Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes (libre)

Hayden venait de passer une excellente après midi, ni la pluie qui s’abattait en averse depuis la veille, ni le manque de drogue qui commençait de plus en plus à le titiller n’arrivait à lui faire perdre son sourire qui pourtant se faisait de plus en plus rare ces derniers temps. Cette bonne humeur débordante était en partie dû au fait que le jeune homme venait d’empocher dans la journée 1000 dollars de bénéfices grâce à ses « activités ». Il marchait donc gaiement le long des trottoirs, abrité sous son parapluie, à la recherche d’un bar ou il pourrait se détendre et faute de mieux, consommer de l’alcool. Pour tout dire, il ne connaissait pas vraiment le quartier où il se trouvait actuellement et il marchait espérant trouver par hasard le fruit de ses recherches. Ses pas clapotaient dans les flaques qui devenaient de plus en plus importantes au fur et à mesure que la pluie s’acharnait à tomber, et, au détour d’une rue, la maladresse d’Hayden frappa une nouvelle fois.
Alors qu’il marchait, confiant, son pied dérapa malencontreusement sur une bouche d’égout dont le métal, rendu glissant par la pluie fit faire une chute des plus spectaculaire à Hayden qui s’écroula lamentablement dans une immense flaque d’eau.

-Et merde !

Heureusement cette fois personne n’avait pu assister à la chute du jeune homme. Il était maintenant trempé et en essayant de se relever, il se rendit compte que sa cheville était douloureuse. Dérapant une nouvelle fois à cause de cette dernière il parvint cependant à se rattraper de justesse à un mur.

-La vache, ça fait mal !

Le froid l’envahit, son jean et son gilet étaient tous deux trempés et le vent qui commençait à se lever fit trembloter le jeune homme. Il continua d’avancer en claudiquant, il venait de repérer un minuscule bar situé entre deux immenses édifices où une foule de personnes s’acharnaient à entrer. C’était un peu comme sa lueur d’espoir, là bas il pourrait oublier le froid et sa cheville au profit du doux réconfort de l’alcool.
Il avança donc tant bien que mal jusqu’à la porte de ce bar et lorsqu’il y pénétra, il fut étonné d’y trouver une salle à la propreté plus que déficiente. L’ensemble de la pièce était recouvert d’une épaisse couche de gras qui laissait entre autre vos chaussures collés au sol, faisant faire un couic couic à vos chaussures et ce à chaque pas, la poussière qui voletait en nuage épais donner une perception légèrement embrumé de la pièce enfin l’odeur qui se dégageait de l’ensemble laissait peu de doute quand à la date du dernier ménage qui avait du être fait en ces lieux.
Légèrement répugné, Hayden alla s’asseoir au bar en ayant éternué à plusieurs reprises à cause des saletés qui vagabondaient dans l’air ambiant.

-Une double tequila, s’il vous plait patron !

Le patron le regarda avec des yeux ronds mais il ne broncha pas. Hayden ne prêta pas la moindre attention aux gens qui l’entourait, il ne vit donc pas que la majorité c’était retourné sur lui, sûrement à cause de sa tenue sûrement vulgaire, de son étrange démarche claudicante, de ses vêtements mouillés et de sa bonne humeur qui malgré tout persistait.

-Voila, garçon !

-Merci !

Il adressa un sourire au patron qui le dévisagea une fois de plus, il se permit au vu de la propreté des lieux d’étendre ses jambes sur l’un des tabourets vides à côté de lui en sirotant sa tequila bien tranquillement. Les péripéties de la journée étaient maintenant bien derrière lui.

Etendu de tout son long sur les deux fauteuils de bar, Hayden termina d’un coup sec sa première tequila pour en recommander une immédiatement après. La sensation de froid n’avait pas totalement disparue de son frêle corps et l’alcool lui permettait d’allumer un feu intérieur qui, espérait-il, le réchaufferait, ce qui n’était toujours pas le cas à son grand malheur.

Il se rendit alors compte que le bar dans lequel il avait encore une fois eu la malchance de pénétrer était, en plus d’un endroit répugnant ou la crasse régnait en despote absolu, le lieu de rencontre de ce qui semblait être au premier abord une secte, ou du moins un groupe de parole du genre alcooliques anonymes. L’assemblée constituant ce groupe était essentiellement hétéroclite, bien que le jeune garçon puisse décerner à travers leurs êtres des existences malheureuses, ou du moins des existences qu’ils désiraient malheureuse. La plupart en effet ne semblait pas avoir des vies bien plus misérables que celle d’Hayden, qui trônait déjà en tête des existences les pathétique, pourtant le jeune prostitué arrivait à garder le sourire ce qui ne semblait pas être le cas de ces personnes.
Le regard d’Hayden fut cependant attiré par le « gourou » du groupe, qui était un homme de très grande taille et à l’allure fort charismatique, il ne put d’ailleurs pas s’empêcher de le fixer pendant plusieurs minutes, il n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi doué pour le discours et avec autant d’aisance physique.

Lorsque son discours se termina, Hayden ne put s’empêcher détacher son regard de l’homme, il était comme captivé par son aura. Il s’empressa cependant de détourner la tête lorsque celui-ci lui adressa un franc sourire, et il le sentit le détailler dans son dos comme si le regard du gourou était en train de le passer aux rayons X. Au bout de quelques instants, n’y tenant plus, Hayden regarda à nouveau l’homme qui en se relevant venait de déraper maladroitement sur le sol ce qui ne put que le faire rire en lui rappelant sa propre maladresse.
Il vint alors directement s’asseoir à côté de lui, Hayden en eut des frissons, cet homme était de ceux à qui l’on ne pouvait rien refuser, il était d’une nature profondément gentille et altruiste, Hayden le sentait, mais il lui faisait peur de par le fait qu’il était capable de captiver un auditoire, de manipuler vos idées dans son intérêt, et malgré sa gentillesse, Hayden en avait peur.

Il se présenta sous le nom d’Oliver Trust, sa voix était douce, grave, rassurante, et Hayden se détendit. Un nouveau frisson le parcourut alors mais cette fois c’était dû au froid. Il remit son gilet trempé sur ses épaules ce qui n’arrangea en rien son état.

-Hayden, enchanté ! Pour tout te dire je suis venu ici par le plus pur des hasards, je me suis cassé la figure dehors et c’est le premier bar que j’ai trouvais pour me réchauffer.

Hayden adressa à Oliver un sourire gêné, il n’avait pas du tout confiance en lui. De par sa nature et son vécut il se méfiait des hommes, surtout quand ils étaient plus grands que lui, plus lourds et donc plus forts et qu’ils faisaient partis d’un sorte de secte. D’ailleurs, il ne put s’empêcher de le questionner à ce sujet.

