Le dernier espoir (PV Eline Walsey)

Eline revenait de l'entrainement où elle avait appris à mieux contrôler ces pouvoirs et notamment à arriver plus facilement à stopper son absorption énergétique permanente par la pensée. C'est quelque chose qu'elle arrivait déjà à faire, mais là, elle sentait qu'avec les conseils du profs, cela devenait beaucoup plus facile et rapide. En temps normal, Eline absorbe en permanence une quantité phénoménale d'énergie entrant en contact avec sa peau. Il suffisait que l'on veuille la bousculer pour que la personne ait l'impression de se heurter à un mur. Cependant, même si cet effet n'avait lieu que lors de choc dépassant une simple tape amicale, le fait de ne pas pouvoir arrêter momentanément ce pouvoir avait certains inconvénients. Notamment lors de piqure, les infirmières voulant vacciner Eline n'ont pu enfoncer leurs aiguille dans l'épaule de la jeune mutante, car l'énergie ressentie sur une toute petite surface de sa peau avait été "jugé" par son pouvoir comme suffisamment puissante pour qu'il l'absorbe.

Voilà donc ce que fut le thème de ce petit entrainement et Eline, en retournant dans la salle de détente, essayait de stopper quelques secondes son pouvoir puis de le remettre en marche, puis de le re-stopper et ainsi de suite. Elle regardait ses mains, les fermant et les ouvrant tour à tour:
*J'absorbe, j'absorbe plus, j'absorbe, j'absorbe plus...* pensait-elle en marchant le long d'un couloir.

Soudain, pendant qu'elle n'absorbait plus, elle sentit un choc. Comme si elle était rentrée dans une porte ou un mur. Elle se retrouva allongée au sol, sur le dos. Un géant, un colosse d'au moins deux mètres, se tenait devant-elle avant de lui tendre la main pour la relever avec force. Sonnée, Eline eu du mal à comprendre immédiatement ce que lui dit le colosse. Il avait un affreux accent russe à couper au couteau. D'ailleurs, il ne parlait pas vraiment anglais, juste quelques mots alignés formant des sortes de phrases. Eline était un peu vexée, il lui serait rentré dedans deux secondes plus tôt et c'est lui qui aurait eu une drôle d'impression.

"Je... Désolé... Heuu... Rien cassé? Pas bobos?"

- Euh, nan, ça devrait aller... humf, mais bon, quand même un peu... dit Eline en souffrance se frottant le crâne sur lequel elle était tombée.

Le géant lui tenait la main, s'excusant tant bien que mal dans un anglais toujours plus approximatif. Il était gêné et cela devait empirer ses bafouilles. C'est sûr qu'un autre inconvénient de toujours absorber tous les coups, c'était qu'elle n'était plus habituée à la douleur.

- Vous êtes un nouveau résident, nan ? Je ne vous avais jamais vu ici. Lui demanda Eline voyant que le gros bourru devenait de plus en plus gêné.

Spoiler:

Il avait les yeux foncés, tout comme ses cheveux noirs et son regard sérieux malgré sa gêne. Son nez était digne des plus grands boxeurs ou rugbyman de la planète, écrasé, maltraité et qui a dû recevoir de nombreux coups. Il était habillé simplement : survêtement et sweet rouge ainsi que des baskets blanches. Il disait qu'il cherchait de l'aide où quelqu'un pour l'aider et lui donner des explications. C'est vrai que ses propos étaient un peu flous, mais Eline, pour rassurer le colosse, essaya d'être compréhensive. Que pouvait bien faire un homme comme lui, parlant difficilement anglais, dans une maison comme celle là ?

"Ah, euh, non, je ne suis pas professeur, je suis élève, élève de l'Institut." répondit la jeune femme.

Il lui demandait de l'aider et il voulait savoir si elle pouvait lui expliquer quelque chose qu'Eline n'avait pas très bien saisis.

"Et bien, ça dépend, c'est quoi votre problème ?" questionna-t-elle en souriant au grand russe qui venait de lâcher sa main qu'il tenait depuis un petit moment ce qui l'avait rendu encore plus gêné.

Eline essayait de lui sourire, d'être chaleureuse et de montrer qu'elle ne lui en voulait pas pour la bousculade, car le grand russe commençait à rougir et à regarder ses chaussures lorsqu'il parlait à Eline. Cela faisait bizarre de voir un géant, au physique imposant avoir presque des réactions enfantines face à une femme. D'un côté, cela flattait Eline mais d'un autre, cela l'embarrassait énormément. En effet, ce n'est pas évident de parler avec quelqu'un qui a du mal à parler anglais correctement et qui en plus de ça est intimidé par son interlocutrice qui mesure deux fois moins que lui.

