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 Guilty of being witness [PV Matthew]

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Alice Rigby
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Alice Rigby


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MessageSujet: Guilty of being witness [PV Matthew]   Guilty of being witness [PV Matthew] Icon_minitimeVen 26 Aoû 2011 - 14:30

La soirée était déjà avancée. New York ne dormait pas. New York ne dort jamais. C’était certainement la première chose qu’avait appris Alice lorsqu’elle était arrivée dans cette ville un an plus tôt. Une cigarette à la main, elle regardait les gens entrer et sortir du Blood Orchid. Sa pause allait toucher à sa fin et bientôt elle devrait retourner travailler. Un long soupir la traversa, surtout lorsqu’elle vit entrer un groupe de 5 hommes qui la dévoraient des yeux. Puisque c’était ça, être une serveuse dans un tel bar. Une friandise. Un bonbon. Une convoitise pour beaucoup. Cependant, la seule chose que tous ces hommes ignoraient, c’était l’âge de l’adolescente. Lorsqu’elle venait travailler, elle passait un certain temps à masquer ses traits encore jeune, ne lésinant pas sur un peu de rouge à lèvre ou autres artifices, la transformant véritablement en une autre. Vêtue d’un short très court en cuir noir et d’un débardeur moulant rouge sang, elle avait tout de même réussi à conserver des chaussures dans lesquelles elle se sentait bien telles que des tennis en toiles noires.

Pause terminée, le boulot appelait la jeune fille. Glissant une main dans ses cheveux blonds lâchés, elle les replaça à la va vite, dévoilant son visage maquillé de fard à paupière noir et de rouge à lèvre. Personne n’aurait pu lui donner 17 ans. Pas même le Barman qui la voyait blanche comme neige depuis que l’ex patronne du bar l’avait embauchée suite à un long entretien. Elle prit son calepin et son plateau en plexiglas et jeta un coup d’œil aux commandes en cours. Rien qu’elle ne puisse faire… Elle allait donc devoir servir les cinq bonhommes à gueule de mafieux. Ils s’étaient installés dans l’un des salons privés. Cinq hommes d’un âge avancé, à l’bri des regards et en costume de politicien. Tout pour plaire à la jeune fille qui n’avait qu’une envie : les foutre dehors à coup de pied.

Cependant, compte tenu de sa place et de ce job auquel, même s’il était parfois déplaisant, elle tenait, elle ne pouvait que satisfaire leurs envies et les servir comme tous les clients de ce bar. Aussi, lorsqu’elle arriva vers eux, elle leur sortit le spitch habituel.


« Bonsoir et bienvenue au Blood Orchid… Le prochain show commence dans une quinzaine de minutes… J’peux vous servir quelque chose, messieurs ? »

Et de nouveau, la jeune fille eut la sensation désagréable d’être déshabillée par ces hommes qui ne voyaient en elle qu’une proie sur laquelle un lion devait bondir. L’un d’eux eu la malchance de faire le geste de trop. Une main glissa sur la cuisse de la blonde qui vit rouge. Habituellement, elle aurait claqué le plateau sur la tête de cet idiot. Mais là, elle devait presque se laisser faire. Elle se contenta de se décaler légèrement afin d’échapper à ces mains baladeuses. Puis, avec une pointe d’accent étranger, l’un d’eux répondit.

« Nous prendrons du whisky… Et si vous ne savez pas quoi faire de votre soirée, ma jolie… Nous sommes là… »

L’adolescente retint une mine dégoutée. Au lieu de ça, elle sourit de manière crispée puis reprit la route du bar. Elle passa la commande au barman et attendit l’arrivée des cinq verres pour retourner servir ceux qui avaient soif. Le temps lui sembla long lorsqu’elle déposa un a un les verres devant chacun des convives présents à cette table qu’elle classa directement dans ses tables à éviter pour la suite de la soirée. Lorsqu’elle eut fini, elle déposa l’addition et le même homme qu’auparavant reprit la parole, la voix plus séductrice que jamais.

