Le phénix de Pierre [pv: Icare]

Boum, Boum...

Une inspiration...

Boom, Boom!

Une expiration...

Un cœur qui bat, une mains qui vibre, un doigts qui se déplie, une paupière qui s'ouvre, puis deux... Un corps en vie dans un tombeaux pour mort... Un manque évident de lumière pour une vie dans la pénombre. Un moment, la conscience s'éveille, s'installe dans ce nouveau corps... Un corps froid, un corps dur, un corps inerte, ou presque. Un instant, ce corps devient chair, puis se pétrifie... La même ritournelle qui laisse finalement le tout en un bloc gris argenté...

Je ne suis pas mort...

Un embryon de pensée, quelque peu misérable, et pourtant en moi, germe déjà tout un tas de sensations... De souvenir depuis mon caveau...

La voix, une voix, je la connais, sans vraiment la reconnaître pour l'instant. Elle m'est familière chaleureuse... Une voix d'ange, une voix céleste, celle d'Icare... Plusieurs fois je l'ai entendue traverser ma tombe pour bercer mes oreilles d'espoir... Là haut, quelqu'un pense encore à moi, et malgré ma mort, le sculpteur que j'étais s'est gravé dans une mémoire. Cela fit trembler mon coeur de pierre... J'étais un bloc, pétrifié, surement à vie, condamné à rester dans ce cube de bois qui me paraît infini... Une semaine passe, je n'ai ni faim, ni froid, ni chaud, ni quelconque autre envie. Je n'arrive même plus à m'imaginer remonter en surface. J'entends des pas, sourds, sur le sol, dire que là haut, tout le monde me croit mort...

Puis vient un soir, où d'horribles rancœurs me remontent l'âme, j'en veux à mes assassins, j'en veux à tout ceux qui ont voulus ma mort... Pourtant, des pas se font entendre, ils sont léger, semblent effleurer le sol, e les reconnait, ce sont ceux d'Icare... Je l'entend poser quelque chose sur ma tombe, un objet lourd... Soudain, cette offrande d'un ami à un défunt me retire à mes pensées, mon corps s’anime, mes mains touche les parois de bois. Mon caveau devient roche, le tout se fissure, se brise, explose. Et alors que d'un soudaine impulsion, je m'élève au dessus du sol, flotte autour de moi une dizaine de pierres, vestiges de ma tombe...
Ces cailloux, gros comme des bras semblent ne pas vouloir retoucher le sol... Je me rend compte au bout de quelques secondes, que s'ils lévitent, c'est par ma faute... Bientôt, les roches s’effondrent, un lourd silence pèse, en face de moi, l'ange me regarde...

Je n'arrive pas à parler, je ne peux pas parler, mon corps de pierre ne counique pas, pas pour l'instant... Je suis nu, comme un vers, et soudain mon corps devient chair... Aucune pudeur, l'ange est là, face à moi, il me regarde avec son air céleste, son air divin, et je ne sais quoi faire, mon corps est engourdi, je n'arrive pas à bouger, à produire le moindre son...

Kaleb était quoiqu'il en dise un ami. Finalement le destin l'avait rattrapé après qu'il l'eut rencontré. Icare n'avait fait que rallonger un peu sa vie. Ces derniers mois éprouvants pour l'ange l'avaient rendu plus solitaire, il ne parlait guère qu'à Nicolas Eymerich un garçon à l'humeur si joyeuse qu'il était impossible de rester morose trop longtemps. Déposant une gerbe de fleurs dans un beau vase lourd et de qualité le jeune homme resta un moment sur la tombe. Il chantonnait doucement pour son ami défunt, ce dernier aurait voulu un jour assister à l'une de ses représentations, comme c'était trop tard le mutant se rattrapait là. Sinon il faisait la lecture à Kaleb. C'était sans doute stupide de venir lire ses bouquins à haute voix ici mais il aimait bien, c'était apaisant et puis malgré lui, il n'aurait pas pu oublier le sculpteur qui était quelqu'un de bien gentil.

Une journée de plus s'était écoulée, morose. Fidèle le jeune homme s'était rendu sur la tombe de Kaleb que personne ne semblait visiter. C'était triste tout de même. L'ange se mit en devoir de nettoyer la tombe, enlever les mauvaises herbes, récurer le marbre et poser un nouveau bouquet de fleurs savamment choisies dans le beau vase. Il entreprit ensuite de chantonner de nouveau puis de lire un livre, il s'agissait de "Kafka sur le rivage", un livre où des choses extraordinaires arrivaient. Un homme déficient mental parlait au chat, les poissons tombaient des cieux mais était-ce bien étonnant dans un monde où les mutants existaient maintenant? Josh arrivait au moment où le héros un gamin de 15 ans ayant fugué de chez lui se retrouvait dans une bibliothèque municipale lorsqu'il vit les fleurs bouger. Levant les yeux vers ces dernières il resta figé dans son observation, surtout lorsque le vase se mit à trembler puis fut renversé.

Lorsque Kaleb sorti de son linceul, Icare était tellement surprit qu'il ne poussa même pas un cri, il se contenta de tomber sur le derrière; de se lever sans prêter attention à son livre et de faire un bon en arrière, volant à moitié. Dans le cimetière il enlevait toujours son manteau; les gens en effet ne lui disaient rien dans ce lieu sacré, ils ne lui cherchaient pas querelles, semblant même émerveillés par son aspect biblique. Bizarrement cela apaisait même des antis mutants parfois de le voir veiller au-dessus des tombes, près de ceux de leur fils, fille ou parent, comme si une sorte de trêve était signée. Quoiqu'il en soit... Heureux d'avoir sauvegardé son moyen de fuite le mutant ailé s'envola sur la première branche d'un arbre. Chose un peu risquée face au pouvoir du "sculpteur" mais que pouvait-il y faire. Il était tellement bouche bée que plus rien ne bougeait chez lui... Même ses cheveux semblaient figés. Accroupi sur sa branche, rempli de terreur et de respect pour le phénomène il observa sans pudeur Kaleb retrouver de la chair en guise de peau.

Médusé, le jeune homme sentait son coeur battre la chamade, prudemment il descendit de sa branche, aussi hésitant qu'un enfant qui serait resté coincé là-haut. Il était tellement étonné qu'il en oublia de voler et s'accrocha au tronc et aux aspérités pour glisser jusqu'au sol, griffant légèrement la paume de ses mains. La plaie disparue aussitôt. Icare tout en l'observant se demanda si le sculpteur avait un tel pouvoir de régénération qu'il pouvait ressusciter, de même qu'il se demanda une fois de plus si lui aussi était condamné à l'immortalité mais probablement pas. Il vieillirait beaucoup moins vite selon toute logique mais n'arriverait jamais au niveau de l'homme... C'était glauque et magnifique à la fois. Terrifiant et attirant. S'approchant un tout petit peu, les ailes grandes ouvertes comme prêt à fuir en un seul coup-c'était le cas. -Icare ramassa son bouquin puis fit un petit bond en arrière avant de revenir à la manière d'un oiseau effarouché attiré par l'homme mais également apeuré. Retrouvant enfin le don de la voix, enfin partiellement tout du moins, d'un ton enroué et douloureux, inquiet également il balbutia simplement...

-Ka... leb... ?

Quelle triste aventure allait-il encore lui arriver cette fois? Malgré sa frayeur il ne parvenait pas à décoller bien qu'il s'y tienne prêt. Le charme semblait agir sur eux deux et l'ange observait le sculpteur sous toutes ses coutures, cherchant le subterfuge, la mauvaise blague, le danger et ce qui avait changé en lui... Tout ça à la fois oui, tant questions mais aucune réponses.

Noyé dans une foule de sensation, d'émotion, de renouveau, je ne savais plus quoi faire de ce corps nu que j'étais... L'ange en face de moi brillait de sa magnificence, quant à moi je perdait de couleur et mon corps perdit d'un coup son éclat de vie, j'étais devenu statue... Pourtant, la masse que j'étais pouvait bouger, se mouvoir...

Un premier pas, lourd, massif, épais et bruyant craquela les pavés qui me conduisaient jusqu'à Icare. Un second pas, plus contrôlé, plus fin, succéda le premier. Et alors que j'entamais le troisième, l'ange en recula d'un... Ému de ce refus de sa part, je m'éforçais à dire quelques mots, pour le rassurer, il prononça mon nom, avant que je puisse évoquer le sien.

-C'est... Bien m... moi...

L'articulation d'un phrase m'étais complexe, mais quel plaisir je ressenti face à un tel échange. Rester plus d'un mois sous terre, avec pour seule compagnie la pénombre et la rancœur avait fait de ma personne un bloc, un impossible bloc, une rupture définitive avec le réel. Pourtant, ces quelques mots avaient réveillés dans mon âme une ardeur trop longtemps endormie. Et soudain, prit d'un élan de vitalité, j'entamai un quatrième pas vers cet ami que je ne pensais plus revoir. Ma démarche était moins colossale, mais mon corps de pierre semblait mettre une distance entre nos deux personnes. Pourtant je continuais d'avancer, et il ne bougeait pas.