Il reprenait peu à peu une attitude plus digne d'un homme de son gabarit. Les rougeurs étaient passées et il levait à présent la tête. Cela ne déplaisait pas à Eline qui se sentait moins mal à l'aise à présent. Cela avait des effets sur sa diction et son discours qui devenait beaucoup plus compréhensible maintenant.

" Et bien voilà, je suis venu ici pour comprendre mutations génétiques, super-pouvoirs et autres choses comme ça" dit il "Je rencontrer deux adultes d'ici mais personne pouvoir vraiment aider moi."

IIl devait probablement venir de Russie pour chercher cet Institut. Cela deviendrait donc cruel de le renvoyer chercher un professeur qu'il ne trouvait apparemment pas. Mais que pouvait dire Eline, la mutation était un phénomène naturel pour elle, vous naissez mutant ou humains, bien que certaines différences physiques peuvent en devenir la cause, ce n'était en aucun cas une maladie ou une pathologie.

" Peut être vous savoir quelques choses là dessus ?" demanda t'il "Peut être vous pouvoir aider moi Madame...Heu... comment vous appelez vous?"

- Walsey, Eline Walsey Répondis-je. Vous êtes donc mutant, vous savez, ici, nous le sommes tous et grâce aux professeurs de cet Institut, nous essayons de maîtriser ces effets. Quels sont vos pouvoirs à vous monsieur ? Finissait pas demander Eline.

À vrai dire, elle ne saisissait pas très bien les demande de ce colosse, soit il cherchait quelqu'un qui pourrait lui dire s'il est mutant, soit il voulait apprendre à maîtriser ses pouvoirs. Mais s'il voulait des explications scientifiques, Eline n'était pas très calée en génétique et elle voyait mal quelqu'un venir tout droit de Russie pour demander des explications scientifiques. Ils étaient aussi en retard que ça les russes, au point de vue technologique ?

Le destin et la vie d'un homme peut paraître cruel lorsqu'on le compare au sien, c'est ce que se disait Eline en écoutant le récit de Vitaly Bayov, un mutant russe ayant perdu sa famille dans un attentat dont il fut le seul rescapé. Apparemment, il était venu jusqu'aux Etats-Unis pour connaître l'étendue de ses pouvoirs et comprendre lesquels ils étaient. C'est vrai qu'Eline n'était absolument pas la mieux placée pour répondre à ce genre de questions. Il aurait certainement mieux fallu que se Vitaly s'adresse aux professeurs de l'institut. Mais là encore, il avait l'air de ne pas avoir réussi à les trouver. Comme quoi, il y a bien des fois où le sort s'acharne, se disait la jeune femme. Son histoire avait bien entendu attendri Eline qui avait une sorte de pitié pour ce grand bonhomme trimballant sa carcasse soviétique aux quatre coins de la planète. Mais que pouvait-elle faire ? Elle n'était qu'une élève essayant elle aussi de mieux connaître ses dons, de mieux les maîtriser afin qu'ils ne deviennent plus un fardeau dans la vie de tous les jours. Que pouvait-elle répondre et expliquer à Vitaly sur ses pouvoirs alors qu'elle n'en savait pas énormément sur les siens ? Cependant, devait-elle pour autant le renvoyer d'où il venait en lui disant simplement que personne ne peut tout savoir et en lui souhaitant un bon retour ? Bien évidemment pas, elle se devait de l'aiguiller, au moins vers quelqu'un qui pourrait lui expliquer un peu mieux qu'elle et au cas contraire, de tenter de lui en dire un peu plus avec les maigres informations qu'elle pourrait en déduire.

"Et vous, quoi être vos pouvoirs?"

- Oh, c'est pas très simple, disons que je peux absorber certaines formes d'énergie, mais je dois vous avouer que moi aussi je ne connais pas entièrement l'exact nature de mes pouvoirs. D'ailleurs, seule les professeurs où les mutants expérimentés de cet Institut connaissent parfaitement leurs pouvoirs et savent les maîtriser. Tous les élèves que vous avez pu croiser n'en savent pour la plupart que ce qu'ils maîtrisent, c'est-à-dire pas grand-chose. C'est pour cela que cet Institut est là... Expliquait Eline

Que pouvait-elle dire de plus, la vie du grand russe n'avait pas dû être simple et c'était regrettable, mais Eline n'y était pour rien et elle ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie en demandant des détails. Si les docteurs russes n'ont rien pu lui dire ce n'est pas une américaine de dix-huit ans qui allait le faire.

