Sur les traces de l’Histoire… (PV: Ghinzu) [TERMINE]

Cette semaine avait été particulièrement éprouvante pour le jeune David Haller. Bien que la Pessa’h avait toujours été sa période de l’année préférée, le jeune rabbin avait encore de la peine à suivre ses grands maîtres à travers les diverses célébrations de cette fête. Mais aujourd’hui, alors qu’elle battait son plein chez leurs frères chrétiens, les juifs eux voyaient la leur arriver une fois de plus à sa fin. C’’est la raison pour laquelle David s’octroyait quelques minutes de solitude avant de rejoindre ses frères du séminaire rabbinique. Il allait donc profiter de cette légère accalmie pour faire un tour en ville et effectuer quelques achats. Revêtu de ses habits traditionnels et ayant passé son manteau et son chapeau noir, il s’apprêtait à affronter un temps printanier particulièrement froid.

David appréciait de se retrouver dehors, il aimait se mêler à la foule et adresser un sourire à chacun des passants avant de poursuivre sa route. Bien que certaines personnes n’avaient pas un préavis positif par rapport à son apparence. Il existait un grand nombre de factions politiques d’extrême droite au Etats-Unis et il était rare que lorsque David croise l’un de ses antisémites, qu’il soit membre des skinheads, des néo-nazis ou encore du Ku Klux Klan, il puisse échapper à de virulentes insultes. Mais s’en préoccupait-il véritablement ? On ne pouvait en douter. Ces injures lui faisaient toujours énormément de mal. Les préjugés à l’égard de son peuple étaient sans doute conditionnés par un acharnement historique et médiatique, mais toujours est-il qu’ils semblaient croire dur comme fer aux imbécilités qui leurs étaient racontées et à la fin les juifs finissaient toujours par en payer le prix fort.

Assez curieusement, on voyait survenir à l’horizon des problèmes anti-mutant tout aussi grave que les problèmes antisémites. D’ailleurs, David nourrissait des craintes plus grandes à l’égard des ses frères mutants qu’à celui de ses frères juifs. Car si la plupart des personnes considérait désormais des sentiments mitigés pour les juifs, il n’allait pas de même pour les mutants que l’on traitait de « montres » ou de « Bêtes de foire » et contre lesquelles les mesures prises par les gouvernements étaient de plus en plus dures. Leur faudrait-il une extermination massive contre les mutants pour que les humains puissent comprendre jusqu’à quelle point leur intolérance pouvaient les mener ? Pourquoi étaient-ils incapables de retenir les leçons de l’Histoire ?

Tout en étant plongé dans ses pensées, David aperçut soudainement la petite libraire du coin de la rue qu’il avait repérée quelques jours auparavant. Certes la boutique ne payait pas de mine mais David avait entendu tout le bien du monde sur ce magasin ainsi que sur son propriétaire. Il avait déjà eu l’occasion de regarder les vieux livres exposés en vitrines et il était impatient de faire l’acquisition de quelques uns de ces trésors de la littérature. Il entra confiant et adressa un sourire chaleureux au libraire.

- Bonjour Monsieur Hopes ! Je suis ravi de constater que votre boutique n’est pas fermée en ce jour de fête. Il y a bien longtemps que je rêvais de venir dans votre si charmante librairie, mais j’avoue que mon emploi du temps ne m’en a guère laisser le loisir.

Inventaire quand tu nous tiens ! Daniel avait le nez dans les paperasses, toujours travaillant à son projet de clarification de ses actifs et de ses possessions afin d'en faire un tri. Il s'y était mis de bon matin car vers 16 h, James devait passer le chercher pour l'emmener "il verrait où". Le problème résidait dans le fait qu'avec James, il fallait toujours s'attendre à quelques difficultés. Il venait de finir de remplir une fiche signalétique d'un ouvrage de 18eme siècle lorsque la cloche retentit. Il leva le visage et reconnu d'emblée David Haller.
Il l'avait croisé une ou deux fois à l'institut et avait déjà échangé quelques propos avec lui. Il s'agissait d'un garçon posé et d'une maturité impressionnante, ce qui n'était pas pour déplaire à Daniel. Il posa son stylo quelques instants et d'abord remarqua sa tenue avant d'en conclure sur ce qu'il nommait "période de fête"

Bien le bonjour , Monsieur Haller ! ma boutique n'est ouverte qu'en fonction de mon emploi du temps, ce qui froisse généralement la clientèle..et comme je ne suis pas croyant, cela permet d'avoir plus de possibilité de m'y trouver ! J'espère que les célèbration de la Pessa'h ne vous ont pas éprouvées..vous aurez un peu de répit jusqu'au Shavuot...c'est déjà ca. Que me vaut le plaisir de vous voir aujourd'hui ?

Lorsque Daniel aborda la question de son emploi du temps surchargé, David ne put s’empêcher de sourire. Il n’avait abordé le libraire qu’en de très rares occasions jusqu’ici mais les quelques discussions qu’ils avaient entretenu avait suffit à faire comprendre à David qu’il s’agissait d’un mutant et en quel pouvoirs lui avaient été accordé. Daniel avait de la peine à gérer son emploi du temps surchargé ? Curieux pour un homme qui jouait avec cet outil oh combien précieux qu’était le temps… Lui faisant part de ses quelques réflexions personnelles, le jeune rabbin déclara alors

- Votre emploi eu temps est-il si surchargé que ça ? Je pensais pourtant que le temps était pour vous un allié précieux. Me serais-je trompé ?... Je suis très heureux d’apprendre que la Providence aura permis à nos routes de se croiser en ce jour si particulier.

David était en effet ravi de retrouver Daniel aujourd’hui. Cela lui permettrait non seulement de pouvoir se fournir les documents dont il avait besoin pour la fête qu’il se devait de préparer au plus vite, mais également de faire plus ample connaissance avec cet homme qu’il appréciait déjà. Il hocha la tête à sa dernière affirmation et ne put s’empêcher de lui faire remarque admirativement.

- Quel plaisir de voir que malgré votre manque de Foi vous n’en soyez pas pour autant dénuer d’une grande culture générale. Je vous remercie de vous en soucier… Il est vrai que les célébrations de la Pessa’h ne m’ont guère laissé de répit mais quelle plus belles fêtes que celles symbolisant la liberté de son peuple ?

A la question de Daniel, David sortit de sa poche une liste qu’il avait rédigée avec le plus grand soin et qu’il tendit au libraire.

- Si je suis venu vous voir aujourd’hui, c’est avec l’espoir que vous pourriez me fournir ces quelques ouvrages… La fête du Shavuot n’étant que la troisième fête du calendrier juif, il faut que le concentre mes efforts sur celle du « Yom a-Shoah », la fête de la commémoration de la Shoah qui aura lieu dans deux semaines à peine. Comme je me dois de rendre hommage à tous les acteurs de cette terrible tragédie, je souhaitais inaugurés cette cérémonie de manière tout à fait inédite. En éprouvant ma gratitude aux hommes et aux femmes qui bien que ne faisant pas partie des notre communauté, on tout fait pour protéger les juifs… Pensez-vous que vous pourrez me les procurer ?