-Je... Je... ne suis... pas mort...

La pierre gris argenté de mon visage se tordit en un sourire presque parfait, elle n'était pas encore prête à arborer tous les rictus du faciès humain. Cependant, l'ange me rendit cet envoi, et toute la luisance de son sourire était accompagné d'un joie presque sensible... Ne sachant que faire de plus je m'avançais encore, avec plus de difficulté, les deux derniers mètres qui nous séparaient étaient décisifs. J'étais tout proche et pourtant jamais je ne m'étais senti aussi loin, aussi distant...

Ma main s'avança vers lui, le mouvement de mon bras me demanda une énorme concentration, tant la masse à déplacer était conséquente... Ma main s'entrouvrit, cette main de roche, cette main froide et dure... L'instant était si miraculeux que j'en oubliais mon propre don, et lorsque l'ange voulu poser sa main contre la mienne, le creux de sa paume devint aussi solide que mon propre corps... Il retira ce bout de lui qu'il m'avait offert en guise d'amitié, et je me senti plus misérable encore que lorsque je gisais six pieds sous terre.

-Icare... Je m'excuse...

Ma main frôla de nouveau la sienne, et la mince pellicule de pierre qui s'était transformée redevint chair...

-Je ne comprend... Pas ce qu'il m'arrive... Je suis une statue, mais.. Mais je bouge... Je respire... Je vis...

C'était une pure réplique rhétorique, mais il m'étais bien trop difficile d'amorcer un échange après tant de solitude...

[HJ: j'essaye à la première personne essaye de faire attention à ne pas jouer mon perso aussi s'il te plait ]

D'un côté je suis heureux parce qu'il est là, debout devant moi, de l'autre je suis terrorisé. Difficile de se l'admettre mais c'est pourtant le cas. J'arrive à peine à respirer, il devrait être enterré sous son lourd couvercle de marbre avec le vase lourd rempli des nouvelles fleurs que je venais d'acheter. Je ne devrais pas lui parler, ou tout du moins si, mais sans attendre de retour. J'ai essayé de le toucher, sa main a frôlé la mienne, lorsque j'ai fais le même geste, à moitié effrayé et tout autant intrigué, j'ai senti ma paume refroidir. Mes yeux se sont posés dans les siens fait de pierre, pareillement pour son sourire parfait pour une sculpture, effrayant pour un homme. Lorsque mes doigts se sont durcis, devenant de la pierre eux aussi, j'ai retiré la paume avec une vivacité déconcertante, un réflexe que l'on a inconsciemment en soi lorsque qu'il en va de notre vie. En effet, je ne lui fais pas confiance. J'ai peur, peur de cette chose anormale. Avoir deux ailes dans le dos l'est aussi me direz-vous mais entre le gêne X et la résurrection il y a un énorme fossé quand même.

Qu'un mutant survive à d'incroyables situations comme un brasier ou ne se noie pas parce qu'il respire sous l'eau pourquoi pas, mais lui il est mort puis revenu, et cela m'est aussi intolérable que merveilleux. Il s'excuse. Mais de quoi? Sans doute de tout, de rien, d'être ce qu'il est, peut-être même d'être revenu. Je n'en sais rien, j'ai peur. Avec tout ce qui m'est arrivé, notamment cette affaire avec le vampire musicien je suis devenu méfiant, craintif, agressif parfois même! Comme si je voulais à tout prix préserver cette vie que j'ai tant de fois voulu quitter pourtant.

Maintenant j'ai mes parents, ma famille de nouveau et je me sens relativement bien à l'institut, de même que je sais que Julia ne voudrait pas que je meure si jeune, je l'ai compris, bel et bien saisi oui, alors je dois tout faire pour tenir le coup sauf que cela devient de plus en plus difficile car l'incroyable m'attend à chaque coin de rue. J'ai du mal à me dire que cet "incroyable" puisse être bon pour moi, jusqu'à maintenant aucune de ces interventions étranges ne l'ont été, pourquoi serait-ce différent? Qui me dit que Kaleb ne m'a pas manipulé comme le magnifique musicien qu'était ce terrible vampire? Sur du plus long terme, d'une autre manière certes mais quand même...

Enfin, là, objectivement la manipulation paraît impossible. Pourquoi se serait-il embêté à "mourir" pour revivre alors qu'il aurait pu essayé de m'avoir en me côtoyant tous ces mois passé dans sa tombe? C'est quand même surprenant cette chose et je ne consens plus à m'approcher; je ne veux pas devenir une de ses sculptures! ça me rappelle le mutant qui avait soit disant exposé pour la paix entre les hommes et les porteurs du gêne X tiens, là aussi j'en ai vu des drôles de vertes et des pas mûres! Figurez vous que cet artiste était en fait un fou qui a essayé d'immobiliser tous les mutants qui s'étaient révélés à lui pour faire la soit disant paix, c'était horrible et rien que de penser à cette situation qui se rapproche de celle-ci, je fais encore un pas en arrière.

Cette chose est-elle vraiment Kaleb? Je voudrais ne pas juger, me montrer tolérant mais comment peut-on m'en vouloir? Dans une telle situation, comment se révéler compréhensif? Je regarde les autres tombes, j'ai l'impression de les voir trembler, comme si d'autres hommes de pierre allaient en sortir. Un frisson glacé court mon échine et je déploie mes ailes, retrouvant quelque peu ma mobilité. Enfin.

-Tu étais enterré... Je les ai vu fermer le couvercle, j'étais là pour la cérémonie.

C'est tout ce que je parviens à dire; c'est minable j'en conviens. J'ai l'impression de tourner dans un mauvais film avec des zombies qui sortent de leur tombe même si Kaleb est loin d'être laid. Sa main de pierre semble soudain retrouver une texture humaine, mais ça ne me rassure pas pour autant, je m'envole et m'accroupis sur la branche qui m'a déjà soutenu tout à l'heure et de laquelle j'étais précédemment descendu, sauf que cette fois je ne compte pas redescendre.

-C'est moi qui m'excuse...

Ce n'est pas un monstre, j'en suis convaincu malgré mes tristes aventures, un jour ma naïveté me perdra! Mais je sais cette fois que je ne me trompe pas. C'est lui, c'est Kaleb, il a dû souffrir horriblement mais je n'arrive pas à venir vers lui et à l'embrasser, à le soutenir, le saluer... C'est trop pour moi tout ça, il faut que j'encaisse. Mes yeux se posent encore sur la tombe fracassée et cette vision me fait me détacher de l'arbre, comme si j'avais peur qu'il devienne pierre lui aussi et je m'envole. Je fais du sur place à deux mètres de hauteur environ, juste au-dessus de lui, un peu en diagonale pour garder mon regard rivé sur sa personne. Il ne peut pas m'atteindre mais on pourrait le croire car ses doigts s'il sautait pourraient presque me frôler. Néanmoins je suis un maître dans la matière en ce qui concerne le calcul des distances, ce n'est pas de la vantardise, c'est la vérité tout simplement et pour quelqu'un qui vole, c'est on ne peut plus normal.

Oh oui je m'excuse de lui infliger ça, l'offrande d'un visage perdu, effrayé et méfiant. Néanmoins je suis heureux de ne pas refléter le dégoût, je n'en ai pas pour lui, après tout la pierre ce n'est pas laid; il n'est pas un squelette en lambeaux de chair qui dégoulinent de partout. Pourtant son apparence aussi humaine ou presque humaine soit-elle ne me pousse pas à revenir vers lui, je me maintiens à cette hauteur sans pratiquement bouger de ma place, mes ailes puissantes m'assurent une stabilisation et un vol parfaits malgré le manque de vent, je ne suis pas fatigué. J'en ai encore pour au moins 3 ou 4 h comme ça, je le sais. Je sens chacun de mes muscles dorsaux se contracter sans effort pour répercuter leur force dans les membranes et les muscles que les plumes cachent. Une brise légère, anodine passe entre elles, me procurant une sensation de fraîcheur que je balaye d'un nouveau coup d'aile. Presque à la verticale, comme si je marchais sur le vide, j'ai la tête inclinée vers lui. Cette position est moins confortable que celle que je prend habituellement, horizontalement mais je veux le voir, je veux garder le contact le plus ouvert avec lui et quelque part, j'espère peut-être, inconsciemment, marcher à ses cotés tout en restant hors de portée.

Mes ailes donnent vie au vent qui était inexistant auparavant, soulevant les fleurs qui sont tombées de leur vase quand il s'est réveillé, couchant l'herbe et soufflant, sifflant même au visage de Kaleb. Fortes de leur 5 mètres d'envergure, fidèles malgré tout le mal que j'ai pu leur faire elles me protègent de lui tout en me permettant aussi de rester à ses côtés. Mon attitude est paradoxale je le sais, je suis heureux et effrayé, ça se voit mais finalement tout cela convient parfaitement aux circonstances n'est-ce pas? La vie et la mort sont paradoxales et elles se côtoient allègrement dans ce cimetière, mieux, dans un seul et même être: Kaleb Cardigans.

