X-men, le jeu de Rôle
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 Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]

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Lilian D'Eyncourt
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Lilian D'Eyncourt


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MessageSujet: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeJeu 30 Juin 2011 - 17:49

A chaque fois que Lilian se rendait à New-York, il finissait une soirée ici, dans un état trouble, indéfinissable au réveil. La musique ne lui parvenait plus depuis longtemps. Les notes s’étaient fondues dans la rumeur ambiante, et le nuage qui se gonflait au-dessus de sa tête grouillait de syllabes étrangères. Les mots se tordaient, il ne comprenait plus rien. Ses lèvres tiraient machinalement sur le narguilé. L’eau gargouillait dans le tuyau. En face de lui, Mélo, avachi comme un pacha sur des coussins mauves, tétait sa dernière trouvaille, une vodka polonaise piment et miel. Ils s’étaient promis une superbe soirée, mais, finalement, les heures avaient filées et ils n’avaient pas bougé. Minuit rendait l’âme sur l’écran flou de son téléphone portable. Les libations nocturnes se célèbreraient sans lui. Défoncé ou non, il n’avait vraiment pas la tête à rire. Derrière un nuage, Mélo souriait comme un crétin, avec l’air appuyé d’un ivrogne qui a perdu les mots de sa prochaine ineptie.

- Eh Lilian, y’a un truc que je voulais te dire mais… C’compliqué… - Il fronça les sourcils, pouffa sans raison manifeste et capitula en s’exclamant pour la énième fois – J’adooooore cette vodka !
Avec un soupire Lilian tendit le bras pour lui prendre la bouteille et se servir un verre. Il n’était pas d’humeur à partager l’enthousiasme ridicule de son associé. Parfois, ce garçon le désespérait. Il donnait à chaque fête l’impression de passer le plus beau moment de sa vie. Cet endroit était pourtant le royaume de la débauche contrôlée. Il avait déjà vu un millier de nuits semblables et elles lui paraissaient de moins en moins grisantes. Que venait-il encore chercher ici ? Un verre se brisa quelque part, et résonna désagréablement dans un coin de sa tête encore sensibles aux perturbations sonores. Les premiers éméchés se laissaient dominer par la loi de la gravité.
- Eh Lilian ! Je crois que ce que je vais te dire va t’énerver…
, lança soudain Mélo frappé d’une illumination imbécile.
- J’avais justement besoin d’un défouloir…
, souffla-t-il après un jet de fumée.
- Mais quand même, y’a un truc super réjouissant et drôle dans le fait que tu te sois fait larguer…

- Plait-il ?
Demanda Lilian d’un calme soudain plus mesuré. Es-tu certain d’avoir employé le bon terme ?
- C’est clair que ça t’a vexé à mort. Surtout que ça faisait longtemps que t’avais pas rencontré quelqu’un d’aussi bien pas vrai ? Et intelligent malgré ses goûts vestimentaires de pétasse. S’il ne t’a pas lâché alors ça ressemble en tout cas à un désaveu longue durée. T’attends quoi pour le recontacter ?

- Il serait bien idiot s’il m’attendait encore. Personne n’est irremplaçable, mis-à-part moi bien entendu
, ajouta-t-il en traçant l’esquisse d’un sourire cynique sur son visage.

Mélo s’aventurait sur un terrain excessivement risqué. L’alcool et la drogue lui avaient manifestement fait oublier que certains sujets ne devaient jamais être abordés, en particulier lorsqu’ils froissaient sa fierté. Le garçon dont il était question était un artiste newyorkais tout à fait charmant que Lilian avait séduit cinq mois plus tôt. Parfois, il lui arrivait de rompre avec la routine et de garder ses conquêtes plus longtemps, surtout lorsqu’elles vivaient loin de lui. Il ressentait une affection sincère pour ce jeune homme. Son caractère réfléchi et posé n’avait pas réussi à le lasser et il s’était même surpris à penser que cette histoire pouvait durer. Cependant, il n’avait que des rencontres fugaces à lui offrir, rien qui pût satisfaire un partenaire sérieux. L’artiste l’avait devancé, il avait rompu avant, c’était vrai, en arguant que cette relation ne les menait à rien. Mais, après tout, il n’avait fait qu’avancer l’échéance de quelques semaines. En lissant sa fierté et en s’aveuglant de nouveau, Lilian pouvait affirmer après quelques heures de recul que, de toute manière, ce garçon l’agaçait. Désormais, il se rendrait à New-York sans retrouver systématiquement la même personne, n’était-ce pas merveilleux ?
Ces pensées sonnaient creux, il le savait. Le regard aiguisé avec lequel il observait Mélo prouvait qu’il ne lui pardonnait pas d’avoir fait ressurgir le doute au milieu de ses certitudes en annihilant d’un coup sa tranquillité psychotique. Oui, il avait raison, ce garçon – qu’il ne reverrait plus, même s’il l’avait probablement rejeté en espérant une réaction – était une personne rare. Mais il s’éloignait toujours des personnes qui lui étaient trop proches. Son associé avait réussi à conjurer le sort pour la simple raison que, sous ses airs de bon vivant, il avait encore moins de cœur que lui.

- Certes, on ne remplace pas Sir D’Eyncourt
, railla Mélo, quand on le quitte on l’oublie, pas d’autres solution possible ! Enfin… me souris pas comme ça, j’plaisante hein…
- Vraiment ? J’ai plutôt le sentiment que la boisson te rend infect. C’est ennuyeux…

Mal à l’aise, son associé essaya de se rattraper maladroitement, avec une subtilité d’alcoolique parfaitement inefficace. Heureusement, ils ne se disputaient pas souvent. Ils s’entendaient même très bien d’habitude. Hélas, cette nuit, Lilian n’était pas très enclin à l’autodérision… Ou, plutôt, c’était un registre dans lequel personne ne pouvait l’entraîner sans perdre quelques plumes. Il profita d’un instant où l’attention de Mélo s’était tournée vers un homme apparemment appétissant pour verser une dose généreuse d’acide dans sa vodka. Cette soirée, il la terminerait sans lui, en cellule de désintox ou en pleurant sur le trottoir comme un bébé de préférence.
L’esprit en paix, il laissa le jeune homme boire une longue gorgée au goulot, puis il se leva, s’étira, et contourna le jeune homme pour poser une main sur son épaule :
- Je vais m’absenter quelques minutes… Le temps de réfléchir à tout ce que tu m’as dit. Si je ne reviens pas, tu pourras, je pense, commencer à te faire du souci…

L’air ahuri de Mélo ne donnait pas vraiment l’impression qu’il avait compris la teneur du propos. Néanmoins, il savait que cette phrase le travaillait et que la paranoïa le gagnerait rapidement et violemment après tout ce qu’il avait pris. Se croire menacé par un maître du sang devait être réellement terrifiant. Il ne pouvait que lui souhaiter un bon voyage…

Lilian déambula nonchalamment entre les tables. L’amertume gagnait sa gorge et il hésitait à partir à la recherche d’un lieu où l’amusement n’était pas une obligation. Son moral déclinait et il avait laissé la poudre à Mélo. Et s’il changeait tout simplement de décors ? Plutôt que retourner à la Nouvelle-Orléans, il pouvait se payer un voyage à San Francisco, histoire d’oublier les idées morbides qu’il dédiait à son associé bien-aimé. Et, alors qu’il montait les projets les plus insensés, il s’arrêta finalement à la table d’une fille seule au visage presque poupin. Elle dénotait assez dans cette atmosphère sulfureuse pour l’intriguer.

- Me tromperais-je
, dit-il en avançant une main sur sa table, si je supposais… que vous n’êtes pas une habituée des lieux ? Ce qui, au regard du monde qui nous entoure, est, je pense, un compliment.

Il s’installa souplement sur une chaise libre sans attendre de se faire inviter. C’était ainsi, lorsqu’il désirait engager la conversation, il s’imposait avec un naturel sans gêne. Le ton de sa voix était à moitié chantant. L’éclat malicieux de son regard ne laissait rien deviner de sa contrariété. Tout s’effaçait dès qu’il se trouvait une nouvelle distraction.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Dim 15 Jan 2012 - 1:14, édité 5 fois
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Alice Sherman
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeVen 1 Juil 2011 - 22:48

Alice n'en pouvait plus de ces évènements plus étranges les uns que les autres. Après une agression dans un centre commercial, une balle prise dans la poitrine, une prise d'otage dans la salle de bain, Alice n'arriverait plus à encaisser autre chose. Jamais elle ne pensait avoir un jour à subir tout ça. Pas après avoir perdu ses parents et tolérer les maltraitances de sa tante et de sa soeur.

C'était la première fois qu'Alice venait dans ce bar. Elle n'imaginait pas voir des adultes aussi irresponsables dans ce lieu. Pour elle, les adultes ne vont pas dans les bars pour oublier leurs problèmes. Après tout, pourquoi elle serait la seule à venir dans un lieu comme celui-ci pour se changer les idées ? Enfin c'était un peu raté on dirait. Personne ne l'accostait à part des alcooliques, et encore.

Alice était arrivée dans ce bar à 21h. Depuis, elle était restée seule à une table en attendant que l'envie lui prend de retourner à l'Institut. Ni la fatigue, ni même sa peur des autres ne lui apporter le besoin de retourner au dortoir. Alice ne retournerait surement pas à l'Institut ce soir. Elle risquait d'avoir des ennuis avec les x-mens si elle rentrait aussi tard de toute façon.

La jeune fille levait les yeux pour voir les gens s'amusaient autour d'elle. Apparemment, ils avaient des problèmes très importants pour boire autant... Alice remuait la paille de son jus d'orange tout en imaginant les problèmes de ces personnes ivres. Peut-être qu'il avait perdu sa femme, et lui, risquait-il de ruiner sa carrière en refusant un contrat... Peut importe de toute façon, Alice ne pouvait rien pour eux.

A un moment avancé de la soirée, un homme habillé en noir, aux cheveux sombres assez longs, lui adressait la parole. Il était séduisant, il fallait l'avouer. Son regard et sa façon de parler charmait Alice. Enfin un homme qui s'intéressait à elle. Alice souriait, surement par réflexe. Personne n'avait encore osé s'imposer de cette manière. Le jeune adulte supposait qu'elle n'était pas une habituée des lieux. Il avait raison.

"C'est exact. C'est la première fois que je viens dans un bar à New York. affirmait-Alice. A en juger votre accent, je dirais que vous n'êtes pas Américain, je me trompe ?"

En espérant que cette question lance une discussion, Alice ne quittait pas les yeux bleus de son interlocuteur.


