Kaleb Cardigans Neutre Gamma
Nombre de messages : 93 Age : 38 Autre(s) identité(s) : Tombstone/ Gargouille (Morgan de sa vie d'avant)
Pouvoirs : Corps de Pierre/ Pétrification/ Controle des pétrifications
Age du perso : 24 ans Date d'inscription : 29/12/2010
| Sujet: Débat inconscient Mar 4 Jan 2011 - 9:33 | |
| Trois semaines après son arrivée à New York
La pénombre masquait les rues d'un doute pesant, plus rien ne semblait sûr, le moindre coin d'obscurité devenait une abîme, nourriture de nos peurs les plus intenses. La rumeur des automobiles s'entendait évidemment, mais faisait à présent partie intégrante du décors dans lequel j'évoluais. J'aurais presque pu parier que le silence était total tant les klaxons, les sirènes et les moteurs m'étaient devenus coutumiers. Bienvenue dans mon angoisse quotidienne, celle qui en devient paranoïaque, celle qui frôle de peu l'hérésie. Chaque minute passée à l'extérieur était devenue un enfer, un cauchemar où tous mes délires psychotiques prenaient vie dans le moindre coin d'obscurité, ou la pénombre de mes doutes masquait les rues New-yorkaises, où les bouches d'égout n'étaient plus que l'abîme qui abreuvait me peurs constamment assoiffées de délires hérétiques. Si j'avais, besoin de consulter un psy? Certains m'auraient dit oui, mais qui avait-il de maladif que d'être paumé, à moitié amnésique, menacé de mort à chaque sortie, traqué comme une proie, sans aucune autre défense que celle de pouvoir vous changer en bloc intouchable, qu'il serait possible de jeter dans la rivière la plus proche... Non la paranoïa était tout à fait requise pour survivre. Frôlant un mur je tournai inlassablement entre mes doigts tremblants un fin bout de plastique dur où étaient inscrits mes coordonnées, le bref résumé sur ma personne... J'étais une taille, un poids, une adresse, et des lettres abjectes qui formaient un mot, mon prénom. Mais je ne me souvenais de rien, où était ma mère, où était mon père? A quoi ressemblait ma chambre de gosse, à quoi ressemblait mon premier chien, comment se nommait mon poisson rouge? Si encore j'avais pu me poser ces questions, j'aurai pu au moins me torturer l'esprit sur quelque chose de concret, mais je n'étais même pas sûr d'avoir eu un chien ou un poisson rouge. Je pouvais tout aussi bien être orphelin? Vous commencez à vous perdre, bienvenue dans l'étrange gouffre de ma mémoire, où tout perd son sens, ou vous n'êtes pas plus vivant qu'un cailloux poli par les flots de l'oubli. Une pensée pour mon défunt passé qui coula en mer le jour qui devait être celui de ma mort. J'étais bloqué ici, avec la désagréable impression d'étouffer dans une bulle de solitude qui m'obligeait à me renfermer sur moi même... Mais j'avais perdu le fil de mon histoire, et il m'était à présent impossible de faire le funambule sur ma vie, le câble était coupé, et je chutai, dans un trou aussi profond que le creux dérobé dans ma mémoire. Bienvenue dans ma vie métaphorique, qui consiste à attribuer dès ce jour une connotation bien précise à chaque choses, afin de lier ensembles les mots qu'il me restait pour m'inventer un avenir. Entrez je vous en prie dans ma cellule grise, à la recherche de ma boîte noire, pour redessiner mes blancs...
Une bouche de métro m'aspira dans ses entrailles et me recracha trois stations plus tard, elle ne voulait pas d'un cailloux sans passé, sans histoire... Graver mon histoire dans la pierre, quel joli paradoxe lorsqu'on m'y ajoutait. Minuit moins le quart...
La cannette vola sur trois mètres, bondit trois fois, craqua sous mon talon, si l'on poursuit mon travail métaphorique elle était un peu le reflet de mon avenir, d'abord désaxé de son chemin par un bon coup de pied là ou je pense, puis piétinée par le talon du destin. Lui avec ses grands airs de je sais tout, mais ne te dis rien, quand bien même tu crèves dans ta cellule grise à chercher ta foutue boîte noire disparue dans un blanc, un de ces nombreux blancs qui trouent ton passé, le rendent illisible. Sinon moi ça va, j'erre le long de cette rue déserte, poussé par une simple brise d'air chaud, qui chatouille ma folie, ma rancœur. Oui je vais bien, si l'on considère que ne plus pouvoir se projeter plus loin qu'a deux mètres de soit est une bonne chose. Certains me diront « saisis ta chance, c'est une aubaine que de pouvoir recommencer sa vie », à ceux ci, après leur avoir cracher le plus gros mollard au pied, je rétorquerai « Comment reconstruire sur un gouffre sans fond, comment inventer un nouveau départ quand l'on à oublié comment bâtir un début, comment se poursuit une histoire? Et comment être sûr de ne pas copier son ancienne vie, si l'on n'a plus souvenir de ce que l'on a été? » puis je me changerai en pierre, dans l'espoir d'y rester jusqu'à la disparition du monde.
Non franchement, vivre, dans un contexte purement objectif, ce que j'endure pourrait vous laisser perplexe, mais pour moi qui n'ai pas vraiment eu d'histoire formelle de mes treize à vingt deux ans, je peux vous dire que le souvenir d'une enfance, qui fut surement joyeuse, vous manque. J'aimerai tant me rappeler de dîners au coin du feu, mais le feu c'est éteint, le coin est devenu abîme et le dîner c'est pétrifié. C'est ça, mon pouvoir est l'incarnation même de mon état moral, une pétrification qui m'oblige à me tourmenter de la sorte, car je ne peux plus penser au lendemain, et la question sans réponse du passé m'obsède.
~Visiteurs télépathes, merci pour la visite de mon inconscience, dans quelques mots vous retrouverez le vrai Kaleb, bridé par la conscience, tout gai de visiter New York à minuit moins le quart, tapant dans une canette, entrant dans le métro pour rejoindre son appartement, dont il est le nouveau propriétaire...~
-Kaleb Cardigans
-Monsieur Cardigans, entrez!
Je saluai le concierge qui n'attendait plus que moi pour aller se coucher, je fermai la grille de l'ascenseur derrière moi, avant de constater que mon concierge venait de s'effacer, tel un mirage...
[à suivre...] | |
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