-Qu’est ce que vous faisiez d’ailleurs ? C’est une sorte de réunion religieuse ?

Si Hayden avait employé le mot religieuse c’était plus pour lui épargner les alcooliques anonymes auxquels il avait d’abord pensé. Il recommanda alors une bière pour suivre Oliver qui venait déjà d’entamer correctement la sienne.

Spoiler:

Oliver tomba physiquement sous la question d' Hayden qui lui tira un bon éclat de rire et quelques larmes bien méritées... Jamais Oliver ne s'était demandé ce que pensaient les simples passants qui étaient témoins de ce genre de réunion... Le résultat était assez fendant à son goût. S'appuyant sur un fauteuil, il regarda droit dans les yeux le gringalet, reprenant soudain tout son sérieux, mais dans ses yeux brillaient une étrange lueur. Oliver tira un fin sourire et fini par éclater de nouveau. Il balbutia quelques mots entre deux reprises d'oxygène:

-Ne.. Te vexe pas... On me l'avait jamais faite encore... Je suis désolé.

Ces trois derniers mots calmèrent le jeune hypnotiseur qui dénuda des yeux le bel Hayden au regard captivant. Prenant un grande inspiration, Oliver laissa porter son regard une dernière fois sur le garçon, et finit par balbutier un phrase qui se voulait expéditive, mais qui finalement fut très longue:

-Comment dire, ces gens là ont tous des problèmes, plus ou moins graves, ils sont paumés, n'arrivent plus à mettre un pied devant l'autre... Moi je suis là pour les aider à sortir de leur convalescence... C'est une image un peu fausse, car du moment qu'ils m'écoutent ils sont forcés d'aller mieux... C'est... Une particularité chez moi... Ces personnes ont juste besoin qu'on les aide à voir un peu plus loin qu'au jour du lendemain... Une petite poussée dans le dos, et les voilà reparti... Ce n'est ni une pratique religieuse, ni une secte, ni même une organisation d'alcooliques anonymes... Juste une séance que je propose tous les mercredis et les vendredis aux désireux. J'étudie la psychologie, donc, bon, c'est aussi un moyen pour moi de me former tout en redonnant le sourire à ceux qui en auront besoin.

Oliver marqua une pose pour rafraichir sa gorge meurtrie du discours de tout à l'heure d'une gorgée de bière fraiche. Il sentait chez son auditeur une présence indiscutable, un fort charisme dans un petit corps d'enfant qui se serait mal développé. Oliver ne put alors s'empêcher de lui proposer un peu d'aide:

-Tu sais, je te vois sourire, tu m'as l'air heureux (Oliver mentait évidemment, même le meilleur des farceurs ne pouvait tromper Oliver sur sa véritable condition interne) mais si jamais ta joie baisse, sache que tu pourras me retrouver ici assez souvent, même seul parfois...

C'était une sorte de rendez-vous pour un séance de psy qu'Oliver venait de lui proposer, bien qu'il y avait forcément un certain nombres d'indices pour qu'Hayden y comprit qu'Oliver voulait simplement le revoir. Ce n'était en rien un plaisir physique que le jeune mutant éprouvait face à son interlocuteur, mais une étrange jouissance mentale dans la complexité que libérait le jeune homme. Oliver vida sa pinte, et sorti sa blague à tabac d'où il tira une clope qu'il avait déjà roulé à l'avance, étrangement plus longue qu'un roulée normale...

-Barney à une cours intérieure de l'autre côté, ça te dis?

Oliver tendit un autre joint a Hayden, leur couleur était exclusivement verte, parsemée de quelques taches brunes, bien peu nombreuse dans la forêt qu'abritait la feuille de papier.

-Sauf si bien sûr tu ne fumes pas...?

Spoiler:

Alors qu’Hayden venait d’émettre son interrogation sur la réunion qui venait de se produire, le dénommé Oliver partit d’un grand éclat de rire, ce qui eut pour effet immédiat d’attirer les regards de tout les clients du bar. Le jeune homme émit un sourire gêné, apparemment sa question était sotte et ridicule. Le pourpre lui monta légèrement aux joues, colorant ses pommettes d’un léger rosé qui contrastait étrangement avec sa peau pâle. Voyant son reflet dans le miroir situé derrière le bar, il grimaça.
Oliver lui expliqua alors que ces réunions avaient pour but de redonner le moral aux gens, de les soutenir dans leurs quotidiens et de les aider à aller de l’avant. Il évoqua également une capacité à convaincre les gens, ce qui titilla l’attention d’Hayden, l’homme qui lui faisait face était-il un mutant ? Il n’osait pas aborder le sujet pour le moment, les anti-mutants faisaient partie des frayeurs du jeune prostitué qui préférait éviter d’avoir à faire eux. Et comme il ne savait pas à qui il avait à faire, il préférait jouer la carte de la prudence. D’autant plus qu’Oliver étudiait la psychologie d’après ses dires, alors autant éviter une psychanalyse qui pourrait nuire tant à Hayden qu’à l’homme qui lui faisait face.

-C’est très gentil à toi de prendre le temps d’écouter ces gens mais je pense quand même qu’il faut avoir peu de force morale pour s’apitoyer sur son sort comme ça. Mais bon après tout chacun son caractère …

Hayden suivit alors Oliver et but sa bière cul sec. Il pensait en effet que ces gens devait avoir peu de courage pour déprimer ainsi, après tout chaque personne avait des soucis propres et vivait avec, il lui suffisait pour sa part de penser qu’il y avait pire que lui, car il y avait toujours pire que soit, pour remettre son moral d’aplomb. Dans tout les cas, Hayden avait toujours était un tenace optimiste qui se refusait à voir le mauvais côté des choses. En tout cas les propos d’Oliver avaient avivé sa réflexion sur sa condition et au final, il se disait qu’il n’était pas si malheureux que ça. Il lui proposa alors de le retrouver ici dans le cas ou il viendrait à avoir besoin de réconfort, ce qui surprit le jeune homme qui voyait dans ses propos une envie certaine de le revoir, ce qui le mit quelque peu mal à l’aise. Il ne comprenait pas l’intérêt qu’Oliver lui portait, d’autant plus que ce dernier le fixait régulièrement dans les yeux ce qui le mettait également mal à l’aise. Il faut le dire Oliver était un beau garçon, un de ceux susceptible de plaire à Hayden, ses yeux était d’un noir absolu et Hayden se perdait régulièrement à l’intérieur lorsqu’il se prenait à le fixer trop longtemps. Mais il ne devait pas ressentir ce genre de chose, il n’en avait pas le droit. Il se ressaisit alors intérieurement, essayant de reprendre le fil de la conversation.