Il retire sa main, défait mon sourire par sa crainte, il est effrayé, et je ne peux plus rien contre cette réaction. Je sais qu'il n'arrive pas à me croire, mais mes mots, aussi justes soient-ils n'auraient jamais pu ôter ce doute qui venait de naître sur son visage. Je ne décèle plus que l'horreur dans ses yeux, et même s'il donne l'air d'être confus, d'être perdu, moi je n'entrevois que sa terreur... Je suis un monstre, un cailloux, une affreuse statue qui a prit vie, un gargouille infâme... Inutile de lui expliquer que je ne suis pas mort, il ne le comprendrai pas... Mon corps à d'abord protégé mes organes vitaux, mon cœur, mes poumons, mon foie, mes reins... Mais il n'a pas protégé l'éclat de vie qui m'aurait permis de refaire surface... Peu à peu, il a durci mon corps entier, faisant de moi cet être animé par l'unique maîtrise que je venais d'acquérir sur cette matière que je pétrifiais...

Pour Icare j'étais mort, et comme bien d'autre je n'existai déjà plus que dans leur mémoire... Pourtant, je me tenais là, face à lui, vivant malgré ce corps froid et dur, j'étais là, et je lui parlais... Mais lui ne devait qu'y voir un vague scénario d'horreur, ou les morts sortent de leur tombe... Or jamais je ne mourus vraiment, mon coeur, mon âme s'étaient mis en veille, pour que le traumatisme de la violence ne passe... J'étais tombé dans un coma que mon don m'avait offert pour survivre... Pétrifiant d'abord ce qui m'étais indispensable, pour enfin sauver le reste.

Il parle, mais je suis bien trop loin de lui pour comprendre, un mur me sépare à présent de la vie humaine, un mur que j'avais commencé à bâtir par ma mort, et qu'Icare venait d'achever en posant la dernière pierre. Je ne pouvais pas lui en vouloir, toute autre personne raisonnable aurait eut se comportement... Ce soir, Kaleb Cardigans venait de disparaître devant cette muraille, un autre monstre venait le remplacer, un gargouille, une pierre tombale vivante... Je voyais son regard se poser sur ce qui fut mon tombeau, et même si je le sentai déjà plus proches de moi, je ne pouvais que me sentir coupable, coupable d'avoir cédé à cette "mort", brisant tout ce que j'avais pu reconstruire depuis ma perte de mémoire... J'étais de nouveau le même architecte, qui doit bâtir sur de nouvelles ruines, et bientôt, ma finira par un tas, un impossible tas, car si la rengaine devait se répéter ne serait-ce qu'une fois encore, alors j'aurai préféré rester la statue immobile que j'étais un mois auparavant... Le sort cependant en avait décidé autrement, et voila ma première épreuve, apprendre à se défaire de tout, et vivre dans l'isolement le plus total...

Icare s'excusa, et j'acceptais ses excuses d'un hochement de tête, elles étaient sincères, et paradoxalement, marquait la fin de ma vie sociale. Une de ces ultimes phrases qui clôturent un roman bien sombre. Le pavé qui finit par vous noyer, tout au fond de la mare. Une dernière fois je le regardai, dans dans les yeux, et d'un souffle las, j'expirai cette dernière phrase, celle qui devait achever mon premier tome:

-C'est fini, je suis fini, ici, comme être humain, comme personne... A jamais Icare, tu m'as sauvé la vie, je saurai te rendre la pareille, même depuis mon tombeau d'ombre...

Mon visage ne se tordit sous aucune émotion, je restait aussi froid qu'une tombe... Puis d'un claquement je m'étais retourné, sauf que moi, je n'étais pas contraint comme Orphée de ne jamais regarder en arrière, j'étais libre de choisir le passé, ou de tracer la première phrase de mon tome deux...

Je ne sais pas si Icare fit quoi que se soit pour me faire changer d'avis, car j'étais déjà dans un autre monde, un autre plateau de jeu où je devais vider le cartes de ma main pour enfin gagner, je ne pouvais commencer mon tour sur un régression... Mon choix était fait...

-Attends!

était-ce cette manière de tourner le dos? D'avoir sèchement claquer les talons ou cet air triste empreignant la pierre mais mon coeur se souleva comme une immense vague de peine. La peur m'avait fait commettre une folie visiblement et je venais de tuer quelqu'un. Quelqu'un qui n'était pas mort bien qu'il fut enterré? Dans ma vie je ne m'étais tout d'abord pas assez méfié quand il le fallait et désormais je me méfiais alors que c'était inutile. Pourquoi ce revirement soudain des deux partis? Celui qui voulait convaincre qu'il était vivant abandonnait et l'effrayé était désormais attiré, intrigué par l'homme qui lui tournait les talons. La fuite rendait-elle Keleb moins inquiétant? N'était-ce pas une ruse? Tous ces sentiments que la pierre transmettaient étaient-ils inventés? était-ce de la triche?

J'avais envie de croire que l'aventure extraordinaire ne serait pas malheureuse pour une fois, qu'il pouvait y avoir un miracle au lieu d'un cauchemar. Au pire je pourrais toujours s'enfuir en volant. Après toutes ses aventures j'aurais bien la force de se défaire d'un quelconque monstre. Qu'avais-je à gagner et à perdre? Je risquais de perdre un ami surtout. Pourquoi Kaleb m'attaquerait-il? Bon certes le violoniste avait mis un stratagème bien complexe en place pour m'avoir alors qu'il aurait simplement pu attendre que je sorte dans la rue mais là... Présentement nous étions seuls, les gens venus rendre hommage aux disparus n'étaient pas là, il aurait pu me tuer et puis le sculpteur était quelqu'un que je connaissais, c'était différent. Je voulais le croire, soudainement, comme ça, j'avais changé du tout au tout.

Je cessa immédiatement mon sur place et rattrapais l'homme assez rapidement. La voie des airs couvrant les pas qu'il avait déjà esquissé. Je descendis, à mes risques et périls et me positionna devant lui, légèrement tremblant mais déterminé en même temps

-Attends... Je... Ok ok... Bon attends. Je veux bien te croire. Ne pars pas comme ça. Laisse moi juste le temps de... De comprendre. C'est difficile, mets-toi à ma place. Je suis venu te voir souvent tu sais... enfin non tu ne le sais sûrement pas mais qu'importe... Quoiqu'il en soit je me disais que ce serait bien si tu étais encore là... Et te voilà. Autant le prendre du bon côté non? Je vais t'aider. Laisse moi t'aider oui. Il va falloir arranger beaucoup de choses je pense. Je peux déjà aller te chercher des vêtements et je connais un endroit où on me logera sans rien me demander. C'est un bar où je chante, un peu louche mais franchement sympa, plus qu'on ne le croit...

Je me tais ensuite, conscient d'avoir beaucoup parlé, c'était sûrement le stress. J'avais peur et j'étais fasciné à la fois.

dix mètres nous séparaient, j'entendais ses lamentations, son revirement de situation, ses paroles retournèrent le cœur de pierre qui ne battait plus dans mon corps... Soudain, un pas ralenti, puis le second, et je m'arrêtai, se retourner? Continuer... Je pouvais toujours concilier les deux, envisager de garder quelques contacts... Oui mais pour quel but... Quelle fin attendre? Je me sentais si loin de la folie urbaine, si loin des magouilles qui avaient pu me terrer au fond de mon trou.

Je me retournai, croisai son regard... Cet instant me fut fatidique, je ne pouvais plus avancer sans le garder comme ami...

je ne voulais pas d'un réinsertion, mais un hébergement, un contact humain... Ce n'était pas négligeable... Du moins pour l'instant... Je me rapprochais de lui, il ne bougeait pas. Ce qui je dois l'avouer brisa quelques pierre de se mur infranchissable qui me coupait du monde.

-Icare, je ne veux plus de ce monde, j'entame ma troisième vie, après la rue, la célébrité, et maintenant la mort... Je commence à me perdre dans mon identité... Je suis un monstre, puis un artiste, et puis je ne suis plus rien... Si un passé pour mort... Et maintenant, qui suis-je? Je préfère encore que la société me croit mort, pour l'instant... Mais ici sans argent, sans vêtements, on ne va pas loin... J'accepte ton aide encore une fois, mais je ne veux plus m'habituer à rien, c'est pourquoi il faudra t'attendre à me voir disparaître... Je souffre trop d'être constamment abattu par le destin... Je suis fatigué de devoir à chaque fois me relever, car mon don m'empêche d'en finir totalement...

