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| Un défis pour la famille [Dimitry] | |
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Invité Invité
| Sujet: Un défis pour la famille [Dimitry] Ven 23 Juil 2010 - 19:26 | |
| Brooklyn; le quartier mal famé de nuit s'ouvrait au soleil de midi de ce dix juillet. Il n'était pas recommandé d'y mettre les pieds seul quand le crépuscule approchait, et si Irina n'avait pas grand-chose à faire des risques, il avait tout de même préféré se lever aux premières lueurs de l'aube. Ça n'avait pas été difficile, car comme à son habitude il n'avait pratiquement pas fermé l'œil. Il avait rendez-vous avec une personne chaudement recommandée par la Famille. On lui avait d'abord proposé de le contacter par le biais d'Internet, mais il avait promptement refusé. Le mutant avait une sainte horreur des rencontres via l'informatique. N'ayant jamais été élevé dans cette culture, il repoussait systématiquement tout entretient de cette façon, prétextant que ce n'était en rien fiable. En réalité, la véritable raison de tout cela était qu'il considérait que l'absence de contact physique nuisait à son propre charisme. Sa colère tout particulièrement était difficile à faire passer sur autre chose que son clavier ou son écran, et en installer à chaque fois un nouveau lui faisait perdre un temps fou.
Les résidences aux tons pourpres-gris se succédaient devant ses yeux agacés par le trajet. Il voyageait sur un deux-roues relativement massif mais fonctionnant à l'électricité, la fumée des modèles à l'essence étant bien trop irritante pour son épiderme délicat. Enfin, le building aux murs couverts de graffitis qu'on lui avait indiqué apparu dans son champ de vision. Il sauta de son véhicule, l'accolant rapidement contre une palissade, sans même y mettre une quelconque sécurité. Sur le flanc gauche, une rampe de métal s'enfonçait d'un bon mètre dans le sol et rejoignait l'entrée défraichie de ce qui semblait être une sorte de cave. Descendant les quelques marches, Irina put entrevoir les mots ''Cybercafé l'Outre-terre'' griffonnés sur une pancarte en bois et constater que l'ouverture était plus solide qu'elle en avait l'air au premier abord. Il frappa une dizaine de fois du poing sur la porte, puis, cinq secondes plus tard, comme elle était toujours close, entreprit de la défoncer à grands coups de pieds. Il avait à peine commencé sa noble tâche qu'un homme, la vingtaine, de larges cernes et l'air peu réveillé, vint lui ouvrir.
« Hé, ça va pas de frapper comme ça ? On vient de down Rotface de la citadelle, première mondiale, ça se respecte. -J'ai pas payé pour attendre. » déclara le mutant en poussant non sans mal le portier pour se retrouver à l'intérieur.
Une forte chaleur ainsi que des odeurs de crasse et de transpiration vinrent assaillir ses narines. L'unique salle était plutôt petite et faisait penser à une salle de contrôle d'un film de science fiction. En son centre trônait une énorme machine presque fumante et tout autour, collés aux murs, étaient disposés de petits bureaux dotés d'ordinateurs. Tous, à l'exception d'un, étaient occupés par des hommes, pour la plupart jeunes et barbus. Certains dormaient alors que d'autres, ayant visiblement passé une nuit blanche, continuaient inlassablement de tapoter sur leurs claviers.
« Je cherche... » Irina posa les yeux sur un morceau de papier qu'il avait extrait de sa poche : « Le Seigneur sanglant Ardwomard, pourfendeur de soleil, fléau des abominations d'en-dessous et vaillant défenseur de la forteresse de Dinwmorts. -C'est. Hum. Moi. »
Un individu pas plus grand que le mutant quitta à regret son écran et se leva. Il ne manquait pas à la règle, en plus de la pilosité qui lui mangeait le visage, il avait des cheveux longs et bruns qu'il avait coiffé dans une queue de cheval approximative. L'informaticien qui avait été bousculé finit par reprendre ses esprits et se scandalisa d'une voix toujours aussi lasse.
« Hé, on avait dit qu'on acceptait plus les joueurs de moins de quinze ans dans la guilde; c'est des coups à se fait ninj... »
L'intrusion d'une bague en métal dans sa dentition vint couper court à ses jérémiades. La frappe du mutant n'avait pas été très puissante, mais elle avait été parfaitement calibrée. La victime porta rapidement ses mains à sa bouche dont une des lèvres éclatées saignait abondamment et s'éloigna de plusieurs pas. Cet acte de violence délibérée eut pour conséquence d'instaurer pendant quelques longues secondes un silence absolu, finalement rompu par la question tremblante du dénommé Ardwomard.
« V-vous... êtes Ondin, n'est ce p-pas ? J-j'ai ce que v-vous vouliez. » fit-il en saisissant une clé usb rose fluo et en s'approchant à pas hésitants. Puis il se mit à chuchoter. « Le p-programme d'intrusion. Je ... j'ai créé une interface graphique très intuitive. Il vous enverra une copie décryptée de tous les mail envoyés à l'adresse que vous m'avez donnée au moyen un p-protocole de détournement très sécurisé et indét... -Et moi, je dois faire quoi ?! -Indiquer v-votre propre adresse m-mail. C'est t-tout. -C'est tout ?! Excellent ! Excellent ! »
D'un geste vif et s'amusant de voir le pirate esquisser un mouvement de recul, Irina lui tendit une petite liasse de dollars et attrapa l'objet saumon. Il jubilait en refermant derrière lui la porte du cybercafé. Cet informaticien avait fait un bon travail en un temps record : le mutant avait craint de se confronter à un système prétendument enfantin mais d'une cruelle complexité pour le non-initié qu'il était. Une fois ce programme installé sur son propre ordinateur, la boîte mail de son cher cousin ne serait plus jamais en privée. Des jours glorieux se profilaient devant l'hybride-polifera ... du moins une fois qu'il aurait trouvé un taxi... Il soupira et frappa rageusement avec un bruit mouillé le mur de parpaings sur sa gauche : un voyou avait surement trouvé lucratif de lui subtiliser sa moto électrique pendant son bref entretient.
* * * Vendredi 23 juillet; cela faisait deux semaines qu'Irina ''patientait''. Autant dire qu'une telle attente était inacceptable et que le mutant était furieux. Il ne savait plus à qui s'en prendre. Depuis 13 jours, seuls des mails sans aucun intérêt lui étaient parvenus. Il avait rapidement douté du fait que Dimitry recevait des ordres par ce biais, mais il n'avait de toute façon rien trouvé de mieux pour surprendre ses communications. L'hybride avait erré sans véritable activité pendant une demi-année, et il n'avait certainement pas envie que cet état persiste. Il avait donc récemment décidé de se distraire, à défaut de trouver une façon de libérer son père. La rivalité avec Dimitry avait toujours été pour lui très forte, et le retrouver pouvait toujours le faire avancer sur cette piste. Il savait depuis un certain temps déjà que son cousin travaillait à la solde d'une organisation -ou de quelqu'un- indépendante et extérieure à la famille, sans jamais parvenir à l'identifier sans risque de se faire prendre. Les méandres de la toile lui avaient donc paru être la meilleure solution.
Le soulagement vint dans la soirée, vers vingt heures, moment où son poste émit un bref sifflement, signal signifiant qu'un nouveau courrier électrique avait été détecté. Pour la quarantième fois en deux semaines, Irina s'attendait à lire les inepties sans sens d'un certain Vortex, mais il n'en fut rien. En lieu et place, un très bref mail lui avait été adressé à Lyov :
- Citation :
- Bonjour Dimitry,
J’ai eu dire qu’une peinture énonçant un de mes plans futurs a été crée par un mutant ayant le don de prescience. Ne souhaitant pas que mes affaires s’ébruitent dans le monde, je te saurais gré de t’occuper de cela afin que personne d’autre ne puisse contempler cette œuvre.