HJ : J’en profite pour te donner les titres des livres au cas où tu en aurais besoin pour le RP
- Saul Friedländer : Kurt Gerstein ou l'ambiguïté du Bien
- Pierre Joffroy, L'espion de Dieu – La passion de Kurt Gerstein
- Amis des Juifs , Les résistants aux étoiles Cédric Gruat

Daniel sourit légèrement aux propos du jeune homme, il ferma son dossier d'archive et détendit son cou dans un craquement de nuque.

- Le temps...je l'ai tellement étudié, disséqué que je l'ai en horreur à présent.Plus sérieusement j'ai pris l'habitude d''utiliser très rarement mon pouvoir. Au début, c'était plus par principe, en effet je trouvais déjà cette vie passablement fatiguante et longue pour la voir défiler encore plus lentement. Depuis je préfère me laisser déborder au moins ca m'évite de me perdre sur des réflexions métaphysiques stériles et non constructives ou rabâcher toujours les mêmes noirceurs. Vous savez, nous autres les anciens, aimons la routine des habitudes.

Il fit le tour du comptoir pour s' y appuyer, puis sortit ses lunettes qu'il glissa sur son nez en souriant.

- Qui vous dit que je ne suis pas croyant ?

"Parfois il me semble rêver. A ma façon, j'ai aussi traversé la vie avec philosophie et j'ai une fois encore emprunté des sentiers familiers. Je suis peut-être déjà mort, il y a longtemps, dans une suffisance arrogante, et ce jour là j'ai prié pour une seconde chance avec une telle ferveur... que l'instinct d'une lumière nouvelle a transcendé la mort. La vie n'a pas été totalement obscurcie mais a parsemé ma route de débris qui se sont mués en lointains souvenirs. Comme aujourd'hui, où il me semble, une fois de plus, que j'ai à nouveau une chance d'atteindre mon but."

J'aimerai y croire...mais le temps martèle le cœur et acidifie les espoirs les plus doux, cher ami.

David lui exposa les raisons de sa visite, Daniel l'expression grave et professionnelle écoutait attentivement avant de poursuivre.

Saul Friedländer : Kurt Gerstein ou l'ambiguïté du Bien
- Pierre Joffroy, L'espion de Dieu – La passion de Kurt Gerstein..je les ai ici..le dernier ferait l'objet d'une commande.
C'est un noble but , le devoir de Mémoire.

Je..j'étais dans le Ghetto de Varsovie en 1943..j'ai vécu l'insurrection du 19 avril..j'ai sauvé ceux que j'ai pu...quel cauchemar que ce jour là, je ne rien oublié de ce que j'ai vu là bas, David, absolument rien...

D avid écouta avec attention les propos de Daniel et approuva d’un signe de tête. Il ne pouvait que comprendre que Daniel désire n’utiliser son pouvoir que très rarement. Le mutant était âgé de plus d’une centaine d’années et avait dû voir tant d’horreurs se dérouler au siècle dernier qu’il ne pouvait, comme il le disait si bien, qu’avoir le temps en horreur

- Il est vrai qu’il vaut parfois mieux laissé le temps au temps. Je me suis souvent dit que si le Seigneur avait tenu à limiter notre temps de vie sur Terre c’est qu’il devait avoir une bonne raison. Je peine à comprendre certains scientifiques qui tiennent tant à trouver une solution pour nous rendre immortel ou d’autres qui tentent la cryogénisation dans l’espoir de pouvoir connaître les merveilles du monde de demain. Je trouve cela tellement ridicule… Et pourtant, je dois bien avouer que s’il m’était donné de ne pouvoir garder qu’un seul de mes pouvoirs, je choisirais sans nul douter le voyage temporel.

Il regarda ensuite son interlocuteur le rejoindre et sourit au quelques propos de celui-ci

- J’ignorais qu’en plus de votre passion pour les livres vous en possédiez également une pour les séries de science-fiction. C’est une citation de l’agent Fox Mulder de X-files si je ne m’abuse… Pour répondre plus sérieusement, je peux facilement comprendre ce que vous ressentez. Vous avez vécu durant le siècle le plus troublés de notre ère. Tant d’exactions commises par les hommes, tant d’injustice sociale… il est parfois difficile de penser que le Très-Haut si aimant et si puissant n’ait pu arrêter les exactions commises contre l’Hmanité. J’ai moi-même eu mes moments de doutes durant mon enfance et mon adolescence. Fort heureusement, Dieu a placé sur ma route deux hommes exceptionnels qui m’ont aidé à raffermir ma Foi et dans ma fierté d’appartenir au peuple juif.

Daniel énuméra ensuite les différents titres de livres que David souhaitait commander et celui-ci fut heureux d’apprendre qu’au moins deux pourraient lui être fourni par le libraire. Lorsque Daniel évoqua le devoir de Mémoire David ne put s’empêcher de s’étendre sur le sujet

- Le devoir de Mémoire est, à mon humble avis, un devoir sacré qui nous a été confié pas l’Histoire et auquel chaque hommes, qu’ils soient juif ou non-juif, devraient accomplir avec le plus grand sérieux. Il existe encore dans ce monde des communautés opprimées parce que jugées différentes et donc menaçantes par les tenants du pouvoir. Il n’y a qu’à regarder la manière dont les mutants sont traités par notre gouvernement actuel pour s’en rendre compte. J’ai l’intime conviction que si tous les êtres humains comprenaient les conséquences gravissimes de la Shoah, la haine et l’intolérance ne seraient plus que de lointains souvenirs

Vous étiez présent lors de l’insurrection ? J’imagine la peine que vous avez dû ressentir à voir toutes les choses se produire sans que vous n’ayez pu les empêcher. Mon parrain était lui-même dans les ghettos de Varsovie. En brave garçon qu’il était, il s’est battu avec ses parents ce fameux jour avant d’être déporté à Treblinka, ses parents ont été brûlé vifs dans le ghetto, ce cauchemar l’a accompagné durant toute sa vie.

Daniel se déplaça vers les étalages tout en cherchant parmi ses étagères.

Vous voyagez dans le temps ? mon dieu quelle horreur...moi qui me pose déjà en victime dès que je ralentis...je ne suis pas le plus puissant chronopathe que j'ai rencontré entre nous. La plus effrayante que j'ai croisée est de mon sang...elle a survécu bien en dessous de la constante du mur de PlancK..une seule demi seconde de synchronisation avec son esprit à faillit me tuer et à causer à ma compagne des dommages terrifiants...elle est on ne sait où à présent, je sais qu'un jour ou l'autre elle refera son apparition..ses pouvoirs sont si puissant que je crains qu'elle puisse détruire le monde si elle le désirait..je n'ai jamais été plus..effrayé de ma vie que lorsqu'elle s'est dressée en face de moi

Il dégagea un livre en vérifiant le nom sur la tranche, sourit et le posa sur le comptoir.

