Begin the Begin ( Pv Bameurs)

Toute une journée à éplucher les archives gouvernementales, ca avait de quoi épuiser.
Hopes travaillait la dessus d'arrache-pied depuis sa prise de fonction, il croisait ses informations recueillies à l'Institut et celle de Timers avec cette nouvelle base de données dont l'ampleur le laissa perplexe. Il y avait certes de quoi frissonner, il n'avait pas idée de ce que le gouvernant avait bien pu compiler sur le compte des mutants et la découverte de ces dossiers extrêmement pointus et exhaustifs avaient de quoi l'inquiéter fortement.
Ce n'était donc pas un mouvement ressent car certaines archives remontaient jusque dans les années 50. Le Gouvernement et l'Armée gardait un oeil sur le "phénomène mutant" depuis un temps considérables et œuvrait dans l'ombre.
Il n'était pas dupe, certains dossiers et références ne lui étaient pas accessibles. Il bénéficiait d'un Pass de Level 1, les Agents d'un pass de Level 2 et certaines personnes dont le Trium avaient la visibilité totale : le Pass S. Certaines choses lui étaient cachées et c'était logique, il était l'oeil de l'Institut, un gage de moralité pour ce nouvel organe, on le lui avait assez répété. Cependant, il gardait en mémoire que les personnes ici ne lui ferait pas confiance et sauraient le garder à l'œil lui aussi.
Il devait former une équipe, il était un des Agents de Liaison comme ce fameux Georges Patterson qu'il avait entraperçu durant le discours d'investiture et le rituel qui consistait à prêter serment aux État-Unis et au Gouvernement.
Il était devenu un Agent assermenté, lui, le hors la loi apatride, il gagnait ainsi une virginité qui l'amusait et dont l'ironie ne lui échappait pas.
Il restait fidèle à Charles même si il n'était pas insensible à certains discours du corps du Ministère. L'Ordre se devait d'être fermement maintenu et pour qu'il soit impartial, on devait aussi bien l'appliquer aux mutants comme aux humains. Sans Ordre, l'anarchie engloutirait ce pays et le monde et du chaos viendrait les guerres imbéciles dont les cause reposent souvent sur la différence et la haine de l'autre.
Le BAM avait du bon, par son coté idéaliste.
Mais le BAM pouvait vite devenir une machine de guerre terrifiante et un instrument de répression horrible. Il était là pour empêcher, ou du moins avertir toute dérive.

Hopes avait sélectionné plusieurs dossiers, celui de la Bande à Bradford, bien sur mais aussi celui de Morgan Strold et de Scott Hart. Il fit une demande pour être prévenu en cas de nouvelles informations à leur sujet et demanda à être responsable du suivit des enquêtes. Ainsi il serait en mesure de contrôler les informations et de brouiller les pistes si certains zélés se rapprochaient trop près de ses amis. Il avançait sur Bradford mais se vit contraint d'arrêter ses travaux pour la journée.
Plusieurs agents qui pourraient rejoindre son équipe d'Action se montraient désireux de le voir.
Hopes n'aimait pas cela, il était solitaire dans l'âme mais il se devait de respecter ses engagements.
Du moins pour l'instant.

Il se versa donc une tasse de café dans l'attente de son, sa ou ses visiteur(s).

Invité

L'heure fixée pour l'entretien avec l'agent de liaison Daniel Hopes n'était plus qu'à un quart de cercle à tracer pour l'aiguille des minutes de l'horloge accrochée au mur de la salle de travail dans laquelle Origami avait décidé d'attendre. Elle examina jusqu'au détail le plus infime sa tenue et sa manucure. Rien ne lui échappait, du fil qui dépasse à la marque de la table poussiéreuse sur son manchon de blaser. "C'est neuf mais pas très propre ici", songea Izumi, "les peintres ont nettoyé leur chantier comme des cochons." Elle se leva et sortit de la salle pour se diriger vers les toilettes des femmes. Elle fit quelques pas dans le couloir et tourna sur sa gauche pour pénétrer dans le lieu d'aisance sus-cité. La lumière s'alluma de manière automatique grâce à un capteur de mouvements. Lorsqu'elle eut fini de soulager sa vessie, elle tira la chasse et se dépêcha d'aller se laver les mains en prenant soin de ne pas mouiller ses manches. Elle jeta un rapide coup d'oeil sur la glace et aperçut son reflet, elle le fuyait. "Réaction stupide" se dit-elle. Elle releva son regard pour s'examiner plus en détail. Son maquillage était léger et soulignait avec discrétion l'effet mystérieux que dégageaient ses yeux noirs de jais. Ses cheveux nouvellement courts donnaient du caractère à ses traits de visage fins, non pas de la dureté expressive, mais plutôt une envoutante suavité. Sa robe courte de couleur noire contrastait avec sa peau très blanche, même si celle-ci n'était visible que sur ses mains et son visage. Le rose de ses lèvres et de son vernis à ongles semblait la perler de friandises gourmandes. Cependant la jeune femme traversait son propre regard à travers le miroir, elle y voyait l'étendue de solitude ou coulaient des rivières d'amertume qui desséchaient les sols faisant de cet imaginaire un espace stérile. Toutefois, quelques rares pétales de fleurs de cerisiers chutaient depuis le ciel au rythme des vents sans qu'on puisse savoir de quel arbre suspendu ils pouvaient venir. Le bruissement d'un bout de papier torturé par les vents apparut telle une métaphore de ce qu'elle était dans cet univers vide de sens, un bout de papier, qui se froisse, qui se plie, qui se déchire et qui se recouvre de terre... se décompose en se faisant manger par les vers.[/i]