Bien entendu si tu venais à tuer le pauvre malheureux qui ne sait pas dans quoi il a mis les pieds, tu seras récompensé à la juste valeur de tes efforts. Je compte sur toi pour t’en occuper au plus vite. Je te laisse libre quant à la méthode et aux hommes que tu jugeras nécessaire à la réalisation de cette mission.
Mike Milbury. Était joint au message le nom de l'infortuné peintre et l'adresse du domicile de ses parents, à New York, où apparemment le tableau était prétendument entreposé. Le mutant bondit de joie : son cousin ne devait pas encore avoir lu les instructions, il avait donc une longueur d'avance. Même si il était évident pour Irina qu'il le valait largement, ce genre d'avantage ne se refusait jamais. Intenable et ne réfléchissant quasiment plus, il prit à peine le temps de se saisir des clés d'une petite voiture azurée et d'une veste noire qu'il plaça par-dessus des habits en toile brune. C'était l'occasion qu'il avait attendue pendant toutes ces interminables heures, il n'avait maintenant plus une seule seconde à perdre.
Grillant tous les feux rouges qui avaient l'audace de se dresser sur son chemin, dépassant toutes les limitations de vitesse il ne réalisait même pas que cette agitation pouvait sérieusement compromettre sa ''mission''. Il se fit probablement flasher par de nombreux radars, mais il n'en avait cure : la plupart des plaques de la Mafia étaient de toute façon fausses. S'il manqua plusieurs fois de heurter un autre véhicule, ses efforts furent payants : en moins d'une heure, il fut devant la maison en question. C'était un bel endroit, même de nuit. Légèrement en périphérie de la métropole, dans une banlieue pavillonnaire où les habitations de couleur crème se ressemblaient toutes, elle pouvait se vanter du luxe d'un petit jardin, bien qu'en tous points identique à celui de ses voisines. Un petit garage venait compléter la résidence aux toits d'ardoises.
Irina pressa de toutes ses forces la pédale de frein, et la voiture rugit, dérapa puis enfin s'immobilisa en ayant déraciné la haie, laissé des empreintes de pneus visibles sur la pelouse et produit un crissement sonore. Il sortit puis claqua violemment la portière. Et commença enfin à réfléchir. Il ne se ferait certainement pas avoir deux fois de la même manière. Il ferma à clé le bolide. Personne ne la volerait, cette fois. La discrétion était certes plus que sommaire mais elle n'était pas réellement importante : en été, la quasi-totalité des résidents étaient partis en vacances tous en même temps, comme la tradition l'exigeait. Ce devait être également le cas des géniteurs du peintre, à moins qu'ils ne soient déjà couchés, car on ne pouvait distinguer aucune pièce éclairée.
Comme il ignorait tout de la disposition d'une telle habitation, le mutant se dit qu'il allait chercher méthodiquement. Passer par la porte serait trop simple, l'important était d'impressionner -et si possible de surpasser- Dimitry. Une fois son plan établi, il le mit en exécution. Il comptait utiliser à son avantage l'obscurité, ses habits foncés s'y fondant assez bien. Irina mit le pied sur le rebord d'une fenêtre, puis l'autre. Il fixa ensuite ses talons sur le vitrage et prit appui sur le paravent pour hisser ses quelques trente kilogrammes, à la force des bras, sur la façade inclinée. Il faillit glisser mais ses doigts après en avoir arraché quelques-unes, pourries, finirent par trouver une prise sur les ardoises. Il commença alors une fatigante et fastidieuse escalade de plusieurs mètres, tâche rendue plus difficile par l'absence de lumière. Les épaules un peu douloureuses, il trouva au sommet de la portion de toit une position moins éreintante à tenir.
La vitre du deuxième étage se dressait devant lui. Il songea d'abord à la défoncer avec une tuile mais il sut au même instant qu'il n'aurait sans doute pas la force de percer le solide double-vitrage assez vite avec une arme aussi sommaire. Et les lames de rasoirs camouflées dans son pantalon ne feraient probablement pas mieux. Il lui aurait fallu un outil adapté comme un lacet de tirage, mais même ça, il n'avait pas pris le temps de s'en munir. Crachant au sol avec énervement, il prit donc le temps de repérer à la lueur de lune le mécanisme d'ouverture, dégaina son revolver et fit feu. La détonation étouffée par le silencieux fut minime pour les alentours à l'inverse du craquement du bois meuble qui ne put passer inaperçue pour les personnes les plus proches. La large fenêtre bascula et laissa pénétrer le mutant dans une des chambres, heureusement vide. Irina atterrit sur un lit deux places, et chercha l'interrupteur en longeant les murs. Après s'être cogné au mobilier plusieurs fois, il le débusqua et l'activa.
La pièce était remplie de peintures soigneusement encadrées et accrochées, ce qui soulevait un problème d'ordre majeur. A supposer que les autres salles étaient aussi garnies en œuvres d'art que celle-ci, et aux vues de peu d'information qu'Irina possédait sur la nature du tableau recherché -ne sachant même pas en quoi ce fameux plan consistait-, il lui faudrait détruire tous ceux qui pouvaient y ressembler. Mais en aurait-il seulement le temps ? - Spoiler:
La maison devrait ressembler à quelque chose comme ça.
Dernière édition par Irina Dostoïevski le Sam 21 Aoû 2010 - 14:20, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Un défis pour la famille [Dimitry] Lun 9 Aoû 2010 - 1:18 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un défis pour la famille [Dimitry] Dim 15 Aoû 2010 - 14:35 | |
| L'observation, pendant quelques secondes, d'un tableau, n'apprit rien de plus à Irina. Elle ne savait pas à quoi ressemblait ce Milbury, ni dans quel domaine exact il officiait. Il songea un temps à rechercher un cadre avec le charmant visage de son estimé cousin, mais aucun ne correspondait. L'hybride regretta à nouveau de ne pas avoir prévu plus de matériel. Il allait être obligé de s'équiper autrement. Sur la pointe de ses chaussures aux semelles fines, il tourna la poignée puis referma la porte derrière lui. Il ne prit pas la peine d'allumer la lumière du couloir, une autre large fenêtre faisait entrer assez de celle des réverbères pour qu'il soit sûr de ne pas heurter un meuble impromptu. Même dans certains coins du corridor, large d'environ un mètre et demi, on pouvait observer un tableau exposé. Le mutant songea que le peintre qui vivait ici était extrêmement prolifique, sans chercher à s'intéresser plus à ces œuvres-là, les détails dur à discerner dans l'obscurité.
Non, il avait un autre plan. Il entra dans une pièce sur sa gauche. Un seul lit, et encore quelques tableaux. Peut-être la chambre du fils. Quelque chose n'allait pas. Irina avait l'impression d'être... observé. Il pesta contre les CD de Bob Marley et sortit. La seconde ouverture, à l'extrême sud, fut encore plus inintéressante, car elle dévoila un vaste intérieur carrelé blanc... Des WC couplés à une salle de bain, d'après une tradition britannique. Et pour ne rien gâcher, aucune peinture. Le reste du couloir donnait accès à un escalier. Il n'avait rien vu de la partie nord, mais il n'en avait cure. Les marches débouchaient sur un petit hall d'entrée. Le bouton se trouvait non loin et émit une douce lumière orangée diffusée par une sorte de veilleuse, au plafond. Un perroquet siégeait devant la porte, et y était accroché quelques manteaux alors qu'à ses pieds se tenaient une poignée de soulier qu'un peu de poussière avait recouvert. Sans doute n'avaient-ils pas été utilisés depuis longtemps, mais le mutant ne s'y intéressa pas, pas plus qu'au bruit lointain d'un deux roues qui passait dans la nuit. Il se retourna violemment, persuadé d'avoir vu quelque chose. Pourtant, il n'y avait derrière lui qu'un mur affublé d'un tableau plus large que les autres.