C'est après avoir traversé les affres de la Seconde Guerre Mondiale que j'ai perdu ma foi en l'être humain...je ne pensais pas qu'on puisse s'évertuer à exceller autant dans la perversité de la noirceur de la Nature Humaine..Je suis né dans un siècle d'optimisme et d'arrogance inouïe : on croyait que la science ferait plier Dieu lui même et que notre ingéniosité nous permettrait de façonner le monde à l'image de l'Homme...le 20eme siècle nous a enseigné l'Humilité. Dieu nous a rappeler qu'il avait crée l'humain avec une part d'ombre qui pouvait le dévorer tout entier. Et c'est finalement l'aveuglement arrogant de l'humanisme optimiste et borné qui a débouché sur l'horreur et la barbarie. Le Monde Moderne au service du meurtre de masse.C'est là la plus grande découverte du Siècle défunt David.

Il trouva le second ouvrage qui vint rejoindre le premier sur bureau.

Et quoi maintenant ? Reproduire les mêmes erreurs du passé avec un nouveau bouc émissaire ? Le Mutant remplaçant l'arménien, le juif, le noir, le musulman...non David...il ne faut pas que celà se fasse et tant que je vivrais, je lutterai contre cela.

Il se tourna vers le jeune homme soudain extrêmement sérieux.

Ils n'attendent qu'un nouvel Hitler pour rouvrir Tremblinka, Dachau , Bukenval...et vous savez comme moi qui on parquera là bas ..n'est-ce pas ? Magneto veut l'empêcher par la violence, il ne fait qu'en précipiter l'ouverture. Ce qui nous faut c'est avant tout éduquer et faire comprendre.
Agissons dans le présent pour améliorer l'avenir et éviter les erreurs du passé.

Tout en restant pensif, David observa le libraire déplacé les livres sur les étagères. Ce qu’il avait affirmé tantôt n’était que le plus pur reflet de la réalité. Il tenait à ses voyages temporels et s’esquivait dans ce monde parallèle dès qu’il en avait l’occasion. Jamais il n’aurait souhaité le perdre qu’importe les horreurs qui se déroulaient devant ses yeux, elles étaient devenues sa raison de vivre et justifiait tout ce pour quoi le jeune mutant se battait.

- Vous savez toute ma vie je l’ai vécu à travers les témoignages de mes proches juifs. Bien que je puisse ressentir leurs douleurs à travers leurs histoires, je ne pouvais guère que m’imaginer ce que représentait l’horreur de vivre sous l’oppresseur allemand et dans les camps d’extermination… Mes voyages temporels m’ont permis de comprendre et de me donner une raison de me battre pour défendre les miens.

David s’intéressa ensuite à cette effrayante chronopathe dont Daniel parlait à l’instants et n’hésita pas à poser des questions sur le sujet à son interlocuteur.

- De votre sang vraiment ? Il est sans doute très difficile pour vous de vivre en conflit avec votre propre famille. Mais fort heureusement vous avez pu survivre à cette confrontation. Est-elle véritablement si dangereuse que cela ? Quels dégâts pourrait-elle provoquer sur l’Humanité si elle se déchaînait contre elle ?

Tout en feuilletant les premières pages du livre que Daniel avait posé sur le comptoir, il sourit à sa vision des choses.

- Il est déjà bon de savoir que vous possédiez, contrairement à moi, une certaine Foi en l’Humanité. Je n’ai jamais prêté une confiance absolue en l’Homme. Il n’est pas né parfait et ne le sera jamais… voilà pourquoi je pense qu’il est dangereux pour Dieu de prêter à ses enfants des pouvoirs tels que les nôtres. La bataille qui s’engagera un jour entre les humains et les mutants ne fera que précipiter le monde dans le Chaos… et je suis bien placé pour le savoir. Je m’accorde avec vous sur la théorie qu’il est dangereux de se comparer à Dieu… mais je ne comprends guère la raison qui le pousse à nous faire nous même douter de notre Infériorité.

David avait prononcé ses paroles sans véritablement prendre garde aux réactions de Daniel. La critique qu’il faisait des mutants était particulièrement dure et il lui semblait que ces propos auraient été plus ceux de Jack Wayne que des siens. La raison de son agacement tenait plus à sa non-compréhension du comportement et de l’arrogance des sbires de Magnéto qu’en une critique dirigée contre tout son peuple. Lorsque Daniel parla de Bouc Emissaire David demeura pensif et ce n’est que lorsque celui-ci parla d’union entre les humains et les mutants. David ne put alors s’empêcher de sourire et déclara.

- A vous entendre Daniel, il semblerait que vous soyez prêt à adopter les idéaux pacifique de mon père et à rejoindre nos rangs… ce à quoi je vous donne entièrement raison. Comme je vous le disais auparavant je pense qu’un conflit entre nos deux peuples ne ferait que précipiter le monde dans le Chaos. Nous ne devons pas attendre qu’un homme aux idéaux aussi radicaux que ceux d’Hilter prenne le pouvoir pour agir… Que cet homme soit dans le camps des humains ou de celui des mutants.

David écoutait attentivement la conversation de David. Un esprit éclairé et vif, c'etait toujours pertinent de partager son opinion avec quelqu'un qui savait voir au delà des choses "conventionnelles". La hauteur, c'est toujours une chose qui faisait défaut. Comme la méta cognition, un mécanisme identique de réflexion sur soi dans l'action. Celui qui se connait est celui qui se trompe, mais lorsqu'il voit qu'il se trompe : il apprend à se connaitre.

Les cimetières, mon ami, sont remplit de gens qui se croyaient invincibles : n'oublions pas que notre immortalité s'arrête lorsque l'on meure. Je partage votre opinion sur les dangers de "jouer" à Dieu et sur l'idiotie du comportement de certains de nos compatriotes à juger leur gène comme un gage de "supériorité". Ils ne valent pas mieux que ceux qui nous blâment.
Mais est-ce un défaut Mutant ? non je ne crois pas. A la base il s'agit uniquement d'une défaut "humain". Pour moi david le problème "mutant" est une bêtise. Il n'y a pas d'Humains et de Mutants. Il n'y a que des humains dont certains sont des mutants. Un esprit aussi éclairé que le votre saisira facilement cette nuance.

Mon choix est fait David. Je liquide une partie de mes actifs pour aider financièrement l'institut et je le rejoignerai d'ici la fin de cette semaine. Ma place est aux cotés de votre père, et je compte enfin la prendre...s'il veut de moi bien entendu.
Je suis loin d'être un innocent et j'ai beaucoup de morts sur la conscience, mais je change..comme tout le monde doit changer. j'ai choisi.

