La grandeur d'un jeune atypique (Fatale)

Ce soir-là, le New-York State Opera n'avait pas autant de succès que d'habitude. Même si l'opéra n'était plus un loisir très à la mode, il fallait dire que la représentation de Rienzi ne faisait pas l'unanimité. La salle ne contenait que des personnes assez âgées pour la plupart, ayant plus de culture que le commun des mortel. C'est ce cadre pour le moins élitiste qu'avait choisi le docteur Krauze pour son rendez-vous. D'une beauté froide, majestueuse du haut de son mètre quatre-vingt, elle était vêtue d'une longue robe d'un rouge de sang, faisant ressortir la pâleur de ses épaules nues. Sortant de sa sacoche sa montre à gousset, elle vit qu'il était l'heure. Se levant de son siège, elle se dirigea vers la sortie de la salle. Elle adorait Rienzi, mais un rendez-vous tel que celui qui avait été mis au point quelques jours plus tôt ne se manquait pas, quitte à rater tous les opéras de Wagner joués cette année.
Elle disparut par l'entrebâillement de la porte, sa robe de velours flottant derrière elle comme un halo sanguin. Ce soir, elle devait rencontrer une personne de la fameuse Confrérie des mutants. Le résultat de cette entrevue aurait une grande influence sur les travaux de la scientifique. Si elle parvenait à rallier les confréristes à sa cause, elle disposerait de moyens plus importants, peut-être même aussi importants que ceux qu'elle avait pendant la guerre. Ses plans étant basés sur la suprématie de l'espèce mutante, elle espérait réussir à gagner le soutien de Magnéto.
Se plantant au milieu du grand hall, elle attendit. On ne lui avait pas dit à quoi ressemblerait la personne qu'elle devait rencontrer. Mais il ne faisait aucun doute que les deux femmes se reconnaîtraient au premier regard.

Son informateur l'avait supplié, tanné, harcelé jusqu'à ce qu'enfin Fatale finisse par dire oui. Elle n'avait pas été facile à convaincre, il avait fallu trouver les bons arguments. Surtout en ce moment elle avait un emploi du temps extrêmement chargé, la perspective de perdre son temps ne l'enchantait guère. Ce n'était pas dans ces habitudes de céder aux attentes d'une inconnue, mais soit disant l'affaire en valait le jeu. Cette rencontre devait être à la hauteur de ses espérances sinon il y aurait un bain de sang et ce ne serait pas le sien. Elle n'aimait pas qu'on lui impose sa loi alors qu'on l'oblige à se rendre elle-même à un rendez-vous il fallait vraiment que ce soit d'une extrême importance. Elle avait bien pensé pendant un temps envoyé un de ses sous-fifres. Après tout qui aurait pu dire si c'était elle ou pas, personne n'était capable de la reconnaitre, mais au vu des dire de son informateur, il fallait mieux que ce soit un dirigeant de la confrérie qui traite cette affaire. Elle s'était donc résignée, surtout quand elle avait découvert le lieu du rendez-vous.
L'opéra, c'était surement le dernier endroit qu'elle aurait donné pour parler business. Enfin cela changeait des endroits glauques habituels. Un peu de luxe et de raffinement pour une fois ne pouvait pas lui faire de mal.
Au moins Fatale pouvait se noyer dans la masse, même si ce soir il n'y avait pas foule. Il y avait longtemps que Fatale n'avait pas pris cette apparence. Elle aimait pouvoir se dissimuler aux yeux de tous sans que nul ne se doute un instant à qui il avait réellement affaire. Elle avait pris l'aspect d'une rombière blonde âgé d'une cinquantaine d'année, forte élégante pour son âge. Ses cheveux étaient tirés et très joliment âpreté. Elle arborait une tenue de gala d'un blanc immaculé, elle avait un long manteau blanc fait de plume. Elle ne dépareillait absolument pas avec la haute société habitué à ses lieux. Bien au contraire elle s'y était mêlé avec beaucoup de subtilité et elle avait dupé son monde avant que les lustres ne clignotent pour indiquer que la représentation allait commencer.
Elle s'était procurée des places dans une loge privé pour ne pas à avoir à côtoyer le commun des mortels. Il ne fallait pas trop lui en demander. Elle avait fait semblant de intéresser un minimum, au cas ou, même si au bout du premier quart d'heure elle avait cru mourir d'ennui.
C'est donc avec un profond soulagement que Fatale vit arriver l'heure de la rencontre.

