Thé ou Café?

Sujet: Thé ou Café? Jeu 10 Mar 2011 - 21:08

La fin de soirée avait été calme, je m'étais fait ramené chez moi et m'était laissé trainer jusqu'aux portes de mon refuge. J'avais donné à Icare mon adresse en me disant qu'une fois rentré, je m'arrangerai pour faire briller le sol... Mais en voyant la tâche qui m'attendait, et sous les violente pulsions de douleurs qui me lançaient au ventre, je décidai de laisser sombrer cette idée dans la crasse omniprésente... On pouvait encore poser un pied par ci et par là, mais il aurait été difficile de faire mieux... De plus il stagnait dans l'air une réconfortante odeur de café froid, de cigarette et d'autres substances illicites. Le tout offrait à la pièce un aspect cataclysmique mais accueillant, les nombreux coussins qui parsemaient le sol offraient à la paresse et les cadavres de bières donnaient soif. Je décidai, pour reprendre mon train train bien sympa de m'installer au fond d'un pouf et de munir ma main droite d'une longue cigarette bien verte, et la gauche d'une fraîche bière hollandaise. Plénitude absolue, me voila soudain fermer les yeux, enivré par cette fumée délicieuse et la fraîche boisson apaisante... Prenant mon courage à deux mains, je luttais contre le cou de barre qui frappait le haut de mon crâne, puis une fois ceci fais, je me hissais lamentablement vers la mezzanine ou mon repos allait pouvoir s'étendre. Mes paupières s'alourdirent, s'échouèrent sur mes joues, et le spectacle rêveur pouvait débuter. Ma nuit fut calme, loin de la paranoïa qui germait en moi ces derniers temps.

Il s'en passe des poignées d'instants jusqu'au levé du chaud soleil, sa course était lente, mais intense, l'appartement se colora de rouge, puis de jaune orangé pour enfin reprendre ses pâles couleurs blanchâtres...

Un rayon se posa sur le bout de mon nez, je m'éveillais en arborant une mise indescriptiblement affreuse. Je descendis lentement vers le ravage du rez de chaussez, et soudain pris d'une crise d'anxiété, je décidai de me mettre au ménage.

Une demi-heure plus tard, l'endroit était raisonnablement praticable et aéré, purifié de toutes ces odeurs qui m'étaient si chères...

La douce et insupportable sonnerie de la porte vibra jusqu'à mes fragiles oreilles, ça devait être Icare...

Je me dirigeai vers la porte et l'ouvris toujours très calmement... Son doux visage vint me tirer de mes rêveries matinales... Un large sourire illumina mon visage et fit étinceler mes yeux d'argents...

-bienvenue Icare!

Sujet: Re: Thé ou Café? Sam 12 Mar 2011 - 19:25

Ce n'était sans doute pas une bonne idée songeait Icare. Il n'était qu'une ombre, un mystère de plus dans la vie, un oiseau qui passe puis qui s'en va et ne connait pour toute attache sûr son compagnon de voyage. Jay n'avait plus connu de "relation" normales avec un être depuis longtemps maintenant, ayant quitté l'institut et Daniel Hopes s'étant échappé ailleurs. Désormais tous ceux qu'il connaissait ou avait même aidé comme Katara ou Ashley faisaient leur vie dans leur coin, jamais l'ange ne chercherait à interférer. Quant à ses ennemis ils avaient aussi été de passage: Exodus ne semblait plus exister, et donc pas le rechercher, Tibère le fou qui se prenait pour un roi également, quant à Tyler, le plus redouté après le roi d'ombre, depuis qu'il avait été forcé de ramener Icare à l'institut, jamais plus le mutant ailé n'en avait entendu pareil. Désormais le jeune homme avait rencontré deux ennemis et un allié de fortune: Kaleb, une victime qu'il avait aidé, mais pourquoi chercher à le revoir? Les autres filles que l'ange avait aidé ne l'avaient jamais revu... Ni Enora, ni Katara, ni celle qui avait voulu se jeter du pont ou encore un ennemi oublier: ce prêtre fou qui avait essayé de le tuer alors qu'il avait sauvé la suicidaire. Pourquoi accepter et même avoir proposé implicitement au seul garçon qu'il avait aidé de le retrouver?

