It's all about family [PV : Apochou]

Brooklin, vingt et une heure trente, devant un immeuble à l'abandon, un groupe de 12 personnes se rassemblait rapidement, venant de toute part, avant de s'engouffrer dans le bâtiment. Puis toutes les dix-minutes la même scène se répéta, une heure et demi durant, si bien qu'à 23 heure, un peu plus d'une centaine de personnes étaient entrées dans l'immeuble. De l'intérieur sortaient les sons étouffés de la foule qui s'agitait, des voix dont la distorsion du son empêchait de comprendre les propos. Ce fut vingt minutes plus tard qu'une dernière silhouette passa, grande, dissimulée sous une capuche, le pas traînant. Avant d'entrer l'homme, car il s'agissait bien là d'un homme, jeta sur le trottoir une bouteille de bière dont l'éclat résonna brièvement dans la rue déserte.

C'est dans le sous-sol qu'il se rendit, c'était un espace de la surface du bâtiment, bondé d'hommes avinés et bruyants. Certains se bousculaient vers un homme un peu plus sobre que les autres, tenant dans une main un carnet dans lequel il notait les sommes d'argents qu'on lui tendait ainsi que le nom objet des paris. Lorsque la silhouette fit son entrée, un court instant le silence s'imposa, l'espace d'une seconde, avant de reprendre de plus bel. Dans cette cave chacun connaissait le nom, ou plutôt le surnom, de celui qui venait d'arriver, Caracole, et c'était ce nom que certains criaient au Bookmaker. Ils étaient rares pourtant, pour la première fois depuis des mois, on le considérait comme l'outsider.

Mais l'outsider de quoi ? Des paris sur quoi ? Un combat illégal bien sûr. Ce soir Caracole allait affronté Gorbskov, un russe fraichement débarqué. Et si un homme d'expérience, connut dans le circuit, comme l'était notre homme, partait perdant pour ce combat, c'était parce que son adversaire du soir était un mutant, un de ces hommes comme les autres que le hasard a doté de gènes extraordinaires, leur octroyant des pouvoirs hors du commun. Ce détail tous le connaissaient, tous sauf Caracole. Tout ce qu'il savait c'était qu'il lui fallait de l'argent, et que pour ça il lui fallait combattre. Les braquages ne rapportaient pas assez, pas dans cette sombre période économique, alors qu'un soir comme celui-ci, un simple pari sur lui pouvait lui rapporter énormément.

"Ah te voilà toi ! T'es en retard, tout le monde s'impatiente, tu mets les gens sur les nerfs abrutit.
-Ouais ouais j'sais. Y a pas une mousse dans l'coin ?
-Tu t'en paieras une après le combat crétin... si tu gagnes.
-Quand j'gagnerais.
-On verra..."

La dernière remarque, Mike, l'organisateur du combat, un type correcte, enfin jusqu'à ce soir là, l'a fit à voix basse, si basse que celui qui le considérait comme un ami ne l'entendit pas. Oui car cette soirée était non seulement l'occasion d'un combat perdu d'avance mais également d'une trahison. Mike et Caracole, Dorian de son vrai nom, se connaissaient depuis des années, et depuis qu'il était seul, le SDF s'était toujours tourné vers Mike pour lui organiser des combats, avec alors la certitude que personne ne chercherait à le tuer si il venait à gagner quand les paris le donnaient perdant. C'était la base de leur relation, ce n'était pas très saint, mais ça avait jusqu'alors fonctionné.

"Allez va te préparer, ton adversaire est déjà près, fait gaffe, c'est un gros morceau.
-C'sont tous des gros morceaux avec toi Mike...
-Je sais..."

Cette fois-ci l'once de regrets, d'inquiétude, dans la voix de son ami intrigua Dorian, mais déjà le cercle se formait autour du boxeur et de son adversaire. En s'écartant, la foule lui révélait la montagne qu'il lui faudrait abattre. L'homme faisait la taille de Caracole, ce qui n'était pas peu, mais semblait tout droit sortit d'une cage de l'UFC, épais comme un Tyson, le regard mauvais de celui qui veut faire quelque chose de moche au type d'en face.

"Oooook j'ai vraiment pas l'droit à une mousse av... Mike ?"

En se retournant Caracole ne put que constater que son ami s'était éclipsé, c'était l'heure du combat. Alors il retira son survêtement à capuche ainsi que son chandail, restant alors torse nu, en jeans, révélant à la foule ses tatouages.

"Alors j'suppose que t'as pas l'intention d'prendre le temps d'boire un verre avant que j'te castagne mon gr..."

En face de Dorian, alors qu'il parlait, le russe frappa ses poings l'un contre l'autre, ceux-ci se couvrant alors de flammes.

"Hey !! C'est quoi ce bordel ? Hoooo"

Sous le coup de la surprise, Caracole n'eut pas le temps de préparer sa garde, ou même de finir sa protestation, déjà son adversaire fonçait sur lui, venant lui asséner un crochet du gauche dans la mâchoire. Au moment de l'impacte, des étincelles jaillirent, comme si le coup avait été donné dans la braise. La violence du choc fit tomber Dorian, qui sans avoir le temps de se redresser, ne put qu'encaisser le coup de pied qu'il prit alors dans les côtes. Un coup qui provoqua les protestations de la foule. Du côté d'où venait le mutant, un homme brailla "j'ai parié qu'il tomberait plus dans deux minutes, prend ton temps" en russe et la brute s'écarta, laissant le pauvre humain se relever, secouant la tête pour chasser les étoiles qui menaçaient de danser autour de lui.

"Il est trois fois plus épais que moi, il a des torches à la place des mains... ok je peux le faire..."

Il était encore à quatre pattes lorsqu'il se murmura ces paroles, décidant ensuite de se relever. Il étira alors son dos, fit craque sa nuque, et plongea son regard dans celui du monstre qu'il devait affronter.

"Vraiment pas du genre à diner hein ?"

C'était en russe qu'il s'était adressé au mutant, une langue qu'il avait appris par la force des choses, ayant, très jeune, intégré un gang composé exclusivement de russes.
L'usage de sa langue natale eut pour effet de déstabiliser le mutant, mais visiblement pas assez, car déjà il revenait à la charge, mais cette fois-ci Caracole était prêt. La brute envoyé deux jabs du gauche que le sans abri évita sans soucis, puis ce fut un crochet du droit, le mutant visant cette fois la temps. Ce coup là, Dorian le para, grimaçant alors qu'il sentait la brûlure du contact sur son avant bras gauche tandis qu'il envoyait son poing droit frapper deux, fois, l'arcade de son ennemi du soir. Puis, le russe ayant reformé sa garde, devant son visage, il envoya son poing gauche s'écraser dans l'abdomen de son adversaire, un abdomen un peu trop bien sculpté pour que le coup face réellement du dégât.

Caracole avait décidé de ne pas laissé son adversaire reprendre ses esprit, et ce fut avec une vivacité stupéfiante qu'il le harcela de coups, frappant au corps quand le russe protégeait son visage, frappant au visage quand il protégeait son corps. A chaque fois que son poing s'écrasait sur son adversaire il gagnait du terrain, il se rapprochait de la victoire. Du moins c'était ce qui semblait. Mais alors qu'il écrasait de nouveau son poing gauche sur les côtes rougies du mutant, celui-ci rabattu son bras, piégeant Caracole et brulant un peu plus son avant bras, avant de le frapper deux fois au corps. Si les coups avaient été précis le combat aurait pris fin, mais le plus gros avantages du russe était seulement d'être mutant, ainsi ses frappes, bien que violentes et dévastatrices, manquaient de précision, et les deux fois il loupa le foie de l'humain, laissant malgré tout deux fois la trace de son poing, des traces d'un rouge plus vif que des coups normaux, des traces de brûlures.

Il s'apprêtait à refrapper, le russe, à achever ce combat, mais Caracole, dans un réflexe de survie, ou presque, envoya son poing dans la gorge du titan enflammé qui recula alors, la violence du coup, ajouté à la fragilité de la zone frappée, le déstabilisant, relâchant également le bras désormais meurtrit de Dorian. Il avait visé à côté de la trachée, non pas pour épargner son adversaire, mais pour avoir le loisir d'exprimer la colère qui l'habitait désormais. La suite alla vite, très vite. Suivant le mouvement de recul du russe, qui se tenait la gorge, il lui envoya un uppercut du droit puis, sautant légèrement pour appuyer son coup, il écrasa son poing gauche avec violence sur le dessus du crâne du mutant. Une droite dans le foie, une gauche dans la tempe, le monstre chuta. Mais déjà Dorian était penché sur lui, les pieds de chaque côté de son corps, frappant encore et encore, chaque fois au visage, le mutant qui l'avait si salement amoché. Il ne fallut pas plus de trente secondes avant que des mains le saisisse pour l'éloigner du mutant, moins certainement. Pourtant déjà ses mains étaient recouvertes de sang et sur le sol le pauvre bougre ne ressemblait plus à grand chose, quant à savoir si sur ses mains c'était son sang ou celui de son adversaire, c'était impossible à dire, certainement un peu des deux. On le fit s'asseoir dans un coin, pendant que la salle se vidait petit à petit, nul ne voulant rester sur place suite à cette scène un peu trop violente au goût de certains.

Il n'y avait plus qu'une vingtaine de personnes présentes lorsque Mike vint le voir, tenant dans sa main l'épaisse liasse de billets qui lui revenait. Il n'avait pas l'air très fier l'organisateur, n'osant pas regarder dans les yeux cet ami qu'il avait trahit avec pour seul résultat la perte de son argent.

"Tiens... voilà tes gains."

Ce fut brusquement que Dorian prit les billets, recomptant la somme depuis la première fois depuis des années.

"Je suis désolé mec...
-Un putain de mutant... tu m'as fait m'castagner contre un foutu mutos !!
-T'as gagné non ? C'est le principal Car...
-Le principal c'est qu'on était potes connard. C'est la seule raison pour laquelle t'est pas dans le même état qu'l'autre. Tsss"

dix milles dollars le combat, c'était déjà ça. Bien sûr dans le milieu on pouvait gagner bien plus, mais Dorian n'avait pas de quoi parier gros et participait à des petits combats par amitié pour Mike, enfin c'était avant. Puis dix milles c'était déjà plus que ce que ça lui rapportait d'habitude, bien sûr d'habitude il ne finissait pas avait un bras, la mâchoire et les côtes recouverts de brûlures. Sans ajouter un mot il se leva et laissa sur place Mike, tête baissée, visiblement affecté par la perte évidente d'un de ses rares amis.
Ce fut après avoir récupéré ses affaires et les avoir enfiler, non sans grimacer et grogner à cause des brûlures, qu'il sortit du bâtiment.
Que ce soit avant le combat, pendant, ou même maintenant, alors qu'il allumait une cigarette et appréciait l'air frais de la nuit sur son visage, à aucune moment il n'avait remarqué cet homme qui l'avait observé et qui maintenant le suivait.

Dans les rues de la ville, alors que la nuit s'engouffrait de part et d'autres, les lueurs venant apporter de la clarté dans certaines coins, d'autres restant dans les ténèbres, deux hommes s'avancèrent, un portait sur lui une sorte de tunique ancienne qui recouvrait entièrement son corps, cachant le visage sous une capuche, celui-ci mesurant plus de deux mètres et attirant facilement l'attention, surtout avec son compagnon de route, un homme tout de pierre habillé dans une tenue faisant penser à une Djellaba avec un cheffié ancien des pays arabes, ces vêtements se retrouvant d'ailleurs aussi en pierre. Marchant vers un recoin sombre et reculé ils s'approchèrent de ce qu'ils recherchèrent l'homme de pierre venant prendre la parole d'une voix assez sereine.