"BLEURG !!! ... Quelle c*nne !!! " [i]s'exclama délicatement la jeune asiatique qui venait de déglutir.
Après s'être lavé la bouche et les mains, ainsi que le lavabo, elle pris soin de se remettre un petit coup de rose à lèvres, puis de déposer une languette de menthol qu'elle laissa fondre sur sa langue. Pour l'haleine.

Elle sortit des commodités non sans une certaine gêne et lorsqu'elle eut atteint la salle de travail où elle attendait auparavant, elle put constater non sans effroi que l'aiguille des minutes avait profité de son interlude métaphysique pour accélérer sa course et pointait déjà en direction du plafond des locaux. C'était l'heure de l'entretien.

Elle rebroussa chemin et se dirigea vers le fond du même couloir qu'elle avait emprunté quelques minutes précédemment. Elle passa devant plusieurs portes de bureaux jusqu'à atteindre celle munie de l'écriteau suivant :

Agent de Liaison
Daniel Hopes

Origami frappa trois coups secs et ouvrit la porte. Elle pénétra dans la pièce et se retrouva face à un homme assis derrière son bureau, un dossier à chaque main, l'air très occupé, et chaussé de petites lunettes.
Elle ferma la porte derrière elle, demeura face à lui, l'air interdit, tout en s'annonçant d'une voix douce:
"Agent Izumi Shirotoge, alias Origami, je viens pour un entretien avec vous au sujet de la constitution d'équipes d'interventions".

Il l'observa durant quelques secondes comme un chat observe une sourie. Il la détaillait comme pour bien graver chacun de ses traits de visage en son esprit. Hopes agissait toujours de la sorte, froid méthodique et toujours surprenant. La suite ne dérogerait pas à la règle.
Il se contenta de hocher la tête en guise de salut sans donner aucune autre indication pour mettre à l'aise son interlocutrice. Puis avec une lassitude non feinte il se contenta de poser les dossiers qu'il tenait dans les mains pour en sortir un autre de son tiroir sur lequel le patronyme de la jeune fille était indiqué.

Mon nom est indiqué sur la porte...ne restez pas comme ca debout, vous m'embarrassez.

Il soupira et planta son regard sur une pile de dossiers en attente puis tout en laissant un silence assourdissant s'installer ôta ses fines lunettes pour les ranger dans leur étui.

Mademoiselle Shirotoge...je vous remercie de vous présenter à cette convocation, n'attendez pas de moi que je vous parle comme à un militaire, je déteste cette forme de communication obtus et procédurière. Fut un temps, pourtant, où je fus un gradé dans la Grande Muette et j'ai l'expérience du Feu aussi bien officiellement que officieusement, cependant les époques ont changée et je recherches beaucoup plus des collaborateurs que des subordonnés. J'ai ici une copie de votre dossier...hum..il m'a l'air épais et bien remplis...

Hopes le soupesa avec malice puis le jeta dans une corbeille à déchets d'un geste vif et sans quitter des yeux la jeune fille.

Ce qui m'intéresse ce n'est pas ce que vous avez fait mais ce que vous allez faire. Ce qui m'intéresse n'est pas d'où vous venez ou ce qu'il est inscrit noir sur blanc dans ces lignes. C'est ce que vous êtes à présent et ce que vous ferez pour faire ce qui doit être fait.
Je ne l'ai pas lu...et pour tout vous dire, je n'ai pas l'intention de le lire. Non pas que je fasse confiance à notre hiérarchie, loin de là..je me targue de voir l'esprit critique comme la qualité principale d'un investigateur. Celui qui solutionne un problème est souvent celui qui sait se poser les bonnes questions et aborder les choses sous un angle novateur. Nous avons besoin d'Agents d'exception pour une tache qui nous dépasse totalement et j'ai besoin de talents pour effectuer ce travail.
La question centrale de cet entretien est : avez vous ce talent, mademoiselle ?

