Un nouveau départ... [Libre] [Terminé]

Je commençai à prendre beaucoup de plaisir à cette conversation qui était partie désormais sur le ton de la moquerie. Les échanges de sourire à laquelle elle contribuait m'avait rendu ma bonne humeur en quelques secondes, laissant mon sombre passé dans une parenthèse. Ce monde que je redécouvrais d'un oeil nouveau me semblait beaucoup plus beau quand je me rendis compte qu'il y a quelques minutes encore, les deux professeurs qui riaient et souriaent avec moi étaient des étrangers.

Devant mon mal-être sur mes pouvoirs David sut de nouveau trouver les mots justes pour me réconforter tout en justifiant la véritable visée de ses dires. J'eus un sursaut de surprise quand il m'annonca la raison pour laquelle il m'avait fait cet avertissement.

- Il ne te sera formellement interdit d’utiliser tes pouvoirs pour faire la fière devant tes amis ou plus grave que tout, t’en servir dans un duel contre l’un de tes camarades lors d’une dispute.

Je me demandai comment on pouvait être bête au point de se mettre en avant en utilisant ses pouvoirs. La dangerosité de la chose me fit frissoner et je réalisai que je n'avais jamais réellement pensé à mes pouvoirs en tant qu'armes... Bon, sauf peut être dans un combat mortel contre un dangereux criminel...

Puis, suite à mon exclamation, Daniel se pencha vers moi avec ce petit sourire en coin qui annonçait l'arrivée de crêpes... Ou plutôt, d'une nouvelle boutade dont il avait le secret. Après son explication, je ne pus m'empêcher d'imaginer le jeune professeur avec un dentier ou une canne. Ces images superposées l'une à l'autre, je lachai un léger rire qui se transforma en véritable fou rire lorsqu'il ajouta qu'il avait 17 ans. Sur le plan mental, c'était sûr et certain, il ne pouvait guère avoir plus ! J'eus du mal à respirer tant je riai. Cependant, lorsque je parvins à me calmer, j'écoutai la dernière phrase de ce très (mais alors trèèès) jeune professeur et souris de nouveau à son clin d'oeil. J'eus alors la drôle d'impression d'être avec des membres de ma famille.

Je me tournai alors à mon tour vers David. Avant qu'il ne réponde, je réussis tout de même à placer une petite phrase :

- Vous voilà seul avec deux ados. Il faudra peut être penser à enseigner la modestie à mon collègue francophone !

Je souris encore une fois au jeune homme avant d'écouter sa réponse.

Un bref sursaut secoua Enora, lorsque David lui fit part de cette réflexion. Ce n’était qu’un mouvement à peine perceptible, mais le jeune garçon le comprit immédiatement. Il n’était d’ailleurs pas nécessaire pour David de pénétrer son esprit afin d’en connaître la raison. Après tout, elle était encore loin de tout savoir sur le conflit entre humains et mutants qui secouait le monde depuis déjà plusieurs années. David ne put s’empêcher de s’interroger sur le problème des anti-mutants sur le vieux continent. Que s’avaient-ils exactement de la mutation ? Existait-il en Europe des terroristes mutants aussi dangereux qu’ici ? Que savaient les Français des agissements de la confrérie et des autres groupes pro-mutants ? David ne put s’empêcher d’interroger Enora sur le sujet. Puisqu’il ne désirait guère l’effrayer, il se contenterait de l’interroger sur sa culture générale en la matière.

- Dis-moi Enora, depuis ton arrivée ici, je ne cesse de me poser une question. Que savais-tu exactement sur les mutants avant ton arrivée ici ?

David avait lancé cette question sur un ton des plus innocents. Son but n’était après tout que d’obtenir quelques petits éléments de réponses. Il se pencherait plus sérieusement sur cette question à un autre moment.

David aperçut ensuite Daniel se pencher à l’oreille d’Enora pour lui offrir une tirade des plus savoureuses. Imaginé le Time Tricker portant un dentier ou se baladant dans les couloirs de l’Institut avec son fidèle déambulateur, provoqua chez le rabbin un immense four rire qui ne s’arrêta qu’après quelques minutes. Il adressa ensuite un clin d’œil à la jeune fille qui lui offrit sa première pique, lancée avec beaucoup de panache.