HP : - Il est ici mon Seigneur…

Lentement le colosse dans sa tenue laissant penser à un vagabond s'avança vers une entrée, mais la un homme d'une masse faisant penser à la caricature d'un Jax tout droit sortit de Mortal Kombat mais sans les bras d'acier, le genre de mec présent pour intimider et à vue d'œil l'homme ne semblait pas avoir froid aux yeux vu qu'il vint s'interposer devant le colosse, posant la main sans aucune honte sur le torse de ce colosse pour venir l'arrêter tout en osant lui faire une remarque sur un ton des plus désagréables et insultant.

Videur : - Hey, c'est pas pour les clochards ici…

Directement l'homme de pierre s'approcha de ce videur courageux mais stupide en venant s'adresser à lui d'une façon restant humble et sérieuse, mais aussi d'une façon à lui faire comprendre qu'il s'égarait dans ses gestes.

HP : - Brave homme, inclinez vous plutôt devant votre futur seigneur ou craignez sa colère…

On peut dire que le général savait comment parler, avait apprit avec le temps à servir d'intermédiaire pour éviter que tout tourne directement au vinaigre, peut être qu'il avait un rôle annonciateur de ce coté, mais le videur ne fit que rire à cette remarque en tapant de sa paume sur celui qui se dressait devant lui, malheureusement celui-ci changea vite de couleur en entendant une sorte de bruit métallique sous le choc, surtout qu'il venait de frapper fort et que le colosse qu'il avait traité de clochard n'avait pas bougé d'un pouce… Une sorte de lueur sembla sortir de la capuche ainsi qu'une voix venant tout droit des profondeurs de l'enfer.

- Misérable, personne ne touche APOCALYPSE sans son autorisation…

D'un mouvement sec la tunique se redressa un peu, la une main en sortant, la main devenant une sorte de pieux qui pointa directement vers le visage de l'humain… La pointe toucha l'œil avant de s'enfoncer, traversant le globe, le crane et le cerveau de celui-ci pour ressortir derrière ensanglanté avant un geste de recule pour ressortir la sorte de petite lance de ce crane du mortel ayant trouvé la fin de sa vie, chutant a terre et s'enfonçant étrangement dans la pierre du sol pour disparaitre et ne laisser aucune trace.

Après cette petite intervention, les deux mutants vinrent entrer dans les profondeurs de ces lieux, arrivant dans un recoin ou la puanteur humaine se réunissait en sueur face aux combats de misérables insectes pensant être les plus fort de ce monde et se battant pour survivre… Un jour prochain tous ces êtres comprendraient ce que cela veut dire se battre pour survivre, en attendant Apocalypse resta dans l'ombre avec son Général, fixant les profondeurs de la pièce. Bien entendu il vint s'abstenir de remarque devant cette débauche inutile, cette sueur et ces misérables venant rire et parier face à des combattants… Quand on voit ce genre d'image, cela ne peut que donner raison à Apocalypse sur la fin des temps pour cette humanité, des cafards qui méritent juste de se faire écraser et pulvériser.

Puis après un moment le général de pierre revint prendre la parole, s'adressant au Marcheur Eternelle d'une voix Humble digne d'un serviteur soumis, parlant juste au moment ou deux hommes vinrent monter sur le "ring".

