Suivez la voie des anges (PV: Warren Worthington)

Il n’est pas de moments plus doux ou de jours radieux que ceux où Dieu se manifeste parmi les fidèles rassemblés en son nom dans les édifices bâtis en son honneur. Depuis une année maintenant, Notre Seigneur m’avait accordée une grâce à sans nulle autre pareille. Tel le berger rassemblant ces troupeaux pour les emmener brouter les plus verts pâturages ou goûter à l’eau la plus rafraîchissante, j’avais la charge de rassembler les âmes et de les emmener vers Notre Seigneur, là ou seul résidait leur repos. Animé d’une Foi et d’un amour éternel pour notre peuple, il n’y avait rien que j’appréciais plus que de voir mes oilles unir leurs prières aux miennes et les emmener vers le Père Eternel. Je me préparais durant toute la semaine afin que cette journée se déroule sous les meilleurs auspices et que mes sermons puissent se rapprocher au mieux de ceux de nos plus grands Sages et rabbins.

Ce vendredi était le plus ensoleillé de la saison, et je me souvenais être parti aux dernières lumières du soleil afin de rejoindre la deuxième de mes demeures, là où j’occupais la plus grandes parties de mes journées. L’occasion de m’éloigner quelques instants de mes problèmes, d’oublier les problèmes que ma mutation me posait, me donnait des ailes pour me porter tout en douceur jusqu’au 55th Street Manhattan. Sur le chemin de ma synagogue milles pensées traversaient mon esprit. Je repensais à tous les visages que j’avais croisés depuis ma sortie du coma et aux conversations que j’avais entretenues avec ces personnes. Ma discussion avec Amara, qui m’avait appris tellement de choses sur la Foi de son peuple et le respect envers la Terre, ma rencontre avec la jeune et jolie Hedwige qui m’avait aidé à retrouver le bonheur de renouer avec la Terre Promise, la belle Israël que j’avais délaissée pour venir m’établir ici espérant écraser mes démons intérieurs. La visite d’Erik, le jour de la Yom Hashoah, qui m’avait fait prendre conscience de l’importance des défis de notre avenir, me ramenant aux terribles actions du FLM.

Le FLM, rien que ces initiales me faisaient frémir d’horreur. Je n’avais jamais compris la philosophie de leur mouvement. Etant férocement opposé à toutes formes de violence, je ne pouvais que regretter les victimes que ces monstres avait faites durant leur coups de folie. Les autorités avaient dénombrés parmi elles quelques membres de ma congrégation. Deux personnes étaient mortes sous les coups de l’explosion en pleine ville de New-York, quatre enfants avaient été assassinés au sein de l’école primaire et une petite miraculée, qui se trouvait tout proche d’une bombe demeurait encore à l’hôpital, entre la vie et la mort, où ses parents la veillaient depuis des jours.

Devant toutes ses horreurs, ma douleur ne pouvait rester muette et je fis respecter quelques minutes de prières silencieuses afin que Dieu accorde à ses âmes le repos et les soins qu’elles méritaient. Ce drame et les leçons que l’on pourrait en tirer serait le sujet de mon sermon d’aujourd’hui. Je tenais à ce que mes fidèles puissent trouver dans leur cœur et leurs âmes la force d’accueillir Dieu qui se tenait toujours à leur côté, veillant sur ses enfants avec sagesse et amour, ne les laissant jamais seuls sur leur chemin de vie.

C’est ainsi que coiffé de ma kippa et drapé d’un châle de prière, j’apparus sur l’estrade ou reposait la Torah. J’adressais avec eux des prières à notre Père Eternel, espérant de tout cœur qu’il pourrait les entendre, soutenir les parents de la petite Sarah dans cette épreuve et sauver la vie de la petite fille. Déroulant ensuite les rouleaux de la Torah, je commençais ma lecture du livre de la Genèse qui parlait du combat qu’avait mené Jacob « Israël » contre l’ange Gabriel pour gagner le droit de représenter le peuple des Hébreux.
- Il eut un songe. Et voici, une échelle était appuyée sur la Terre, et son somme touchait au ciel. Et voici, les anges de Dieu montaient et descendaient…

Je n’eus pas le temps de terminer cette ligne qu’un étranger fit alors une apparition foudroyante qui fit sursauter la moitié de l’assemblée.

Warren se promenait, l'air frais entrait dans ses poumons, ne parvenant toutefois pas à vider sa tête des lourdes pensées qui la traversaient. On peut dire qu'avant l'heure, le jeune homme était victime de sa crise de la trentaine; surtout que son don de régénération semblait le maintenir aux alentours de 25 ans mais il n'empêche que plein de questions se posaient; surtout ces temps ci en ce qui concernait sa vie privée. X-Man et homme d'affaires, cela lui imposait un rythme d'enfer et parfois le mutant peinait un peu. Un de ses rares jours de repos ne parvenait toutefois pas à le soulager et au lieu de dormir il marchait sous ce vent, engoncé dans son long manteau qui lui arrivait presque jusqu'aux chevilles. Ses yeux bleus restaient fureteurs malgré une certaine tristesse toutefois. En effet Warren était à la recherche de quelque chose qui pourrait le distraire car s’apitoyer sur son sort n'était franchement pas son activité favorite; autant chasser ses idées noires avec une petite farce de derrière les fagots comme il lui arrivait d'en faire; bien plus rarement que Kurt certes mais quand même.

Le mutant passa près de la synagogue, il se rappela que David un autre X-Man qu'il connaissait toutefois peu y prêchait la bonne parole. Warren eut un petit sourire moqueur, il ne croyait pas en toutes ces bêtises de Dieu ou d'anges même si il reconnaissait qu'au fond, avoir certaines croyances quand on n'avait plus rien pouvait être un véritable réconfort. Le jeune homme retira son manteau après avoir vérifié que personne ne regardait puis il s'envola jusqu'en haut de l'église. Là il écouta à travers une fenêtre entrouverte ce qui se passait. Une idée de farce lui vint aussitôt. Allez... Ce n'était pas bien méchant! La fenêtre était cachée aux croyants, ce n'était pas très esthétique mais très utile pour aérer l'endroit bien évidemment; car une Église-enfin une synagogue certes mais Warren était incapable de faire la différence.- c'était plutôt grand et il fallait plus que des portes pour donner de l'air à l'autre bout. Sautant à l'intérieur, le mutant monta silencieusement sur une poutre, il s'amusait déjà comme un petit fou. Attendant le bon moment sans trop savoir lequel serait le meilleur Warren écouta attentivement le discours qui l'ennuyait pourtant...

Alors qu'il n'espérait plus faire une jolie entrée, Angel entendit un passage sur ses "contemporains" auréolé. Souvent loué même par des antis mutants à cause de son apparence angélique, le jeune homme venait d'avoir une drôle d'idée qui chassaient déjà ses tristes pensées précédentes. Au moins Haller avait raison sur une chose: Dieu chassait la peine quand on savait comment interpréter la bible. David venait donc de prêcher la bonne parole sur les anges, parfait! Préparant sa mise en scène, le mutant descendit dans l'arrière "boutique" de l'Eglise et trouva un châle de prière. Se dépêchant, il s'en drapa de manière assez habile pour laisser ses ailes libres puis il remonta sur la poutre après avoir ôté ses chaussures et bien rangé son smoking. Oui c'était du n'importe quoi mais il fallait bien s'amuser un peu de temps à autre et puis ce n'était pas méchant. Pas comme s'il se déguisait en lucifer pas vrai?

Warren descendit donc au moment propice, tout à coup, comme ça, semblant venir de nulle part, s'être matérialisé. Il mit ses mains devant lui comme s'il priait. Ses cheveux blonds mi long, son visage avenant et ses yeux bleus lui donnaient tout l'aspect recherché, sans compter son joli châle blanc. En bref, le mutant rigolait déjà comme un tordu intérieurement, il arrivait à peine à se contenir mais ne voulait pas tout gâcher. Restant là à quelques mètres du sol il regarda David comme s'il attendait que ce dernier le présente. Warren savait plaisanter mais il ne voulait pas non plus humilier le père et vu qu'il ne pensait que maintenant que sa blague pourrait faire des dégâts, il voulait d'abord voir comment l'homme le prendrait. Soit il allait éclater de rire et Warren dédramatiserait la chose, ou alors il allait essayer de sauver la face en présentant vraiment Gabriel et malgré son désir inexistant l'homme d'affaires jouerait le jeu. Il lui devait bien ça. Enfin bon, avant cette prise de conscience qui le faisait se sentir un peu mal à l'aise, il s'était bien amusé! Pourvu que le religieux ait le sens de l'humour...