-J’y penserais si à l’occasion je me sens mal, je te remercie.

Il lui adressa alors un sourire franc, dévoilant ses dents blanches pour la première fois. C’est ce moment là qu’Oliver choisit pour lui proposer de fumer un joint, Hayden n’en ayant pas fumer depuis un moment il accepta la proposition avec plaisir.C’est alors que son don se manifesta, sa vision se troubla légèrement pour laisser place à une de ces habituelles visions. Dans le miroir Hayden pouvait voir le reflet argenté de ses yeux briller d’un étrange éclat …

Un homme se droguait, s’injectant dans les veines un liquide qui ne pouvait être autre chose que de l’héroine. Le jour venait de se lever sur New York et la matinée entrainait son lot quotidien d’agitation, de trafic routier, et de personnes marchant dans les rues. Un jeune homme se distingua dans la foule colorée et floue, ce même homme qui se droguait quelques instants avant. Il sonna à une porte, son état était pitoyable, pathétique. Une femme apparut, de toute évidence il s’agissait de sa mère. Elle fut des plus cruelles avec lui, l’insultant et le menaçant. Pourtant quelques mots suffirent au jeune homme pour que cette mère se transforme et change complètement. De haine, elle était passée à amour …

Hayden en avait assez vu, il en avait même trop vu. Oliver était un mutant, c’était certain et pas n’importe quel mutant, de ceux qu’Hayden craignait par-dessus tout, de ceux qui d’un claquement de doigts, d’une pensée peuvent vous entraver à vie, vous priver de votre liberté à jamais. Il avait entendu parler des hypnotiseurs par le plus pur des hasards, les mutants de Mutant Town en parlaient avec de la peur dans la voix, là bas ils étaient généralement respecté et craint. Hayden tourna immédiatement la tête, se refusant par précaution de regarder Oliver dans les yeux, des fois que son pouvoir fonctionne à travers ces derniers. Il était piégé, il venait d’accepter de le suivre dans cette cour, où il serait surement seul.

Hayden se leva, prenant un air neutre pour ne rien laisser paraitre, il espérait intérieurement qu’Oliver n’avait pas remarqué le reflet qui avait parcourus ses yeux, au pire il prétexterait que c’était à cause de l’éclairage. C’est à ce moment là aussi qu’il put se rendre compte qu’Oliver était immense, il surplombait l’oracle de deux bonnes têtes, Hayden lui arrivant quelque part entre le milieu du bras et l’épaule. De plus sa musculature indiquait clairement que s’il devait y avoir un affrontement, l’hypnotiseur serait déclaré bon vainqueur. Ils passèrent dans un couloir étroit et tortueux où le jeune garçon évita tout contact avec quelques objets que ce soit, il ne voulait pas se salir et encore moins attraper une maladie, après tout dans cet endroit on n’était surement pas à l’abri du tétanos. Une fois arrivé dans la cour, Hayden alla s’asseoir sur l’unique banc présent sous un préau, comme il le pensait, l’endroit était désert. Il décida alors de jouer sur la corde sensible d’Oliver, il fixa son regard quelque part sur le torse du mutant, refusant toujours de le regarder dans les yeux.

-Oliver, j’ai une question à te poser, si elle te dérange tu n’es pas obliger d’y répondre mais dans ce cas je partirai. Je sais que tu es un mutant, je sais également que tu es un hypnotiseur, ma question est simple, est ce que tu m’as manipulé ?

Les mots étaient sortis de sa bouche tel un couperet froid et glacial comme le climat qui les enveloppait. Il n’osait pas l’avouer mais Hayden ressentait de la peur, il frissonna et en resserrant son gilet sur ses épaules, il blottit ses jambes contre son torse, refusant toujours de regarder Oliver dans les yeux tant que celui-ci n’aurait pas répondu clairement à sa question.

La réaction d’Oliver à la question du jeune homme fut des plus étrange, il balbutia d’abord que la question ne le dérangeait pas avant de faire le tour de la cour en fumant son pétard. Cette scène ne dura que quelques minutes et pourtant Hayden en profita entièrement comme si celle-ci avait duré des heures entières. Son regard ne quitta pas une seule seconde l’hypnotiseur, il le trouvait magnifique, sa carrure était impressionnante et bien qu’effrayante aux yeux du jeune homme, il ne pouvait en nier l’entière beauté qui pouvait sans aucun doute rivaliser avec les statues grecques de l’époque. Il revint alors vers lui coupant net les rêveries de l’oracle et lui assura qu’il ne l’avait pas hypnotisé, le soulagement marqua alors les traits d’Hayden qui fut légèrement rassuré. Il croyait qu’Hayden faisait de lui un monstre, ce qui le chamboula intérieurement. Il n’avait jamais eu cette intension, il se refusait même de considérer un simple mutant comme un monstre, c’était injustifié.

-Oliver, je … Je suis vraiment désolé, je n’avais pas l’intention de te qualifier de monstre, j’en serais pas capable … Et je ne suis pas non plus entré dans ta tête, ça aussi j’en suis incapable.

Il n’osait toujours pas regarder le bel apollon dans les yeux, de crainte que celui-ci puisse pénétrer ses pensées. Apparemment Oliver avait remarqué l’étrange obstination d’Hayden à fixer son torse pour ne pas le regarder directement. C’est ce moment la qu’Hayden choisi pour allumer le pétard qu’on lui avait gentiment offert, alors que celui de l’hypnotiseur arrivait à sa fin. Il avait besoin de se détendre et le THC ne ferait que contribuer à l’effet désiré. Oliver reprit une fois de plus la parole, sa voix grave et douce était fort agréable et Hayden ne put que sourire aux mots qu’il venait de lui adresser.

-Je vais essayer de te faire confiance … J’espère que je ne le regretterais pas. Et ne pense pas que je te connaisse aussi bien que tu semble le croire, à part ton prénom et ton pouvoir je ne connais rien de toi. Ce serait dommage de tout savoir, je perdrais tout le plaisir de te découvrir … Tu me reverras surement, je l’espère d’ailleurs, tu as l’air d’être gentil …

Hayden vit Oliver rougir jusqu’aux oreilles. Avait-il dit quelque chose qui avait laissez sous entendre que le jeune homme lui plaisait intensément ? Si c’était le cas il fallait immédiatement que l’oracle se ravise, il ne pouvait se permettre d’avoir une relation amoureuse, Chaz ne le tolèrerait pas et Oliver y risquerait sa vie, ce qu’Hayden ne voulait pas bien évidemment. L’hypnotiseur semblait soudain mal à l’aise, il s’éventait et semblait subir une chaleur étouffante alors qu’Hayden grelottait sur son banc depuis qu’ils étaient sortis.