David était on ne peut plus d’accord avec Daniel. Le problème ne tenait pas à la mutation elle-même mais bien en son caractère humain. David acquiesça d’un signe de tête et sourit en entendant les explications de Daniel. Il appréciait énormément cette petite discussion, non seulement parce qu’elle leur permettait de partager leurs opinions sur chacun des thèmes qu’ils abordaient, mais également parce que Daniel possédait un esprit d’une intelligence remarquable et que les discussions philosophique avec ce genre de personnes étaient toujours très plaisantes. Lorsque le libraire eut terminé son argumentation sur la mutation David ajouta alors

- Je suis on ne peut plus d’accord avec vous Daniel. Il ne faut jamais généraliser les problèmes que l’on rencontre. Et je pense que la généralisation est un des problèmes humains des plus stupides et des plus cruels qui soient. Il est tellement plus facile de classer les peuples par catégorie plutôt que d’analyser au cas pas cas. La deuxième guerre mondiale en a été un parfait exemple. Un Juif avait eu la chance de faire des études et de devenir banquier… alors tous les autres membres de son peuple était forcément plus riche que les Allemands aryen ? Et il en va de même pour les mutants aujourd’hui. La confrérie provoque un attentat à New-York ? Alors tous les mutants sont forcément mauvais. C’est d’une sottise sans nom… Nous somme tous ici bas des filles et des fils de Dieu et nous devrions tous apprendre à mieux nous connaître et à nous apprécier. C’est le rôle des X-men que de faire prendre conscience de cette réalité à la population humaine.

David fut ensuite énormément surpris par la nouvelle que Daniel venait de lui apprendre. Il n’avait fait cette remarque que pour ajouter une certaine dose d’humour à leur conversation et jamais il n’aurait songé que Daniel était prêt à signer à L’Institut. C’est donc avec un large sourire que David déclara.

- Vous allez vraiment faire un don à l’Institut ? C’est on ne peut plus généreux de votre part Daniel. Soyez béni pour ce geste des plus altruistes… Je suis également très heureux d’apprendre votre venue à L’institut. Vous avez pris la bonne décision et je suis certain que nous saurons faire bon usage de vos conseils et de votre sagesse. Qu’importe vos actions passées Daniel, le plus important et que vous puissiez les reconnaître et vous racheter aux de l’Humanité comme à ceux de l’Eternel ! Soyez le bienvenu parmi nous Monsieur Hopes.

Daniel s'accouda au comptoir laissant son regard dériver vers la rue au dehors. L'activité du Bronx n'était pas des plus stimulantes, il n'avait plus vocation à rester ici plus que nécessaire puisque son addiction aux drogues était définitivement terminée.

C'est un nouveau départ, je vous remercie de votre accueil David. Il faudra encore que je trouve comment me rendre utile là bas, sincèrement je n'en ai aucune idée. Pourquoi pas enseigner un jour ? Peut-être un peu trop tôt pour l'heure et je suis un peu "éloigné" des préoccupations des jeunes de maintenant. Tout le monde a ses limites et heureusement !!
En tout cas j'ai hâte de rencontrer des "nouvelles têtes" comme on dit.
Il faudra aussi que je mette Ilianna au courant.

Son regard se posa sur l'écrin ouvert sur la bague de fiançailles qu'il venait d'acheter le matin même.

Ca et d'autres changements en perspective..
Vous savez David, ca pourrait vous paraitre déplacé comme propos mais puisque nous sommes "en famille" à présent, de vous à moi et malgré l'incertitude de cette époque si trouble...je pense que je n'ai jamais été aussi heureux de vivre.
Lorsque que j'ai perdu l'intégralité de ma famille , ma femme et ma fille sous les bombes allemandes en 1917...je ne pensais pas que celà puisse arriver.
Tout ca pour dire que même dans les heures les plus sombres de l'Histoire Humaine on arrive jamais à souffler la flamme de l'espoir. Qu'on en ai conscience ou pas, il survit...

Il avait dit ces mots sous le ton de la confidence, a force de rencontres et conversations avec David, il nourrissait une grande estime pour le jeune homme qui lui renvoyait souvent l'image du "modèle" de ce que son "peuple" devait devenir.

Un large sourire éclaira le visage de David lorsqu’il entendit les propos de Daniel. Le libraire semblait d’ores et déjà ravi de les rejoindre et les multiples plans qu’ils dévoilaient à David démontraient un véritable entrain. David se réjouissait vraiment que Daniel ait pris cette décision qu’importent les mauvaises actions qu’il avait fait auparavant.

- Il est vrai que d’enseigner à ces jeunes mutants n’est pas toujours très reposant, vous pouvez me croire. Non pas qu’ils soient turbulents mais il brille dans leurs yeux une telle soif d’apprendre et une telle énergie que l’on est rapidement dépassé par les questions qui nous sont posées… Je suis certain que trouveriez ça à votre convenance. Mais il n’est pas nécessaire pour vous de prendre une décision tout de suite. Prenez tout d’abord vos marques à l’Institut et vous verrez qu’avec le temps vous trouverez certainement une façon de vous rendre utile.

S uivant le regard de Daniel, il posa ses yeux sur l’écrin velouté posé sur son bureau. A la vue de ce superbe diamant David comprit tout de suite que les rumeurs qui s’étendaient à l’Institut concernant l’amourette entre le chronopathe et la petite sirène étaient fondées.

- Vous avez donc pris la décision de vous marier ? C’est une très belle façon de prendre un nouveau départ ! Que pourrais-je vous répondre si ce n’est Mazel Tov. Je vous souhaite à tous deux tout le bonheur du monde et espère que cette nouvelle vie vous apportera la paix et l’amour auquel vous aspirez… Vous savez je pense que bien des juifs rescapés des camps d’extermination partageaient votre opinion. Comment pouvoir espérer être heureux lorsque la plupart des membres de votre famille ont été exterminé et que les nazis vous ont privés de vos origines ? Et puis gentiment ils se sont reconstruits une vie. Certains se sont mariés, d’autres ont eu le bonheur d’avoir des enfants… Mon parrain, Daniel Shomron, m’a dit un jour que ma naissance était le beau présent que Dieu lui avait accordé. Mon existence était la preuve même que nous avions triompher des nazis et que rien sur Terre ne pourrait un jour éteindre le peuple et la Foi juive.

Daniel lui sourit de manière amicale. Il est de ces rares personnes dont la gentillesse forçait la sympathie dès les premières secondes. Autant il avait apprécié titiller Véga et le pousser dans ses derniers retranchements par malice, autant il aimait la délicatesse de David. Il nourrissait certaines ambitions pour l'Institut et élaborait certains projets pour appuyer Xavier et ses idéaux. il était cependant bien trop tôt pour en faire écho. Il croisa les bras sur sa poitrine avant de poursuivre.