Quand elle débarqua dans le hall ce dernier était désert, il n'y avait qu'une seule personne qui attendait là. Il n'était pas compliqué de comprendre que c'était son contact. Elle prit le temps de la détailler rapidement. Tout en descendant les marches du grand escalier avec beaucoup de classe. Il était difficile d'imaginer que sous cette apparence de bourgeoise de bonne famille se cachait une des tueuses les plus redoutables de la planète dont la tête était mise à prix. D'une voix très pompeuse.

"Très chère amie, vous ici!"

Tout en s'approchant de Gretchen comme si elle connaissait cette dernière depuis toujours. Fatale donnait surtout le change pour le personnel de l'opéra qui trainait de part et d'autre, ou qui pouvait débarquer d'un instant à l'autre.

"Ils sont en train d'assassiner Wagner n'est il pas?"

Elle se trouvait maintenant juste en face de Gretchen. Elle affichait un air très maniéré.

(hrj: Pour te faire une idée voila à quoi ressemble Fatale pour votre rencontre)

Spoiler:

Gretchen vit soudain arriver le phénomène, dans un nuage de plumes, alourdi par trop de bijoux fantaisistes, agitant les mains de façon très maniérée et parlant d'un ton qui ne l'était pas moins.

"Très chère amie, vous ici!"

Cette femme représentait une grande partie de ce que Gretchen s'était toujours refusée à devenir : une rombière exentrique avec plus d'argent que de goût. L'allemande se serait sauvée si elle n'avait pas reconnu en cette femme la personne qu'elle devait rencontrer. Elle se surprit tout de même à souhaiter que ces oripeaux de bourgeoise pompeuse n'étaient qu'un déguisement.

"Ils sont en train d'assassiner Wagner n'est il pas?"

Heureusement, Gretchen était suffisament charismatique pour dissimuler son dégoût sous le masque de la plus exquise des politesses.

"Oh, ne soyez pas trop sévère. Ce jeune acteur qui interprète le rôle de Rienzi n'est pas si mauvais. Il devrait revoir quelques détails dans sa technique, mais ce n'est pas irréparable."

Le hall étant pratiquement désert, Gretchen redevint sérieuse et parla à voix basse.

"Vous êtes Fatale, n'est-ce pas ? Doktor Krauze. C'est moi qui ai négocié notre entrevue avec votre informateur. Je dois vous entretenir de choses sérieuses."

Elle tira de sa pochette une poignée de photograpies noir et blanc un peu jaunies par le temps et les tendit à Fatale. Sur la première, on voyait un homme moustachu en uniforme dressé sur une estrade occupé visiblement à faire un discours énergique. Et en arrière, plan, au milieu d'une brochette de généraux, on pouvait aperçevoir Gretchen en uniforme noir. L'inscription au crayon au dos de la photo indiquait "Berlin 1943". Sur la deuxième, on voyait une demi-douzaine d'hommes et de femmes en blouse blanche au milieu de ce qui ressemblait au laboratoire de Frankenstein, et parmi eux, Gretchen. Et enfin, sur la troisième, on pouvait voir Gtretchen, dans son uniforme SS, dans un camp de prisonniers, en train de procéder à une sélection parmi des prisonniers de guerre américains.