« Dis moi ma belle, tu ne voudrais pas rester assise là avec nous ? On va parler affaire avec un américain qui n’est pas encore là et ça risque d’être pas mal ennuyeux alors si tu pouvais nous distraire… »

C’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Ou le verre peut-être, étant donné la situation actuelle. Alice lui lança un regard haineux et répondit, sans autres formes de procès.

« Allez-vous faire foutre, bande de pervers. J’ai du boulot. »

Et elle tourna les talons, déclenchant une certaine hilarité à la table. Il y avait vraiment des claques qui se perdaient à cette époque. Elle alla s’occuper d’une autre table puis d’une autre. Et finalement, elle se rendit compte qu’il n’y avait décidément aucun client qui en rattraperais un autre ce soir…

Spoiler:
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Matthew Coffin
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MessageSujet: Re: Guilty of being witness [PV Matthew]   Guilty of being witness [PV Matthew] Icon_minitimeVen 26 Aoû 2011 - 18:34

Hj-Thème musical-Hj

-Êtes vous sûr que ça marchera ?
-Si on veut être sûr de ce qu'on fait on plante du maïs, mais on est en aucun cas assis à sa place, rétorqua Yamamoto en me désignant de son verre.
-Ce que Yamamoto cherche à vous faire comprendre, Commissaire, intervins-je. C'est que tout investissement représente un risque. Il est évidemment de votre devoir, en tant que gardiens de cette ville, de l'estimer. Mais je suis sûr qu'en hommes sages et avisés vous prendrez la meilleur des décisions.
Les cinq commissaires se regardèrent en coin, semblant dans une discussion où seul le regard permettait d'exprimer son opinion.
-Que dira Killey ? demanda le commissaire du Comté de Kings.
-Rien, tranchais-je. Absolument rien. Parce qu'il comprendra alors qu'honorer une alliance passée avec la maire lui coutera beaucoup plus cher que son poste ridicule de Chef de la police. Sans vous cinq il n'a plus aucune raison d'exister.

L'entrevue avait durée en tout et pour tout trois heures quarante cinq. Trois heures quarante cinq de supplice atroce où les commissaires des cinq Comtés de New York avaient tenus à débattre sur tous les points de nos futurs engagements. Du poids de leurs enveloppes -allant jusqu'à chipoter sur les centimes- en passant par un lieu de réunion approprié ou envisageant même une indemnité en cas de perte d'emploi des suites de nos petits arrangements. Bref, la réunionïte au sommet de son art.

-Comprenez-nous bien, Monsieur Coffin. Nous travaillions avec les italiens depuis plus de dix ans...
-Comprenez-moi bien, Commissaire. On ne freine pas l'évolution. Soit vous vous adaptez, soit vous vous éteignez.

Ils finirent évidemment par accepter, il faudrait être fou pour refuser la montagne d'argent que je leur avais promis et je savais qu'ils étaient raisonnables. La raison désamorce la peur. Du même pas ils quittèrent ma suite, tremblant de peur sous leurs uniformes. Du cran il en faudrait pour survivre à cette nuit. Ils savaient que les italiens y passeraient, mais ce que je leur avais caché c'est que j'allais également m'attaquer à leurs femmes, à leurs enfants, à leurs maisons, à leurs créanciers, et même à leurs vendeurs de journaux. Tout ce qui avait pu faire un jour une pierre de leur entreprise j'allais l'écraser d'un coup de masse. Un déchainement de haine et de violence tel que cette ville n'en avait pas connu depuis vingt ans. Peut-être y laisserais-je quelques plumes mais vivre dans l'ombre était fini, mon hibernation prenait fin. J'avais aujourd'hui des alliés solides, de nombreux bras à ma disposition et, plus important que tout, de l'argent. La guerre pouvait enfin commencer.

-La voiture est en bas, me signala Yamamoto en rangeant son téléphone portable. On peut y aller.