Dernière édition par Alice Sherman le Sam 30 Juil 2011 - 18:00, édité 1 fois
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Lilian D'Eyncourt
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeLun 4 Juil 2011 - 21:42

Des rires, des cris, des pas hésitants et un bar rendu invisible par la clientèle assoiffée ; les heures de fête étaient un triste spectacle pour un œil avisé. Plus personne ne se reconnaissait. Leurs voix cassées, rendues vulgaires par la boisson, dominaient la pauvre musique électronique qui pulsait à travers les enceintes. Les filles riaient de plus en plus fort, les hommes s’approchaient avec une lourdeur de moins en moins réprouvée, les mêmes schémas narratifs se répétaient à l’infini. Lilian observait chaque saynète d’un regard morne. Il ne comprenait pas ces idioties lorsqu’il ne les vivait pas lui-même. Cependant, lorsqu’il menait la danse, il s’entourait rapidement d’une dizaine d’inconnus qui se relayaient jusqu’à l’aube. Des visages sitôt oubliés défilaient sans laisser respirer l’ennui. Les rondes de rencontres étaient aussi grisantes que l’alcool, surtout lorsqu’il ne les choisissait pas. C’était ainsi, les gens venaient naturellement à lui. Ils le voyaient et essayaient de l’approcher en espérant attirer l’intérêt d’une personne exceptionnelle. Quelques jeunes femmes, ennuyées par leur interlocuteur, captèrent ses prunelles tandis qu’il passait près d’elle. Il leur retourna un sourire charmeur, fier et condescendant. Ces admiratrices étaient plates. Pour les séduire, il fallait parler sans s’arrêter, se montrer fascinant pour nourrir le vide lamentable de leur âme. Etait-il condamné à jouer ce triste jeu ? La drague facile était sans surprises mais on ne s’en lassait pas plus qu’un rail de coke. L’envolée était bien, même si on se sentait plus vide ensuite en songeant qu’une extase artificielle ne comblait jamais rien.

Ce soir, la distraction semblait légèrement différente. Il fuyait l’agitation en jetant son dévolu sur la demoiselle la plus tranquille de la salle. Assise seule à sa table, avec cet air abattu, juvénile et trop jeune pour la vie nocturne des Etat-Unis, elle ne pouvait qu’attirer l’attention. Il subodorait l’adolescente égarée, et sans doute en délit de fugue. Cette perspective était amusante. Il aimait récupérer les cas désespérés, pour le simple plaisir de se donner le beau rôle. Et il était évident, à regarder la manière dont elle le fixait, qu’il était une sorte de sauveur pour cette petite poupée. Il lisait dans ses traits encore tendre une mignonnerie que la détresse rendait véritablement adorable. C’était là une beauté que les années lui feraient probablement perdre. Mais il ne la verrait jamais qu’au présent, une heure ou plus si le temps le voulait. Pour lors, les choses s’annonçaient bien. Son apparition l’avait captivée. Lilian s’installa en croisant ses doigts gantés de soie sous son menton et écouta sa réponse avec la plus grande attention, le regard profond, un sourire amène étiré sur ses lèvres. La jeune fille confirma ses supputations, elle n’avait jamais mis les pieds dans un bar. Puis, elle lui renvoya la pareille en déduisant qu’il était étranger. Le sourire de Lilian s’accentua. Voilà une entrée qui lui plaisait, il adorait les conversations articulées sur une série de devinettes, aussi simples fussent-elles.


- La première fois…
, répéta-t-il. Je pourrais alors supposer que cette ville n’est pas la vôtre… Et votre oreille fine ne vous a pas trompé. Je vis aux Etats-Unis depuis cinq ans mais certaines habitudes sont difficiles à changer et, en réalité, je crois que l’accent américain n’est vraiment pas fait pour moi.

Il ne précisa pas sa nationalité en estimant qu’elle ne serait pas difficile à reconnaître. Lilian était, comme nombre d’anglais américanisés, très fier de ses origines. Si le nouveau monde était le royaume de tous les excès dont il pouvait rêver, il se gardait bien de vanter l’accent américain. Entendons bien qu’il était supportable mais manquait cruellement de charme.
Sans souligner ce détail – il n’avait pas l’intention de raviver les éventuels élans patriotique de la jeune fille – il enchaîna :


- Et pourrait-on connaître le prénom d’une jeune fille à la dérive dans un bar inconnu qui attend je ne sais quel événement devant un verre de… jus d’orange peut-être ?


Il avait soufflé ces mots sur la partition empesée d’un conteur et son regard s’arrêta sur la boisson de sa nouvelle rencontre. Allait-elle démentir et préciser que de l’alcool s’était mélangé aux fruits ? La logique le voulait. Quel était l’intérêt d’échouer dans un bar pour consommer seule des jus d’orange jusqu’à la fermeture ? Ce tableau était finalement plus pathétique que celui de n’importe quel ivrogne endormi entre dix bouteilles vides. Mais il était aussi amusant, absurde et plutôt touchant.



Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Jeu 4 Aoû 2011 - 17:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeMar 26 Juil 2011 - 13:36

Intéressant. Un homme qui se fait draguer par des femmes magnifiques et qui préfèrent rester avec une jeune femme qui s’habille comme un enfant. Un sourire charmeur, un regard intense et il pourrait être entouré de ses jeunes femmes pour s’amuser avec elle, en toute légalité, jusqu’au bout de la nuit mais apparemment il préfère discuter avec Alice. Elle, une jeune femme pourtant arrivée à New York depuis à peine quelques mois, qui ne sait pas s’amuser, qui ne traine pas dans les bars ou même en soirée…

Alice ne savait pas comment agir avec lui, il est si impressionnant. Elle l’observait tout en essayant de deviner ce qu’il pensait d’elle. Peut être que ce n’est qu’un jeu pour pouvoir ensuite en rire avec ses femmes. Tout en baissant les yeux sur son verre, Alice écoutait son interlocuteur lui parler avec sa voix mielleuse. Il disait vivre aux États-Unis depuis cinq ans et que l’accent américain n’était pas pour lui. * Ce n’est pas plus mal * pensait Alice en souriant.

« Je m’appelle Alice et, il est vrai que cette ville n’est pas la mienne. Je suis née à La Nouvelle Orléans mais mon destin m’a amené à New York. Et vous alors, comment vous nomme-t-on ? »

La jeune fille marquait une pause pour porter le verre de jus d’orange à ses lèvres. Elle réfléchit quelques secondes. Devait-elle mentir en affirmant que son verre ne contenait pas que du jus d’orange ou dire la vérité et peut être passé doublement pour une enfant ? Oh et puis autant dire la vérité. C’est ridicule de mentir. Et puis Alice n’a aucun compte à rendre à jeune homme, pourquoi se justifier de ses actes ?

« Il n’y a que du jus d’orange dans mon verre. Je ne bois jamais quand je n’ai pas d’ami pour me ramener chez moi… C'est-à-dire, très rarement. Puis-je vous poser une question ? »

Alice n’attendait pas vraiment de répondre de sa part, elle allait la poser sa question de toute façon. Et puis, il était là pour discuter non ? Autant lancer un sujet de discussion au lieu de le regarder dans le blanc des yeux toute la nuit.

« Pourquoi est-ce que vous êtes venue me parler ? C’est assez étrange qu’un homme comme vous vient parler à une fille comme moi alors que vous pourriez avoir toutes les filles que vous voulez… »

En remarquant tous les regards insistants que ces femmes posaient sur son interlocuteur, Alice se sentait gênée. Elle n’avait absolument rien de plus qu’elles à part, peut être, sa tenue extravagante. * Rien de bien intéressant * pensait Alice. Son cœur s’harcellerait. Elle se sentait enviée par des femmes bien plus belles qu’elle alors que souvent, c’était elle qui les envier ! Le retournement de la situation est assez surprenant mais amusant aussi. Après tout pourquoi se plaindre ? Il avait choisi de parler avec elle et pas avec une de ces bimbos sans cervelle. Mieux vaut se sentir flattée que gênée.
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Lilian D'Eyncourt
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeJeu 4 Aoû 2011 - 15:43

La piste du lapin blanc était perdue depuis longtemps et Alice avait quitté le pays des merveilles, songea-t-il avec amusement lorsque la jeune femme se présenta. Aussi blonde que le personnage de Lewis Carroll, Alice avait le regard d’une créature qui se refuse encore à grandir. Elle portait sa robe légère de fillette comme une chrysalide de soie à demi éventrée. Loin, à la table à côté, dans ce royaume du vice qui les entourait et qu’ils ignoraient, les autres femmes se pavanaient dans leurs tenues serrées. Elles étaient belles, taillées juste comme il fallait, selon les modèles standard qui souriaient sur chaque affiche publicitaire. Elles ne l’intéressaient pas. Il les avait trop vues. Il les connaissait déjà sur le bout des doigts. Alice était tombée dans un drôle de terrier. Mais ce monde n’était pas plus réel qu’un autre. Ici, les gens aimaient faire semblant. Ils buvaient un verre persuadés par conformisme de vivre un moment exceptionnel. Lilian connaissait bien ces soirées mémorables que l’on finissait par confondre à force de les répéter.
Une autre information lui arracha un sourire enchanté. La demoiselle était originaire de la Nouvelle-Orléans, sa ville de cœur. Lorsqu’il avait fallu trouver un appartement l’année passée, Lilian s’était tout naturellement tourné vers la Louisiane, une terre de feu et de brume, gonflée de légendes, d’absinthe, de démons et de fantômes. Que demander de plus ? C’était un monde pour lui, le dernier exile des êtres décadents.

- Mes patronymes sont nombreux et varient en fonction des rencontres et des années mais il y a néanmoins un qui me poursuit depuis ma naissance, déclara-t-il d’un air énigmatique. On me nomme Lilian, ravi de faire votre connaissance Alice. Je suis quant à moi un anglais expatrié à la Nouvelle-Orléans… un pays sublime n’est-ce pas ?

Alice avait parlé de destin pour justifier sa présence à New-York et il sentait que le sien le conduirait bientôt à prendre un appartement dans la citée qui ne dormait jamais pour préparer un avenir plus brillant. Ses possibilités d’évolution étaient limitées en Louisiane. Sa jeune compagne était-elle venue pour les mêmes raisons ? Il le saurait plus tard. Les questions sérieuses n’étaient pas importantes. Il préférait s’interroger sur le contenu de son verre.
Comme il l’avait supposé, Alice s’était contentée d’un simple jus d’orange, une boisson qui, selon lui, constituait le petit déjeuner d’un enfant sage. L’image lui plut et l’explication qui suivit était tout à fait recevable. Une adolescente seule devait se méfier des rencontres nocturnes… même si un verre d’alcool n’avait jamais fait de mal à personne. Il était prêt à lui offrir un verre lorsqu’elle lui demanda soudain si elle pouvait le questionner. Lilian posa un regard fatalement intrigué sur elle et hocha la tête pour l’inciter à poursuivre. Lorsque les choses se présentaient de cette manière, on s’attendait toujours à une interrogation exceptionnelle et, généralement, la curiosité retombait aussi vite qu’elle était venue. Pourquoi était-il venu lui parler ? Un sourire en coin glissa sur ses lèvres. Il connaissait bien ce genre de question. Ses conquêtes les lui posaient souvent pour se rassurer en recherchant la flatterie. Alice le voyait tel qu’il se montrait, comme un jeune homme charismatique et exceptionnel à qui rien ne pouvait résister. La manière qu'il avait de s'imposer le rassurait. Beaucoup de regards trainaient sur leur table. D’autres filles observaient sans comprendre. Elles attendaient qu’il s’en aille pour l’aborder, il le savait. Son choix semblait incongru et personne ne pouvait croire qu’il envisagerait de finir la soirée avec elle.

