Vol au-dessus d'un nid de mutants [Ghinzu][Terminé]

Dernière édition par Icare le Jeu 12 Jan 2012 - 1:36, édité 2 fois

Jusque là Icare s'était toujours protégé des autres, il avait su se rendre invisible, tant du côté élève qu'administratif mais le garçon ne pouvait pas éternellement se cacher aux yeux de ce monde! Et surtout pas éviter tous les ennuis. Des problèmes terres à terres que tout élève peut avoir dans un pensionnat, lesquels étaient agrémentés de surnaturel, de pouvoirs extraordinaires qui ne plaisaient guère à l'adolescent. Ainsi, Icare évitait de se présenter à l'administration, c'était sa mère qui l'avait inscrite, et sinon il n'avait pas fait assez de bêtises pour y aller, puis ses notes étaient correctes, juste dans le but de ne pas avoir de convocation car ces cours l'énervaient... Apprendre à se servir de pouvoirs au lieu de s'en débarrasser, c'était d'un ridicule! C'était chérir l'objet de sa douleur et cela, Icare ne l'admettait pas même s'il ne se rendait pas compte que la véritable source de souffrance c'était lui qui la générait, ses frères et soeurs eux étaient très heureux avec leurs dons...

Enfin bref, aujourd'hui le jeune mutant était bien forcé de se rendre à l'administration, on lui avait volé sa précieuse guitare! Icare avait poursuivi le "magicien"-mais lui ne le savait pas, forcément-, capable de prendre n'importe quel physique en courant à travers la cour. Les élèves qui les avaient regardé avaient tous un air étonné sur le visage! Non pas parce qu'un mutant immense et couvert de pierre -c'était l'apparence choisie par son voleur- galopait avec une guitare sous le bras, et non plus par le fait d'apercevoir un gamin ailé. Non la source de leur surprise, c'était le fait que ce dernier s'acharne à courir et non à voler... C'était plutôt comique comme résultat au final, enfin sauf pour l'intéressé qui, en nage et en rage se dirigeait vers le secrétariat. Estimant ne jamais avoir causé d'ennuis à cette école-enfin presque!- l'ange roux se dirigeait d'un pas plus sûr qu'à l'accoutumé vers le secrétariat.

Il salua poliment mais froidement Darla Stinger, un début de panique raisonnait aussi dans sa voix, car approcher des mutants lui faisait toujours peur, pour lui c'était tous ses sauvages, et il s'incluait dedans! Enfin c'est vrai quoi, on pouvait s'attendre à mourir à chaque coin de couloir dans cet institut... Pas que l'envie de disparaître ne lui plaise pas, mais pas ainsi, pas embroché par un espèce de mutant porc épic ou un gros tas de pierre qui bouge ou une fille qui vole façon superman... Ou encore l'autre qui porte des voitures sur le bout du doigt! Jay analysa rapidement la secrétaire alors qu'on lui avait demandé d'attendre, il essayait de savoir ce qu'était son pouvoir, si ce dernier était terrifiant ou non mais il n'en eut pas le temps... Ni l'occasion d'ailleurs puisque ce don -savoir quel était le pouvoir des autres- était impossible et que la dame, au contraire de lui n'avait pas un physique se prêtant à la transparence concernant les capacités d'un individu, lui était sensé savoir voler... Voler... Ah! Douce ironie de ce mot à double-sens, en tout cas pour le moment c'était le deuxième terme qu'il fallait utiliser! Icare s'était fait voler, et le seul qui s'était envolé dans l'histoire, c'était l'individu avec sa précieuse guitare! Désolant et pitoyable...

Pénétrant dans le bureau après avoir été autorisé à rentrer par la secrétaire [HJ: pour éviter le post où l'on dit juste : ouiii entrez?! Si ça ne convient pas, je change!] l'ange entra dans la salle, essayant de paraître tranquille sans y parvenir, les plumes frissonnantes et l'air distant, restant collé au dos de la porte ou presque, ses ailes ouvertes sur toute leur envergure- au risque de casser quelque chose dans cet endroit exigu pour elles.- dans l'espoir vain et instinctif de se donner plus de carrure pour faire face à cette nouvelle épreuve.

-Bonjour monsieur-Fit-il d'une voix assez faible mais allant en montant, tremblant désormais de colère, car ce sentiment d'injustice sur ce qui lui était arrivé prenait le pas sur sa frayeur première.- je viens signaler le vol de ma guitare! Un espèce de truc en pierre me l'a prise sous mon nez! Évidemment je ne sais même pas si c'était sa vraie tête ou pas.

Mais même sans connaître ce virtuose de la métamorphose, Icare devinait bien qu'aucun mutant serait assez stupide pour entrer, sortir après son larcin avec une tête pareille, il serait arrêté de suite. Son instinct lui disait que malgré l'apparence très remarquable de son voleur, on ne le retrouverait pas facilement. Pourquoi? Don de double vue? Non pas, mais il savait d'expérience que rien n'était facile dans cette fichu école! Son ton envers l'administrateur avait cependant été assez poli, s'agissait pas de se le mettre à dos... Observant pour la première fois depuis son entrée l'individu [Hj: pour ne pas jouer ton perso! Si cette entrée directe te gênes n'hésite pas à me le dire, je modifierai] il s'attacha à attendre d'éventuelles remarques ou mêmes réactions...

- Bonjour Professeur. J'ai retrouvé votre précieux carnet bleu, je l'ai remisé dans votre tiroir de droite, au dessus de "auto magazine" et du numéro "spécial topless" des "Dakota sexy girls..", vous n'aurez donc plus à vous en prendre à mon pot à crayons et me menacer avec.

Darla ne levait pas les yeux de son écran, les bras croisés sur la poitrine, elle "tapait" une fiche pédagogique.
Daniel répondit tout en triant le courrier.

Darla, c'était de l'humour pour le pot...Auto est à moi...sexy girls a été confisqué à un élève..je précise avant que votre esprit malade ne s'imagine des choses...

Il n'y a pas de mal, monsieur Hopes. On peut être amateur de belles carrosseries au sens propre et figuré, où est le mal ?

Darla, la mécanique n'a jamais été mon fort, j'aime les beaux châssis, mais je regarde rarement sous le capot. N'écoutez pas tout ce qu'on vous raconte à mon sujet..

Vous êtes un poete Daniel...et puis je ne prête pas crédits aux paroles des autres, vous êtes bien pire que ce qu'on dit, "Time Tricker".

Un semblant de sourire sur ses lèvres, Darla plaisantait.
Daniel posa ses iris délavés sur elle en lui souriant en retour.

Encore ce surnom idiot ? La dernière personne à l'avoir utilisé m'a ensuite planté un couteau dans le ventre, c'est dans vos projets ?

Darla sans quitter l'écran sembla réfléchir.

Non, j'ai de l'affection pour vous mais si c'était une obligation, j'opterai pour une partie plus charnue de votre anatomie.

Et bien à l'avenir, je prendrai garde à cacher tout objet pointu. J'ai une tonne de paperasse à trier...

Il rassembla le courrier et se dirigea vers son bureau.

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Daniel était plongeait dans la lecture d'une demande d'interview auprès de jeunes mutants faite par un grand quotidien New yorkais lorsqu'on frappa à la porte.
Il leva un sourcil interrogateur après avoir permis à l'individu d'entrer. Il s'agissait d'un nouvel élève mais n'ayant pas eu le temps de rattraper tout son retard administratif suite à son absence due à son séjour à l'Hopital, il ignorait qui était le jeune homme ou du bien n'en avait pas souvenir dans l'immédiat.
Il annonça d'un ton assez cavalier le motif de sa présence.
Daniel posa son courrier et détailla brièvement le jeune homme, il remarqua qu'il semblait mal à l'aise mais il était bien trop tôt pour émettre des hypothèses sur l'origine de cet état de fait.
Il s'adossa sur sa chaise et sortit ses lunettes qu'il chaussa avant de demander d'une voix calme et posée.