HP : - C'est celui-ci Seigneur… Votre descendant…

Apocalypse ne répondit rien, laissant le combat perdurer, se faire, venant regarder cet héritier soit disant si puissant se battre, avec une grande déception sur le temps que pouvait durer cet affrontement. Il se demanda si son Général devenait totalement incompétent ou Stupide, ne voyant pas en quoi celui-ci serait si important et puissant, le voyant plus dans la liste des Descendants tués à la naissance pour faiblesse… D'ailleurs vous ne savez peut être pas, mais ce mutant dont ils parlent ne sait pas d’où il vient, une membre du Clan Akkaba ayant préféré fuir enceinte de peur que le Général fasse exécuter l'enfant pour faiblesse, chose qui peut arriver… Pour cela que pendant tout ce temps ce mutant c'est retrouvé loin du Clan, mais cela allait peut être changer ce soir, d'ailleurs le Général de Pierre qui connaissait bien son maitre ajouta un commentaire.

HP : - Ne vous fiez point aux apparences, il a un don très recherché mon Seigneur…

Apocalypse écouta et resta silencieux, attendant la fin, attendant simplement que tout passe en regardant son descendant vaincre le colosse en feu, et une fois cela terminé il sortit de la bâtisse avec son général, venant attendre dehors, sortant comme les autres sans rien dire… Et une fois que la cible quitta les lieux, il fit quelque pas, avançant vers l'être qui venait se laisser pourrir par une habitude humaine qu'est la cigarette… Vraiment son Général n'avait pas intérêt à se tromper car cela pourrait bien être une erreur de trop, et Apocalypse n'est pas très tolérant face à l'incompétence…

HP : - Dorian Anderson…

Lâcha l'homme de pierre pour attirer l'attention de Caracole, le faire tourner vers eux, mais alors qu'il allait continuer à parler, Apocalypse fit un geste devant ce générale en libérant juste un :

- Laisse nous…
HP :- Bien Mon Seigneur…

Et par lévitation, le Général de pierre vint se retirer, quittant les lieux pour laisser En Sabah Nur, uniquement vêtu de cette tunique digne des clochards, avec son descendant, la capuche se redressant légèrement pour laisser apparaitre un visage froid, à la peau grise et aux lèvres bleus, un visage qui semblait vide de toutes formes d'émotions, un visage qui fixa l'être comme si d'un coup il voulait le traverser pour apprendre chaque parcelle de son âme.

Quelle était agréable cette cigarette de la victoire. Dorian avait encore les muscles qui pompaient son sang à tout allure, acheminant la toxine inhalée dans chaque fibre de son corps. Il le regretterait le lendemain, mais là il goutait à l'apaisement provoqué par la drogue légère dont une seule bouffée suffisait à calmer son cœur encore en colère. Tout ce qu'il désirait en cet instant était un petit moment de répit, tranquille, sans que personne ne vienne le déranger, ni le traitre ami ni le parieur déçut. Pourtant il les sentit ces deux hommes derrière lui, prit de cette sensation qui nous saisit parfois d'être observé. Il entendait leur pas au milieux des battements de son cœur à ses oreilles. Et puis il entendit... Son nom ? Le véritable. Pas Caracole, pas le seul nom qu'on lui attribuait depuis des années, mais bel et bien le vrai, l'entier. D'un mouvement brusque il se retourna, presque déjà prêts à fuir avec le vent. Mais ce qu'il vit stoppa tout élan, toute pensées cohérente.

Devant lui se tenait un colosse dissimuler sous une sorte de bure de Jedi qui ne suffisait pas à camoufler la masse qu'il était, et à côté, dans une attitude soumise, un homme fait de pierre, jusqu'à ses vêtements. Celui fait de granite se fit renvoyer sans cérémonie, ne laissant aucuns doutes au fait que c'était le géant aux allures de clochard qui était le chef. Nouvelle surprise, la statue lévitait.
Lorsque celui restant révéla son visage Dorian crut comprendre. Après tout il paraissait que les mutants vivaient en groupes, comme des meutes. Il ne lui fallut pas longtemps pour résoudre l'équation.

"Désolé d'avoir abimé ton copain mais c'est les règles du jeux."