Jay n'était pas fait pour ça, il ne savait plus parler aux gens, ni rester à leur côté. Son ombre s'envolait dès que la personne était hors de danger. A l'hôpital déjà le mutant avait commencé à partir sans chercher à se faire connaître mais Kaleb s'était éveillé à ce moment... Et lui, évoquant un pan du passé ou propre à tout être "humain" avait demandé à voir son art, c'était ridicule! Icare savait s'y prendre avec ceux qui étaient en détresse, pas ceux qui étaient en convalescence ou guéris, ces gens là l'effrayaient, ils étaient trop en forme pour lui, trop prompts à une relation normale. Pourtant, en l'honneur de son passé pas si lointain où il était encore sociable-bien qu'il avait toujours eu un penchant très réservé.- le mutant s'arrêta face à la porte après avoir parcouru quelques kilomètres dans sa jolie petite voiture d'occasion mais toute belle après qu'il l'eut soigné, c'était une coccinelle achetée une peccadille par quelqu'un qui ne s'y connaissait pas et ne savait rien du prix de cette vieille voiture de plus en plus recherché. La petite voiture ronde ressemblait à celle du film où l'engin avait une âme, elle était rigolote aux yeux d'Icare qui se rassura une dernière fois en regardant ses phares expressifs ressemblant à de grands yeux ronds un peu ébahi, avant de soupirer puis de sonner.

Kaleb lui ouvrit, il souriait, semblait très heureux de le voir mais cela n'apaisa que momentanément la gêne du mutant ailé. Ce dernier resta un peu gauche, immobile sur le pas de la porte, son long manteau cachant sa mutation semblait destiné à rester fiché sur ses épaules comme si Morgan ne connaissait pas son pouvoir. Heureusement le chanteur reprit rapidement le dessus. Ses yeux bleus se posèrent sur un point d'horizon au-delà de Kaleb pour regarder ce qui l'attendait. C'était un réflexe après avoir été enfermé pour servir de cobaye. Tiens une ennemie oubliée dans la liste des disparus: Gretchen Krauze, elle, elle se battait pour la première place avec le roi d'Ombre ou la seconde avec Tyler. Lorsqu'il vit que l'endroit était sécurisé, un simple lieu assez propre pour circuler mais quand même rempli de l'âme de l'artiste avec ce léger désordre, Icare soupira d'aise... Une minute à peine avait passé depuis qu'il était face à son interlocuteur mais ç'avait été intense, comme si reprendre contact avec les relations normales était très difficile.

-Bonjour, merci... Est-ce que vous allez un peu mieux?

Demanda-t-il simplement d'une voix toujours aussi douce et paisible, contrastant particulièrement avec son intérieur bouillonnant d'inquiétude et de questions du genre "et maintenant, que suis-je sensé faire?".

Sujet: Re: Thé ou Café? Jeu 17 Mar 2011 - 20:12

-Oui, oui... Vraiment, retourner dans mon nid m'a fait le plus grand bien... J'ai l'impression que l'on souffre d'avantage dans un lieu dédié à cet effet... Bon comme je vous l'avait dit hier, cet appart est plus un dépotoir qu'un lieux de vie, mais je n'ai pas eu le courage de nettoyer plus que ça. Bon pour faire dans les règles de l'art, thé ou café?

Mon sourire était bien réel, pas de masques, pas de faux-semblants, pas d'hypocrisie, l'apparence calme du bel ange donnait à son spectateur un air de confiance incroyable. J'invitai le bel homme à entrer dans l'espace dédié à la vie humaine, qui n'était d'ailleurs pas bien large... Puis lui proposant une chaise il se posa enfin derrière la table recouverte de cuir. Je savais qu'un tel ameublement ne pouvait pas laisser de marbre, je me permis alors d'expliquer la situation.

-Il ne faut pas croire que j'aime cette matière pour son luxe, mais juste car c'est la seule qui ne réagis pas à mon don, alors ça me rassure, car je ne pense pas toujours à porter ces gants.

Je désignai alors l'accessoire qui couvrait mes mains et protégeait efficacement mon entourage d'une pétrification. Je souris, car je n'avais rien d'autre de mieux à faire, puis me revint alors à l'esprit l'horrible drame que j'aurai pu vivre la veille...

-Je suis navré de vous avoir impliqué dans cette affaire, et j'espère que ça n'aura aucune répercussion sur vous... Je n'ai jamais souhaité cela d'ailleurs, mais j'avoue être soulagé de savoir qu'une bonne étoile m'envoie toujours un sauveur... Et même si vous ne souhaitez rien en échange, sachez que ma notoriété est toute à votre disposition.

Je fus effroyablement coupé et par l'alarme du micro-onde, et par l'interphone qui commença son horrible vacarme.

-Il semblerait que l'incident d'hier ait soulevé quelques journalistes... Je hais cette médiatisation permanente... C'est plaisant au départ, lorsque l'on était habitué à la solitude, mais ça finit par vous isoler plus encore... J'espère que cela ne vous dérange pas trop cher Icare d'entendre se bruit incessant de journalistes en mal de scoop...

*Dans son nid*

Icare ne put s'empêcher de sourire à l'expression. Il sourit aimablement à l'homme puis se mit à marcher dans la salle, ses mains se posaient sur les tables ou le mur mais pas sur les créations car il avait peur d'en abîmer une. Le mutant comprenait ce que disait son camarade concernant la célébrité même si lui ne l'avait jamais connu. Warren Worthington avant qu'il ne l'oublie à cause d'un choc traumatique lui avait confié que c'était un véritable fardeau. Se dirigeant vers l'interphone, toujours très calme et peu bavard, le mutant se tourna finalement vers son comparse, un petit air de malice se glissant sur ses lèvres.

-Pourquoi ne pas juste débrancher l'interphone? Pourquoi ne pas partir loin en voyage, au moins pour un temps? Oh et sinon c'est gentil... Vos oeuvres sont vraiment jolies. Malheureusement je crois que je n'aurais jamais les moyens d'en avoir une.

Le jeune homme ne quémandait rien, il pensait réellement ce qu'il disait et n'était pas implicitement en train de demander une statue ou autre; de toutes manières où la mettrait-il? Cassant un peu l'image de l'ange échoué des cieux, Icare attrapa son téléphone qui sonnait, coupé dans ses rêveries et contemplations par l'appel, il s'excusa d'un signe de la main et répondit. Lorsque le jeune homme raccrocha il poussa un soupir et s'affala sur la chaise, manquant de la faire choir. Ses grandes ailes blanches se rabattirent doucement sur le dossier, glissant sur le bois et épousant de leur douce matière le brun lisse et froid. Aaron alias Vortex le laissait... Intérieurement Icare savait que cela arriverait: jamais son petit ami n'était présent, toujours en cavale mais après tout était-il vraiment fait pour vivre avec un criminel?

Le mutant s'en voulait de ne pas avoir ouvert les yeux, il avait refusé de le faire, il avait protégé un homme dangereux et recherché.

-Vous savez, ne faites pas d'éloges sur mon compte, j'ai protégé une personne qui a déjà assassiné par amour. Aujourd'hui elle s'en va et j'ai l'audace d'en être attristé... Comme si la vie avec un criminel était normal...

Le jeune homme rougit tout à coup de manière assez violente, et cela se voyait d'autant plus sur ses joues pâles. Il aurait aimé que Vortex lui dise tout ceci en face mais ce dernier avait préféré le téléphone. Se sentant aussi minable qu'une pauvre princesse éplorée -ce qui auparavant lui allait mieux avec son physique de gamine. Maintenant il faisait bien "homme" depuis ses changements d'ADN par cette folle de nazi.- Mais si le mutant avait rougit c'était surtout parce qu'il avait dit "un criminel", avouant ainsi certaines choses.

-enfin une...

Fit-il, se détestant encore plus pour ne pas réussir à dire ces choses là mais qu'importe; son comparse était mal en point encore et la veille il avait connu des choses horribles! Auparavant aussi visiblement selon ses paroles, donc autant éviter de s'apitoyer, sans compter qu'il n'avait pas le coeur à se confier à un inconnu... Si proches les ait rendu leur combat de la veille, pas sur ses soucis d'amour en tout cas. Retrouvant par miracle son air céleste, l'angelot se dirigea vers le microonde qui sifflait nerveusement et en ressortit les boissons pour les poser sur la table.

-Désolé, ce n'était rien, j'ai cru à une urgence et j'ai répondu, je n'aurais pas du, c'est impoli. Je... Qu'avez-vous prévu pour l'avenir? Je veux dire, un avenir sans ces fous?

