Les feuilles vertes tombaient jusqu'aux racines de l'ancêtre. Sa chevelure émeraude, bien que malade, reflétait les rayons du soleil avec une ardence démesurée. Les petites branches filiformes dansaient alors sous le zéphir ensorcelant de la nature à son éveil. Une rosée rougeoyait les talus d'herbes du fameux parc de la grosse pomme. Le ciel mordoré mordait l'azur avec une agressivité toute naturelle, pendant que les humains commencaient leur routine âcre. Les êtres passaient nonchalamment près de l'arbre sans jamais détourner leurs yeux de leurs trajectoires spontanées. Parmi le feuillage de l'ancêtre au coeur pourri, une créature mystique siégeait vaillamment sur la plus haute extension de la plante gigantesque. Touchant une dizaine de mètres, sa chevelure tressée tombait sur le côté de la branche. Les pointes éméchées de sa crinière noire trahissaient d'ailleurs sa présence sur ce fruit de dame nature. Les miroitements d'un vert pâle se cassaient sur ce ton d'encre. Elle redressa ses jambes contre sa présence frêle, apposant ses mains sur ses épaules. La Chose enfonça son crâne sur son jeans sombre taché de poussière. Une grande veste lui donnait un aspect de garçon manqué. Chaque extrémité dissimulait avec soin toute parcelle potentielle de chair à pouvoir être visible. Rayé de noir et de rouge, des griffes dissemblables arpentaient les plis nombreux de son vêtement, laissant deviner qu'il était trop vaste pour sa taille chétive. Un capuchon couvrait entièrement sa tête, laissant planer un ombre intense sur son faciès. Un voile noir comblait l'impossibilité d'entrevoir ses origines physiques troublantes, alors que ses bras se refermait davantage. Un filament de sang s'échappa de sa côté droite, bien qu'elle n'en tira aucune plainte. La jouvencelle plaqua ses talons dans les crevasses de l'arbre afin de prendre un recul posé contre le tronc.
Elle s'y blottit en cherchant une chaleur inacessible. Le capuchon vermeille se noya contre ses genoux encore plus quand une seringue vide tomba d'un de ses poches décidément trop large. Elle alla se piquer directement dans l'herbe haute, résonnant soudainement. L'hybride sursauta, tout en recherchant la vivacité de l'être inconscient qui la berçait depuis plus de quatres heures. Son dos ressentait la douleur d'être courbée depuis si longtemps, mais ses agissements ne l'affectaient plus. Sa surprise de tout à l'heure lui valut de perdre trois autres seringues au sol. La créature posa ses doigts enfouis dans une manche trop longue sur sa tresse puis lissa lascivement quelques brins de son crin. Sa carcasse trembla en se balançant légèrement, faisant machinalement taire les voix à l'intérieur de son crâne. Là-haut, des torrents dévastateurs composaient ses pensées rudes dont le fil se perdait d'heure en heure. Les mots devenaient vagues, imprécis. La substance de son existence même devint un trou noir. Le vide de sa vie s'implanta en son centre, pendant qu'une main délicate oppressait ce qui fut un coeur auparavant. L'estomac asséché ne se plaignait plus, il avait ignoré tant la nutrition que sa faim s'était exterminée. L'hybride se crispa sur ses jambes flageolantes, deux nouilles névrotiques, prenant appui contre le tronc. Son délire psychotique se poursuivit quand la chose s'employa à fixer le sol où s'imprimait ses doses partiellement. La mutante lança avec rage tout le contenu des poches de son pantalon. Bientôt, dix seringues s'affichèrent en supplément sur l'herbe. La chose posa ses bras contre elle-même quand la sensation se redressa avec elle. Huit bras féroces enfermèrent sa présence pour la réduire à la démence. Une araignée invisible suça la raison restante de la créature. Niana alla se frapper contre l'arbre une dernière fois. Sa carcasse perdit pied sur la branche et finit dans l'herbe à son tour. Lâchant un homophone du mot phoque qu'elle avait entendue de la bouche des autres, elle cassa le tube d'une seringue d'un revers de sa semelle avant de se redresser sur ses nouilles endolories. L'hybride grimpa sur une branche moins haute de l'ancêtre aux longs feuillages. Son jeans ensanglanté embrassa le tronc suivi de son dos misérable qui se recourbait déjà. Elle passait désormais ses manches sur ses cuisses, frottant patiemment ses membres congelés par l'air matinal, alors que de petites fontaines d'hémoglobine s'échappait du lourd tissu qui constituait sa dernière armure. Les perles rouges encombrèrent l'écorce, mais leur ampleur finit par s'éteindre. Niana, derrière son voile de soie ténébreux, se mit à sortir quelques fragments de vitre de sa jambe droite.
- Mal...Mal...Mal...
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Lun 2 Nov 2009 - 20:39