Entre coeur et rancœur.. [Pv Eline] - TERMINé

Eline marche le long des différents magasins du centre commercial de New York. Jean slim noir, basket Nike colorées, débardeur gris laissant entrevoir ses épaules nues recouvertes partiellement par sa chevelure lisse, bref, une fille comme il en existe tant, dictée par la mode et les codes vestimentaires contemporains. Elle marche fièrement, un sac à main noir sur son épaule, à la recherche de quelques nouveaux vêtement pour étoffer sa garde-robe. Le centre commercial est bondée, noir de monde cet après-midi, les gens vaquaient à leurs occupations sans se soucier du monde qui les entourent et Eline faisait de même. Alors qu'elle arrivait dans un recoin un peu plus désert que d'habitude, caché par de nombreux panneaux indiquant les principaux magasins aux personnes perdues, la jeune femme se fit aborder par un jeune type caché sous la capuche de sa veste, les mains enfoncées profondément dans les poches de son large pantalon.

_Eh, pst, t'as pas du feu ?
_Nan, désolé, je fume pas...
_Vas-y fait pas ta pute, et file ton sac !
_Pardon ? C'est à moi que tu parles là ?
_Mais ouais, tu veux qu'ce soit à qui d'aut' ! File ton sac tout'suite où j'te plante salope!

L'homme sortit un couteau de sa poche, la lame expulsée automatiquement du manche, tandis qu'avec son autre main, l'individu tenta d'arracher le sac d'Eline. Les rares passants qui étaient témoin de la scène firent tous semblant de ne rien avoir vu et déguerpirent. La lame se rapprocha de la gorge de la jeune femme qui ne cédait en aucun cas à la panique, elle était d'un calme étonnant pour ce genre de situation.

_Retire ton couteau et ta main de là, où tu vas le regretter imbécile !
_Oh, elle fait des menaces, dépè...

Le délinquant ne put finir sa phrase, la jeune femme était déjà passé à l'action. Comme on lui avait appris dans les leçons de self-défense à l'Institut, elle saisit d'une main ferme le poignet tenant le couteau en l'écartant de sa gorge. Au même moment, elle donna un grand coup de genou dans l'entre-jambe de son agresseur avant de lui balancer son poing dans le nez avec toute la force qu'une jeune femme peut avoir. L'homme tomba à genou dans un petit cri sourd, une main entre ses jambes. Eline saisit le couteau, le mit dans son sac et disparu aussitôt.

Elle était contente d'elle, non pas parce qu'elle venait de maîtriser un grand bonhomme, mais parce que cette fois si, elle n'avait pas déchiré ses habits. En effet, la plupart du temps, lors de ce genre d'agression, elle attendait que son agresseur le frappe pour avoir un peu plus de force dans son poing et pour pouvoir le neutraliser facilement. Cependant, ces genres de délinquants ont la fâcheuse tendance à poignarder dans le ventre. Dans le cas d'Eline, ce n'était pas très grave, puisque la lame était stoppée net dès son contact avec sa peau, mais ses habits ne possédaient pas le même don et se trouvaient souvent déchirés. Comme quoi, les cours de l'Institut étaient parfois très utiles.

Elle se dirigeait vers l'escalator afin de prendre le bus pour rentrer chez elle lorsqu'un jeune homme, encore un, la percuta. Distraite par ce qu'elle venait d'accomplir, Eline ne regardait pas vraiment où elle allait. N'ayant pas eu le temps de stopper son pouvoir absorbant, le jeune homme eu l'impression de rentrer dans un mur. Toute l'énergie du choc que subit normalement un être humain avait été entièrement et instantanément absorbée chez Eline et non chez le jeune homme. Il faillit tomber à la renverse, mais se rattrapa au dernier moment.

_Désolé, ça va ? Demanda-t-elle timidement.

Elle ne voulait pas s'excuser de trop, car elle avait appris, à force de rentrer dans les gens que ça ne plaisait pas beaucoup au garçon de se retrouver par terre après être rentré dans une fille qui s'excuse de les avoir mis à terre. Cependant, ce garçon-là n'était pas tombé, mais cela a dû franchement l'étonner. Il était loin d'être aussi moche que le délinquant qui l'avait agressé, il devait avoir sensiblement le même âge qu'Eline bien qu'il soit physiquement plus grand.