- Et bien, en ce cas Mademoiselle Lacourt, il me paraitrait judicieux de vous garder à l’œil tout les deux. Mais malheureusement ma chère, je me vois obliger de décliner votre proposition. A son âge, il n’est certes plus possible de lui enseigner la modestie. Je me contenterais donc de le supporter tel qu’il est condamné à rester, pleins d’orgueil et de fausse modestie.

Soudain, l’estomac de David se mit à le tirailler de tous côtés. Se souvenant soudainement qu’il n’avait pas encore prit son petit-déjeuner, il lança à Enora un regard interrogateur.

- Mais pardonne-nous Enora, nous manquons à tous nos devoirs. Tu viens d’effectuer un très long voyage et je suppose que tu dois littéralement mourir de faim. Que dirais-tu d’un petit déjeuner copieux ? Mon cher Daniel a beau avoir la langue bien pendue, il sait faire d’excellentes crêpes.

Il avait lancé cette exclamation sans même interroger Daniel au préalable est espérait vivement qu’il saurait lui pardonner son audace. Cela n’empêcha Fanya d’éclater soudainement de rire, ce qui ne manqua pas de provoquer un certain déséquilibre chez son hôte avant d’ajouter.

*Mais ce que tu peux être cruel avec lui David. Remarque je te félicite enfin une certaine prise de position de ta part. On arrivera certainement à faire quelque chose de toi en fin de compte *

Daniel laissa échapper un rire léger tout en remettant ses lunettes. Il se pencha sur la jeune fille et lui adressa un sourire carnassier.

Mademoiselle Lacourt, ais-je révé ou venez-vous ouvertement de vous moquer de votre professeur de citoyenneté ?
Quelle genre de punition peut mériter un tel comportement...hummm...la sanction devrait-être exemplaire , il pourrait y avoir effet de contagion auprès des autres élèves...c'est que je tiens à ce que chacun m'admire pour mon charisme si magnifique et éblouissant...tu ne voudrais pas entacher le beau charisme de ton professeur, j'en suis sur déjà, préféré : non ? hummmm ?

David proposa un petit déjeuné, hors Ilianna l'attendait déjà de son coté pour partager leur festin matinal. Il afficha une moue contrariée.

Désolé David, j'ai déjà prit mes disposition pour déjeuner, je ne pensais faire une aussi charmante rencontre...il faudra donc que vous m'excusiez tous deux...Pour me faire pardonner Enora, je vous conduirai moi même à votre chambre lorsque j'en aurai terminé avec mes obligations. Je vous donnerai à cette occasion les détails complémentaires pour finaliser votre intégration.

Il salua David et adressa à Erona un dernier message délivré en Français.

Vous m'avez fait forte impression Enora, j'aimerai vous voir à mes cours et en tant que compatriote, je serai particulièrement à votre écoute au moindre problème...vous pouvez compter sur ma présence à vos cotés.

Il lui adressa un clin d'oeil avant de quitter les lieux.

Spoiler:

La question de David ne me bouleversa guère. Je savais qu'à un moment où un autre, on allait me demander ce genre de chose. Cependant, mes pensées eurent plus de mal à se mettre en ordre que prévu sans que je ne sache réellement pourquoi. Cette question qui me parraissait facile me posa pourtant quelques difficultés car je ne voulais pas tomber à côté. Je pris cependant mon courage à deux mains et me lançai :

- Eh bien... je sais ce qu'on nous en dit aux infos en France. C'est-à-dire que pour certains humains comme mutants, une guerre est imminante et incontournable. C'est du moins ce que l'on peut en comprendre lorsqu'on entends ces gens parler. ils voilent leurs discours mais c'est facile de lire entre les lignes. Tout ce qu'iil désirent, c'est l'éradication de l'espèce opposée et qui finallement leur fait peur. je pensais que nous devions obligatoirement choisir un de ces deux camps jusqu'au jour où je suis tombée sur un débat sur les mutants dans lequel est intervenu Charles Xavier. Là, j'ai compris qu'il était dans le vrai et que les "clans" que l'on nous montraient été... poussés à l'extrème.

Je repris mon souffle et scrutai le visage neutre de David. Je dus cependant me résoudre à le laisser là dessus car le professeur Hopes vint prendre sa revanche sur ma petite réplique. Je souris de plus belle lorsque je l'entendis me menacer d'une sanction des plus exemplaires qu'il soit. Apparement, ce cher monsieur n'avait pas l'habitude d'avoir quelqu'un en face de lui différent de David, ayant le même genre d'humour que lui et surtout, osant l'utiliser. Je laissai échapper un rire léger lorsque je l'entendis signaler qu'il devait déjà être mon professeur préféré. Étant français, il partait déjà avec une bonne longueur d'avance mais la conversation que nous venions d'avoir m'avait montré que c'était réellement un homme charmant et que je ne me lasserais pas de sitôt d'assister à ses cours et de passer du temps à le taquiner.

