Bienvenue dans ma réalité [PV James Braddock]

Quelque part sur les côtes australiennes, j'étais entrain de surfer. Il n'y avait que quelques jours que j'étais revenu dans ma dimension natale, ayant laisser derrière moi mon dernier vestige de naïveté et une partie de ma folie. Du moins c'est ce qu'il me semblait, car depuis mon retour, je n'avais été sujet à aucunes crises de démence. Je croyais savoir être dans le monde réel, et m'étais même offert le luxe d'offrir la vie dont elle rêvait à une jeune femme. Décidé à m'isoler un peu du monde, ou du moins à rester en retrait, je profitait de la vie comme quelqu'un de normal ou à peu près. Le soleil, la plage et les vagues. D'ailleurs les vagues, les surfer de cette grande île qu'est l'Australie, n'en avait jamais vu de si belles que depuis mon arrivée. Après tout je n'étais pas comme tout le monde, et j'avais bien le droit d'en profiter un peu. La dernière vague que j'ai surfé ce jour là, je m'en souviens encore. Elle devait faire six mètres de haut, et j'étais seul à vouloir la défier. J'étais dans le creux de la vague, imprégné de cette sensation magique de dompter les océans. Une fois à l'intérieur du tube c'était comme si plus rien n'importait. J'avais l'impression d'être isolé du reste du monde par le grondement de la vague. Et c'est à ce moment de plénitude que je sentit quelque chose que je redoutais depuis mon retour, une perturbation dans la construction même de la réalité. Lorsque la vague mourut sur le rivage, j'avais disparut.

Il m'avait été si simple de le laisser aller le long de la corde quantique qui vibrait, signe de la modification de causalité, pour me retrouver à sa source. J'apparus dans le ciel, structurant mon essence de sorte à ne plus exister virtuellement. Quiconque aurait levé les yeux dans le ciel m'aurait vu, mais nul appareil ne pouvait mesurer ma présence. J'étais assis à califourchon sur ma planche de surf, observant, dessous moi, la personne qui jouait avec la réalité. Un simple gamin qui se créait une scène de rêve. Moi même je l'avais fait tant de fois, consciemment ou non, que je ne pouvais que comprendre ce jeune homme. Il était donc normal que je fasse disparaître la planche sous moi, me laissant tomber sur le sol, faisant ainsi une chute de cinq ou six mètres. Le temps de toucher le sol, tout en douceur, j'avais troqué ma combinaison moulante contre une tenue digne d'une rock star. Je ne dis pas un mot alors que d'un geste de la main, je balayait ce faux soleil créé par le gamin, les nuages dans le ciel cédant leur place à un soleil d'été, et rapidement la température augmenterait.

-Tu devrais songer à te faire des amis mon gars...

Je devais avoir l'air un peu rude pour ce garçon, intervenant dans son moment privilégié sans même me présenter. Mais je n'y avais même pas pensé. En sentant la perturbation quantique, je m'étais imaginé le pire, et voilà que je me retrouvais face à un jeune mutant qui ne faisait rien d'autre que se sentir trop seul. D'ailleurs, je regardais ses petits compagnons, et lâchais un petit sourire amusé. Il m'avait fallut me retenir pour ne pas changer l'ourson blanc en tigre affamé aux couleurs arc-en-ciel. Je ne voulais surtout pas l'effrayer, juste lui parler, il était si rare que je rencontre des gens qui possédaient le même don que moi.

-Je m'appelle James Braddock, mais appelle moi Jamie. Et je suppose que tu aura compris que nous avons un point commun important toi et moi.

Je retenais en moi les images qui me traversaient la tête concernant les animaux qui composaient une scène digne d'un film Disney, ne voulant pas, comme je l'ai déjà dit, gâcher plus que je ne l'avais déjà fait, le petit rêve du jeune mutant. Mais ce dont je ne put me retenir, de fut de faire résonner autour de nous, comme si nous étions dans un film, une des musiques de Bambi.

Spoiler:

Pauvre gamin, si seul et triste, depuis si longtemps semblait-il, et pourtant tellement jeune. Pour moi c'était différent, j'avais eut le temps de grandir, de corps et d'esprit, avant de porter le poids de ce pouvoir trop grand. Certes j'avais cédé à la folie, mais ce n'était pas vraiment dut à mon don, bien que celui-ci n'ait pas aidé. Alors que cet enfant, car il en était encore un à mes yeux, William, devait composer avec cette puissance avant même d'avoir put découvrir qui il était vraiment. Ce devait être un enfer, et je ne pouvais qu'imaginer à quel point son fardeau était plus lourd que le mien. Et voilà qu'il me demandait conseil sur comment tenir. Je baissais les yeux, poussant un profond soupir. Prenant place sur le banc à côté du jeune mutant, je fis se matérialiser une petite table ronde devant nous, sur laquelle étaient disposés deux tasses de thé fumantes. J'étais anglais après tout.

-Effectivement, je suis un mutant, comme toi, et plus semblable à toi que n'importe quel autre mutant puisque nous partageons le même don. Marquant une petite pause, lui accordai un sourire. Sers toi, c'est là pour ça.

Avec n'importe qui d'autre, j'aurais esquivé la question, soit en disparaissant, soit en provoquant une catastrophe qui aurait détourné l'attention. Mais voilà, William n'était pas n'importe qui, nous partagions la même capacité au potentiel effrayant, et si ce genre de chose de rapprochait pas les Hommes, qu'est-ce qui pourrait bien le faire. Je pris donc sur moi, mettant de côté ma misanthropie de façade, et me décidai à lui répondre.

-Je ne suis pas tout à fait comme toi pour être honnête. Je n'étais pas destiné à avoir tout ce pouvoir sur le monde qui m'entoure. Je suis né mutant, mais ma mutation est restée latente à la puberté. Et si je n'avais pas subit quelques traumatismes violents, je serait resté normal, du moins selon la définition de la majorité de l'humanité. Je soupirai légèrement, réfléchissant à mes prochains mots. Il s'est passé quelque chose dans ma vie qui m'a fait perdre la raison, et gagner mes pouvoirs par la même occasion. Ces derniers mois ça va mieux, mais je ne sais pas pour combien de temps. Alors je ne suis peut-être pas la meilleure personne qui soit pour te dire comment rester sain d'esprit. J'ai perdu ma famille et mes amis, mais c'est la folie qui m'a fait les perdre et non mes pouvoirs. Alors je pense que pour toi tout n'est pas perdu.

Je me demandais ce que pouvait bien pensé William, rencontrant quelqu'un comme lui, certainement pour la première fois, et qui lui avouais d'emblée qu'il était fou à lié. Mais il m'avait touché, de par sa façon de parler et son regard inquiet. Si moi j'étais perdu, il n'était pas forcé qu'il en soit de même pour lui.

-Quand, comme en ce moment, je suis lucide, j'essaie de me rappeler que je ne suis qu'un homme, peu importe ce dont je suis capable, je reste un être humain. Si j'en venais à oublier ça, le monde ne s'en remettrait pas, et qui suis-je au fond pour décider de la vie de milliards d'êtres pensants ?

Je pris une gorgée de ma tasse de thé, et si William faisait de même, il pouvait constater que celle-ci ne se vidait pas, peu importais combien il buvait, la tasse restait inexorablement pleine.

-J'ai un frère et une sœur qui sont dotés de pouvoirs aussi, et tout deux ont choisis d'être des héros. C'est en me souvenant d'eux, et de leur combat, que je trouve où sont les limites qu'il faut que je m'impose. Je crois qu'il faut que tu te trouve des gens comme eux dans la vie, des modèles à suivre. C'est quelque chose de plus important pour nous deux que pour n'importe qui d'autre. Toi tu as la chance d'être jeune, tu peux encore te construire en tant qu'homme. Alors il ne faut pas que tu repousse les gens qui t'entourent comme je l'ai fait. Car crois moi, tu ne veux pas finir comme moi.

J'adressais un vague sourire au jeune homme. Je ne devais pas avoir été très rassurant, mais je n'étais pas non plus de ceux qu'on prend en modèle, loin de là. A vrai dire, il était même heureux que je n'ai pas été plus incohérent que ça dans mes propos, car quelques jours plus tard, je perdais de nouveau mon sens commun, du moins pour un temps.

Je m'étais livré à ce garçon bien plus que je ne l'avais escompté. Il faut dire que je n'avais guère eut l'occasion de parler à qui que ce soit de censé au cours des quelques cinq années précédentes. Cinq années seulement, parfois il me semblait que mon errance à travers les dimensions avait durée plusieurs vies, et d'autre fois j'avais l'impression que ce n'était qu'un mauvais rêve. Mais cette dernière pensé, je la chassait bien vite, de peur de retomber dans ma folie, de retrouver cet état où je m'imaginais que tout n'était que songe. Jusque là j'arrivais plutôt bien à écarter la démence, mais je ne savais pas pour combien de temps encore. Le fait que William ne me trouve pas si dérangé que ça me rassurait un peu, me confortait dans mon impression de guérison. Avec le recule il m'arrive de penser que c'est à ce moment précis que j'ai commencé à basculer de nouveau, avec ce regain vaniteux de confiance en moi.

Ah ce jeune William, il n'a jamais vraiment sut à quel point notre rencontre avait comptée pour moi. Avant lui il m'arrivait souvent de croire que ma folie allait de paire avec mes pouvoirs, que le type qui m'avait mis d'en cet état n'était en fait responsable de rien. Mais voilà que j'avais devant moi un jeune homme qui avait le même pouvoir, mais toute sa tête. De ce jour, mon fardeau devint un peu plus léger, je me surprenait à penser que je n'étais pas forcément responsable de tout.

-Si tu es vraiment à l'institut n'ai pas trop peur de perdre les amis que tu t'y feras. Je crois savoir que c'est le meilleur endroit pour que quelqu'un comme nous se construise une famille, une vie.