Le garçon semblait gêné et il ne se mit à rougir tout en regardant Eline. Il était perturbé par ce qui venait de se passer et la jeune femme le comprenais, elle avait l'habitude de ce genre de situation qui arrivaient très régulièrement lorsqu'il y avait un peu de monde. Une fois c'était un grand skinhead neo-nazis de près de deux mètres qu'elle avait renversé en regardant un texto sur son portable. On comprend facilement que cela ne comporte pas que des avantages ce genre de pouvoir surtout dans la vie de tous les jours. Le jeune homme semblait vouloir connaître la cause d'un tel choc et lui demanda froidement comment elle était parvenue à ce résultat. Cependant, bien qu'Eline ait compris ce qu'il voulait dire, le garçon n'eut pas le temps de finir sa phrase. Il fut interrompu par un groupe de jeune qui débarquait en courant et en criant. C'était le type qu'elle avait mis par terre et deux de ces copains qui apparemment, la cherchait. En entendant la voix du délinquant, Eline eu un frisson dans le dos et se retourna précipitamment pour voir si c'était bien ce qu'elle craignait. C'est à ce moment que l'homme, bien que castré, reconnu Eline et cria à ses collègues :

_C'est elle, elle est là ! Chopez cette pute !

Eline ne savais quoi faire, elle hésitait entre leur redonner ce qu'ils méritaient, c'est-à-dire se battre contre trois délinquants armés au milieu d'un centre commercial bondé, où s'enfuir. Il est vrai qu'elle n'a pas vraiment le tempérament pour faire face à ces trois types. Le temps de réfléchir et les agresseurs sortirent des couteaux sur l'ordre de leur pseudo-chef boiteux. Il y avait des cris, des gens qui s'enfuyaient et un mouvement de panique emplit le centre commercial. Le garçon qu'elle avait renversé, quant à lui, était toujours là et lui demandais même si elle les connaissait. Mais Eline ne lui prêtait plus beaucoup d'attention, réfléchissant à un moyen de semer les trois guignols qui arrivaient maintenant en courant. L'escalator était bloqué par les gens en panique et Eline ne connaissait pas assez bien le centre commercial pour savoir par où sortir. Elle sentit alors que le jeune garçon lui saisit le bras et la tira pour l'aider à s'enfuir.

_Viens on se casse avant que ça tourne mal.

Elle ne répondit rien et suivit le jeune sauveur à travers le centre commercial se faufilant entre les consommateurs pris de panique en tirant Eline par le bras. C'est dingue comme les gens cèdent facilement à la panique et aux mouvements de foules, ils suivent les autres comme des moutons et si quelques-uns crient, ils crient aussi.

_J'espère que tu sais où tu vas ? Cria la jeune femme dans la direction de son sauveur du jour pour couvrir le bruit ambiant.

Elle n'avait aucune idée d'où le jeune homme l'emmenait, mais ce qui était sûr, c'est qu'il avait presque semé les trois abrutis. Ils ne se connaissaient pas, elle ne savait même pas son nom, mais il avait eu le cran de se fourrer dans des affaires qui ne le regardaient pas et d'essayer de sauver une jeune femme en détresse. Cette vision du chevalier blanc courant au secours de la princesse plaisait à Eline et cela la faisait presque sourire. Bien sûr, cela aurait été moins fatiguant de leur donner une leçon plutôt que de sprinter à travers le centre commerciale, mais le garçon ne pouvait pas se douter que sa jolie princesse ne craignait pas les lames des couteaux ni les poings des délinquants et cela rendit Eline respectueuse de l'action de ce brave garçon. En effet, il n'est pas certain qu'elle aurait agi de la sorte à sa place.

Eline commençait à s'impatienter, cela faisait quelques minutes qu'ils tournaient, viraient, cherchaient une sortie qui ne voulait pas se montrer. Le jeune garçon avait peut-être du cran, mais s'il ne trouvait pas une issue à cette histoire, il se ferait découper en morceau par les vilains méchants. Eline en avait marre de courir, elle était fatiguée et elle sentait bien que le garçon lui mentait quand il disait qu'il connaissait le centre commercial. C'est pour cela qu'Eline décida de mettre fin à cette course poursuite, au détour d'un magasin, elle s'arrêta et posa son sac à côté du garçon qui semblait être aussi essoufflé qu'elle.