Bonjour jeune homme...Avant de hurler au vol dans mon bureau j'aurai d'abord aimer savoir qui vous êtes et que vous poursuiviez ensuite en me racontant exactement les faits en évitant vos extrapolations personnelles

Son "enthousiasme" fut un peu échaudée lorsque Daniel répondit; sur le coup Icare s'imaginait encore être devant sa glace, déclamant avec colère les faits. Mais là un véritable homme lui répondait, quelqu'un représentant l'autorité, pire... Probablement mutant! L'ange roux se ramassa sur lui-même, pourtant son interlocuteur n'était pas méchant, mais derrière son apparente sûreté, Icare était plutôt timide et craintif, après ce qu'il avait vu pas étonnant qu'il craigne tant la colère d'un mutant contre sa personne. Le fait de n'être jamais venu ici n'arrangeait pas son souci et le jeune homme avait l'impression d'être en faute alors que c'était lui la victime de vol.

-Je... Je m'appelle Icare-Sa véritable identité était abandonnée depuis longtemps.-et j'ai vu un mutant-il frissonna jusqu'au bout des ailes en prononçant ce mot.- qui ressemblait à des énormes pierres sortir de ma chambre avec ma guitare! Je lui ai couru après-formulation étrange pour un être doté de plumes mais Icare ne volait pas, donc à défaut de mieux...- mais il était si grand qu'il allait bien plus vite. Vous pouvez demander les autres élèves nous ont vu. Ensuite il a disparu je ne sais comment... Non parce que c'était vraiment un géant! Tout rouge...

L'ange avait essayé d'éviter ses extrapolations, la colère après la crainte le reprit, il ne comprenait pas pourquoi on le cherchait lui. Fixant l'homme de ses yeux d'un vert pur, Jay reprit la parole, toujours fourré dans son coin de mur mais l'air un peu plus bravache, comme lors de son arrivée à vrai dire.

-Vous savez, je suis désolé monsieur pour avoir été si brusque mais je n'ai jamais rien fait de mal ici, je ne demande rien! Et il a fallu qu'on me vole ma guitare! J'y tiens vraiment.

Inutile de le préciser plus, ça se voyait sur son visage triste, condamné par une grande vague de chagrin presque enfantine malgré son âge. Quand quelqu'un s'accroche à un objet pour sa "survie", il réagit forcément de cette manière violente, Icare se sentait dénudé, dérobé il avait été, à moitié mort, éteint sur le coup sans son précieux instrument.

Détaillant l'homme, le jeune garçon lui trouva un air charismatique et sévère derrière ses lunettes qu'il venait de réajuster. Ses cheveux courts augmentaient son air strict, ce qui quelque part était rassurant autant qu'inquiétant! Enfin, son interlocuteur n'avait pas l'air vieux comme le voulait le cliché des bureaucrates cachés dans leur bureau toute la journée. Curieux l'ange consentit à s'approcher un tout petit peu mais pas beaucoup, encore loin de la chaise; il essayait en vain comme avec Darla de savoir de quels pouvoirs étaient dotés l'administrateur afin de prévoir un coup éventuel ou des ennuis voir une punition. Il avait beau se dire que l'inconnu était gentil, maintenant que son adrénaline après avoir poursuivi un géant de deux tonnes voleur était tombée, sa timidité revenait, sans doute encore pire que d'habitude car le stress de l'action retombait maintenant sur ses frêles épaules.

La salle était assez grande selon son point de vue, en même temps vu la stature délicate d'Icare, tout pouvait lui paraître grand! Estimant qu'il y avait assez de choses intéressantes à étudier dans la salle, l'ange roux abandonna quelques instants l'homme pour regarder les alentours, les papiers, les livres tout ce qui pouvait donner à un curieux, l'envie de toucher, découvrir, ouvrir aussi et qui faisait assez tomber sa timidité pour qu'il esquisse quelques pas en plus. En fait Icare était ici depuis un certain temps, à l'institut mais n'ayant jamais été appelé en ces lieux, le jeune homme appartenant à la fameuse famille Guthrie -ce qui était difficile à deviner car il semblait si étranger aux pouvoirs mutants dont était habitée la famille et de plus il ne donnait jamais son "ancienne" identité.- pouvait être prit pour une nouveau mais ce n'était pas le cas... Il avait eut le temps de se faire un ami ici, lequel était mort peu de temps après, ce qui expliquait que l'institut lui paraissait si étranger.

Revenant à l'administrateur, Icare sourit très timidement, le regard toutefois brillant de chagrin car chaque minute qui passait l'inquiétait à propos de sa guitare, il semblait "supplier" l'homme de l'aider.

Daniel resta impassible quelques secondes. Il se fit une réflexion sur les jeunes et leurs petits problèmes bien dérisoires en comparaison à certains maux plus perfides et préoccupant. L'affaire était mineure mais semblait véritablement perturber le jeune homme. Daniel décida d'opter pour la douche écossaise, il n'était pas de ceux dont l'œil s'attendrissait lorsqu'on faisait appelle à lui de façon larmoyante ou implorante. La première leçon qu'il avait coutume d'inculquer à ses élèves lors de ses cours de Morale, c'était apprendre à affronter les "problème" selon leur réelle valeur et surtout en relativiser l'importance.
Il commença par poser ses coudes sur le bureau, croiser ses deux mains sous son menton et y poser la tête pour mieux observer son vis à vis.

Du calme mon garçon...commence par t'assoir.
Au cas où tu ne me connaitrais pas je suis le professeur Hopes, Daniel est mon prénom..j'enseigne ici et je suis Intendant. Je suis un mutant tout comme toi...
Tout d'abord.
Avant la fin de cette journée, tu retrouveras ton précieux bien, ne stresse pas pour ca.
Ensuite...as tu vu que je portais une cape ? ou un costume de super héro ?
Non....donc il nous faudra trouver ton patronyme, je déteste m'adresser a des pseudos ridicules, Cyclope, Tornade, Véga...Papy Roulette...nous ne sommes pas des pseudos, nous sommes des humains avant tout, certes mutant, mais humain.
Je rechercherais et je trouverai ton état civil, j'en ai les moyens. Tu as une identité, ta personne ne saurait se résumer à ton état de mutant.

Son expression était sévère mais ses paroles ne se voulaient pas blessantes, accepter d'être différent passait bien entendu par accepter qu'on soit un humain avant tout et non pas un être "à part".

Revenons à notre affaire.
Cette description ne correspond qu'à un seul de nos pensionnaires. Cependant ce dernier n'a pas la faculté de disparaitre...et le vol n'est pas dans ses habitudes.
Donnes moi l'heure de l'incident, j'ai juste une chose à vérifier...mais j'ai déjà ma petite idée sur l'auteur du forfait.

Il changea de position, ouvrant un large cahier où il avait manuscrit tous les emplois du temps de chaque classe.
Tout en feuilletant il poursuivit.

En 1945 j'ai perdu un ami sur une mine allemande..il voulait absolument récupérer son Harmonica tombé dans le sable lors de nos déplacements sur l'arrière d'une plage de Bretagne. Ce fut une mort horrible..et terriblement stupide. L'objet doit toujours rouiller dans le sable quelque part. Il lui venait de son grand père et il voulait l'offrir à son fils. Je pense que son fils aurait préféré qu'il revienne vivant.

Une ombre trahissant son age passa dans son regard.
Abandonnant le livre, il sortit sa vieille montre à gousset en or et l'ouvrit posant sur elle un regard nostalgique

Mais je comprend très bien sa réaction...le sentiment prend souvent le pas sur la raison. C'est un travers qu'il faut essayer de corriger chaque jour, jeune homme...
...............
Alors..et cette heure ? Ca te revient ?

