Let it burn [Battle Strip: Round 1 Groupe C]

Qu’est-ce qui fait bouger le monde d'aujourd'hui? L’amour? Les autres grandes valeurs humaines? Non, ce qui fait bouger le monde, c’est l’argent l’ami. Oui, l’argent, le fric, les pépettes, le flouze, l’oseille, la tune et j’en passe...Partout autour de nous, les gens se tuent chaque jour à la tâche pour des salaires de misère, joignant les deux bouts comme ils le peuvent à la fin du mois. Alors quand une opportunité s’offre à vous, la possibilité de gagner de l’argent facile, certains n'hésitent pas, même si cela implique de perdre un tant soit peu de dignité le temps d'une soirée. C'est une des dures lois de l'univers...On dit que l'argent ne fait certes pas le bonheur mais ça, ça n'a jamais vraiment été vérifié. En tout cas, il y contribue et pour remplir leurs proches, certains sont près à tout.

500 000 dollars. Cinq cent...mille dollars. Voilà une somme trébuchante qui sonnait magnifiquement bien aux oreilles d'Autumn. Cette somme, c'était rajouter pas moins de quatre zéro à son compte en banque qui se maintenait difficilement à flot et ce soir-là était l'une de ses occasions de remonter la pente. Pour Ovide, jeune fille pas si différente des autres qui cherchait surtout à gagner sa vie d'une façon ou d'une autre, ce concours tombait à pic. La jeune femme aurait été capable de se dandiner sur scène pour dix fois moins que le chiffre annoncé, alors rendez-vous compte ce qu'elle se sentait prête à faire pour cinq cent mille dollars...Bien sûr, elle n'en avait pas parlé à Matthew...Tu parles, le grand blond, coincé comme il l'était, lui aurait ri sans doute au nez ou pire, s'en serait complètement désintéressé. Ne désirant pas se taper la honte du siècle, la mutante lui avait juste laissé entendre qu'elle rejoignait des camarades de cours pour la soirée et non pas qu'elle partait danser pour gagner de l'argent. Certes actuellement, il l'hébergeait gentiment dans son immense appartement et se montrait assez généreux lorsqu'il s'agissait d'allonger les billets, mais pour Autumn, il était hors de question de se faire entretenir, sous peine de passer pour ce qu'elle n'était pas...Déjà, on l'avait confondu avec la femme de ménage, on n'allait tout de même pas passer à pire. Sans compter que cet état de grâce ne durerait pas toute la vie, alors si elle pouvait assurer son compte en banque pour des coups durs futurs, elle n'allait pas se gêner.

La danse, ce n'était pas vraiment la grande passion de sa vie...D'ailleurs c'était même loin d'en être une. Ce qu'elle en savait, c'était des heures de matage intensif des vidéos clips de ses artistes préférés et des heures de danse seule dans son appartement avec le volume de sa chaine stéréo poussé au maximum. Ses parents puis enfin ses voisins en avaient largement les frais. A ajouter aussi les quelques sorties en boite qu'elle s'autorisait quand les rares amis qu'elle avait parvenaient enfin à la trainer hors de chez elle. Évidemment, se trémousser au beau milieu d'une foule en délire imbibée d'alcool, c'était autre chose que se donner en spectacle sur un podium, avec des centaines d'yeux rivés sur elle, mais ce détail insignifiant n'était pas vraiment une raison pour déclarer forfait. Ce soir là, elle n’avait pas vraiment l’intention de perdre, bien au contraire. Se montrer aux yeux de tout le monde? Oui, ça c'était gênant, mais quand on détenait un pouvoir comme le sien, ce n'était plus vraiment un problème. Ce soir là, sur le podium, les gens ne verraient pas Mademoiselle Autumn Ryleigh Hackett, grande brune élancée et discrète, mais Lady Lust, blonde décolorée sulfureuse, à la tenue pour le moins provocatrice. Extravagante mais incognito, toute la nuance était là.