La cuisine se trouvait directement à droite, séparée du vestibule par de simples rideaux. Fouillant avec précipitation dans la plupart des tiroirs, le ''cambrioleur'' céda à la tentation en tombant sur une boîte de chewing-gum. Un bon vieux coffret à chewing-gum. Il commença à en mâcher un avec avidité, la satisfaction montant, sans toutefois s'arrêter de chercher. Ce genre de friandise était parfaitement adapté à sa morphologie, car il n'était pas toujours très agréable de recracher d'autres confiseries sans avoir pu les avaler. Il finit par débusquer des allumettes, dans un casier et en craqua rapidement une... ou du moins tenta d'en craquer une. Ses mains moites ayant frôlé la partie inflammable, il n'y eut même pas d'étincelle. Il n'avait pas non-plus pensé à prendre des gants. Hargneusement, agacé par son échec -et la mauvaise qualité de ce genre de marques qui feraient mieux de produire des cures-dents- il s'empara d'une deuxième avec plus de précautions et une petite flamme chaude naquit. Il ne lui restait plus alors qu'à saisir une des nombreuses oeuvres qui envahissaient là-aussi l'endroit.
Il y jeta un coup d'œil succinct : la scène, assez suggestive, représentait un jeune garçon blond, visiblement travesti, assis sur la branche d'un arbre tropical avec pour toute compagnie un autre homme en pagne. Afficher ce genre de choses dans sa maison était de plus absurdes et relevait d'un goût vraiment douteux, mais une chose était sûre, ce n'était pas un plan de Milbury. Pourquoi s'intéresserait-il à un dérangé et à un singe ? Le plus troublant était que le simiesque semblait avoir relevé la tête vers lui. Le sauvage le regardait de ses deux yeux creux, un lueur de crainte les animant. Pris par le doute et le dégoût, l'hybride immola la toile avec plusieurs autres sans intérêt apparent, en créant une petite pile dans un lavabo, qu'il aspergea abondamment de détergent inflammable. Une lourde fumée noire et probablement toxique, aux vues des produits chimiques que l'incendie brûlait, s'en dégagea bientôt. Ces dessins avaient quelque chose de malsain, comme si ils épiaient tout ce qui se passait devant-eux. De tout son bon sens, Irina lança un cinquième brûlot sur le brasier naissant avant de s'éloigner. Ouvrir la fenêtre était hors de question, l'odeur aurait alors pu alerter les voisins. Il devait maintenant décrocher toutes les œuvres et les ajouter au bûcher, une tâche pénible.
Consciencieusement, il décida de commencer par les étages du haut, son poids dérisoire ne produisant aucun grincement de l'installation en bois. Il avait à peine monté toutes les marches qu'il se plaqua soudainement contre la rambarde. Il y avait eu un mouvement dans le couloir, au quelque chose comme ça. N'importe quel humain normalement constitué se serait dit, qu'avec la distance et le manque de lumière, ce n'était qu'une illusion, un mouvement d'ombres. Mais le mutant n'avait jamais vraiment été calme et réfléchi à l'air libre, et ils prenaient parfois, dans l'action, certaines menaces trop au sérieux. La menace de ces foutus tableaux vivants, par exemple. Peut-être étaient-ils sortis de leur cadre, ou peut-être que quelqu'un les commandait, à distance. Il se dit que de toute façon il ne risquait rien, la maison vide. Il n'avait pas vu le temps passer, et que Dimitry fut déjà là ne lui vint pas à l'esprit. Il avait plutôt l'impression qu'un piège se refermait sur lui, et avec l'ardeur des désespérés, il tenta une action brusque.
Il fit un pas chassé pour se remettre dans l'axe, tenant son pistolet fétiche à deux mains puis il tira un coup. Puis deux, puis trois, toutes dans des directions différentes. Il semblait d'abord incapable de s'arrêter, pris par l'euphorie des ''pocs'' étouffés que produisait le canon. Au total, neuf balles traversèrent... le vide. Rien que le vide. Ce vide ingrat. L'hybride jura dans un assez risible mauvais-russe-américanisé, s'arrêtant pour constater l'ampleur de sa bêtise, que partiellement comblé d'avoir transpercé une toile, devant lui. Il haussa les épaules en se sentant stupide : ce devait être le chewing-gum qui le rendait ainsi nerveux, le parfum menthe-polaire était particulièrement agressif. Il continua à avancer. Il ne devait pas trainer où les fumerolles pourraient bien envahir tout le bâtiment. Il allait vite se débarrasser de ces toiles. |
| | | James Tucker Agent du B.A.M. Alpha
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| Sujet: Re: Un défis pour la famille [Dimitry] Ven 20 Aoû 2010 - 10:02 | |
| ~ Un instant, il se pensa seul dans la maison. Un instant, il cru finalement que cette mission n'allait présenter aucune difficulté particulière hormis celle de trouver le bon tableau. Mais, au fur et à mesure qu'il glissait sur le sol de la maison, observant attentivement les tableaux accrochés aux murs, il eut une sensation pour le moins étrange. Il n'aurait su la définir exactement, mais c'était comme un malaise qui semblait s'insinuer petit à petit dans l'obscurité du couloir silencieux. S'il avait eu un véritable corps à ce moment là, alors il aurait probablement eu un frisson désagréable de méfiance et de sueur froide dans le dos. Il y avait dans l'air comme quelque chose de malsain, d'empoisonné. A mesure qu'il observait les toiles accrochées aux murs, il se rendit compte que, si certaines dépeignaient des scènes à l'intérêt plus ou moins marqué, d'autres, quant à elles, avaient le don de le déranger profondément et de lui évoquer quelque chose comme une pâleur maladive, ou bien encore la macabre froideur du corps pourri d'un noyé. Certaines de ces toiles paraissaient faites par l'imagination maladives d'une personne atteinte de folie pure, et tranchaient radicalement avec la beauté du style de celles qui – à priori – étaient sensées donner un aperçu des temps à venir. Heureusement, elles ne représentaient apparemment qu'une petite proportion des toiles.
S'aventurant vers le bout du palier, ou un escalier l'attendait, il s'arrêta avant de se retourner vivement, comme pris par surprise et totalement au dépourvu alors qu'il était de plus en plus sur ses gardes. Un bruissement. Infime, certes, mais il était sûr de ne pas avoir rêvé. Il y avait eu quelque chose qui avait ressemblé au lent souffle d'une respiration ensommeillée, presque un râle. Examinant le couloir d'un air contrarié, il se reprit. Il agissait vraiment comme un imbécile de débutant. Il n'y avait personne un point c'est tout, et ce n'est pas demain la veille qu'il allait avoir peur du noir. Voilà bien longtemps que les ténèbres angoissantes de la nuit et le Croquemitaine sous le lit n'existaient plus pour lui. Il en revenait cependant toujours à la même vision, inéluctablement attiré par la même chose. Les yeux du personnage dans ce tableau, dérangé, qui le regardaient d'un air défiguré comme s'il avait été la folie incarnée et qu'il le suppliait de le délivrer. C'était lui qui rendait l'atmosphère si lourde, et il se força à l'oublier.