Si David n'en avait pas fait lui même la remarque, ma faim aurait pu passer inaperçue encore un bon moment. Mais maintenant qu'il le disait, je me rendis compte que je n'avais pas manger depuis le déjeuner de la veille. Si Daniel se déroba en me promettant toutefois de me faire découvrir lui même ma chambre, je comptai bien ne plus m'arrêter de parler. Je lançai à David un sourire rayonnant.

- Je serais ravie de partager ce petit déjeuner avec vous, monsieur Haller.

Je jetai un regard sur ma valise qui était restée à mes côtés durant toute la discussion, me demandant si je devais la prendre ou non.

David goûtait chaque parole de la jeune mutantes avec grand plaisir, comme s’il portait déjà à sa bouche une délicieuse tasse de chocolat chaud. La faim commençait à s’emparer de lui, c’était incontestable mais connaître l’avis de la jeune fille sur la question mutante, surpassait tous les besoins superficiels qu’il avait à satisfaire. C’est vrai qu’il aurait dû s’en douter depuis longtemps. Si l’intolérance de leurs compatriotes ne les poussait pas à s’enfuir de chez eux, l’Institut Xavier ne compterait pas en son sein autant d’élèves étrangers. David sourit aux propos très avisés de cette jeune fille. Enora était sans nul doute une adolescente très intelligente et le professeur songeait déjà qu’il aurait beaucoup de plaisir à converser avec elle dans l’avenir. Désireux de lui faire part de son admiration, il hocha la tête et lui répondit

- Tu es une jeune fille pleine de bon sens Enora. Tu as déjà saisis l’essence même des conflits entre humains et mutant et c’est une chose rare chez une nouvelle élève. La peur Enora est un sentiment très puissants qui paralyse jusqu’au pouvoir de réflexion du peuple. Créer un sentiment de panique parmi la population humaine permet aux dirigeants de les manipuler à leur guise et à bouleverser jusqu’à leur conviction des plus profondes. Voilà pourquoi il est essentiel de faire comprendre aux humains que nous ne sommes pas leurs ennemis et que notre seule volonté est de vivre en paix parmi eux… Mais tu auras bien de le temps d’apprendre tout cela durant ta formation ici.

Ne désirant pas pousser plus loin cette conversation, il se tourna vers Daniel qui déclina gentiment son offre. Toutefois, il se proposait d’ores et déjà d’accompagner la jeune mutante jusqu’à sa chambre lorsqu’il en aurait fini avec ses obligations. Enora en était fort heureuse. Elle semblait déjà avoir adopté ce cher professeur Hopes qu’elle comptait déjà parmi ses professeurs favoris.

Un curieux phénomène se produisit dans l’esprit de David lorsque celui-ci pardonna l’absence de son collègue. Fanya, qui jusqu’alors ne s’était contentée que d’observer la scène en glissant quelques petites remarque, prit soudainement possession du corps de David. Que Daniel refuse de préparer le petit-déjeuner était une chose, mais partir sans même emporter les valises de la petite était un crime qu’elle estimait impardonnable.

Se téléportant jusqu’à lui, il lui posa une main sur l’épaule. Lui faisant volte-face, il laissa tomber sa main sur son épaule et en une petite moue le supplia dans un râle.

- Dani tu voudrais bien être un amour et transporter la valise de Mademoiselle Lacourt jusqu’à sa chambre?

David ne lui laissant guère le temps de répondre, glissa la valise dans les mains su Time Tricker et téléporta à nouveau jusqu’à Enora.

- Très bien Mademoiselle Lacourt, maintenant que la question de vos bagages est réglée nous pouvons nous rendre à la cuisine… A défaut de savoir préparer de bonnes crêpes je me contenterais de vous préparer une spécialité sucrée juive dont vous me direz des nouvelles.

Sur ce, le professeur et l’élève se dirigèrent vers les cuisine de l’Institut. David allait enfin pouvoir manger et profiter pour faire plus amples connaissance avec la charmante Enora Lacourt.

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