- Pourquoi serait-ce étrange ? Je pourrais avoir n’importe quelle fille, en effet… Mais je ne suis pas venu pour rencontrer n’importe qui. C’est une activité ennuyeuse vous savez. Et dire que je suis un homme destiné aux parangons de mode est vexant, ajouta-t-il sur un ton faussement boudeur. Je fuis le trop commun. Alors si vous vous estimez différente, nous pourrions peut-être prendre un verre ensemble. Que diriez-vous d’une bonne chartreuse ?

Il fit signe à une serveuse sans attendre la réponse d’Alice et commanda une bouteille de l’élixir de longue vie couleur d’émeraude. Quel louisianais pouvait refuser la liqueur des immortels ?

- Ne vous inquiétez pas, je ne vous abandonnerai pas sur la route si vous ne vous sentez pas de rentrer seule, ajouta-t-il.

Et quel sort attendait celui qu’il abandonnait ? Mélo ne rentrerait pas ce soir. Il en avait décidé ainsi. Le jeune homme pourrait ramper sur la chaussée toute la nuit s’il le voulait, il n’irait pas le chercher. Selon lui, l’autre mutant ne risquait rien. Son pouvoir le protègerait même s’il n’avait plus toute sa tête. Alice, en revanche, avait tout d’une proie facile pour les rôdeurs des rues. Il ne voyait pas l’intérêt de l’envoyer courir le pavé à plus de trois heures du matin si elle était assez aimable pour le distraire encore quelques heures.
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Alice Sherman
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeMar 9 Aoû 2011 - 17:33

Il se nommait alors Lilian. Lilian, Lys en latin. Alice ne l’aurait jamais appelé ainsi. Comment un garçon pouvait avoir le prénom dérivé d’une fleur ? Vraiment surprenant. Peut-être que ses parents attendaient une fille à la naissance ou tout simplement s’était un prénom qui leur plaisait. Alice avait un peu de mal à assimiler qu’il s’appelle « Lilian ». Elle n’avait jamais rencontré un garçon qui portait ce prénom. Non mais franchement il aurait pu s’appeler Lucas, Jason ou même Arthur ! Bon, passé ce détail il se disait ravi de faire sa connaissance… * Ca reste à prouver. * songeait-elle.

Puis il affirmait qu’il habitait à La Nouvelle-Orléans. Mais alors que faisait-il ici à New York ?? Surement le destin, encore une fois. La Nouvelle-Orléans, un pays sublime selon ses dires. Alice affirmait d’un hochement de tête. Elle ne pouvait pas critiquer le seul endroit au monde où elle se sentait vraiment à sa place. Le seul endroit où elle avait été heureuse… Ce n’était pas le moment de se lamentait sur le passé. Alice allait surement s’entendre avec lui s’il continuait à lui parler de cette façon. Parce qu’elle le savait, il jouait surement un jeu pour mieux séduire mais ça ne la dérangeait pas. C’est ce qu’elle recherchait avant tout en venant aussi tard dans ce bar. Elle recherchait la compagnie d’un jeune homme il ne fallait pas se mentir. Lilian était arrivé au bon moment et il disait exactement ce qu’elle voulait entendre.

Lorsqu’Alice compris qu’il était sûr de lui, elle perdit un peu de sa confiance en elle. Elle n’avait aucun moyen de savoir s’il était sincère ou pas. Il relevait le sujet de la différence. Comment pourrait-on décrire Alice en n’employant pas même une fois les mots « différente » ou spéciale » ? Elle était différente et spéciale notamment par sa façon de se vêtir mais aussi parce qu’elle était une mutante. Enfin Lilian ne devait pas être au courant pour sa mutation. Personne ne l’était avant de la découvrir dans un de ses rêves. Ce n’était pas vraiment un sujet qu’elle abordait facilement et encore moins avec des inconnus.

Lilian commandait alors la boisson qu’il avait choisi sans attendre de réponse d’Alice. Elle n’osait pas protester de toute façon s’était trop tard maintenant. La jeune demoiselle avait changé de comportement. Elle ne le dévisageait plus comme tout à l’heure. C’était à peine croyable, elle évitait de le regarder ! Alice craignait de mal finir après cette soirée. Elle aurait peut-être du rentrer à l’institut immédiatement. Après s’être fait sermonnée, le x-men l’aurait renvoyé dans sa chambre et cette nuit se serait fini bien plus tôt. Mais elle en avait décidé autrement.

Sans franchement croire à la sincérité des dernières paroles de Lilian avant que la serveuse n’arrive, Alice se rassurait. S’il ne la raccompagnait pas comme il l’avait affirmé, elle prendrait un taxi de toute façon. Ca ne serait pas la première fois et apparemment pas la dernière. Voyant que la serveuse arrivait, Alice reportait son attention sur son interlocuteur. Elle n’avait donc pas pu voir cette femme bousculait l’employée. Cette dernière ayant perdue l’équilibre renversait un peu du liquide verdâtre sur sa robe.

« Oh vous alors ! Vous êtes une vraie cruche ! » Lâchait-Alice les larmes aux yeux en constatant les dégâts sur sa robe.

« Je suis désolée mademoiselle j’ai perdu l’équilibre… Je vous rapporte des serviettes pour vous sécher » Disait-elle en jetant un coup d’œil à Lilian.

La jeune employée déposer la bouteille et les deux verres sur la table avant de retourner derrière le comptoir avec hâte. Alice se lamentait en observant toujours les tâches sur sa robe. Bon sang c’est vrai que Lilian est déstabilisant mais quand même pas au point d’en perdre l’équilibre ! Alice détestait franchement cette situation. Elle savait qu’il ne pourrait pas comprendre ses larmes. Après tout en apparence ce n’était qu’une robe d’enfant. Mais pour Alice, s’était beaucoup plus que cela. Cette robe blanche à l’origine était une des dernières qu’elle avait pu acheter en compagnie de ses parents il y a cinq ans. Alice n’avait pas vraiment pris du poids depuis l’achat de ce vêtement et puis la longueur était encore convenable. Elle se mit à pleurer en constatant avec regret que ses tâches ne partiraient surement pas au lavage.

« J’suis désolée… c’est ridicule. » C’était tout ce qu’Alice arrivait à prononcer entre deux sanglots.

Cette situation était vraiment ridicule mais elle ne pouvait plus s’arrêter de pleurer. Elle avait beau essuyer toutes ses larmes d’autres réapparaissaient quelques secondes plus tard.
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Lilian D'Eyncourt
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeJeu 11 Aoû 2011 - 22:40

Une délicieuse inquiétude traversa le regard d’Alice. Après la fascination, l’enfant retrouvait sa lucidité et sa crainte naturelle. Elle pouvait tomber entre les mains de n’importe qui. Le monde de la nuit ne lui appartenait pas. Sa silhouette chétive partait à la dérive sur une mer inconnue. La rive était déjà loin. Elle avait disparu de l’horizon avec le crépuscule et il n’y avait personne pour la tirer vers le bord. Les siens l’avaient déjà portée disparue sous les néons et les ombres de la ville. Elle pouvait croire en la bienveillance d’un sourire avenant ou d’un jeune homme séduisant. Mais, parfois, les démons étaient plus charmeurs que les anges. L’assurance qu’ils diffusaient autour d’eux inspirait la confiance. Ils semblaient forts et bons. Ils prenaient des allures de protecteurs pour les adolescentes égarées. Des jeunes filles s’accrochaient à eux les suppliant de ne pas les quitter. C’était ainsi qu’elles se faisaient abuser la plupart du temps. Lilian s’était souvent présenté sous ces traits, il le savait. Cette nuit ne faisait d’ailleurs pas exception à la règle. Alice le distrayait, il n’était pas venu pour l’aider ou la prendre en pitié. Ce n’était pas lui qui la renverrait raisonnablement chez elle ou qui s’attarderait sur son visage triste. Il l’incitait à rester, à boire, sans penser à mal, sans penser à rien au final. Lui, il voulait s’amuser. Aux premières heures de l’après-midi il serait dans un avion pour la Louisiane, alors que pouvait bien lui faire le destin d’une inconnue ? Il l’endormirait avec ses belles paroles, la bercerait de promesses qu’il ne tiendrait pas, prendrait tout ce qu’elle voudrait bien lui offrir et s’en irait au petit jour comme l’absurde créature de la nuit qu’il était.

La serveuse revint avec la chartreuse en faisant preuve d’une rapidité étonnante. Le bar débordait de client mais elle les avait fait passer avant tous les autres. Ces petits traitements de faveurs étaient fréquents parce qu’on disait de lui qu’il avait un quelque chose d’hypnotique dans son regard et sa voix. Une présence trop imposante pour s’oublier en quelques secondes. Il troublait, sans vraiment le vouloir. Certains disaient qu’il était follement attirant et d’autres, plus rares et souvent plus sensibles, le trouvaient malsain. Il semblait qu’Alice hésitât entre ces deux extrêmes. L’employée en revanche se laissa captiver par ses prunelles océaniques en approchant et, par pur réflexe, il soutint son regard avec cette intensité qui ne le quittait jamais. Bien mal lui en prit ! La jeune femme heurta une cliente éméchée et rattrapa de justesse la bouteille de liqueur au dessus de la pauvre Alice. Cette dernière, visiblement choquée, perdit tous ses moyens et se mit à pleurer. Lilian passa d’une fille à l’autre sans très bien comprendre ce qui se passait. La serveuse semblait désemparée. Il lui fit signe de ne pas s’en mêler et elle s’éloigna confuse. Alice en revanche ne s’arrêtait plus de pleurer pour une raison de plus obscures. Sans songer un seul instant à sa robe défraîchie tâchée, il supposa que la demoiselle était sur les nerfs depuis leur rencontre. Ce monde n’était pas le sien et, si elle avait échoué ici, c’était probablement qu’elle cherchait à fuir quelque chose. Elle n’avait pas l’air bien. Son regard avait parlé pour elle lorsqu’il l’avait croisé pour la première fois. Or, dans l’état de désordre mental qui devait être le sien, la crise de larmes n’était jamais loin. Il suffisait de peu de chose, d’une petite contrariété de rien du tout, et il semblait que l’univers entier s’effondrait.

Il réfuta ses dernières paroles d’un signe de tête et leur servi à boire comme si de rien était. Elle n’était pas ridicule parce que, pour cette fois, il pouvait comprendre les motifs de ses sanglots. Cette explication lui laissait encore une parfaite maîtrise des événements et il quitta son ton théâtral pour entamer une discussion plus intime et moins inappropriée.