Soudain, un bruit, une attaque, un réflexe. En un éclair Dimitry avait écouté son instinct, anticipé la chose et changé de forme pour ne faire plus qu'un parmi les ombres du mur, tandis que la masse sombre d'une personne délivra une rafale de silencieux, passant juste à l'endroit qu'il avait occupé l'instant précédent. Invisible, il ne bougea plus, concentré uniquement sur son agresseur. Est-ce qu'il l'avait vu ? Est-ce que les faveurs de la nuit n'allaient pas le faire passer que pour le fantôme de l'imagination dans l'esprit de cette personne ? Ou bien est-ce qu'il venait de se faire griller comme un vulgaire bleu ? Une chose était certaine cependant, il n'y avait pas la place pour deux cambrioleurs simultanés dans cette maison, son égo et orgueil le lui interdisaient. Quoique rien ne l'empêchait de jouer un peu avec les nerfs d'une victime pas si innocente que ça après tout. Tant qu'il restait dans l'ombre, il ne serait pas vu. La nuit était son élément et il ne comptait céder aucun pouce de terrain.
Quelle ne fut pas alors sa surprise lorsqu'il examina le visage de l'inconnu. Ou plutôt devrait -il dire, de l'inconnue ! Oui, il connaissait bien ce visage, cette expression de contrariété notoire qu'elle affichait et cet empressement déterminé si caractéristique de sa personne. Bordel, voilà qui compliquait la chose à l'extrême. Il comprenait mieux, maintenant, la haie défoncée et la voiture dans le jardin ! Une foule de question sans réponses lui vinrent alors à l'esprit. La plus cruciale et dérangeante de toutes étant sans nuls doutes « Que faisait-elle ici ? ». Mais il y avait aussi, « Pourquoi ? » et surtout « Par qui avait-elle été envoyée ? ». Est ce qu'elle avait un quelconque lien avec ce peintre médium ? Il n'en savait fichtrement rien. Est-ce qu'elle avait un quelconque lien avec Milbury ? Le jeune homme en doutait. Il savait bien des choses sur les autres maraudeurs, ou du moins plus qu'eux même n'en savaient. Leurs identités respectives aussi et il était le Premier parmi les petits mercenaires de Milbury, mais cela n'excluait en aucun cas une mise à l'épreuve ou une trahison. Il réfléchit quelques instants supplémentaires, l'observant examiner le coin avec méfiance. Il ne croyait pas au hasard, pas cette fois-ci. Il se glissa vers l'escalier, en s'assurant de ne pas être vu. Pire que ça, était-elle là sur la demande de Nikolaï ou Vladimir ? Ce dernier était en prison, mais cela ne voulait rien dire. Tôt ou tard, il sortirait.
Cela devenait extrêmement contrariant. Si elle était là pour les mêmes raisons que lui, alors elle devenait sa concurrente directe, mais jamais il n'oserait porter atteinte sur elle, malgré son caractère lunatique, et ses propres scrupules, inexistants. Pourtant, il était là, capable de lui enfoncer une lame d'acier de quinze centimètres au travers de la gorge sans que jamais elle ne sache qui avait commis l'irréparable. Mais non, il ne le ferait pas. Cela serait la pire des trahisons, envers son propre oncle, et envers la Famille toute entière. Il n'imaginait pas ce qu'il pouvait lui arriver si la Famille apprenait l'assassinat de sa main d'un des héritiers Dostoïevski. De toutes manières, le maraudeur avait trop de respect envers cette fabuleuse institution du crime qu'était la Pieuvre. Et également beaucoup trop d'intérêt là dedans.
Une chose cependant, était claire à ses yeux. Il n'y avait aucune coïncidence sur le fait qu'ils soient présents au même endroit au même moment. Ils étaient là pour la même chose, mais Dimitry avait du mal à concevoir pourquoi Irina chercherait un tableau des plans de Milbury, à moins d'être envoyée par le Boss lui-même, idée qui lui déplaisait très fortement.
Il se décida alors à agir. Il devait apprendre le pourquoi du comment, c'était peut-être vital. Il ne savait pas si sa cousine était au courant de sa présence, ou si elle l'ignorait totalement, mais dans les deux cas la rencontre risquait d'être corsée. Il y avait toujours eu, entre eux deux, une espèce de tension compétitive et plutôt malsaine, une sorte de jalousie à qui serait le meilleur. Elle n'avait sans doute jamais réellement apprécié le jeune homme, mais la position privilégiée de ce dernier envers son oncle l'avait toujours préservé, même s'il n'avait aucune réelle légitimité pour se la ramener devant elle si l'on suivait les codes à la lettre. Après tout, n'avait-il juste pas été « qu'un sbire » comme elle aimait à le lui rappeler ? Désormais, si n'importe quel maraudeur osait avoir son aplomb devant lui et l'insulter, il le lui ferait payer cher, mais elle, elle avait malheureusement presque tous les droits, malgré le fait que tonton soit toujours en prison. Ah, il y avait ça aussi. Sujet plus que délicat. Mais l'heure n'était pas à l'échafaudage de plans d'évasion. Il apercevait de la lumière en bas, et un léger bruit aussi. Il devait vérifier si elle était seule ou non. Une seule voiture en apparence, quatre places maximum.
Se coulant jusqu'aux rideaux de la cuisine, il les entrouvrit pour vérifier l'absence de présence et ne manqua pas de remarquer deux choses alarmantes. Un, des tableaux brûlaient dans l'évier, dont peut-être celui qui l'interessait. Deux, la fumée âcre et opaque s'élevait rapidement jusque vers le plafond. Jusque vers cette petite lumière rouge discrète qui signifiait que le système alarme incendie était activé. Si les pompiers devaient débarquer, cela serait l'échec de la mission. Il éteignit la lumière et se précipita alors vers l'évier, redevenant semi humain, redoutant les flammes plus que la chaleur mais parvint tout de même à ouvrir l'arrivée d'eau sans trop s'exposer au feu. Dans sa précipitation il commit tout de même une erreur, bousculant le set de couteaux de cuisine disposé sur le plan de travail et le renversant sur le sol dans un bruit plus que malvenu. Le jet puissant et bruyant nettoya le liquide inflammable et éteignit le début d'incendie, n'allant pas tarder à faire déborder l'évier à ce rythme. Pour plus de sécurité, il se dépêcha de tremper quelques feuilles de papier absorbant avant de se projeter jusqu'au plafond pour en entourer le détecteur dans une sorte de gangue humide. A défaut de le désactiver ou de le détruire convenablement, ceci devrait faire l'affaire provisoirement. Ne doutant pas un instant qu'Irina aurait entendu un tel vacarme, il choisit alors de glisser sous forme de flaque d'ombre jusque sous l'évier, faute de mieux, attendant de voir ce qui allait se passer. Il allait observer et ensuite seulement agir. Peut-être en apprendrait-il plus sur le pourquoi du comment de la présence de sa cousine ici. On la disait, elle aussi, mutante. Alors il était bien curieux de pouvoir l'espionner seule, chose qu'il n'avait jamais osé faire auparavant. Ce n'était peut-être que des rumeurs mais, après tout, ainsi en était-il également sur son propre compte dans la famille.
Ce qu'il ne remarqua cependant pas, c'était la manière étrange dont cette traînée de peinture coulait d'une des blessures de la toile, suintant d'un tableau écorché par les flammes, dépassant de l'évier. Lentement, goutte à goutte, elle atteignait le sol en petits « ploc » caractéristiques, se mêlant sans distinction à l'eau qui jaillissait hors du lavabo.