Devant tous les yeux qui se tournaient sûrement vers lui, le mutant improvisa...

-Bonjour

Lança-t-il amicalement avec un petit signe de la main... Bah quoi, les anges ça se devait d'être poli comme tout le monde non?

Récitant avec attention le passage de la Torah, je ne m’étais pas immédiatement rendu compte de la présence de Warren. La cérémonie se poursuivant tranquillement et plongé profondément dans la prière, mes fidèles baissaient leur tête en signe de profond respect pour le Seigneur. Soudain l’on entendit une voix étonnée s’élever parmi l’assemblée. C’est ainsi que la petite Rachel se leva du banc où elle était assise et s’approcha de l’autel. Levant ses charmants yeux bleus vers le plafond, elle demeurait silencieuse quelques instants. Ne pouvant prononcer un seul mot, elle restait ébahie devant le spectacle auxquelles elle assistait. Elle leva soudain un doigt vers l’inconnu et trouva la force de prononcer ces quelques paroles.

- C’est… c’est un ange ça ?

L’assemblée entière rejoignit alors la vision de Rachel et une immense clameur se fit alors entendre au sein de la synagogue. Tous s’interrogeaient sur la nature de cet homme si étrange qui venait d’interrompre ma célébration. Warren descendit alors vers nous et voletait à quelques mètres du sol. Drapés dans l’un de mes châle de prière et positionner comme s’il priait. Quelque peu surpris par le culot et la farce de mon ami, je souris ensuite en hochant la tête. Rabaissant ensuite le visage vers les juifs qui me faisaient front, j’éclatais alors d’un rire cristallin. Me refusant à toute sorte de tromperie je m’approchais du mutant et lui glissa quelques mots

- Franchement Warren, quelle idée !

Reposant mon visage vers mon peuple, je leur souriais et posa sur eux un regard aimant. Toutes ces années, j’avais tenté de leur inculquer l’Amour du mutant. Ainsi j’espérais qu’ils pourraient le comprendre et les garder à mes côtés si jamais une guerre arrivait. Jamais ces hommes et ces femmes que j’appréciais tant ne devraient connaître la peur et le dégoût en nous voyant. Je ne leur avais d’ailleurs jamais caché ma véritable nature et mes frères semblaient l’avoir totalement intégré.

Je savais que Warren, lors des attaques du FLM, avait protégé la population de ces monstres et profiterais donc de l’occasion pour le remercier d’avoir fait ce don moi j’avais été incapable. Prenant alors un ton solennel, je profitais de la clameur calmée pour le présenter ainsi

- Mes frères ne soyez pas effrayez, cet homme n’est en rien comparable à Gabrielle, Michael ou Azraël… il aurait même tendance à être tout le contraire. Voici mon ami Angel, il s’agit des héros qui ont secouru nos frères lors de ces terribles attentats.

J e me penchais alors pour prendre Rachel dans mes bras et m’approcha de Warren. La petite posa alors ses petites mains sur son visage, fière de pouvoir enfin rencontrer l’ange gardien qui la surveillait depuis toujours. Je vis alors Jason, un jeune adolescent nous rejoindre et il déclara ébahi.

- Vous avez le pouvoir de voler ? Waouh c’est trop la classe. Le monde doit être sacrément beau depuis là-haut.

C’est alors que Moïse, un homme âgé connu pour être sceptique à l’égard de notre race, s’approcha de lui avec un regard sévère. Il commença son discours par ces mots

- Alors comme ça vous aussi vous seriez un mutant… Que pourrais-je y rajouter si ce n’est que vous remercier d’avoir protéger la population de New-York ? Merci milles fois

Tendant alors une main dans sa direction, un regard bienveillant, il tenait à le remercier d’une poignée de main chaleureuse. Croyant à peine à ce spectacle incroyable, je souris me rendant compte du pas énorme que le vieillard accomplissait. Je souris en attendant la réaction de mon ami qui, je l’espérais, ne serais pas trop intimidés par ce groupe d’une cinquantaine de personnes qui l’observait curieux d’en connaître plus sur ce personnage.

-Ben quoi?! Quand c'est Kurt personne ne dit rien, je peux bien lui piquer la vedette un instant non?

Le rabbin ou un truc dans le genre s'il se souvenait du peu d'études théologiques obligatoires qu'il s'était farci étant gamin se mit à rire. Soulagé, Warren se mit à faire de même, il descendit par terre et s'appuya docilement sur l'orgue sans l'abîmer toutefois. Lorsque David le traita implicitement de diable, le mutant se redressa avec un petit "hé" de protestation, s'apprêtant à dire à la foule que leur cher dévot préféré était encore pire, il allait se venger!!! Mais l'homme n'avait pas fini sa phrase, il le complimenta ensuite et le X-Man ne sut pas trop où se mettre, il se serait bien planqué en haut de sa poutre de nouveau tiens! Bien que peu farouche devant un public, l'homme d'affaires fut gêné de toute cette attention sur lui; il ne demandait jamais de reconnaissance pour ses exploits, selon lui c'était juste normal!

-Faudrait savoir, héros ou diable?

Le mutant plaisantait pour essayer de détourner l'attention de lui mais peine perdu, les gens vinrent à sa rencontre. Finalement aussi intéressé par eux que eux par lui, le jeune homme serra la main du vieil homme qui faisait de multiples efforts pour le féliciter. Au moins une mission d'accompli! Un intolérant converti à la tolérance, David faisait du bon boulot même si au goût de Warren il n'y avait pas besoin d'un dieu pour promouvoir cela.

-Je crois que oui... Apparemment j'en suis un -Fit-il gentiment moqueur en soulevant ses ailes pour regarder en dessous comme s'il avait égaré quelque chose, puis il reprit d'une voix plus sérieuse pour répondre à la suite des questions du dénommé Moïse.- Merci mais vous savez, c'était juste normal... Vous auriez fait pareil si vous aviez ces... hum... Capacités! De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités voilà tout.

Enfin il pouvait bien parler de responsabilité après son jeu puéril, mais bon c'était si amusant d'un autre côté et puis finalement c'était une bonne chose, la messe était devenue ludique au lieu d'être ennuyeuse, Warren s'était converti en sauveur d'ennui du dimanche! Le jeune homme prit la petite fille nommée Rachel sur le genoux après l'autorisation hésitante de la mère. Le mutant happé par ce flot de découverte se mit lui même à être un peu plus tolérant, posant des questions aux fidèles de David sur leur religion, oubliant presque le rabbin qui devait sans doute voir cette scène comme un bénédiction car au final Angel participait lui aussi à l'échange; acceptant d'entendre parler de Dieu sans ricaner pour une fois.

-Si tes parents sont d'accord, je te montre que je vole vraiment! ça te dirais un petit tour?

Enfin Warren n'était pas un tour de manège sur pattes non plus mais ce Jason l'avait frappé. L'adolescent avait l'air tellement émerveillé que ce serait injuste de garder son pouvoir pour lui et l'emmènerait dehors. "Persécuté" par les questionnements, le jeune homme s'envola et se percha sur une poutre basse, Rachel solidement accrochée dans ses bras. Comme c'était une petite il ne prit pas trop de risques et resta à l'intérieur, volant dans le haut de l'église sans qu'elle ne risque rien. Apparemment elle appréciait car son rire de cristal s'entendait en écho. Il était les ailes, et cette gamine la douceur, la pureté et la voix de l'ange. Le mutant redescendit un peu plus vite mais sans qu'elle ne risque rien une fois de plus et il la déposa par terre avant de retourner sur sa poutre car il était envahi et ne savait plus ou donner de la tête! C'était bien plus agréable qu'un repas d'affaires néanmoins et Angel appréciait visiblement l'échange mais était un peu dépassé.

-Daviiiid

Supplia-t-il en riant à moitié. D'habitude il ne supportait pas vraiment ça mais cette fois c'était différent car les fidèles le touchaient avec respect, un curieux courageux venant même déployer l'une de ses ailes pour étudier les muscles, les os et l'agencement de ses plumes, probablement un homme passionné par les oiseaux ou qui en avait fait son métier. Il semblait très intéressé mais malheureusement pour lui le mutant ailé reprit son bien sans souci, repliant son aile sans difficulté grâce à leur force, l'homme se laissa un peu entrainé et chuta ce qui fit rire tout le monde. Décidément, qui pouvait croire qu'on s'amuserait autant dans un tel endroit?