"Je sers la science depuis de très nombreuses années, et une seule chose m'a toujours intéressé depuis : l'évolution. D'où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Quelle est notre utilité en ce monde ? Et qu'y aura-t-il après nous ? J'ai bien entendu parler des idéaux de votre chef, Magneto, et je dois dire que cela correspond plutôt bien avec les conclusions auxquelles je suis parvenue. Les humains, des créatures qui croient que le monde leur appartient, mais qui sont démodés, dépassés. Ils sont appellés à s'éteindre d'ici quelques générations pour laisser la place aux mutants, mais continuent à penser que nous ne sommes que des anomalies et qu'eux sont l'avenir. Mais il ne peut y avoir deux espèces supérieures en un même monde. Les humains ont fait leur temps."

Dans un premier temps le contact de Fatale joua le jeu. Sous son apparence elle esquissa un magnifique sourire bouffi de bonne attention. Visiblement elle avait compris à qui elle avait à faire et malgré le masque elle rentra rapidement dans le vif du sujet. Ce qui n'était pas plus mal.

"En effet, je suis bien Fatale. J'attends avec impatience d'entendre ce que vous avez à me dire!"

La voix n'avait pas changé, elle était toujours aussi académique même si Fatale parlait du coup moins fort pour ne pas attirer l'attention. Il y avait de quoi être déconcerté d'entendre cette femme parlait de façon si snobe et de se dire qu'elle appartenait à la confrérie était presque irréelle. Fatale aimait bien jouer des rôles et s'y tenir d'une certaine mesure. Fatale se demandait bien ce que lui voulait cette doctoresse.

Fatale gardait son air ronflant, elle prit les photos très délicatement. Elle jeta un coup d'oeil, elle n'eut aucune réaction visible. Comme si tout était tout à fait normal. Elle avait appris avec le temps dans son métier à pouvoir masquer toute émotion visible. Dans son fort intérieur l'uniforme SS la fit tiquer un peu. Elle ne pouvait pas dire qu'elle approuvait cette période historique. Elle ne voyait pas vraiment non plus le lien entre son organisation et ce dictateur allemand. Elle laissa donc ce docteur parler et lui exposer son point de vu sur l'humanité. Certes Fatale partageait son avis,mais elle ne voyait pas vraiment ou elle venait en venir. Si c'était pour s'entendre dire cela elle aurait pu le dire à son informateur et basta.

" Certes l'homo sapiens sera d'ici peu relégué au passé, n'ayant pas de futur. C'est une espèce en voix de disparition."

Fatale contribuait à sa façon à la faire disparaitre si ces derniers ne voulaient pas s'éteindre d'eux-même et assez rapidement. Elle supposait qu'on ne l'avait pas fait déplacer pour avoir un débat idéologique. Ce n'était pas vraiment le lieu approprié. Ce n'était pas le style de la tueuse de tourner en rond et elle décida d'aller droit au but même sous ses airs pompeux.

" Allez droit au fait! Ne tournait pas autour du pot. Qu'attendez-vous de la confrérie chère amie?"

Fatale n'était pas une scientifique et les considérations que venaient d'évoquer Gretchen ne faisait absolument pas partie de ses préoccupations. Seule la survie des mutants étaient importantes à ses yeux et les moyens pour y parvenir. Cette dernière avait tout intérêt d'avoir de vraie proposition. Faire venir une acolyte et lui faire perdre son temps pouvait s'avérer très risqué pour sa santé, surtout si c'était pour rien.

" Allez droit au fait! Ne tournez pas autour du pot. Qu'attendez-vous de la confrérie chère amie ?"

Gretchen leva la main pour inciter Fatale à se calmer.

"Vous êtes directe, c'est quelque chose que je respecte. Et bien pour faire court, disons que je mène quelques...expériences sur le facteur X. Je cherche à en savoir plus sur la mutation, et pricipalement sur ce qu'il y aura après nous. Je cherche à créer l'être parfait, mademoiselle Fatale, celui qui dépassera tous les autres par sa supériorité. Nous, mutants, ne sommes que le premier pas vers cet être suprême, et nous devrions tout faire pour faciliter son arrivée en ce monde, à commencer par l'extinction de la race humaine qui prend trop de place."