C'était là la saignée d'un tableau qui criait son agonie dans le silence frissonnant de la nuit. » | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un défis pour la famille [Dimitry] Mer 25 Aoû 2010 - 22:06 | |
| Les pas d'Irina s'accélérèrent à mesure qu'elle se rapprochait de la chambre. Elle ouvrit la porte et constata avec consternation que quelque chose n'allait pas. Elle avait laissé la lumière allumée quand elle était sortie de cette pièce, elle en était sûre. Cela faisait tout de même beaucoup d'éléments paranormaux pour une maison prétendue vide. Elle donna avec violence un coup à l'interrupteur. Dans sa situation, elle ne supportait plus l'obscurité. Tout dans cette demeure allait devenir clair, tout allait brûler, elle en avait décidé ainsi; à commencer par ces œuvres stupides. De toute façon, l'art commençait à méchamment l'énerver aussi. Pourquoi, quand elle prenait, elle, un crayon et un papier, pour dessiner une fleur, celle-ci n'arborait que des pétales maladroites et disproportionnées ? C'était injuste, injuste et inutile. Si elle ne possédait pas ce talent, ça ne pouvait de toute façon que l'être. Et en quoi la beauté des toiles allait les protéger contre ce qui les attendait ?! Elles seraient moins jolies, carbonisées. La mutante fit tomber plusieurs peintures de leur promontoire, prenant plaisir à briser le verre des cadres en appuyant du pied sur leur dos.
Elle soupira, se rendant compte que ses actes tournaient au vandalisme pur. Ce n'était pas vraiment professionnel, ce n'était pas vraiment discret, en bref, ça allait à l'encontre de la plupart des conseils que les gens du métier lui avaient donnés. Elle entreprit alors de ramasser les tableaux abîmés et de tous les hisser sur son épaule. Toujours dans la même salle l'hybride s'apprêtait à agir à l'identique dans la pièce d'à côté quand elle entendit un fracas métallique, probablement à l'étage du dessous, puis celui d'un écoulement aqueux. Elle se retourna vivement, malgré sa fougue, elle n'était pas dénuée de capacités d'analyse. Il ne pouvait pas y avoir mille raisons à cela. Il était assez improbable que le feu est pris suffisamment pour brûler un meuble et faire tomber quoi que ce soit. Peut-être un proche du peintre -ou le peintre lui-même- était-il rentré, mais il n'avait pourtant entendu aucun ronronnement de véhicule dans la nuit froide, et aucun grincement de la grande porte du vestibule. Excluant avec écœurement une hypothèse farfelue comme quoi les croquis s'animeraient pour éteindre l'incendie, il ne lui restait alors plus qu'une seule et dernière possibilité. Dimitry l'avait doublée.
Se laissant emporter par une colère froide, Irina balança, non sans mal, comme d'une seule toutes les peintures contre le mur du couloir, qu'elles heurtèrent mollement avant de s'écraser au sol, projetant autour quelques éclats translucides. Sans plus réfléchir, elle se rua ensuite sur la commande des lampes du corridor pour toutes les activer. Elle descendit d'un pas déterminé vers l'escalier puis l'antichambre, et réserva le même traitement frénétique à l'éclairage. Elle chercha d'où avait pu venir le bruit suspect. Allumant la lumière de la cuisine d'où provenait le capharnaüm elle nota bien vite que SON brasier avait été éteint et que le peu de l'épaisse fumée encore présente n'en était plus qu'un résidu. Si elle avait été complètement humaine, elle aurait sans doute toussé, mais sans poumons, son corps n'avait aucune raison de le faire. En réalité, seuls ses yeux étaient affectés par la vapeur, rougis, et bien que la sensation sur sa peau fut désagréable, ses pores eurent la bonne idée de rester hermétiques. Elle poussa un grognement de rage en frappant l'évier d'un poing qui se compressa sous le choc. L'eau se déversait à grand flot du robinet et formait à présent une flaque grandissante sur le plancher.
Sa vision légèrement restreinte par la fumée et son esprit surchauffé par les événements, elle buta dans des ustensiles de cuisine qui gisaient éparses au sol. Voilà qui résolvait le mystère du bruit de ferraille. Elle avait beau chercher partout, Dimitry n'était pas dans la pièce. L'hybride se rappela alors ce qui faisait toute sa force. Elle l'avait découvert avec effroi quelques années plus tôt déjà. Elle avait encore dans la bouche le goût salé des larmes qu'elle avait pleurées ce jour là, et chassa d'un revers le désespoir qui menaçait de revenir. Encore une fois, son cousin avait l'avantage. Irina était impuissante. Sa mutation était inférieure, la vie était stupide. Elle méritait mille fois plus que lui tous les pouvoirs du monde. Mais il devait l'observer; peut-être en ce moment précis. Elle ne devait pas faire preuve de faiblesse, et encore moins devant lui. Elle savait que son physique ne l'aidait pas à se faire croire forte, elle ressemblait trop à une gamine, ou à un gamin, elle ne savait même plus. Elle fléchit les jambes et attrapa un couteau à terre.
« Je me suis longtemps demandée où tu étais passé, Dima. Pendant tous ces mois. Tu sais, tous ces mois où mon père était en prison. » Articula-t-elle sur un ton tout à fait badin, en regardant dans une direction choisie au hasard.
Elle se releva et scruta tous les spectres maintenant assez nets de la pièce lumineuse. Elle avança, lentement, vers un des murs. Elle choisi l'ombre un peu difforme d'un réfrigérateur et s'arrêta. Faisant éclater une petite bulle de chewing-gum pour se donner de la contenance, elle s'adressa alors à elle avec une pointe de cynisme.
« Mike Milbury. Mike Milbury. C'est ton nouveau ''parrain'' ? Tu es passé chez qui, Dima ? Un américain ? Et alors, tu l'appelles ''Boss'' ? Tu fais souvent l'iconoclaste pour lui ? C'est tellement plus enrichissant ? C'est Mike Milbury qui t'as sorti de ta misère en pleine Russie ? C'est Mike Milbury qui t'as élevé comme son propre fils, qui t'as appris tout ce que tu sais aujourd'hui ? Non, Mike Milbury, lui, t'aurais bien laissé crever. Dans le froid. Ouais, dans le froid. Tu serais mort. Pourquoi ? Parce que Mike Milbury n'est rien. Parce que ce n'est qu'un criminel sans honneur, sans famille, parce qu'il ne peut pas comprendre. »
Irina planta son arme dans la cloison, y fit une petit plaie, puis un autre juste à côté. Longeant lentement la salle, elle poignardait alors ainsi chaque ombre qui avait le malheur de la rencontrer, sans s'arrêter de parler.
« Mais tu n'es pas mieux que lui, Dima, non. Tu as exactement le même comportement. A la moindre difficulté, tu as fuis, comme un lâche. Tu as abandonné mon père, et la famille à qui tu devais tout. Tout ! Je sais que tu fais un très bon pompier, Dima ! Mais je me demande de combien ta jolie tête serait mise à prix si on te dénonçait, pour, mettons, l'incendie de toute une maison ? Montre-toi ! Affronte tes fautes en face ! Je ne supporte pas de parler avec du vide ! » Lança-t-elle, excédée. |
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| Sujet: Re: Un défis pour la famille [Dimitry] Mar 7 Sep 2010 - 22:15 | |
| ~ Au moment où les mots d'Irina, acides comme le poison, finirent de franchir ses lèvres, Dimitry n'en supporta pas d'avantage et lança violemment un bras d'ombre déformé sur la main de cette chère cousine, frôlant son visage sans pourtant le toucher. Un avertissement. Dans un accès de colère, aussi froide qu'instantanée, l'objet métallique et tranchant vola dans les airs en un tintement métallique et cristallin, allant se ficher avec force dans un mur.