Question simple mais altruiste, il ne voulait pas que l'on parle de lui. Pour l'instant c'était Kaleb qui avait besoin d'être remonté, pas lui. Serait-il soulagé au final que cette relation prenne fin bien que ça le peine également? Probable, au moins Icare pouvait faire son "deuil" tranquillement. Au début ce serait difficile et il s'inquièterait pour Vortex tout le temps mais petit à petit, il espérait reprendre doucement le fil. Tant de choses changeaient, surtout en son absence. Icare grandissait, il mûrissait et n'était plus le jeune adolescent totalement subjugué par un homme plus fort que lui qui puisse le protéger, il apprenait à se défendre au fil de ses aventures et voulait avancer. C'était encore difficile à avaler mais au moins Jay avait quelqu'un à s'occuper pour l'instant et il semblait prendre au sérieux son rôle d'ange gardien qui lui avait été attribué.

Un coup de téléphone et tout était fini, c'était... Expéditif mais rien de plus "normal" au vu de leur relation. Au bout de leur troisième rencontre ça avait été le coup de foudre puis la passion intense, logique que tout s'éteigne en moins de deux minutes comme une flamme immense qui dévore tout son bois trop vite. Lui n'en avait pas encore fini avec cette affaire, si fidèle, si amoureux mais il le faudrait et Icare était décidé à ne pas essayer de renouer ou de supplier, il avait grandi. Maintenant seuls ses amis restants comptaient. Ils étaient sa vie et Kaleb semblait commencer à l'intégrer.

"-Pourquoi ne pas juste débrancher l'interphone? Pourquoi ne pas partir loin en voyage, au moins pour un temps? Oh et sinon c'est gentil... Vos oeuvres sont vraiment jolies. Malheureusement je crois que je n'aurais jamais les moyens d'en avoir une."

J'assistais, soudain, à la transformation subite de ce jeune homme ailé. Il est vrai que je le connaissais depuis peu, mais des rares fois où il avait ouvert la bouche, jamais il n'avait été aussi personnel... Voila qui me rassurais un instant, moi qui avait toujours peur d'être un boulet que l'on se traine, à qui on ne veut pas dire qu'il nous embête... Cette soudaine sympathie me donna une agréable sensation de légèreté, l'ange venait de sortir de sa coquille de timidité. Pour éviter de briser la relation qui naissait lentement entre nos deux personnes je rétorquais avec humour.

-C'est vrai que ne n'avais jamais pensé à cela, mais vous savez, si je débranche l'interphone, je pense que d'ici dix minutes, ils seront à ma porte à défoncer la serrure... C'est un monde de fou, je ne le répèterais jamais assez. Sinon c'est vrai que partir, tout claquer est une option qui me tourmente inlassablement, mais pour tout vous avouer, je ne me sens plus prêt à affronter la vie au jour le jour...

Je marquais une pose, car même à moitié amnésique, quelques souvenirs brumeux laissaient à ma conscience cette sensation de dégoût amer lorsque l'on abordais ce genre de thèmes.

"-Vous savez, ne faites pas d'éloges sur mon compte, j'ai protégé une personne qui a déjà assassiné par amour. Aujourd'hui elle s'en va et j'ai l'audace d'en être attristé... Comme si la vie avec un criminel était normal... "

-Vous savez, je ne suis pas du genre à juger, votre vie vous appartient, je ne pense pas qu'il faille vivre dans les décisions des autres... Si vous saviez rien qu'un bout de mon histoire... Mais les quelques bribes qu'il me reste sont bien trop fines pour que je puisse vous les raconter... Mais, je peux en revanche vous avouer que mon passé n'est pas vraiment des plus heureux et légal...

Le pauvre rougit d'une jolie teinte lorsqu'il laissa sous entendre qu'il était en couple avec un garçon... Je n'étais pourtant pas si dupe, et cela faisait longtemps que je lui avait déjà attribué cette sexualité là. Comme signe de décontraction, je me senti obligé de le mettre à l'aise sur ce point là.

-Pour tout vous dire, mes dernières conquêtes étaient aussi féminines que l'homme qui vient de vous perdre...

Icare sourit, peut être se sentait-il plus rassuré. Puis vint la question de mon avenir, cette question que je ne me posais plus, trop perdu à retrouver mes traces dans ce désert qui constituait mon passé.

-Je vous avoue ne pas me projeter plus loin qu'a demain... Mais je n'envisage rien d'autre que de poursuivre ma petite vie d'artiste, jusqu'à ce que mon secret soit éventé... Et vous cher Icare, parlez moi de vous, je m'étend sur ma vie sans histoire, mais vous, vous devez surement avoir des choses passionnantes à me dire.

