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| Sujet: Entre les baguettes et le jasmin... (Pv Noctis) Ven 25 Fév 2011 - 22:35 | |
| C'était la passion de Katara pour la cuisine asiatique qui l'avait menée ce soir-là au Lin Chan. Réputé pour servir les meilleures spécialités chinoises, vietnamiennes et thaïlandaises de tout New-York, le Lin Chan, loin d'être un restaurant sélect ou particulièrement huppé, n'était pas fréquenter par n'importe qui et il n'était pas rare de le voir refuser du monde. Aussi, ne fut-ce pas sans mal que Katara obtint une place ce soir-là.
Peu de tables étaient libres et le maître d'hôtel n'aurait certainement pas accepté de perdre une de ses précieuses tables au profit d'une femme seule, aussi jolie et distinguée puisse-t-elle être. Aussi, c'est au bar de service, dévolu aux personnes seules venues uniquement pour le plaisir de la table, que Katara se vit installée. Le choix avait été rapide et sûr. Bouchées d'écrevisses à la vapeur parfumée et canard braisé à l'impériale s'étaient suivis devant elle avec le même plaisir délectable. Détendue, presque alanguie devant son dessert, Katara repassait dans son esprit les évènements de ces derniers temps, un peu à la manière des flashes-back de films.
Cela allait bientôt faire deux mois qu'elle travaillait pour le compte de Maximilien Fray, président de la société Damage Control, spécialisée dans la prévention des catastrophes naturelles ainsi que dans l'aide nécessaires aux victimes de celles qui n'avaient pu être évitées. Ses sentiments étaient mitigés, doux-amers, un peu comme le sorbet auquel elle ne touchait pas mais qu'elle avait tout de même commandé afin de ne pas se faire prier de libérer la place trop vite. Son véritable plaisir, elle le trouvait dans le thé au jasmin dont elle était particulièrement friande et dont elle se délectait doucement en ressassant ses idées.
Les premiers salaires avaient été fort raisonnables et assez salutaires. Elle avait réussi à se trouver un studio modeste mais confortable, à se refaire une garde-robe selon ses goûts et à se planifier quelques plaisirs qui occupaient son temps libre de personne esseulée. Certe, à part quelques analyses toxicologique d'échatillons d'eau variés et divers, elle n'avait pas vraiment fait grand chose pour l'entreprise et elle se demandait bien ce qui poussiat Maximilien Fray à lui assurer un salaire aussi confortable. Lors de son entretient d'embauche, il lui avait assuré qu'elle serait d'une grande utilité à l'entreprise. Devant le peu de cas qu'on faisait de ses talents de biologiste, Katara en était arriver à la conclusion légèrement dérangeante que c'était à son pouvoir que Maximilien faisait allusion lorsqu'il lui assurait avoir grand besoin de son aide. Restait à savoir ce qu'il comptait en faire...
Ayant enfin stabilisé sa situation et accepté totalement sa condition de mutante, elle avait fini par s'intéresser de près à son pouvoir. S'exerçant régulièrement, elle avait fait de spectaculaires progrès et arrivait désormais à un niveau de maîtrise fort satisfaisant. Même si la quantité d'eau qu'elle maniait n'avait pratiquement pas bouger d'un iota et qu'elle avait toujours besoin d'entrer en contact avec elle pour la maîtriser, elle avait fortement gagner en précision. Elle pouvait désormais moduler à loisir la forme, la force et la vitesse de l'eau avec laquelle elle entrait en contact, créant ainsi de véritables extensions à son corps, tentacules précises, rapides et vigoureuses. Par moment, elle faisait même frémir l'eau rien qu'en la regardant. Cet expérience la confortait dans l'idée que très bientôt, elle arriverait à maîtriser son élément sans même le toucher.
Elle en était là de ses réflexions lorsqu'elle eut le sentiment d'être observée. Levant les yeux de sa tasse, elle n'eut pas à porter son regard bien loin pour trouver confirmation à ce sentiment. Son voisin direct, un homme jeune, élégant, au regard froid et aux gestes lents la dévisageait sans penser à baisser les yeux de temps en temps ou même à battre des paupières. Il avait la main poser sur le pied d'un de ces cocktails prétenduement asiatiques, simplement parceque à base de jus de litchis, servi à foisson dans tous les établissement de restauration asiatique. Katara en conclut qu'il devait attendre quelqu'un ou simplement qu'une table se libère pour pouvoir souper en paix. Il ne se souciat pas plus de tremper ses lèvres dans son brevage que de jeter un coup d'oeil distrait à autre chose qu'elle-même.
Son vécu avait fait d'elle une personne naturellement méfiante. Ausii ignora-t-elle, dans un premier temps, les regards appuyés de l'inconnu. Ce n'était pas la première fois qu'un homme trop sûr de son charme se permettait de la dévisager de la sorte. Cependant, elle nota un détail curieux. Il présentait une couleur de cheveux non pas noire, comme on aurait pu le croire au premier abord sous les lumières tamisées du restaurant, mais d'un bleu très profond, couleur de nuit. Katara savait d'expérience que ces extravagances physiques trahissaient souvent un état mutagène plutôt qu'une fantaisie du look. Elle conclut donc à une forte probabilité d'avoir en face d'elle un autre mutant. Se rapelant sa première rencontre avec un autre mutant, elle réprima un frisson. Exodus continuait de hanter certains de ses cauchemars la nuit.
Elle replongea son propre regard d'aigue marine dans sa tasse, essayant de ne plus y prêter attention. Mais loin de se lasser, l'inconnu continua de la dévisager avec insistance. De simplement dérangeante, son attitude devint presque oppressante pour Katara. Flairant une situation qui pourrait devenir épineuse, elle tenta plusieur fois de capter l'attention de n'importe laquelle des nombreuses serveuses qui écumaient le restaurant, un sourire tout asiatique sur le visage. Hélas, trois fois hélas, aucune d'entre elles, toutes chargées de mets parfumés qu'elles étaient, ne remarqua les gestes de plus en plus expensifs et impatients que Katara faisait en leur direction.
Finalement excédée, Katara se décida à s'adresser audit inconnu. D'une voix cordiale mais fermement résolue, elle lui dit :
- Savez-vous qu'il n'est pas de bon ton de fixer une personne aussi longtemps que vous le faites? Encore moins lorsque cette prsonne est en train de manger...
Le fleuret à peine mouché ne sembla pas troubler plus que ça l'inconnu. Il tourna légèrement le buste en sa direction et s'accouda un peu plus sur le comptoir. Avec un soupir résigné, Katara s'apprêta à livrer une de ces petites joutes verbales délicieusement voilées d'hypocrisie que les gens bien élevés de ce monde pratiquent avec art. |
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