Quelques minutes plus tard je prenais place dans la limousine blanche, peut-être pour la dernière fois. Étant donné mes futurs projets il paraissait surprenant que je descende d'un véhicule aussi peut discret avant de les accomplir. Ce n'était pas de l'idiotie, mais un moyen de signifier à tous que c'était moi désormais qui menait la barque. Pendant longtemps je m'étais battu, bec et ongles, pour réussir à être dans la rue sans y être, à user de prêtes noms, à user d'hommes comme Yamamoto pour me préserver. Malheureusement ceux qui pouvaient devenir mes clients ou mes associés n'avaient pas confiance en ce genre de pratique, du moins pas assez confiance pour me favoriser à la place des italiens. Peut-importe la direction que je prenais ils étaient là, à me barrer la route aussi sûrement qu'en m'emprisonnant. Chaque jour je me battais pour conserver une part de marché ridicule sur le marché des stupéfiants, alors que j'aurais pu faire tellement plus. Mais les hommes comme Yamamoto font mal et non peur.

Le message devait être aussi visible qu'une éclaboussure de sang dans la neige.


-On y est, m'indiqua Yamamoto.

Je me suis penché sur la vitre. La façade rouge sang du Blood Orchid me sauta au yeux, le nom me fît sourire. J'avais toujours eu un faible pour l'ironie. Yamamoto fit le tour du véhicule pour venir m'ouvrir. Une fois la portière refermée, la limousine s'éloigna doucement, le chauffeur ayant ordre de faire le tour du pâté de maison avant de revenir.

J'aurais souhaité pouvoir pénétrer dans le bar immédiatement mais deux hommes nous arrêtèrent sur le pas de la porte.


-Ecartez les bras, s'il vous plait, me demanda l'un des gorilles avant de me fouiller comme le dernier des dealers de banlieue.
-Hey ! s'exclama Yamamoto. C'est pas ce qui était convenu, ils devaient nous attendre avant de rentrer. Et arrête de me tripoter, espèce de pédale !
-Ne fais pas d'histoire, ordonnais-je tandis que le mafieux finissais sa fouille. C'est parfait.

Le Blood Ochid n'était pas le genre de bar que je fréquentais habituellement, et ça devait se voir à ma tenue. Costume deux pièces en soie italienne fait sur mesure, boutons de manchette en argent et chaussures acheté chez Finsbury, la classe anglaise dans toute sa splendeur. J'ai aperçu au loin les cinq parrains, ils avaient probablement achetés leurs costumes sur un catalogue Gucci ou Armani, comme le font la plupart des viddanu. Quelle tristesse... J'étais le genre d'homme à donner autant d'importance à la culture qu'à l'argent, je n'avais pas manqué de constater que ça allongeait la durée de vie dans mon domaine d'activité.

-Veuillez m'excusez Mademoiselle, dis-je à une serveuse que j'évitais de justesse. Celle-ci semblait vexée de quelque chose, à en juger par son teint rouge vif et sa démarche saccadée. Je ne sais pas si elle fit attention à moi.
Tout en me dirigeant vers le petit salon, j'ai profité des dernier instants de paix avec Yamamoto.

-< Tout a été placé où il fallait ? > lui demandais-je dans un japonais impeccable.
-< Dans les toilettes et sous la table >
-< Les festivités peuvent commencer... >

Ils riaient tous les cinq à gorge déployée. De ce rire à la fois bruyant et incroyablement vulgaire. Comme si un fumet malodorant s'était alors élevé de la table j'ai plissé les narines. M’apercevant enfin, ils se levèrent tous pour me serrer la main, ils ne faisaient cela que par pure courtoisie, je me doutais que le dessein qu'ils chérissaient était de toute autre nature.