Mon regard tomba au sol, sur les débris de ma tombe, celle qui devait m'enfermer à jamais... C'était ça, le destin n'en avait pas eu assez, il fallait qu'il me remette sur le jeu... Et pourtant, en moi régnait une étrange sensation, un désir de justice, tout particulier... J'avais été salement descendu par une troupe d'anti mutants, persécutés par des mutants qui m'avaient peu à peu rendus fous... Et à présent, j'étais de retour, plus endurci que jamais, et j'avais cette boule au creux du ventre qui grandissait, une vengeance... J'étais toujours l'être raisonné, mais je voulais que l'individu qui m'avait mené jusqu'à cette mort paye pour cette vie qu'il m'avait ôté...

-Tu as une idée de la manière dont je vais cacher mon existence, nu comme un vers, aussi dur que le marbre?

Je souris, un peu forcé, et pourtant au fond, soulagé de ne pas me retrouver seul, encore une fois...

-Moi aussi Kaleb... Moi aussi je dois toujours tout recommencer et je ne peux jamais en finir. Une jeune fille dont je croyais être éperdument amoureux, enfin je l'étais mais pas au sens commun du terme s'est tuée entre mes bras parce que son père me haïssais d'être mutant et m'a tiré dessus. Ma régénération m'a fait revenir à la vie pour la voir s'en aller et quand j'ai voulu partir la rejoindre, j'ai encore survécu. Pour continuer dans le mauvais cliché... Elle s'appelait Julia.

Julia... Juliette et lui moi j'avais eu le rôle du Roméo raté. Du Roméo qui avait survécu au lieu de pouvoir vraiment mourir avec sa copine. Du Roméo qui n'était pas parti aux cieux avec sa belle juste pour découvrir qu'en réalité il était gay puis pour sortir avec un criminel qui une fois blanchi l'avait abandonné et enfin qui avait failli se faire tuer par un taré qui volait la jeunesse aux gens. Mon unique moyen de mourir aurait été celui là mais je m'étais finalement accroché à la vie. Kaleb m'avait maintenant, je ne le laisserais pas tomber malgré ma frayeur. Je n'étais pas Ace, j'étais comme lui au début sauf que je restais fidèle à mes serments moi. Le sculpteur avait donc à ses côtés une sorte d'immortel comme lui pour l'accompagner à jamais désormais. Ce serait à lui de voir s'il voulait toujours partir mais je pouvais aisément devenir l'un des piliers de sa vie et lui de la mienne. Quelqu'un qui me comprenais pour ce qui était de voir le temps défiler sans être affligé de cette plaie.

Ma régénération cellulaire allait probablement arrêter ou tout du moins ralentir mon vieillissement à un moment donné, c'était logique puisque je ne subissais aucune dégénérescence, comment pourrait-il en être autrement? Et même si je me trompais, que je n'étais pas voué à lutter contre le temps, lui seul pourrait m'achever dans ce cas. Aucun coup de couteau, aucune balle ne viendrais à bout de moi, ce qui faisait que j'étais quand même un solide repère. Peut-être pas bon car je n'étais pas exemplaire mais un repère quand même.

Je tendais à Kaleb mon manteau, tant pis pour mes ailes, elles resteraient à découvert et si quelqu'un n'était pas content, peu m'importait. Ma taille modifiée génétiquement par cette tordue de Gretchen était une aubaine pour une fois car je mesurais bien un mètre 80. Avant mon manteau ne serait certainement pas allé au sculpteur mais là il pourrait jouir d'une certaine protection pour son apparence et sa nudité. Même s'il était fait de pierre cela me dérangeait un peu d'ailleurs car j'avais toujours été très pudique. Je lui donnais le morceau de tissu. Il y avait une capuche, de longues manches et une fermeture éclair que je n'utilisais jamais sur le devant ainsi que des boutons et le vêtement descendait jusqu'aux chevilles, ça devait être suffisant. Les pieds ne seraient pas couverts mais entre ça et mes ailes de 5 mètres d'envergure je pense que les gens s'attarderont plus sur ma personne que sur lui.

Je l'aurais bien transporté comme lorsqu'il avait été blessé mais il pesait probablement plus que les 90 kilos réglementaires. Haussant les épaules et tentant un sourire j'essayais de lui donner un peu d'allant. Au moins il avait déjà une chambre d'assurée et un peu d'argent, je gagnais pas mal ma vie comme chanteur maintenant. Mais en fait, je ne pensais pas vraiment à ces critères utiles pour la survie et me demandais ce qu'il penserait de mes aveux...

-Je peux aussi t'avoir des papiers d'identités bien faits...

Les gros bras des milieux dangereux me protégeaient, ils m'appréciaient même. J'étais leur douceur dans ce monde de brutes. Beaucoup m'écoutaient chanter avec plus de respect que ces gens huppés qui me regardaient à peine et discutaient entre eux pendant mon interprétation. C'était amusant de les voir écouter mes paroles, mes mélodies en dédaignant leur rap un instant. Une sorte de trêve semblait être passé entre moi et les bas fonds de New York sans que je n'ai rien eu à faire de spécial. Personne ne m'attaquais, ce serait comme un sacrilège, j'étais ami avec toutes les bandes... Et si un dérangé osait s'en prendre à moi, je sais que ceux dont on se moque, ceux que l'on traite de délinquants seraient là. Plus doux avec ma personne que beaucoup de gens dis bien élevés dans cette société. Ces papiers je les obtiendrais en échange d'un regard, d'un sourire et d'un s'il te plaît joliment placé. Loin de moi l'idée de profiter de ces gens, c'était eux qui ne réclamaient que ça en échange. Il faut dire qu'ils étaient très croyants en général, le plus méchant portait une grosse croix autour du cou et toutes ses agressions étaient au nom de Dieu. Je ne peux pas juger ses activités... Et je ne dis rien même si je pense que ce n'est pas la solution bien sûr. Quoiqu'il en soit mon apparence aide pas mal à imposer le respect. Pour une fois ma mutation me sert bien, ils ne me prennent pas pour un ange, je ne suis pas un imposteur mais ils peinent quand même à ne pas faire le rapprochement.

Je sais que je peux compter sur eux quoiqu'il en soit, et que Kaleb par extension le peut également. Je les aide quand c'est possible moi même pour de la nourriture ou un peu d'argent, ils sont si délaissés, pour la moindre gentillesse ils me le rendront au centuple je le sais. Je regarde Kaleb à nouveau, attendant des réactions.

[je te propose un peu d'action, dis moi si ça te dérange...]

Icare avait été une perle, et même si dans son regard mon reflet brillait d'argent, je sentais qu'il venait de me reconsidérer comme une personne... Mon visage perdit un peu de sa froideur, de sa distance, et mes traits de pierre se durcirent vers quelques rictus plus amicaux. L'ange me parla aisément de sa propre vie, de sa difficulté de reprendre sa vie telle qu'on a bien voulu nous la laisser. Quelque part je le plaignais, mais je dois bien avouer que je me sentais bien plus misérable que lui... Or le but de cet échange n'était absolument pas de surenchérir, je me fichais bien de savoir lequel de nous deux était la principale victime du destin. Icare me tendit un manteau que je n'osai toucher, car la moindre caresse sur le textile l'aurait à jamais pétrifié. De ce fait il me fallut adopter une technique toute particulière pour l'enfiler, après deux ou trois tentatives, le manteau était sur mes épaules, en guise de cape et cachait à peine mon visage de pierre argentée.

-Disons que ça devrait suffire si l'on cours vite...

Un instant s'écoula, Icare semblait perdu dans ces réflexions, et moi tout simplement en train de me demander pourquoi je décidai de me réinsérer alors que je voulais tant cette liberté... Mais je n'eus pas le temps de creuser bien loin la question, Icare venait déjà de me parler d'identité.

-Je... Je ne peux pas te répondre pour le moment... Je sais que je ne veux pas de papier, j'ai quelques comptes à régler par ici, je ne veux pas d'un nouveau nom, ni d'un nouveau rôle de pion... Ma mort est juste l'apogée de ma tentative de réinsertion dans la société, j'aime trop me savoir libre pour recommencer cette vie de mascarade... Plus rien ne serait comme avant...

Nous marchions à présent le long des tombes, dans un silence aussi muet que celui qui régnait dans mon tombeau... J'avais comme une sensation de ritournelle, de renouveau, et plus on s'avançait vers la ville, plus ma nouvelle apparence me gênait... Au delà d'être juste complexé, je me découvrait une agoraphobie toute nouvelle... Comme si après mes un mois de solitude extrême, ma seule envie était de retourner au chaud dans mon caveau. Pourtant il m'était impossible à présent de laisser Icare, de m'enfuir en courant, et de faire comme si rien ne s'était produit... En réalité, c'était tout à fait impossible, malgré les maigres espoirs que je pouvais encore me faire. J'étais sur la route de mon nouveau calvaire. Et mes pas, lourds de nostalgie mortuaire, avançaient péniblement sur le sentier. Je ne comprenais pas pourquoi ce soudain silence en Icare et moi, comme si nos confessions profondes avaient finis par enterrer notre discussion... A présent nous savions l'un pour l'autre, et tout mot supplémentaire devenait futile, le silence était peut être le meilleur moyen pour chacun de se concentrer sur les évènements qu'il venait de nous arriver. Tout était allé si vite, un contraste violent avec ce mois d'enfermement total, où le temps m'était apparu comme un fil que l'on étirait, et qui jamais ne cèderait. Or, ce soir, en moins de vingt minutes, j'étais de nouveau parmi le vivant, et je m'apprêtai à regagner ce que j'avais toujours voulu quitter.