_Attends-moi là, et, euh... Je m'appelle Eline. Lui dit elle gentiment.

Elle se retourna, se dirigeant vers les trois collègues qui n'étaient désormais plus que deux, dont un qui boitait. Ils avaient dû tomber, gêné par la foule. Eline se concentra, elle ne s'était jamais vraiment battu en dehors des cours de l'Institut et elle ne sait pas si elle parviendrait à utiliser pleinement ses pouvoir pour neutraliser les deux agresseurs. Elle se remémorait les cours de défense, les esquives et les contres-attaques qu'elle avait appris durant ces trois années à l'Institut.

Les deux délinquants lui font face, les cris de paniques sont beaucoup moins nombreux et plus éloignés, l'allée est quasi-déserte. Eline reconnait le type qui l'a agressé, l'autre est un peu plus gros et un peu moins grand, mais toujours aussi laid. C'est une première pour notre héroïne, elle qui n'aime pas la violence, la voilà forcée d'en faire usage.

_C'est toi qui m'a frappé tout à l'heure, chienne, mais maintenant on va te crever !

L'un d'entre eux donna un grand coup de couteau en direction du ventre de la jeune mutante. Cette dernière agrippa la lame après que le coup soit totalement stoppé. Elle sentit montée en elle un surplus énergétique, cela fait comme lorsque vous avez une montée d'adrénaline, quand un souffle chaud parcours votre corps et votre esprit. Il ne fallait pas qu'elle se déconcentre, car c'est souvent à ce moment que l'énergie qu'elle a absorbé est relâchée sous forme de chaleur très rapidement et est définitivement perdue. Il fallait qu'elle la garde pour pouvoir frapper ses agresseurs et les neutraliser. Elle donna un grand crochet dans la mâchoire du premier à qui elle avait saisi le couteau. Un crochet de fille certes, mais un crochet brûlant et puissant malgré le manque apparent de technique dans la gestuelle. L'individu poussa un cri et lâcha son couteau. Ils n'étaient décidément pas très gaillard. Le deuxième, qui avait déjà reçus une bonne leçon et qui était resté un peu plus en retrait se rua sur la fille assenant un coup de couteau du haut vers le bas en direction du crâne d'Eline. Cette dernière encaissa le coup comme si de rien n'était et donna un grand coup de pied dans le genou puis un autre coup de poing dans son ventre. Ce dernier, chargé par l'énergie absorbée du couteau renvoya le délinquant un mètre cinquante plus loin, sur le dos.

Le gros de la bande s'enfuit, apeuré. C'était la première fois que la jeune mutante arrivait réellement à accroitre ses capacités physiques grâce à l'énergie qu'elle avait absorbée. Cette sensation de joie fut vite estompé lorsqu'elle observa avec horreur que son débardeur était troué suite au premier coup de couteau.

_Et merde ! Mon T-Shirt neuf ! Lâcha-t-elle excédée.

Elle se retourna ensuite vers le jeune garçon, où plutôt vers l'endroit où elle l'avait laissé, avec son sac.

Spoiler:

Lorsqu'Eline se retourna, elle s'aperçut que le garçon n'était pas parti, bien au contraire, il était resté là, cigarette au bec, observant la scène comme on observe un match de foot. Il riait de l'exclamation de la jeune fille qui voyait son T-Shirt troué. En tout cas, il était loin d'être comme les autres personnes qui haïssaient les mutants, lui, ça le faisait rire. Elle fut surprise et presque vexée lorsqu'il lui tendit quelques billets pour qu'elle aille racheter un autre T-Shirt. C'est vrai, ça part peut-être d'une bonne intention, mais ce n'était pas de bonnes manières.

_Garde ça, je pense pas que ce soit le moment de...