Ah l'institut, il devait y avoir là bas quelques personnes qui avaient encore de la rancœur à mon égard, et parmi eux ma sœur Betsy. Je me retint de le dire à William. La dernière chose dont j'avais envie était de me retrouver impliquer dans une nouvelle chasse à... et bien une chasse à moi. Car si les fan de lycra qui peuplaient l'institut venaient à apprendre mon retour, ça ne pouvait que ce passer comme la dernière fois. Ils voudraient m'arrêter, me plonger dans le coma pour être certain de pouvoir contrôler mon don. De nouveau j'hésitais à parler, et de nouveau je me lançais.

-Comme je te l'ai dit, ces derniers moi ça va mieux, mais avant ça j'ai fait des choses... peu recommandable. J'avais perdu la raison, et on m'a rapidement catalogué comme méchant. Alors tu devrais peut-être éviter de dire aux gens que nous nous sommes rencontrés.

Marquant un pause, je réalisais que ma nouvelle connaissance pourrait peut-être arranger bien des choses à l'avenir.

-Ma sœur s'appelle Elisabeth, son nom de code est Psylocke. Je ne pense pas qu'elle soit à l'institut en ce moment. Mais si c'est le cas j'aimerais que tu fasse quelque chose pour moi. Si il arrivait que je perde de nouveau la raison, pourrais-tu lui raconter notre rencontre d'aujourd'hui ? Lui dire que j'étais normal, et peut-être pas si mauvais que ça...

Je repensais à ma sœur, à ce que je lui avait fait subir dans ma folie. Mais si je m'étais toujours sentit un peu à l'écart des jumeaux, je les avais toujours aimés bien plus que ma propre vie. Une vague de tristesse traversais mon regard alors que je me levais en reposant ma tasse. Il y a des choses que même un changeur de réalité ne peut faire, comme réécrire sa propre histoire pour empêcher l'acquisition de ses pouvoirs. J'avais essayé une fois, et c'était resté mon seul échec dans l'utilisation de mes dons, un de mes plus grand regrets.

-Dis lui que je suis désolé de ne pas avoir put réparer ce que je lui avais fait.

La conversation prenait une tournure inattendue, pas plus par votre narrateur que par son auteur. Je me tournais donc avec un sourire des plus convaincant vers Wiccan, et ,d'un claquement de doigt, faisais apparaître une cigarette allumée entre mes lèvres.

-Assez parlé de choses déprimantes. Si tu es venu t'isoler ici plutôt que dans le vaste domaine de Charles Xavier, ce n'est certainement pas pour déprimer mais bel et bien pour te changer les idées ! Alors dis moi... Marquant un temps de pause, je le regardais droit dans les yeux avant que mes épaules ne s'affaissent. Désolé, je ne sais absolument pas ce que font les jeunes pour se vider l'esprit de nos jours.

Après tout j'étais presque un vieux, et surtout je n'avais pas mis les pieds dans cette réalité depuis des années. Je n'avais absolument aucune idée de comment les choses se passaient désormais. C'est à ce moment là, d'ailleurs, que je pensais pour la première fois, depuis mon retour, à m'informer sur la situation actuelle dans le monde, et ce sur tout les plans possibles.

Le pauvre gamin avait l'air paumé face à ma demande. Ce n'était guère surprenant, après tout très peu de gens connaissaient mon existence, et encore moins savaient pour mon histoire. J'aimais que les choses soient ainsi, car le peu de personnes qui avaient sut pour moi avaient cherché soit à m'utiliser, soit à me neutraliser, et aucune de ces deux solutions ne me plaisait. Avec du recule, je peux dire que j'aurais dut faire confiance à William et lui dire ce que j'avais fait à ma famille et à leurs amis, ça aurait évité bien des désillusion pour ce jeune mutant, mais je m'abstins, ayant peur, alors, de perdre l'admiration plus que flatteuse du garçon. Je l'écoutais donc se soulager, du moins verbalement, de sa rancune envers sa génération, et certainement un peu la mienne aussi. Au final peu de choses avaient changées depuis le temps. Si l'on mettait de côté internet, le verlan et le langage sms, les divertissements des jeunes restaient à peu près les mêmes qu'à mon époque. Drogue sexe et musique trop forte. Je me surprenais même à penser faire un tour dans les siècles précédents pour voir si dans le temps aussi la jeunesse avait ce côté "no futur". Mais pour le moment je me consacrais pleinement à mon nouveau camarade, lui ébouriffant un peu les cheveux avec la main.

-Si ça peut te soulager la façon dont se déroule l'adolescence semble avoir très peu changé, elle dure peut-être un tout petit peu plus longtemps que de mon temps.

Je souriais à William, claquant des doigts pour faire changer les buissons et les arbres qui nous entouraient en une piste de bowling. Celle-ci faisait bien huit mètres de long, se finissant au pied des gens qui erraient dans le parc. Ces derniers, d'ailleurs, poussèrent quelques cris d'affolement avant de partir en courant.

-Ils s'en remettrons ne t'en fais pas.