J'aime beaucoup votre père, David, je me sens proche de lui sur le plan vision à long terme. Au fil de nos discussions d'une pertinence extraordinaire, j'ai entrevue la vision qu'il caressait et j'en suis séduit. Il a mis des couleurs sur ma vision monochrome. Nous différons sur certains points cependant. Je suis pour une approche moins idéaliste et plus pragmatique des choses.Je penses que notre rôle à nous autres les ainés et d'encadrer et de guider la jeune génération, et je suis persuader que c'est d'eux que viendra le salut de notre peuple. Il y a un temps pour chaque chose, un temps pour rêver et un temps pour agir. Gardons nous de nous laisser bercer par la beauté et le lyrisme du rêve car le réveil serait bien difficile.
Nous devons sauver des vies, le plus possible même si je sais que "qui sauve une vie sauve l'humanité", nous devons limiter la casse et ca passe forcément par la préparation.

Parfois..je me demande ce qu'en dirait Charles.. je ne crois pas à la rédemption, c'est mon plus grand défaut. Certaines personnes peuvent changer mais d'autres non. Il faudra bien trouver une solution pour celles là et je crains parfois que votre père se refuse à aborder cet épineux problème. Sa trop grande humanité pose les limites de son action.

Entendez bien mes propos David, je ne prônerai jamais la violence comme solution, ni comme moyen d'action. je hais d'enfer cette vision destructrice de Magnéto même si j'en comprend la nature pour avoir éprouvé les même blessures mentales que lui. Il me parait cependant juste de suivre cette ligne entre les deux extrêmes : ni trop, ni trop peu...vous comprenez ?

David fut ravi de trouver en Daniel une sorte d’alter-ego. Il partageait le même point de vue en matière de cohabitation entre humains et mutants et il était toujours agréable de trouver sur son chemin un camarade qui s’accordait à son opinion. Il savait au plus profond de lui que son interlocuteur apporterait beaucoup à l’Institut Xavier. Il espérait vraiment que, le jour où il aurait enfin la possibilité de partir pour livrer ses propres combats dans son pays d’origine, Daniel saurait le remplacer au sein des X-men afin de se battre pour leurs idéaux communs.

Lorsque Daniel lui parla de son père, un large sourire apparut sur les lèvres du jeune homme. L’admiration sincère qu’éprouvait David pour Charles n’était un secret pour personne. Depuis dix ans qu’il vivait à ses côtés, David faisait tout pour marcher fièrement sur ses traces et devenir un homme aussi sage et respectable que son père. Même si, tout comme Daniel, il ne s’accordait pas toujours à sa vision des choses, David ne pouvait qu’être admiratif devant la Foi inébranlable que Charles avait en l’Humanité et en sa capacité de rédemption. Souriant à la première partie du discours de Daniel, David le regarda en souriant

- Si vous saviez à quel point de vous comprends Daniel. Mon père est sans nul doute l’un des hommes les plus admirables que je connaisse. Sa sagesse et sa grande intelligence en font de lui un être d’exception. L’un de ces être qui même en ne faisant qu’une brève apparition dans l’Histoire de l’Humanité, y laisse à jamais une marque indélébile et la bouleversent durablement. Moi-même j’ai été très touché par sa vision du monde… et je voudrais tant parvenir à me convaincre moi-même de la bonté de l’Humanité… cela ferait sans doute de moi un meilleur rabbin… Mais je dois bien avouer que je ne partage pas entièrement son avis. Je prie chaque jour que Dieu fait pour que la paix dure aussi longtemps que possible, même si je ne me fais aucune illusion sur sa durabilité. Un jour où l’autre la guerre arrivera et ce jour là, nous devrons nous tenir prêts à riposter.

D’un second signe de tête, David acquiesça à la remarque de Daniel. Cependant, l’opinion que David se faisait d’Erik était beaucoup moins tranchée que celle qu’il avait de Charles. Bien sûr, il ne pouvait que réprimer l’usage de violence d’Erik mais comment aurait-il pu s’opposer totalement à lui ? Il comprenait les raisons qui avaient pu le pousser à agir ainsi. Après tout ce que le vieille homme voyait aujourd’hui en Charles n’était que ce qu’il voyait hier en Jakob. Etait-il seulement possible que Daniel des blessures mentales aussi traumatisantes que lui ? Même David ne pouvait se rendre compte de ce que cela représentait de vivre 2 ans à Auschwitz... et pourtant Gabrielle, Daniel, Erik et tous les autres rescapés lui en avaient parlé durant des années. David se tourna vers Daniel, un léger sourire triste aux lèvres

- Je comprends votre point de vue Daniel. Choisir une extrémité d’action n’est jamais une bonne chose… Pourtant, il m’arrive parfois de penser comme Magnéto. Si l’on avait voulu arrêter Hitler à l’époque ce n’est pas en 1934 que nous aurions dû agir mais bien avant qu’il ne prenne le pouvoir en Allemagne. Il est parfois difficile d’enrayer une machine déjà mise en marche depuis longtemps.

Daniel étouffa un rire entendu par malice, non pas qu'il trouvait les propos du jeune homme amusant mais qu'il savait exactement où sa réflexion voulait le mener. D'un voix douce il commença.

Avec des "si" on met Paris en bouteille, mon ami. Gardons nous de croire que l'Histoire et une science exacte. La plus grande arnaque de l'Humanité en vérité. C'est comme une peinture d'un Grand Maitre..par moment on lui prête toutes sortes d'intentions extraordinairement subversives ou de techniques pensées d'une façon inédites et géniales..la vérité n'est parfois que le fruit d'une envie inexplicable ou qu'une successions de hasards heureux. l'Histoire s'invente au fil des auteurs qui rivalisent de compétitivité et de connivence malhonnête. Comment voulez vous être objectif quand on juge des actions de l'Humain sur es critères humains avec une conscience humaine ? C'est impossible, seul Dieu pourrait juger.

Savez vous pourquoi on dit de quelqu'un qu'il est humain ? Parce qu'il se montre sans fars avec qualités ET défauts. L'histoire n'est qu'un fruit malheureux né de tout cela.

Après il reste les faits.

Il s'approcha de la fenêtre et avec après avoir regardé au dehors, un sourire se dessine en voyant un moustique luttant contre l'emprise d'une toile d'araignée.

Quel triste sort que cela doit être de terminer son existence comme nourriture..c'est ce que nous faisons tous pourtant. Mais mon coeur d'humain me hurle ma révolte que ce faible insecte meurt de cette façon cruelle, massacrée par plus fort que lui...surtout que l'araignée qui habite là est déjà repue..une mort idiote, presque dénuée de sens. Ma conscience s'insurge

Délicatement il dégagea le moustique de sa toile le présentant à David.

Aucun préjudice, l'araignée est nourrie : je libère l'opprimé.

Il lâcha l'insecte qui s'envola

Cependant....