Elle fut une fois de plus interrompue par le jeune homme qui la prit par le bras une seconde fois et la tira vers lui. Eline ne savais pas très bien pourquoi il fit cela mais elle comprit très vite en apercevant le troisième délinquant qui chargeait sur eux. Le sauveur tapa alors du pied et créa un tremblement de terre qui, en plus de mettre au sol l'agresseur, détruisit la moitié de l'allée, les vitrines des magasins et fissura le sol. Il lâche son bras et la regarda fixement. Il avait des yeux noirs, les cheveux bruns assez long et quelque peu ébouriffés.

_Je ne sais rien de toi, mais je sais que tu es comme moi, une mutante.
_Moi non plus je ne sais rien de toi, tu ne m'as même pas dit ton nom, petit malpoli. Répondis Eline le sourire aux lèvres se moquant gentiment du garçon.

Il était mutant en effet, mais Eline ne l'avais jamais vu à l'Institut ce qui l'intrigua encore plus. La majorité des mutants de son âge sont à l'Institut, enfin, c'est ce qu'elle pensait. Il était à la recherche d'un dénommé Bob Downey qu'Eline ne connaissait pas. Elle se demandait ce qu'un gars de son âge pouvait bien vouloir à ce type pour demander à une jeune femme si elle le connaissait.

_Nan, désolé, connais pas... Répondis Eline sincèrement.

Elle commençait à se poser beaucoup de questions sur ce jeune garçon, ce jeune mutant, et de nombreuses questions lui brûlaient les lèvres. Il faut dire qu'Eline est de nature très curieuse, trop même. De toute façon, elle n'eut pas beaucoup plus le temps d'y réfléchir car les vigiles accouraient dans l'allée, ameutés par le séisme qui venait d'avoir lieu. Les deux jeunes gens se précipitèrent dans un magasin de vêtements pour se cacher. Ils étaient assis dans un rayon de jean pour homme, à l'abri des regards. Décidément, il semblerait que les aventures ne fassent que commencer avec cet inconnu. Eline remarqua les chaussures troué du garçon.

_Tu vois, il vaut mieux que tu gardes ton argent pour une nouvelle paire de chaussure... Murmura-t-elle toujours en se moquant.

Le jeune garçon semblait extrêmement sévère et soucieux, dans son regard et à la fois dans son attitude. Cela doit être pour cette raison qu'Eline se moquait raisonnablement, pour le faire sourire un peu. En tout cas, elle se demandait bien comment tout cela allait se terminer.

_Alors ? Tu veux toujours pas me dire ton nom ? Lui demanda-t-elle alors que le bruit des vigiles examinant les corps inanimé des délinquant parvenait jusqu'à eux.

Hayden, c'était son nom, à la fois masculin et féminin, c'était un joli prénom aux yeux d'Eline. Elle entendit les deux délinquants faire sa description et celle de Hayden, c'était osé. Ils venaient de courir à travers le centre commercial des couteaux à la main faisant paniquer toute la clientèle et ils se faisaient maintenant passer pour des victimes. Cela montrait bien qu'ils n'étaient pas très intelligents, car certains vigiles avaient sûrement interrogés des clients qui ont très bien pu donner la description des trois lascars.

Hayden lui fit signe de se taire et pour cause, un vigile était entré dans le magasin fouillant les rayons. Il n'était pas passé loin de trouver les deux jeunes mutants et Eline eut quelques grosses frayeurs et sueurs froides. Lorsqu'il fut enfin parti, Hayden se mit à rire, c'était nerveux sûrement, lui aussi avait dû avoir peur. Cependant, il commença à insulter les Hommes et à faire l'apologie de la suprématie mutante. Ce genre de discours répugnait Eline. Elle avait connu et connaissait toujours des humains bien plus intelligents et bien plus dégourdis que certains mutants. Elle n'aimait pas ce genre de préjugé basé sur la peur, une peur qui nous pétrifie et nous force à croire que la meilleure solution est la plus radicale. L'Histoire montre bien que ce genre de raisonnement mène tout droit à des guerres mondiales. En tout cas, Eline n'avait pas été éduquée dans la haine des autres et le discours de Hayden la dégoûta.

_Comment tu peux dire des choses pareilles, c'est complètement débile ! Les mutants sont peut-être l'avenir mais c'est pas pour ça qu'il faut qu'on massacre les autres. S'ils nous méprisent c'est parce qu'ils ont peur de nous. Et il y a de quoi ! Regarde ce que t'as fait à cette allée du centre commercial !