Vitaly semblait soucieux, il voulait en savoir plus sur les pouvoirs de la jeune femme, demandant des précisions. À vrai dire, Eline ne s'était jamais posée toutes ces questions sur son pouvoir et elle se rendait désormais compte qu'elle n'en savait que très peu. Comme si sa curiosité naturelle s'estompait à ce sujet. Son père était mutant, doué d'une intelligence hors du commun, il en savait sûrement plus qu'elle sur ses propres pouvoirs, mais elle ne lui avait jamais vraiment demandé des précisions, comme si elle se contentait de ce qu'elle savait à l'heure actuelle attendant de découvrir peu à peu sa véritable étendue. "Oh, à vrai dire, je ne sais pas vraiment, il semblerait que ce soit principalement les formes d'énergie qui entre directement en contact avec ma peau. Donc, énergie cinétique, thermique et électrique principalement. Mais vous voyez, je n'en sais pas vraiment plus, il faut dire que les occasions pour expérimenter mon pouvoir sont plutôt rares dans la vie de tous les jours." dit-elle en souriant, presque en riant de sa propre ignorance sur ce sujet.

Il ne sembla pas faire réellement attention à tout ce qu'Eline pouvait dire, comme s'il était préoccupé par un autre problème, un autre soucis s'ajoutant encore sur cette vie apparemment vide de tout repos. Il voulait savoir comment elle avait su qu'il était mutant, cette question troubla un peu Eline qui ne saisissait pas bien ce que voulait dire le grand russe. Il ne lui semblait en effet qu'elle n'avait rien deviné du tout, à la limite, déduis, mais rien d'extraordinaire. "Ben, euh... C'est vous qui m'avez dit que vous vouliez connaitre la mutation, tout ça... Alors, je me suis dit que vous deviez être un mutant." Répondis Eline un peu surprise de cette question. Ce grand russe avait posé cette question comme si le fait qu'il soit mutant où que l'on découvre qu'il soit mutant était très important pour sa vie. En tout cas, il n'avait pas tout dit sur le réel sujet de sa venue ici, à l'Institut.

Eline était à la fois étonnée, embarrassée et inquiète. Étonnée, car elle venait de voir Vitaly fondre en larme juste devant elle : un grand costaud, ayant l'air dur, froid, le visage marqué par la vie et semblant ne plus craindre rien ni personne, venait de se mettre à pleurer soudainement devant la jeune femme. Embarrassée également de se retrouver face à un homme à genoux, pleurant et suppliant, mais aussi inquiète, inquiète de l'état de cet homme qui semblait comme en proie à un mal profond et incurable. Cette situation était de plus en plus difficile à croire et à admettre pour Eline : il y a à peine quelques minutes, ces deux personnes ne se connaissaient pas, et maintenant, cétait presque comme si Vitaly suppliait Eline pour qu'elle épargne son existence. Elle ne comprenait pas sur le moment le pourquoi de cette situation et cela la rendait bouche-bée tentant tant bien que mal de saisir les phrases lancées entre deux sanglots par une voix grave et brisée d'un homme en pleur.

Vitaly marqua une pause comme pour reprendre ses esprits. Cela permit à Eline d'avoir le temps de comprendre enfin son discours. Il était champion du monde de boxe et ne voulait en aucun cas que le fait qu'il soit mutant se sache et c'est pour cela qu'il comptait sur Eline pour qu'elle ne dise rien. Mais que pouvait-elle bien dire. Elle s'y connaissait autant en boxe qu'une petite fille de cinq ans passionnée de poupées, autrement dis, pas du tout. On pouvait bien imaginer que cela pouvait être embêtant pour le monde de la boxe qu'il y ait des mutants se faisant passer pour des hommes "normaux" et usant de leurs capacités pour gagner des titres. Mais depuis le temps que le phénomène mutant est connu et reconnu au plus haut sommet des instances politiques. N'y avait-il pas eu déjà des réunions pour statuer sur le problème des sportifs mutants ? Et puis, si personne n'avait remarqué que Vitaly était mutant pendant ses combats, c'est que sa mutation n'était pas très visible, voire indécelable. Si Eline avait deviné qu'il en faisait partie, c'est parce qu'il lui avait presque avoué à demis mots dans un anglais qu'il ne maîtrisait pas très bien. Dans tous les cas, il semblait disproportionné qu'un tel guerrier se mette dans des états pareils pour supplier à une fille de se taire sur la mutation d'un champion de boxe. C'est vrai, il ne lui aurait même pas dit qu'il était champion de boxe, Eline aurait oublié son nom au bout d'un mois.