*Kurt si tu voyais ça, tu t'inquièterais pour ton titre de boute-en-train en chef*

N'empêche qu'il demeurait néophyte et se laissait dépasser désormais, d'où son appel à l'aide pour le rabbin.

-Tu ne leur apprends pas les bonnes manières?!

Lança-t-il joyeusement avant de trouver la solution et de venir se mettre derrière David. Désormais c'était lui qui avait l'air d'avoir des ailes puisque le mutant s'était caché là. Drôle effet d'optique amusant. Quoiqu'il en soit, Warren avait oublié ses pensées noires, la religion faisait parfois des miracles quand on savait comment l'étudier! -à la mode Worthington^^-

*Ben moi je ne serais pas mécontent que la cloche sonne, pire qu'une cour de récréation ici... *

Il râlait intérieurement mais ne regrettait rien, c'était un moment d'échange exceptionnel. Plus rien ne semblait exister, pas la guerre ni l'intolérance toujours! Toujours planqué derrière le "curé" ou ce qui s'en approchait, le mutant attendit de voir les réactions de ce dernier pris malgré lui à parti.

Je souris à la première des remarques de mon coéquipier et du bien admettre qu’il n’avait pas tort. Kurt était depuis longtemps réputé pour aimer s’amuser, cette époque de sa vie où il jouait les acrobates dans un cirque en était certainement pour quelque chose. Pourtant, contrairement à Warren, jamais il ne se serait permis de briser ainsi une célébration organisée par son homologue juif. Devait-on considérer mes agissements comme une petite vengeance personnelle ? Je n’aurais su répondre avec exactitude. Une chose était pour le moins sûr. Si l’ange était intervenu dans son sermon c’était bien pour se faire remarquer. Qu’il ne vienne alors pas se plaindre de devenir la vedette de ce numéro improvisé.

Cependant, le geste de Warren m’étonnait réellement. Ce n’était pas le genre du X-man d’aimer se donner en spectacle de cette façon ? Il préférait depuis longtemps l’ombre à la lumière et ne se livrait que très rarement à de tel agissement. Avait-il quelque chose à se faire pardonner ou à oublier ? La deuxième de ses remarques vint alors troubler ma réflexion et je ne pus que m’amuser de cette pique. Je me tournais alors vers lui et déclarait

- Sache que chacun de nous Warren possède une part d’ombre et de lumière. Heureusement pour nous, ce n’est pas le mal qui semble triompher dans tes combats intérieurs

Je regardais ensuite les membres de mon assemblée s’approcher de lui, la curiosité attisé par le mutant ailé. L’attitude qu’adoptait Moïse me surpris au plus haut point, lui qui depuis l’année passée, se plaisait à courber les cérémonies du Shabbat, craignant d’avoir affaire à un rabbin télépathe qui en quelques secondes pouvait scanner totalement son esprit, découvrant ainsi les plus noirs de ses péchés. Cette tolérance était l’objet d’un miracle et il n’était pas courant de pouvoir y assister. Warren restait cependant humble malgré les compliments qui lui avaient été adressés. Après tout, il restait fidèle aux principes mêmes des X-men. J’aperçus alors un sourire éclairé le visage du vieil homme alors que celui-ci lançait à mon camarade.

- Ne soyez pas si modeste. Il existe bon nombre de personnes dotées de ces capacités qui se plaisent à faire souffrir les gens normaux, et je ne suis pas sûr de pouvoir être le premier à leur lancer la pierre.

Les questions échangées entre les différentes parties m’amusèrent énormément. Si les fidèles lui adressaient des tas de questions sur sa mutation, Warren de son côté se montrait curieusement ouvert à nos pratiques et à nos dogmes. Plutôt étrange d’ailleurs pour un homme qui semblait avoir totalement enterré la Foi derrière lui, ne trouvant guère une raison de s’y accrocher. Il proposa alors à la petite Rachel de faire un tour dans les airs avec lui et la fillette semblait être ravie à cette idée. Bien plus d’ailleurs que sa mère, Judith, qui imaginait déjà son enfant tomber et se rompre le cou sous l’effet de la chute. Moi, qui savait de quoi Warren était capable ou non, tentais tout bonnement de rassurer cette dernière sur la fiabilité que l’on pouvait lui accorder.

- Ne craignez rien Judith. Warren sait ce qu’il fait et n’en ai pas à sa première tentative. Il prendra soin de Rachel et veillera à ce qu’il ne lui arrive rien. J’ai toute confiance en lui alors accordez à votre fille la chance de réaliser le rêve de tout être humain.

Avec réticence, Judith donna son feu vert à Angel qui accompli aussitôt sa mission. La petite Rachel ne s’était encore jamais tant amusée et certains des juifs présents applaudir même la prestation de Warren, impressionné par les prouesses qu’il était en train d’accomplir. Dans mon fort intérieur, je ne pouvais que me réjouir de voir ce profond échange de tolérance et d’amour qui s’échangeait entre chacun des participants. Je me réjouis à l’idée de voir même rêves s’accomplir en cet instant, c’était la preuve que les humains et mutants pourraient un jour cohabiter en pleine harmonie.

*Si seulement tu pouvais être là Erik, si tu voyais l’ouverture d’esprit dont font preuve mes paroissiens en ce moment… C’est un véritable petit miracle qui se produit sous mes yeux en ce moment. Je suis fier d’avoir pu contribuer à cet effort de tolérance. Merci mon Dieu*

Revenu soudain à la réalité en entendant les cris de mon ami, j’aperçus Warren étouffé par les questions et les assauts des l’assemblée. Le naturel revenu au galop il se réfugia derrière moi me prêtant ainsi ses ailes et je dus quelques peu calmer les ardeurs de ces derniers.

- S’il vous plait mes amis, pas tant d’empressement. Vous allez finir par l’effrayer par votre attitude. Il ne faudrait pas lui donner une mauvaise image de nous. La célébration touche d’ailleurs à son terme. Je vous remercie pour toutes vos marques d’intérêt et de tolérance envers nous et prie pour que cet élan de tendresse soit partager par tous les être humain afin d’œuvrer ensemble à la mise en place d’un avenir radieux et constructif. Toutefois, je vous prierais de conserver un minimum de silence sur les évènements d'aujourd'hui. Je ne souhaiterais pas voir mon ami accablé de réprimende par toute la population de New-York. Que Dieu soit avec vous mes frères.

Les fidèles partirent le cœur joyeux, ravi d’avoir pu assister à un spectacle aussi impressionnant. La petite Rachel adressa une derrière salutation à Warren. Me tournant alors vers mon ami, je lui souris et déclarais avec amusement.

- Je te prie de pardonner leur comportement Warren. C’est la première fois qu’ils assistaient à une telle représentation tu t’en doutes. Merci pour ta clémence et ta participation. Cela me fais vraiment chaud au cœur de les avoir vu ainsi ouvert à notre égard. Preuve qu’à force de les sermonner à ce sujet, je sois parvenu à leur faire accepter l’idée qu’une espèce toute différente d’eux pouvait malgré tout vivre avec ces derniers en parfaite harmonie. Cela fait bien longtemps que je ne t’avais vu mon ami, comment te portes-tu depuis le temps ? Qui a-t’il de nouveau dans ta vie ?

Comme un gentil père tente de gronder ses enfants sans y parvenir, sa voix dégoulinant d'amour, le rabbin essayait de calmer ses fidèles, oh rien de bien méchant ne se produisait... Warren en riait même caché derrière ce dernier. Il finit par décoller, reprenant ses ailes à David et s'assit confortablement sur petite corniche intérieure, ses pieds balançant doucement dans le vide comme un enfant qui monte à un arbre et contemple amusé le paysage d'en haut. Faisant un petit signe de la main à Moïse et Rachel ses deux préférés le mutant se mit à contempler ensuite le plafond, comme s'il n'était pas du tout au fait du bazar qu'il avait crée. Heureusement ce dernier s'était fait dans la joie et la bonne humeur. Une fidèle de son âge lui faisait même les yeux doux. Warren descendit de son "estrade" pour répondre à son appel. Bah oui, quand on s'appelle Worthington et qu'on n'est pas lié par l'étau infernal mais sacré du mariage, on a des moeurs assez légères. Seulement quelque chose l'empêcha de glisser le numéro de portable de la belle dans sa poche. Pendant que tout le monde sortait il l'accompagna jusqu'à la porte mais fit "non" de la tête en soupirant. La jeune femme confuse partit en rougissant, elle avait l'air un peu mécontente et vexée aussi mais bon il avait limité la casse...