- Ce n’est rien… Tout ce bruit, toute cette agitation, je pense que ce n’est pas ce qu’il te faut… Si tu permets que je te tutoie. Tu me semble fatiguée… moralement j’entends, puisqu’à cette heure, il n’y a plus que l’alcool pour nous tenir. – Sur ces mots, il leva son verre de chartreuse et le vida en une gorgée. Puis, il posa une main sur la sienne et poursuivit : - Crois-moi, il n’y a pas grand-chose à trouver ici, mis à part l’oubli, mais je dirais que tu n’es pas encore prête à jouer ce jeu là. Tu n’es pas obligée de rester ici, ma promesse tient toujours si tu préfères être raccompagnée.

Insister pour qu’Alice reste ne servait à rien, il le sentait. Elle n’était pas assez perdue pour s’abandonner à l’ivresse et aux plaisirs indifférents de la chair. C’était une enfant, sans doute tout ce qu’il y avait de plus innocent, et il avait un certain respect pour les êtres encore nimbés de candeur. C’était une essence qui le fascinait parce que, d’aussi loin que remontent ses souvenirs, il n’avait jamais connu cette douce lumière qu’on associait à l’âge tendre. De plus, il n’était pas d’humeur à s’amuser. Cette nuit était maussade et Mélo – cet idiot – avait ravivé des blessures mal refermées. Cependant qu’il pensait à son associé, une agitation anormale se propageait dans le bar. Des murmures inquiets s’élevaient là où il avait laissé le mutant et un homme se précipita vers la sortie en hurlant « Sauvez-vous ! Il y a du sang partout ! ». Plusieurs clients le regardèrent passer sans comprendre quelle mouche le piquait. Lilian le savait très bien et une lueur agacée perça ses prunelles. Mélo était raide, aucun doute possible là-dessus. Et, après leur petite altercation, il se figurait sans doute dans son délire paranoïaque qu’il était revenu pour le tuer ou il ne savait quelle idiotie du même goût. Le problème, c’était que les personnes plus proches de lui furent frappées du même délire et se jetèrent sur ses talons en tenant le même discours. Plus personne ne riait à présent. La peur de trouver un cadavre quelque part dans le bar jeta le trouble et chaque regard ricochait avec frénésie aux quatre coins de la pièce. Seul Lilian ne semblait pas perturbé par l’étrange scène qui venait de se passer…

- Ne t’inquiète pas c’était… un ami, acheva-t-il après une hésitation. Il a malheureusement tendance à finir ses soirées dans un état assez lamentable. Trop de stress je suppose… Nous travaillons beaucoup lorsque nous sommes à New-York…

Il aurait préféré laisser Mélo en dehors de cette histoire mais, après tout, il était responsable de son coup de folie… Le froid jeté dans le bar passa aussi vite qu’il était venu. La population était trop éméchée pour s’inquiéter longtemps des délires de quelques drogués (version rapidement colportée entre les tables). Quelques rires éclatèrent à nouveau et les discussions recouvrirent la musique que tous avaient oubliée depuis longtemps.
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeDim 14 Aoû 2011 - 16:21

Alors que tous les souvenirs douloureux de son enfance lui revinrent en mémoire, Alice tentait de se calmer. Cela ne servait à rien de pleurer devant un inconnu qui ne savait rien de ce qu’elle avait vécu. Elle savait qu’un jour ou l’autre elle allait pleurer en repensant à ces épisodes de son existence qu’elle aurait préféré oublier. Tous ces morts, toutes ces prises d’otage, tous ces déménagements. Alice n’en pouvait plus… Lilian justifiait ses sanglots par le bruit et l’agitation. Il était bien loin de la vérité… Le bruit n’était pas un problème, à l’institut il y avait trois fois plus de bruit en pleine journée. Mais il avait raison sur un point : sa fatigue mentale.

D’un geste lasse Alice repoussait son verre de Chartreuse vers lui. Elle n’en voulait pas. L’alcool devait être consommé dans la joie et la bonne humeur selon elle. Ce n’était pas son état d’esprit alors elle préférait renoncer. Une fois légèrement calmée, Alice essayait ses joues encore humides. Ses larmes s’étaient arrêtées d’elles-mêmes mais cela ne voulait pas dire qu’Alice allait mieux. Lilian semblait vouloir la rassurer en utilisant un discours calme et apaisant. Il avait même disposé sa main sur la sienne. Mais au fond Alice ne savait pas vraiment ce qu’il voulait. Après tout elle ne le connait pas. Il s’était imposé dans sa vie comme si le destin l’avait souhaité. Cependant, Alice ne faisait plus confiance au destin. Elle ne faisait plus confiance à grand monde d’ailleurs.

« Tout ce que je veux c’est rentré chez moi vous avez raison… Mais c’est impossible. » Finissait-elle par articuler après quelques instants de réflexion.

Alice reprit d’une voix plus assurée en regardant la main de son interlocuteur encore posée sur la sienne.

« C’est très gentil de votre part de vouloir me raccompagner mais ce n’est pas vraiment nécessaire. A moins bien sûr que vous vouliez rester avec moi assis devant les grilles clauses de mon internat. Mais je crois que l’on est mieux ici… Au moins on est au chaud dans cet établissement. »

Puis, après avoir prononcé ces dernières paroles Alice attrapait la main du jeune homme. Elle examinait en silence le gant blanc qui recouvrait merveilleusement les longs doigts de Lilian. Il faisait assez chaud pour ne pas porter des gants en cette saison… * C’est étrange * songeait-elle. Les seules personnes qui portaient des gants toute l’année étaient des déséquilibrés mentaux… des extravagants… des drogués pour masquer les injections… ou des mutants. Alice espérait ne surtout pas être tombée sur la première catégorie. C’était celle qui lui faisait le plus peur. Enfin elle n’aurait pas apprécié se retrouver à côté d’un drogué non plus…

Puis des bruits plus importants se firent entendre. Un homme hurlait qu’il y avait du sang partout et qu’il fallait se sauver. Alice ne comprenait pas tout à fait son raisonnement. Pourquoi il aurait fallu se sauver s’il y avait du sang partout ? Elle relevait les yeux pour le voir s’enfuir en compagnie d’autres personnes puis elle dirigeait de nouveau son attention sur le gant. Lilian affirmait qu’il connaissait cet homme probablement drogué. Il s’agissait même d’un de ses amis. Alice voulait savoir s’il était lui aussi un drogué alors elle cherchait un moyen de lui retirer son gant sans pour autant paraitre agressive bien sûr… La demoiselle prétextait la chaleur.

« Il fait assez chaud comme ça pour ne pas garder vos gants ici je crois. » Et elle ôtait rapidement le gant sans attendre de justification de sa part.

Des tâches rouges, ou plutôt des tracés assez réguliers, recouvraient une bonne partie de sa main. Alice hésitait à poser des questions. Elle gardait le gant dans sa main tout en vérifiant visuellement qu’il ne s’agissait pas d’un tatouage. Visiblement ce n’était pas le cas. Alors, Alice réfléchit : il n’était pas un drogué puisqu’aucune trace de piqûres n’étaient distinctes… ni un déséquilibré mental parce qu’ils ne parlent pas aussi bien que lui… Deux choix s’offraient alors à elle. Elle pouvait le considérer comme un extravagant ou comme un mutant. * Il peut être les deux * imaginait-elle. Alice levait alors des yeux chargés de soupçon vers lui en lâchant enfin sa main.

« Je crois avoir compris. Vous êtes …différent » Disait-elle à voix basse.

Son dernier mot pouvait très bien signifier son extravagance tout comme sa mutation. Si Lilian était effectivement un mutant il comprendrait ce qu’elle voulait dire. Sinon il pouvait très bien prendre ses paroles comme une remarque à son excentricité. Alice savait que ce mot marchait dans les deux sens. Elle n’avait pas besoin de rajouter quoi que ce soit. C’était plutôt à lui de se justifier… ou pas.
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeMar 23 Aoû 2011 - 23:31

Il détestait voir les gens pleurer devant lui. Lilian pensait que la tristesse était trop personnelle pour être exposée en public. Eclater en larmes, aux yeux de tous, était une faiblesse qu’il ne s’était jamais autorisé, même si ses amants l’avaient parfois retrouvé dans des états lamentables. Il préférait oublier ces découvertes impudiques. S’il connaissait les états qui menaient aux sanglots, les nerfs écorchés, la détresse des sombres pensées, il attendait des autres une parfaite maîtrise du corps. Leurs blessures intérieures n’avaient pas besoin de couler. Cela les regardait. Le voir, c’était entrer au cœur des problèmes, comme si on vous poussait à travers une baie vitrée. D’ordinaire, le jeune homme fuyait les âmes trop fragiles. Il n’avait pas de mots pour aider à guérir et il n’avait pas le temps de s’intéresser aux autres. Il avait assez à faire avec lui-même, avec toutes les questions existentielles qui l’obsédaient en permanence. Si Alice ne s’était pas calmée toute seule, il aurait probablement trouvé une excuse pour la laisser en plan. Il n’était certainement pas venu ici pour consoler une gamine perdue. Les charmes de la vulnérabilité enfantine avaient leurs limites. Les paroles que l’on pouvait adresser à des personnes en détresse le mettaient souvent mal à l’aise. Il ne se sentait pas à sa place dans le rôle du bon samaritain sensible. Ce n’était pas assez amusant à son goût.

Heureusement, ses paroles poussèrent la demoiselle à ravaler sa peine. Elle se montra néanmoins plus défiante vis-à-vis de lui. La main qu’il avait posé sur la sienne la laissa dans le doute. Elle hésita mais ne le repoussa pas, se contentant de l’observer en expliquant qu’elle était coincée dehors pou la nuit. Lilian l’écouta avec une gravité de circonstance mais il souriait intérieurement. La petite avait fugué, c’était encore plus inconscient qu’il ne le pensait. Quelle idée avait-elle dans la tête en trainant dans les quartiers nocturnes jusqu’à une heure avancée de la nuit ? Le bar fermait dans une heure. Ensuite, il ne resterait que des soirées privées ou des boîtes dont elle ne connaissait probablement pas les adresses. L’autre solution était d’attendre que le soleil se lève en déambulant dans les rues parmi quelques fêtards éméchés, en priant pour ne pas croiser l’ombre du loup.