J'ajoutai à cette phrase tout à fait préfabriquée, un joli sourire empli de générosité heureuse... J'avais la sensation de vivre, de tracer un nouveau chemin, qui débutait bien tard... C'était agréable. Je m'étais assis entre temps, tout en posant mes mains gantés autour d'une tasse en porcelaine.

-Alors partez en vacances quelques temps, dans un autre pays? Comme ça vous n'abandonnez pas tout... Et puis vous avez assez de ressources très certainement, enfin si je peux me permettre...

Josh était assis en face du sculpteur, ses yeux se posaient partout à la fois tant il y avait des choses à admirer. Il était amusé par tout ce désordre alors que d'habitude ça le dégoûtait. Bah peut-être était-il temps pour lui de passer à autre chose, de cesser d'être aussi rigide qu'un vieux de 50 ans. Kaleb semblait beaucoup plus libéré, même sur la sexualité puisqu'il avoua tout de go avec des moyens plus ou moins élégants qu'il était du même bord que lui. Icare ne répondit rien, il préféra taire l'étrange sentiment que lui procurait cette coïncidence. Est-ce qu'ils s'attiraient tous entre eux ou quoi? Il est vrai que si l'amour était compliqué à trouver, statistiquement les homosexuels n'étaient vraiment pas gâtés, et heureusement au fond car l'humanité aurait sans doute disparu si leur "population" était proportionnelle aux hétéros qui permettaient aux générations futures de voir le jour. Des relations normales en somme alors qu'eux étaient contre nature mais qu'est-ce qui l'était et ne l'était pas? était-ce contre nature de rester homme sans évoluer ou d'être un mutant qui s'adapte et qui est, il fallait l'avouer, physiquement au moins, plus puissant que l'homo sapiens, mieux adapté?

Allez savoir... Icare n'entendait que peu de choses sur ce genre de thèmes et il ne s'aventurait pas trop loin, lui mutant et gay, ça commençait à faire beaucoup. Préférant passer à autre chose le jeune homme se leva, il marcha le long des oeuvres côtoyant les "saletés", comme si elles étaient témoins de la vie de leur propriétaire, quelque part c'était touchant de les voir partager le quotidien de ce dernier.

-C'est déjà une belle perspective... Oh moi, rien d'intéressant, je chante parfois dans des bars.

Fit-il modestement, évitant bien entendu de dire que sa petite réputation commençait à monter et que certains endroits plus huppés projetaient de l'engager malgré son physique altéré par le gêne X. Grâce au rapprochement avec la bible il était même parfois recherché; certains antis mutants même s'ils restaient rares l'appréciaient même à cause de cette idée. Quelle stupidité! Ils se disaient religieux mais n'étaient qu'intolérance! Quoique c'était normal d'un autre côté quand on voyait comme les mutants se vengeaient des humains, encore plus cruellement que la répression des premiers. Qui avait tort, qui avait raison? Tout cela était bien emmêlé. L'ange s'attarda sur une statuette qu'il ne voyait que de dos, ne croisant pas son regard car il pouvait ainsi, sans le voir, imaginer tout ce qu'il voulait sans être confronté à la réalité. Ils étaient si bien dans un abri comme ce "garage". Le mutant resta un long moment ainsi puis il se rassit pour boire son café.

-Si vous deviez partir en voyage, où aimeriez-vous aller? Et... Vous est-il arrivé déjà de rêver d'avoir un autre don ou même de vivre sans le gêne X?

Aimerait-il vivre ailleurs, être une autre personne? Icare oui, probablement, moins maintenant mas toujours un peu. Il s'estimait chanceux du côté famille, vu ses parents formidables mais le reste n'avait rien de mirobolants. Ses yeux se posèrent sur une autre statuette qui ressemblait à une jeune fille de son passé avec laquelle il avait littéralement réecrit Shakespeare... Mis à part qu'en fait il l'aimait comme une soeur et non comme une amante même si à l'époque Icare ne le savait pas. Son père anti mutant avait voulu tuer Roméo (lui évidemment) mais la régénération de l'ange l'avait sauvé, cependant sa compagne le croyant décédé s'était donnée la mort. Icare s'était éveillé à l'instant où elle mourrait dans ses bras, il avait bien essayé de se suicider mais la régénération avait encore fait son oeuvre...