Vitaly se releva et semblait reprendre peu à peu ses esprits. Il continua son discours plus sereinement après s'être excusé et également après avoir sûrement senti l'incompréhension d'une telle plainte chez Eline. Mais malgré tout cela, Eline se retrouva encore une fois dans l'embarras le plus total. En effet, Vitaly lui demandait désormais ce qu'il devait faire. "Ce n'est pas la peine de vous mettre dans des états pareils, je ne vois pas comment je pourrais faire en sorte que vous soyez déchus de vos titres ou quoique ce soit d'autres. Il y a beaucoup de mutants qui essayent simplement de vivre en harmonie avec les effets de leurs mutations. Si personne n'a remarqué que vous étiez mutant, c'est que, soit vous en êtes pas un, où soit cela ne se voit pas et dans ce cas vous n'avez rien à craindre, enfin, je suppose..."Répondit-elle en restant un minimum chaleureuse pour montrer à Vitaly qu'il ne devait pas s'en faire. Il ne connaissait pas ces pouvoirs, si ça se trouve, il n'est même pas mutant et le fait qu'il soit rescapé est simplement dû au hasard. Combien de fois on entend à la télé des personnes rescapés d'accidents et dont les médecins ne comprennent pas comment ils ont fait pour survivre, cela ne fait pas pour autant d'eux des mutants.

Vitaly semblait mettre le doigt sur des questions bien trop personnels pour qu'Eline puisse y répondre de la meilleure des manières. C'est ce genre de questions auxquelles vous devez trouver vous-même la réponse, en vous. Chaque personne est différente et cette différence nous conduit à agir différemment tout au long de nos vies. En aucun cas Eline ne devait se substituer à la place de Vitaly et influencer ses choix, car Eline n'est pas Vitaly. C'est peut-être bête, mais il semblerait, à en entendre le russe, que cela puisse échapper à quelques-uns. "Eh bien, vous devez d'abord comprendre que je pense que cette décision d'arrêter ou non la boxe tient de vous et je ne peux décider pour vous." Répondis Eline. Au moment où elle disait ces mots, elle sentait au fond d'elle qu'il serait cruel de laisser cet homme comme ça et de ne rien lui conseiller, c'est vrai : quel crime il y a-t-il à donner son avis. "Mais à votre place, j'arrêterais la boxe en t'en que tel, car si pour vous ce n'est pas l'argent qui vous manque, vous pouvez très bien vous lancer dans autre chose hors des combats... Après, si vous ne pouvez vivre sans la boxe c'est une autre décisions, mais je ne peux pas décider à votre place. " Elle marqua une pause avant d'ajouter une note positive : "Je suis sûr qu'au fond de vous vous avez la réponse et vous ferez le bon choix."

Il était dans une drôle de position, il ne pouvait pas annoncer par ces mots où ses gestes qu'il est mutant et donc il se devait d'être un minimum discret. Et puis, s'il continuerait la boxe, il risquerait d'être démasqué et cela pourrait s'avérer plus grave que de faire son "coming out" en disant simplement qu'il ne le savait pas avant. Les choses n'étaient pas simples en effet. Mais au moins, il y avait un point positif, c'est qu'il ne dépendait pas de la boxe pour survivre, il avait beaucoup d'argent pour s'assurer une retraite paisible, d'après ses dires en tout cas.

Eline était en retard, son père l'attendait devant l'Institut pour l'emmener au restaurant et déjà qu'ils ne se voyaient pas souvent, il aurait été fâcheux de rater ce rendez-vous. "Vous m'excuserez, mais... euh... Je dois partir, mon père m'attend. En tout cas, si vous avez d'autres questions, il y a des professeurs au bout du couloir qui pourront vous aider. J'espère que tout s'arrangera pour vous, en tout cas, tenez bon. Au revoir, monsieur Bayov." Dit-elle en prenant congé de ce colosse russe qui venait il y a quelques minutes de la renverser dans les couloirs de l'Institut pour jeunes mutants.

Spoiler: