Un humain à l'institut ?

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Léonard avait envoyé, il y a quelques temps déjà, une lettre au professeur Xavier lui expliquant sa situation et la motivation qu'il avait à venir faire ses recherches à l'institut. Peut-être n'aurait-il le droit qu'à faire ses petites affaires dans un coin de labo ; il espérait néanmoins que les choses iraient plus loin et qu'il pourrait, réellement, participer pleinement aux recherches déjà entamées par ses ainés. Quoiqu'il en soit le professeur avait été assez flou dans sa réponse, se contentant de lui donner rendez-vous à l'institut. Léonard était venu, plein d'espoir.

Il était arrivé en avance et, plutôt que de piétiner dans le couloir, était resté dans le jardin à fumer sa longue pipe anachronique. C'était une heure de pause pour les élèves, et il avait vu passer de nombreux gamins mutants, certains semblables à n'importe quels adolescents, d'autres singulièrement différents... Ils avaient été nombreux à lui lancer un coup d'œil plus ou moins discret, curieux. Il avait sourit à certains, amusé, sans jamais cesser de tirer régulièrement sur sa pipe. Et puis arriva l'heure de rencontrer Xavier. Il se leva, s'étira un peu, et se dirigea sans se presser vers le bureau.

Arrivé à la porte il prit une lente inspiration. Bon, pourvu que tout se passe bien... Il n'avait aucune idée de ce qu'il pourrait bien faire si Xavier le refusait purement et simplement, mais il osait espérait qu'un tel refus lui aurait déjà été communiqué par lettre et qu'il n'aurait pas obtenu de rendez-vous. Mais tout de même, pas si sûr. Tant pis, il verrais bien. Il toqua à la porte.

Invité

Xavier attendait avec une certaine impatience l'arrivée de Léonard à l'Institut. Prôner l'égalité et l'amitié entre les races commençait bien sûr par accepter au moins les visites d'humains à l'Institut. Mais le professeur avait cependant besoin de parler avec Léonard car certains points de ses objectifs n'étaient pas suffisamment clair et nécessitaient un entretien direct avec le jeune scientifique. Si le professeur Xavier n'avait pas encore refusé son projet, c'est parce que ça pouvait l'intéresser mais il fallait qu'il soit sûr que ça n'allait pas directement contre ses idées et son "idéologie" (ce mot n'était pas adapté).

Il était à peu près 14h00 quand Léonard frappa à la porte. Incroyablement ponctuelle comme personne. Xavier avait repéré sa présence à partir du moment où il était entré dans l'Institut. Ca faisait plusieurs dizaines de minutes qu'il attendait là dehors... un homme vraiment poli.

"Entrez, M. Kessel."

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Sitôt qu'il eut toqué Léonard entendit la voix du professeur Xavier l'invitant à entrer, ce qu'il fit. Il le vit assis derrière son bureau. Il était malgré son âge plutôt grand, le visage carré, l'air sévère mais juste. Aucun signe de faiblesse, aucune méchanceté non plus ; il était là, force tranquille et comme imperturbable. Léonard, qui l'admirait depuis longtemps déjà pour la qualité et le niveau extrêmement pointu de ses thèses scientifiques, ne fut pas indifférent au fait de le voir pour la première fois. Oh, bien sûr, il savait bien qu'on était tous pareils et que chacun indépendamment de ses grands faits restait un homme - ou... un mutant -, et il n'était pas vraiment impressionnable. Mais tout de même, le professeur Xavier... ça faisait quelque chose. Leurs regards se croisèrent un instant ; il hocha la tête, déclarant poliment :

"Bonjour, professeur. "

Il ne se présenta pas, Xavier l'ayant déjà apellé par son nom devait bien savoir à quoi s'attendre. Lui en revanche n'avait aucune idée de ce qui allait bien pouvoir se passer désormais, et seul tout ce qu'il avait fumé quelque temps auparavant lui permettait de rester imperméable à toute anxiété.

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Il allait peut-être falloir tirer les choses au clair dès le début de l'entretien mais enfin, il était hors de question que Charles Xavier oublie les règles de la bienséance les plus basiques. Bon, théoriquement, il aurait dû se lever pour aller saluer son invité mais il était sûr que Léonard comprendrait ce petit écart aux normes de politesse.

"Asseyez-vous, je vous en prie."

Xavier attendit que Léonard s'exécute, lui sourit afin de décrisper l'entretien et prit donc les devants en exposant son point de vue sur les occupations et les projets de Léonard.

"Tout d'abord, laissez moi vous féliciter. A 29 ans, avoir le curriculum vitae que vous avez n'est pas donné au premier venu. Et je vous remercie également de vous intéresser au gêne X et à la mutation. Plus la génétique avancera, moins les personnes non-mutantes nous prendront pour des monstres, moi et tous mes congénères là-dehors. J'émets cependant quelques... réserves à mon enthousiasme."

Charles Xavier ouvrit le Mac qu'il avait sur son bureau et où il avait gardé en mémoire tous les courriels que lui et Kessel s'étaient envoyé.