- Je parlais simplement de vous conduire chez vous, dit-il sur un ton léger en retrouvant le vouvoiement. Si les grilles sont fermées, c’est une autre histoire… Néanmoins, ce problème finira bien par se présenter…

Il haussa doucement les épaules. Si la suite de cette conversation se passait bien, il aurait probablement une solution à lui proposer. Le cas échéant, il la laisserait se débrouiller. Alice s’était mise dans une situation trop compliquée pour lui. Il ne pourrait pas l’assister jusqu’au bout de la nuit. De toute manière, leur rencontre était improbable. Il ne lui devait absolument rien.
Ses réflexions furent interrompues par la sortie burlesque de Mélo. La panique qu’il instaura dans le bar l’éloigna de sa discussion. Il observa la scène d’un regard très concentré. Ces dérapages lui faisaient toujours craindre quelque drame malheureux. Lorsque le pouvoir du mutant se déréglait on ne pouvait jamais prévoir les réactions des humains qu’il touchait. Ainsi, Lilian sentit à peine les doigts d’Alice sur ses gants de soie. Il la laissa examiner sa main sous toutes les coutures avec la mollesse d’un homme endormi. L’esprit ailleurs, il ne remarqua pas ce changement d’attitude en lui présentant son compagnon de la façon la plus neutre possible. Puis, son attention fut à nouveau détournée par le retour d’une victime déboussolée. La jeune femme revint dans le bar en ouvrant de grands yeux hébétés. Elle ne comprenait manifestement pas ce qu'il venait de lui prendre. Cependant, elle fit glisser un regard soupçonneux sur lui, comme s’il était mêlé d’une manière ou d’une autre à son trouble… Lilian se retourna. Il valait mieux ne pas se faire remarquer pour l’instant.
Lorsqu’il revint à la table, Alice déclarait qu’il n’était pas besoin de garder ses gants à l’intérieur… et elle lui retira celui qui recouvrait la main qu’il lui avait présenté.

Lilian ouvrit la bouche un temps trop tard pour protester. Il ne s’était absolument pas attendu à un coup en traitre de la part d’une jeune fille à l’allure si réservée. Que lui avait-il pris ? S’il en croyait ces dernier propos, Alice agissait beaucoup par impulsion. Il la rangea rapidement du côté des gens instables dont il fallait se méfier. Sa réaction l’avait pris de court. Il lui laissa examiner sa main, vaincu par une ruse dont il aurait pu se prémunir. Essayer de la cacher maintenant ne servirait qu’à exacerber sa curiosité… Alors il redécouvrit à travers son regard surpris ces marques qu’il détestait tant. Il avait souvent essayé de les justifier en évoquant une allergie quelconque, une marque de naissance, ou une chose rationnellement acceptable par une personne qui n’en avait finalement qu’après son sexe. Parfois, on lui avait demandé s’il se piquait dans les mains, ce qui le faisait évidemment passer pour un toxicomane aggravé. Mais, ceux qui avaient l’œil voyaient tout de suite qu’il était… différent. Différent oui, tel était aussi le mot d’Alice. Et, lorsqu’il leva un regard vers elle, il comprit qu’elle connaissait très bien, tout comme lui, la portée de ce mot. Au fond, il aurait donné n’importe quoi pour effacer cette différence. Etre un mutant n’était pas déplaisant. Il serait stupide de se sentir honteux d’appartenir à une espèce évoluée. Mais, ce pouvoir était insupportable.

- Peut-être… répondit-il simplement en tournant sa paume vers lui.

Il y avait aussi une réponse à tout le mal qu’il pensait de ce pouvoir, une autre raison aux gants qui couvraient ses mains, plusieurs cicatrices verticales sur la peau tendre du poignet. Aujourd’hui, il n’y avait plus que de fin liserés blancs, des marques en relief fendues au milieu. Mais Alice n’avait vu que le dos de sa main. Elle ne pouvait pas savoir. Un sourire désabusé passa sur ses lèvres. Sûr qu’elle allait le traiter de monstre, il lui présenta à nouveau sa main et laissa suinter, l’espace de quelques secondes, un sang luisant le long des sillons rouges. Et, comme si le doute était encore possible, il demanda avec ironie ?

- Qu’en dites-vous ?

Peu disposé à exposer sa main plus longtemps, Lilian remit son gant et souffla d’un ton beaucoup plus fermé : « Mais vous n’aviez pas besoin de voir ça. »


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Ven 16 Sep 2011 - 14:47, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeLun 12 Sep 2011 - 9:21

Lilian ne confirmait pas qu’il était différent. Cet homme était vraiment spécial. Il savait cultiver le mystère sur sa personne. Cependant, Alice avait très bien déchiffrée ce « peut-être ». Il était différent et il savait qu’elle comprenait le bon sens du mot. Quels mutants ne comprendraient pas le mot « différent » dans ce sens ? Aucun. Alice fixait la main du jeune homme. Le sang traversaient les traces rouges sur ses mains. Elle ne réagit pas de façon excessive, seul un sourire se dessinait sur ses lèvres. Ce pouvoir lui était inconnu. On lui avait dit que le don dérivait selon la personne et c’était la preuve. Le pouvoir d’Alice était plus dans l’esprit, celui de Lilian était bien plus physique. Alice pouvait encore le maintenir secret alors que pour Lilian c’était plus difficile. Elle comprenait maintenant pourquoi il préférait cacher ses tâches sur ses mains. Des traces peu gracieuses pour un homme aussi charmant. Puis, il demandait ce qu’elle en pensait. Rien de bien méchant. Non, elle ne partirait pas parce qu’elle avait appris qu’il était un mutant. De plus en plus de gens se découvraient un don de nos jours. C’était presque normal de croiser des mutants dans une si grande ville. Son sourire s’agrandit et elle dit :

« Ce que j’en pense ? Je trouve ça merveilleux ! C’est tellement dommage que les personnes comme nous soient hais pour leur différence… »

Alice ne pouvait pas comprendre les personnes qui haïssaient la différence, comme sa tante par exemple. Tout ce qui est différent n’était pas toujours dangereux ! La différence était tellement fascinante… C’était sûr que certains mutants pouvaient être dangereux mais ils n’étaient pas tous comme ça. Bon nombre voudrait vivre normalement parmi les humains sans forcément avoir des ennuis avec ces derniers. Ce serait tellement plus simple d’être accepté comme on est mais dans cette société il semble que ce ne soit pas possible. Les jugements sont si fréquents qu’on se croirait dans un palais de justice en permanence. Lilian déclarait qu’elle n’avait pas besoin de voir ça… Et pourquoi pas ?

« Pourquoi ? Vous ne devriez pas avoir honte de ce que vous êtes. Nous sommes tellement nombreux que c’est une normalité maintenant. La société doit nous accepter et vous aussi vous deviez vous accepter telle que vous êtes. Vraiment Lilian, ce n’est pas votre pouvoir qui fait ce que vous êtes. Ce n’est qu’une petite partie de vous. »

Alice parlait de la mutation comme si c’était normal. Peut-être que des personnes dans le bar allait l’entendre. Non, ils étaient bien trop occupés par leur discussion… La jeune fille reprit la main qu’il avait re-ganté au préalable et elle la serait entre les siennes. Il avait réussi à la mettre en confiance, c’était maintenant à elle de faire de même. Après tout, il ne se connaissait pas tant que ça il était donc normal qu’elle essaye de le connaître d’une manière ou d’une autre. De savoir qu’il était un mutant lui avait permis de se faire un bien meilleur avis sur lui. Il avait un autre point commun. Après le même amour pour La Nouvelle-Orléans, elle découvrait qu’il était un mutant. Ils n’étaient pas si différents visiblement. Enfin, il était peut-être tôt pour les comparer. Alice souriait au jeune homme d’une façon compatissante.

« Rassurer vous, je n’ai pas peur de vous. Je ne vois pas pourquoi je devrais vous craindre. Et puis, on ne va surement jamais se revoir alors pourquoi je devrais écourter ce rendez-vous improvisé ? »

Il n’était pas dans l’habitude d’Alice de rejeter les gens qui s’intéressaient à elle. Et puis, elle s’était un peu attachée à lui. Jamais elle ne lui aurait avoué de peur de le faire fuir mais c’était pourtant la vérité. C’était vrai, ils ne se connaissaient pas plus que ça mais elle s’en fichait. Pour elle, pas besoin de connaître par cœur les réactions de quelqu’un pour savoir si on est attaché à lui ou pas. C’était clair, Alice voulait le revoir. Lilian n’allait peut-être pas s’attarder avec une gamine comme elle et dans ce cas là, ce sera tant pis pour lui… Elle essaierait de garder contact mais après ce sera à lui d’accepter ou pas.
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeVen 16 Sep 2011 - 17:44

Peu de personnes connaissaient sa petite particularité, et pour cause, il appartenait à cette catégorie type de mutants que les humains rejetaient. Son pouvoir était terrifiant. Les marques rouges qui sillonnaient sa peau n’étaient qu’un motif funeste. Il avait tué malgré lui, et il portait ce fardeau depuis l’adolescence. S’il n’avait pas su maintenir son don dans le secret le plus absolu, la vie dont il jouissait n’aurait jamais été possible. L’avenir n’était pas aux meurtriers précoces. Aucune institution sérieuse n’aurait voulu de lui. Il se serait retrouvé avec les parias, ces mauvais mutants défigurés qui rongeaient chaque jour leur rancœur. Son monde était lumière. Il préférait mentir plutôt qu’accepter sa condition. Les problèmes des mutants ne le concernaient pas, il les ignorait délibérément. Mélo le soutenait pour continuer à soumettre les hommes à ses caprices. En un certain sens, il enviait ses talents d’hypnotiseur. Ils trouvaient leur utilité chaque jour. Quel intérêt y avait-il à maîtriser le sang, à moins de vivre au milieu des guerres de clans ? Il lui arrivait d’utiliser son pouvoir pour affaiblir les empêcheurs de tourner en rond, mais ce n’était qu’un acte désespéré face à une situation qui ne pouvait se régler à travers une érudition de haute volée.

Autre chose le dérangeait. Sa mutation était de plus en plus vorace. Il devenait de plus en plus difficile de continuer à vivre comme si elle n’existait pas. Un manque insidieux finissait par s’emparer de lui. Il avait essayé de le combler avec des drogues dures, et il avait cru, pour une courte période, que son addiction était celle d’un simple camé. Les illusions étaient tombées la nuit où la chair d’une amante de passage l’avait attiré avec une force telle qu’il l’avait vidée de son sang. Depuis, il se nourrissait à petites doses sur tous les corps qui l’approchaient. Il n’était pas encore assez cynique pour risquer un autre accident. La liste était déjà trop longue.
Alice n’avait pas la moindre idée de l’horreur qui bouillait dans ses veines. Elle souriait, jouait les personnes tolérantes, mais il n’y croyait pas un seul instant. Personne ne pouvait qualifier cette mutation de « merveilleuse » une fois qu’il en connaissait les subtilités. Qu’était-il sinon un genre de sangsue humaine ? Le problème n’était certainement pas celui de la différence. Il eut un sourire désabusé. Il s’était toujours appliqué à sortir des sentiers. Les gens qu’il fréquentait en dehors du monde professionnel étaient des marginaux assumés, gène x ou non. Il comprenait la fierté qu’il y avait à être mutant, et il acceptait très bien cet état de fait. La certitude de ne pas être biologiquement comme les autres, d’avoir quelque chose en plus, tout cela lui allait très bien et il n’aurait retrouvé son humanité pour rien au monde. Alice tenait de beaux discours, mais ils étaient vains. Elle n’avait pas pris la mesure de ce qu’il venait de lui montrer impliquait.

- La société serait stupide de m’accepter, trancha-t-il d’une voix doucereuse. Le gène X est une chose merveilleuse, mais finalement, ce n’est qu’une grande loterie où les prix ont été définis dans le chaos le plus complet. Quand vous recevez un cadeau abominable, vous le jetez. Que faire lorsqu’on vous l’a greffé de force ?

Il ricana brièvement, sans chercher à expliquer les raisons de sa position. Il n’aimait pas en parler. Il ne s’épanchait pas sur lui d’une manière générale, même avec de inconnus qu’il ne devait pas revoir. La seule chose qu’il retenait vraiment de ce discours touchant était qu’Alice lui ressemblait plus qu’il ne l’avait pensé. Quel était son pouvoir ? Il était prêt de le lui demander lorsqu’elle prit sa main dans un geste qui se voulait rassurant, comme il l’avait fait avec elle quelques minutes plus tôt. Cette situation était troublante, car il ne savait jamais comment réagir en de pareils cas. Il ne comprenait pas ces manifestations d’affection. Incapable de les donner, il ne savait pas non plus les recevoir. Pourtant, il ne se déroba pas tout de suite. Le lien qui se créait entre eux était intéressant. Ils partageaient soudain une intimité inattendue et il aurait été dommage de la briser trop vite. Que voulait-elle vraiment ? Lilian n’arrivait pas à le définir. Les filles qui le faisaient passer pour meilleur qu’il ne l’était et pouvaient voir son pouvoir sans s’effaroucher participaient toujours au jeu de la séduction. Elles savaient qu’elles le voulaient et se fichaient du reste. Lui plaire était tout ce qui leur importait. Souvent, elles visaient plus qu’une nuit de débauche, elles essayaient de prendre la place qu’aucune n’avait encore gardé plus de quelques semaines. Elles s’imaginaient meilleures que les autres, comme elles se trompaient ! Lorsque leurs indiscrétions le lassaient, elles restaient seules face à l’échec, à la certitude douloureuse d’avoir consumé l’espoir en vain. Alice se comportait d’une manière qui ne semblait pas autant calculée. Sa démarche était plus naïve. Sa bonne volonté le déroutait assez. Alors, lorsqu’elle affirma qu’elle ne le craignait pas, il lui lança avec un regard malicieusement provocant :

- Si je craignais de vous voir fuir, je ne vous aurais rien montré. Mais si vous me connaissiez vraiment, je gage que votre opinion changerait.

Il retira doucement sa main, son sourire avait quelque chose de reptilien. Alice avait pris un ascendant qu’il lui retirait. L’ennui, lorsque la discussion se tournait sur lui, était qu’il n’arrivait plus à mener le jeu comme il l’entendait.

- L’ami qui nous a quitté bruyamment tout à l’heure a don assez fantastique pour jeter le désordre dans les esprits…, expliqua-t-il en feignant de reprendre une conversation abandonnée. Et votre différence, comment se manifeste-t-elle ?

Il croisa les doigts sous son menton et fixa la jeune fille d’un regard pénétrant. Lilian fréquentait peu de mutants. Il était rare qu’il se manifestât auprès de ceux qu’il identifiait. S’il gardait de bonnes relations au club des damnés, elles n’avaient jamais dépassé ce cercle. Il voyait les autres mutants comme un prédateur perçoit ses semblables : chacun son territoire. Découvrir un nouveau mutant, avait néanmoins toujours quelque chose de fascinant. Il lui semblait que les frontières du possible s’étiraient à chaque fois. Après tout, sa rencontre avec Mélo avait donné lieu à une alliance grâce à la complémentarité de leurs pouvoirs et de leurs caractères.


Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Sam 24 Sep 2011 - 16:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeMar 20 Sep 2011 - 15:47

Alice compris très vite qu’elle venait d’entrer dans une discussion peut apprécier de son interlocuteur. Elle savait que les mutants détestaient parler de leur pouvoir mais elle ne comprenait pas. Pour elle, c’était un cadeau qu’il fallait plus vénérer que de rejeter. Enfin, elle n’avait pas à se plaindre sur la nature de son pouvoir. Tout se passer la nuit dans les songes. Les personnes touchées par son don pouvaient très bien croire qu’il s’agissait juste d’un rêve plus bizarre que d’habitude rien de bien grave. Quand au pouvoir de Lilian, la jeune fille ne savait pas vraiment en quoi il consistait. Cela semblait plus complexe que son propre don. Pourtant elle n’osait pas poser des questions pour en savoir plus voyant qu’il était plus mal à l’aise que tout à l’heure. Enfin mal à l’aise n’était pas vraiment le bon terme, il était plus distant quand on abordait tout ce qu’y le toucher personnellement. Elle l’avait remarqué mais ne comptait pas changer de sujet aussi rapidement. Il lui plaisait et donc elle s’intéressait à lui. C’était plutôt rare que la demoiselle insistait pour en savoir plus sur quelqu’un. La plupart du temps, elle laissait les gens se dévoilaient d’eux-même mais là, le seul souci c’était qu’elle avait presque la certitude de ne plus jamais le croiser. Il habitait à La Nouvelle-Orléans selon ses dires et puis elle ne savait pas son nom en entier donc il lui serait difficile de le recontacter. Puis, il affirmait que la société ne devrait pas l’accepter à moins d’être stupide et que le gène X était une grande loterie. Il avait raison mais elle n’était pas là pour le rendre encore plus réticent alors elle décidait de continuer sur sa lancée pour le raisonner à sa façon.

« La société est stupide de toute façon. Et puis, si moi j’arrive à vous accepter pourquoi les autres ne pourraient pas ? » Elle se tut quelques secondes avant de reprendre de plus belle sur son le même ton rassurant : « De tout façon, face à un « cadeau » comme celui là, il vaut mieux accepter parce qu’en le rejetant, la vie ne sera que plus dure. Il gagne toujours et tout ce qui font comme s’il n’était pas là ne perde rien pour attendre… »

Son discours était bien mystérieux. Elle-même se demandait d’où elle pouvait sortir de telle chose. Lilian restait sur le sujet du pouvoir tout en confirmant que s’y elle le connaissait vraiment son avis changerait. Peut-être… Rien n’était moins sûr. Alice était très tolérante et elle comprenait beaucoup de ces choses que les adultes faisaient parfois pour se protéger des autres, pour se faire apprécier des autres ou encore pour garder son emploi. Lilian semblait plus vouloir garder son espace intime rien que pour lui. C’est-à-dire que son enfance, ses habitudes, son travail, etc. devaient être gardé secret pour ne pas que les inconnus s’y engouffrent sans sa permission. Son jardin secret semblait beaucoup plus important que celui d’Alice.

« Je ne demande que ça de vous connaître plus. Je sais qu’il est presque impossible qu’on se revoit mais je garde quand même un peu espoir. »
Il retirait sa main et il réorientait la discussion sur quelque chose qui ne le concernait pas directement. Alice comprenait que cela allait être dur d’en savoir plus. La discussion reprit sur l’ami qui les avait quittés un peu plus tôt. Il était donc un mutant lui aussi… Puis, de façon rusée, Lilian lui demandait en quoi consistait son pouvoir. Elle avait l’impression qu’il ne posait jamais les questions directement. Peut-être pas assez théâtrale pour le grand Lilian ! Enfin, elle préférait lui dire directement. Ce n’était pas son truc les discours réfléchis pendant des minutes entières pour paraître intéressante. S’il la trouvait intéressant c’était pour ce qu’elle était et non pour ce qu’elle racontait.

« Hum… Comment expliquer ça ? Ce n’est pas quelque chose que je peux déclencher pour me défendre. C’est plutôt quelque chose que j’utilise la nuit pour découvrir les pensées des autres ainsi que leurs envies cachées à travers leurs songes. »

Elle trouvait que c’était plutôt bien résumé. On pouvait croire que son pouvoir ne servait à rien sauf que c’était faux. Les rêves étaient la clé du subconscient des gens. Elle pouvait théoriquement déceler les parties les plus cachées d'une personne. Connaître son passé en les manipulant ou bien leur intention… Alice n’avait pas encore essayé la dernière partie. C’était encore un peu trop compliqué pour une novice. Son pouvoir, elle ne l’utilisait pas de façon poussée assez souvent pour tenter de nouvelles expériences. Peut-être que dans le cas de Lilian, s’il arrivait à se retrouver dans un de ses rêves, elle pourrait en apprendre plus sur lui sans son accord. Dommage qu’elle ne choisisse pas dans quel rêve elle veut se retrouver.


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Lilian D'Eyncourt
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeSam 24 Sep 2011 - 17:11

Le monde est stupide, les gens sont idiots, le système est à renverser. Mis à part les déficients mentaux et autres incultes qui ingurgitaient tout ce qu’on leur donnait, comme un chien ouvre la bouche devant ce qu’on lui jette, ils tenaient tous le même discours. L’époque dans laquelle nous vivons est exécrable mon bon ami. Le bêlement du mouton ressemble à une lamentation. Il suffit pourtant de le mordre pour le faire rentrer dans le rang. Qu’est-ce que la plainte sinon une impression de liberté ? Ils étaient contre la société, avec tous les autres. Lilian savait que rien ne changerait jamais. Il ne portait pas la nature humaine en très haute estime. Il n’y avait un homme meilleur qu’un autre. Certains parlaient bien. Alice martelait ses mots avec force de conviction. Elle pensait agir pour une juste cause, mais il connaissait ce type de poncifs. On les lui avait déjà servis. Et qu’avaient-ils résolus ? Il pouvait vivre encore plus égoïstement qu’il ne le faisait. Sa mutation lui donnait un ascendant mortel sur les faibles créatures qui l’entouraient. Quelle satisfaction aurait-il à rendre son âme noire comme l’onyx ? Un sourire ironique glissa sur ses lèvres. Les ignorants étaient mignons lorsqu’ils se gorgeaient de bonnes intentions. Le jeune homme gardait l’esprit fermé. Embourbé dans ses convictions, il faisait la sourde oreille depuis l’adolescence, riait au nez des bons conseils et tranchait les ailes de ses sauveurs. Sa rhétorique acérée ne laissait jamais aucune chance de l’approcher. Le chemin qu’il se traçait n’était pas le plus heureux, mais il ne voyait pas d’autres possibles. Il marchait sur les épines avec une indifférence de fakir.

Alice répondait au défi qu’il lui avait lancé dès les premières paroles. Elle avait senti le mystère qui l’entourait. Sa conversation s’enroulait et se détournait sans cesse. Sinueuse, elle se courbait dès que la phrase prenait de l’intérêt. Lilian s’amusait toujours de cette façon avec ses interlocuteurs. Le but de la partie était de ne jamais se faire coincer. Parfois, il se mettait volontairement en difficulté. Plus la personne était habile, plus il se dévoilait. Mais, en réalité, les informations qu’il offrait à l’autre n’étaient rien en comparaison de tout ce qu’il apprenait de son côté. La manière dont ils se débattaient pour percer son bouclier était souvent très révélatrice. Le jeune homme accordait peu d’importances aux intérêts de ses rencontres. Il se fichait de ce qu’ils avaient pu vivre, de la même manière qu’il préférait ignorer son passé. Seule la personne qu’ils étaient dans l’instant présent méritait d’être connue. Le reste intervenait plus tard, si l’analyse quasi mécanique de leur comportement ne suffisait plus à les faire aller dans le sens qu’il souhaitait. Son sourire ne céda pas. Presque provoquant il semblait défier Alice d’aller plus loin en lui sifflant que, quoiqu’elle fasse, elle n’obtiendrait rien.