*Julia*

-Vous vous êtes inspiré de quelqu'un pour cette statuette? Désolé pour ma précédente question, elle est indiscrète.

Il n'avait rien dit sur lui encore. Icare était de ces ombres qui passent, survolent un pays, une ville, une maison puis qui s'en vont après avoir écouté sans révéler ou si peu, et sans intentions de le faire. Craquerait-il au bout d'un moment? Possible mais pour l'instant le mutant ailé restait très mystérieux; sans le vouloir d'ailleurs, c'était juste que Kaleb l'intéressait bien plus qu'il ne l'était à parler de sa petite personne.

Partir en vacances, voilà une option que jamais je ne m'étais proposé, sauf pour cette petite excursion à New-York de laquelle je n'étais toujours pas revenu. Il est clair qu'avec le nombre d'embrouille que ce "voyage" m'a causé, je ne me sentais pas vraiment d'attaque à tenter l'expérience ailleurs.

-Pour être franc, je suis actuellement en vacances, là, tel que tu me vois... Pour tout te dire, le cadre le plait, mais les assassins qui sont à mes trousses un peu moins... Il faut que je me terre un moment, attendre que ça passe, et puis un jour, c'est certain, j'irai bronzer au soleil.

J'avais adopté un langage plus familier, inconsciemment, un peu comme si ce cher Icare s'était soudain rapproché de moi, qu'une amitié venait de naître entre sauveur et sauvé. Le jeune ange était toujours aussi sublime, et chaque fois que mon regard s'attardait sur ses joues, ses yeux, son nez, ses épaules... Une étrange petite secousse venait éveiller mes pensées. Dire que je me sentais l'âme amoureuse aurait été quelque peu précipité, disons que sa présence m'attendrissait...

-Vous chantez? J'ai hâte de venir vous entendre, car si vous avez eu le droit à une visite de mon atelier, j’entends bien à ce que vous m'invitiez à l'une de vos représentations...

Icare brisa bien vite la conversation qui portait sur son sujet, il voulait savoir quelle contrée attirerait le plus mes goûts... A vrai dire je n'en savais rien, trop de difficulté pour le moment à choisir un endroit rêver, voila ce qui me posait problème. J'étais plus entêté à chercher un endroit où survivre qu'un endroit à contempler... Mais comme il fallait bien une réponse...

-L'amérique du sud est un pays que j'apprécie beaucoup, pour sa culture, ses monuments, son cadre à défaut de son gouvernement. Et toi Icare?

Je venais de le tutoyer, sans vraiment m'en rendre compte, il faut dire que sa présence développait chez moi une sensation de cordialité tout à fait étonnante. Il était calme et attentionné, ce genre de personne à qui je m'attache très vite...

-Vivre sans mon don... Je serai capable de te dire que j'en rêve tous les soirs, surtout en ce moment, car si l'on me recherche, je suis à peu prêt sur que ce n'est pas pour mon talent mais pour ma mutation... Tu sais, ne pas pouvoir toucher le monde du bout des doigts sans le rendre aussi dur et froid que du marbre, ça a quelque chose d'attristant... Disons que ça met une certaine distance entre vous et la réalité... Et toi, comment dire, cela ne doit pas être facile d'être cruel avec une apparence aussi biblique que la tienne?

Cette dernière phrase était accompagnée d'ironie légère qui visait plus en ouvrir la conversation sur le jeune ange qu'à le taquiner.

Après m'avoir répondu, le jeune homme découvrit l'une de mes statues et posa l'étrange question de savoir si je m'étais inspiré d'un modèle.

-Tu sais, toutes mes œuvres son sans histoire, sans vécu, elles ne sont que le fruit de mon don... Toute la volonté artistique réside dans le choix et l'organisation de la composition... Je suis navré si cette statue te fait penser à quelqu'un, mais je ne pense pas m'être servi de modèle pour la créer...

Il y eu un flottement, comme si l'ange s'était soudain renfermé dans un souvenir houleux. Je sentais à plein nez une odeur de nostalgie que je connaissais trop bien... Voyant mon hôte se terrer dans une mémoire apparemment sombre, je me décidai de relayer la conversation vers d'autres thèmes moins triste...

-Veux-tu boire un verre, ce soir avec moi? Je connais un bar assez fréquenté des mutants...