D'un geste vif il déploya son pouvoir autour de sa main, bloquant dans le temps l'insecte. Il l'observa comme fasciné tout en commentant.

Imaginons que ce moustique soit porteur du germe du paludisme. Dans deux heures il piquera une enfant qui mourra dans 3 jours.

Il récupéra l'insecte et le remit dans sa toile d'origine.

J'ai voulu faire le bien en empêchant le mal, cependant comme je ne gardais à l'esprit que la possibilité du bien qui en découlerait, j'ai omis volontairement la possibilité d'un mal bien pire. J'ai joué à Dieu et j'ai perdu.

Il revint à son bureau en souriant à son invité.

Savez vous mon ami pourquoi nous sommes toujours en vie à l'heure ou je vous parle ? et bien parce qu'un peuple à largué une bombe atomique sur le japon a Hiroshima et Nagasaki le 6 et 9 aout 1945. Le mal absolue ! femmes et enfants carbonisés..pourtant, sans cet acte ignoble, nous aurions eu une troisième guerre mondiale avec l'URSS. Le spectre des destructions du japon à servit de garde fou à l'escalade nucléaire...qu'avons nous apprit ce jour là ?
Que le pire pouvait arrivé.

Je ne cautionne pas les actes d'Hitler, c'est un monstre...seulement le passé est le passé, c'est sur le présent que je veux agir pour un avenir plus radieux.

David regarda un instant son interlocuteur rire des propos qu’il venait de tenir. Il ne bougea pas d’un cil attendant que Daniel lui explique la raison de son hilarité. Tel le jeune élève qu’il était encore… Oui car il avait appris que même sa formation terminée on pouvait toujours apprendre les choses de la vie et ceux qui prétendaient tout connaître de celle-ci n’était que des prétentieux. Il écouta donc avec attention l’exposé de Daniel, pesa et sous-pesa ses propos, se tenant prêt à lui poser la moindre question qui lui viendrait en tête.

- Ce que vous dites-là ressemble fort au propos de mes maîtres du séminaire rabbinique. Il est très difficile de juger les actions des Hommes et bien orgueilleux serait celui qui prétendrait remplacer Dieu dans ses jugements. Le monde dirigé par les Hommes ne peut qu’être imparfait puisque l’Homme lui-même ne l’est pas. Les membres les plus sages et les plus justes de mon peuple pensent qu’il n’est pas nécessaire de juger les méchant et qu’il vaut mieux s’en remettre à la Justice divine… Mais le grand livre de la Sagesse juive lui semble réfuter cette théorie. Un des articles de cet ouvrage nous dit qu’il faut tuer les êtres qui nous ont fait du mal afin d’éviter qu’ils ne recommencent avec d’autres. On ne peut pas leur en vouloir d’avancer cette théorie. Je descends après tout d’un peuple qui a tellement souffert et qui souffre encore maintenant qu’il ne voit plus que la violence pour perdurer… Mais je m’écarte de notre sujet initial, pardonnez-moi.

David suivit ensuite du regard Daniel qui s’approcha de la fenêtre. Puis, levant son regard, il vit se débattre un pauvre moustique dans une toile d’araignée. Il écouta avec attention les propos de son interlocuteur. Après quelques instants de réflexions, David tenta de ressortir le message qui se cachait derrière la métaphore du moustique.

- En d’autres termes, vous voudriez dire que les choses sont comme ça parce qu’elles doivent l’être… Je partage votre point de vue à ce propos. Il est vrai que certaines bonnes actions que nous pouvons entreprendre nous mènent à des mauvaises actions d’autant plus violentes. L’Histoire nous en donne quelques exemples comme celui du jeune juif Herschel Grynszpan. Rendu furieux par la déportation de sa famille dans un camp polonais, il assassine quelques jours plus tard l’envoyé de presse d’Hitler Ernst vom Rath en visite à Paris. Dans son esprit il n’y avait rien de plus légitime que cet acte. Il souhaitait ainsi contribuer à arrêter les déportations des juifs vers la Pologne. Malheureusement il n’avait pas présagé que son acte pousserait Hitler à précipiter les choses et à enclencher deux jours plus tard le drame de la nuit de Cristal… Ce qui nous prouve bien que votre théorie se confirme dans les faits ! Mais de là à admettre la possibilité que six millions ont été assassinées parce qu’elles le devaient serait un peu poussé… C’est qu’affirment les néo-nazis en ressortant la thèse du complot international juif.

David regarda ensuite Daniel regagné son bureau et se rapprocha de lui. Daniel lui parla de la bombe atomique et de sa raison d’être. Il s’accordait avec lui sur cette théorie. Si ces bombes n’avaient pas été larguées sur Hiroshima et Nagasaki peut être que personnes ne subsisterait sur Terre aujourd’hui. Mais ses explications étaient sans doute ce qui faisait le plus mal à David lorsqu’il entendait parler de leçons de l’Histoire…

- Personnellement Daniel, je crains de ne pouvoir vous donner raison sur ce point. Bien que la tragédie de l’arme atomique nous ait donné un certain coup de frein en matière d’armement, nous ne pouvons généraliser ces cas. Comment expliqueriez-vous, mon ami, que quelques années seulement après la fin de la deuxième guerre mondiale, certains juifs ait encore été torturés et rejetés à cause de leur religion… Je pense pour ma part que l’Homme ne retient rien des leçons de l’Histoire. Il ne regarde pas dans le passé et ne cesse de commettre les mêmes erreurs que leurs pères. Il n’est peut être pas bon de vivre dans le passé, mais il nous faut nous nourrir de nos expériences passées pour améliorer notre vie d’aujourd’hui et de demain.

Daniel décroisa les bras et regarda au dehors, il garda le silence un long instant, puis il reporta son regard sur David.

C'est un peu le fond de ma pensée, dit avec un autre point de vue cependant. De vous à moi David, si un jour on en arrive à une solution extrème où la voix pacifique n'aura plus droit de parole. Je ne serais pas le dernier à précher dans le désert comme votre père et cela malgré l'admiration que je lui porte. Ce jour là, mon ami, je sortirai mes lames et plus d'un me suivra dans ma chute et dans la chute de mon peuple.
Très peu savent de quoi je suis capable quand je suis poussé dans mes derniers retranchements. Je ne laisserai pas les erreurs du passé se reproduire, je n'hésiterais pas un seul instant si il n'y a plus que cette alternative et je serai sans pitié.

Daniel parlait très rarement de ses zones d'ombre qui lui rongeait l'âme. Il était fait de douceur et de violence. cette noirceur tapie au plus profond de l'âme de la nature humaine dormait en lui comme à tout à chacun. Il avait plus d'une cinquantaine de morts à son actif, peut être même une centaine. Souvent ses démons venaient lui rappeler que quoiqu'il fasse ce passé ne s'effacerait jamais et qu'il resterait quoiqu'il en dise un "homme mauvais". Le chemin des remords lui était plus que familier.