En revanche, elle ne fit pas d’histoires pour lui décrire son don. Son sourire s’affaissa doucement, il l’écouta avec un grand sérieux en réfléchissant à tout ce qu’un pouvoir comme le sien impliquait. A premier abord, sa mutation était asse faible, elle ne représentait pas un danger immédiat et n’agissait que sur un sujet passif. S’il comprenait bien, Alice pouvait se promener à travers les rêves des autres. C’était une télépathe qui régnait sur le domaine de l’inconscient. En cela, elle était peut-être plus efficace que les télépathes qui agissaient sur des sujets conscients. Elle pouvait accéder aux hantises les plus profondes, comprendre des blessures qui devenaient inaccessibles au réveil. Il imagina d’un air rêveur les ravages qu’un mutant qui maîtrisait ce talent pouvait faire subir à un rêveur. Si on suivait les idées de la psychanalyse, en intervenant dans cette pensée libre et chaotique, il était possible de créer une personnalité nouvelle, de façonner un homme selon ses exigences, sans éveiller le moindre soupçon. Lilian trouvait cela fascinant. Il devenait très tentant de mettre la jeune fille à l’épreuve. Une alliée de ce type trouverait rapidement une utilité. Elle pourrait même former un duo diablement efficace avec Mélo. Finalement, s’ouvrir un peu à elle en valait la peine. Il lui faudrait bien plus d’une conversation dans un bar pour l’étudier plus en détail.

- Il semble que vous ayez un pouvoir exceptionnel ma chère Alice. Ridicule en apparence, mais certainement redoutable dès lors que vous en connaîtrez toutes les subtilités. Nos pensées éveillées sont contrôlées, faciles à saisir pour qui peut les lire, mais souvent faussées… Celles du sommeil, plus révélatrices, demandent quand à elles une bonne interprétation…, dit-il en réfléchissant tout haut. De quelle manière pouvez-vous intervenir dans ces rêves ?

Il se servit un deuxième verre de chartreuse et le vida en une longue gorgée. La tête lui tourna un instant, mais il était très loin de perdre ses moyens. Sachant qu’il était nécessaire de montrer à la jeune fille que l’échange ne se ferait pas à sens unique, et qu’il pouvait continuer à se livrer en retour, il ajouta en tenant à nouveau un discours ambigu :

- Vous me présentez ce pouvoir avec modestie mais, en vérité, je crois que je vous envie. Avez-vous lu Entretien avec un vampire ? C’est un roman dont je ne pouvais me détacher au moment où je découvrais mon pouvoir. Il y a ce personnage… Louis, qui refuse sa condition et préfère se nourrir de rats plutôt que d’humains. Il est à la fois touchant et idiot. Idiot, parce qu’il refuse d’accepter sa nouvelle nature, il résiste et s’éloigne par conséquent de la créature qui fascine l’imaginaire. On lui conseillerait volontiers de se laisser aller, car il en devient ennuyeux. Mais, s’il existait, si vous étiez la proie, vous, ainsi que tous les autres jusqu’à sa mort, lui conseillerez-vous de s’accepter ?

Comment allait-elle se tirer de l’impasse dans laquelle il venait de la pousser ? C’était de cette manière qu’il aimait les discussions, lorsque l’autre se retrouvait acculé dans une phrase et devrait forcément se débattre pour la contourner avec les honneurs. Là, sa réponse serait révélatrice. Elle devait lui donner accès à une connaissance plus fine d’Alice. Il lui parlait d’un personnage qui, dans la théorie, lui ressemblait. En réalité, les réticences de Louis étaient différentes des siennes. Ce n’était pas tellement la destruction d’une vie humaine qui l’ennuyait mais, plutôt l’image qu’on retiendrait de lui. Il ne cherchait pas à être meilleur. Il cultivait même avec orgueil les aspects détestables de sa personnalité. Mais on n’hésitait toujours à le détester, et c’était pour cette raison qu’on se surprenait encore à l’aimer. S’il était pire, il serait seul.
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Alice Sherman
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeVen 2 Déc 2011 - 15:47

Jouait-il avec les mots encore une fois ou bien était-il réellement sincère lorsqu’il disait que le pouvoir d’Alice était « exceptionnel » ? Il n’y avait pas vraiment de moyen pour le savoir. Avec un homme comme Lilian, on ne pouvait pas savoir si c’était un autre jeu ou de la véritable sincérité. Elle se demandait même si depuis le début de la conversation il avait été honnête une seule fois. S’appelait-il vraiment Lilian ? Habitait-il à La Nouvelle Orléans ou avait-il tout inventé pour paraître intéressant ? C’était bien beau de se présenter sous un prénom assez original, de prétendre vivre dans une ville fascinante, d’avoir une mutation bien plus qu’effrayante mais maintenant le jeu était fini. Alice commençait sérieusement à se demander quoi faire pour le « décoincer » un peu. Ce jeu qu’il avait instauré entre eux ne permettait pas à la jeune fille d’obtenir ce qu’elle voulait. A présent, les règles vont changer. S’il veut qu’elle réponde à ces questions, il doit révéler un peu de lui. Elle espérait au moins pouvoir obtenir son nom de famille. Maintenant avec internet on retrouvait qui l’on voulait alors, peut-être qu’avec cette confession elle pourrait garder contact avec lui. Peut-être le faisait-il exprès de tourner autour du pot sans franchement ouvrir ces portes. Il fallait qu’elle essaye au moins de dominer la conversation un instant, même si ce n’était qu’un leur de sa part. Elle en avait besoin pour se sentir réellement en sécurité. En temps normal, Alice faisait toujours confiance au mutant qu’elle rencontrait, ce qui n’était pas forcément une très bonne idée, mais c’était ainsi. Maintenant, allait-il la croire lorsqu’elle lui dirait qu’il n’obtiendrait plus rien d’elle sans qu’il se dévoile plus que cela ? Rien n’était moins sûr.

« A présent, les règles ont changé. Je ne répondrais plus à vos questions tant que vous ne vous êtes pas un peu plus dévoilé à moi. » Elle attendait un instant avant de reprendre : « Je suis très patiente. S’il faut que j’attende deux heures sans vous décrocher un mot cela ne me dérangera pas. Par contre, vous, vous risquez de franchement vous ennuyez. »

Elle baissait alors les yeux sur le verre qui contenait encore le liquide couleur sang. Lilian en était déjà à son deuxième verre alors qu’elle n’avait même pas encore plongé ses lèvres dans le sien. Tout en écoutant la petite histoire que Lilian comptait en citant un personnage d’Anne Rice, Alice buvait doucement l’alcool. Louis semblait ressemblait à Lilian quand il parlait de ne pas accepter sa nature mais pensait-il vraiment qu’elle allait tomber dans son piège ? Il s’attendait surement à ce qu’elle réponde non à sa question : « si elle était la proie lui conseillerait-elle de s’accepter ? ». Bien sûr que non, elle ne dirait pas ça, ne serais-ce que pour sauver sa vie. Mais ici, il ne s’agissait pas de vie ou de mort, enfin elle pensait. Évidemment, il n’avait pas exprimé l’étendue de son pouvoir et donc elle ne pensait pas être en danger de mort avec elle. Et puis, malgré son inquiétude de se trouvait en face d’un imposteur, elle lui avait apporté une certaine confiance. Que voulez-vous, Alice était dotée d’une cruelle naïveté qui lui avait apporté beaucoup d’ennui dans le passé. Elle faisait confiance beaucoup trop rapidement et pourtant elle essayait de changer cela. Cette forme de protection qu’elle avait utilisée contre Lilian était plus pour la rassurer que pour autre chose. Après, si cela lui permettait d’obtenir des informations sur les autres, pourquoi ne pas s’en servir ?

Alice jetait un coup d’œil à sa montre. Il était maintenant passé une heure et demie. En sommes, ça ne faisait qu’une heure, qu’ils étaient ensemble mais il était arrivé bien tard dans la soirée. Le bar fermerait ses portes dans maintenant deux heures. Sa seule véritable possibilité était de rester dans la rue toute la nuit même si c’était vrai que Lilian c’était proposé de rester avec elle. Pour que cela devienne réellement concret, il fallait que Le Blood Orchid ferme ces portes. La jeune demoiselle attendait vraiment de voir si Lilian allait tenir sa promesse. Elle le suivrait peut-être à l’extérieur du bar pour s’assurer de sa bonne fois. Par contre, ne vous attendez pas à la voir partir au bras d’un inconnu pour finir on ne sait où avec on ne sait qui. Même si, il y met toute la bonne volonté du monde. Elle ne sera jamais pour personne un numéro sur un tableau de chasse. Parce que oui, on pouvait croire à première vu que Lilian était un tombeur et donc qu’il lui était impossible de compter le nombre de ces conquêtes. C’était surement la vérité, il devait être un tombeur dont il est impossible de compter les aventures d’un soir. Le baratin du « ma chère Alice… tu as un pouvoir exceptionnel » l’a faisait à peine sourire. Mais que croyait-il en sortant ce genre de phrase ? Et puis il disait qu’il l’enviait d’une certaine façon. Il plaisante ? Avec tout ce qu’il possède – son charisme, son côté théâtrale, son pouvoir offensif et effrayant, son sourire, etc. – il n’avait vraiment rien à envier à une gamine telle qu’elle l’était. Elle en revanche, elle pouvait l’envier.


Dernière édition par Alice Sherman le Dim 15 Jan 2012 - 0:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeSam 31 Déc 2011 - 17:57

Pour la première fois depuis le début de la conversation, Lilian témoignait un véritable intérêt à la jeune fille. Ou, tout du moins, ses capacités génétiques éveillaient un champ de possible qu'il n'avait encore jamais envisagé. Les manipulations grossières de Mélo avaient parfois manqué de le mettre dans l'embarras, surtout lorsque des mutants étaient là pour relever la supercherie. Or, que pouvait-on face à quelqu'un qui tirait les ficelles pendant le sommeil ? Alice parlait de son talent avec une humilité sincère. Sa jeunesse et sa naïveté ne lui avaient pas encore montré la puissance qu'elle pouvait déployer. Il fallait avoir une bonne connaissance de l'âme humaine pour prétendre restructurer une personnalité toute entière. Seule, elle ne serait jamais une menace. Avec un guide, en revanche, cette douce enfant serait une arme redoutable. Devinait-elle les pensées sinueuses qui l'agitaient soudain ? Quelque chose dans son regard avait changé, comme si sa dernière question l'incommodait furieusement. Lilian ne put que se reprocher sa hâte. Il avait utilisé une formulation trop directe, et la jeune fille, habituée à ses phrases enveloppantes, voyait dans ce changement le signe d'un danger.
Elle se souvint alors qu'elle devait se montrer méfiante avec un inconnu et refusa d'expliquer plus en avant les manifestations de son don. Lilian recula en croisant les bras sur son siège en s'entendant déclarer que les « règles » allaient s'inverser. Parler de lui ? Un sourcil perplexe s'arqua au-dessus de sa prunelle céruléenne. On lui faisait souvent le reproche de ne pas en dire assez, mais il ne savait pas très bien ce que le commun des mortel entendait par « se dévoiler ». La plupart du temps, ils sentaient qu'il portait quelque chose de lourd en lui et ne supportaient pas l'idée de toutes ces parts d'ombre qui leur échappaient. Ils espéraient faire une découverte exceptionnelle. C'était idiot. Il n'avait rien de très beau à raconter... Rien qui pût le faire passer pour une personne à fréquenter surtout.