Tirant une bouffée de sa cigarette il fixait le colosse dans les yeux. Ce genre de bœuf il n'en avait encore jamais couché mais on ne peut pas connaître ses limites si on ne les a pas atteint après tout. Et là il sentait qu'il les atteindrait. Ce type dégageait quelque chose de malsain et toute sa silhouette hurlait sa puissance.

"Si tu veux le venger laisse moi au moins le temps de virer ma veste, j'y tiens."

Et ce disant il s'exécutait déjà, retirant le manteau en grimaçant lorsque ses mains meurtries frottèrent le tissus des manches.

"C'est paaaaahaaaaa..."

En commençant à prononcer ces mots il frappa ses poings l'un contre l'autre déclenchant ainsi le pouvoir que, sans en avoir conscience, il avait volé un quart d'heure plus tôt. C'était lorsqu'il avait laissé s'exprimer sa colère, frappant sans se retenir le visage de son adversaire, s'abimant les mains comme le visage de l'autre, qu'il avait mêlé leur sang déclenchant un don qu'il ignorait avoir.
Alors, lorsque ses poings s'entre choquèrent, tout comme ceux du russe l'avaient fait au début du combat, ses avant bras se couvrirent immédiatement de flammes. Le phénomène fit hurler Dorian qui ne finit jamais sa phrase et qui d'un bond essayait d'échapper à ses propres bras.

"Retire moi ça retiremoiça."

Il paniquait, mais quoi de plus normal en constatant que des flammes parcouraient ses mains. Un feu qui pourtant ne chauffait que son buste et son visage. Sur ses bras par contre, nulle chaleur. Au contraire, la sensation des flammes sur sa peau était douce, et pas même ses poils ne fondaient. Peu à peu la panique primaire fit place à une autre peur, celle de l'inconnu. Il était contaminé, il était devenu un mutos par la faute de ce combat. Lui qui déjà était au plus bas de l'échelle sociale se voyait reculer encore d'un échelon, atteignant ainsi le fond.

"Putain... c'est contagieux votre merde !! Il m'a infecté le batard !! J'veux pas être un putain de mutos moi !"

Il releva d'un coup le visage vers celui de l'homme encapuchonné avec de la haine au fond des yeux. Non si c'était une contamination il aurait dut avoir ce pouvoir plus tôt, il aurait le pouvoir de l'autre type, qu'il avait boxé dans la rue. Alors c'était sa faute à lui, à ce grand prince aux airs de vagabond.

"Qu'est-ce que tu m'a fais hein ? C'est quoi ça ?"

Et d'un geste un peu trop brusque, un peu trop vif, il secoua les bras devant le nez du titan. Ce fut comme un souffle que commençait au coude et s'arrêtait au bout des doigts. En un instant plus de flammes et avec leur disparition, l'espoir que ce n'était que pour une fois, qu'il irait mieux ensuite.

Peu à peu la panique, dût en grande partie au fait que des flammes parcouraient ses bras un instant plus tôt, quittait Dorian. Il avait le souffle lourd et profond, comme si cette expérience si brève l'avait épuisé plus efficacement que le combat qu'il avait livré dans la cave, son regard restait fixé sur ses mains dans l'attente incertaine qu'elles s'allument de nouveau. Mais cela ne l'empêchait pas d'écouter le titan qui lui tournait maintenant le dos. Ainsi il savait déjà que Caracole avait des pouvoirs. Comment d'autres pouvaient-ils savoir des choses sur lui que lui même ignorait ?
Certes, pour ce qui était de sa famille ce n'était pas si compliqué même si c'était peu probable, mais pour sa nature mutante cela semblait relever de la machination. Une idée que Dorian rejeta, fort peu porté sur les théories du complot.