La discussion s'est faite en italien, ils tenaient à me tester. Outranciers à souhait ils commandèrent encore à boire, sachant pertinemment que j'épongerai la note. Ils firent plusieurs autres blagues sur la plastique d'une serveuse, l'une des seules ce soir là. Ils abordèrent le sujet de ma famille, de mon véritable nom et du fait que mon père était un traitre, toujours à mots voilés. Vint enfin le véritable sujet de la conversation, celui qui les avait fait venir ici : ma proposition de me joindre à eux. Ils exigèrent alors de moi un pourcentage tout bonnement monstrueux sur la totalité de mes affaires. Je n'ai pas perdu mon sang froid une seule fois. J'ai tout supporté, j'ai feint la plupart des émotions, nourrissant comme eux dans mon esprit un projet.

Tournés dos aux vitres du bar ils ne remarquèrent pas les quatre policiers du NYPD qui embarquèrent dans la plus grande discrétion les deux malfrat qui m'avaient fouillés sur le trottoir. Là encore, je ne pouvais regretter l'utilité d'avoir comme allié le Commissaire Montgomery.

Petit à petit les verres se vidèrent, comme le bar. Il ne restait plus personne à part nous et une serveuse qui, à ce que je voyais, avait hâte que nous partions...


-Veuillez m'excuser un instant, messieurs, intervins-je alors qu'un des italiens me comptait une anecdote graveleuse à souhait.
Mon regard se posa sur la porte des toilettes et ils comprirent. Du moins, ils ne comprirent pas ce que cela impliquait pour eux. Me dirigeant donc vers les commodités je suis passé près de la serveuse...


-Patientez encore un peu, lui dis-je en souriant. Ce sera bientôt fini...

J'ai changé de visage en entrant dans les toilettes, mon regard s'est immédiatement posé sur la porte du troisième cabinet. J'ai soulevé le couvercle d'émail qui recouvrait le réservoir avant de plonger ma main dans l'eau, elle se referma sur un sac plastique étanche contenant un SV IMM chargé et prêt à l'emploi. J'ai jeté le sac dans la cuvette et j'ai glissé l'arme dans mon dos, sous ma veste. Je suis ressorti comme de rien était, regagnant ma table le plus simplement du monde.

-Donc, repris l'italien. Je te disais que cette fille était nue et...
-< Yamamoto, le coupais-je. Je pense que tu pourrais nous faire un peu d'intimité...>
-Hey , mais putain ! protesta l'italien. Qu'est-ce que tu fous à lui parler en chinois !
-C'est du japonais, rectifiais-je.
-Rien à foutre !

Yamamoto sortis alors sa main de sous la table, revalant un P12-45 encore enroulé dans du chatterton. L'italien laissa échapper un juron, comprenant la situation. J'ai donc imité Yamamoto, braquant mon pistolet sur les italiens. Le japonais s'éloigna, ne manquant pas de garder la serveuse à l’œil, lui faisant comprendre que la situation pouvait dégénérer très vite si elle intervenait de façon inconsidérée. Il poussa le verrou sur la porte du bar et baissa les stores vénitiens.

-Si tu nous tues, quelqu'un prendra notre place, cracha l'italien avec rage.
-Pas si j'égorge vos enfants, que je viole vos femmes et que je brûle vos demeures, répondis-je en me levant.
Le canon du semi automatique hurla à cinq reprises, laissant une fumée acre et malodorante se dégager dans la pièce. Les yeux exorbitées, la tête penchée en arrière, le front marqué d'un point rouge, ils semblaient s'être endormis dans une position grotesque. Bien sur les traînées écarlates dans leur dos ne laissaient aucun doute quand à leur mort. Braquant mon regard sur la serveuse je me suis dirigée vers elle. Imperturbable chien de garde, Yamamoto ne la quittait pas des yeux.


-Vous venez de me voir abattre cinq hommes de sang froid, Mademoiselle, dis-je d'une voix froide quand je fus devant elle. Je dois savoir, pour notre avenir à tous les deux, qui vous êtes.

De sa réponse dépendrait beaucoup.
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Alice Rigby
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MessageSujet: Re: Guilty of being witness [PV Matthew]   Guilty of being witness [PV Matthew] Icon_minitimeLun 29 Aoû 2011 - 20:34

La vue d’Alice tait masquée par un filtre rouge sang. Ces hommes la répugnaient plus que jamais. Les entendre rire lui donnait la nausée et l’idée lui vint d’aller vomir sur leurs beaux costumes de banquiers. Cependant, alors qu’elle avait l’esprit absorbé par ses bêtises, elle ne vit pas l’homme contre qui elle venait de manquer de se cogner. Son énervement lui apporta ses premiers mots mais les excuses de l’homme et sa position d’employée dans le bar l’arrêtèrent dans son élan. Elle se contenta de contempler cet homme qui détonait avec les autres. Il semblait tout simplement plus beau car habillé d’une façon peu ordinaire pour tous ces voyeurs. L’adolescente ne l’avait jamais vu sinon, il est bien évident qu’elle s’en souviendrait. Elle l’observa tandis qu’il s’avançait vers la table où les cinq hommes les plus détestables du monde étaient assis. Ainsi donc, voilà le mystérieux homme avec qui ces cinq affreux devaient faire affaire… Flanqué de son ombre et d’une sorte de compagnon asiatique qui devait s’apparenter aux chiens de garde plus qu’à l’espèce humaine, il serra la main des cinq étrangers et prit place. La jeune fille n’en sut pas plus, rappelée à l’ordre par le barman, elle retourna à la tâche.

Ce soir là, elle servait la quasi-totalité du bar par manque d’effectif. La seule collègue qui l’épaulait terminait sa journée prochainement et ce soir, c’était à Alice que revenait la chance de fermer la boutique. Enfin… La corvée plutôt… Plusieurs fois, elle dut se rendre à la table qu’elle avait surnommée la « table-des-affaires-louche-voire-carrément-graves ». Et plusieurs fois, les types en costumes la rabaissèrent devant toute l’assistance ainsi que devant l’homme au regard froid qui se contentait de garder le silence. L’envie de le secouer et de lui faire remarquer que ses potes étaient des demeurés la démangeait mais elle se retint et n’en fit rien.

Le temps passa et le bar se vida. Finalement, il ne restait plus que les sept compères qui parlaient dans une langue incompréhensible pour la jeune fille. Nettoyant les tables, elle ne cessait de lever les yeux au ciel devant l’hilarité de ces hommes. Franchement, qu’est ce qu’ils attendaient pour bouger leurs derrières et foutre le camp ? Puis, le dernier arrivé se leva et se dirigea vers les toilettes. Se faisant, il passa près d’Alice et lui glissa quelques mots à voix basse. Elle ne comprit pas leur sens exact et fronça les sourcils, suivant des yeux l’homme qui se dirigeait vers les toilettes. Au fond d’elle, une petite alarme semblait s’être déclenchée mais elle ne s’en soucia guère, retournant à sa tâche et se contentant de travailler.

La suite aurait pu paraitre floue pour bien des gens. Mais pour Alice, tout fut limpide comme de l’eau pure. Se réinstallant à la table, l’homme parla alors à son allié en Japonais. L’emploi de cette langue fit réagir la jeune fille mais pas que. Elle releva la tête et vit l’Italien qui protestait devant ces confidences. Quoi de plus normal pour un homme d’affaire me diriez vous… Cependant, l’instant d’après, tout fut clair et la capacité à comprendre le Japonais devenait tout à fait inutile. L’asiatique sortit une arme de sous la table et l’homme qui était revenu des toilettes en sorti une seconde. Alice écarquilla les yeux et lâcha le chiffon qu’elle tenait dans les mains. Alors là, elle s’était en aucun cas attendue à ce genre de situation…