-Tu as chaud ? Mais il fait super froid !

Hayden n’avait pas eu le temps de terminer sa phrase qu’Oliver était déjà parti. Il se retrouva alors seul, le pétard à la main il tira quelques lattes sur son joint. Oliver revint immédiatement et s’assit en face de lui.

-Tu as fait sacrément vite !

Il s’excusa alors prétextant qu’il ne fumait plus régulièrement alors qu’il ressortait déjà sa blague à tabac pour se rouler une nouvelle cigarette. Hayden l’arrêta, posant sa petite main froide sur la sienne en lui tendant son pétard qui n’était consumé que de moitié.

-Tient tu peux le finir si tu veux, j’en ai assez. Moi non plus je ne fume pas régulièrement et la je dois t’avouer que ça tourne un peu.

Il détailla alors Oliver. Il était prêt de lui, son visage n’était qu’à quelques centimètres du sien, il pouvait voir le reflet de ses yeux clairs dans les yeux noirs d’Oliver. Il se recula soudain, il n’avait pas le droit de ressentir ce genre de chose, ces gazouillis dans le ventre et puis quoi encore ? Hayden ne vivait pas de le monde de Walt Disney, tout n’était pas rose dans son monde à lui. Il s’assit à nouveau en face du mutant, blottissant une nouvelle fois ses genoux contre sa poitrine et resta là à regarder Oliver. Subitement des larmes commencèrent à lui monter aux yeux, il ne savait pas pourquoi mais ces derniers temps il était devenu une vrai fontaine. Il s’essuya rapidement à l’aide de ses manches.

-Je suis désolé, ce pétard me fait des effets étranges à moi aussi …

Hayden réussit à calmer ses larmes au bout de quelques instants, non sans quelques coups de manches supplémentaires. Ses pleurs semblèrent déclencher de la compassion chez Oliver qui se lança alors dans une psychanalyse plus ou moins détaillé du jeune homme. Il n’aimait pas particulièrement cela, Oliver restait une personne rencontrée quelques instants plus tôt à qui il n’accordait pas encore sa confiance et qui pouvait se révéler dangereux. Hayden restait avant tout quelqu’un de très méfiants même si l’hypnotiseur lui plaisait énormément, et cela semblait réciproque aux yeux du jeune homme qui s’était attelé lui aussi à la tâche de le détailler et de surveiller ses réactions, et cela sans aucune gêne. Après tout Oliver paraissait faire de même avec sa personne. Du discours d’Oliver, Hayden comprit qu’il voulait utiliser son don sur lui pour effacer sa peine. Il ne pouvait pas se permettre d’avoir recours à ce genre de thérapie, d’une part parce que cela lui faisait peur, et d’autre part il ne savait pas du tout comment cela fonctionnait. Il décida de faire part de ses réflexions à Oliver, sa réaction attesterait surement de la confiance qu’Hayden pourrait lui accorder à l’avenir.

-J’ai … j’ai peur Oliver. Je ne sais pas ce que ça fait d’être hypnotisé, et j’ai envie de ne rien oublier. Je vis avec mes peines et mes malheurs, c’est qui fait ce que je suis, ce qui fait mon être à part entière.

A nouveau, il réfléchit quelques instants. Pendant ce temps, Oliver lui proposa aimablement à boire, ce qu’il accepta. Le fragment de passé qu’il avait vu d’Oliver attestait qu’il était parfaitement en mesure de le comprendre, voir même de l’aider. Après tout, il ne semblait que justice qu’Oliver entende également un fragment du sien.

-Je veux bien me confier, je sais que tu as été comme moi à un moment donné, un drogué. J’essaye de m’en sortir mais ce n’est pas évident, mes dons semblent également dépendre de ma consommation. Je dois également te révéler que si ton don me fait tant peur, c’est parce qu’il est capable de me prendre ce qui à mes yeux est le plus cher, la liberté. Je me bats bec et ongles au quotidien pour avoir cette petite parcelle de liberté qui est mienne et à laquelle je tiens énormément, car tu dois savoir aussi que je me prostitue.

Hayden cloua son bec, il en avait déjà dit beaucoup, si Chaz l’apprenait, il lui flanquerait surement une bonne correction. Mais il n’y avait pas de risque que celui-ci l’apprenne, Hayden se détendit donc en buvant la bière qu’il avait demandé à Oliver. Il l’agita.

-Merci Oliver, tu es vraiment adorable ….

Il fit alors quelque chose que ni lui, ni Oliver ne semblait attendre, quelque chose d’instinctif qui mit Hayden très mal à l’aise bien qu’il en avait terriblement envie. Il fit un câlin à Oliver, enserrant ses maigres bras autour du torse puissant du mutant et posant sa tête contre son épaule. Il était rouge comme une pivoine, du moins il le croyait, lui qui était d’habitude si à l’aise avec la compagnie masculine se sentait soudain comme un enfant qui n’avait jamais eu de relations sentimentales.
Ce câlin ne dura que quelques secondes avant que quelque chose de tout aussi inattendue se produise. Deux hommes cherchait Hayden, apparemment il ne savait pas pourquoi, bien qu’il est une petite idée. Il se dégagea d’Oliver et regarda sa montre. Comme il le pensait, il était en retard.

-Je suis désolé mais je dois partir …

Sans un mot supplémentaire, il quitta Oliver, repassant par le couloir qui menait jusqu'au bar. Les hommes venaient surement le chercher parce qu’il n’était pas à sa place, sur son bout de trottoirs. A cette heure ci il se devait d’être à un endroit précis ou plusieurs de ses clients lui donnaient rendez-vous. Une autre vision le frappa alors, cette fois c’était à Oliver que les hommes s’en prenaient. En plein milieu du bar et sans ménagement aucun, il fit un brutal demi tour pour repartir chercher l’homme qu’il venait de quitter. Il ne voulait pas qu’il lui arrive malheur par sa faute. Il arriva dans la cour qu’il venait de quitter quelques secondes auparavant. Oliver n’avait pas bougé d’un millimètre.

-Tu dois me prendre pour un fou mais on doit quitter ce bar immédiatement.

Hayden se concentra, il mit deux doigts contre sa tempe, ce genre d’effort avait tendance à le faire légèrement souffrir. Il vit alors les deux hommes pénétrait dans le bar, l’horloge au dessus de la porte indiquait 21H34. Il regarda sa montre et l’écran indiquait 21H33. Alors qu’il s’apprêtait à décrocher les yeux de sa montre, les minutes changèrent.