Soudain alors que nous nous approchions du lugubre portail du cimetière, synonyme de mon entrée chez les vivants, une dizaine de moto illuminèrent nos deux corps de mutant... Premier barrage à mon retour chez les dingues, mais cette entrée en matière pourtant m'apparaissais comme une aubaine.

une silhouette en fauteuil roulant se découpa dans la lumière, je n’eus même pas à réfléchir que je le sentais déjà pirater ma mémoire.

-Icare, envole toi, je m'occupe de ces malades...

sans prêter attention à ce que faisais l'ange, je fonçai droit sur Amnésik, dont je devinai déjà le sourire. Avant qu'il n'ait pu entamer de faire de moi un légume, mon poing fracassa sa mâchoire, l'homme tomba de son fauteuil, s'échoua au sol, cracha du sang et quelques dents.

-Surpris Amnésik?

-Pff, je savais que tu n'étais pas mort...

Des coups de feux illuminèrent mon corps, mais à chaque impact, la balle ricochait de s'échouait dans le sol. D'une main je saisis Amnésik par le cou, et d'une voix rocailleuse disais:

-Pour qui tu bosses, qui a voulu ma peau...?

-Oh mais tu le sais déjà, j'ai juste fait le ménage dans ta tête...

-Mauvaise réponse...

D'une violence nouvelle, l'épiderme entier d'Amnésik se pétrifia, et une seconde plus tard, la pellicule de pierre explosa, laissant au sol un cadavre dépecé.

Amnésik était mort, et autour de moi, les mains armés du défunt me ruaient de coups que je ne sentais pas... Ma mémoire peu à peu regagnait sa place, ces longues années dans la rue, l'enlèvement, les meetings, mes parents, mon chien d'enfant... Mes yeux s'ouvrirent, ils étaient dix, armés de battes en cuir, et pourtant, je ne sentais toujours pas la douleur, mon corps, aussi solide que le diamant ne subissait aucun dommage et les battes se brisaient, unes à unes... Mon poing frappa un torse et y brisa quelques côtes, la paume de ma main immobilisa plusieurs d'entre eux... Ils étaient pourtant trop nombreux, et moi bien trop fatigué pour venir à bout de chacun d'eux...

Icare ne dit rien, il avait simplement hoché la tête pour signifier son accord. Après tout c'était à Kaleb de voir même si ne rien prévoir comme seconde identité paraissait peu prudent à Jay. Comme ils marchaient le long des tombes, chacun rentra dans ses pensées internes, le mutant ailé s'arrêtait parfois pour trainer sur le chemin terreur et rattrapait ensuite le statufié. Il avait besoin de ce calme, de ce silence pour s'habituer à sa survie, ou plutôt à sa renaissance et finalement marcher jusque à côté comme ça était suffisant non? La tranquillité du cimetière, la compagnie de Kaleb faisaient de l'endroit un recueil pour la paix et non un lieu satanique effrayant. Les lumières qui l'éclairaient étaient douces et non agressives, léger au contraire de son partenaire, le jeune homme rejoignait toujours son ami en courant/voletant, fait pour demeurer si peu de temps sur terre quand l'homme statufié lui y semblait ancré bien profondément et à jamais.

Le bruit soudain envahit les lieux, des motos rutilantes s’arrêtèrent devant eux, le chanteur surprit fit un bond en arrière, volant à demi pour atterrir plus loin en sécurité. Seulement Icare ne voulait pas de ça, son corps s'était éloigné par réflexe, cherchant la protection mais lui ne laisserait pas son ami en détresse.

-Pour que tu t'amuses tout seul? Rêve

Lança Josh avec une voix pleine d'audace qu'il ne se connaissait pas. Seulement le mutant ailé avait reçu un bon entrainement à l'institut et ses tristes mésaventures lui avaient aussi appris à se défendre. Le jeune homme avait travaillé des jours sur lui pour noyer son chagrin et se préparer à une nouvelle agression, décidé à ne plus être la victime. Sans compter qu'il était persuadé que le Violoniste s’échapperait un jour et il voulait se préparer à le recevoir comme il se doit. Voilà du menu fretin qui devrait servir d'exercice réel.

Il décolla effectivement mais c'était pour foncer sur les motards et les renverser. L'élan lui permis de le faire, il atterrit bien sur un gros bras mais roula en boule par terre, trop léger pour ne pas être entrainé. Cependant s'il ne disposait pas d'une carrure d'athlète surgonflé Icare possédait toutefois un bon corps grâce aux modifications de Gretchen du haut de ses 1 m 80, mais il s'était également entrainé, sans compter que ses ailes puissantes lui permettaient d'asséner de puissants coups quand il en avait l'occasion.

L'homme qui avait une gueule de requin comme pouvoir s'arrêta en plein combat toutefois, la gueule pleine de plumes et Jay fit de même alors que sa main enserrait le poignet de l'adversaire... C'était quoi ça?! Cette explosion là, il était où le taré en roulettes? Soudain l'homme requin le lâcha pour se ruer sur l'ennemi commun, celui qui avait tué leur chef. Pas que ça les attristait, un autre prendrait la place mais pour le faire dans de bonnes conditions il fallait recommencer à 0 et donc tuer l'homme statue.

-Hey et moi tu m'as oublié espèce d'impoli

Lança Icare avec cette voix toujours audacieuse. Se redressant vivement il gémit légèrement en bougeant son aile droite mais celle-ci n'était pas brisée, c'était le principal... L'homme avait profondément enfoncé ses crocs mais heureusement il avait été surprit par la mort de Amnésik. Lequel était décédé de manière fort rapide et sans gloire d'ailleurs. Surprenant quand on sait qu'il avait l'air d'être un mutant indémontable. Enfin ça donnait de l'espoir pour son prochain combat contre le Violoniste s'il y en avait un, mais pour l'instant il fallait aider son ami...

Comme les os n'étaient pas brisés, ce qui aurait prit des semaines à guérir, la peau se reforma rapidement, les muscles aussi avaient été épargnés, les plumes repoussèrent donc rapidement tandis que les tordues, mâchouillées et autre retombaient par terre. Icare ébouriffa ses ailes pour s'assurer de la réparation totale de la plaie, béante mais superficielle, une fois ceci fait il s'envola et harcela les hommes par le dessus, il atterrit finalement au milieu, juste à côté de son camarade.

-Bouche-toi les oreilles

Conseilla-t-il. Puis sans attendre, sachant que son ami ne risquait pas grand choses car il n'était pas dans sa portée de voix, le mutant commença à chanter, ce qui surprit évidemment tout le monde et les fit même rire

-Tu nous chante un prière l'angelot? C'est mignon ça

Ils rirent moins lorsque les verres des rétroviseurs de leurs motos explosèrent littéralement et que leurs oreilles commencèrent à vriller. Ce n'était que le début. Quant à Kaleb il était protégé par le sens que Icare donnait à sa voix. Ce pouvoir ne cesserait décidément donc jamais de le sauver?! Merveille. Enfin ils allaient sûrement revenir à la charge mais au moins l'homme de pierre pouvait reprendre l'avantage désormais, Icare posa toutefois une main sur son poignet, il ne voulait pas risquer que dans son état, il aille au milieu de ses ondes car la pierre fissurait aisément quand sa voix portait aussi fort. Une fois qu'il eut fini son chant aussi beau que celui du phénix mais dangereux comme celui des sirènes le jeune homme se tourna vers son camarade, attendant son signal pour l'attaque. Il avait beau s'être entrainé, Kaleb restait un meilleur leader quand même.