Elle sortit de sa sacoche un étui en argent dont elle tira une cigarette qu'elle mit à ses lèvres et l'alluma. Elle fumait beaucoup, mais son pouvoirs lui permettait d'éliminer la plus grande partie des toxines qui entraient dans son organisme. Elle n'en proposa pas à fatale, elles étaient trop rares. La marque de cigarettes qu'elle fumait autrefois avait disparu après la guerre, elle s'était alors rabattue sur une marque Est-Allemande dont elle avait fait de grandes provisions pendant la guerre froide et qui, depuis, avait disparu également. Aujourd'hui il ne lui en restait plus beaucoup. D'ici quelques mois elle devrait trouver autre chose. Peut-être se mettrait-elle aux françaises.

"Mais malheureusement, je manque de moyens. J'ai une véritable fortune comme budget de recherche, une cinquantaine d'abrutis pour effectuer les basses besognes, mais il me faudrait plus. j'ai besoin de matériel Hi-tech et de personnes qualifiées pour m'assister dans mes recherches. C'est pourquoi je pensais à une alliance avec la Confrérie."

La tueuse restait sur ses positions, elle était restée stoïque, face au propos de Gretchen, cette dernière rentrait dans le vif du sujet comme le lui avait demandé l'acolyte. Fatale ne voyait toujours pas ou la doctoresse voulait en venir.
La confrérie n'était pas une organisation humanitaire qui distribuait ses fonds à qui le demandait sous prétexte que cette cause pouvait s'avérer être bon pour le mutant. Non il fallait du concret. De plus Fatale n'avait que faire de savoir ce qui viendrait après elle, tout ce qui lui importait c'était que l'homo sapiens cet être inférieur disparaisse au dépriment de la suprématie des mutants. Ce n'était pas une femme de science.

"En quoi vos recherches vont servir nos intérêts? Car pour l'instant je ne vois rien qui puisse m'intéressait. Je n'ai que faire de savoir si nous sommes seulement un chainon et qu'est-ce qui viendra après notre air. Tout ce qui m'apporte c'est notre suprématie."

Fatale tiqua quand elle entendit le mot alliance, pour l'instant Gretchen n'amenait aucune garantie viable aux yeux de Fatale. Tout un plus un pseudo projet idéaliste. Fatale avait toujours été dur en affaire. Elle n'était pas du genre à céder facilement. Non il lui fallait d'autre argument que ce qu'elle venait d'entendre.

"Qu'est qui nous prouve que votre création ne finisse pas par se retourner contre nous. Après tout un mutant suprême pourrait voir dans des mutants communs uniquement une sous espèce bon à éliminer! Tout comme nous considérons l'homo sapiens comme un concept dépassé."

Cette perspective ne l'enchantait guère, si elle luttait ce n'était pas pour finir asservir par une vil créature qu'elle aurait contribué à engendrer. Fatale ne voulait pas passer du chasseur au chasser. En plus jouer avec la nature ne lui inspirait guère confiance. Fatale se serait crue dans un mauvais roman horreur face à la femme de Frankenstein dont la créature pourrait échapper au contrôle de son maitre.

Fatale était sceptique, un peu trop. Si cela continuait, il faudrait que Gretchen lui montre qu'on ne se moquait pas d'elle comme ça. Elle ne sut quel argument opposer à la question de savoir si l'être suprême voudrait ou non supprimer les mutants. Elle-même était persuadée que ce serait le cas. Mais il était idiot de la part de cette femme de craindre d'être éliminée par une espèce supérieure alors qu'elle-même considérait que les humains devaient être exterminés du fait de leur infériorité. Gretchen, elle, était prête moralement depuis des années à céder sa place à une espèce supérieure. Ainsi fonctionnait l'évolution depuis toujours.