Mais par mesure de précaution, je structurait la réalité de sorte que nous étions désormais les seuls à voir la longue piste de parquet. Déjà les gens qui venaient voir la source de l'affolement général ne pouvaient que constater qu'il n'y avait là que des plantes, même William et moi n'étions plus là pour eux. il était par ailleurs bien étrange de voir tout ces gens regarder fixement dans notre direction sans pouvoir nous voir réellement. Mais, ayant l'habitude, je ne m'en souciais guère et matérialisais dans ma main une boule de bowling noire, avec pour motif une tête de mort entourée de flammes.

-Je te propose de pimenter un peu la partie. On a le droit d'utiliser nos pouvoirs pour compliquer la tache à l'adversaire. Marquant une courte pause, je décidais que ce serait plus clair avec un exemple. Comme ça !

Je lançais donc ma boule vers les quilles, prenant cette petite pose ridicule du joueur amateur qui se la pète. Alors que ma boule roulait gentiment, mais à vive allure vers ses cibles, je fis se déformer la piste pour former un looping. Bien entendu, je me permis également de faire en sorte que la boule atteigne son but et renverse toutes les quilles. L'instant d'après, la piste était redevenue droite et plate, et ma boule avait retrouvée sa place dans ma main droite.

-Tu vois le principe ?

Bien sûr, ce n'était plus vraiment du bowling, mais en poussant William à user de son pouvoir pour se divertir j'espérais lui faire acquérir un peu plus de maitrise sur ses dons, et surtout l'amener à voir en eux un aspect plus divertissant que celui qu'il voyait pour le moment.

Comme il était agréable de pouvoir entretenir une conversation sensée avec quelqu'un. Même si il ne s'agissait que d'un adolescent, William me plaisait bien, je trouvais si flatteuse l'admiration qu'on lisait dans son regard, et ses réactions face à l'utilisation de mon pouvoir, pourtant si peu différent du sien, était si enfantine qu'elles, je l'avoue, m'attendrissaient. Il me rendait un peu plus sûr de moi, me rendant un peu plus confiant en ma, alors, récente cohérence mentale. Il me semblait, sur le moment, que c'était ce dont j'avais le plus besoin à cet instant précis. Il alla même jusqu'à m'impressionner, en renversant la réalité, m'obligeant donc à faire mon prochain lancé avec chacun de mes mouvement inversé, seul le fait d'avoir la tête en bas ne me dérangeait pas, m'y étant depuis longtemps habitué au cour de mes facéties passées.

-C'est un bien joli tour celui-là, félicitations.

Me concentrant, les yeux fermés, sur chacun de mes muscles, je les contractais un par un pour comprendre la façon dont je devais me déplacer. Lorsque je rouvrit les yeux, j'espérais bien avoir l'air d'avoir compris le truc, me donnant l'air plus sûr de moi que jamais. Puis de m'élançait, faisant trois pas rapides avant de lancer ma boule. Et elle partit comme il se devait, loin en arrière, et très fort. Si fort en réalité, que bientôt elle disparut dans le ciel, alors que je me tournais vers William, l'air contrit.

-Tu es trop fort pour moi on dirait. A moins que...

Me tournant vers les quilles, je laissais passer un petit sourire sur mes lèvres alors que la boule que j'avais lancé retombait lourdement au milieu des quilles, les faisant voler tomber dans tout les sens, tandis qu'elle, finissait lentement sa course le long de la piste, pour venir s'arrêter à mes pieds. Je remis alors notre petit monde à l'endroit, ainsi que nos gestes. C'était à mon tour de compliquer la tache au jeune mutant. Je pris un instant de réflexion, et sans que je n'ai, en apparence, changé quoi que ce soit, je fis un pas en arrière, après avoir récupéré ma boule, pour libérer la place devant la piste.

-C'est donc à toi je t'en prie.

Ce fut non sans un petit sourire satisfait que je le laissait dans l'ignorance. Il ne verrait les panneaux disposés le long de la piste sortir de terre que juste avant que sa boule ne les atteigne. Le coup était peut-être un peu vicieux, mais si William avait assez d'imagination et tout autant d'espièglerie, il trouverait bien un moyen de faire un strike. Ce que je n'avais pas prévu en revanche, et que je remarquais à peine, c'était cette impression de flouté en arrière plan, comme si la caméra était cadrée sur la scène que nous jouions. C'était encore à peine perceptible, autant pour moi que pour William, mais bientôt plus rien ne serait pareil.

Si William aurait put crier à la tricherie lors de mon coup précédent, cette fois c'était à mon tour d'avoir le droit de le faire. J'aurais dut préciser qu'il ne fallait pas déplacer les quilles, mais je ne l'avais pas fait, donc le petit avait le droit. A voir l'air enjoué de mon nouveau camarade, mon idée portais ses fruits. Il s'amusait avec ses pouvoirs, sans perdre le contrôle. C'était une bonne nouvelle pour tout le monde, car si Wiccan commençait à se sentir plus à l'aise avec ses pouvoirs, il en devenait un peu moins dangereux pour les autres, et surtout plus apte à réparer les dégâts que je ferais à l'avenir, mais ce dernier détail je ne le connaissais pas encore.