Mes paupières se fermèrent, e cliquetis du métal qui vibre, les suraiguës du verre qui se brise lentement, les mines décomposées des auditeurs, le chants était sublime, mais emprunt d'une froide puissance qui ravageait les tympans. Je me protégeais tant bien que mal de l'amplitude sonore en bouchant mes oreilles des cailloux que j'avais en guise de doigt. Lorsque que la terrible mélodie se perdit dans le silence, mon visage blême, lisse et froid se crispa d'un rictus qu'Icare comprit vite. D'une extrême neutralité, mes deux lèvres de pierre se tordirent, se frottèrent l'une contre l'autre dans un strident crissement. La nuit noire me faisait émerger du néant céleste, comme une de ces statues grecques qui se découpent dans les cieux bleutés de la méditerranée... Mais la pâleur de mes traits, l'inconsistance de mon regard me rendaient effrayant, terrifiant. Quelques reflets argentés, égayaient toutefois le gris cadavérique de mon épiderme de pierre. Ainsi on me savait animé, mais on ne me pensait plus humain. Même moi j'en étais à me poser cette question. Les sensations étaient tellement différente, le sens du toucher était en partie inhibé, et ma vue et mon ouïe semblaient elles aussi amoindries. Comme si je n'étais plus qu'un objet auquel on aurait fait don d'une vie. Pourtant, je me savais humain, je me savais réel, car peu à peu, les échos de ma mémoire en restauration venaient régulièrement frapper ma conscience... Je me souvins du visage de cet homme que je nommais "père" dont la mâchoire avait subit la solidité de ma main... Je me souvins de cette chute interminable, de ce vide qui défile et conduit au plein... Je me souvins de cette fuite contre le passé, de la survie dans l'inconnu du présent, et ce mur de l'imprévisible futur.

Mon torse se bomba sous l'inspiration nouvelle, d'une statue vivante dont l'humanité réside dans la mémoire. J'étais vivant, j'étais humains, j'avais une vie... Mais plus jamais elle ne serait comme avant, à présent j'étais enfermé dans cette coque qui me coupait du présent...

Mes paupières s'ouvrirent...

Une seconde de réflexion, une abîme de question, et à présent un tas de réponses, j'acceptais ma condition, sur un battement de paupière, et regardait en face l'ennemi qui trépasserait sous ma vitalité... Je m'élançais, et ma mon corps vibra tout entier à l'impact d'une balle qui s'écrasa violemment contre ma poitrine, l'ennemi mettait visiblement beaucoup de temps à assimiler les avantages de ses victimes... Or les rôles s'échangèrent, et il devint ma proie, mon poing de roc fracassa ses côtes qui craquèrent l'une après l'autre dans une sinistre mélodie. Mon front vint s'encastrer dans le sien, il tomba à terre, le fusil fumant. Je regardait l'endroit où la balle m'avait frappée, elle laissait une mauvaise micro-fissure qui m'alerta directement... J'avais beau me croire incassable, la vérité était que je possédais aussi des limites, et un tir à un mètre cinquante de distance était déjà dangereux... Dur de reconnaitre que monstruosité à des failles quand on a mis tant de temps à l'accepter... Enfin, l'heure n'était pas aux lamentations, l'ennemi était effondré au sol, un autre trouva l'idée bonne de me sauteur dessus. Sans vraiment prendre soin de me préoccuper de son bon atterrissage, j'envoyais tout droit sur l'arbre le type, dans les os craquèrent en crescendo... Une valse mortuaire dans un cimetière, un réalisateur ne pouvais pas demander mieux... Il faut dire que pour le glauque, la scène était plutôt excellente... Un ange et une statue humaine qui brise de pauvres pères et mères e famille payé des queues de cerise pour un boulot perdu d'avance... C'était par la pure et simple magie de l'argent que ces types continuaient à vider leurs chargeur sur mon corps impénétrable... Mais je ne pouvais pas leur permettre le luxe de la compassion alors qu'ils s'acharnaient comme des bêtes à me réduire en poussière... Ils n'étaient pas plus humains que moi. Sans trop précipiter l'affaire je pétrifiais un cercle d'un diamètre d'environ dix fois ma taille, et après avoir crié à Icare de s'envoler, la pierre craquela et explosa dans un violent vacarme qui finit de les mettre tous à terre... Je savais bien qu'à travers il y aurait quelques survivants, mais nous ne pouvions traîner plus longtemps dans les parages, il fallait faire vite... La police avait du déjà recevoir dix milles appels pour alerter des coups de feux qui résonnaient dans tout le cimetière. Icare comprit vite en me voyant prendre mes jambes à mon cou qu'il était préférable de fuir maintenant que de devoir recroiser ces types en prison.

-Icare, mène moi là où nous serons à l'abri des regards...

Mon regard gris trouva le sien, et un instant plus tard je le savais mon guide pour la survie...

[hj: tu peux soit ouvrir un autre sujet où poursuivre à la suite de celui là, ce qui ne serait pas plus mal à mon avis]

[HJ: on n'a qu'a rester ici]

Icare n'était pas trop violent en réalité, il se défendait surtout. Lorsqu'enfin ils eurent le dessus, le mutant ailé atterrit de nouveau et empoigna son ami par le bras et commença à courir pour l'emmener là où il pensait que ce serait sécurisé. Ils atteignirent bientôt les bas quartiers et Jay s'arrêta de galoper, essoufflé car son corps était dessiné pour le sprint suivi du vol, pas l'endurance. Le jeune mutant passa entre deux grosses brutes épaisses qui pourtant sourirent en le voyant, lui réclamant un baiser sur la joue chacun. La scène paraissait totalement irréelle, d'autant plus qu'Icare quoiqu'encore un peu efféminé faisait assez masculin à cause de sa modification génétique.

Les deux "chiens" de garde se tournèrent ensuite vers l'homme de pierre, se faisant beaucoup plus menaçants jusqu'à ce que le chanteur leur signifie qu'il était avec lui, dès lors, pleinement confiants les deux gros bras laissèrent passer l'étrange statue vivante. Prudent, ayant apprit l'art de la discrétion et de l'agilité l'ange dirigea son camarade à travers un dédale moderne où il n'avait point besoin d'ailes en cire pour s'y retrouver. Cet endroit sale et puant était son domaine quoiqu'on en dise; il y état mieux accueilli qu'à l'institut même si là-bas les choses allaient un peu mieux. Les brigands et autres fripouilles qui s'y trouvaient saluèrent Icare avec bonhomie et une gentillesse dépassant l'entendement. L'artiste leur avait apporté un peu de douceur avec sa voix sublime et son aspect angélique. Il n'était pas exceptionnel, loin de là mais le fait est qu'il était passé outre l'aspect des bas quartiers pour les adopter... Eux, tous ces brigands. Grâce à une main de velours sans gant de faire il avait apprit à se faire respecter et il profitait d'une sorte de protection, un accord tacite qui faisait que personne ne le touchait... Qui en aurait envie de toutes manières? Jay n'était d'aucun gang, d'aucune fratrie, c'était juste leur chanteur à eux tous. Le chanteur des bars minables qui mettait un peu de tendresse dans les bars mal éclairés.

Icare passa une porte puis fit entrer Kaleb dans une sorte d'appartement, certes un peu délabrés et un peu obscur mais propre qu'il occupait quand il passait ici. Le jeune homme s'assit sur un canapé qui n'était pas de toute première jeunesse mais lui aussi en bon état sanitaire. Il ferma les yeux doucement et s'allongea à demi dessus comme une diva. Il n'en avait plus le physique mais avait gardé quelques manières de femme, c'était certain. Les yeux mi clos il dirigea son regard vers l'homme pierre.

-Et maintenant?

Souffla-t-il doucement en redressant un peu ses cils, révélant son regard intense à Kaleb, attendant de savoir ce que ce dernier comptait faire désormais qu'il était en sécurité. Chose que son camarade ne devait pas demander car c'était une évidence qu'il l'était; Icare y avait veillé.

[HJ: désolé si je t'ai un peu "joué" pour t'emmener là-bas mais fallait bien te guider et pardon pour la médiocrité aussi, il est 4 h 30 du mat et je prends le train dans trois heures lol. Cependant si c'est trop mauvais dis le moi et je change dès que possible (ce qui veut dire dans longtemps vu que j'aurai accès au net tous les 36 du mois]

[H.J: pas de soucis, pour des déplacements de ce type, je t'accorde le droit de jouer Kaleb, c'est plus simple pour écrire et ça fait progresser le rp de manière considérable Wink

]

Je traversai une muraille humaine qui me dépassait d'au moins vingt centimètre, une muraille uniquement constituée de deux types, dans le genre armoire à glace... Ce type de personne que l'on ne côtoie que lors qu'une bagarre à la sortie d'une boîte miteuse où l'on a un peu trop bu... Bref, s'ils n'avaient rien contre moi, alors je m'estimais du bon côté de la barrière, le côté défendu. Ce qui n'est pas plus mal, étant donné la foule d'assassins qui allaient se mettre à mes trousses... Une planque était toute méritée après tout... Je devais cogiter, au plus profond de ma fraiche mémoire pour retrouver l'unique coupable, celui qui avait lancé tout ces chiens à ma poursuite, celui qui avait ordonné ma mort et enterré mon cadavre de chair... Bref, je devais détruire le détonateur qui avait fait exploser les éclats de ma vie ratée... Car oui, maintenant que mes souvenirs s'amusaient à me replonger dans la réalité, je me noyais dans la mouise qu'avait été mon existence jusqu'à ce jour... Même si ma volonté était d'aller vers l'avant à présent, je ne pouvais pas tirer un trait sur une injustice de cette ampleur, je ne pouvais pas renier mon passé... J'avais tout un tas d'histoires à rattraper, de morceaux de pierre à recoller ensembles pour s'inventer une nouvelle stature... Je ne pouvais pas repartir sur un champ de ruine, et mon principal ennemi méritait le châtiment qu'il m'avait fait subir, comme Amnésik l'avait déjà encaissé... C'était au fond de moi une brillante victoire, brève mais intense, elle brillait en moi comme une libération de l'amnésie dans laquelle il m'avait plongé jadis. Pourtant, dans les coins sombres de ma mémoire, il restait quelques oublis, et je savais que l'un d'eux l’indiquerai où trouver le grand méchant que le héros anéanti à la fin d'un roman... Je n'étais malheureusement ni dans un roman, ni dans le costume d'un de ces justiciers masqués... Et mon identité avait été volée par ce même grand méchant... Comment porter un masque sans visage à cacher? C'était absurde, je ne voulais plus d'absurdité, je voulais un départ solide, un nouveau torrent de vigueur voulait s'abreuver en moi... Et la première source viendrait du sang de cet homme qui se cachait dans ma mémoire...