Le mutant embrassa Rachel sur les deux jours, la gamine lui sauta littéralement dans les bras, il serra la main de moïse avec beaucoup de respect, salua Josh d'un "yo" qui lui était tout sauf commun habituellement et embrassa gentiment Judith la mère de Rachel qui allait certainement souffrir désormais avec une fille qui voulait devenir pilote de ligne (xD). L'homme d'affaires laissant David s'occuper du reste de la "sortie" de sa synagogue transformée en cour de récréation alla se changer avant de revenir, en bon PDG qu'il était, avec le smoking sur mesure bien entendu.

-Bof, leur comportement était franchement tout sauf gênant. C'est moi qui ait mis la pagaille après tout. Je m'excuse... Je ne sais pas ce qui m'a prit, j'ai trouvé ça amusant, en fait c'était surtout puéril et ça aurait pu tourner au désastre... Enfin il faut dire que je fais n'importe quoi ces temps ci. Dire que je n'ai même pas pu prendre le numéro de cette belle paroissienne.... A cause de... A cause... Hum, de quelqu'un envers qui je suis trop attaché on va dire.

Le jeune homme ne voulait cependant pas ressombrer dans sa mauvaise humeur, il s'appuya avec précaution contre l'orgue, écoutant les paroles suivant de son ami.

-Toi non plus ne fait pas le modeste, et accepte mes félicitations. Tu as fait un travail exceptionnel avec eux. Je t'avoue que je crois de moins en moins en cette harmonie mutants/humains mais ça, ça fait du bien. David, je ne crois pas en ton dieu mais toi, oui je crois en toi... C'est fantastique ce que tu fais, et tu le fais grâce à ta volonté, à la leur... Mais pas grâce à un homme là-haut qui laisse les guerres, les génocides et le malheur s’abattent. Tu sais, je ne veux pas blasphémer, j'ai trop de respect pour toi, mais... Entendons-nous bien, je l'ai cherché leur paradis, dans tous les ciels du monde pratiquement, et je ne l'ai jamais trouvé. Vos "commandements", c'est bien comme ça qu'on dit? Sont intéressants... Et légitimes mais, a-t-on besoin d'un dieu pour nous chaperonner? Pourquoi ne pas simplement les respecter au nom de... Au nom de l'humanité?

Warren aimait beaucoup discuter, philosopher de temps à autre, il quitta ce thème toutefois pour un autre plus léger.

-Et toi alors? Quoi de neuf, toujours pas de demoiselle en vue? .... Mince... Euh, chez vous aussi c'est interdit? Comment on peut se passer de ça David? Comment fais-tu? Dieu clame l'amour mais vous empêche de le faire... Ah mon pauvre ami! Mais sinon moi ça va, un peu bousculé mais ça va.

Le jeune homme quitta l'orgue pour choisir de s'appuyer contre le confessionnal. Quelque chose semblait le titiller et ce n'était pas le FLM ou autre chose d'aussi grave mais c'était personnel.

-Dites-moi, vous êtes vraiment tolérants dans votre religion là? Ce quelqu'un à qui je tiens c'est... C'est pas vraiment une femme tu vois je... David, tu me crois ou pas mais j'ai couché avec un homme.... Et je m'attache à lui. Tu répètes ça et je t'envoie retrouver ton Dieu plus vite que prévu, je te préviens!

Après sa menace qui s'était voulu virulente, le jeune homme reprit d'un ton lassé et gêné à la fois. Déjà le fait de tomber amoureux d'une femme l'aurait secoué, lui qui avait tant apprécié être un électron libre et volage. Le voilà enchaîné, mais qui plus est, inutile de se le cacher après avoir refusé de draguer la belle Kyana puis cette magnifique paroissienne, il s'attachait.... à un homme.

-Qu'est-ce que je dois faire selon toi, c'est mal?

Angel avait l'impression d'être revenu à son enfance lorsque son père l'emmenait de force au confessionnal. Comme toute bonne famille qui se respecte le mutant avait été élevé dans la religion catholique. Il devait même s'inventer certaines fautes pour ne pas paraître arrogant aux yeux du curé -un vieux soûlard qui donnait envie de tout, sauf croire en Dieu- et avoir plein de pêchés à se faire pardonner. Warren avait été élevé à l'ancienne, avec presque un siècle voir deux de retard, ce qui expliquait ses problèmes d'acceptation sur certaines choses malgré sa libération sur d'autres-les relations avant le mariage par exemple^^-.

-Mais... Assez parlé de moi, toi, comment vas-tu?

En voyant s’éloigner mes fidèles de la synagogue le sourire aux lèvres, je fus surpris de découvrir que la jeune et jolie Ruth ne semblait pas totalement insensible au charme de cette apparition angélique impromptue. Warren s’en était certainement rendu compte puisqu’il accompagna la charmante paroissienne jusqu’au pas de la porte. Il lui fit ensuite comprendre maladroitement qu’il n’y était nullement intéressé ce qui fit fuir Ruth de l’immense bâtisse très rapidement.

Tout près de la sortie se tenaient Rachel, Moïse et Josh que Warren semblait déjà avoir adoptés. Judith consentit même à pardonner l’effronterie de l’homme ailé tout en priant pour que cette expérience n’ait aucune influence sur le choix de la profession de sa petite Rachel. Demeurant au milieu de ma paroisse, je regardais Warren appliqué avec soin mon rôle saluant avec bienveillance les fidèles de ma communauté. Je n’avais pas le cœur à troubler ses charmants adieux et reconnu à Warren le rôle de vedette de cette cérémonie. Je ne m’en offusquais pas, bien au contraire, tenter de rapprocher les peuples humains et mutants faisait après tout partie de ma mission et les voir ainsi faire le premier pas me remplit d’une joie immense et inégalable. Reprenant ensuite ma place, je saluais mes derniers frères et sœurs tout en les gratifiant de quelques compliments pour la conduite exemplaire qu’ils avaient adoptée durant cet office. Une fois que la synagogue fut vide je me tournais traditionnellement vers l’autel et m’assis à quelques pas de là me plongeant dans la prière. L’ouverture d’esprit de mes fidèles était un don que Dieu dans son immense grâce leur avait accordé et il était normal que le remercie pour cela. Quelques secondes plus tard Warren rejaillit de sa cachette totalement métamorphosé. L’être farceur et amusant qui tantôt avait ébloui les paroissiens par ces prouesses avait laissé sa place au Warren que je connaissais si bien. Il s’excusa de son comportement qu’il qualifia lui-même de puéril et adressa même quelques mots en faveur de la jeune Ruth.

- Tu n’as pas à t’en excuser Warren, ton comportement était certes très enfantin mais je ne crois pas trop m’avancer en prétendant que ton interruption aura amené une bouffée d’oxygène parmi mon assemblée. Tu seras même parvenu à toi seul à convertir à notre cause un vieil homme qui doutait jusqu’ici de nos bonnes intentions. Je sais que tu ne partager pas ma foi mais je serais même d’avis que Dieu t’a envoyé afin de pouvoir le rencontrer et faire de lui un homme transformé… La jeune Ruth ne se remettra pas de ci-tôt de ton rejet c’est certain mais cela pourrait-il prouver que tu es prêt à t’engager sérieusement dans une relation amoureuse ? Qui est l’heureux élue ?

Les félicitations que m’adressèrent Warren me touchèrent énormément et je restais quelques instants silencieux, ne désirant pas ajouter une remarque qui pourrait détruire son beau discours. Je conservais cependant ma sacro-sainte modestie et lui adressa un simple sourire et lui révélant le plus honnêtement possible.