C'était donc à mon tour, et William se montrait très inventif. Ce nouveau tour m'amusait, il faut bien l'admettre, et je le gardais en mémoire pour l'avenir, mais j'avais envie de relever le défi à la loyale, ne comptant que sur mes talents de joueur de bowling. Après tout il ne fallait que compter l'intervalle entre les apparitions des boules et lancer la boule en conséquence.

-Ouvre grand les yeux et observe le champion.

Ah quelle prétention j'avais par moment. Un sourire en coin, je pris mon temps pour lancer la boule. Si précédemment j'avais fait semblant de me concentrer pour finalement jeter ma boule dans le mauvais sens, ici j'étais des plus sérieux. Je déposais un bisou sur ma balle, fit craqué mon cou en penchant la tête sur les côtés, puis m'élançais pour ensuite lancer la boule droit sur les quilles. le projectile allait vite, décrivant une légère courbe sur la droite dans sa course. Ça aurait été un de mes plus beau lancés, mais les quilles n'étaient pas encore réapparues lorsque la boule arriva à leur niveau, elles ne se matérialisèrent qu'un quart de seconde plus tard, alors que la boule était au niveau de la dernière ligne. Sept quilles tombèrent, les trois premières, qui formaient un petit triangle, ne bougèrent pas. Je lâchais un petit grognement de frustration puis fit une légère moue alors que ma boule réapparaissait dans ma main.

-J'y étais presque, un tout petit peu moins fort et je les avait toutes...

C'était la défaite, mais William avait une leçon à tiré de mon échec et j'espérais alors qu'il voyait laquelle. Car si avoir la possibilité de toujours gagner était plaisante, perdre à la loyale pouvait être tout aussi amusant, et surtout, pour des êtres comme nous, permettait de pouvoir garder des compagnons de jeux, ayant ainsi quelqu'un contre qui perdre ou gagner.

-Et bien il semblerait que ce soit à moi de te corser les choses. Suffit juste de trouver comment.

Alors que je trouvait enfin mon idée, mes yeux s'agrandirent et avec eux la réalité se modifia se modelant immédiatement sur l'image que j'avais en tête. La piste de bois s'allongea subitement, comme un élastique qu'on tirerait, pour ensuite se tasser en dents de scie. Il y avait maintenant trois tremplins le long de la piste, le dernier se trouvant à un petit mètre des quilles. Bien sûr, avec pouvoirs, le coup était facile c'est pour ça que je tapotais l'épaule de William, lui souriant alors que je retissais, temporairement, les cordes quantiques qui le composait. Cette fois-ci il n'aurait pas de pouvoirs pour s'aider. Bien entendu je ne pouvais pas maintenir cet état à vie, et de toute façon je n'avais l'intention de le maintenir que le temps de ce tir.

-Voyons voir comment tu t'en sors comme ça.

Ainsi le petit tenta sa chance. Je l'avais regardé faire avec un amusement, et une certaine hâte aussi. La boule était partie bien loin, et avait effrayée quelques canards qui n'avaient, pourtant, rien demandé à personne. Là, Je ne pu me retenir de rire, mais je n'étais en rien moqueur, si ce n'était envers les volatiles. Une fois la catastrophe terminée, je rendis son statut de mutant à William, et donc ses pouvoirs par la même occasion. Pour toute réponse à mon rire, le jeune homme me défia de faire mieux que lui.

-Hmm très bien, essayons...

Je pris un tout petit peu d'élan, mais l'arrêtais au dernier moment. Le flou autour de nous s'accentuait un peu, et alors que j'allais lancer ma boule vers les quilles, je le remarquais pour la première fois. Je me retint donc, prenant le temps de secouer un peu la tête, avant de reprendre mon élan. Cette fois-ci, j'ignorais l'impression cotonneuse qui gagnait mon esprit, et lançais enfin ma boule. Elle roula un peu plus vite que je ne l'avais escompté, et elle décolla un peu plus haut également. Puis tout a basculé, la boule s'est figée dans les airs. J'eus l'impression qu'elle se multipliait, et rapidement le ciel fut parsemé de dizaines de répliques de ma boule. Je fronçais les yeux, ne comprenait pas vraiment, je n'avais pas voulut ça. Puis les boules semblèrent fondre, sans cessé de léviter, défiant la gravité, elles se mêlaient les unes aux autres, en arrivant à former un cercle noir dans le ciel. Le phénomène ne devait être ignoré de personnes car déjà on pouvait entendre les murmures des gens derrière nous; Et puis je réalisai...

-Forcément... celui là était plus réaliste que les autres... mais j'aurais du m'en douter....

Ce ne devait-être qu'un rêve, forcément, je m'étais inventé un compagnon de jeu trop beau pour être vrai, j'aurais dut m'en douter. Le rêve continua, de toute évidence tout ça virait au cauchemar. Soudain le grand disque se brisa, comme une vitre traversée par deux créatures gigantesques entrain de se battre. En l'air, elles ne formaient qu'une boule de poils et d'écailles d'où émanait des cris bestiaux impossibles à identifier. Mais bientôt elles touchèrent le sol, violemment. Elles chutèrent en plein sur central park, fauchant sur leurs passage des dizaines de personnes, et bien plus d'arbres encore.