L'arme s'immobilisa quelques instant plus tard, dans un tremblement lancinant. Le silence de plomb qui suivit ne fit qu'ajouter à la tension de l'instant, incertaine, insolente. Les ombres dans le champ de vision du jeune homme semblèrent frémir, frissonner, avant qu'il ne rappelle l'espèce de lance d'ombre solide sous l'évier. Dimitry était contrarié, et pas qu'un peu. Non seulement elle marchait sur ses plates bandes, mais en plus elle touchait à des choses qui ne devrait pas être tirées hors de l'ombre. Des choses qu'il fallait éviter de réveiller.
Les ombres présentes dans la pièce, assez peu nombreuses à cause de la luminosité, mais présente malgré tout, semblèrent se détacher. Lentement, tout d'abord, puis de plus en plus vite, entamant un ballet de nuit inopiné, tournant autour d'Irina comme des requins autour d'une proie, faible, sans défense, sans secours, à sa merci. Il l'observait, il la jaugeait, il réfléchissait. Jusqu'à quel point pourrait-il aller, avant que les conséquences de ses actes ne dépassent ce qu'il serait en mesure d'assumer ? Elle était insolente, présomptueuse et faite du même orgueil qu'il l'était lui même. Il quitta brusquement sa cache, tâche d'ombre noire et nette sur le sol, fonçant droit sur la proie tant désirée dans un mouvement menaçant, semblant avoir décidé de son sort, avant de passer à ses pieds et de continuer, traversant la pièce en moins de deux secondes. Non, son objectif avait été tout autre et se trouvait derrière elle. Grimpant à la verticale à mi hauteur, il actionna l'interrupteur et le noir oppressant revint, avant de se fondre brusquement dans l'obscurité de la pièce. Il recommença son petit manège, mais beaucoup plus lentement, pour faire monter la tension. Il fit se balader une ou deux chimères humaines et squelettiques dans les recoins les plus sombres. Ils allaient bien voir jusqu'où son cran allait aller, si elle n'avait pas peur. Menaçant si elle faisait mine de s'approcher de l'interrupteur. Il lui tourna autour, rôdant, ne se laissant à chaque fois qu'entr'apercevoir, éphémère. La lumière provenant des escaliers plus loin n'était pas suffisante pour procurer un réconfort chaleureux et tranchait radicalement sur le tapis de froides ténèbres de la pièce. Elle l'avait énervé, il détestait cela. Être touché par ses paroles, cela signifiait qu'il y avait toujours un point sensible quelque part. Il lui parla d'une voix froide et dure, presque menaçante, en Russe. Semblant ne jamais venir d'une direction fixe, à mesure qu'il se déplaçait, ne matérialisant que le haut du corps pour pouvoir parler, fondu dans l'ombre.
_ Ne parle pas de ce que tu ne connais pas, Ira, tu pourrai le regretter. Dois-je te rappeler que, de nous deux, c'est toi l'américaine ? Je ne suis même pas certain que tu puisses toi même survivre à une seule saison froide de Sibérie. »
Il changea de position, trompant ses sens à l'aide d'autres ombres pour passer derrière elle, rematérialisant une silhouette humaine d'ombre solide, presque lui en fin de compte. Tel le spectre de la mort prêt à cueillir son âme, s'étirant légèrement afin de surplomber sa cousine, les mains silencieusement tendues au dessus des épaules et la tête s'approchant de la sienne, comme un père murmurant un conseil à l'oreille de sa fille. Sauf que là, il voulait clairement lui faire peur. Peu lui importait qui elle était à ce moment là, peu lui importait son comportement, il n'en avait rien à faire.
_ Est-ce que tu as peur du noir Ira ? »
Il s'évanouit, redevenant simple tâche d'ombre à ses pieds. Dans son ombre à elle. Il finit par gagner un coin de la pièce, immobile, ne bougeant plus, redevenant humain, mais toujours enténébré par les ombres de la nuit, presque surnaturellement, de sorte que son visage restait invisible. Assis dans un rocking-chair bas et outrageusement confortable, d'une posture désinvolte, comme un roi sur son trône avachi, il la fixait de ses deux yeux céruléens.
_ J'ai fait plus pour Le Père que tu ne puisses imaginer, certainement même plus que toi. Alors ne viens pas me dire ce que je dois faire, je n'ai pas à me justifier. Tes histoires d'incendie me font bien rire chère cousine, mais si tu es si forte que cela, pourquoi ne le libères-tu pas toi-même ? »
Il souleva une légère pointe d'ironie sur la fin. Il paraissait fier et arrogant, insolent et provoquant, mais c'était voulu. Il ne connaissait que trop bien son caractère impatient et colérique. Il était si facile de la mettre en rogne. Et son plaisir serait si grand de la voir céder. Il reprit une ironie marquée, le ton amusé en moins cependant.
_ Mais dis moi, depuis quand t'intéresses-tu à l'art ? Je ne te savais pas si bien portée sur... La chose. »
Il fit un vague signe de tête pour désigner le fatras qui avait été mis. Un léger silence. Il fit un signe de la main en direction d'une des chaises de la table de la cuisine, dédaigneux, à la limite de l'insulte.
_ Oh mais, j'oubliais les bonnes manières. Et si nous discutions confortablement ? » » | |
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| Sujet: Re: Un défis pour la famille [Dimitry] Dim 19 Sep 2010 - 15:32 | |
| Irina eut un mouvement de recul inconsidéré quand le bras de ténèbres, semblant sortir de nulle part, surgit près d'elle. Un pot de confiture olivâtre, posée sur l'étagère bousculée par ce réflexe, se brisa au sol, alors que la mutante fut dépossédée de son arme blanche. Elle n'eut pas le temps de se remettre de sa surprise que quelques mots sans bouche virent éclater ses derniers doutes quant à la présence de Dimitry. Cela faisait plus d'une demi-année qu'elle ne l'avait pas entendu parler, et sa courte phrase n'en eut que plus d'effet. Elle rentra légèrement les épaules et courba le dos, signe tout aussi involontaire d'une certaine vulnérabilité. Elle avait foncé jusqu'ici sans réfléchir, comme elle en avait l'habitude, sans penser aux conséquences, sans même songer réellement à discuter avec son cousin. Elle avait parlé en un flot continu, les paroles venant plus vite que les idées. Et elle subissait à présent un violent retour de flammes noires et obscures : la lumière venait de s'évanouir. Les ombres bougeaient, perdaient toute logique; elle n'en pensait une seule vivante, mais laquelle ?
Tentant de ne pas céder à un début de panique, elle se contenta de chercher à percer la pénombre en plissant les yeux. Toute cette mouvance la perdit rapidement, la noyant. Elle ne se sentait plus très bien. Elle n'y voyait presque plus. La voix de Dimitry vint la harceler de nouveau.
« Je peux survivre à des choses que tu n'imagines même pas. » Lâcha-t-elle dans la même langue, bien plus hésitante qu'elle ne voulait le montrer.