Les quelques propos que venait de tenir Daniel plongèrent David dans une grande introspection. Jamais encore il n’avait entrevu la part d’ombre de son interlocuteur et cette étrange révélation lui fit l’effet d’un électrochoc. Il peinait à imaginer le chronopathe dans le rôle d’un tueur sans scrupule, lui qui aurait été prêt, comme le dit un dicton populaire, à lui donner le bon Dieu sans confession.

Il hésita un instant à l’interroger sur son passé. Sa curiosité le poussait à vouloir en savoir plus. De quoi était-il vraiment capable lorsque son entourage le poussait à bout ? Pourquoi craignait-il tant que ses actions passées ne puissent mériter la rédemption ? David décida d’en rester là avec ses interrogations. Leur relation n’était pas assez profonde pour qu’il puisse se permettre de tels écarts de discussion… Peut être qu’un jour il pourrait découvrir le fin mot de cette histoire, mais pour l’heure il préféra laisser Daniel décider ou non de s’ouvrir entièrement à lui.

Les mots qu’ils avaient prononcés étaient certes très durs, mais David ne pouvait que lui donner raison. Lui aussi était prêt à abandonner le clan des pacifistes pour se ranger dans celui des terroristes. Tout comme Erik, David vivait ronger par la peur que les exactions commises par les nazis à l’encontre des juifs soient demain répétées par les humains contre les mutants. Si tel était le cas, il n’hésiterait pas un instant à montrer qu’ils avaient tout autant le droit qu’eux de vivre sur cette Terre et que jamais ils n’accepteraient de courber l’échine devant eux. Après quelques instants de réflexions David lança dans un soupir.

- Si vous saviez à quel point je vous comprends Daniel. Si ce jour maudit devait arriver, je rejoindrais sans aucune hésitation le clan de ceux qui se battent contre les humains. Je ne tiens pas à ce que le peuple mutant connaissent le même sort que le peuple juif et je me battrais pour protéger les miens. Pour être tout à fait franc avec vous Daniel, il m’est déjà arrivé de songer à abandonner les X-men pour rejoindre la confrérie de Magnéto. Si vous saviez à quel point il est douloureux pour moi de songer à trahir mon père et les valeurs profondes du judaïsme pour m’abaisser à des actes de violence. J’espère tout du moins que je n’aurais jamais à me retrouver confronter à ce dilemme.

David sentait son cœur se serrer en se livrant à de telles confidences. Il savait qu’il pouvait parler à cœur ouvert à Daniel et que celui-ci garderait son secret mais que de douleurs dans les mots qu’il venait de prononcer. A cet instant, il entendit un ricanement raisonner à ses oreilles. Craignant qu’il ne s’agisse de celui de Daniel il le regarda et fut ravi de constater qu’il se trompait. C’est alors qu’une voix s’éleva dans sa tête.

*Allez David un peu de courage, avoue-le tu adorerais ça. C’est tellement hypocrite de ta part de vouloir le cacher alors que tu sais très bien que tu finiras par changer de camps. En tout cas je suis rassurée, je me disais qu’il y avait quelque chose de louche avec ce libraire. Tout en lui respire le sang et la mort. Essaie d’en savoir plus à ce sujet !*

Le Time tricker resta un instant silencieux comme s'il pesait chaque poids des mots que David venaient de prononcer. Il ne le jugeait pas, certes non, il connaissait si bien tous les chemins qui mènent aux doutes. Il se contenta de soupirer avant d'argumenter.

J'ai toujours éprouver un certain "plaisir" à la violence au corps à corps, c'est pour ca que je me bats avec des armes blanches et que l'on me surnomme parfois "Ghinzu". Je ne nierai jamais cette part de ténèbres que je peux mettre au service d'une cause...mais certainement pas celle de Magnéto. Certes, il n'a pas tord sur les points de vue qu'il défend, ce sont ses méthodes que je décrie. Je craints que sans le souhaiter il alimente un grand brasier de haine qui finira par nous consommer tous.
C'est un bien que vous éprouviez de tels doutes David, un homme qui renforce ses convictions puise la force de la faire au sein des doutes qu'il ressent. Je ne ressens pas de doutes sur le bien fondé de l'oeuvre de Charles..plus sur la méthode qu'il utilise en fait.
Je vous en reparlerai sans doute une autre fois car tout cela reste atrocement brumeux.
J'ai tué beaucoup, David, et encore dernièrement lorsqu'on a fait du mal à Ilianna. J'ai tué par vengeance et par colère et même par nécessite. Heureusement je n'en ai tiré aucun plaisir mais...
Mais peut être une excitation certaine lors du combat.
J'ai affronté un mutant sur les docks il y a trois moi...asiatique, teleporteur, invisibilité...un homme de guerre...quelle bataille , nous nous sommes quasi entretués et pourtant durant ces courts instants, je ne me suis jamais sentit aussi vivant.

La colère, mon ami, il semblerait que se soit mon péché.

David demeura quelque peu stupéfait par les propos de Daniel. Si le fait d’apprendre que son interlocuteur avait tué énormément de personnes était déjà un grand choc pour David, le fait qu’il en parle avec un tel détachement, par rapport aux crimes qu’il avait commis, rendaient la situation encore plus étrange. Toutefois, David se résolut à ne pas se sentir choqué devant ses quelques paroles. Il n’appartient pas l’Homme de juger des bonnes et mauvaises actions commises par leurs frères humains et le fait que Daniel espère la rédemption prouvait bien qu’il désirait payer sa dette à la société.

Après tout, le jeune mutant n’avait-il pas lui aussi des crimes dont il désirait ardemment se faire pardonner ? Le fait que les crimes de David aient été commis de manière inconsciente pouvait-il vraiment le rendre moins coupable que son aîné ? David sourit à ces quelques idées et tourna à l’adresse de Daniel un regard emplit de compassion et d’infinie bonté.

- Bien que les crimes que vous ayez pu commettre Daniel puissent être regrettable voir même tragiques, votre seul véritable crime est sans doute d’être trop humain pour pouvoir être parfait. Combien d’hommes ont-ils tout comme vous pu ressentir du plaisir à tuer pour des motifs semblables ? Chacun de nous a sa croix à porter et je ne puis pas être le premier à vous jeter la pierre. La colère est un sentiment qui m’a bien souvent habité et j’ai commis des crimes dans ma vie qui ne pourront peut être jamais m’être pardonner. Mais le fait que vous puissiez en parler avec un tel détachement prouve peut être que les années vous auront malgré tout appris la tempérance, même si elle n’est que minime… Peut être même finirez-vous par trouver un moyen de canaliser votre colère pour la rediriger vers des actions plus nobles.