[HJ: comme Icare accuse ensuite Scott du vol de sa guitare, dans un rp placé chronologiquement après celui-ci, il faudrait que Daniel ne trouve pas de suite le voleur^^. Par exemple dans un autre rp ou pas, ça dépend si Scott trouve le voleur avec lui. On peut dire que les recherches prennent du temps par exemple?]

Jay hésitait à s'assoir, là il serait tout près du mutant qui pourrait alors lui infliger une punition ou utiliser ses pouvoirs sur lui! Se forçant à penser que c'était un administrateur et que les choses iraient bien le jeune mutant finit par venir d'un pas peu décidé; on voyait facilement sa crainte, ses yeux étaient baissés, n'acceptant de regarder que le bois du bureau et sa main dotée de doigts fins se promenait sur la surface lisse, s'arrêtant parfois sur un accroc; ses yeux d'émeraude mirant sous quelques jolies boucles rousses l'homme qui lui faisait face. Ses muscles se contractèrent à l'énonciation des paroles de Daniel Hopes; ce dernier enseignait ici mais Icare ne l'avait jamais eu en cours! Peu étonnant, vu le nombre d'élèves et de pouvoirs différents, les siens ne devaient soit pas correspondre au type de classe que donnaient Daniel ou simplement, il était avec un collègue alors que Monsieur Hopes s'occupait d'autres élèves en parallèle. Maintenant il fallait donner sa véritable identité, et c'est bien ceci qui tendit ses muscles comme l'on peut arque bouter la corde d'un arc, ses ailes réparties jusque là de part et d'autre de la chaise se contractèrent douloureusement, les plumes révélant le frisson qui avait parcouru toute sa colonne vertébrale.

-Jay

Fit-il avec difficulté, abandonnant le bois que sa main caressait. Sa voix n'était plus aussi tristounette et il tentait de suivre les conseils de Daniel Hopes, tout du moins ce que sa tenue et son ton indiquaient (qu'il ne voulait pas d'un pleurnicheur). Bien que se soit difficile Icare y parvenait suffisamment pour remettre un peu d'aplomb dans sa voix, cependant la gêne demeurait et l'on sentait qu'il bloquait véritablement! Déchiré entre le discours de Daniel sur les mutants et l'abandon de son identité il y avait longtemps de cela, personne ne le forçait plus à prendre son vrai nom et Icare était devenu son patronyme tout simplement! Jay était le mieux qu'il puisse faire ou alors à la rigueur...

-Josh

Acheva enfin l'ange, ses sourcils fins froncés prouvaient qu'il donnait tout ce qu'il avait pour vaincre le traumatisme. Revenir dans le passé par le biais de son ancienne identité lui semblait invraisemblable et rien que l'évocation du prénom de Joshua, pire du nom de famille: Guthrie ramenait à sa mémoire la mort de Julia, car son identité véritable était morte avec sa petite amie, enfonçant le clou lors du décès de son seul ami ici: Samuel Paares, alors que le garçon commençait à s'habituer aux lieux, à les accepter, la chute n'en avait été que plus difficile! Aller plus loin pour les beaux yeux doux d'un administrateur était impossible! Ce dernier avait réussi à le faire réfléchir avec son histoire d'harmonica mais on ne pouvait pas tout effacer d'un beau discours, les blocages restaient et l'ange montrait ses limites sur certains points, l'administrateur aurait bien du mal à obtenir plus de lui, il fallait le comprendre et espérer que Daniel Hopes ne se braquerait pas.

Icare calcula aussi le temps passé depuis 1945, le prof paraissait bien jeune! Lui aussi avait ce "pouvoir" passif de part sa régénération qui soignait et les blessures extérieurs et les dégâts du temps par extension; c'est ce qu'on lui avait dit, qu'il cesserait de vieillir vers 25 ans probablement, à l'âge ou le corps se dégrade, ce que son pouvoir n'admettrait pas. Le regard de son aîné l'impressionnait, on voyait bien son âge réel au travers de ses lunettes et Icare se demanda s'il pourrait vraiment avoir la force de tenir jusque là pour raconter ce genre d'histoires à son tour, évoquer toute cette sagesse.

-Comment s'appelait votre ami?

Demanda-t-il contre toute attente, semblant se désintéresser suffisamment de sa guitare pour s'ouvrir à autrui; généreux par nature il lui était difficile malgré les apparences, de rester axé sur sa personne. Icare avait beaucoup de défauts mais n'était pas égocentrique, logique qu'il finisse par s'intéresser aux histoires de l'homme qui l'effrayait toujours un peu mais gagnait petit à petit sa confiance sans avoir besoin de faire grand chose non plus; Le jeune homme était sociable de toutes façons, fallait juste lui laisser le temps, surtout face à l'un de ses congénères qu'il avait tendance à craindre grandement.

-Je ne me souviens plus de l'heure

Répondit Icare qui se souvenait avoir couru après le monstre puis être venu ici, sauf qu'entre temps il était retourné dans sa chambre, épuisé, miné... Avait-il dormi? Pleuré? Jay ne savait plus, il était perdu dans l'espace temps que dirigeait si bien son interlocuteur-sans qu'il ne le sache bien sûr- et n'avait pas pensé-mais comment lui en vouloir?- à regarder l'heure, 1) il n'avait pas de montre, 2) il était arrivé trop triste dan sa chambre pour avoir ce réflexe de policier. Souhaitant étrangement parler d'autre chose, comme si les promesses de Daniel Hopes sur le fait de trouver sa guitare bientôt l'avaient mis suffisamment en conscience; Icare posa son regard sur la montre en gousset, ses doigts dessinant virtuellement les reliefs abîmés de l'objet vieilli.

-Est-ce que je peux la regarder s'il vous plaît?

Sa voix était adulte, calme, polie et posée, ses manières aussi même si la demande pouvait paraître enfantine, en réalité elle émanait juste d'un jeune homme qui était très timide et recherchait à établir le contact sans trop savoir comment s'y prendre! Avec Vermine les choses avaient été, même mutant le garçon était plus jeune, et surtout le contexte de rencontre avait été différent.

-Vous faites cours de quoi? Je suis ici depuis assez longtemps mais je ne vous ai jamais vu!

Fit-il d'un ton curieux et plus amical, comme tenté de situer totalement Daniel; cette tentative de communication montrait que Jay avait plus besoin de parler -juste discuter pas spécialement se confier ou pleurer... Avoir un contact en fait.- que de sa guitare.

Jugeant que le jeune homme semblait réellement éprouver des difficultés à communiquer, Daniel se leva et s'approcha de sa machine à café dont il commençait (enfin) à maitriser le fonctionnement. Il positionna sa tasse dans le réceptacle d'un air perplexe et demanda sur un ton assez doux.

Jay, si tu désires un café, il te suffit de le dire...ce n'est pas le privilège du Professeur, n'est ce pas..

-Comment s'appelait votre ami?

Hopes se tourna affichant d'abord un air véritablement perplexe. Une question à laquelle il ne s'attendait surement pas. Ses anecdotes n'intéressaient généralement pas grand monde et le fait d'en demander des précisions était presque une idée saugrenue. Saugrenue mais agréable. Il ne put réprimer un demi sourire avant de s'appuyer contre son bureau.

Mickael Stope. C'était un anglais, je ne suis pas américain, je suis français...lors de la défaite de mon pays en 1940, j'avais pris l'exile et gagné Londres, j'ai débarqué à nouveau sur mon sol natal en 1944. Mickael était un de mes compagnons... beaucoup sont morts durant cette période, j'avais déjà connu la guerre..dans les tranchées..la vie avait si peu d'importance...tu ne peux pas savoir, les jeunes, vous ne pouvez pas savoir..j'espère que vous continuerez à l'ignorer..