L'ambiance n'était pas rassurante, mais c'était surtout la réflexion sur son origine étasunienne qui gênait sa confiance. Son cousin avait touché là un point sensible. Paradoxalement, et cela creusait encore la plaie, le russe n'était clairement pas le dialecte dans lequel elle excellait le plus. N'importe quel étranger, sur le coup, se serait retrouvé avec une dizaine de balles dans le corps. Dimitry n'en aurait peut-être pas été épargné, si seulement il avait été accessible... Car la vague silhouette qui était apparue s'était trop vite évaporée.
Mais le maître des ombres n'avait pas pour projet de lui laisser de répit, car il lui susurrait ce qui paraissait être pour Irina de petites méchancetés incessantes, des gouttes de vilenie qui se perdaient au rythme des vagues sombres. Elle s'efforça d'éloigner le buste fantasmagorique autant qu'elle s'efforça de s'en éloigner, sans réel succès. Quelques temps plus tard, et même matérialisé, sa forme humanoïde restait impalpable et imprécise.
« Fourbe ! Tu te caches dans tes ombres parce que tu es faible... » Tenta-t-elle avec une autorité gâchée par sa voix juvénile. La fin de sa phrase se termina en soupir plutôt qu'en hurlement, comme si elle avait voulu ravaler ses mots.
Elle ne voulait rien entendre de l'utilité de Dimitry pour la famille, de sa propre incapacité à délivrer son père. Elle s'y refusait même, avec une détermination bornée, elle ignora ses phrases. La mutante ne voulu pas non plus prendre la chaise qu'on lui proposait avec tant de superbe. Elle décida d'un parti pris difficile, car crachant son chewing-gum sur le sol, elle ferma les paupières. Si ce sens la trompait, les autres, plutôt aiguisés lui seraient fidèles. Elle coupait ainsi son cousin d'une grande partie de son influence psychologique. Et sur le plan physique, elle ne pensait pas vraiment craindre grand-chose. L'action avait aussi l'avantage de protéger ses pupilles de la fumée. Il n'aurait plus manqué que Dimitry la pense en train de pleurer. Elle se remit aussi droite que possible, avec dans sa respiration une sorte d'orgueil sur-joué. La tentation d'exploser était forte, mais pas plus forte que ses projets d'avenir : elle n'était pas venue pour abattre son cousin, et doutait même, chose rare, d'y parvenir. Son ton se radouci considérablement, et sans pour autant en devenir conciliant, on pouvait peut-être y déceler une sorte de respect voilé. Bien dissimulé. Presque invisible. Ou du moins n'y avait-il pas trop d'irrespect.
« Je fais comme toi, Dima. Je trahis et je vole, je tue, je détruis. C'est ton crédo, non ? Soit, c'est aussi le mien. Exactement comme toi. Depuis que Père est en prison... Nikolaï ne m'emploie pas à ma juste valeur. Alors je travaille pour Mike Milbury. » Irina s'essaya brièvement à un sourire, les yeux toujours clos. « Même s'il ne le sait pas encore. » Elle fit un quart de tour en direction, elle l'espérait, du lavabo. « Et il sera très content quand je lui dirais que ses petits plans sont bien en sécurité dans sa méprisable petite tête. Et que je n'aurais pas eu besoin de toi pour ça. »
A ces mots, la mutante réouvrit soudainement les paupières et se jeta à l'endroit où elle avait laissé les allumettes. Elle avait la ferme intention de récupérer également un des détergents inflammables et de mettre définitivement feu à toute cette habitation, tableaux compris. |
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| Sujet: Re: Un défis pour la famille [Dimitry] Dim 3 Oct 2010 - 23:04 | |
| ~ Il semblerait que Dimitry ai réussi à obtenir son petit effet, sa cousine préférant fermer les yeux plutôt que de l'affronter en face. Il ricana intérieurement. D'un rire pourtant sans chaleur ni amusement aucun. Plutôt d'un rire désabusé. Et alors quoi ? Elle, elle ne savait pas qu'il n'avait pas l'intention de la tuer, et lui s'en amusait. Pour le moment du moins. Car après tout, qu'est-ce que cela changerait ? Personne ne saurait jamais ce qu'il se serait réellement passé. Hm, oui. Quitte à continuer sur sa lancée, quitte à bazarder les derniers fragments de son ancienne vie qui le retenait encore, dernières entraves pourries et rouillées rattachées à son corps frémissant de rébellion, il pouvait la tuer elle, il pouvait le tuer lui, le parrain, puis Nikolaï, qui ne comprendrait jamais ce qu'il se serait passé. Eux et tout les autres. Il avait déjà fait la remarque, une fois, il n'y avait pas si longtemps que ça. Il avait fait remarquer que n'importe quel mutant avec un don à peu près approprié pouvait tuer n'importe qui de la Pieuvre sans la bonne protection. Il n'avait pas poussé jusqu'à aller dire que c'était en réalité exactement à sa portée, mais il n'en pensait pas moins. Après tout, ne s'était-on pas servi de lui pour approcher au plus proche les concurrents et rapporter des informations précieuses ? Il balaya ces réflexions comme on balaye un tas de feuilles mortes devant sa porte avec ce geste las et absent. Et elle alors ? Elle voulait quoi ? Elle bossait pour qui ? Devait-il la craindre ? Il lui fallait ces informations complémentaires, c'était peut-être sa propre tête qui était en jeu.
Il ne tarda pas cependant à obtenir un élément de réponse. Alors... C'était ça ? Elle voulait... De la reconnaissance ? Nikolaï ne m'emploie pas à ma juste valeur. Est-ce que c'était une blague ? Elle venait ici, après l'avoir espionné par il ne savait quel moyen - car Dieu savait qu'il faisait pourtant attention - uniquement parce qu'elle était en manque de reconnaissance ? Mais, il y avait tout de même quelques choses qui le dérangeaient dans son discours, il y avait des incohérences, elle n'avait pas agi avec réflexion. Pourquoi était-elle venue seule ? Elle voulait juste l'emmerder avec cette histoire de tableau ? Hm, soit, après tout, cétait Irina, c'était l'impulsivité même, c'était tout à fait possible. Il ne savait pas si c'était réellement cela mais, d'un coup, si c'était le cas, il était un peu déçu. Il s'attendait à une surprise énorme, à une trahison sans nom, à un chemin de sang et d'amertume... Et bien non, juste un caprice en réalité. Enfin, cela ne restait qu'une hypothèse pour le moment, elle était encore à vérifier. Et ça pour la vérifier, il allait la vérifier.
Puis, d'un coup, Irina décida de se jeter sur le lavabo et l'endroit où il y avait les allumettes. Elle voulait mettre le feu à cette pile de tableau, et elle y était bien décidée apparemment. Soit, il s'en fichait. Toujours assis dans les ténèbres immortelles tandis qu'elle s'agitait frénétiquement, il ne fit pas mine de de bouger d'un poil, observant avec attention la scène. L'accès fugitif de colère qu'elle avait provoqué en lui était en train de disparaître pour laisser de nouveau la place à l'objectif de la mission.
_ Mike Milbury pourrait t'arracher les yeux simplement parce que la couleur de ta veste ne lui plaît pas. Entre nous Ira, et honnêtement, je doute qu'il ai vraiment quelque chose à faire des caprices d'une gamine. Oui, caprice, parce que je ne vois pas d'autres raisons qui pourraient t'amener à travailler pour un criminel sans honneur et sans famille. »
Il avait dit ça le plus naturellement du monde,comme s'il ne faisait que souligner quelque chose de tellement évident qu'il fallait se crever les yeux pour ne pas le voir. Il se leva, silhouette de nuit dans le noir, en faisant mine de s'épousseter par simple réflexe, avant de se diriger vers la porte de la cuisine. S'y arrêtant un instant, il se retourna à demi afin d'ajouter les mots suivants.