L’asiatique se leva et s’écarta, les yeux fixés sur la jeune serveuse qui n’osait rien dire. Elle fit un pas en avant mais ne put en faire plus. L’asiatique, quant à lui, ferma la boutique. Dans un état à la fois paniqué et intrigué, l’adolescente protesta. De quoi il se mêlait lui ? Elle était payée pour faire ça… Inconsciemment, elle adopta un tic qui lui était désormais commun lorsque les situations devenaient critiques : de ses yeux verts, elle parcourait l’ensemble de la pièce, emmagasinant le plus de détails possibles sur la situation actuelle tout en se dirigeant lentement vers le bar, sorte de repli stratégique. Puis, l’un des cinq brigands se manifesta de nouveau. Pour la dernière fois. Car après une brève réponse de monsieur j’me-fringue-bien-donc-j’ai-le-droit-de-buter-tout-le-monde, il y eu une détonation. Puis deux… La jeune fille perdit le compte, étouffant un cri en se couvrant la bouche avec une main. Le sang avait été versé et là, on était plus du tout dans un film. Les cinq compères trouvèrent la mort aussi vite qu’ils étaient venus au monde.

Alice ne vit même pas l’homme s’avancer vers elle. Elle voulait fermer les yeux pour ne plus voir l’image de ces cinq cadavres. Mais si elle fermait les yeux, elle revivait la scène avec ce son lourd de remords et cette odeur de poudre. Cet événement, elle n’était pas prête de l’oublier… L’homme lui parla à toute vitesse d’un ton froid et braquant sur elle son arme. Il voulait savoir qui elle était. Alice savait pertinemment qu’elle jouait peut être sa vie. Mais après tout… Pourquoi la garderait-il en vie ? Elle était gênante qui qu’elle soit… Alors elle n’eut plus peur. Sa seule issue se trouvait dans sa tête. Il lui suffisait de fermer les yeux pour trouver une faille dans cette machination. Elle avait toutes les cartes en main. Aussi, avec un regard noir, elle déclara sur le même ton froid que l’homme :


« Sinon quoi ? Tu m’abats comme un chien ? Fallait p’t’être essayer d’avoir la réponse à cette putain de question avant de te lancer, mec… Si ça peut te rassurer, j’suis pas un flic mais dans le fond, j’suis surement pire que ça… Alors quoi ? Tu vas m’flinguer ? Où alors me séquestrer pour avoir vu ce putain de carnage que tu viens de faire ? Ou encore, tu laisses ton pote le chintok me butter parce qu’il a pas encore eu sa dose de la soirée ? Mais si c’est là ton choix… - Alice ferma les yeux une brève demi-seconde – Rappelle à ton abruti de pote qu’un flingue marche mieux quand on enlève le cran de sureté… »

Puis, un sourire apparut sur les lèvres de la jeune fille. Un sourire malin qui disait « Et ouai… T’es pas au bout de tes peines mon gars… Alors accroche ta ceinture et on va passer à la vitesse supérieure. »
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Matthew Coffin
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MessageSujet: Re: Guilty of being witness [PV Matthew]   Guilty of being witness [PV Matthew] Icon_minitimeVen 9 Sep 2011 - 20:29

J'ai plongé mon regard tout entier dans le sien, en quête d'une réponse, en quête d'informations. Lentement, un sourire s'est dessiné sur mon visage, un de ses sourires si rare qu'ils ont l'air faux, tant je ne suis plus habitué à en faire. Tout aussi lentement, mon arme s'est finalement abaissée..

-Il est japonnais, précisais-je à la jeune femme.

Mes yeux se posèrent sur Yamamoto. Stoïque, il n'avait pas bougé de l'entrée, gardant son arme dans le dos et fixant le mur d'en face. Un vrai cerbère. Professionnel jusqu'au bout des ongles, dressé comme peu de chien, il ne bougerait pas avant que je le lui ordonne. Si son arme comportait encore son cran de sûreté ce n'était pas un oubli, Yamamoto n'était pas le genre d'homme à en commettre. Lorsqu'il armait un pistolet et le pointait sur quelqu'un, la balle atteignait toujours sa cible. Il ne considérait pas son arme comme un bijou ou une relique (ce que faisaient les chefs de gang minables), son arme était avant tout un outils de travail, et il ne pouvait pas la considérer autrement.