-La poisse ! Oliver écoute moi bien, il y a deux hommes qui vont venir ici. Ils vont surement me passer à tabac, je me défends seul, je ne veux pas que tu interviennes …

Il détailla l’air interloqué d’Oliver et préféra le laisser la avant que les hommes ne le trouvent ici. Il retourna précipitamment à l’intérieur du bar et fit semblant de sortir des toilettes, ce qui sembla fonctionner.

-Tiens voila notre petit Hayden !

Il regarda les deux gorilles qui se trouvaient devant lui, il savait pertinemment qu’il n’avait aucune chance face à eux, en plus sa cheville lui faisait mal à nouveau, la petite course de tout à l’heure ayant réveillé la douleur qu’il s’était faite en tombant un peu plus tôt.

-Je sais que je ne devrais pas être là je suis désolé, ne faisons pas de grabuge et allons à l’extérieur.

La réaction ne se fit pas attendre.

-Tu crois que je me fiche de foutre le bordel dans un boui boui pareil !

Le patron le regarda avec un air terrifié, Hayden ne savait pas quoi faire. Un des hommes s’élança sur lui, par réflexe Hayden s’écarta de se véritable rhinocéros et lui fit un croche patte, ce qui eut pour effet de l’envoyer valdinguer au sol dans un roulis boulis digne d’un coup de tonnerre. Il vit alors Oliver dans l’entrebâillement du couloir qui menait à la cour intérieure. C'est alors que le deuxième géant l’attrapa par derrière, l'ensserant de ses bras puissant et le soulevant de terre. Sa poigne étais si forte qu'Hayden avait beau se débattre, il ne lâchait pas.

Hayden se confia finalement à lui... Oliver apprit donc quelques abominations sur son compte... Sa vie n'était pas des plus simples, et elle appartenait sûrement à ce groupe de destinées que seuls certains peuvent affronter. L'homme se prostituait... Ce qui signifiait, vu le nombre de regard qu'il jetait à sa montre, qu'il était sûrement sous la directive d'un mac. Un flot de colère fit tiquer une paupière de l'hypnotiseur, il avait horreur de ce genre de types qui gouvernent encore quelques esclaves trop faibles pour leur faire face. Oliver n'eut donc aucun mal à accepter le refus d'Hayden pour l'hypnose... Sauf que le jeune homme ne semblait pas comprendre la manière dont Oliver s'en servait, il ne faisait pas oublier des points noirs, il inculquait aux désireux une directive de pensée qui faisait réapparaître la lumière dans la plus noire pénombre.


-Hayden... Je comprends ton appréhension, elle est tout à fait normale... Mais je n'ai pas l'envie de plonger qui que se soit dans une illusion du bonheur, je ne donne que les clés nécessaires pour faire les bons choix... Ces gens que j'ai hypnotisé ne sont pas moins triste, il sont juste plus conscient de ce qu'il auront besoin de faire pour atteindre le bonheur.

Hayden sembla quitter son appréhension première et enserra Oliver de ses maigres bras... Le poing du mutant se resserra sur le dos du jeune homme. Oliver apprécia cette touche d'affection, de sincérité. Mais il se disait qu'il fallait bien être détruit par la vie pour se jeter de cette façon dans les bras de la première bonne patte. Sans connaître Hayden, Oliver avait déjà en horreur tous les individus que faisait de son parcours un champs de mines qu'il devait toutes exploser tôt ou tard. L'étreinte dura quelques secondes, et soudain, Hayden sembla gêné de son acte, il se retira, regarda sa montre, prétexta qu'il devait y aller... Il fusa, sans dire au revoir, puis revint, dans la même minute pour lui dire de déguerpir.


-Quitter ce bar? Mais pour quelle raison?

Hayden apposa ses doigts sur ses tempes, et affirma qu'il se chargeait seul des deux types qui devaient se pointer. C'était un voyant... Vraiment intéressant, quoique sur le coup peu serviable vu le délai auquel les visions semblaient apparaître. Le voyant s'éloigna, laissant Oliver seul, qui réfléchissait déjà un une tactique d'approche... Si cela devait mal tourner, Oliver interviendrait, il ne pouvait pas laisser ce gamin entre les griffes de rapaces de ce genre...

Il se glissa discrètement dans le couloir qui menait à la pièce principale, le calme était tombé parmi la foule, seules les voix des deux types et celle d'Hayden couvraient le silence. Oliver enregistra la voix du géant qui venait de tomber sous le croche-pied d'Hayden... Ça tournait mal... Oliver attrapa l'une de ces charmante poêles que les mamies accrochent à leurs murs, et la saisit par le manche. Il cria de la même voix que celle du mec à terre un juron à l'adresse de celui qui enserrait Hayden... Ce dernier attacha toute son attention sur Oliver, ainsi que la foule qui se tenait toute tremblante derrière leurs tables crasseuses. C'est à ce moment que le mutant décida de cracher un ordre.

-Lâche-le!

Le colosse ne put faire autrement qu'obéir, il laissa Hayden... Oliver n'attendit pas une seconde, avant qu'il ne put reprendre ses esprits il lança de toute sa force la poêle qu'il tenait entre les mains, l'ustensile décrivit trois tours, et par un coup de chance, frappa de toute sa largeur dans la face du type. Il s'écroula comme tomberait un éléphant. Mais l'autre se relevait déjà et se lançait à l'attaque. D'une vivacité presque étonnante, Oliver intercepta le poignet gauche qui fusait vers lui, se décalant sur sa droite pour esquiver l'attaque, il fit pivoter le bras du mastodonte et entraîna avec lui le corps tout entier du baraqué. L'homme sembla s'enrouler autour d'Oliver puis finit à plat ventre, immobilisé par son bras gauche qu'Oliver maintenait fermement et qu'il menaçait de briser. L'action n'avait duré qu'une poignée de secondes mais exigeait une maitrise parfaite des différentes techniques de l’aïkido. Oliver se concentra, lancer un deuxième ordre relevait de la folie... Il ne pouvait pas se permettre de défaillir juste après, les maigres bras d'Hayden ne pouvaient supporter sa carrure... Il laissa couler son ordre d'une sévérité nouvelle:


-Rentre chez toi!

Desserrant l'emprise qu'il avait sur l'armoire à glace, Oliver se recula, l'homme semblait en transe, sans même broncher il fila tout droit par la sortie. Oliver suait à grosse goutes, il se tourna vers Hayden dont la position restait inchangée, pris appui sur le comptoir, puis regarda l'autre type à terre qui peu à peu reprenait ses esprits. Il dit à Hayden ces quelques mots, à bout de souffle:

-Je me casse, je veux pas d'emmerdes...