"Peut-être la contribution à mes travaux ne vous intéresse-t-elle pas plus que cela, mais comme pour tout échange commercial, j'ai quelque chose à vous proposer en échange de votre soutien. Quelques bricoles qui pourraient vous aider à étendre votre influence et éliminer vos ennemis. Notamment...les X-men..."

Elle eut un petit sourire carnassier, sentant qu'elle marquait un point. Fatale n'était pas une femme de science, mais on sentait que son vœu le plus cher était d'annihiler tous ceux qui se mettraient en travers de son chemin.
La scientifique sortit de sa sacoche une nouvelle série de photographies. Sur la premier, fatale put voir un géant en uniforme de la Wehrmacht, le visage caché par un masque à gaz et le bras droit remplacé par une masse d'arme géante.

"Ubersoldat, une de mes créations les plus utiles. Il est doté d'une force surhumaine et résiste à pratiquement tout. Le seul moyen d'en venir à bout est de séparer son cerveau du reste du corps. De plus il est d'une obéissance absolue, il se couperait lui-même un bras si je le lui ordonnais. J'en avais créé deux pendant la guerre, et en ce moment il y en a un dans mon laboratoire qui est presque terminé. Ce golem tiendrait tête à un mutant de type Delta, et pourrait résister un moment face à un mutant de type Béta."

Le deuxième cliché montrait Gretchen tenant dans ses mains une ampoule de verre remplie d'un liquide opaque.

"Le XK-5, un sérum de ma composition capable de priver momentanément un mutant de ses pouvoirs, aussi puissant soit-il."

La troisième photo montrait Gretchen faisant une injection à un homme nu, dont les yeux brillaient bizarrement.

"Voilà qui devrait vous intéresser un peu plus. Le sérum XK-6 est basé sur le XK-5. Et à l'inverse de celui-ci, il a pour effet de décupler la puissance des pouvoirs mutants. Mais contrairement au XK-5, les effets du XK-6 sont permanents. De l'évolution en bouteille, en quelque sorte. Il marche également sur les humains, à qui il donne des capacités physiques et mentales supérieures à la normale, mais cela entraîne la mort en quelques heures. J'avais réussi à synthétiser ces deux sérums pendant la guerre, mais ils ont été perdus dans le bombardement de mon laboratoire. Cependant, je devrais être en mesure d'en retrouver la formule avec des moyens matériels plus conséquents..."

Elle rangea ensuite les photos dans sa sacoche.

"Et tout ceci appartiendra à la Confrérie si vous m'accordez votre soutien. Nulle doute que vous saurez quelle utilisation en faire..."

Fatale avait de sérieux doutes, elle gardait une attitude neutre. Ce qui lui était facile sous ses airs de rombière. Elle laissa parler la professeur, elle voulait savoir ce qu'elle avait à lui proposer. Elle commença à l'écouter avec de plus en plus d'intérêt quand celle-ci lui parla des sérums. Elle prit les photos qu'elle examina avec attention, visiblement celles-ci dataient d'un certain nombres d'années à voir l'usure et le jaunissement des photographies. Au moins son discourt commença à trouver grâce aux yeux de la tueuse, même si pour l'instant elle n'en montra rien.
Les avancés technologiques que lui proposait Gretchen était clairement intéressante. Dans leur quête de pouvoirs il fallait toujours trouver des moyens pour prendre l'avantage sur l'ennemi. Il aurait été pure folie de laisser une telle occasion passer. Fatale restait cependant très septique sur cet être suprême. Elle était consciente qu'un tel monstre pourrait facilement devenir une créature cauchemardesque à moins de pouvoir la contrôler. Si Gretchen parvenait à mettre au point un tel être, il était préférable dans un premier temps de l'avoir sous la main et surtout d'envisager sa soumission. Après tout il serait toujours possible de s'assurer que ce monstre soit aussi docile qu'un agneau pour ses créateurs. De plus Gretchen ne serait pas la première mutante psychopathe sur les bords à rejoindre l'organisation. Tant que celle-ci était efficace il n'y aurait pas de problème.
Fatale rendit les photos. Elle décida de tester un peu la scientifique, d'aller la titiller dans son égo. C'était un bon moyen de tester ses réactions. Fatale aimait bien savoir à qui elle avait réellement à faire, d'un air pompeux.