Le flot de paroles que David venait de débiter pour encourager Daniel à suivre la bonne voie fit soudainement éclater de rire Fanya. Un rire qui poignarda la tête de David de centaines de coups de poignards et le déstabilisa un temps soit peu. S’appuyant légèrement sur le comptoir de Daniel, David ferma un instant les yeux pour entendre la remarque acerbe de Fanya.

*Cela ne te fatigue pas de toujours débiter de telles âneries David. Tu crois vraiment que Daniel pourrait ne serait-ce que croire un mot de toutes ses sornettes ? Tu ferais mieux de pouvoir l’approuver en tout point, sa colère pourrait un jour s’avérer bien utile pour servir nos desseins *

Daniel écoutait le discours de David. il était admirable de droiture et d'honnêteté. C'était une personne comme on n'en voyait plus. non seulement il forçait l'admiration mais ses conseils étaient judicieux et exposés avec clarté. Il ne faisait plus aucun doute dans l'esprit du Time tricker qu'un jour futur David Haller prendrait la suite de son père dans le long combat de tolérance et se présenterait comme guide de toute la communauté. Il ressentait beaucoup d'admiration pour lui et se fit la promesse à cette instant précis de le suivre et de l'épauler dans ses combats futurs pour un avenir plus serein.
Il baissa un instant les yeux et son visage reflétait une large introspection.

Je suis on ne peut plus humain David. Dans mon sang coule la même contradiction qui nous anime. J'envie ceux qui ne connaissent ni le doute, ni le fait d'être tiraillé entre deux comportements. J'ai soumis cette colère à une attitude pragmatique que j'affiche jour après jour. Je connais le monstre tapie au fond de mon âme pour l'avoir fait sortir au grand jour plus d'une fois. Je compose. En effet, mon ami, j'ai appris la tempérance mais parfois je crains qu'un rien pourrait me faire basculer dans la folie et ce jour là, je crois que je serais perdu. Comme ce fameux jour sur les docks ou j'ai joué ma vie contre ce mutant. Pour être sincère, je me fiche de la rédemption ou du pardon car je juge que ce que j'ai fais devait être fait. C'est juste que j'aimerai pouvoir me dire, au terme de ma vie, que tout ce que j'aurai pu endurer ne l'aura pas été pour rien. Ma vie me fatigue, je veux vivre pour les autres.

Daniel remarqua un trouble dans le comportement de son invité. Il cessa de parler et l'interrogea d'une voix posée et calme.

David ? Est-ce que ca va ? Vous êtes souffrant ?

La douleur que ressentit David l’immobilisa durant quelques instants. Appuyé sur le comptoir de Daniel, ne réagissant qu’à peine à l’inquiétude de son hôte, David voyait tournoyer les étalages de livres autour de lui. Il lui fallut plusieurs minutes pour récupérer de son malaise. Reprenant peu à peu ses esprits, il releva son visage en direction de Daniel, Le sourire aux lèvres, il espérait que cela suffirait à le rassurer.

- Je vais très bien rassurez-vous Daniel. Je suppose que mon malaise n’est dû qu’à la fatigue. Les heures que j’ai passé à préparer la célébration de la Pessa’h m’ont épuisée, une bonne nuit de sommeil et il n’y paraitra plus.

Ne désirant pas s’épancher sur le sujet, David tenta de se remémorer les dernières paroles de son interlocuteur. Afin d’appuyer son argumentation au sujet des doutes et des tentations, il se servit des enseignements de ses maîtres du séminaire.

- Personnellement Daniel, je doute qu’il y est un homme sur Terre qui n’ait pas dû au moins se poser devant un tel dilemme. En tant que croyants, nous pensons que Dieu se plait à nous mettre à l’épreuve tout au long de notre vie. Nous avons tous le choix de succomber ou non à la tentation mais y résister nous permet de grandir, d’évoluer dans le bon sens du terme. Malheureusement, la meilleure des solutions étant parfois la plus difficile, l’Homme se range bien trop souvent dans l’oisiveté et la paresse. Pourquoi essayer de comprendre cette communauté, se disent-il, exterminons-la et nous en rediscuterons par la suite… Cédez à la colère pour son propre plaisir et un péché tout aussi grave. Un ami m’a dit un jour que les belles victoires étaient celles que nous remportions face à nous-mêmes… Alors Trouvez la force que combattre ce monstre qui est en vous et vous verrez que vous aurez gagné beaucoup plus que lorsque vous utilisiez la violence pour résoudre vos problèmes.

A la fin de son argumentation, David lui adressa un large sourire. Bien que se demandant soi-même si ces paroles n’étaient pas trop idéalistes, il espérait que Daniel puisse en tirer une leçon qui l’encouragerait à se battre contre lui-même. Tout comme elles avaient su lui apporter du réconfort devant l’épreuve. Bien que n’ayant rencontré Daniel que le jour-même, il l’appréciait déjà véritablement comme un ami. Il espérait véritablement voir Daniel heureux et se promettait d’ores et déjà de demeurer à ses côtés chaque fois qu’il en sentirait le besoin.

Soudainement il porta une attention particulière sur sa montre. Le temps filait à une vitesse inimaginable, et il était bientôt temps pour David de rejoindre son ordre. Dans un sourire il adressa ses paroles d’adieu à Daniel.

- Sur ce Monsieur Hopes, il va falloir que je vous laisse. Mon enseignement va bientôt commencer et le Rabbi Bubenstein va commencer à s’inquiéter de mon absence. J’ai été ravi de faire votre connaissance et j’espère que j’aurais bientôt l’occasion de vous revoir à l’Institut.

Toute réjouie qu’elle était à l’idée de se servir de Daniel comme de pion sur son échiquier, Fanya ne pu s’empêcher de rajouter.

*Nous nous réjouissons de voir revoir Monsieur Hopes. Peut être pourriez-vous finir par conditionné ce brave David et le pousser à marcher sur ses pas qui sait.*

Daniel restait dubitatif, le malaise du jeune homme semblait passé mais il se fit la réflexion étrange que David était d'une droiture extraordinaire et dangereuse. Aucune faille, aucune faiblesse. Le roseau le plus solide et celui qui peut plier lors d'un ouragan, le plus droit se brisera comme un fétu de paille sous les assauts dévastateurs du vent. Trop rigueur crée la faiblesse. Soit David Haller cachait ses faiblesse sous son masque d'une admirable solidité, soit tout n'était qu'apparences. En tout cas il se refusait à penser que le jeune homme ne puisse avoir aucune faiblesse tangible à part des divergences de point de vue.
Daniel esquissa un demi sourire énigmatique et lui tendit ses ouvrages .

Bien David, je fais le nécessaire pour vous commander le livre manquant, surtout tachez de vous ménager, Dieu je suppose préfère les âme alertes dans les corps sains. Vous m'excuserez, quelques citations latines me viennent à l'esprit concernant le sujet, mais je préfère les réserver à l'attention de Mademoiselle Amara Aquilla.
Bon retour David et prenez soin de vous.

» Soit [PV Ghinzu]