Son expression avait changé de manière légère mais perceptible , le contexte du souvenir le projetait très loin et c'est un Daniel sombre et fatigué qui se dessinait à présent sou le far même si cette expression passa sur lui comme une brise hivernale .L'introspection était douloureuse lorsque les souvenirs étaient trop nombreux.
Le bruit de la machine le rappela à lui.

-Est-ce que je peux la regarder s'il vous plaît?

Il parlait de la montre, restée sur le bureau. Hopes machinalement la récupéra et lui tendit.

Elle est aussi vieille que moi...à cheval sur trois siècles..Mon père à donné toutes ses économies pour la faire fabriquer, c'était en 1894..c'est presque tout ce qui me reste de ce passé..Elle ne s'est arrêté qu'une fois. Il y a six mois, un combat mortel contre un mutant terroriste. j'ai réussis à le stopper mais j'ai été laissé pour mort. J'ai perdu ma montre durant l'affrontement, elle s'est cassé. Une "amie" me l'a retrouvé et fait réparée. Elle ne me quitte jamais.

-Vous faites cours de quoi? Je suis ici depuis assez longtemps mais je ne vous ai jamais vu!

Ça ne fait que 6 mois que j'ai rejoins l'Institut. J'enseigne la Citoyenneté et la Morale , sorte de philosophie de la vie, si tu préfères. J'ai une autre profession, expert en ouvrages d'Art et d'autres fonctions ici qui doivent rester dans l'ombre.

Il croisa les bras d'un air décontracté et afficha un léger sourire.

Non...je ne suis pas immortel...
oui je vieillis mais très lentement, il est possible que passé un certain age, mon vieillissement entre en quasi stase. Cette capacité est un effet secondaire de ma modification génétique.Je contrôle le temps et je suis capable de le ralentir au point de donner l'impression qu'il est figé, dans ce champ de distorsion temporel que je génère, je peux me mouvoir librement alors que le monde s'est immobiliser. Ca donne l'illusion d'une téléportation pour les autres, ce n'en est pas.
Voilà qui repond aux questions qui allaient te tarauder Jay.
A mon tour à présent.

Son regard se fit plus doux et le ton de sa voix était rassurant.

Et si tu me disais ce qui ne va pas...tu semble pété de trouille et pas seulement à cause de ce vol...tu ne te plais pas ici ? Tu peux m'en parler comme à un ami, je suis ici pour ca aussi..

Soulagé qu'on ne lui en demande pas plus, Jay se détendit, il prit la montre entre ses doigts fins et la fit délicatement tourner pour suivre l'aiguille des secondes jusqu'à ce qu'elle ait fait un tour complet; admirant les endroits abîmés tandis que son esprit se demandait quand et où telle ou telle égratignure avait été faite. Son regard vert émeraude était rivé sur l'objet, il était tellement attentionné envers la montre, la respectant comme un être vivant qu'il finit par la déposer dans la paume de sa main puis tout doucement sur le bureau, la gardant sous les yeux et ne manquant pas de jeter des regards fréquents aux secondes qui faisaient tic tic à chaque avancée. Étrangement, cet objet ancien paraissait le rassurer vraiment, comme s'il avait déjà un lien avec ce dernier. Puisant en lui le courage de lever les yeux vers le professeur, le jeune homme hocha doucement la tête pour dire qu'il voulait bien un café, remerciant l'homme pour sa gentillesse d'un sourire doux. Lequel à peine esquissé sur ses lèvres s'envola vite mais pas pour faire place à de la tristesse, plutôt un air songeur et réfléchi.

-C'est aussi un peu la guerre ces temps-ci non? Je veux dire entre vous... Enfin... Nous tous, ceux qui ont le gêne X n'est-ce pas? J'ai entendu dire qu'il en était ainsi. Alors ne risquons-nous pas de vivre ce que vous avez déjà vécu? Samuel est déjà mort pour cette guerre lui.

Il baissa tristement la tête, Samuel avait été le seul mutant ami qu'il ait eu après le décès de Julia! Vermine était aimable mais c'était différent, avec Samuel la relation était plus forte, les deux garçons auraient peut-être même finis par tomber amoureux si ça ne s'était pas déjà un peu fait. Maintenant l'ange s'attachait au garçon-rat mais avec une certaine réticence quand même, au souvenir des deux défunts qui avaient été ses proches.

Quoiqu'il en soit, Icare était fasciné par l'histoire de la montre ou même celle de Daniel, il écoutait presque aussi religieusement qu'un enfant peut le faire, oubliant sans doute son âge. Imaginatif l'artiste en herbe n'hésitait pas à laisser son esprit vagabonder, dessiner Daniel à l'époque de la guerre ou la montre flambant neuve; si beaucoup ne s'intéressaient pas aux histoires de l'homme, lui était passionné et écoutait sans discontinuer, immobile de peur de rater un mot! Et envieux de poser d'autres questions aussi.

-Et ce n'est pas ennuyeux de voir passer le temps comme ça? De vivre si longtemps quand tout fane à côté de soi?

Jay était intelligent, il comprenait ce que signifiait cette "semi-immortalité" comme l'avait précisé l'homme alors que ce dernier lui avait précisé ne pas l'être réellement. Tout comme l'ange qui répondit avec encore plus de timidité (surtout quand il s'agissait de s'exprimer sur ses pouvoirs.)

-Moi aussi je suis sensé vivre ça-il soupira légèrement.- Mon corps se répare tout seul, alors si ça marche pour les blessures, selon monsieur Xavier ça fera pareil en ce qui concerne la dégradation interne.

Une fois seulement Icare avait rencontré le professeur en chaise roulante seul à seul et terrifié était le mot qui l'avait le mieux caractérisé malgré la gentillesse de l'homme à son égard! Sa puissance, son charisme et sa réputation le précédaient et pour quelqu'un de réfractaire aux mutants même en étant un c'était assez effrayant! Surtout quand on savait que celui-ci lisait dans les pensées et que les siennes allaient contre son institut. D'ailleurs en parlant de ça, Monsieur Hopes lui posa à son tour une question; sur le coup, comme pour se protéger d'une réputation de peureux, voulant même se donner du courage, Icare renia "violemment" les paroles du professeur en étendant brusquement ses ailes rousses pour se donner plus de carrure comme en entrant, le problème étant que Jay était désormais près du bureau et que ses environ 4,50 M d'envergure firent un ravage concernant quelques papiers qui s'envolèrent brusquement et d'un objet -Jay n'eut pas le temps de voir lequel (pour que tu décides de son importance) qui tomba à terre, se cassa-t-il? Icare l'ignorait mais effrayé par sa propre réaction assez puissante, il sursauta de sa chaise et se dressa, ayant l'air parti pour s'envoler par la fenêtre en brisant les carreaux pendant environ une dizaine de secondes avant de se reprendre et commencer à tout ranger.

-Non mais désolé... Je voulais dire j'ai pas peur!-il défiait Daniel de le penser, ne souhaitant pas avoir l'air d'un pleurnicheur de première.- C'est juste que... On ne sait jamais! Il y a des gens étranges ici quand même... C'est trop pour moi tout ça, je voudrais juste être normal. Alors Julia ne serait pas morte et je n'aurais pas connu Samuel Paares qui est aussi décédé.

Daniel se souvenait peut-être du garçon qui avait laissé la vie au cours d'une mission, un mutant qui s'était beaucoup entrainé et avait hâte d'en découdre, qui n'avait jamais pu revenir pour raconter ses impressions alors qu'il n'arrêtait pas d'imaginer ce moment auparavant. En réalité Icare avait très peur de cet institut: autant de perdre quelqu'un en s'attachant trop, que de ceux qui utilisaient leurs pouvoirs partout dans la cour... Comme certains enfants jouaient aux billes, eux ils jetaient du feu, se téléportaient et bien d'autres étrangetés encore! Sa famille nombreuse étant mutant il aurait dû en prendre l'habitude, mais Josh avait fermé les yeux pendant toutes ces années, le réveil était donc difficile.