Elle était presque en colère contre lui, s'il n'y avait pas eu des policiers en train de les chercher, elle serait tout simplement partie. Hayden lui demanda si elle était ou non de l'Institut, c'est à ce moment qu'elle réalisa que le jeune garçon à côté de qui elle était assise, et envers qui elle éprouvait une certaine sympathie, était sans aucun doute un confrériste.

_Oui. Répondit elle vexé. Et toi de la confrérie... Je crois qu'il vaut mieux que je m'en aille.

La jeune femme se leva, elle n'aurait jamais dû venir au centre commercial ce jour-là, mais plutôt rester chez elle. Car cette sortie ne lui avait attiré que des ennuis. D'abords des agressions, puis la police et des vigiles qui avaient sa description et qui la recherchait pour dégradation et maintenant un confrériste assis à ces côtés. Elle ne voulait pas se battre et elle s'imaginait que Hayden voudrait la tuer en entendant qu'elle ne faisait pas partis de son clan. Elle avait bien senti que, lorsqu'il lui avait demandé si elle était ou non X-Woman, cette hypothèse ne lui plaisait pas.

Elle se leva, ne voulant rester une seconde de plus assise là, craignant la réaction du mutant. Cependant, c'est tout le contraire qui se produisit. Au lieu de s'énerver, Hayden fut gêné et reprit Eline par la main lui demandant de rester. Il avait les joues rouges, pour la deuxième fois depuis qu'elle le connaissait. Cela ne faisait plus de doute, ce garçon aux apparences rebelles et à l'attitude sévère était loin d'être ce qu'il était au fond de lui. Sûrement trop jeune pour endosser ce rythme de vie, trop jeune pour être prêt à tout lâcher pour ces convictions et même trop jeune pour se faire de propres convictions. Eline le sentait, il y a du bon dans ce garçon, il faut juste le trouver. Elle non-plus n'était pas très vieille, elle était même peut-être plus jeune que lui, mais elle avait choisi la voix la plus confortable, facilitée par sa délicieuse existence sans réelle accrocs. C'est vrai, c'est plus facile de ne pas mal tourner lorsqu'on ne manque de rien depuis toujours et que l'on a encore un père qui vous aime. L'Institut était parfaitement faite pour les élèves mutants, on les protégeait et on les laissait grandir à leur manière, c'est en cela que c'est confortable.

Hayden eu un sursaut de fierté, il ne voulait qu'Eline le croit faible, bien qu'elle ne le pensait pas. Il se releva et essaya tant bien que mal de se donner un air sévère, ses yeux noirs demis clos, les sourcils froncés et à demi voilés par la mèche de ses cheveux. Il s'excusa, il mentait aussi, mais ça, Eline s'en fichait. Elle sentait qu'elle n'était pas prise pour une moins que rien aux yeux d'Hayden, elle sentait, quand il la regardait, comme une impression d'être respectée, estimée et peut-être plus.

Il lui tourna le dos, comme à contrecœur, l'air triste. Cela attendrit Eline autant d'humanité pour quelqu'un qui ne s'en vantait pas. Elle se rapprocha de lui, lui mit la main sur son épaule et lui dit tendrement, le sourire aux lèvres :

_Aller, c'est pas grave va, je t'aime bien quand même... On a des vigiles à semer si on veut sortir d'ici...

Elle se dirigea vers le fond du magasin de vêtements espérant une autre issue que celle par laquelle ils étaient rentrés, se baissant à travers les rayons, pour éviter d'être vu par le gérant du magasin qui contemplait désespéré sa vitrine brisée. En effet, les secours étaient autour du corps fracturé du délinquant et les vigiles, aidés des policiers, cherchaient activement les deux mutants.

Hayden plaqua Eline contre le sol. La chute fut amortie par son pouvoir et elle sentit une fois de plus ce courant chaud parcourant son corps et signifiant l'absorption énergétique. Elle aimait cette sensation, plus même, elle adorait ça. Un flic était entré dans le magasin cherchant dans le noir à l'aide de sa lampe torche les deux fugitifs. Cependant, il fut distrait par un mannequin qui tomba à l'autre bout du magasin. Eline ne savait pas que c'était Hayden qui l'avait fait tomber, elle était face contre terre le bras du garçon sous son ventre. Pendant le temps que le policier mit pour aller jeter un coup d'oeil, les deux jeunes gens allèrent se cacher, attendant que le flic décampe.