Icare m'avait fait traverser toute la pièce et monté un étage, mais trop perdu dans la mélasse de mes souvenirs, j'en avait oublié de regarder mon nouveau chez-moi. Cela n'avait pas trop d'importance, je constatai qu'encore une fois, Icare était là, et trouvai des solutions, même dans les plus sombres instants... Il dégaina ce regard où se mêle désespoir et conviction, cet étrange regard qui vivait d'oxymore, qui disait à la fois tout de lui mais le gardait si mystérieux... J'aimais ce regard, son intensité, sa force et l'emprise qu'il avait sur moi... Icare était bien la seule idée que j'aurai à jamais regretté dans mon tombeau... Je savais qu'à présent un mur infranchissable barrait toute émotion, et pourtant, je me sentais faible sous la fougue de ces deux cercles bleus... Il me lança l'une de ces phrases que l'on sort lorsqu'une conversation doit commencer, que j'appréciais ce genre d'initiative quand dans ma bouche aucun mot ne venait...

-Et... bien, je ne sais pas Icare, j'aimerai te prendre dans mes bras et te dire tous les remerciements du monde, mais j'aurai trop peur de faire de toi une statue sans vie...

J'avais en moi l'art de la verbe qui plombe un conversation... Ça m'étais indissociable et me rendait associable... Bref, si Icare pouvait répondre à une phrase de cette lourdeur, alors pouvait-il accomplir tous les miracles du monde sans que j'en sois étonné. Soudain une idée brillante illumina le cailloux qui me faisait office de cerveau...

-Icare, je vais rédiger un testament, personne ne saura qu'il est posthume, mais bon, qu'importe, et tu hériteras de toute ma fortune, à laquelle bien sur je retirerai les fonds nécessaire à mes plans de survie... Qu'en dits-tu? Tu n'auras qu'a raconté que je t'ai laissé cette missive, et que, souffrant de désespoir tu n'as osé l'ouvrir qu'un mois après ma mort... Bref, rien de bien compliqué..?

[HJ; n'ayant pas pu enregistrer ta réponse lors de la dernière connexion, j'ai du tout réecrire de mémoire pour poster maintenant. Excuse moi donc de la qualité médiocre et si j'ai manqué des paroles ou réactions.]

Toujours lové dans son canapé à moitié plumé -le sofa, pas Icare hein^^) le mutant la tête renversé vers le bas, inclinée et les jambes enjambant l'accoudoir, étendu paresseusement de tout son long observait Kaleb. Il se raidit légèrement lorsque ce dernier lui avoua avoir songé à le prendre dans ses bras. Certes rien ne disait que ce n'était pas un geste amical pour le remercier mais la dernière fois le sculpteur lui avait clairement fait comprendre où étaient ses préférences et depuis Icare n'était pas forcément à l'aise avec certaines éventualités. Bien sûr il se disait que l'homme avait autre chose à faire qu'à songer à le draguer à peine sorti de sa tombe, il n'était pas si exceptionnel que ça tout de même mais il n'empêche que le mutant craignait un peu cette possibilité. Après son aventure malheureuse avec le violoniste il se méfiait de l'amour et surtout, inconsciemment il faisait tout pour ne pas ressembler à ce qu'avait dit cet être malfaisant. Au fond le croyait-il lorsque le vampire le traitait d'animal de luxure? Une créature vil qui se jette dans les bras du premier venu pour assouvir son besoin de « sexe »? Quelque part en effet Icare y pensait et il ne voulait plus donner cette impression de garçon facile bien que ça n'ait jamais été le cas. Il était toujours pur, n'ayant pas consommé avec Ace, sentant après la certitude que c'était le bon que ce n'était pas le cas sans doute. Décidément ces choses étaient trop compliqués et de ce côté ci l'ange avait décidé de ne plus grandir. Il pensait qu'en ne montrant rien, en ne donnant aucun espoir en ce qui le concernait, les personnes attirées par lui perdent leurs affinités. Kaleb était un ami, c'était tout. C'était ce qu'il devait être, chacun sa place. Après allez savoir si cela resterait ainsi. Présentement la tâche était clairement facilité par l'aspect de l'homme qui s'il n'était pas repoussant était quand même un peu inquiétant. Il ressemblait à l'une de ses oeuvres calfeutrées dans son antre que le mutant ailé avait pu visiter après l'avoir sauvé une première fois.

-C'est une bonne idée pour l'argent, je servirai d'intermédiaire pour que tu récupères tous tes biens.

Son regard jadis vert et désormais si bleu se fit plus intense, plus sévère. Tenter de le convaincre de réellement prendre l'argent comme héritier serait l'insulter et Icare le montrait de manière claire quoiqu'implicite. Il ne rendait pas service pour être payé et tirait une grande fierté de vivre de la chanson. Certes il n'était pas Crésus mais ses revenus étaient convenables. Lui l'enfant issu d'une famille très nombreuse et très pauvre il savait se satisfaire du minimum et économiser pour sortir du « prolétariat ». Vivre de sa guitare et de sa musique sans compléments c'était une revanche sur toutes les mauvaises langues qui avaient déclaré officiellement qu'il était destiné à faire la manche sur les trottoirs et il y en avait eu, notamment des professeurs qui déploraient qu'il n'use pas son cerveau pourtant pourvu de bonnes capacités pour se mettre pleinement à des plus hautes études. Un diplôme en art obtenu deux ans en avance au lieu de se mettre au droit pour tenter de briller, de sortir de sa classe sociale miséreuse, c'était presque un sacrilège.

-Ici tu seras bien, tu peux y rester autant que tu veux. Précise simplement que c'est moi qui t'aies donné les clés. Je téléphonerai à l'institut pour essayer de chopper Charles Xavier, qui sait si dans toutes leurs « machines » magiques ils n'ont pas des gants ou je ne sais quoi qui te permettraient d'éviter de tout transformer en pierre.

Un peu comme ce roi cupide qui transformait tout en or, y compris la nourriture et l'eau... Oh non, est-ce que Kaleb peut-il manger lui? Bon de toutes manières au pire je lui donne ou bien on attend demain, ils ont sûrement un truc. On n'est plus en Grèce au temps du roi et de son or, il y a de la technologie. Tiens en parlant de ça!

-D'ailleurs en songeant à l'institut, prends ma montre, elle a un inducteur d'images que je n'ai jamais pu utiliser, je n'ai jamais su pourquoi... Peut-être que mes ailes sont trop larges ou que j'ai une apparence trop humaine... Mais bon avec toi ça fonctionnera peut-être, j'ai vu des mutants qui te ressemblaient à l'institut et ça marchait sur eux. Ça donne une apparence humaine aux mutants porteurs d'un gêne X visible, le physique que tu devrais avoir sans ton « don » en fait.

*Si l'inducteur que je n'ai jamais tenté d'utiliser après ma première tentative marche encore et si il ne transforme pas la montre en pierre.... *

Toutefois le jeune homme garda cette réflexion pour lui afin de ne pas inquiéter le sculpteur. Il se redressa légèrement sur le fauteuil puis détacha sa montre qu'il avait toujours gardé. L'institut lui l'avait fourni à son arrivée il y avait plus de 4 ans, n'ayant pas assez d'argent auparavant pour acheter une montre il l'avait gardé même en quittant l'école. Cependant changer de piles régulièrement avait peut-être désactivé l'inducteur? Et puis ça ne marcherait peut-être pas sur Kaleb pour une raison aussi mystérieuse que pour lui ou Worthington qui avait la même mutation? Enfin ils verraient bien, pareil pour la nourriture.