"Fort intéressant, mais savez-vous qu'il existe déjà un produit s'appelant le Marteau qui a la capacité de décupler les forces des mutants. L'organisation a par d'ailleurs déjà en sa possession des caisses de ce produit. Qu'est ce qui me prouve que votre produit est meilleur ? Après tout le votre a été élaboré il y a déjà quelques années. Il est possible que son efficacité soit moindre."

Elle prit quelques instant pour détailler la réaction de son interlocutrice. Bien sûr elle ne dit pas que les caisses dont elle avait fait l'acquisition étaient pour l'instant stockées dans un entrepôt le temps pour elle de s'assurer des effets de ce produit qu'elle considérait comme néfaste. Elle esquissa un rictus qui déforma son visage bouffi.

"Mais il y a peut-être un moyen.... Nous pouvons vous aider dans vos recherches. Nous ne sommes pas une œuvre caritative, si vous voulez bénéficier de notre soutien financier et humain, il faudra que vous me prouviez votre bonne foi en rejoignant clairement notre organisation. Vous comprenez que nous ne sortons pas notre chéquier au premier venu qui sonne à notre porte sous prétexte qu'il va servir nos intérêts."

Fatale était pour une adhésion totale à l'organisation. C'était aussi un moyen de contrôle efficace. Elle s'assurait ainsi un droit de regard sur les travaux de Gretchen.

La tueuse semblait déjà plus intéressée, même si elle ne le montrait pas ouvertement. Gretchen fut outrée quand elle compara le sérum XK-6 au fameux "Marteau de Thor".

"Enfin ! Si vous remettez en cause mes compétences, cela devient très embarrassant. J'ai effectivement entendu parler du Marteau de Thor, et ce n'est qu'un dérivé de mon XK-6. Ceux qui l'ont conçu sont juste tombés par chance sur la même piste que moi pendant la guerre. Le marteau n'est pas beaucoup plus puissant, et de plus, mon sérum avait l'avantage de ne pas altérer le mental des sujets. D'après ce qu'on dit, le Marteau donne un penchant singulier pour la violence, ce qui peut être intéressant tactiquement parlant, mais qui réduit l'espérance de vie du sujet à cause de sa tendance à foncer tête baissée."

Elle se radoucit quelque peu en écoutant la proposition de Fatale, enfin elles y venaient.

"C'est exactement ce que j'attendais. Je rejoindrais avec grand plaisir votre organisation. J'espère que vous comptez de bons éléments scientifiques dans vos rangs, la main d'œuvre qualifiée me manque tant..."

Les deux femmes souriaient, mais savaient au fond d'elles qu'elles n'hésiteraient pas à se poignarder mutuellement dans le dos à la première occasion.

Voilà qui devenait d'un coup plus intéressant, Gretchen avait donc entendu parler du Marteau. Les soupçons que Fatale avait sur cette substance était donc fondée. Si elle l'avait su plus tôt elle aurait fait sans nul doute passer un mauvais quart d'heure à ce Monsieur Fray qui lui avait largement forcé la main pour lui en vendre. Elle n'avait eu guère le choix pour obtenir un choix d'armement suffisant; Elle se jura que si jamais elle devait re-négocier avec ce dernier elle lui ferait avait son poison. En tout cas, sa prudence avait payé puisque la drogue était hors de porté de confrériste pour l'heure. En tout cas la scientifique démontrait qu'elle n'avait pas froid aux yeux et qu'elle savait de quoi elle parlait. Elle n'était pas tombée dans le piège que lui avait tendu la tueuse. Fatale voyait aussi les avantages que pouvait procurer le sérum de Gretchen si celui-ci était vraiment efficace. Visiblement les deux femmes étaient tombées d'accord, après tout elles avaient un intérêt commun, il n'y avait pas de raison que leur collaboration ne soit pas fructueuse. Fatale n'était pas un enfant de cœur, mais tous ceux qui œuvrait dans son sens pouvait aisément compter sur son appui. Surtout si l'offre était des plus alléchante.