-< Tu sais qui c'est ? > demandais-je au yakuza.
Celui-ci regarda un bref instant la serveuse avant de revenir à son mur.

-< Je crois que c'est une chanteuse. Elle animait un de nos clubs il y a quelques semaines. Celui où il y a eu la descente de flics. >

Ce n'est pas pour rien que cet homme me représentait dans la rue. Discret, rusé et implacable, nombreux étaient ceux qui préféraient l'éviter. Alors pourquoi le petit bout de femme devant moi était-il si hargneux. Au fond de ses yeux d'enfants brulait quelque chose, une colère sourde dirigée contre la vie. Je sentais qu'elle connaissait le monde de la rue, celui des junkies et des prostituées, celui que personne ne voit et ne veut voir. Elle était jeune, mais ce qu'elle avait traversée l'avait fait vieillir avant même de l'avoir fait grandir. J'avais moi-même été à sa place dix huit ans auparavant, mais j'avais réussi à choisir une voix différente. Elle était devenu le produit de son environnement, au contraire, mon environnement était devenu mon produit à moi.

-Mais j'en oublie la courtoisie la plus élémentaire, repris-je en coinçant le semi-automatique dans la ceinture de mon pantalon.
Je fis le tour de la table la plus proche et, saisissant une chaise, je l'ai avancé vers la jeune femme. Je pris place sur la seconde.

-Je vous en prie, asseyez-vous, dis-je en désignant la chaise d'un geste de la main.
Mon langage n'était pas celui utilisé dans le squat où elle se procurait sa dose, j'étais certainement l'homme le plus poli qui lui ait été donné de rencontrer depuis longtemps... Mis à part la fusillade, bien sûr.

-En temps normal vous les auriez rejoins, déclarais-je en pointant du pouce les cinq cadavres dans mon dos. Simple dommage collatéral durant une fusillade mafieuse, le coroner vous aurait mis dans un sac plastique sans sourciller et aucun flic ne se serait penché sur votre cas. Peut-être l'Etat de New York aurait-il réussis à retrouver ce qui vous sert de famille pour leur envoyer le corps. Dans le cas contraire vous auriez finis dans une fosse commune.
Je me suis retourné un instant, glissant mon regard sur les morts encore assis sur leur siège, eux auraient droit à des funérailles dignes de ce nom par contre.
-Mais si je faisais cela, je ne pourrais plus vous demander la nature de votre mutation.

Où donc étais-je allé pêcher ça ? C'était, je l'avoue, un coup de bluff. Mais un paris basé sur plusieurs impressions hautement subjectives touchant à ma perception de cette serveuse. La plupart des mutants que j'avais connus venaient de la rue, ils avaient cette même flamme dans le regard, cette même façon de parler, cette même haine de leur environnement. Du coin de l'œil je l'avais observé durant ses passages à notre table, tentant d'ignorer les mains baladeuses et les blagues grivoises. Orgueilleuse et indépendante, elle s'était sentis salie, comme si elle avait été entouré d'animaux. Enfin, c'est difficile à expliquer -encore plus pour moi qui suis d'un naturel cartésien- mais j'arrivais souvent à les repérer, à les sentir. Je n'étais pourtant qu'un simple humain, tout ce qu'il y a de plus banal. Le hasard, les coïncidences font partie de cette grande et mystérieuse équation, nombreuses furent les fois où je me suis trompé, mais de temps en temps mon intuition voit juste.

J'étais évidemment conscient de l'effet d'une telle déclaration, surtout si cette serveuse était en effet une mutante. C'est pourquoi je pris grand soin de cacher mes émotions. La suite avait de quoi achever de la déstabiliser.