Oliver saisit son manteau qu'il enfila avec de grosses difficultés, dehors la pluie battait le bitume. L'hypnotiseur regarda la foule abasourdie par la démonstration qui venait de leur être faite... Un instant, Oliver apperçu une réelle considération dans le regard de tout ces spectateurs... Certains se mirent à claquer des mains, puis se fut une action globale qui plongea le bar dans un joyeux capharnaüm... Oliver se sentait affreusement mal à l'aise, il attrapa la main frêle et livide d'Hayden, qui tremblait de peur, le sera contre lui et souffla à son oreille:


-Si tu veux changer de vie c'est le moment...

Hayden se sentait de plus en plus étouffé dans les bras du mastodonte. C’est alors qu’Oliver fit exactement ce qu’Hayden voulait qu’il évite de faire, il se mêla de ses affaires. Il ne put que grimacer et manifester sa désapprobation par des cris plaintifs. Oliver usa de sa conviction la plus forte pour que le géant le lâche et l’assomma à coup de poêle. Il la sortait d’où cette poêle ? Décidément cet homme était plein de ressource !
Ce qui suivit n’en finit pas d’étonner le jeune homme, alors que le deuxième mastodonte lui fonçait dessus, certes avec une lenteur extrême, Oliver lui attrapa fortement le poignet et le retourna grâce à une prise qu’il avait certainement apprise au cours d’un entrainement d’art martial. Plaqué au sol, il ne pouvait plus bouger, il perçu alors une certaine hésitation avant que l’hypnotiseur lance son ordre et que le colosse sorte du bar.

-Je suis vraiment désolé de t’avoir mêlé à tout ça Oliver …

Il voulait partir, Hayden lui avait fait peur. Mais lui ne voulait pas qu’il parte, il voulait rester avec Oliver, il se sentait en sécurité auprès de lui et la démonstration de force qu’il venait de faire le jeune homme n’avait pas tord. Hayden tremblait encore de peur. Inopinément Oliver lui pris la main et l’attira contre lui, il frissonna, le contact avec l’hypnotiseur éveillait toujours en lui ces gazouillis étranges qu’il ne pouvait expliquer et qu’il n’avait jamais véritablement connu auparavant. Il lui murmura alors à l’oreille que s’il voulait changer de vie c’était le moment ou jamais, ou quelque chose dans le genre, Hayden n’entendit pas très bien, son cœur cognait dans sa poitrine et résonnait dans ses oreilles. Pour la deuxième fois de la journée il fit quelque chose instinctivement, inattendu mais dont il avait terriblement envie. Sans réfléchir aux conséquences futures, il se hissa sur la pointe des pieds et déposa ses lèvres sur celle d’Oliver. Cela ne dura pas longtemps c’était doux et chaud et Hayden avait l’impression que son ventre faisait des sauts périlleux. Il se dégagea de l’étreinte du mutant.

-Je … je suis désolé !

Il était vraiment gêné, jamais il n’avait fait ce genre de choses, jamais il n’en avait eu le droit. Son baiser était cependant une réponse claire et tacite à la question d’Oliver. Il ne voulait plus être sépare de lui désormais, qu’importe ce foutu Chaz et sa drogue. Ce serait l’occasion de démarrer une nouvelle vie, d’autant plus que son mac n’avait plus que quelques jours à vivre, le décompte était maintenant lancé depuis un moment.

-Je veux rester avec toi. On devrait partir il commence à se relever.

Le ton qu’avait employé Hayden était calme et serein. Il avait repris ses esprits et réussit, enfin, à maitriser ses émotions. Il voulait partir loin d’ici, loin de toute cette merde, loin de toute drogue et surtout loin de Chaz. Il attrapa la main d’Oliver et l’entraina à l’extérieur. La pluie s’abattait à torrent sur le parvis, il sortit son parapluie qu’il tendit à Oliver.

-Si c’est moi qui le tiens je vais te crever un œil.

Hayden lui sourit et lui reprit la main, l’amenant quelques ruelles plus loin, il ne connaissait pas du tout ce quartier. Il se concentra pour essayer de voir l’avenir, à sa grande surprise ce ne fut pas difficile. Il n’y avait rien à craindre pour l’heure à venir mais les flics allaient vaguement les chercher à un moment donné. Le fait que l’agresseur fasse partit de la mafia jouait cependant en leur faveur et rendait sa crédibilité proche de zéro. Il n’alerta pas Oliver, il n’avait pas besoin d’être effrayé outre mesure, il voulait fuir les emmerdes et l’oracle comptait bien satisfaire à sa requête. Une fois arrivé dans une petite ruelle Hayden souffla.

-Bon on fait quoi maintenant ? J’ai plus aucun endroit ou aller vu ce que je viens de faire … Tu as une voiture déjà ? Ce serait plus commode pour se déplacer …

Hayden détailla patiemment Oliver, attendant une réponse de sa part.

L’infini douceur des gestes et des mots d’Oliver n’en finissait pas de surprendre Hayden. L’homme qui se tenait en face de lui semblait le considérer non pas comme une source de profit quelconque mais bien comme un être humain à part entière dont il était épris et attaché. C’était la première fois que de tels sentiments venaient à perturber le quotidien de l’oracle, lui qui d’habitude accordait si peu d’importance à ses sentiments, à son corps, se sentait aujourd’hui comme sublimé par les deux grands yeux noirs qui ne le lâchaient plus. Hayden ne prêtait plus attention au reste, les ordures qui les entouraient, la pluie qui s’abattait à grand fracas sur sa tête, le vent qui le faisait frissonner, tout cela était effacé et largement compensé par le sourire d’Oliver que le jeune homme aurait pu sans cesse regarder. Et comme s’il ne s’y attendait pas, les douces mains de l’homme qui lui faisait face se mirent à enserrer son cou frêle pour descendre lentement vers son ventre, c’était chaud et agréable. Il n’émit aucune protestation, au contraire il se surprit même à éprouver un certain plaisir à se trouver ici à cet endroit.

Leurs lèvres se rencontrèrent alors pour la deuxième fois, une union c’était formé entre les deux hommes, aussi indescriptible et improbable que leurs deux associations. Hayden plaça ses mains autour du cou d’Oliver pour essayer de se hisser un peu à sa hauteur, lui caressant la nuque et la racine des cheveux, pour la première fois de sa vie, il savourait pleinement et entièrement un baiser qui fut trop vite interrompu à son gout. Il regarda Oliver d’un œil équivoque, celui-ci se mit alors à parler.