- Je te remercie pour ces mots mais tu sais je crois que tu tout aussi bien adresser ces félicitations à mes fidèles. Car mes paroles si elles peuvent les toucher ou les convaincre ne peuvent les mener qu’à la moitié de leur chemins de tolérance. Seules leurs actions et leurs paroles pourront les mener à la fin du parcours et je dois admettre que je suis très fier de les voir ainsi empreint à une certaine vague de tolérance. C’est une façon pour moi de faire vivre les idéaux de mon père au travers de mon peuple que j’aime tant. Tout comme moi, Dieu ne peut conseiller la bonne conduite à adopter c’est à nous d’accepter ou non ses idéaux d’amour et de compassion. Les guerres et les génocides ne sont pas provoqués par Dieu mais par la bêtise humaine et son manque d’écoute de la parole du Très-Haut. Je ne crois pas que ta quête puisse déboucher sur quelque ciel que se soit. Dieu et la Paradis ne sont pas des êtres et des lieux matériels que tu pourras trouver de ton vivant. Dieu n’a rien d’un homme perché dans son royaume qui regarde ses créatures mais à une conscience immatérielle qui se manifeste que par les bonnes intentions et l’Amour que nous manifestons les uns aux autres. Le paradis ne nous sera lui révéler qu’après notre mort… Chacun de nous possède ses propres croyances et valeurs et je crois que tant que nous œuvreront pour la survie de toute l’Humanité nos actions ne pourront être que juste. Je te suggère de te tourner vers la philosophie si les la religion t’effraie ou ne t’inspire pas.

Les questions qu’il m’adressa sur ma vie amoureuse et le rapprochement qu’il fit avec le célibat des prêtres catholiques me fit éclater d’un rire cristallin et bon enfant. Je mis quelques secondes avant de reprendre mes esprits et lui confessa alors un grave péché de ma part.

- Warren ne confond pas le christianisme avec le judaïsme ou l’islam qui partagent un point de vue différent sur la question du mariage des serviteurs de Dieu. J’ignore quelle raison pousse le pape à interdire le mariage des prêtres et à ordonner des vœux de chasteté. Les rabbins et les Imams ont tout à fait le droit de se marier et d’avoir des enfants. D’ailleurs il ne devrait pas exister de rabbins célibataires, autant te dire que je demeure en cet instant dans la plus pure des inégalités. Le Grand rabbin a cependant autorisé mon ordination pensant que je pourrais apporter à notre peuple bien plus qu’une simple progéniture. Je lui promis de me marier un jour et de fonder une famille simplement je n’ai pas encore rencontré la juive de mes rêves et elles ne courent pas vraiment les couloirs de l’Institut.

Mon interlocuteur m’entretint ensuite de l’être qui préoccupait ses pensées. Contrairement à ce que je croyais en préambule il ne s’agissait pas d’une femme mais bien d’un homme. Après avoir été quelque peu surpris par les propos de mon ami je tournais vers lui un sourire compatissant.

- Je comprends à présent pour quelle raison tu as repoussé si violemment les assauts de la jeune Ruth mais j’ignorais que tu étais bisexuel. Remarque cela ne devrait me surprendre qu’à moitié ne dit-on pas que les anges n’ont pas de sexe ? Tu pourrais donc très bien trouver ta complémentarité chez un homme. Nous ne nous considérons en tant que juif en tant qu’une religion mais qu’un peuple riche de sa multiplicité. Voilà plus de 10 ans que les mouvements réformé autorise le mariage homosexuel, je serais donc mal avisé de te jugé à ce propos. Nous ne croyons pas que Dieu puisse envoyer en enfer qui que se soit en enfer pour ses inclinaisons sexuelles tant qu’elles ne sont pas illicites. Je suppose cependant que ta famille ne sera pas de cet avis. Comment réagiront-ils en pensant que tu ne pourrais pas leur apporter ces héritiers qu’ils désirent tant. J’espère simplement que tu puisses enfin trouver ton âme sœur et que tu puisses vivre avec lui ou elle aussi longtemps que Dieu te prêtera vie. Parle-moi un peu de lui ! Qu’a-t-il de si particulier pour qu’il puisse ainsi retenir ton attention ?

Je réfléchis quelques instants à la dernières de ses questions ne sachant comment y répondre. Perdu quelques instants dans mes pensées je repensais à cette nuit si heureuse du Yom Kippour de l’année précédente. Cette nuit où je croyais enfin que tous mes problèmes et ceux de mes proches s’évaporerait. Cette nuit où j’avais enfin trouver le courage de mettre fin à la vie d’un des plus grands dangers potentiels que l’humanité connaissait aujourd’hui : MOI.

Si seulement Erik ne s’était pas interposé à la dernière minute j’aurais pu éviter deux nouvelles crises dangereuses et dévastatrices de Légion. Comme j’aurais pu être heureux si seulement j’avais pu rejoindre mes frères et sœurs endormis ce soir-là. Je refusais seulement d’en faire part à Warren et lui sourit gentiment tout en haussant les épaules.

- Oh tu sais il ne se passe pas grand chose d’intéressant dans ma vie. Celle-ci ne se résumant qu’à la scène que tu as pu observés aujourd’hui en ce lieu. C’est ma synagogue et mon peuple qui forment toute ma vie.

-Ne va pas trop vite en besogne en parlant de "relation amoureuse". Je ne suis pas encore casé moi.

Reprit Warren qui aimait divulguer et croire lui-même à une image d'homme libre. Il n'était pas rassuré aux conclusions hâtives du rabbin mais tâcha tout de même de répondre pour ne pas "perdre la face", de manière très évasive cependant.

-ça ne veut rien dire. Enfin je suppose... Bi, c'est un peu fort non? Je le trouve comment dire... Je ne sais pas, il n'y a aucune définition pour lui, peut-être est-ce ce que je lui trouve de plus que les autres au fond? Le fait qu'il n'y ait rien de prévisible. Mais on n'en est pas encore à se marier. Reparlons plutôt de ton cas.

Le blond lança un sourire éblouissant au rabbin. Il venait de perdre son petit air d'angelot paumé et adoptait l'air malicieux presque diabolique désormais.

-C'est vrai que tu es célibataire depuis trop longtemps... Pour un peu j'aimerais presque ta religion. Enfin une croyance qui sait conserver le plus importante dans ses principes. Tu pourrais consoler cette petite Ruth, je sais bien que tu es moins charmant que moi mais tu ferais un magnifique lot de consolation tu sais.

Warren plaisantait bien entendu, et son regard brillant reflétait assez d'amitié pour que David puisse comprendre que ce n'était pas de l'arrogance ou un sentiment de supériorité mais bien de l'amusement et sa manière bien à lui d'encourager David à se bouger. Lorsque ce dernier parla de bonne juive convenable il posa une main sur sa hanche, se décolla légèrement de son appui et répondit d'un air légèrement lassé et agacé.

-La juive de tes rêves?! David! Qu'est-ce que ça peut faire qu'elle soit athée ou religieuse? Je vous croyais tolérants? Ce n'est pas ça qui va déterminer son talent au lit ou sa capacité à te faire des gosses. Justement non, les religieuses sont des coincées par nature. Tu crois que ça va te faciliter la tâche?

Le jeune homme était un peu plus sérieux, ses paroles étaient crues mais c'était parce qu'il voulait faire comprendre à son ami que ce dernier ne devait pas s'enfermer dans ses belles histoires d'ordination et qu'il devait s'ouvrir un peu plus au monde, au vrai monde. Si une femme l'aimait et que lui aussi éprouvait des sentiments pour elle, la rejetterait-il parce qu'elle était chrétienne ou athée? C'était un coup à être malheureux ça et aussi maladroitement que ça l'était, Warren voulait aider ses amis à être biens. Ce dont le mutant ne s'apercevait pas c'est qu'il pensait cela pour les autres mais n'arrivait pas à faire de même pour Lucas. ça ne devrait pas lui importer qu'il soit un homme et s'attachent de trop l'un à l'autre. La vie était complexe, l'amour encore plus, il n'y connaissait rien et s'essayait à la leçon. Mais au moins c'était pavé de bonnes intentions.

La suite de la conversation le choqua légèrement, le mutant leva un sourcil puis regarda son camarade avec une petite inquiétude, comme si ce dernier était devenu "fou" tout à coup.

-David, tu te souviens que mes parents sont morts?! Tu voulais peut-être parler du grand père? Il est trop vieux pour faire autre chose qu’ânonner son désir d'héritiers, il ne les verrait même pas. Je pourrais lui dire que j'ai un fils qu'il me croirait sur parole, aveugle et sénile comme il est. De toutes manières comme je te l'ai dis, je ne suis pas "marié" avec Lu... Avec cet homme. Je changerai peut-être, même sans doute plus tard, on verra bien. Comme tu le sais, j'ai du mal à croire aux couples, tout du moins pas en ce qui me concerne, j'ai toujours été libre, je ne compte pas me laisser enfermer maintenant.

Et pourtant, c'était bien ce qui se passait... Il se laissait enfermer et cela l'énervait. Le mutant s'adoucit toutefois en revenant près de David, il posa un coude sur son épaule, ne se gênant pas pour s'appuyer un peu sur le rabbin, les jambes croisées.

-Mais revenons en à toi cher ami. Je n'ai aucun intérêt... Toi par contre... Tu sais que ton église enfin synagogue pardon n'est pas le meilleur moyen pour sortir avec des filles j'espère? Enfin il y a des paroissiennes pas mal mais là tu as besoin de tester sur des jeunettes plus réceptives et moins coincées. Tu perdras patience sinon et ça flatte toujours l'orgueil des inexpérimentés les filles "faciles".

Inconsciemment il essayait surtout de noyer le poisson, enfin l'oiseau en ce qui le concernait. Revenir à des notions de célibataire libre et sans étaux, faire un peu le fou comme dans sa "jeunesse" avec un ami lui permettait de décompresser, d'oublier le FLM et Lucas même s'il savait au fond qu'il ne parviendrait pas à conclure sérieusement.

*La fidélité absolue, c'est le début de l'annonce du mariage ça... Non?*

David sourit à la première remarque de Warren. Espérer une fidélité absolue de la part de son ami semblait totalement déplacée. Tel un oiseau qui ne pourrait supporter de vivre en cage, Warren ne donnerait la clé de la sienne à personne. Il aimait bien trop la vie pour cela et que serait la vie d’un bon vivant sans une multitude de conquêtes accrochées à son bras, brûlant d’amour et de désir pour cet ange tombé du ciel ? David regrettait tout de même cet état de fait. Il l’avait de nombreuses fois reprocher à Daniel et Warren semblait avancer sur la même pente glissante. Mais pourquoi n’étaient-ils pas capables de s’accrocher à une âme sans la relâcher quelques temps plus tard ? Que cherchaient-ils à se prouver par leurs idylles constantes ?

- Que dois-je donc comprendre ? Cet homme ne représente-t-il qu’une expérience de plus pour toi ? Si c’est le cas, je trouve bien dommage. Enfin nous n’avons pas la même représentation de l’Amour. C’est une notion bien trop compliqué pour l’enfermer dans des règles fixes. Et puis peut être qu’un jour tu reviendras me voir pour me dire que cet homme est bien ton âme sœur, qui sait ?

Warren se lança ensuite dans une analyse de ma vie amoureuse. Devais-je alors lui affirmer que la vie amoureuse constituait pour moi jusqu’à aujourd’hui ? Pourquoi refusais-je ainsi obstinément de me lier à une fille ? Celles avec lesquelles je cohabitais à l’Institut étaient pourtant toutes plus ravissantes les unes que les autres, alors pourquoi ce refus constant ? Angel se proposa alors ne pas m’enfermer dans des principes trop rigides ? Pourquoi ne sortirais-je pas avec une chrétienne ou une musulmane ? Il traita ensuite les femmes de ma communauté comme des êtres coincés, privés de tout amusement. Je ne pouvais me permettre de laisser passer cela. Lui jetant un regard réprobateur je lui adressais ces quelques mots d’un ton que je ne me connaissais pas encore.

- Il est vrai que j’estime la fidélité comme une des plus grandes vertus d’un couple. Mais j’ai beaucoup de mal avec ta vision des choses. Si je veux me trouver une jeune femme juive c’est pour être certain de partager avec elle les valeurs importantes du mariage et de la famille pour mon peuple. Pour donner à nos enfants une éducation semblable à celle que j’ai reçue moi-même. Toutes les jeunes filles juives ne sont pas ni croyantes ni timides. Nous ne devenons pas juifs par notre foi, nous le sommes par le sang qui coule dans nos veines. De plus, beaucoup de mes paroissiennes fréquentant les bars et les discothèques avec leurs amis le soir. Elles aiment s’amuser et sortir comme n’importe quelle jeune fille de leurs âges.

Mais tu as raison d’un certain point de vue. Je ne rejetterais pas une jeune femme ne faisant pas partie de mon peuple. Les juifs réformés autorisent le mariage mixte et il me serait tout à fait possible d’épouser une chrétienne ou une musulmane.

L’espace d’un instant, je me rendis compte que le nombre de femmes correspondant exactement à mes critères ne couraient pas les couloirs de l’Institut ni même ceux de la confrérie par ailleurs. Imaginer participer à un rendez-vous galant avec Kitty Pryde me paraissait bien étrange. Passer ma vie aux côtés de l’une des filles d’Erik, qu’il s’agisse de Wanda ou de Lorna, semblait totalement irréaliste. Je jetterais donc certainement mon dévolu sur l’une des résidentes de ce quartier juif que j’appréciais tant. Elle ne ferait bien sûr pas partie de la branche mutante de notre peuple, mais après tout quelle importance ? La seule chose qui m’importait était qu’elle puisse réellement m’aimer et être prête à partager ma vie. Quittant ces quelques pensées, je m’en retournais aux amours de Warren et de son mystérieux bel inconnu. Sans en dire un mot à mon ami, j’aurais souhaité qu’il puisse trouver une relation dans laquelle il pourrait s’épanouir. Peut être un jour m’avoua-t-il à travers son discours il pourrait enfin renoncer à cette vie volage pour se fixer définitivement envers quelqu’un auquel il resterait fidèle. Je le regardais en souriant et lui répondis.

- Il est vrai que je t’imagine difficilement avec la corde au cou. Tu as toujours eu une préférence pour les relations sans lendemains ce qui est loin d’être mon cas. Je ne crois pas avoir à te préciser ma position dans ce domaine, j’espère simplement que tu respecteras mon choix de vie amoureuse autant que moi je respecte le tien.

C’est alors que Warren me fit une proposition totalement insensée allant à l’encontre de toutes mes valeurs. Sortir avec une jeunette le temps d’une soirée pour l’abandonner aussitôt ? Non ce n’était pas comme ça que j’entrevoyais ma soirée. Je lui souris alors aimablement et lui répondis

- Tu me proposes de sortir avec toi un soir pour passer la nuit avec une femme que je jetterais tout de suite derrière moi ? Warren, sais-tu dans quelle sorte de famille j’ai vécu ? Je suis le fruit d’une relation qui n’aura duré que quelques mois. Je n’ai su qui était mon père qu’à l’âge de 17 ans. Je sais la douleur qu’endure un enfant privé de père et je ne le souhaite à personne. Si tu veux aller boire un verre pour te changer les idées alors pas de problème. Mais ne comptes par sur moi pour me laisser entraîner dans une aventure sans lendemain.

-Du calme l'ami, je n'insulte pas ta religion, je plaisantais... -Fit Warren quelque peu désarçonné par le ton du rabbin.- Cette jeune Ruth n'était pas du tout coincée à vrai dire. Et je respecte ton choix de vie. Après tout, un homme casé est égal à moins de concurrence

Répondit Warren, qui reprenant ses esprits l'avait fait en riant. Il avait nettement l'impression d'être un monstre du point de vue de David qui bien qu'il le respectait, semblait essayer de lui faire la morale. Le problème étant que le jeune homme sentait bien qu'il mentait, que ce fichu Lucas était bel et bien en train de l'avoir en beauté. L'ange se sentait comme une demoiselle en perdition qu'un beau brun aurait ferré, pour son orgueil masculin, l'avouer à quelqu'un était impensable.

-David, j'ai plusieurs règles dans ma vie. 1) on ne touche JAMAIS aux mineures, même si elles sont volontaires, on les éconduit en douceur, mais on les éconduit. 2) on refuse une fille qui espère plus qu'une nuit... Je ne suis pas un sans coeur non plus. Bon parfois ça rate et certaines te font croire qu'elles acceptent une relation peu durable mais espèrent quand même te faire plier et là pour t'en débarrasser c'est difficile. 3) on ne force JAMAIS une demoiselle, elle ne veut pas, tu n'insiste pas. Tu vois, moi aussi j'ai ma vertu.

Riant toujours le mutant s'appuya un peu plus sur l'épaule de son camarade avant de le lâcher. Il fronça légèrement les sourcils lorsque le rabbin revint sur son mystérieux inconnu, Warren n'avait pas envie de parler de ça. Il savait déjà que même s'ils sortaient, il ne pourrait probablement pas accepter de draguer comme d'habitude, voilà, malgré les apparences il était trop fidèle lui aussi et ça l'énervait. Warren aurait voulu répondre avec décontraction mais il ne le put, sa langue resta coincée et sa bouche fermée; son teint blêmit légèrement... Revenir dire à David qu'il avait trouvé l'âme soeur en Lucas serait s'enfermer lui même dans une cage, et le rabbin n'avait pas idée à quel point le mutant était proche de le faire... Combien il lui mentait pour avoir l'air désinvolte!

Le sujet suivant n'arrangea guère les choses, Warren se raidit légèrement lorsque David parla de la relation de ses parents, il poussa un soupir et releva la tête, parlant avec sérieux pour montrer son respect envers la souffrance de son vis-à-vis mais tenant aussi à exposer son opinion.

-David. Je n'ai jamais su non plus qui était mon père. L'homme qui m'a éduqué m'a fait exorcisé, m'a opéré, m'a insulté et ne m'a pas déshérité uniquement parce que sa femme ne lui donnait pas d'autre enfant. Ma mère était une ombre dans cette immense maison que j'avais, elle n'a jamais aimé mon père. Mon père ne l'a jamais aimé. C'était une relation de plusieurs années mais sans amour aucun. Le cas est différent et ma pensée qui en découle l'est aussi. L'amour... C'est une belle bêtise, ça ne sert à rien de s'enfermer là-dedans sous peine de souffrir.

*J'ai déjà tellement souffert avec cette histoire. Lucas a été blessé et qu'ai-je fait? J'ai accouru comme une presque veuve éploré, je l'ai attendu sans manger, sans même voler, sans avoir goût à rien... Tout ça pour une histoire qui ne marchera sans doute pas. Parce que l'amour ne fonctionne pas. *

-Quoiqu'il en soit, nous sommes tous deux différents, tu as raison. Discuter sur cela ne rime à rien... Nous sommes opposés, je respecte ton choix de vie, j'espère juste que tu ne souffriras pas et que tu trouveras ce que tu cherches. Y compris si ce doit être une triste mascarade vécue à deux mais soit. Je respecte tes choix, surtout qu'ils sont sages la plupart du temps... Les miens beaucoup moins. Ah David, je devrais suivre ton exemple, je le sais bien au fond mais je dépérirais d'ennuis je crois. Allons prendre un verre alors.

Finit-il en souriant, abandonnant l'épaule du rabbin pour voler et atterrir sur le sommet de l'orgue.

-Hum... Le ménage n'est pas fait souvent par ici. Tu la payes combien la "technicienne de surface"?

Faisant courir son doigt sur l'immense instrument, le jeune homme qui avait retiré ses chaussures par respect quand même se mit à l'arpenter en équilibre, bras écartés et ailes déployées pour se maintenir comme un funambule.

-Sais-tu? Je crois que la vie est un immense orgue qui sait aussi bien chanter de tristes mélodies que de belles mélodies. Un immense orgue recouvert de poussières. On croit qu'il est propre mais on ne sait jamais ce qui se cache sur le dessus vu que l'on n'y a pas accès. Et cette poussière un jour déborde puis nous tombe dessus pour nous faire tousser. Il faut profiter avant qu'elle ne s'accumule et glisse sur nos épaules puis nous fasse éternuer. C'est comme ça que je la vois. Et toi?

Warren fit un petit saut pour passer de l'orgue à une poutre, il se rattrapa de justesse. Enfin de toutes manières s'il tombait, il pouvait toujours se rattraper au vol.

-Tout en respectant l'éthique, mon idée est de profiter le plus possible des expériences différentes de tous, du bout de vie que chacune m'offre... Hum... Voir chacun... Pourquoi rester scotcher sur la même personne? Tu ne crois pas qu'on se lasse de voir toujours la même chose au bout d'un temps?

*Et pourquoi je ne me suis pas lassé de Lucas moi encore? Bah parce que je n'ai pas découvert son "truc", son secret. Le temps de le faire, plus aucun de nous n'aura d'attirance envers l'autre.*

J’adressais un sourire compréhensif à Warren qui fut surpris par le ton de ma réponse. J’espérais simplement qu’il ne m’en tiendrait pas rigueur pour autant. Ce n’était pas que les plaisanterie de mon ami me déplaisait véritablement, mais je tenais pour nécessaire le fait qu’il respecte certaines barrière que sa vie n’avait pas élevée. Au moins les choses étaient claires et nous pouvions tous deux repartir sur de bonne bases.

- Pardonne-moi Warren si j’ai pu te paraître un peu dur, mais il me semblait tout de même nécessaire de rendre à Ruth le charme et l’enjouement qui lui appartenait. Ne t’inquiètes pas, je n’empiéterais pas sur ton terrain. Je ne suis de toute manière pas de taille à rivaliser avec toi, mon ami.

Je lui avais adressé cette remarque avec un sourire entendu. Je devais bien avouer qu’un esprit hanté par une centaine de personnalités différentes était un bien moins bon parti qu’un ange tomber du ciel. La nature ne nous prêtait après tout pas à tous les même avantage, et certains dévorait les jeunes filles à tour de bras alors que d’autres devait se contenter des miettes. Quoique que l’on pouvait dénicher parmi ces plats laissé de côté certaines des meilleures pièces. Il me semblait d’ailleurs avoir rencontré une femme qui correspondait parfaitement à mes attentes, je me refusais simplement à en parler à Warren. Mes sentiments pour elles n’étaient peut être pas réciproque. J’écoutais avec amusement mon ami énoncer ces règles concernant la séduction… comme s’il tenait à me faire profiter de son sage enseignement.

- Mais ma parole, nous avons affaire à un véritable gentleman dis-moi. Le problème étant que tu ne peux ranger ta conquête dans aucune de ces catégories. Possèdes-tu également un code de conduite pour ces messieurs ? Puisque nos points de vue semblent diverger sur la question j’adopterais le comportement inverse au tien.

Le comportement soudainement profondément sérieux de mon ami me surpris quelque peu. Apparemment me parler de ce bel inconnu rencontrer le mettait particulièrement mal à l’aise. Derrière des airs aussi enjoués, se serait-il rendu compte qu’il avait trouvé en lui son âme sœur ? Je refusais de poursuivre notre conversation sur ce terrain là et lui laissa le champ libre pour répondre à mes quelques interrogations. Peut être que quelques verres pris entre amis délieraient sa langue. Il me parla ensuite de ses parents et de la vie difficile qu’il avait eu à leurs côtés. Adoptant un air compatissant et désolé je lui répondais en un demi-sourire.

- Je suis véritablement navré pour l’enfer que tu as vécu auprès d’eux. Je pense comprendre pour quelle raison tu ne tiens pas à t’engager sérieusement. Nous sommes d’après moi sans cesse influencer par ce qui nous entoure et un mauvais exemple ne donne pas forcément l’envie de suivre. Nous pouvons être effrayés à l’idée de reproduire le même schéma. Je ne suis malgré pas tout à fait d’accord avec ton jugement. L’Amour quel qu’il puisse être nous aide à avancer sur le chemin tortueux de la vie et c’est aux côtés des personnes que nous aimons que nous pouvons affronter tous les obstacles qui se dresseront devant nous. Sur ce allons boire un verre, je t’avoue que je meurs littéralement de soif !

Je me levai ensuite de mon bancs et me dirigea vers l’autel afin de le ranger quelque peu avant de prendre le chemin de la sortie. Une fois au milieu de la synagogue, je me tournais vers mon ami qui effectuait quelque virevoltée vers l’orgue, comparant la vie à cet instrument divin que l’on retrouvait dans tous les lieux sacrés.

- Sache Warren que je n’emploie pas une technicienne de surface. C’est ma secrétaire et moi-même qui l’entretenons avec l’aide de bienveillants paroissiens. Mais il est certain la chose et moins aisée pour nous pauvres mortels que pour toi, bel ange de lumière. Il est certains que nous devons profiter de chaque moment de la vie. C’est le bien le plus précieux que nous possédons et nous ne pouvons nous permettre de le gâcher le temps mis à notre disposition. C’est pour cette raison que je ne peux que maudire ces personnes qui gâchent ou s’emparent de la vie des autres ! Alors Carpe Diem, profitons de la vie et de tous ces moments que nous pouvons partager auprès des personnes que nous aimons. Je suis bien placé pour savoir que le temps perdu ne se rattrape pas. Je ne partage pas ton opinion. Il y a quelques choses de splendide à l’idée de s’attacher à une personne et de vivre avec elle chaque joie et chaque coup dur. A elle seule, elle peut bouleverser ton existence et la transformer en une merveilleuse aventure.

Suite à ces belles paroles, je passais dans l’antichambre de la synagogue afin d’y déposer mes téléfith et châle de prière avant de rejoindre Warren, habillé d’une simple chemise et d’un jeans. Tenue obligatoire pour tous soiffards qui se respecte. Je rejoignis ensuite Warren et lui indiquait la porte de sortie.

- Sur ces belles paroles Monsieur Worthington, je vous invite à nous retirer et à partir boire un verre dans un de ces charmants estaminets qui parcourent les rues de New-York. Après vous Monsieur!

Spoiler:

-L'enfer, tu y vas un peu fort

Répondit Warren en haussant les épaules, il ne pouvait s'empêcher de se demander intérieurement si David faisait de l'ironie et se moquait un peu de lui ou compatissait réellement. Dans tous les cas, l'ange n'aimait pas se plaindre, il disait les choses telles qu'elles étaient mais s'apitoyait rarement sur sa personne, dans le doute le blond préféra se justifier, le tout d'une voix calme et pragmatique.

-En fait c'était juste comme ça. Mes parents s'encombraient de protocoles hypocrites mais à la différence de la plupart des gens, ils ne croyaient pas en leur amour joué, du coup tout transparaissait. Ils étaient soient de mauvais acteurs ou de bons stratèges à voir. Le protocole leur servait à éviter les disputes inutiles que j'aurais pourtant préféré à ce néant, cette indifférence entre eux, voir ce mépris. Mais au fond, ils n'avaient pas tort. Dans mon monde, l'Amour est encombrant et inutile. Mes parents m'ont apprit à quoi m'en tenir avec ça, au moins ce n'est pas aujourd'hui que je tomberai de haut. Je ne regrette pas mon éducation même si elle fut assez désagréable. Et puis il y a bien pire, ceux qui ne s'embarrassent pas des protocoles même les plus bancales battent leurs enfants quand celui ci les déçoit. Mis à part mes fréquentes opérations dans l'adolescence mon père n'a jamais porté la main sur moi et je n'ai pas connu la famine. Au contraire j'ai plutôt vécu de belles indigestions au caviar.

Warren rit avec légèreté, se moquant de sa propre situation. Il trouvait son éducation très ironique et le faisait savoir. D'autre part son enfance était également douloureuse mais le blond se refusait à voir ce côté. De plus, si un gamin pauvre avait le droit à toute la compassion du monde « grâce » à sa misère, un fils à papa riche comme Crésus n'aurait jamais aucune reconnaissance de souffrance. Il avait les meilleurs jouets, la nourriture la plus exquise, une vie de famille apparemment équilibré, pourquoi serait-il malheureux? Un gosse de ce genre qui se plaignait, on lui donnait une baffe s'il osait pleurnicher, on lui montrait la misère environnante, des images de petits rachitiques qui mourraient de faim et on lui donnait la leçon. C'était ainsi que Warren se plaignant parfois à l'une de ses nourrices avait été corrigé. Celle-ci mère de deux enfants morts de maladie en Afrique ne supportait pas son travail de gouvernante. Par chance, elle n'était pas restée longtemps au service des Worthington, bien que le blondinet n'y soit pour rien, devenant justement plus sage, moins capricieux à son contact mais aussi un peu plus triste. Elle avait été virée par Madame car son mari posait des yeux doux sur le fessier de la bonne.

Après avoir été X-Man pendant un certain temps, l'angelot avait retrouvé cette sensation de larmes injustifiées inculquées par sa gouvernante, il préférait désormais s'amuser de tout ce qui pouvait concerner sa situation ou l'amour. Le mutant sourit à David, absolument convaincu de ses paroles, qui ne le serait pas s'il n'avait pas comme lui vécu dans les deux mondes? Celui de la richesse mais également la pauvreté que ses missions l'amenaient à côtoyer. Warren aimait autant la simplicité que le luxe de ce fait, il pouvait se montrer très modeste ou capricieux, un étrange équilibre qui faisait de lui ce qu'il était aujourd'hui.

Et David? David était un homme foncièrement bon que son gêne X n'avait pas gâté. Il avait plusieurs personnalités, aux dernières nouvelles Warren ne savait pas ce qu'il était advenu de cette « schizophrénie » multiple car il n'était pas aussi proche du rabbin qu'il l'était de Kurt Wagner, son parfait antonyme, un de ses meilleurs amis. Bien qu'il ne le montre pas Angel admirait profondément son vis à vis qui parvenait à concilier toutes ces personnalités envahissantes. Le jeune homme lui avait réussi à soumettre Archangel à sa volonté, et désormais le guerrier lui obéissait, ne cherchant pas à se défaire. Pragmatique, Archangel ne cherchait jamais la gloire ou la domination, du moment qu'écouter lui permettait d'accomplir sa mission avec plus de succès, il obéissait sans compter. Warren s'était montré assez intransigeant et fort pour garder la position d'alpha. David lui ne paraissait pas avoir des personnalités aussi « sages », les siennes avaient l'air assez humaines pour vouloir la gloire, la domination plutôt que de rechercher l'efficacité. Warren n'osait pas demander au rabbin comment ce dernier se sentait ultimement, pourtant il aurait apprécié l'écouter et même l'aider s'il le pouvait. Cependant un minimum de délicatesse et de respect le retenaient. Le jeune homme préféra du coup plaisanter avec son interlocuteur, c'était plus lâche mais tellement plus simple.

-Tu as grandement raison pour Ruth. Elle est belle, gentille apparemment, c'est une juive respectable, une paroissienne fidèle et en plus elle doit se remettre d'un coup de foudre avorté et d'avoir été éconduite. Je pense que c'est le parti idéal pour toi.

Warren eut un clin d'oeil pour apaiser David au cas où s'il prenait encore la mouche, il n'était pas questions d'insulter la jeune femme. En fait comme ils semblaient tous deux croire en l'amour infini, ils iraient vraiment bien ensemble pour jouer une belle comédie amoureuse à laquelle même lui pourrait croire un moment.

-« Bel ange de lumière? » Tu essayes de me draguer David? Ou alors de me soudoyer pour que je vienne vous aider à faire le ménage? Avec de tels mots flatteurs je n'en doute pas. Hélas je ne suis guère prédisposé au maniement de cette arme qu'est le balai. Je crains de ne pas avoir le temps.

Fit-il en souriant. Oh le jeune homme s'était déjà servi de produits ménagers lorsqu'il fallait nettoyer sa chambre à fond dans son ancienne école, question de discipline (et accessoirement d'économie de personnel) selon le directeur mais il ne se voyait pas vraiment prospecter sur le haut de l'orgue avec son plumeau pour nettoyer la poussière. Pas que ce travail soit indigne de son auguste personne, non il n'était pas si arrogant que cela mais bon, le temps lui manquait et l'envie avouons le, parce que cet endroit commençait à légèrement l'étourdir. La promiscuité malgré la grandeur, l'étouffement dû à la lumière filtrée de manière trop légère... Les cieux lui manquaient déjà. De tous ses appartements ou bureau, une immense baie vitrée lui permettait de garder le contact avec son élément favori mais là il était éloigné de ce dernier. Inconsciemment cela lui pesait, il était prisonnier de sa propre liberté, celle-ci jalouse et exclusive le voulait pour lui. En montrant la sortie à David avec un petit geste maniéré pour s'amuser, il se sentit déjà mieux lorsque la lourde porte se poussa, libérant un morceau d'azur et de soleil sur son plumage immaculé. A chacun son chemin de croix, à chacun sa prison...

[HJ: quand tu veux pour le rp au "bar"^^. Désolé si certains éléments de ma réponse ne correspondent pas, j'avais tout fait de mémoire.]

» Non serviam. [PV Warren Worthington]
» Warren Worthington III / Archangel