Il était encore très tôt lorsque le taxi s’arrêta devant l’imposant manoir de Xavier. Toute engourdie par le long voyage de que je venais d’effectuer, je sortis du véhicule est adressa un sourire aimable au chauffeur de taxi. C’est que le conducteur s’était révélé particulièrement efficace tout au long de la route. Ne parlant que très peu et toujours à bon escient, il avait respecté mon intimité et n’avait guère pris le risque de briser mes réflexions. Avait-il donc compris que je n’appréciais guère de déballer ma vie privée devant un inconnu ? Je n’aurais su répondre à cette question mais appréciais énormément son attitude Lorsqu’il sortit du taxi pour m’amener mes bagages, je lui glissais subtilement quelques billets supplémentaires dans la main en guise de remerciements.
Après m’avoir retourné mon sourire, il me souhaita une bonne journée et saut immédiatement dans son taxi, me laissant seul devant les grilles de fer forgés. En observant le manoir baigné par les rayons chaleureux du soleil, je ne puis m’empêcher de sourire. J’étais enfin de retour chez moi et cette pensée m’emplissait de bonheur. Je me réjouissais déjà à l’idée de revoir mes amis, professeurs et élèves de l’Institut Xavier et de découvrir également de nouveaux visages. Le va et vient était incessant à l’intérieur de ces murs et je n’osais imaginer à quel point le paysage social avait pu changer en six mois… Mais par-dessus tout, il me tardait de flâner à nouveau dans les jardins luxuriants que j’appréciais tant. Les fuchsias et les roses, les pavots et les hibiscus venaient de s’ouvrir en milles éclats de senteurs et de couleurs et le décor devait certainement être à coupé le souffle.
Songeant que personne ne serait encore levé à cette heure, je pris la peine de m’inviter seule chez moi. Un seule geste me suffit à ouvrir les grilles et je pénétrais en ces terres qui j’avais si souvent. Je refermais ensuite la grille un sourire satisfait aux lèvres. Si ce geste ne nécessitait de ma part qu’une brève concentration, il n’en était pas de même six mois auparavant. Lorsque je perdis mes pouvoirs, il me semblait que tous mes espoirs s’étaient envolés avec eux… Mon avenir me tournait le dos et je partais à la dérive comme une brindille emportée par le large. Si ma famille n’était pas miraculeusement intervenue en ces heures difficiles, qui sait ce qui aurait bien pu advenir de moi.
Ils m’avaient tendu la main sans rien attendre en retour. M’entourant d’amour et de tendresse, ils avaient su m’apporter un tel soutien et un tel courage que mon entreprise n’avait pu que réussir. Nourrie d’une force intérieure et d’une sagesse infinie, je me sentais prête à affronter chaque obstacle qui se dresserait en travers de la route… et pourtant je m’étais comportée comme la plus parfaite des imbéciles. J’avais beau être revenue ici avec la bénédiction de mon père, je ne pouvais m’empêcher de culpabiliser. Quelle sorte de fille pouvais-je bien être pour exprimer ma gratitude de manière aussi désolante ? Ma place n’était-elle pas près de ma famille à l’intérieur de la confrérie ?
Il était désormais trop tard pour revenir sur ma décision et je n’avais plus qu’à espérer que ma famille ne m’en tiendrait pas trop rigueur… Parvenue dans le hall d’entrée je regardais les environs de part et d’autres et osa d’une voix des plus discrète.
- Est-ce qu’il y a quelqu’un ?
M’attendant à ce que personne ne me réponde, je fus très surprise d’entendre une voix inconnue surgir derrière moi.