_ Je ne peux rien faire pour toi Irina. Si tu es jalouse, tu ne peux t'en prendre qu'à toi même. Si tu es en manque de reconnaissance, également. Tu n'as qu'à demander à Vladimir, il saura te conseiller. C'était un homme intelligent, lui, c'était un grand homme. Moi, je refuse d'essuyer ton incompétence, car tu dois être tombée bien bas pour venir exercer cette petite vengeance personnelle sur moi. »
Et il se retourna pour quitter la cuisine et avancer dans le petit couloir, l'ignorant royalement. Il n'y avait cependant aucune méchanceté dans ses paroles, aucune vilénie. Juste une froide neutralité, une simple constatation. Lui, il avait à faire. Elle pouvait mettre le feu à la maison, il mettait ce qu'elle voulait à parier qu'il pouvait fouiller toutes les pièces avant qu'elle ne s'embrase totalement. Il pénétra une autre pièce, qui semblait être une sorte de living room tout ce qu'il y avait de plus banal. Une télévision, plus loin un ordinateur, une table basse avec autour deux canapés, une baie vitrée donnant sur le jardin et une commode contre un des murs. Absolument banal, absolument routinier et absolument écœurant. Oui, toute cette vision sauf... Sauf les quelques tableaux accrochés contre le mur, formant une suite lorsqu'ils étaient disposés les uns à côté des autres. Le jeune homme n'avait certes pas besoin de lumière pour les voir, et il ne se dérangea pas pour les observer, toujours à la recherche de ce qu'on lui avait demandé. S'approchant lentement de l'un d'entre eux, le dos tourné à l'entrée de la pièce, il le saisit avec délicatesse et le décrocha du mur pour le mettre au sol à sa hauteur et l'observer. Hm, si le peintre qui était à l'origine de toutes ces œuvres était aussi dérangé que ce qu'il peignait, il devrait peut-être aller chercher du côté des asiles pour le retrouver.
Certes. » | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un défis pour la famille [Dimitry] Mer 24 Nov 2010 - 19:48 | |
| Les paroles de Dimitry étaient dures. Peut-être pas aussi dérangeantes, sur un plan éthique, que celles qui les avaient précédées, mais leurs crochets venimeux étaient autant de pointes de frustration s'enfonçant dans la chair de la fierté de l'hybride. Irina avait déjà de nombreux complexes sur son apparence de môme, aussi la remise en cause de sa maturité était encore plus agaçante pour elle que pour n'importe quelle autre victime des piques de son cousin. En une poignée de minutes, celui-ci avait accompli l'exploit d'accumuler les trois pires insultes existantes aux yeux de sa parente : l'origine, l'incapacité, et maintenant l'immaturité. Sans compter qu'il rajoutait une couche de terre supplémentaire dans le trou où elle était tombée; à coup de ''il pourrait t'arracher les yeux''. La mutante doutait que quiconque puisse lui arracher définitivement les globes oculaires, mais ça ne l'empêchait pas de fulminer, d'écumer, d'enrager et aussi d'hésiter. Elle ne pouvait pas éternellement faire l'autruche, elle se devait une revanche. Même si Dimitry ne les lançait pas comme des injures, il ne pouvait ignorer que ses dires se rapprochaient maintenant dangereusement des questions d'honneur. Si Irina avait déjà embrassé une bonne partie de l'éthique italienne, sa conscience familiale russe retenait la vendetta.
La maison, elle n'aurait pas cette chance, puisque sa pire ennemie venait enfin de comprendre qu'elle était de nouveau seule dans une pièce. Moyennant une sorte de caquètement sec et aigu qui ressemblait à un rire interrompu, l'hybride laissa émerger son contentement quand les tableaux reprirent feu violemment, dans une explosion due au détergent. Un instant plus tard, elle fut projetée de quelques mètres par une seconde un peu plus puissante. Elle ressentit de multiples petites brûlures au visage et sur le torse : dans le noir, de petits éclats de bois brillaient d'une lueur rouge-orangée, éparpillés sur le sol. Elle secoua la tête en manifestant des signes qui allaient de la douleur aux contentements. Si c'était désagréable, elle n'eut cependant même pas besoin de poser la main sur sa peau blessée pour savoir que son pouvoir faisait à déjà effet, et que dans quelques minutes, si ce n'était moins, le derme serait aussi sain que celui d'un nouveau-né, les pores en plus. Une expression maintenant déterminée, elle extirpa d'un placard bas un gros bidon d'une substance dont elle ne prit même pas le temps de lire le nom, et le catapulta non sans mal sur l'incendie. Sous le choc et son propre poids, le plastique blanc se fendit, et son contenu fut rapidement dévoré par les flammes provoquant de puissants crépitements sonores. La contemplation de ce spectacle avait un admirable effet calmant sur Irina. Pour un peu, elle se serait bien transformée en flamme vive pour déverser sa colère et sa hargne sur les combustibles innocents, les calcinant dans l'impitoyable chaleur de sa vengeance.
S'il y en avait un, à l'inverse, qui n'était pas innocent, c'était bien Dimitry. Elle ne savait pas si elle le haïssait, mais la mutante avait à ce moment précis irrépressible envie de l'humilier, d'entacher son égo sélénite, de lui faire perdre sa verve glaciale, de montrer au monde qu'il n'était qu'un homme plein de faiblesses. Les pas de l'hybride sur le plancher étaient toujours aussi légers, précis, entraînés, et sous les grondements du bûcher, ils étaient totalement couverts. La lune, de l'autre côté de la baie vitrée, illuminait la pièce d'une lueur blafarde, lui donnait une atmosphère malsaine, inquiétante. La silhouette de son cousin se dessinait comme une illusion fragile faite de courbes délicates et éphémères. Occupé à décrocher un tableau, il paraissait vulnérable, Irina le pensait tellement à sa mercis qu'un frisson d'excitation folle lui parcouru le corps. Quelques mètres seulement séparaient à présent les deux cousins. Le russe pouvait se retourner à n'importe quel moment et l'apercevoir. L'idée stupide que l'obscurité puisse la protéger de sa vue plana une seconde dans l'air, avant de disparaître. Peut-être réussirait-elle à le toucher avant qu'il s'en rende compte. Une telle action serait néanmoins risqué et sans intérêt : la faible force qu'était capable de déployer la mutante aux muscles spongieux, malgré toute une technique, ne pouvait espérer rivaliser avec celle d'un homme classique et entraîné, comme l'était assurément Dimitry. Tant pis; son pistolet tenu à deux mains, elle tenta de le recharger avec un claquement, avant de se rappeler qu'il ne faisait pas plus de bruit qu'elle, et pestant, mit au courant de sa présence par sa propre voix.
« Je pointe actuellement sur toi une arme, autant que ce soit clair. J'ai demandé une place chez Milbury. Et ce n'était pas une requête discutable. » dit-elle pleine de satisfaction, elle visait à présent l'épaule de son interlocuteur, prête à vider son chargeur sur l'infortunée articulation, étant sûre de ne pas avoir de scrupule à blesser ainsi celui-ci. « Mais maintenant, j'aimerais également des excuses. Tu es quelqu'un de vexant, Dima. »
Ses derniers mots montaient encore un peu plus vers le haut de la gamme, et semblaient instables ou déments, comme s'ils tremblaient : pas de peur, mais bel et bien de fougue ou de contentement intense. Irina était sur le point d'exploser. Mais elle ne savait pas encore quoi. Ou qui. |
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