Hayden n’en croyait pas ses oreilles, il lui proposait clairement de venir vivre avec lui. Cette idée plaisait au jeune homme tout en l’effrayant à la fois. Il avait toujours était un solitaire malgré lui, il s’était toujours amplement débrouillé seul et c’était la plupart du temps remarquablement débrouillé. Mais cette décision ne devait pas se prendre à la légère, elle serait lourde en conséquence, mais pour le moment il n’avait pas véritablement le choix.

-Euh .. Oliver …

Hayden n’eut pas le temps d’en ajouter plus, Oliver avait déjà sortit une clé de voiture de sa poche et l’entrainait à l’abri des gouttes. Il prit sa main, comme si elle lui avait manqué, Hayden était ravi mais à la fois tellement troublé qu’il se laissa faire. Le trajet fut bref, ils ne parlèrent pas, Hayden était plongé dans d’obscures réflexions sur le bien être à retiré pour Oliver comme pour lui de vivre ensemble. Il n’eut le temps de ne trouver aucun point négatif, seuls les points positifs lui apparaissaient clairement pour le moment.

Dès qu’il fut entré dans l’appartement il vit une toute petite boule blanche venir se frotter conte ses pieds qui fut immédiatement interceptée par Oliver qui le présenta comme étant Coton un chat qu’il avait récupérer.

-Qu’il est mignoooooon !!

Hayden ne put se retenir de prendre le chaton des bras d’Oliver et de lui offrir quelques chatouilles dont il avait le secret. L’animal semblait apprécier et émit dès lors de fort ronronnement accompagné d’un plantage de griffes en règles dans les bras d’Hayden. Il savait que les chats exprimaient leurs contentements de la sorte mais ça faisait quand même sacrément mal. Hayden le lacha alors et alla s’asseoir sur le canapé alors qu’Oliver lui demandait ce qu’il voulait boire.

-Je prendrais une bière si ça ne te dérange pas. J’ai eu assez d’eau pour la journée …

Il indiqua son gilet trempé qu’il enleva dès lors. Il fallait le faire sécher et le garder sur soi n’aurait fait qu’attraper un rhume à Hayden. Pour la première fois, alors qu’il cherchait un endroit où poser son gilet, il détailla l’appartement. C’était un agréable studio qui n’était pas très grand mais qui suffisait amplement à deux personnes. La décoration correspondait assez à l’idée que se faisait Hayden d’Oliver et globalement il lui plaisait.

-Il est très joli ton studio Oliver.

Il avait un ton émerveillé dans la voix, Hayden n’avait jamais eu de choses à lui et même quelque chose d’aussi dérisoire qu’un studio lui semblait une merveille. Il en revint vite aux réflexions qui l’avaient tourmenté durant le trajet en voiture et se dit qu’il serait juste d’en faire part à Oliver.

-Je suis pas sur que ce soit une bonne idée Oliver … Je veux dire tu es très gentil je t’apprécie énormément, je peux même dire que j’ai un faible pour toi …. Mais je suis pas sur que ce soit une bonne idée que je vienne ici …. Bien sur je te suis reconnaissant, vraiment mais je veux pas t’attirer d’ennui …

Il but alors quelques gorgées de la bière qu’Oliver lui avait tendue quelques instants plus tôt. Bien sur il aurait aimé rester ici et au fond de lui-même il espérait qu’Oliver le rassurerait.

Oliver s'enferma l'esprit dans la fraicheur de son frigo, il restait, par le plus grand des hasards deux bières qui trônait au milieu d'une vieille carotte et d'un fromage qui embrumait l'étage entier. Sa main se referma sur les deux goulots et embarqua les bouteille d'un geste vif, plein de regret quant à ce frigo qui se vidait mais ne se remplissait jamais assez. Oliver gagnait un bourse minime, et l'appartement en engouffrait la totalité. Il vivait comme il pouvait, à une époque il dealait tard dans la nuit... Mais ce petit commerce avait faillit le replonger dans de vieilles eaux troubles et il décida d'y mettre un terme. Alors il avait entamé un petit job dans un fast food dont le nom n'échappe à personne. Il y gagnait de quoi remplir son petit frigo et nourrir le chaton qui vivait avec lui.

Les deux bières sonnèrent l'une contre l'autre et déversèrent leur condensation sur la petite table basse. Hayden en profita pour gratifier le studio d'une petite éloge qui souffla un vent doux sur le cœur de l'hypnotiseur. En général, les rares amis qui venaient s'entasser ici préféraient quelques commentaires moins agréables. pourtant Oliver était de l'avis d'Hayden, ce petit cocon avait un charme propre, attribut qu'il était difficile de trouver dans New-York pour un prix aussi bas. Bref, le mutant s'assit sur un fauteuil en face de l'oracle et lui sourit. Hayden était une pure apparition, ce genre d'illumination qui n'arrive que dans quelques écrits à l'eau de rose, et pourtant, qui frappe parfois la vie de toutes petites personnes. Oliver ne pouvait pas encore décrire cette forme d'amour qui naissait en lui pour clairement affirmer qu'il avait eu le coup de foudre. Mais un électrochoc oui... Il était certain qu'une étrange sensation était née d'un croisement de regard.

Oliver sentait pourtant l'oracle perturbé, affolé. Bien sûr tout avait été largement précipité... Mais après tout avaient-ils eut le choix? L'hypnotiseur se refusait de laisser quelqu'un dehors, où de jeter le moindre fauteur de trouble à la porte. Il avait déjà bien souffert de ce genre d'agissement pour le renier à tout jamais. Il laissa donc Hayden faire son discours très honnête quant à son hébergement ici. L'oracle avait du comprendre que c'était définitif, où il ne savait quel autre mot qui l'aurait forcé à ne plus quitter les lieux.

-Ecoute Hayden, je vais être clair... On s'est rencontré il y a à peine une heure... Tu me plais beaucoup, et j'ai accepté de t'héberger, sachant pertinemment que tu risquais de m'attirer des soucis... Maintenant tu te trouve dans mon studio, et le simple remord que tu devrais avoir c'est celui de m'avoir suivit. De mon côté il n'y a aucun soucis... Tu as pu constater à quel point je pouvais être autoritaire face aux emmerdeurs...


Oliver trinqua avec le jeune homme qui lui faisait face, bu deux gorgées d'un trait et enchaîna.

-Après, je suis bien décidé à ne pas te laisser partir tant que tu n'auras pas de toit où dormir... J'ai assez mal vécu de me retrouver à la rue, complètement camé à subir sans pouvoir rien y changer les regards et les injures... Je ne voudrais pas qu'une perle dans ton genre se retrouve dans la même situation où j'étais par ma faute... Reste autant que tu veux sans soucis, et dès que tu auras de quoi partir tu feras ton choix... En attendant, je pense qu'un joint s'impose pour marquer l'évènement.