Finalement il releva les yeux vers cet homme, si c'en était un, qui ressemblait étrangement à une caricature de Sith, vêtu de sa bure à capuche, tournant le dos au jeune homme, à la rue principale mais aussi à la lumière. Il releva le regard juste à temps pour le voir s'éloigner un peu plus de lui. Et alors qu'il s'apprêtait à lui répondre, le monstre reprit la parole pour annoncer des choses qui cette fois dépassait toute crédibilité. Un de ses descendants ? Il ne faisait nul doute que cet être savait que Caracole était orphelin, et ce dernier, se refusant à croire en une telle révélation, préféra penser qu'il voulait jouer de cet absence de parent pour l'attirer dans ses filets. Un stratagème inutile car l'homme encapuchonné avait prononcé d'autres paroles bien plus aptes à séduire le jeune boxeur. Boxeur qui, non sans hésiter quelque peu, se mit à le suivre dans la ruelle.

"Soyons clairs, ton histoire de descendance c'est un peu trop gros. Si le but c'est de me faire miroiter la famille dont j'ai toujours rêvé tu es mal tombé. J'me suis fait à l'idée d'être seul et j'm'en porte pas plus mal."

Et puis quand bien même le visage de ce monstre n'avait rien d'humain, il ne semblait pas être assez vieux pour être plus qu'un oncle pour Caracole, dans l'hypothèse qu'ils fassent vraiment partit de la même famille. Un détail qui déjà en soit était de l'ordre du grotesque aux yeux du mutant nouvellement révélé.

"Donc on va s'épargner la partie où tu m'annonce que tu es un oncle sur le point de mourir et que si je veux ta fortune il faut d'abord que je te fasse un gros chèque. D'abord j'ai pas une thune, donc ça règle le problème."

Tout en parlant Caracole frappa de nouveau ses poings l'un contre l'autre, redéclenchant le pouvoir qu'il avait volé à son adversaire du soir. Cette fois-ci pas de panique, juste l'observation du phénomène. Il donna quelques coups dans le vide, des coups vifs, sans que les flammes ne s'éteignent. Puis, voulant vérifier sa théorie, il secoua rapidement les bras de haut en bas, les flammes s'éteignant encore une fois.

"Sympa... Bon j'm'égare. Ce que j'aimerais qu'on voit c'est la partie où tu me parles de mes capacités impressionnantes et de ce dont je suis réellement capable. J'veux dire, en admettant que je sois un mutant, ce dont je doute encore, ça doit être l'autre fiante qui m'a refilé ses pouvoirs temporairement, un truc de monstre de foire... Enfin, admettons. Si je suis un mutant pourquoi ça n'apparait que maintenant ? Et pourquoi j'ai les pouvoirs du mutant que je viens de passer à tabac ?"

Il semblait sûr de lui, plein de confiance. On aurait presque put croire qu'il acceptait sans soucis la nouvelle, mais ce n'était qu'une façade, un réflex de protection qu'il avait acquis alors qu'il faisait partie d'une bande de criminels et que le moindre signe de faiblesse signifiait la perte de son statut. Mais en l'observant bien l'on pouvait voir ses mains trembler légèrement, son front perler de sueur. Ses mains étaient de plus en plus moites à mesure qu'il parlait, rendant plus réel encore par ses mots toutes les découvertes de cette nuit. Il n'avait, au fond, qu'une seule envie précise, celle d'un grand verre d'alcool, fort de préférence, peut-être même une bouteille entière.

Lorsque le titan encapuchonné se tourna pour lui faire face et que, dans un tour de passe passe étrange, il fit disparaître sa bure de clochard, Dorian fit un pas en arrière. Il aurait peut-être fuit si il en avait eut le temps. Maintenant défait de son travestissement, ce mutant dégageait quelque chose de puissant, d'inhumain, de quasiment divin.
Mais le jeune homme n'eut pas le temps de fuir, seulement de faire ce petit pas en arrière avant d'être plaquer contre le mur par une force qui émanait de toute évidence de la volonté de son interlocuteur.

"Qu'est-ce qu..."