Il y avait d'autres raisons à sa mésentente avec cet endroit: notamment le fait que celui-ci lui avait volé ses ainés pendant de longues années; Jay ne les avaient pas vus car ceux-ci étaient toujours dans l'institut, les plus petits il avait trop peur de leur pouvoir prochain pour leur parler et Joëlle l'avait haï pour avoir lui aussi des dons qu'elle jalousait. Mais tout ceci, inutile de le raconter... Icare ne voulait pas pleurer sur son sort, il voulait juste parler avec Daniel, pas continuer à raconter ses malheurs.

-Vous trouvez encore des piles pour cet ancien modèle de montre?

Demanda le jeune homme en achevant de ramasser les papiers administratifs qui avaient précédemment chutés au sol à cause du mouvement brusque de l'ange roux; se rasseyant il contempla l'objet tombé à terre, offrant à Daniel un air d'excuse... Ces ailes étaient de véritables fléaux! Et lui n'était vraiment pas fait pour les porter! Déjà distrait de nature, on pouvait dire que question destruction son pouvoir et lui faisaient la paire.

Le professeur se laissa aller à un sourire léger. Jay semblait être surtout venu ici car la solitude lui pesait. Son envie de communiquer était palpable et dans un sens il lui rappelait un peu la sauvagerie de son jeune protégé Ernest Lenoir.

"-C'est aussi un peu la guerre ces temps-ci non? Je veux dire entre vous... Enfin... Nous tous, ceux qui ont le gêne X n'est-ce pas? J'ai entendu dire qu'il en était ainsi. Alors ne risquons-nous pas de vivre ce que vous avez déjà vécu? Samuel est déjà mort pour cette guerre lui."

C'est un débat qui pourrait nous mener bien loin mon jeune ami. Il n'est pas vrai que l'age finit par créer des sages, il ne crée que des vieillards, mais lorsque la sénilité n'obscurcit pas notre vision, la mémoire sait se faire incisive où la douleur se terre pour nous entrainer dans une défaite recommencée. J'ai vu des empires se dresser et des poings se brandir, j'ai vu des rires tourner aux larmes, j'ai vu l'espoir sombrer dans le crépuscule et les ténèbres noircirent ce qui en restait.
Tout est dit déjà, mais personne n'écoute.
C'est pour ca que je veux parler haut et fort.
Parfois certains doivent se dresser pour endiguer l'éternelle rengaine...intolérance, haine, violence, génocide..tout n'est qu'une farandole et nous aimons nous y adonner.
Mais que dire ? Magnéto est t-il à blâmer ? Moi aussi j'ai vu les camps en Europe, moi aussi j'ai plus de sang sur les mains que bien des hommes.. Il n'a pas tord sur tous les points, c'est à sa manière un visionnaire et je l'admire parce qu'il ne transige pas avec lui même. Il a choisie un chemin et une voie que je réprouve mais il s'y tient. Il y a de l'honneur dans l'horreur, je crois en ca.
Je prendrai part à cette guerre car elle en évitera une bien pire, l'anéantissement de ce que nous sommes, de notre espèce.
Je ne veux pas t'affoler, tu es jeune et celà ne te concerne pas Jay.
Nous nous battons pour des convictions, pas par vengeance.
Des gens sont morts, des gens meurent, d'autre mourront.
C'est dans l'ordre des choses.

Son regard avait quelque chose de profond et de dur, comme celui d'un leader tout en reflétant les paroles d'un homme de convictions, une fois de plus son discours était tourné vers l'action, un peu éloigné de celui de Charles Xavier.
Il se leva pour aller servir une tasse de café qu'il tendit à Jay.

"-Et ce n'est pas ennuyeux de voir passer le temps comme ça? De vivre si longtemps quand tout fane à côté de soi?.
-Moi aussi je suis sensé vivre ça-il soupira légèrement.- Mon corps se répare tout seul, alors si ça marche pour les blessures, selon monsieur Xavier ça fera pareil en ce qui concerne la dégradation interne.
"
Hopes avait préparé une réponse assez cinglante, comment pouvait-on penser une minute que cette situation pouvait être autre chose qu'un cauchemar sans fin ? La solitude, la mort des autres, une éternité de regrets et la tentation de la mort, toujours là, omniprésente. Qu'enfin tombe le rideau et qu'on arrête de marteler votre âme sur l'enclume de cette saleté de temps qui ne compte plus ! Mais la seconde partie de sa phrase l'arrêta net. Ainsi ce jeune homme était voué à vivre ce qu'il vivait depuis tant de temps. Il n'avait rencontré que deux personnes dans ce cas, Wolverine et la cynique Frau Krauzer qui avait perdue à demi la raison. Il abhorra une mine assez triste. Fallait-il mentir, fallait-il être cruel ? Hopes s'approcha de lui et s'appuyant sur le bureau le regarda avec sincérité.

Ils mourront, tu vivras. Ca ne t'empêchera pas d'aimer et d'essayer de t'attacher à une vie mais elle t'échappera. Des gens comme nous, Jay, ils sont fait pour être seul..à moins qu'un jour, ils croisent un semblable.
Je ne sais pas si je pourrai remplir ce rôle auprès de toi, je vais me jeter corps et ame dans ce dernier combat, mais ce que je peux te garantir, c'est que je serai là si tu en éprouve le besoin. On ne peut passer l'éternité à vivre pour soi, je veux vivre pour les autres.

La question de Daniel concernant sa peur eut un effet inattendu qui fit retrouver le sourire au professeur.

La peur raisonnée, c'est très sain Jay, elle nous garde en vie et nous permet d'apprendre sur le monde où nous même. Un homme qui n'a pas peur n'a plus rien à perdre parce qu'il ne tient plus à rien. Il est déjà mort et il est prêt à tout.

Il ramassa l'objet tombé à terre et le tendit au jeune homme. Un briquet en chrome d'aspect assez ancien, probablement du début de XX eme siècle. Daniel lui sourit de manière malicieuse.

Il ne marche plus...depuis très longtemps. Si je te disais à qui il a appartenu, tu serais plus que surpris.
On va faire un jeu, on dit souvent de moi que j'ai un esprit facétieux...Je te le donne et à chaque fois que tu me verras, tu auras le droit de me poser une question sur l'ancien propriétaire de cet objet...je suis sur ainsi, que tu passeras me voir régulièrement. Prends en soin, il doit couter au bas mot dix fois la guitare de tes rêves.
Concernant ma montre..il n'y a pas de piles pour ce genre d'antiquité, c'est un mouvement d'horlogerie complexe qui la fait fonctionner. Une mécanique ancienne et qu'il faut entretenir tous les trente ans..

Hopes porta enfin sa tasse aux lèvres avant de lui demander.

Comment as tu atterri ici , dis moi Jay ?

La vision des choses de Daniel Hopes ne le rassurait pas mais Jay lui était reconnaissant de ne pas mentir. Avec attention, l'ange roux l'écouta, prenant le café entre ses doigts, les posant dessus comme pour les réchauffer un peu avant de boire le breuvage, ayant auparavant remercié le professeur d'un sourire léger qui s'envola vite toutefois; Icare était trop attentif aux paroles du sage enseignant pour oser briser la "magie" en parlant. Magie noire et blanche s'entremêlaient dans les paroles de Daniel... Il était condamné à vivre à jamais alors que les fleurs fanaient, vieillies par le temps, comme un cactus qui grandissait si lentement qu'il était vulnérable étant petit mais devenait quasiment immortel et intemporel par la suite. Un cactus n'avait pas besoin d'eau pour survivre mais il devenait alors une simple branche noircie, durcie, ridée... L'eau, soit la compagnie, l'amitié voir l'amour étaient essentielles pour vivre! Car Survivre ne suffisait pas... Cependant l'homme lui promettait de l'accompagner de son mieux, d'être un peu de cette eau qui le nourrirait assez pour qu'il soit un cactus vivant et non simplement survivant. Le jeune homme était impressionné par la façon de penser de Daniel; si bien qu'il ne s'interrogea même pas sur le fait que celui-ci ait "plus de sang sur les mains que certains hommes", comment juger cette personne fantastique?

-Moi aussi je veux vivre pour les autres

Déclara le musicien en herbe qui était de nature gentille et douce, bien plus tourné vers autrui que lui-même bien qu'au début cela puisse ne pas se voir vraiment. Ne réfléchissant pas sur le coup, spontané il lança une réponse émanant du coeur à Daniel Hopes

-Si vous avez besoin de quelque chose aussi je serai la pour vous aider!

L'ange roux repassa ce qu'il venait de dire dans sa tête et baissa la tête avec un sourire d'amusement-envers lui-même- et de moquerie-toujours dirigé à son propre égard.- ce qu'il venait de dire partait d'une excellente intention mais semblait ridicule! Comme si un homme aussi sage et puissant avait besoin de faire appel à un gosse de 19 ans pour l'aider... pfft

-Oui enfin... Je doute que je puisse faire grand chose pour vous, mais j'essayerai. Enfin... Je voulais dire...

*STOP*

Son esprit lui lança cet avertissement avant de passer en surchauffe ou de perdre totalement le fil. Icare s'embrouillait totalement, et son intervention lancée avec tant de véhémence se retournait désormais contre lui, si posé, si tranquille et même timide qui refusait de s'attacher. Le voilà en train de créer un lien visiblement fort avec un homme qu'il connaissait à peine... Est-ce que la perte de deux êtres chers n'était pas suffisante pour encore faire cette erreur? Jay se fustigea intérieurement, de toutes façons c'était le rôle de Daniel Hopes d'agir ainsi, ce n'était pas parce que le garçon l'intéressait plus qu'un autre, simplement parce que c'était son devoir -fait avec sincérité n'en doutant pas, mais de là donner tant d'importance à un inconnu, Josh s'était sûrement fourvoyé, se croyant plus intéressant qu'il ne l'était, ce qui à ses yeux était de l'arrogance et impardonnable!- Tâchant de paraître plus humble, l'esprit confus, ne sachant pas trop ce qui était bien ou mal, ce qui partait d'une bonne intention ou non, ce qui pouvait vexer ou pas le professeur qui lui souriait désormais-pas même fâché par son coup d'éclat qui avait fait littéralement volé ses papiers dans le bureau-

Ce dernier lui tendit un objet qui fit lever la tête à Icare; il prit entre ses mains le beau briquet d'argent chromé, lequel pesait lourd dans sa paume, prouvant son excellente qualité. Daniel ne devait pas mentir quant à son prix. Croyant à peine en ce magnifique cadeau qu'on venait de lui faire, le jeune homme entendit à peine l'explication sur le mécanisme de la montre qu'il ne lâchait pourtant que rarement du regard, toujours fasciné par elle. Dans un échange solennel, le chanteur la tendit à son véritable propriétaire, gardant le briquet dans sa main serrée comme un objet précieux.

-Merci... Beaucoup! Il est magnifique... J'ai le pressentiment que je ne peux pas refuser mais... Je ne sais pas si je mérite un tel présent, il est si... Je n'ai pas de mot. En tout cas je ferai très attention!

Inutile de protester, il sentait que Daniel voulait vraiment le lui donner et que rien ne lui ferait changer d'avis. Revenant sur un "proverbe" donné plus tôt par Daniel Hopes, avec toute la candeur dont peut encore faire preuve un gamin âgé de 19 ans, Jay répondit avec vivacité.

-Certains écoutent, je vous l'assure! Mais ils sont peu nombreux. Quant au fait que je sois trop jeune, je ne pense pas que cette donnée entre en ligne de compte... Samuel avait mon âge, et pour en revenir à la guerre si cela ne vous fait pas trop souffrir, des jeunes de 18 ans étaient forcés d'aller sur le champ de bataille; sans compter ces fameux enfants soldats de Colombie. J'avais écris un poème-il chantait mais écrivait aussi de petits textes faits pour être lus.- pour eux un jour...

Le jeune homme baissa la tête, un peu chagrin; il se rappelait exactement des paroles, lesquelles trottaient dans sa tête puis jaillirent de ses lèvres tant pour rendre hommage à Daniel que son compagnon mort sur le champ de bataille (celui de Daniel pendant la guerre 39-45) ces dits enfants dont avait sûrement fait parti le professeur (bien que celui-ci avait sûrement plus de Dix ans contrairement au héros de son histoire en vers.) qu'il récita avec un ton de voix parfait, ayant l'habitude de faire passer les émotions quand il chantait, parler avec savoir pour faire passer les émotions entrait aussi dans ses talents. Voyons si Daniel serait sensible à cet écrit...

-A ce cœur, perdu dans un corps trop grand,
Mouillé de sang et de larmes confiés à la lune.
Tant de sentiers épineux, tant de lourdes dunes
Que tes coudes sanglants courent en rampant.

Sous la pluie frêle de tes chagrins immenses
Il faudra bien qu'elle finisse noyée, cette guerre de rien
Dans une seconde, elle s'écroulera sans défense.
Cette guerre de tout, que l'on a glissé dans tes mains

Serré, contre ton corps déchiré de laine fragile
L'enfant souvenir, ce livre de contes ingénus
Tu clos tes yeux pour t'ouvrir à ses mots agiles;
Ces belles histoires que tu as peut-être connu.

...Avant...Aux racines intimes et joueuses de ton esprit
A la lueur de tes pensées imagées d'enfant
Les couleurs oubliées d'une vie apprennent à rire
Oubliant ce présent glacé vêtu de sons violents

Ton souffle songeur mais douloureux brise le froid
Tu t'en vas, tu rêves, loin de ce monde qui s'effrite,
Couché entre ce fusil maudit et ce vieux livre chéri
Un merci fleurant tes lèvres pour l'ennemi qui t'as pris...

...Sans joie...
...Cette vie que tu quittes enfin... A 10 ans...
Ce conte qui prend fin, ce conte vrai d'enfant...
...Soldat...

Il reprit par la suite, après avoir laissé passer un petit temps de silence.

-Nous sommes tous concernés finalement, même ceux qui ne sont pas au courant, ça nous retombera dessus! Mais on verra bien n'est-ce pas? Qui sait, peut-être apprendront-ils à écouter avant qu'il ne soit trop tard?

Le nom de Magneto fit trembler Icare qui en eut des frissons se répercutant jusque dans ses ailes. Ses yeux d'un vert émeraude pur fixaient avec intensité et force Daniel Hopes, s'accrochant à lui comme l'on peut chercher à se rattacher au présent à tout prix lorsque l'on se projette dans un futur inquiétant, revenir à "maintenant" où lui-même n'avait vu l'ombre de la guerre qu'à travers les yeux définitivement clos de Samuel lui fit suffisamment de bien pour qu'il reprenne ses esprits et même une voix malicieuse pour répondre aux paroles que l'homme avait ensuite prononcées...

-Alors je peux vous poser une question maintenant n'est-ce pas? Ça fait une fois! Une fois qu'on se voit pas vrai?

Ce briquet était l'assurance pour Icare de pouvoir revenir voir le professeur sans avoir à trouver une excuse autre pour frapper à sa porte. L'échange entre eux était réel, Josh voulait "consoler" le professeur autant que ce dernier le faisait pour lui...

-Quand je vais montrer ça à Vermine, il va adorer! -Se rendant compte de la teneur de ses propos, le jeune homme s'empourpra un peu.- Non mais en fait, ce n'est pas du tout méchant... C'est un gentil garçon que j'ai rencontré, je ne moque pas de lui, c'est lui qui veut que je l'appelle comme ça hein. Ce n'est pas une insulte.

Lança-t-il un peu maladroitement, c'est vrai que dire dire qu'on allait en parler à "Vermine" ne semblait pas très mélioratif comme adjectif mais Josh respectait le choix du garçon-rat qui ne voulait pas que son nom soit dévoilé tout comme ce qui concernait Icare.

-Je suis venu ici car mes parents m'y ont forcés. Même en étant majeur je ne peux pas partir-il avait un peu honte mais inutile de cacher la raison, Daniel le verrait en fouillant dans ses dossiers qu'il devait sûrement tenir.- car j'ai été déclaré "irresponsable" et "dangereux" pour ma sécurité... Voir celle des autres. Ma famille est nombreuse, ce sont tous des mutants sauf l'une de mes soeurs- comprendrait-il son appartenance à la "célèbre" famille Guthrie? Avec son surnom "Josh" on arrivait assez rapidement à Joshua Guthrie au final...- mais j'aurais préféré être normal comme elle. Jöelle, c'est son prénom nous déteste, elle est jalouse; elle me manque quand même... Et mes autres frères et soeurs me font un peu trop peur pour que j'aille leur parler vraiment.

Fit-il en se souvenant de la réflexion de Daniel sur la peur "raisonnée". Peut-être avait-il raison? Sans doute même! Icare avait-il peur de ses frères et soeurs parce qu'il tenait justement à quelque chose? Mais quoi? A sa famille qu'il croyait pourtant détester? A Vermine à qui il s'était promis de ne pas s'attacher? A découvrir qui était le propriétaire du briquet? Et qui était Daniel? A trouver le bonheur? Difficile à saisir mais une chose était sûr... Icare lui, n'était pas déjà mort ni même éteint, il brûlait d'une force de vivre, d'une envie que lui-même ne soupçonnait pas.

Jay but une petite gorgée de son café, comme pour mieux se sentir vivant avec un peu de chaleur glissant dans sa gorge mais aussi pour marquer le pas, dire qu'il avait finit de parler et attendait désormais les réponses de Daniel.

-Si vous avez besoin de quelque chose aussi je serai la pour vous aider!

Daniel haussa un sourcil. Jay était assez perspicace pour comprendre quand une main lui était tendu et il venait de la saisir. Il lui semblait cependant que le jeune homme oscillait entre brusques avancées enthousiasmées et renfermements soudain sur lui même comme si en fait il ne savait tout simplement pas comment agir avec les autres. Est-ce qu'il s'agissait d'un comportement marquant un problème de socialisation ou tout simplement du fait qu'en raison de l'omniprésence des mutants à l'Institut, l'inattendu se trouvait à chaque détours de corridors ? Il était encore trop tôt pour se perdre en conjonctures.

Si tu te sens désœuvré au point de tenir compagnie à un vestige archéologique, pourquoi ne deviendrais tu pas mon assistant d'éducation en ce qui concerne mon cours..je cherche toujours quelques élèves pour m'aider dans des tâches ingrates de recherches documentaires ou de préparation de cours..Jusqu'ici, Enora Lacourt m'aidait mais elle est appelée à des taches beaucoup plus complexes à l'avenir...Si le cœur t'en dis, mon bureau est ouvert.

Alors que le professeur buvait son café, l'étrange Icare clama sa prose sous le regard perplexe du Time tricker.Il finit par répondre à l'Ange tout en lui adressant un demi sourire.

Le temps, Jay, est un luxe que nous seuls pouvons nous permettre finalement... On va dire que c'est un de ces avantages qu'au moins nous pouvons tirer de notre singulière situation, n'est ce pas ?
Tu es artiste, c'est indéniable. J'ai toujours aimé les artistes, on m'a nommé par ce titre il y a longtemps lorsque je donnais des récitals enfiévrés dans le Paris des années folles. Les artistes sont le sang de notre monde, ils en sont l'âme et le cœur. Cependant, excuses moi de ne pas gouter à la beauté de ta prose pour avoir patauger dans la boue , le sang et les tripes de mes camarades...Même en rimes, l'horreur reste l'horreur et c'est un sujet qui marque un homme a tout jamais, un jour je te raconterai sans doute ses autres vies qui se sont éteintes au service d'une illusion gouvernementale et de la folie des bien pensants..pas aujourd'hui, c'est assez pénible.

Jay embraya sur un sujet qui tenait à cœur au professeur, Ernest Lenoir, un autre de ses protégés.

Tu connais Vermine ? Enfin je n'aime pas le nommer ainsi et je n'en lui ferais pas le plaisir, je préfère l'appeler par son nom : Ernest. C'est moi qui l'ai amené ici, notre rencontre fut une sacré histoire, je gage qu'il te la racontera un jour...Ernest est mon ami et il m'a sauvé la vie déjà, l'amitié n'est pas un vain mot en ce qui me concerne. Malgré son jeune age, c'est un garçon d'une profondeur extraordinaire pour le peu qu'on ne se fie pas à son caractère cabotin. Vous vous entendrez sans doute très bien.

Jay lui fit par ensuite de sa triste histoire et de ses origines, un sourire entendue se dessina sur ses lèvres.

Je vois.
La famille Guthrie...
Ca ne change rien que tu sois fils de mendiant ou fils d'empereur.
Pour moi tu es Jay. Ca s'arrête là. Il est temps que tu voles de tes propres ailes, On a jugé bon de te placer ici peut être contre ton gré mais tu verras que d'ici quelques temps, tu comprendras que ce n'était pas une mauvaise chose pour toi...humainement parlant.

Il croisa les bras après avoir remonté d'un geste instinctif ses lunettes sur le bout de son nez.

Alors ? Il parait que tu as le droit à une question, non ?

Il baissa la tête, gêné d'avoir osé clamer des vers sans penser au professeur qui avait "pataugé" dans la boue. Ou plutôt si, Icare y avait songé mais pensait bien faire, c'était sa manière à lui de dénoncer, de rendre l'horreur encore plus visible mais il céda aussitôt la raison à Daniel, ne s'estimant pas assez expérimenté pour tenter d'argumenter ou autre. Il rougit délicatement cependant sous les compliments non mérités selon lui, répondant plus calmement qu'auparavant de crainte d'énerver le mutant avec toutes ses questions brouillons...

-Merci professeur mais je ne sais pas si "artiste" n'est pas un peu fort pour moi, j'aime juste chanter et jouer de la guitare pour me détendre ou dire ce que je pense.

*Même si ça n'a aucune importance pour le monde, je ne m'appelle pas Shakespeare après tout.*

Cependant le jeune homme ne rajouta rien, il observait le professeur avec timidité, de nouveau... C'était ce qui le caractérisait! Son envie de se socialiser le faisait bondir d'enthousiasme puis sa confusion, son manque de savoir faire en ce qui concernait le relationnel reprenait le relais. Icare but une petite gorgée de café encore.

-Oui je veux bien vous aider alors. Ça serait bien. Vous verrez, je m'applique toujours dans mon travail, je ferai de mon mieux!

Un sourire égaya ses lèvres douces. S'impliquer plus dans la vie de l'institut avait quelque chose d'inédit pour l'élève lointain qui se contentait de vivre sa scolarité de façon passive. De même que cela l'inquiétait un peu du coup mais bon, pourquoi pas essayer? C'était gentiment proposé et puis Jay avait proposé son aide, il n'allait pas commencé à refuser!! Surtout que faire des études documentaires lui plaisaient quand même, c'était calme, tranquille, sans autre surprise que celles jaillissant sur le papier... Rien à craindre sauf si l'on avait peur de remplir son cerveau de connaissances bien sûr.