Développerait-il sur son pouvoir ? Il s'y essaya, par le biais d'une référence littéraire accessible qu'une jeune fille de l'âge d'Alice avait toutes les chances de connaître si, du moins, les romans vampiriques de ces dernières années n'avaient pas tristement enterrés les dernières références respectables de ce genre aux nouvelles générations. Mais il n'était même pas un grand lecteur de fantastique. Il se retrouvait seulement dans un mythe où des créatures d'apparence et d'intelligence humaine étaient condamnés à sucer la vie d'êtres qui leur ressemblaient pour continuer d'exister. Sa compagne n'avait pas l'air de très bien saisir ce que cette confession imagée impliquait. Elle ne répondit rien à sa dernière interrogation puisqu'il était évident que la raison l'obligeait à dire « non » et elle refusait de s'avouer vaincue. Cela lui arracha un très mince sourire. Ce qu'il aurait voulu dire, c'est qu'une chose terrifiante parcourait ses veines et qu'il redoutait, depuis que tout semblait à peu près stable, le jour où elle lui échapperait encore. Il était un danger pour les hommes, et ce fait l'aurait amusé s'il avait trouvé une satisfaction entière dans le mépris de ses semblables. Cette nuit, en particulier, il se sentait d'humeur à se juger minable. D'autres fois, il tenait des discours assez différents, il jouait le cynique qui ne se cherche pas d'excuses, mais dès qu'il commençait à douter, la mélancolie revenait, et il rejetait presque toujours la faute sur cette stupide mutation... Mais assez de noirceur ! Alice avait décidé d'observer le silence le plus complet et, visiblement, elle était suffisamment butée pour garder ses lèvres bien pincées. Si elle tenait tant à ce qu'il se dévoile d'un coup, sans art, il pouvait aussi amener les choses sur un tout autre ton...

- Vous vous dites patiente et moi je vous trouve fort impatiente, demoiselle Alice, d'exiger soudain de moi d'autres informations sur ma vie parce que celles dont vous disposez ne satisfont pas votre curiosité, lança-t-il sur un ton faussement outragé. Et je dirais même que je ne pense pas en savoir actuellement plus sur vous que vous n'en savez sur moi. Alors donc... Je suis né un 15 avril 1987 dans le Lancashire et mes parents m'ont baptisé Lilian pour une raison... que j'ignore complètement puisqu'ils ont disparu avant que je sois en âge de leur demander. Et je suis venu aux Etats-Unis à Harvard, j'ai placé la plupart de mes capitaux dans la presse, j'ai même des cartes de visite pour être à la page – Il sortit une carte noire de sa poche où étaient inscrits son nom et son numéro en lettres argentés, mais la rangea sans lui laisser le temps de la lire – et je suis hémokinésiste mais si je devais vous montrer comment ce pouvoir fonctionne vraiment vous m'en voudriez.

Il lui fit un sourire comme si cette dernière information devait rester entre eux et, après avoir jeté ces bouts de vie pêle-mêle avec un détachement déconcertant, il se servit un troisième verre de chartreuse, qu'il vida dans l'instant. Alice pouvait lui demander tous les éléments biographiques qu'elle voulait. Il n'avait jamais fait un mystère particulier des grandes lignes, même en ce qui concernait la disparition de ses parents. Quand on a grandi en orphelin, il est difficile de feindre d'avoir passé un enfance dans une famille heureuse. Ce sont des choses qui arrivent, après tout.

- Je ne pense pas avoir grand chose à vous cacher Alice, libre à vous de croire à mes propos. Mais si je voulais vous apporter des preuves, sachez que je n'aurais aucun mal à le faire. Si je suis à New-York par exemple, c'est pour un voyage d'affaires dont je vous passerai l'objet. Je pense d'ailleurs que je ne vais pas tarder à rentrer à mon hôtel. J'ai une suite au Plaza à Manathan, mais mon associé n'étant pas là pour cette nuit, il reste de la place pour une personne à qui je souhaiterais éviter une nuit dehors. Alors, que faites-vous ?

Il quitta sa chaise et lança un regard interrogateur à la jeune fille. C'était à elle de voir si la rencontre méritait de se prolonger ou non. De son côté, il savait tout ce qu'il voulait pour l'instant et n'avait plus aucune envie de rester ici. Le calme de l'hôtel luxueux serait un réconfort. S'il rentrait seul, il savait qu'en toutes circonstances, il pourrait trouver une créature désœuvrée sur les banquettes du salon de réception.
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MessageSujet: Re: Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T]   Une soirée comme tant d'autres... [Alice] [T] Icon_minitimeDim 15 Jan 2012 - 0:54

Alors que Lilian commençait à se dévoiler, elle se mit à l’écouter très attentivement. Il disait qu’elle n’était pas patiente et même qu’elle était curieuse. C’était effectivement plusieurs de ces défauts. Malheureusement personne lui ne lui avait dit de ne pas l’être. Sa mère trouvait ça mignon pour une jeune personne, les autres membres de sa famille s’amusaient à répondre à ces questions insolites. Ici rien d’insolite n’avait pointé le bout de son nez. Lilian énonçait rapidement les grands moments de sa vie comme sa naissance ou bien son arrivée aux Etats-Unis. Il avait donc 24 ans. C’était un jeune homme vraiment charmant dans la fleur de l’âge. Ca paraissait donc plus normal qu’il séduise aussi facilement les jeunes femmes qui l’entouraient. A cet âge, les jeunes hommes s’amusaient de leur beauté, de la fraicheur de leur teint et puis parfois même de leur sourire ravageur.

Pour se justifier, il utilisait des arguments tout à fait recevables en exposant même des preuves. Une carte qu’il rangeait rapidement mais qui pourrait être véritablement une carte de visite. A vrai dire elle n’en avait aucune idée et sa curiosité était plus ou moins comblée. Elle avait même appris que ces parents avaient disparus. Etait-ce une manière subtile de dire qu’ils étaient morts ou bien avaient-ils réellement disparus sans laisser d’adresse ? Dans les deux cas il avait vécu la même chose qu’Alice : il avait grandi sans parents. Même si, c’est vrai, son enfance n’avait pas été si terrible jusqu’à ses 13 ans. En effet, elle était même la préférée des deux filles de la famille ce qui entrainait beaucoup de tension entre sa sœur et elle. Elle ne saura surement jamais ce qu’elle serait devenue si ses parents avaient été différents avec elle.

Alors comme ça, Lilian n’avait aucune crainte à se confier à la jeune fille. Il semblait si sûr de lui, si confiant de l’impact de ses propos sur Alice. Il était sur la bonne voie. Elle arrivait peu à peu à lui faire confiance. Il était grand temps qu’elle commence à croire en ses paroles. La soirée en venait à son terme. Le dandy exposait même son prochain retour à son hôtel. Il semblait disposé à lui proposer la place inoccupée de son lit pour cette nuit. Cependant, elle savait bien que de passer la nuit avec un inconnu était une mauvaise idée. Elle acceptera, évidemment, étant donné qu’elle ne voulait pas passer une nuit totale à errer dans les rues de New York. De toute façon, quel serait son intérêt de lui faire du mal ?

« Je veux bien vous suivre si vraiment ça ne vous dérange pas. J’avoue que vous m’arrangez bien en me proposant cette solution. A vrai dire je ne me voyais pas vraiment passer ma nuit dans l’errance totale des quartiers de New York. Il faut croire que je n’ai pas beaucoup réfléchi en me rendant dans ce bar quelque heure plus tôt. »

Alice l’imitait en se levant de sa chaise quelques secondes plus tard. Elle l’observait encore un instant comme pour vérifier dans son regard qu’il ne lui ferait pas de mal. Lilian payait les consommations alors elle en profitait pour le regarder de haut en bas. Il avait vraiment un style neutre par rapport à sa personnalité. Peut-être une ressemblance avec le style vestimentaire des gothiques mais rien de plus. Être habillé tout en noir alors qu’on a une personnalité si étrange n’était pas tout à fait logique selon elle. La jeune mutante préférait afficher sa différence en s’habillant d’une façon particulière. Au moins elle savait que la personne qui venait lui parler n’était pas dérangé par la fantaisie. Pas que sa façon de se vêtir soit vraiment étrange mais ce n’était pas commun de voir une fille de son âge en robe pour petite fille.

Bizarrement, en moins d’une heure, elle avait réussi à lui faire assez confiance pour le suivre seule dans un hôtel après avoir bu un verre d’alcool. Et pourtant c’était plutôt mal parti au début. Bien qu’il lui plaisait, au commencement de la conversation elle se devait d’être méfiante. Il jouait un rôle qui se voulait séducteur mais qui ne rassurait pas du tout la demoiselle. Les seules choses qui lui permettaient de lui accorder un semblant de confiance étaient ses réactions quand la discussion était plus personnelle. Alice aimait bien plus discuter avec le « vrai » Lilian que celui qu’il jouait. C’est vrai que c’était amusant ce style théâtral qu’il se donnait mais à la longue, ça pouvait devenir compliqué à gérer dans une conversation plus sérieuse.

Elle enfilait sa veste pour sortir de ce bar et par la même occasion dire adieu à l’agitation qui commençait à lui monter à la tête. Le seul fait qui la marquer était que son compagnon ne semblait pas subir les effets des trois verres de Chartreuses qu’il s’était envoyé dans la soirée. Il marchait encore tout à fait droit et son esprit ne paraissait pas troublé. Soit il tenait bien l’alcool, soit il y avait quelque chose de surnaturel derrière cela. Peut-être qu’elle lui demandera un de ses jours… Ou peut-être pas. Le froid s’était levé dans la grosse pomme. Heureusement que le Plaza de Manhattan n’était pas très loin de ce bar. En quelques minutes ils seraient au chaud dans un des hôtels les plus réputé de New York.

Tout se déroulait dans le meilleur des mondes alors qu’une jeune fille se laissait entrainer dangereusement dans un univers qui n’était pas fait pour elle…

[HJ] RP terminé [/HJ]
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