Lorsqu’elle était arrivée au bar, elle s’était déjà métamorphosée sur le chemin -façon Superman dans une cabine téléphonique sauf qu'elle, elle l'avait fait dans les toilettes public d'un centre commercial-, modifiant son corps et son visage. A présent, elle faisait beaucoup moins gamine et nettement plus femme. Sa peau était plus pâle, ses cheveux longs et raides d’un bond clair lui tombaient au-delà des épaules, sa frange fournie lui recouvrait presque les yeux et ses lèvres avaient nettement épaissi. Le reste de son corps était également passé au bistouri mental…Quelques centimètres de moins compensés par de haut talons sur lesquels elle se mouvait avec facilité et souplesse, des jambes longues et raffinées recouvertes de bas résille sous sa jupe courte, la taille plus fine et la poitrine plus développée -bonnet C, elle s'était fait plaisir-, mises en valeur par une chemise subtilement entrouverte sous son épais manteau -manteau qui était sans doute la seule pièce authentique de son arsenal-. Bref, une jeune fille à l’allure d’une adolescente avait quitté le domicile de Matthew Meyers quelques minutes plus tôt, c’était à présent une véritable bombe qui franchissait le seuil du Night.

La minuscule pièce où on l'envoya se changer à l’abri des regards indiscrets tenait plus du placard à balais que de la loge de star mais Autumn s’en moquait royalement. Elle n’avait pas vraiment besoin d’espace. Délaissant sur le sol le sac censé contenir ses habits de scène mais qui faisait office de leurre, la jeune femme entreprit de se métamorphoser. Relâchant sa concentration, elle "quitta" ses habits et "enfila" sa tenue de scène, tenue qu'elle portait déjà, bien évidemment. Ce soir-là, c’était le style femme d’affaire, sans artifice mais terriblement suggestif: une simple veste noire très échancrée qui laissait déjà deviner un soutien gorge, une jupe de la même couleur, fendue sur tout le long et enfin des gants blancs à ses mains, gants qui laissaient entrevoir trois doigts, le pouce, l'index et le majeur. Les bas résille étaient toujours là, mais ils avaient changé, montrant à présent des lignes qui parcouraient ses jambes...L'impression de longueur était remarquable. Complétaient ce tableau deux escarpins aux talons vertigineux, le genre à vous mener aux sommets...Et enfin, la touche finale et indispensable, le maquillage: les yeux charbonneux, excessivement maquillés -Avril Lavigne en aurait été jalouse- et dissimulés sous une paire de fausses lunettes petites et strictes, les lèvres recouvertes d’un carmin sulfureux, les cheveux recueillis en un élégant chignon et enfin une simple fantaisie, un motif noire géométrique qui s’étalait sur sa joue, remontait le long de son visage pour enfin disparaitre sous sa frange.

La classe internationale, mon vieux. La Classe avec un grand C.

Et voilà. Elle était prête. Avant de partir, la mutante jeta un dernier coup d’œil à son reflet dans le minuscule miroir de la pièce. C’était parfait. La nuit de folie ne faisait que commencer. Légèrement fébrile, la jeune femme avait hâte de découvrir enfin le visage de son adversaire de la soirée. On ne lui avait pas dit qui il était, pas même s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme, et la curiosité la titillait. Seulement, pas moyen d'avoir la réponse, à moins de monter sur le podium qui l'attendait et de se lancer dans la course. Elle fourra donc son manteau dans le sac vide puis sortit tranquillement de la pièce, direction la scène où les spectateurs l'attendaient. Si elle était stressée? Oui l'appréhension la gagnait peu à peu, chose normale quand on songeait qu'elle n'avait jamais rien fait qui puisse ressembler de près ou de loin à un striptease public. Et la seule chose lui permettait de continuer, c'était l'appât de l'argent, le joli pactole qui l'attendait si jamais elle gagnait, une belle somme qui étoufferait ses soucis d'argent pour un bon moment. L'âne et la carotte sans doute...Sauf que là, la carotte était un chèque avec cinq zéros au compteur. Voilà qui aurait décidé n'importe qui.

Toute pimpante et adoptant des airs de diva gonflée à bloc, la demoiselle se présenta à l'entrée, d'où elle entendait déjà les cris d'une foule surchauffée. Écoutant les conseils d'un employé qui lui indiquait où se diriger, elle stoppa l'espace d'un instant, le temps de bien enregistrer les informations puis enfin pénétra dans la salle et se dirigea sans attendre vers le podium, au milieu des cris des spectateurs. De l'autre côté, son adversaire en faisait de même mais elle ne lui accorda pas un seul regard, concentrée simplement sur son jeu de femme d'affaire stricte et impitoyable. Pas qu'elle n'eut pas envie de découvrir son visage, bien au contraire, mais cela ne faisait pas encore partie de sa stratégie. La démarche rigide mais non dépourvue de sensualité, la mutante gravit les marches du podium sous les sifflets des spectateurs, pour se retrouver sous les feux des projecteurs. Sa tenue devait en avoir déjà affolée plus d'un mais Autumn les ignora purement et simplement. A ses pieds, elle trouva l'objet mystère qu'elle devait utiliser et qu'elle découvrait enfin. Un long câble noir, un fil de micro de plusieurs mètres avec au bout de celui-ci, le-dit micro. Eh bien, voilà qui était intéressant.

Du bout de son escarpin, elle poussa le fil comme s'il s'agissait d'une merde quelconque et le traina jusqu'au bord du podium, une moue dédaigneuse sur son visage. Près du rebord, elle venait de repérer un type qui la dévorait déjà du regard. Moche, pas attirant pour deux sous mais déjà prêt à se pâmer pour les yeux de la belle. D'un mouvement de la jambe, elle lui indiqua le câble et de sa main droite gantée, elle lui ordonna de le lui tendre. Hypnotisé, l'homme s'exécuta aussitôt, comme un bon petit soldat et il le lui passa. Évidemment, le type dut se hausser sur la pointe des pieds parce que la demoiselle n'était certainement pas prête à faire l'effort de se baisser…vous pensez bien.

Quand elle eut attrapé le câble, son seul geste de remerciement fut de passer la langue furtivement sur les lèvres en le dévorant du regard. Le pauvre devait déjà se trouver au septième ciel, pire que Vortex quand il regardait un épisode de Smallville ou que Zuzu en train de loucher sur des photos de blondes à moitié nues sur les plages désertes…Les autres hommes autour n'étaient pas en reste non plus. Autumn, elle, en resta de marbre puis tourna les talons et se dirigea vers l'autre côté, afin de se trouver une autre victime. Rapidement trouvé celui-là, un grand brun charmant qui ferait parfaitement l'affaire. S'agenouillant lentement face à lui dans une attitude provocatrice, les genoux écartés et la poitrine en avant, elle lui présenta le bout fil où se trouver le micro, lui enjoignant de le tenir. L'enroulant autour de ses poignets, elle lui fit un solide nœud pour être sûre qu'il ne la lâcherait pas. Puis, attrapant l'autre bout, la demoiselle se releva et enroula à son tour le câble autour de ses propres paumes. Avant d'adopter une pose sensuelle, l'une de ses jambes légèrement pliée et une main sur la hanche, attendant le début de la danse...





La musique se mit à retentir dans la boite, rythmée et sensuelle. Autumn ne bougea pas et lança simplement un regard à l'autre podium. Enfin, l'étudiante découvrait le visage de son adversaire, un homme au physique dévastateur qui allait faire apparemment joujou avec une chaise. Très bien, ce n'était pas cela qui allait l'arrêter. Elle lui adressa un sourire furtif et un clin d'œil rapide, plus éphémère qu'une pensée rationnelle dans l'esprit de Paris Hilton et se retourna.

Confidence is a must
Happiness is a plus
Edginess is a rush
Edges...I like ‘em rough

Elle dansait déjà, toujours accrochée au fil du micro que tenait l'homme, comme s'il était son prisonnier et elle se laissait son corps descendre dans une danse lascive et voluptueuse. Ses hanches se mouvaient avec grâce et laissaient déjà entrevoir des endroits interdits sous sa jupe fendue. Le bout d'une cuisse, le détail satiné d'un bas...Non, rien de plus que vos imaginations perverses aiment à deviner déjà, il lui restait encore tout le temps pour cela.

A man with a Midas touch
Intoxicate me I'm a lush
Stop you're making me blush
They're not looking at us

De nouveau sur ses deux pieds, elle commençait à danser élégamment sur la piste, jouant à tourner et à se rapprocher de sa proie. Le brun, tout comme son acolyte quelques instants plus tôt, ne semblait pas en mener large.

I don't think you know...know

Elle se laissa aller en arrière et d'un simple geste de la main, détacha ses cheveux. Un mouvement de la tête en arrière, un cambré à coupé le souffle qui mettait en valeurs ses formes avantageuses et la lourde masse blonde tombait en cascade sur ses épaules. Dans la pièce, la température avait déjà augmenté de plusieurs degrés, les esprits avaient déjà pris le large et elle venait à peine de commencer...

Sur l’autre podium, la concurrence se mouvait avec une grâce et un professionnalisme certains, à la satisfaction générale des spectateurs, donc les cris déchainés portaient foi quant au plaisir qu’ils prenaient à le voir se déhancher sur sa chaise. Le rigolo avait l’air de bouger son corps avec plus de classe que Damien Jean, ce qui n’arrangeait pas vraiment Autumn, qui allait devoir décupler ses efforts et dévoiler ses charmes pour prétendre arriver à ses fins. Adversaire sans scrupule, la demoiselle lui aurait volontiers balancé le micro à la figure pour que le malheureux cesse de lui marcher sur ses platebandes mais les lois du concours l’interdisaient…non ? Ah oui, il fallait gagner selon les règles et si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, cela n’impliquait pas d’ « attaque corporelle pouvant nuire à l’intégrité physique de l’autre ». Dommage, vraiment.

Délaissant l’Apollon qui attisait les foules, la mutante se concentra de nouveau sur sa danse, laissant son corps se mouvoir au rythme de la musique endiablée. De nouveau proche de l’homme à qui elle avait lié les mains, les cheveux désormais libres dans une masse indomptable et le bout de ses escarpins flirtant dangereusement avec le bord de la plateforme, la demoiselle était prête à passer à la vitesse supérieure. Qui disait striptease, disait forcément enlever ses vêtements…Logique, dans cette soirée, on attendait pas seulement qu’elle se trémousse avec classe - ou avec vulgarité, ça dépendait des points de vue-, mais aussi qu’elle se dessape. Les gens étaient là pour le plaisir de la chair, elle, elle était là pour le fric, elle allait leur donner ce qu’ils désiraient.

I'm checking it so hot (so hot ),
Wonder if he knows he's on my radar (on my radar)
on my radar (on my radar), And if I notice you
I know it's you,
Choose you don't wanna
lose you're on my radar (on my radar)
on my radar (on my radar)

Lançant à l’assemblée un regard digne d’une femme fatale et d’une dominatrice hors pair et profitant du refrain sensuel, la mutante s’accroupit de nouveau vers l’homme et tirant le câble vers sa propre personne, elle l’obligea à se rapprocher. D’un geste calculé et avec une lenteur voulue, elle ôta ses fausses lunettes et les posa sur le nez de l’homme avant de l’attirer vers lui, son visage finissant tout juste à quelques centimètres du sien. Autour, la foule devenait houleuse et désireuse de bien plus, et Autumn, répondant à leurs désirs, tendit le bras en direction du visage de sa proie, passant furtivement son index sur les lèvres de l’homme. Mais elle n’alla pas plus loin et elle s’écarta soudain de lui, retrouvant facilement l’équilibre sur ses échasses. Puis elle se recula, traversant lentement le podium, revenant vers le centre.

When you walk (when you walk)
When you talk (when you talk)

Alors qu’elle reculait, elle zigzaguait doucement, laissant le fil du micro à même le sol, au fur et à mesure qu’elle s’éloignait de son point de départ. Le câble ainsi posé dessinait un chemin tortueux, montrant une voie à suivre, un peu comme un fil d’Ariane qu’il lui fallait suivre pour retrouver son chemin. Lorsqu’elle l’eut entièrement déposé par terre, elle posa simplement son pied dessus et s’en désintéressa brusquement.

I got the tingle, I wanna mingle, that's what I want (that's what I want)
And listen baby don't debate it.. try to make you understand
you're on my radar (on my radar) on my radar (on my radar)

Se tournant face à la foule, elle se mit à danser en faisant du sur place, les pieds collés au sol, les bras tendus en direction du plafond et les mains liées entre elles, la tête rejetée en arrière comme si elle cherchait à atteindre des sommets impossibles. Là, tandis que ses hanches entamaient un mouvement circulaire et saccadé, elle laissa ses mains redescendre le long de sa poitrine avec grâce, s’attardant à se faufiler furtivement sous sa chemise, puis dessiner avec ferveur la cambrure de sa taille et de ses hanche, avant d'entreprendre le chemin inverse et de remonter jusqu’à ses épaules, chacune de ses mains finissant sur son omoplate opposé. Un croisé sensuel suivi d’un décroisé suggestif qui libéra ses bras, puis les doigts de sa main gauche suivirent le chemin jusqu’à son poignet où ils attrapèrent le gant immaculé et d’un geste souple mais sec, ils l’ôtèrent avant de l’envoyer dans la foule.

on my radar (got you on my) radar
(got you on my) radar (got you on my) RADAR

La demoiselle marqua une pause et lança un regard à la ronde. A peine le temps d’un sourire sensuel dévoilant une dentition parfaite, une langue passée furtivement entre ses lèvres, et elle se débarrassait de l’autre gant. Celui-là, elle n’en fit pas don à un spectateur chevronné et chanceux mais prenant plus d’élan et soignant le tir, elle le catapulta littéralement sur le podium de l’adversaire. Elle ne cherchait pas vraiment à atteindre l’homme, et d’ailleurs, elle n’y parvint pas, la distance réduisant à néant les chances de viser correctement, mais le lancer eut l’effet escompté. Le bout de tissu décrivit une élégante parabole avant de venir s’échouer sur le podium. Avait-il attiré l’attention de l’homme ou non dans sa chute, Autumn ne resta pas là à en connaitre la réponse, puisqu’elle se retourna pour reprendre sa danse de plus belle.

on my radar (got you on my) radar
(got you on my) radar (got you on my) RADAR
I got my eye on you... and I cant let you get away…

Lentement, elle défit du bout des doigts le simple nœud qui retenait sa veste, la laissant s'entrouvrir sans trop de subtilité. A présent, on voyait clairement le soutien-gorge noir à la dentelle fine qui cachait et rehaussait son opulente poitrine, laissant apparaitre la peau blanche et le faux tatouage qui ornait délicatement le flanc de la jeune femme. Ah les cris du public...Si l'argent était décerné au simple "hurlomètre", comprenez qui faisait crier le plus de personnes, elle avait peut-être une chance d'y arriver. Maintenant, il ne restait plus que la touche "magique" de son spectacle, celle où la mutante laissait libre court à ses pouvoirs. Besoin d'originalité, de déconcentrer l'autre aussi...

Hey baby whether it's now
or later I've gotcha cant shake me (no)

Le talon de sa chaussure toujours en contact en le fil, la jeune femme le prolongea mentalement le long de son corps. Ainsi amené à la vie, ou du moins en donnait-il l'illusion, le câble grimpait sur elle, s'enroulait autour de ses chevilles et ses jambes, emprisonnait ses bras contre son torse, tandis que la chemise finissait sur le sol. Puis il remontait sans attendre, se lovait autour de son cou, enserrant sa gorge et retenant ses cheveux. Autour d'elle, les cris redoublaient, d'abord de panique mais vite estompés au profit d'une clameur excitée.

Bien sûr, tout n'était qu'illusion et bien qu'Autumn ne ressentit la moindre douleur, elle ouvrit la bouche comme pour chercher de l'air et se laissa tomber sur le sol. D'abord à genoux, puis sur le côté. De dominatrice, elle était passée à dominée, à moitié dévêtue, il ne lui restait plus qu'à se "trainer" pour obtenir la victoire...

Tombée à terre sous les cris du public, Autumn rampait à présent sur le sol, la fausse corde encore et toujours entortillée autour d'elle. Prisonnière imaginaire qui semblait vouloir se soustraire de ses liens, la jeune femme laissait ardemment ses mains courir le long de son corps, tentant de les arracher. Sa chemise aux abonnés absentes gisait sur le sol à quelques centimètres d'elle et elle exhibait à présent sa poitrine idéalisée par son bistouri mental, l'essentiel caché par de la lingerie fine et affriolante. Il en fallait peu pour attiser les cœurs et les esprits, et autour d'elle, les hurlements redoublaient. Pour elle et pour son adversaire, elle en était parfaitement consciente. Lentement, elle se mit à avancer sur le sol, dans une posture plutôt osée qui devait donner à la majorité une sacrée vue sur ses attributs de femme...Elle avançait doucement, suivant le fil posé à terre, suivant ce fil d'Arianne censé la conduire jusqu'au salut. Alors, dominatrice punie de ses péchés, condamnée à agenouiller et à ramper devant un dieu répressif? Obligée à se déshabiller et à perdre toute contenance devant ceux qu'elle avait auparavant dédaignés? Pourquoi pas, c'était un jeu comme les autres, son pouvoir lui garantissait l'anonymat et le but n'était autre qu'une valise remplie de billets verts. Cet argent, elle le voyait déjà s'accumuler entre ses mains et à travers sa danse fiévreuse, elle imaginait déjà ce qu'elle en ferait. Nouvelle voiture, nouvel ordinateur peut-être...? Nouvelle vie, sans doute.

Après une route sinueuse, longue et rythmée par le son infernal de la musique, Autumn arrivait enfin au bout du fil, près de l'homme à qui elle était "attachée". Celui-ci n'avait toujours pas bougé, bien au contraire. Ses bras étaient posés sur le podium, son corps en avant comme s'il était déjà prêt à se jeter sur la scène et à la rejoindre. Ovide planta son regard dans le sien alors qu'elle l'atteignait puis soudain releva son corps d'un seul coup. Ses genoux en revanche ne quittèrent pas le sol et elle leva les yeux et les bras dans un geste sensuel, tandis que son bassin effectuait un va et vient scandaleux...Mieux que Shakira, rendez-vous compte. Très vite, la corde qui l'entourait commença à disparaitre jusqu'à la laisser totalement libérée.

Souriante de cette pseudo victoire, elle se laissa aller sur le ventre et roula sur le sol pour se retrouver les yeux face au plafond. Le corps cambré, étiré avec la souplesse d'une féline (grrr), elle laissa aller sa tête en arrière, les yeux fermés et les mains effectuant un trajet erratique sur sa poitrine. Jusqu'à sa jupe qu'elle dégrafa d'un coup sec et précis. Le bout de tissu noir quitta sa propriétaire, révélant le reste de la dentelle fine et intime de la jeune femme. A présent, Autumn n'était plus qu'en sous-vêtements, ne laissant ainsi presque plus place à l'imagination débridé de ses demoiselles et damoiseaux du public qui pouvaient admirer les formes vertigineuses, bien qu'irréelles, de la stripteaseuse.

Soudain, elle sentit une main lui toucher la cuisse. Un simple regard lui apprit qu'un spectateur chevronné s'était un peu trop enhardi et tentait de s'inviter à une fête à laquelle il n'était pas convié. Mais Autumn ne réagit pas et le laissa faire, espérant simplement qu'un des gorilles vienne empêcher que le guignol s'aventure trop loin. Et ce fut chose faite en quelques secondes. Le contact de la peau chaude et en sueur disparut soudain, aussi vite qu'il était venu, l'homme indécent ramené à sa place par l'une des armoires chargé de maintenir l'ordre dans cette foule infernale.

Débarrassée de son gêneur, la demoiselle se releva brusquement, perchée sur ses hauts talons. La chanson arrivait à sa fin, c'était le moment du grand final...Une main dans le dos dégrafa doucement l'attache du soutien-gorge tandis que l'autre maintenait le vêtement à sa place. Puis tranquillement, elle le laissa tomber, gardant son bras comme seule barrière entre son corps et le reste du monde. Les doigts restés libres rejoignirent rapidement le bout de tissu qui couvrait son bassin et commencèrent à le descendre doucement...

Encore un peu plus...

Les dernières notes de musique résonnèrent et s'estompèrent, laissant les cris maitres des lieux, et la lumière disparut. Autumn se retrouva plongée dans le noir, montrant seulement sa fine silhouette mais préservée de la vue de son corps dénudé...Autour d'elle les gens s'égosillaient, hurlant leur passion à plein poumons.

Le show était fini.