"C'est parfait alors !"

Gretchen s'inquiétait déjà de pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Au moins cette dernière ne rechignait pas à la tâche, Fatale espérait qu'elle était aussi prolifique qu'elle le laissait supposer.

"Il y en a quelques-uns, mais après s'il vous manque des hommes suffisamment compétant nous pourrons toujours vous procurer la main d'œuvre nécessaire. Si c'est dernier ne collabore pas volontairement, nous trouverons des moyens de faire pression sur eux pour que vous puissiez arriver à vos fins."

Elle affichait un air très sur d'elle. Après tout elle n'était pas opposée à un rapt de scientifiques. Toutes les combines étaient envisageables pour arriver à leur fin. Fatale n'était plus à un délit près.

"Le département recherche pourra aisément vous procurez ce dont vous avez besoin. Nous vous faciliterons ainsi la logistique, ce qui vous laissera la champ libre pour vos travaux. Je vous laisse le temps de préparer votre départ et de rassembler vos affaires. Vous n'aurez qu'à me faire signe quand vous serez entièrement disponible, je vous enverrais un chauffeur pour vous conduire dans vos nouveaux quartier. De mon coté je vais prévenir mon organisation de votre arrivée et mettre à votre disposition l'un des laboratoires."

Soudain elle se rappela qu'elle n'avait pas évoqué une petite question, mais qui avait quand même son importance.

"Encore une dernière petite chose, j'aimerais connaitre la nature de vos dons ! Mon supérieur va sans nul doute me le demander. Il nous arrive très fréquemment de tester nos nouveaux membres pour être sûr que leur valeur de Mutant. Ce n'est qu'une formalité, mais qui s'avère nécessaire dans certain cas."

Fatale se voyait mal dire qu'elle avait embauché une scientifique prétendue mutante sans réellement savoir de quoi cette soit réellement capable. Elle avait déjà quelques hypothèse, dont celui d'un facteur auto-guérisseur ou un anti-vieillissement ou bien une histoire du contrôle du temps. Quoi qu'il en soit elle voulait être fixé clairement.

Gretchen sourit. Imbue d'elle-même, elle aimait montrer son pouvoir. Et les occasions étaient rares puisqu'elle devait prendre soin de ne jamais attirer l'attention sur elle. Il n'y avait personne dans le hall, tout le monde était dans la grande salle en train d'écouter l'opéra, et le responsable du vestiaire s'était absenté pour aller aux toilettes.

"Mon pouvoir ? Et bien, mon pouvoir tourne simplement autour de ceci."

Elle sortit de son petit sac à main un scalpel au fil bien aiguisé. Elle en gardait toujours un sur elle...juste au cas où... Elle promena doucement l'instrument sur son avant-bras, et appuya. La lame mordit dans le poignet et aussitôt le sang se mit à couler à flots, gouttant sur le carrelage de marbre.

"Le sang, c'est la force vitale, c'est toute l'information génétique dont on a besoin, et c'est ce qui me permet de vivre."

Le sang de la plaie se coagula immédiatement, stoppant net l'hémorragie. Et celui qui avait déjà coulé bougea et se rassembla en un point précis sur le bras de Gretchen. Celui qui avait coulé à terre se mut lui aussi, comme habité d'une volonté propre, grimpa sur sa chaussure et remonta sur sa jambe pour rejoindre la grosse goutte sur l'avant-bras. Puis tout disparut, aspiré par la peau de la mutante.