-T'en fais pas William, tout ça n'est pas bien grave, il ne s'agit que d'un rêve. Tu n'existe même pas, alors tu ne risque rien.

Le bêlement d'un mouton vint ponctuer la fin de ma phrase. Puis un autre, suivit d'un hurlement, ça venait de derrière nous, en me retournant je vis. Je vis une pauvre dame entrain de se faire attaquer, puis égorger à coups de dents, par un mouton. Rien de tout ça n'était réel, c'était un mélange de plusieurs films que j'avais vu récemment. Les deux créatures se relevaient, révélant ainsi leurs proportions. Chacune faisait bien la taille d'un immeuble de six étages, il y avait un dinosaure, ah non, un dragon pardon, qui crachait des flammes blanches en direction d'un gorille. Je devinais facilement de quel film ces deux là venaient. Le plus proche de nous, le roi des gorilles, avait posé sa jolie papatte sur la piste de bowling, la réduisant en miette sans même la sentir. Mais tout ça n'était pas réel. Mais si ce n'était qu'un rêve, pourquoi sentais-je les éclats de bois projetés par la piste éclatée ? Ce détail me parait logique aujourd'hui, mais à ce moment là je n'y pensais même pas, j'étais retombé dans ma folie. Nous étions pris au piège entre deux monstres géants et un, ah non, ils étaient désormais une douzaine de moutons mangeurs d'homme. Au loin j'entendais déjà les avions de chasse et les hélicoptère militaires qui venaient abattre les créatures les plus mythiques du cinéma, et le ciel commençait à se teinter de rouge et de vert. Quel rêve étrange...

C'était le chaos, et les efforts de William pour empêcher ma folie d'engloutir la ville et de faire trop de victimes ne faisait qu'ajouter à l'anarchie ambiante. Une armée d'elfes, des personnages de séries télévisées, un vaisseau spatial, des super-héros de fiction. Pourtant, il semblait gagner la bataille, ses créations mettant à mal celles de mes cauchemars. Et il me baffait pour couronner le tout. Mais ses coups, destinés à me réveiller, ne firent que m'agacer. Moi qui trouvais alors la situation si amusante. Après tout, en rêve ce n'est pas bien grave si des gens meurent.

-Tu as raison William, il faut que je me ressaisisse. Tu m'as bien divertit, tu es le meilleur personnage que mon inconscient ait créé depuis... au moins six ans.

Lui faisant un grand sourire, dans lequel il pouvait lire toute ma folie, autant que dans mon regard, je lui administrait un pichenette sur le front, et soudain, il fut si léger qu'une légère brise de vent suffit à le faire s'envoler, l'entrainant aussi haut dans le ciel que loin du cauchemar. Derrière moi, le singe géant sautait à une hauteur vertigineuse pour s'accrocher au vaisseau des capitaines O'neal et Harkness, en arrachant la carlingue de ses doigts puissants. Ils allèrent tout trois s'écraser sur un des immeubles encadrant le parc, il y eut une centaine de blessés, et quelques dizaines de morts dans l'effondrement du bâtiment. Godzilla de son côté, ouvrait grand la mâchoire pour attaquer l'armée d'elfes, mais ce ne furent pas des flammes qui s'en échappèrent, mais des nains, des centaines et des centaines de nains, barbus et armés jusqu'aux dents, déferlants sur les elfes. Puis soudain, des bruits de coups résonnèrent dans l'air, comme une masse qu'on abat sur un mur. Je me tournais pour voir ce que c'était, et un rire d'enfant découvrant ses cadeaux de noëls sortit de mes lèvres. Superman était entrain de se battre avec Doomsday. La violence des coups que se donnaient les deux êtres fictifs faisait voler en éclat les vitres des immeubles qu'ils longeaient tout en se tapant dessus en volant.

-Oh oh...

James se souvenait de cette scène, la mort de superman. Ils disparaissaient maintenant de ma vue, finissant leur combat aux alentours de Manhattan. Plus près de moi, Néo s'occupait désormais seul du lézard géant, enfin avec l'aide des schtroumpfs. Le monstre reculait sous les coups de feux de l'élu, il titubait, et chuta, mort. Les nains et les elfes se livraient une guerre sans pitié, sans se soucier de tuer ou non les pauvres gens qui fuyaient de manière désordonnée la scène. Dans le chaos, les avions de chasse et les hélicoptères avaient maintenant disparus, et le seul appareil volant dans le ciel appartenait aux médias, les vrais, qui filmaient la scène du plus haut qu'ils pouvaient.

-Et les moutons alors ?

Je me retournais de nouveau et là ce fut le drame. Alors que les moutons avaient été réduits à néant par trois sorcières et une blonde, les arbres commencèrent à s'agiter de plus en plus fort. Un nombre incalculable de dindes sortirent des buissons, fonçant en direction des trois héroïnes. La première ligne fondit directement sur la plus jeune des trois sœurs, se fut immonde, elles picoraient œils et langue avant de s'attaquer à la chaire. En deux minutes il ne resta des sorcière plus qu'un amas d'os et de chaire sanguinolente. Puis ce fut au tour de Buffy, qui se défendit un peu plus longtemps, tranchant et transperçant les volailles à l'aide de sa hache étrange. Mais les dindes étaient trop nombreuses.

BOUM

Le coup final de Doomsday à Superman, la bête serait de nouveau sur le champs de bataille d'ici peu. Je voulais interpeller William, partager mon amusement de voir réunit autant de personnages d'univers si différents. Mais il n'était plus là, qu'a cela ne tienne, je le fis revenir près de moi en un instant, de nouveau pleinement lui même.

-C'est certainement un de mes meilleurs rê...Aïe !!

Une dinde venait de me mordre violemment au mollet. Une telle douleur ne pouvait être que le fruit de la réalité. L'espace d'un instant je pris conscience de ce qu'il ce passait. Tout disparut, les gens étaient de nouveau à leur place, en vie. Il n'y avait plus trace de rien de ce qui était arrivé. Même l'immeuble avait repoussé. Mais tout le monde se souvenait de l'horreur, certains étaient même prostrés, traumatisés par le fait d'avoir connut la mort et d'en être revenus. Ma lucidité passagère les avaient tous ramenés, et tous se remettaient à s'éloigner, d'un pas vif et apeuré. Dans le ciel, il y avait toujours l'hélicoptère de la télévision, qui avait bel et bien filmé toute la scène.

-Euh... désolé...

Je craignais la réaction de William, mais bien moins que ma rechute prochaine. tout ce passerait de manière différente, mais ce ne serait pas plus rassurant pour autant, je le savais.

Je pensais avoir tout arrangé, et c'était pratiquement le cas. Mais pourtant sur mes joues coulaient de silencieuses larmes. De nouveau je m'étais pris pour Dieu, de nouveau j'avais semé la mort et la vie comme si il s'agissait là de simples caprices. Comme je devais avoir déçut William, comme il devait craindre maintenant, plus encore qu'avant, ses propres pouvoirs si semblables aux miens. Alors que l'adolescent, car il n'était guère plus, remarquait l'hélicoptère dans le ciel, moi je remarquais les visages qui nous entouraient. Apeurés, choqués, pour la plupart traumatisés, et probablement pour le reste de leur jour. Je me surprenais à penser que les plus chanceux d'entre eux penseraient, avec le temps, que ça n'avait été qu'un rêve, où une hallucination provoquée par une quelconque drogue versée dans l'eau. Bien sûr, la caméra dans l'appareil qui survolait le parc prouverait au monde la réalité des événements, mais ce n'était qu'un détail, et pour tout dire je n'en avait cure à cette époque.

Quelque chose au coin de mon œil, puis cette sensation étrange et familière qui m'envahissait. Je me tournais de nouveau vers mon ami. Il s'agitait, jouait le petit singe. Il ressemblait à un jeune Son Goku sous acide, avec son bâton qui tournoyait autour de lui et ses pirouettes étranges. Il avait modifié la mémoire des gens, il m'avait changé moi. Il me fallut un peu de temps pour comprendre ce qu'il avait fait. Il commettait l'erreur que je craignais, il prenait la responsabilité de toute cette tragédie quand elle ne revenait qu'a moi. Soit, il voulait jouer, nous jouerions. Un claquement de doigt le priva de nouveau de ses pouvoirs. L'opération n'aurait effet que quelques heures tout au plus, mais était malheureusement nécessaire. Un soupire modifia les images qu'avait enregistré la caméra dans le ciel. Sur la bande, qu'elle soit magnétique ou numérique, on pouvait voir désormais l'image d'un Bouddha, une statue d'or représentant le dieu, grassouillet, des tibétains, en lieu et place de William et moi même. Sur la vidéo, la divinité semblait commander de ses mains les étranges événements qui s'étaient jusque là déroulés.

-Ne prends plus jamais la responsabilité de mes actes William. Il m'arrive trop souvent ce genre de chose pour que je laisse un autre en pât...

Je ne pus finir ma phrase. Sous mes pieds, sous ceux de tout le monde dans Central Park, la terre s'était mise à trembler. Alors de ma dernière once de lucidité, je fis voir au monde cette divinité dorée que j'avais placée sur la vidéo. Le sol continuait de trembler, de plus en plus fort, et de mes lèvres un rires dément s'échappa. Je savais ce qui arrivait, je l'attendais, le désirais. La folie peut changer le meilleur des hommes en la plus cruelle des créatures, et je n'étais pas le meilleur des hommes. Le sol tremblait, encore et encore, de plus en plus fort. Les gens paniquaient de nouveau, plus encore. Le séisme se prolongeait, dans les allées du parc, les graviers semblaient avalés par la terre, et sur les routes qui encadraient cet espace de nature, le sol se fendait, avalant sans distinction passants et voitures.