Sur son visage se lisait la surprise, mais aussi une autre émotion, une que ce tout nouveau mutant n'avait pas expérimenté depuis longtemps, la peur.
Il ne put finir sa phrase, interrompu par le choc, bien que léger, de l'arrière de son crâne sur le mur contre lequel il était désormais pressé. Puis le mutant aux allures de fléau divin prit la parole, et ses mots, même si Dorian l'ignorait encore, marquerais le boxeur à jamais.

"Raaaaah"

Un grognement plus qu'un cri, s'échappa des lèvres de Caracole lorsque son dos racla contre le mur, s'écorchant sous la fine étoffe de son chandail. Les choses étaient claires désormais, si ce monstre pouvait lui faire ça sans sourciller Dorian n'avait aucune chance. Mais si il pouvait lui faire ça, et au vu du discours qu'il lui tenait, si cette abomination ne l'avait pas encore tué c'était qu'il devait avoir besoin, ou tout du moins envie, de lui à ses côtés.

"uh..."

La pression qui maintenait Caracole à 5 mètres du sol venait de se relâcher, laissant le jeune homme chuter.
Les réflexes durement acquis en s'entrainant au runnig prirent le dessus. Dans chute, à deux mètres du sol, il frappa du talon droit le mur sur lequel il glissait. Ainsi son corps bascula vers l'avant et ce fut dans une roulade d'une souplesse remarquable qu'il se réceptionna, se retrouvant alors à genoux, devant Apocalypse de nouveau dissimulé par sa bure. Une position qu'il ne garda pas longtemps, se redressant mais gardant la tête baissée.

"Je..."

S'interrompant de lui même Dorian réfléchissait. Après tout si il était vraiment un mutant, il n'était pas impossible qu'il vienne d'une famille de mutants. Et ce type était peut-être assez fou pour croire qu'il avait 5000 ans, mais il était assez puissant pour que Dorian ne s'amuse pas à lui faire remarquer cette folie. Pourtant il exigeait quelque chose que Dorian n'accordait jamais sous la contrainte, le respect. Ce fut en russe qu'il prononça des mots qu'un jour un homme qu'il avait aimé comme frère lui avait dit.

"Le respect est une chose que l'on ne peux pas exiger, il se mérite, c'est la seule façon de l'obtenir. Si tu le recherche à travers la violence tu n'obtiendra que la peur."

Il se moquait que celui en face de lui le comprenne ou non, il avait murmuré ces mots pour rendre son souvenir de cette scène plus réel et non pas pour faire affront au monstre.

"Je te crois..."

Il était repassé à l'anglais.

"Je te crois quand tu me dis que tu me tuera si je te manque de respect encore une fois. Alors je ne le ferais plus. Mais tu dois comprendre que je viens d'un milieu ou le respect se gagne par plus que la simple force physique. Même si tu es un dieu le respect se mérite..."

Il releva alors son regard vers l'homme, car c'était ainsi qu'il devait s'efforcer de le voir pour ne pas trembler, comme un homme et non un être à la limite du démoniaque. Dans ses yeux il n'y avait nul défi, pas plus que du dégout, seulement cette lueur de peur face au pouvoir de cet homme.

"Mais je suis plus enclin à t'écouter... Je me fiche que cette famille soit riche ou non. Qui que soient mes parents leur choix a été de m'abandonner. Je leur laisse leur richesse bien volontiers, mais ça ne m'empêche pas de vouloir comprendre ce que je suis, d'où je viens..."

Il était sincère dans chacun de ses mots. Il lui semblait clair que ses géniteurs ne voulaient pas de lui, et lui ne voulait pas d'eux de toute façon. Mais connaître enfin ses origines, au fond de lui il en avait toujours rêvé, comme tout les orphelins.

"Alors s'il te plait, raconte moi..."

Oui, il tutoyait toujours Apocalypse, et oui, chez la plupart des gens cela pouvait passer pour de l'irrespect. Mais chez Dorian il ne fallait y voir que le signe du manque d'éducation, le stigmate d'une vie durant laquelle la seule doctrine qu'il ait jamais connu était "Seul le plus fort survie dans la rue".