-Tu veux manger quelque chose, je crois qu'il reste de la pizza

*On y revient toujours à ces fameuses pizzas, à l'hôpital après son attaque et maintenant... *

Songea le mutant en souriant à demi pour lui même avant de se relever de son sofa, il ébouriffa vivement ses ailes blanches, laissant choir des plumes minables qui appartenaient au canapé et quelques unes des siennes bien plus fournies longues et soyeuses puis marcha jusqu'au petit frigo qui ronronnait.

-Oui il en reste. Il ne faut pas trop traîner, j'aurai tout le temps après mais là je dois chanter bientôt. Heureusement c'est juste le bar d'en dessous... Donc je gagne 20 minutes. Tiens au fait, ici tu peux circuler même sans inducteur, les mutants ne se cachent pas dans ce quartier. Trop mal famé pour la courageuse police. Au fait, l'autre fois lors d'une exposition visant à la réconciliation humains/ Mutants il y avait un artiste sculpteur, ça a raté complètement leur truc. En fait le sculpteur était un taré qui s'en prenait aux mutants, lui même en était un c'est ça le pire, il transformait tout le monde en pierre... Bon lui c'était volontaire...

Fit-il en discutant tranquillement mutation alors qu'avant il aurait tremblé rien qu'en entendant parler. Il faut dire que les épreuves l'avaient marqué et fait mûrir. Déjà avant de connaître Kaleb le chanteur avait connu des situations assez traumatisantes mais pendant son « absence » à six pieds sous terre il avait aussi vécu un tas d'histoires qui le rendaient plus incisif même si curieusement d'autre part il n'avait pas totalement perdu sa fraîcheur enfantine et sa douceur féminine. Entre le vampire suceur d'années de vie, le sculpteur dingue et tous ces motards là accompagnés de l'homme en fauteuil qu'avait fait explosé Kaleb, il devenait parfois décontracté même lorsque c'était extrême. Attrapant une bouteille de Cacolac-un genre de chocolat au lait froid- il la décapsula et marcha jusqu'au sofa. Il laissa glisser sur une table basse plus que rayée différentes boissons puis mit une pizza au micro onde parce que même si kaleb n'avait pas faim lui mourrait d'envie de se nourrir et vu son poids plume ce ne serait pas du luxe.

Attendant les réactions diverses du sculpteur, ignorant si son indélicatesse certaine sur le dernier sujet évoqué le dérangerait le mutant ailé se laissa de nouveau tomber dans le sofa, s'étirant nonchalamment. Pour lui Kaleb était juste un ami, dès lors il ignorait que ses gestes pouvaient parfois être un peu ambigus, surtout lorsqu'il se laissa couler de nouveau sur le fauteuil avec ses cheveux blonds/blancs mi long cascadant sur le canapé et ses jambes étirées en diagonale sans retenue sur celui ci. Pareillement pour son petit soupir avant qu'il ne ferme à demi les yeux et boive encore une gorgée de sa boisson, attendant toujours que son ami réagisse à sa prise en main assez musclée de la situation.

Icare laissa sous-entendre qu'il ne voulait rien hériter de ma part, ce qui je dois l'avouer n'était pas si vexant, étant donné que je n'étais pas vraiment mort... Il parût vexé, ce qui me tira un petit sourire d'inquiétude, auquel j'ajoutai derechef:

-Je ne voulais pas te blesser... Ni sous-entendre le fait que tu aies besoin d'argent... C'était un moyen pour moi de te remercier, et avant tout de ne pas avoir a culpabiliser de ne rien avoir à payer ici...

Icare mentionna ensuite l'institut, comme si celui-ci aurais eut la capacité de pallier à ce pouvoir, je tirai un large sourire de gène, Icare n'était peut être pas au courant... Pourtant il me semblait que j'avais déjà abordé le sujet lors de la visite de mon ancien appartement. Je m'assis sur une chaise qui craqua violemment sous mon poids... Je me retrouvais au sol, et si jamais mon corps avait encore été de chair, Icare aurait très certainement vu mes joues se roser. Me redressant sans trop de soucis, je touchais l'une des autres chaise qui se solidifia à son tour pour enfin m'y asseoir dessus sans craindre une nouvelle fois de me retrouver au sol.

-Je suis désolé pour la chaise... Je t'en rachèterais une si tu veux... Je ne suis pas encore habitué à ce nouveau corps...

Je prenais soin de ne rien toucher, au risque de faire de cet appartement un bloc de pierre qui aurait très certainement été trop lourd pour ce simple petit immeuble de béton.

-Tu pourras dire que tu as un Morgan ici au moins... Donc bon... Pour mon don, il te suffira d'aller dans la première boutique que tu trouveras, et d'y acheter une paire de mitaine en cuir... Cette matière coupe mon pouvoir... C'est de cette manière que j'ai faillit mourir d'ailleurs. Ne me demande pas d'explications, je ne pourrais pas t'en donner, c'est bien la seule matière qui n'a pas la moindre réaction à mon don, je pense que ce sera plus simple que de trouver un engin à l'institut non?

Icare proposa ensuite que je porte une montre capable de me redonner mon apparence humaine, ce qui me soulagea quelque peu. Mais j'avais la désagréable sensation que l'ange voulait à tout prix me réintégrer chez les vivants...

-Écoute Icare... Je n'ai peut être pas été assez clair tout à l'heure... Ne le prend pas mal, mais je ne veux plus vivre en société, c'est du passé pour moi, c'est derrière moi... Je ne pourrais plus revenir en arrière... L'état m'a d'abord jeté à la rue, puis m'a jeté dans la célébrité et la paranoïa, maintenant, tout le monde me croit mort... Je ne veux plus avoir d'ennemis sur le dos... Et j'ai quelques comptes à régler qu'il serait préférable de mettre en œuvre avec l'alibi de mort... Qui est entre autre un super alibi je pense... Trop de personnes m'ont fait souffrir, trop de raclures vivent encore dans les parages et s'en prennent à des personnes telles que moi, qui toutes leur vie ont lutter pour avoir une existence descente, et qui n'ont jamais rien demandé de plus que la tranquillité... Je... Je veux protéger ces personnes là, les vrais humains, et balayer un temps soit peu la crasse qui laisse des types comme Amnésik agir sans le gourou de la lois et mettre à bien leurs plans... Si de tels vices sont capables, alors notre monde est en phase terminale d'un affreux cancer que l'on nomme le mal. Je ne veux plus voir une seule vie détruite par sa faute...

Je marquai un temps de silence, mon ton était monté, presque malgré moi, mais voilà un mois que je trainais une haine horrible en moi, et le simple fait de la délivrer l’apaisait déjà dans mes entrailles. Je ne voulais pas choquer Icare, mais il m'était impensable de vivre à nouveau dans la corruption. Je ne voulais plus en entendre parler. Mon regard de pierre se tourna vers Icare dont le sujet était passé à la restauration... Il est vrai que depuis un certain temps, presque un mois et demi maintenant, mon appétit s'était volatilisé... Je ne ressentais plus la fin, ni la douleur, ni le froid, ni le chaud... Je n'étais qu'un tas de pierre animé par une conscience... Faisant un signe de la main que je n'avais plus fin, je plongeais ma réflexion dans les veinures du bois de la table.

Icare parla alors d'un autre mutant sculpteur, capable de pétrifier des foules... Je ne comprenais pas pourquoi un tel sujet... Y avait-il un message de crainte, de peur... Cette remarque me blessa, mais ma face rocailleuse ne fut animée d'aucune expression de tristesse... Je n'ajoutai rien à cette remarque qu'un simple hochement de tête, Icare comprendra bien que la comparaison avec un monstre sanguinaire avait fait tressaillir mon cœur de solitaire. La montre posée sur la table semblait me narguer... Il me serait ci facile de vivre à nouveau sous le joug de l’État, mais tellement moins bénéfique que d'être son propre guide... Et maintenant que j'avais le choix, il me paraissait évident de tout larguer pour enfin retrouver ma liberté. C'était une évidence... Je regardai Icare, plonger la pizza dans le micro-ondes, sortir quelques boissons sur la table... C'est à ce moment précis que je pris réellement conscience de mon absence du monde... Il y avait comme un vide entre un comportement humain et moi... Je me sentais soudain plus étranger qu'un allien perdu en campagne française... Cette vive découverte me troubla, fit tressaillir tout mes muscles que je ne sentais plus jusqu'à présent... Et soudain, alors qu'Icare était clairement en train de m'observer, mon corps retrouva de sa couleur, de sa vie... Mes doigts bien qu'engourdis retrouvèrent leur teinte rosée, leur tendre mollesse.

Sans rien dire je redécouvrais ce corps de chair, et la sensation que produisait la pierre glaciale qui me servait d'assise...

-Là je ne comprends plus rien... Plus rien du tout...

J'étais humain! Mais pour combien de temps... La dé-pétrification m'était déjà arrivée dans le cimetière... Mais elle avait aussitôt reprit le dessus...

Soudain, mon ventre laissa échapper le plus énorme des gargouillis...

-Je crois que j'ai super faim...

» Coeur de pierre... (pv: Toad)