Dans le ciel, un grondement se fit entendre, le tonnerre sans la foudre, résonnant aux oreilles des témoins, de William et moi même, comme si l'orage était sur nous, mais aucuns signes d'éclairs. Puis le premier son de fracas. devant Wiccan, un bloc de glace de la taille d'un homme était tombé, et alors qu'il volait en éclats, alors que le jeune mutant dépossédé de ses dons aurait dut être blessé par milles petites lames de glace, il n'y eut que fumée, que vapeur. Puis suivirent les frères. Il grêlait sur Central Park, et les grêlons étaient tous aussi gros que le premier, et finissaient tous en vapeur. Des gens furent percutés, mais aucun ne fut blessé. La scène, apocalyptique, car le sol tremblait toujours, se fendait toujours, dura deux longues minutes. Deux minutes de frayeur, de cris et de larmes. Puis vint le silence. Total, absolut. Toujours, les visages des gens apeurés se déformaient de leur cris, mais de leurs lèvres aucuns son ne sortaient. La terre s'était calmée, le ciel de nouveau clair ne faisait tomber sur les hommes et les femmes présents, plus que les rayons du soleil. Dix secondes, plus longues encore que les deux minutes précédentes, qui permirent aux uns et aux autres de se rendre compte qu'ils étaient saints et saufs. Hormis peut-être ceux tombés dans les crevasses qui avaient remplacées l'asphaltes des rues et le gravier des allées. Et au milieu de ce silence je dansais, et pour tout le monde, excepté William, c'était Bouddha qui dansait. Riant a gorge déployé, rompant le silence et criant.

-Ça arrive ! Ça arrive ! La sentez vous donc venir ?! Venant du dessous, elle dévore tout. Venant du dessous elle vient pour nous...

Et comme pour répondre à mon appel, il y eut le grondement. Terrible, majestueux, qui imposa, même à moi, le silence et la crainte. Ce terrible grognement venant de sous la terre, venant des ténèbres qui habitaient les fentes que le séisme avait laissé derrière lui.

-Elle est là, contemplez la !!

Je hurlait cet ordre, croyant à mon rôle, de nouveau perdu dans ma folie, et je riais de nouveau, tournoyant sur moi même, les bras écartés, et pour le monde, ce fut toujours Bouddha qui le fit. En même temps que mon rire, surgit des crevasse un étrange spectacle. Nul monstres, nul mort, seulement la vie, la nature. La terre semblait vomir des racines, des lianes, entremêlées inextricablement, sur elles couraient biches et sangliers, lapins et renards. Avec le vert de la flore, sortie aussi un millier d'autres couleurs, celle de milliers d'oiseaux eux aussi rejetés par le cœur de la terre. Et avec ces arbres, ces fleurs, ces animaux, ressurgissaient aussi les voitures et les Hommes avalés un instant plus tôt. L'étrange spectacle dura une éternité, et pourtant si peu de temps, car sur les montres, cinq minutes seulement c'étaient écoulées. Mais alors que la terre se refermait, en silence, sans un seule frémissement, Central Park n'était plus la seule source de verdure dans la belle New-York. Sur cinq kilomètres à la ronde, plus une once de béton n'apparaissait à la lumière du jour. Sur les immeubles, seules les portes et les fenêtres avaient échappés à la mousse, au lierre et autres plantes rampantes. Les routes étaient recouvertes de mille et une fleurs, d'arbres et de buissons. Les caniveaux étaient désormais de petits ruisseaux dont le chant apaisant emplissait le quartier. Et partout, oui, partout, côtoyant les hommes comme si de rien n'était, toutes sortes d'animaux étaient désormais là. Il y avait des lions aussi doux que les agneaux qu'ils côtoyaient, des biches qui jamais ne perdraient leur mère à cause d'un chasseur. Des lapins bleus ou blancs jouant à la course avec chiens et renards. Et des oiseaux, posés ou volants, dispensant à tous leurs chants magnifiques. Dans le ciel, un arc en ciel dont les couleurs trop opaques trahissaient sa nature irréelle, tout comme les couleurs des animaux étaient bien trop vives, et le vert des plantes bien trop vert. C'était un décors digne de l'imaginaire de Disney, un dessin animé pourtant vrai et palpable. Au milieu de cette nature sauvage et pourtant paisible, je m'élevais dans les airs, et avec moi le dieu joufflu.

-Venue du dessous, elle dévore tout, Venue du dessous, la voici pour nous !!

Ma voix résonna si fort dans l'espace peint de vert, que nul ne put l'ignorer, alors que sans cesse je m'élevais. Et les quelques curieux qui me regardaient alors, purent voir Bouddha, moi, disparaitre dans un rayon de soleil. Le rêve était finit, mais pourtant toujours là, avec William en son centre, que je n'oublierais pas. Et si déjà certaines bêtes disparaissaient dans des terriers qui se refermaient aussi tôt, il faudrait trois jours à la nature, pour se retirer d'elle même, laissant finalement la ville, toujours fidèle à elle même.