Lorsque le professeur parla de Vermine, le jeune homme ouvrit des yeux ronds, comme quoi le monde était vraiment petit! Icare sourit, il se sentait mieux tout à coup, comme si cette révélation achevait de lui montrer que Daniel était quelqu'un de bien.

-Oh vous le connaissez aussi, c'est marrant! Ça ne m'étonne pas de lui, il a l'air très courageux. Ainsi il s'appelle Ernest, c'est joli comme nom... Moi je continuerai de l'appeler comme il le souhaite, j'ai aussi du mal à accepter mon premier nom... Enfin si il veut me revoir bien sûr.

Non sans émotions l'ange roux se souvint de ses aventures avec Vermine avec le colosse d'acier qui les avait attaqué, seulement le rat accepterait-il de le revoir? Leurs caractères étaient radicalement opposés à vrai dire. Il se demanda brièvement quel genre de famille avait eut le garçon rat tandis que Daniel faisait allusion à la sienne, réputée pour avoir inscrit au moins 4 de ses enfants à l'institut. Il pensa que l'on verrait bien pour "voler de ses propres ailes", de manière métaphorique mais aussi littérale le concernant, et il restait aussi septique quant à l'idée de se plaire ici un jour... Ce n'était pas en faisant ami ami avec Vermine et monsieur Hopes qu'il allait s'intégrer comme ça, renier sa peur de ses semblables ou son dégoût envers lui-même.

Bref, mieux valait penser à sa petite question autorisée, sans donner d'autre réponse qu'un hochement de tête, simplement car il n'y avait rien à dire selon Icare. Celui-ci but une autre gorgée de café pour se donner contenance, haussant les épaules pour appuyer ses paroles silencieuses remettant gentiment les dires de Daniel en question. Il ne voulait pas contredire un homme avec une telle expérience mais doutait quand même, bien qu'il fasse des efforts pour intégrer tout ceci... On ne changeait pas sa mentalité en deux secondes.

L'ange préféra donc se concentrer sur la question du briquet. Il se souvenait de la phrase de Daniel "tu serais étonné de savoir à qui il a appartenu." D'abord établir le lien entre Monsieur Hopes et l'ancien propriétaire du briquet, ensuite il pourrait peut-être effectuer des recherches documentaires sur d'éventuels amis hauts placés de Daniel, dans sa biographie s'il en avait une... Ou se servir du briquet lui-même pour trouver des indices...

-A quelle occasion ce briquet vous fut-il donné?

Voilà quelque chose que l'ange roux ne pouvait découvrir seul, c'était par ces questions qu'il devait commencer à chaque rencontre... Le reste était accessible sur le net qui sait?

Daniel posa le regard sur le briquet et un sourire énigmatique naquit sur ses lèvres alors que la mémoire effectuait son long retour en arrière.

Une unique rencontre inattendue avec un personnage inattendue. Une discussion qui dura peut être une petite heure, pas plus, les yeux plongés sur l'Atlantique, pas le coté dont j'avais été habitué cependant, plutôt le votre. La chaleur était encore étouffante même si nous approchions de novembre. C'était...hum disons pas loin de la moitié du siècle dernier.
Pas plus pour cette fois ci, ca ne serait pas amusant sinon.

Il se désintéressa de l'objet reportant son attention sur Jay.

Lorsqu'on crée, on est forcément artiste. La renommé, cette sorte de concrétisation éphémère, ne sert à rien. Tout dépend si tu produis ton art pour les autres ou juste pour toi même. Par mon métier, je fréquente beaucoup d'artistes, surtout dans la domaine de la peinture, les amateurs de livres anciens et rares sont souvent eux même des amateurs d'Art, "en général". La musique cependant reste ma passion, surtout le piano. Je m'y exerce ici même parfois, je devrais peut être l'enseigner si le temps me le permettait.
Mais il est vrai que notre futur est incertain. Fut un temps où je n'aurais inspiré qu'à parcourir le monde de salle en salle pour me livrer à mon art. C'est une autre vie à présent. Tout comme celle de militaire ou..hum (son sourire, assez amer, s'élargit) d'activités que la morale réprouve.

[HJ: on va pouvoir finir le topic là non? Comme un nouveau nous attend avec Alessandra! C'est mieux non? Dis moi si cette "fin" te vas ou pas; et n'hésite pas à poser une dernière réflexion ou ce que tu veux ]

Icare enregistra bien toutes les informations données, répétant parfois les anecdotes sensées l'aider à trouver qui était le propriétaire du briquet. Une nouvelle fois l'Ange roux contempla l'objet pour essayer de trouver des indices ou juste un peu d'inspiration. Réfléchi, studieux à ses heures, un peu mystérieux aussi, le jeune chanteur ne se précipita pas pour clamer ses hypothèses diverses... Il pensait notamment à un ami de quelqu'un que Daniel aurait sauvé, parce que donner une telle beauté à quelqu'un après une heure de conversation seulement... Quoique monsieur Hopes l'avait fait avec lui! Était-ce alors une personne qui était à la place du professeur alors que l'enseignant était comme Icare, un jeune homme qui n'avait pas confiance en lui ou ses pouvoirs? Le cadeau aurait-il été donné pour créer un lien spontané? Pas évident car rien n'indiquait que Daniel ne l'ait revu ensuite... Peut-être un coup de foudre entre les deux esprits ou alors cette personne proche du propriétaire voir le propriétaire lui-même que le professeur aurait sauvé, soit physiquement soit par la parole comme il le faisait à petit feu pour Icare.

Jay cessa cependant d'émettre des hypothèses, celles-ci valsaient dans sa tête à tort et à travers alors il prit un papier, un crayon et nota les paroles de Daniel marquant "indice 1" avec la date à côté, ainsi que la date! Sait-on jamais? Cela pourrait peut-être servir au garçon consciencieux qu'il était. Le jeune homme eut un air satisfait d'écolier ayant eut une bonne note lorsque ses doigts fins achevèrent, dans une écriture aussi élégante que son allure générale d'immortaliser les paroles de Daniel; relevant la tête après avoir regardé l'heure-et oui, toujours une histoire de temps!- il répondit rapidement en ce qui concernait les artistes.

-Vous pourriez peut-être donner des cours dans l'institut? En tout cas moi je viendrai! J'adore la musique, puis je chante un peu si vous voulez! Ou alors pourquoi ne pas faire du piano lors de vos temps libres dans la salle commune? Comme je vais vous aider et aussi Enora, peut-être pourrions-nous vous soulager un peu de tout ces travail? Je vous montrerai aussi ma guitare!

Il eut un moment d'hésitation puis haussa les épaules, l'air un peu triste mais moins chagrin qu'au début quand même; comme si Daniel avait réussi à faire entrer dans sa tête qu'un objet si précieux soit-il ne comptait pas assez pour laisser perler toutes les larmes de son âmes sur ses joues. Ce qui ne voulait pas dire qu'Icare ne la chercherait pas encore ou y tenait moins, il arrivait juste à se montrer moins éploré, plus optimiste sur le sujet.

-Enfin quand je l'aurai retrouvée! Mais là je dois y aller, j'ai un cours de philosophie. Merci pour tout encore! Et je reviendrai pour savoir quoi faire pour mon travail et aussi les questions... Au revoir

En voulant regarder Daniel Hopes une dernière fois, le jeune homme renversa encore un objet, il le releva en fit tomber un autre, le remit en place et pensa enfin à ranger ses grandes ailes, cessant de causer des ennuis et sortant de là en chantonnant presque; le briquet soigneusement rangé dans sa poche.

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