"Vous parlez d'études, d'échantillons, de prélèvement, d'observation... je dois m'assurer que nous n'avons pas de sérieuses divergences idéologiques. Vos recherches vous ont sûrement conduit aux travaux de Nathaniel Essex, non ?"

Le professeur roula jusqu'à l'armoire qui s'ouvrit automatiquement. Il prit deux verres d'une main et une bouteille de whisky de l'autre, du Glennfydich, 15 ans d'âge, sentant que la conversation pourrait durer un petit bout de temps.

"Je vous serre un verre ?"

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"Asseyez-vous, je vous en prie. "
Léonard s'exécuta, répondant d'un simple "merci" poli. Il écouta le professeur parler un petit instant, abordant subtilement le sujet qui, sans doute, lui tenait le plus à cœur. Et de lui proposer un verre de whisky au passage.

"Je veux bien, merci. "

Répondit Léonard. Il prit le verre que lui tendit le professeur, et resta un court instant silencieux, réfléchissant à ce qu'il allait répondre à ses précédentes questions. Il avait, bien entendu, étudié de près les travaux d'Essex. Et il voyait tout à fait où Xavier voulait en venir ; malgré son immense génie et ses grands travaux de recherche, les idéologies de cet homme étaient... discutables. Léonard répondit finalement, après avoir bu une courte gorgée de whisky :

"Bien sûr, je me suis souvent penché sur ses travaux. Ils sont très intéressants, néanmoins... "

Il marqua une pause et regarda avec attention le professeur Xavier.

"Je ne condamne ni ses actions ni ses idées, seule la science m'intéresse. Et scientifiquement parlant, s'il y a bien une chose à dire sur lui, c'est qu'il avait tort. Il considérait que le gène X était l'aboutissement de l'évolution humaine, et que les mutants étaient donc supérieurs à l'homme. "

Il posa son verre en souriant légèrement, apparemment fatigué rien qu'à l'idée de devoir exposer encore une fois un avis qui lui paraissait évident :

"La notion même de supériorité est anti-scientifique. Ce serait comme étudier les bêtes et les classer de la plus faible à la plus forte. Comment nous y prendrions-nous ? En nous référant à la chaîne alimentaire ? Les mutants ne mangent pas les humains, aux dernières nouvelles ! Non, c'est ridicule. Mutants et humains sont différents, cela va de soi, mais le travail du scientifique n'est pas de tenter de glorifier l'un ou l'autre des partis. Simplement de comprendre. "

Il était assez clair : les buts pacifiques d'acceptation des mutants de l'institut ne l'intéressaient pas vraiment. Bien sûr qu'il trouvait stupide le fait qu'ils soient méprisés, rejetés... tout autant qu'il trouvait stupide les idées de supériorité mutante. Mais tout ça n'était pas sa priorité. Il n'était pas un pacifiste, il était un scientifique.

[HJ : Je connais l'univers x-men de loin en loin, j'ai dû demander à google qui était Nathaniel Essex... XD; Donc désolé si incohérences, n'hésite pas à me mp si besoin]

Invité

HRP : Rien de bien méchant, ne t'en fais pas ^^

Xavier afficha un air sérieux et grave. En farfouillant un peu dans les pensées de Léonard, il se rendait compte que ses desseins étaient bons... mais ça ne suffisait pas pour lui accorder sa confiance. En effet, la seule phrase "seule la science m'intéresse" suffisait à éveiller les doutes de Xavier. La pensée scientifique n'était pas en elle même dénuée d'humanité mais la dérive la plus courante était une science dépourvue d'âme, de vie et d'humanité.

Vous avez raison monsieur Kessel. C'est pourquoi je me pose cette question : que voulez-vous comprendre ? Le docteur Essex est un homme brillant et ce n'est pas peu dire. Ses recherches sur le gêne X sont très pertinentes et pourraient être très utiles à la science moderne et en particulier à la génétique comme vous vous en doutez. Seulement, le docteur Essex s'intéressait au gêne X comme d'autres s'intéressent à la cuisine orientale ou aux mécanises d'une montre. Agissant en bon scientifique, il a fini par oublier qu'il étudiait des êtres humains.

Léonard n'était pas aussi brillant et pas aussi tordu que M. Sinistre mais quand on étudie un domaine aussi infiniment complexe que la génétique, on peut très bien finir par devenir fou... fou dangereux même dans le cas d'Essex. "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" faisait remarquer Rabelais. Xavier ajouterait que Génétique sans éthique n'est que ruine de l'homme.

Je sais que vos intentions sont bonnes mais les dérives déshumanisantes sont possibles et elles sont le troisième plus gros danger pour mes élèves.

Le racisme, l'extrémisme et la déshumanisation étaient les trois dangers contre lesquels Charles Xavier luttait le plus activement.

J'ai besoin que vous me décriviez avec précision quels genres de travaux vous comptez mener... en vous rappelant bien sûr que je ne suis ni pour, ni contre vos activités pour l'instant. On peut être télépathe et avoir l'esprit ouvert.