Hayden ne put s'empêcher de plaisanter sur la situation. Tu parles d'un jeu ! C'était l'enfer ici, pire qu'une prison pour en sortir. Et si Hayden ne se décidait pas à faire moins de bruit, ils allaient tous les deux se faire repérer. En tout cas, Eline était beaucoup plus tendue que lui, elle n'avait pas vraiment l'habitude de ce genre de petites parties à vrai dire. Ils trouvèrent enfin une porte, mais celle-ci était bloquée. Eline regarda par la serrure.

_La voie est libre, je vois personne, mais elle est bloquée... Murmura-t-elle.

Soudain, elle eut une idée : elle sortit le couteau qu'elle avait pris aux délinquant qui l'avait agressé avant sa rencontre avec Hayden. Elle leva la lame devant ses yeux puis frappa un grand coup sur son avant-bras. L'énergie fut totalement absorbée et la jeune fille se concentra pour pouvoir décoincer la porte, il ne s'agissait pas de se transformer en torche vivante au milieu du magasin. Elle saisit la poignée et mis un petit coup d'épaule. Aucun bruit ne pouvait être entendu par les policiers aux alentours, mais le verrous sauta sous la puissance décuplé de la mutante. La voie était réellement libre.

De ce côté-ci du magasin il n'y avait personne où presque, juste quelques marchands qui se demandaient ce qui se passait. Les deux mutants sortirent. Maintenant, il fallait non seulement qu'ils trouvent la sortie du centre commercial, mais en plus qu'ils ne se fassent pas repérer sous spot lumineux qui ornaient le plafond de cette large allée déserte.

Un marchand les avait vu et il ne manqua pas de gueuler pour attirer les vigiles. Heureusement, et avec beaucoup de persuasion, Hayden le fit taire. Alors qu'Eline était presque pétrifiée de peur, le garçon avait gardé tout son sang froid et avait menti avec talent. Le marchand, emballé, nous donna en plus la sortie du centre commerciale. C'était une sortie de secours à droite au bout de l'allée. Alors qu'Eline s'apprêtait à s'y rendre, Hayden s'arrêta et demanda au marchand s'il connaissait le type qu'il cherchait. Apparemment, Hayden était venu au centre commercial juste pour voir un pauvre marchand de multimédia. Le problème c'est qu'il était à l'étage du dessus et vu la situation actuel, traverser le grand hall pour prendre les escalators sans se faire voir était réellement du suicide.

_Ecoutes, faut vraiment que je vois ce type. Je t'oblige pas à venir, si tu veux partir vas-y Lui dit Hayden.

Il fixa la jeune femme dans les yeux, comme pour attendre son feu-vert où son accord. Cette situation mit mal à l'aise Eline qui baissa la tête. Elle se disait qu'il était assez grand pour prendre ce risque, mais elle ne voulait pas rester dans ce centre une minute de plus. Surtout pour aller voir un marchand qui serait là un autre jour et où l'accès serait un peu moins sécurisé. En même temps, le garçon lui avait sauvé la mise au début de l'après-midi. Eline lui devait bien ça de l'accompagner.

_Tu vas quand même pas monter à l'étage ? Il y a des vigiles partout, ils vont te chopper ! Tu y retourneras une autre fois, ça peut bien attendre... Dit-elle à voix basse pour que le marchand qui les avait surpris n'entende rien. Puis elle rajouta :

_Allez, viens on se tire on a assez moisi ici !

Elle lui prit la main et essaya de le tirer vers la sortie. Eline préférait le convaincre à s'en aller. D'une part, car cela lui éviterait de l'accompagner et d'autre part parce qu'elle aimait bien Hayden et qu'elle ne pourrait accepter qu'on lui fasse du mal ce soir. En effet, les vigiles et les policiers sont à crans en ce moment à propos des mutants, certains tirent même à vue. Alors s'ils trouvent un garçon suspect, ils ne vont pas hésiter, ils vont tirer. Et Hayden ne serait pas capable d'amortir les balles comme Eline.