"J'ai tout pouvoir sur cette liqueur rouge, et j'en ai besoin pour survivre. c'est ce qui a fait mon incroyable longévité. Je peux agir directement sur le mien et celui des autres. Je pourrais par exemple faire coaguler un peu de sang dans vos veine pour créer un caillot qui vous occasionnera un accident cardio-vasculaire. Ou mordre votre si beau cou pour me repaître de toute votre essence, jusqu'à la dernière goutte. Ou je pourrais même faire bouillir votre sang jusqu'à ce que votre cœur et votre cerveau explosent...littéralement..."

Ce disant, elle s'était rapproché de la femme fatale. Elle avait réellement envie de goûter son sang.

"...Mais ce serait risquer de compromettre sérieusement mon entrée au sein de la Confrérie, n'est-ce pas ?"

Elle rangea son scalpel (dont la lame avait miraculeusement été nettoyée de toute tache de sang) dans son sac.

"J'ai grande hâte de reprendre les recherches."

Sous sa forme de daronne Fatale brulait d'une certaine impatience de découvrir les pouvoirs de Gretchen. Elle se demandait bien quelle surprise la scientifique lui réservait. Elle regarda Gretchen prendre son scalpel et s'ouvrir la peau. Sur le coup elle se demandait bien où elle voulait en venir. Le contrôle du sang c'était donc le secret de l'allemande. Les premières suppositions de Fatale n'était donc pas dans le vrai. Le pouvoir de cette dernière était donc très impressionnant, elle pouvait donc s'avérer dangereuse. Ce qui en faisait une alliée de choix et réconforter l'acolyte sur ce choix de l'avoir recruté. Fatale avait plus d'une carte dans sa manche. La petite démonstration qui était certes intéressante n'impressionna pas Fatale. La tueuse avait les nerfs solides et les propos de Gretchen n'était pas à son gout. Si elle voulait l'impressionner elle ne s'y prenait pas bien du tout. Surtout qu'elle n'obtiendrait rien avec de telle provocation.

"Je ne me laisse pas si facilement croquer le cou, ma chère amie. Si vous voulez vous attirer les foudres de la confrérie oser lever la main sur moi et je pense que vous le regretterez amèrement."

La tueuse faisait preuve d'une fermenté qui ne laissait pas de doute. Après tout elle n'était pas devenue une dirigeante de la confrérie en étant une proie facile. Si Gretchen voulait jouer à la méchante elle était tombée sur un os. Le visage rond de Fatale, difforme par la graisse , esquissa un large sourire carnassier. On se demandait bien laquelle des deux allaient croquer l'autre.
Puisque Gretchen lui avait montré ses pouvoirs Fatale décida de ne pas rester en reste. De lui prouver de quoi elle aussi elle était capable sans pour autant tout lui dévoiler.


"Mais il faudrait déjà que vous puissiez m'attraper."

A peine eut t'elle prononcée sa phrase que l'acolyte disparut aux yeux de Gretchen. Fatale venait de se rendre invisible. Elle s'éloigna de la scientifique, profitant de l'effet de surprise qu'elle avait pu créer. Elle réapparut à l'entrée de l'opéra comme si de rien.

"Il ne tient qu'à vous de pouvoir le reprendre vos travaux le plus rapidement possible. Plus rien ne me retient ici, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Je vous souhaite une bonne fin de récital. Je dois aller vaquer à d'autres occupations. A très bientôt je n'en doute pas."

Puis Fatale ouvrit la porte et sortit. Elle descendit les marches de l'opéra d'une démarche d'une femme ayant des difficultés à se déplacer. Une berline de couloir noir et aux vitres tintées s'arrêta devant Elle. Fatale grimpa dans le véhicule. Une fois à l'intérieur la tueuse reprit sa forme originelle. Cette rencontre avait été dès plus intéressante. Elle en était sûr que la savante serait sans nul doute un élément majeur dans les mois à venir. Ce faisant elle indiqua une direction à son chauffeur, la voiture disparut dans la nuit.