Hopes s'adossa plus confortablement au dossier de son fauteuil tout en joignant ses mains sous son mentons en une pose de réflexion.

Je suis un mutant.
Je suis âgé de 117 ans, j'ai vu des pays naitre et se détruire, des empires se déchirer et des espoirs se briser, toute une humanité prendre une relève et mourir. Tout est éphémère lorsqu'il s'agit de la parole des hommes, même lorsqu'il la prolonge par des actes. Il est possible que j'assiste encore longtemps à cette sarabande du renouveau. J'ai souvent vécu la cohue du monde en spectateur et je vous dirais en toute sincérité que les erreurs du futur prennent naissance dans l'oubli de celles du passé. Nous vivons un époque troublée , je dirai qu'il ne suffit d'un rien pour que ce monde ne revive à nouveau des cauchemars qu'on croyait dernière nous.
J'ai appris par expérience qu'une fleur ou qu'un canon ne servent en aucun cas une cause, la douceur de la première mène au laxisme et l'anarchie, le second à la tyrannie et à la guerre. Une seule chose peut permettre d'endiguer ce que la nature humaine à de plus laid, cette fichue tendance à la destruction.
C'est de cette notion essentielle dont il est question.
La Justice.
Elle se doit d'être puissante, impartiale et impitoyable.
On doit la souhaiter come la craindre.
La Justice conduit à l'Ordre, l'ordre à la cohésion et la cohésion à la sécurité donc la paix.
Je crois en la paix par la justice.
Et vous ? Pourquoi êtes vous ici et en quoi croyez vous ? C'est tout ce qui m'importe ici.

Invité

Origami, toujours figée à la verticale à un pas de la porte, face à l'homme qui l'accueillait, vit celui-ci poser les dossiers qu'il avait en main pour en extraire un nouveau d'un tiroir du bureau. Il la dévisageait. Elle attendait un signe de sa part l'invitant à s'asseoir, cette politesse muette lui venait de son éducation stricte. Après quelques secondes, ce signe tant attendu surgit de la bouche de Daniel Hopes en un flot de paroles rapides :

"Mon nom est indiqué sur la porte...ne restez pas comme ca debout, vous m'embarrassez.", s'était-il exclamé.

Elle suivit le regard de l'agent jusqu'à une chaise à l'allure peu confortable gisant face à ce-dernier, séparée par le bureau de bois brun massif. Puis vint s'asseoir en silence.
Daniel Hopes entama l'entrevue de manière singulière, afin d'établir un rapport tout de suite plus humain, il y tenait semblait-il. Le dossier qu'il avait dorénavant en main, il lui avoua que c'était celui la concernant, puis eut un geste qu'Izumi ne put ni prévoir, ni juger. Elle demeura stupéfaite de voir ce fameux dossier, d'ailleurs plus fourni de documents qu'elle ne s'y attendait, plonger dans une corbeille à papiers. Quelle ironie que de voir un amas de papier sensés résumer sa vie, et par conséquent être une extension d'elle-même sous forme de papiers, au milieu de papiers froissés, elle, la femme papier justement. "C'est peut être là que je finirai", pensa-t-elle avec tout le cynisme qui la caractérisait.

L'agent Daniel Hopes s'adressa à elle d'un ton espiègle, et ses mots avaient de quoi la décontenancer. "Quel drôle de discours mène-t-il", songea-t-elle, "il n'a même pas pris la peine de parcourir mon dossier, et il me pose juste une question, une seule question étrange et inopinée"
"La question centrale de cet entretien est : avez vous ce talent, mademoiselle ? "
"Que répondre à ça!", s'étonna-t-elle.
Un être d'exception, ça oui elle l'était! Il n'y avait qu'à faire une analyse ADN pour en avoir la preuve, un gêne mutant c'est suffisamment exceptionnel. D'autant plus qu'elle travaille maintenant pour un gouvernement humain souhaitant contrôler les agissements mutants.
Ou peut-être parlait-il plutôt d'un talent à la fois plus commun mais aussi bien plus particulier qui, souvent, après quelques temps, faisait défaut à un mutant, ce fameux talent d'être "humain". Etre ce qu'il y a de meilleur en terme d'humanité, quel défi !
Izumi avait du refoulé beaucoup de son humanité ces derniers temps, la contraignant dans un espace sombre et étroit de son esprit. Mais l'humanité en chacun de soi n'aime pas le confinement et surgit parfois en une éruption magnifique de compassion et de générosité. Le volcan de la jeune asiatique n'était pas éteint, seulement endormi, bercé par des mots que sa conscience déformait , et caressé par de coups qu'elle amortissait. Se protéger ainsi en avait fait une Reine des Glaces. N'était-elle pas coupante, d'ailleurs?
Après une pause de réflexion, Daniel Hopes continua son monologue, qu'il ponctua d'une nouvelle intrigante interrogation:

"Je crois en la paix par la justice.
Et vous ? Pourquoi êtes vous ici et en quoi croyez vous ? C'est tout ce qui m'importe ici."

Origami scruta le regard de l'homme assis face à elle, était-il humain? Etait-il un mutant lui aussi? Pourquoi était-il ici? La ligne directrice et la philosophie de cet organisme qu'était le Bureau des Affaires Mutantes ne dépendraient que de ses dirigeants. Rien ne pouvait le prémunir d'une dérive autoritaire voire xénophobe. Cependant la jeune femme entendait bien la pensée profonde de ce personnage, c'est pourquoi elle lui répondit en ces termes:

"Si je vous dit que je suis une mutante, et si j'ajoute que je suis humaine, si je brandis la justice comme ma foi, et la peur de moi-même comme mon unique faiblesse, verrez vous dans mes yeux le combat sans fin auquel se livrent l'humanité et ses propres démons? Nous sommes garants de l'ordre, pour laisser le temps aux humains et aux mutants de se reconnaître les uns dans le regard des autres. Est-ce bien ce que vous vouliez entendre?"

Hopes esquissa un sourire chaleureux et rassurant.
La franchise, voilà une qualité qui trouvait grâce à ses yeux, c'était comme qui dirait sur cette qualité qu'il pourrait bâtir ce lien inaltérable avec les siens et ceux de son équipe.

Il n'est pas plus Grand Homme que celui qui garde en mémoire le souvenir de la tourbe dont il s'est extrait. Vous n'avez rien à craindre de votre mutanité, Izumi. C'est de vous que vous devez avoir peur. La première leçon que nous devons apprendre et faire apprendre à ceux qui nous suivront reste le simple fait que nous sommes humains avant tout. Nous sommes capables du pire mais du meilleurs. Qu'est ce que l'Ordre sinon ce contrôle permanent d'autorégulation sur nos actions ? Qu'est ce que la justice sinon la récompense qui en découle ?
Vous avez un don.
C'est ainsi que vous devez le voir.
On vous a donné le choix de mettre ce don à disposition de votre prochain pour œuvrer pour des temps meilleurs et c'est ici que votre choix va enfin prendre forme à travers vos actes.
Vous appartenez à un système tout comme moi...ca ne veut pas dire cependant qu'en tant que personne vous devez adhérer à tout ce qui se fait ici. Je ne me l'impose pas à moi même, ce n'est surement pas pour l'imposer aux autres.
Si vous voulez gagner mon respect, agissez avec votre cœur pas avec votre rang..nous avons tous deux un plus que les autres n'ont pas, nous sommes des mutants...personne ne peut mieux les comprendre que nous. Contrairement aux idées reçues, impartialité de la justice passe par le compréhension et la compassion. Je vous demande de chercher à comprendre avant d'agir et surtout d'avoir l'esprit critique sur ce qui se dit. Même sur ce que je dirais.
Sachez aussi que si des facettes de votre pouvoir vous pose problème, vous devrez vous en ouvrir à moi, de par ma longévité, je sais parfaitement contrôler mon pouvoir mais un pouvoir mal contrôlé peut devenir un handicape plutôt qu'un auxiliaire. N'hésitez jamais à me parler de vos craintes, je suis votre supérieur, certes, mais avant tout je suis garant de la sécurité et de la survie de mon équipe.
Je protégerais vos arrières mais pour ca..pas de non dits, est-ce clair ?

Hopes regarda autour de lui comme si quelque chose le chagrinait.

Je déteste être enfermé dans un bureau...pas vous..la solitude, croyez moi, c'est vite fatigant. Vous n'avez pas de bureau à vous ? Celui ci sera le notre, il est assez grand pour qu'on vous dégage un coin là bas..je ferais le nécessaire pour que tout ca soit en place demain matin. J'aime le travail d'équipe...autant nous habituer rapidement l'un à l'autre...Izumi ...je n'aime pas qu'on emploi nos noms de code DANS le département, en dehors c'est incontournable..pas ici. Appelez moi Daniel, Monsieur Hope si ca vous pose problème...des questions ?