A défaut d'un frigo vide, la boîte à chaussure que l'hypnotiseur ouvrit sous les yeux du devin était elle bien pleine. Oliver sourit, il était parvenu à s'éloigner de l'héroïne et de toutes autres sortes de poison, mais ne pouvait pas encore se passer du cannabis. C'était certes moins chers et moins dégradant, mais il travaillait déjà à sa réduction.

-Le manque est encore bien présent dans mon organisme... C'est une histoire un peu longue... Le pouvoir dont je t'ai fait la démonstration tout à l'heure est bien différent de la façon dont il m'est apparu à mon adolescence.

Oliver marqua une pause, il se souvint de cette phrase que sa mère lui avait craché à la figure "tu n'es qu'un toxico" et qui avait définitivement scellé son destin. Ce souvenir le força à rouler la longue cigarette presque compulsivement.

-A l'époque, il suffisait d'une injure pour me transformer à vie... Un brillante personne à eut l'idée intelligente de faire de moi un camé... Aujourd'hui je me bat pour retrouver un semblant de consistance... Mais ce n'est pas tous les jours facile.

A nouveau l'hypnotiseur marqua un temps pour incendier l'extrémité du pétard. Il en crama quelques barres et le fit passer à Hayden. Les regard s'échangèrent, pétillant de malice, les yeux d'Oliver étaient déjà cernés de noir sur un fond rosé. L'hypnotiseur alluma sa chaîne hifi bas de gamme et le son calme et planant de Mysterons des Portishead égaya le silence qui s'installait en fond.



Oliver se laissa bercer dans la tendresse de ces quelques notes et la voix subtile et aérienne de la chanteuse... Il ouvrit les yeux et se laissa porter jusqu'au canapé où était assis Hayden, il récupéra subtilement le joint qui cramait entre les doigts de l'oracle, en tira une grosse latte et embrassa le devin en laissant le flot mince de fumer passer d'une bouche à l'autre. Il laissa le jeune homme reprendre son souffle et baisa son cou chaud. Il ôta son t-shirt trempé, ainsi que celui qui le couvrait... Sans prêter garde à la position stratégique du chaton (sur le radiateur en boule) il jeta les deux vêtements sur l'endormit qui fit un bon et se réfugia dans la salle de bain pour aller squatter l'autre source de chaleur. Les deux torses se frôlaient, l'un musclé par des années d'art martial et de skate, l'autre aussi frêle et fragile que du verre... Pourtant pas un seul moment un corps ne sembla dominer l'autre. Les deux s’entre-touchaient, se frôlaient, s'éloignaient. Mais jamais les lèvres ne se désenlacèrent, bercées par la fumée chaude qui marquait leurs contours...

Comme il s’y était attendu, les paroles d’Oliver le rassurèrent. Il se montra compréhensif, clair et autoritaire, il ne voulait pas que le jeune homme quitte son appartement tant que celui-ci n’aurait pas trouvé un endroit décent ou il puisse mener une vie normale. Dans l’absolu, vivre avec Oliver ne semblait poser aucun problème à Hayden, la seule chose qui le torturait était de ne pouvoir contribuer financièrement et aider Oliver, il avait bien entendu embarqué une somme d’argent coquette qui attendait sagement au fond de son sac mais elle ne durerait qu’un temps, qu’allait il faire une fois que tout serait écoulé ? Il ne pouvait envisager une seule seconde de revenir faire le trottoir, il se ferait repérer et rapidement tabasser et puis il n’était pas franchement convaincu qu’Oliver le laisse se prostituer alors qu’il venait ensemble de commencer une relation amoureuse. Ses réflexions furent brutalement interrompues par la proposition de rouler un joint pour fêter ça.

-Je … Merci Oliver, vraiment. Tu sais parler aux autres et leurs remonter le moral … ça fait du bien d’être avec toi …

Hayden lui sourit, gêné, il ne savait pas encore trop ce qu’il ressentait pour l’homme qui se tenait en face de lui, mais ce qui était sur c’est qu’il appréciait pleinement sa présence, il ne se pensait pas amoureux, pas encore du moins, mais Oliver lui faisait ressentir des sensations inédites dont il ne lassait pas. Il s’assit bien au fond du canapé et but une abondante gorgée de bière, il était fatigué et n’avait maintenant qu’une envie se reposer dans ce cocon douillet qu’était l’appartement d’Oliver et apprécia ainsi d’autant plus la venu d’un joint.
Il écouta Oliver parler de sa dépendance aux substances illicites, de son manque, du fait que maintenant il arrivait à s’en passer, il évoqua aussi son pouvoir et ses premières difficultés à le maitriser. Il se reconnaissait bien dans le discours d’Oliver, à l’exception près que le passé d’Oliver ressemblait fort au présent d’Hayden. Cela faisait un certain moment qu’il se battait pour ne plus prendre de drogues dures, n’ayant pas encore renoncé au cannabis et à la cigarette, chaque chose en son temps.
Hayden ne référait pas révéler ce détails de son existence, il trouvait cela légèrement honteux et il n’avait pas l’intention de laisser une faiblesse du passé envahir son présent. En cas de manque il se débrouillerait pour prendre un peu d’extazy ce qui l’aiderait surement à oublier, mais il n’y avait pas grand risque que cela se produise, voila plus d’une semaine qu’Hayden n’avait plus touché à ses cochonneries et il ne s’en portait pas plus mal.

Oliver lui passa alors le pétard et se le va pour aller mettre un peu de musique. Le son qui s’éleva des enceintes surpris Hayden par la douceur et l’étrangeté qui s’en dégageait. Il tira quelques lattes sur le joint avant qu’Oliver ne vienne le rejoindre sur le canapé pour le lui reprendre. Leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau, mais cette fois dans un épais nuage de fumée. C’était subtil et doux, Hayden apprécia ce moment qui se révélait de plus en plus magique. Mais l’hypnotiseur ne semblait pas vouloir en rester la, alors que l’oracle recrachait la fumée échangée au cours de leur baiser, il s’attarda sur son cou et le déshabilla avant de se dénuder lui-même. Hayden se laissa faire sans broncher, il n’avait jamais connu une telle volupté auparavant, il se mit alors à effleurer du bout des doigts le torse musclé d’Oliver qui vint immédiatement se frotter au sien.
Il s’embrassèrent une nouvelle fois et Hayden se laissa porter par la magie du moment, s’apprêtant à connaitre les joies de l’amour et de l’attraction.

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