-disant pour calmer les nerfs. C'était une bien belle envie mais pour calmer mes nerfs à moi, il fallait que je réduise à néant ces créatures néfastes qui enveniment tant d'âmes naïves, les berçant d'illusions pour mieux les déchirer par la suite. Tout du moins quelques unes d'entre elles si je voulais apaiser mes nerfs. Mais je ne pouvais pas en faire part, je ne les connaissais pas et même si elles faisaient partie de la confrérie, cela ne me donnait pas d'indice sur la manière dont elles pourraient prendre la chose. Il n'est pas donné à toutes les femmes de vouloir se débarrasser des hommes, certaines, même beaucoup, aiment être avec des hommes pour ce qu'ils leur apportent après les avoir perverties. J'allais donc mettre cela sous silence, et répondre tout de même :

« Oui je pense qu'il serait préférable que nous quittions au plus vite cet endroit, sinon quoi nous deviendrons complètement folles. Et puis, ce serait une victoire pour les ho…les hommes de Xavier. Nos nerfs ne se détendront pas tout seuls, il va falloir les y aider. »

J'avais parlé presque trop vite, et manqué de révéler au grand jour mes projets intérieurs, je devais faire gaffe sinon quoi j'allais très vite pouvoir m'attirer trop d'ennuis, et même si a priori ils ne viendraient pas de la confrérie, je pourrais très bien inspirer le doute assez rapidement dans l'esprit de mes collègues, et cela ne serait que trop nuisible pour moi. Dans quels cas je serais amenée à devoir me défaire de ces deux-là, ou de la confrérie dans son intégralité, ce qui serait regrettable, car malgré tout, elle m'est utile sur plusieurs points, je dois seulement faire preuve de recul pour ne pas gazer tous ces prétentieux qui se croient malins en demandant des services dont la nature me mettrait hors de moi si je me laissais aller de toute la colère de mon âme.

Il n'y avait pas grand chose à rajouter à présent. Pour combler le vide et l'embarras palpable entre les trois confréristes, Maiwenn venait de proposer une sortie en ville et la fille allemande, qui n'avait pas daigné lui donner son prénom, semblait d'accord. Louise elle-même trouvait l'idée attrayante. Elle envie de changer d'air et surtout de quitter l'infirmerie. Et puis cela lui ferait une excellente occasion de pouvoir connaitre un peu mieux ses collègues. La Syrène semblait être une fille aimable et ouverte, leur autre collègue un peu plus réservée...Mais après tout peut-être que s'octroyer un moment de détente apaiserait les nerfs, les craintes et les remords de tout le monde.

Louise sentait encore ses muscles engourdis et douloureux, son esprit toujours embrouillé, sans doute par les médicaments. Mais déjà le tournis commençait déjà à passer, se rasseoir lui avait redonné un certain aplomb. Elle se redressa et se recala contre le coussin, s'asseyant les jambes croisées, les coudes sur les genoux. Puis elle adressa un bref regard aux deux jeunes femmes et eut un sourire malicieux.

« Bon devant l'enthousiasme général, je ne peux décemment pas dire non...»

Bien au contraire. Elle désirait plus que tout déguerpir le plancher et sortir se dégourdir les jambes. Et profiter du soleil et de l'air frais au lieu de respirer l'atmosphère viciée de l'espace clos que représentait l'infirmerie.

« J'vais pas vous proposer d'aller faire les boutiques...Mais une petite ballade tranquille serait pas de refus. »

La mécanicienne ignorait les préférences des deux autres mutantes, mais pour elle, la question ne se posait même pas. Elle n'allait certainement pas mettre les pieds dans une galerie marchande pour faire du lèche-vitrine. Beaucoup de filles aimaient courir et enchainer les magasins...Un hobbie qui ne lui disait franchement rien. En plus, elle ne connaissait quasiment pas New York. Depuis qu’elle avait posé le pied sur le sol américain, elle n’avait eu guère l’occasion de jouer les touristes ni de visiter quoi que ce soit. Enfin...Une fois sur place, elle verrait bien ce qu’avaient décidé ses deux collègues.

Pour l’instant il ne lui restait plus qu’à prendre son mal en patience et rester sagement couchée en attendant d’aller mieux. Cela n'allait prendre tellement de temps, quand même...D'ici quelques heures, l'effet des médicaments aurait cessé, elle n'aurait plus la tête dans le cirage. Bientôt elles arpenteraient les rues de la Grande Pomme en toute liberté. New York leur tendait les bras...

» "La mort se trouve ..." [Pv Lorelei et Maiwenn]