-Je suppose que vous ne voulez pas finir votre vie dans cet uniforme grotesque, dis-je en désignant ses vêtements trop courts et écarlates du bout de l'index. Je vous ai remarqué durant la soirée, minauder comme une lycéenne en apportant à boire ce n'est pas votre passion. Je ne pense pas me tromper en disant que cela vous répugne. Les regards qui vous déshabillent, les remarques des clients à peine voilées, voir pas voilées du tout... Quand vous êtes sur scène ça doit sûrement être autre chose.
Je me suis tu un instant, la regardant réagir, l'étudiant.
-Vous pourriez vivre de votre art, vous savez ? Pour ça il vous suffirait de mettre votre don à ma disposition, ça ne vous prendrait pas beaucoup de temps et en retour vous toucheriez une somme rondelette. Après tout, les artistes ont un mécène...

Je m'attendais à tout, aux cris, aux injures, même au calme olympien. Je m'attendais à recevoir un éclair de lumière ou à être assaillis d'une migraine atroce. Je m'attendais à tout pour la simple et bonne raison que je n'avais aucune idée de la mutation de la jeune femme, si celle-ci était bien une mutante...
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MessageSujet: Re: Guilty of being witness [PV Matthew]   Guilty of being witness [PV Matthew] Icon_minitimeLun 19 Sep 2011 - 16:25

"Il est Japonais."

En l'occurence, la jeune fille n'en avait rien à foutre. Chinois, Japonais.... Tous les mêmes non ? Même s'ils aiment revendiquer cette nationalité qui leur tient tant à coeur. Mais bon, dans la situation actuelle, ce genre de précision était totalement inutile. Mais la panique qui avait saisi la jeune fille s'était évanoui au même instant que l'homme avait baissé son arme. Même si panique était un bien grand mot pour le court instant de questionnement de la jeune fille. Elle n'osait plus fermer les yeux, de peur de se retrouver confrontée à cette même image qu'elle observait devant elle. Elle entendait les hommes se parlait en chintok - pardon, Japonais - mais rien ne pouvait détacher ses yeux de cette vision d'horeur. La nausée lui vint et elle détourna finalement ses pupilles de cette macabre scène.

Puis, l'homme - ou plutôt, l'assassin - reprit la parole, abordant alors la courtoisie élémentaire. Alice lui aurait volontiers rit au nez. Bah oui, quand on tue de sang froid 5 personnes en promettant par la suite d'autres meurtres en séries, il est dur de vous croire quand vous parlez de courtoisie élémentaire non ? Bon, certes, quand vous amenez une chaise à la jeune fille choquée et que vous lui demandez de s'asseoir, c'est un peu mieux. Mais miss Rigby se contenta de reagrder la chaise un instant avant de se rendre compte que, oui, vu l'état actuel des choses, s'asseoir serait peut être une meilleure idée. Cet homme l'intriguait dans le fond. La blonde n'avait guère eut l'occasion de parler à quelqu'un de tel depuis sa soirée avec l'un des milliardaires les plus fortunés de NY. Sauf que là, elle n'avait pas besoin de jouer. Etre elle-même, c'était tout ce qu'il lui fallait.

Alors de sa poche, elle sortit une cigarette et un briquet. Créant un nuage de fumée, elle fixa ses yeux sur l'homme, tâchant de se décontracter et de lui montrer à qui il avait affaire. Alors l'homme lui précisa qu'elle aurait dû mourir. D'un geste de la main, il désigna les cinq morts mais Alice resta concentrée sur lui. Elle en avait assez vu, inutile d'en rajouter. Il ajouta alors quelques détails sur comment la chose se serait déroulée. Un frisson de dégout envahit l'adolescente qui lui aurait volontiers fermé la bouche d'un bon coup de poing dans la mâchoire. Il se tourna même vers eux, semblant savourer ce spectacle des plus affreux. Mais lorsqu'il se retourna vers elle, la phrase qu'elle se prit en plein visage ne pouvait la laisser de marbre.

Elle qui venait de prendre une bouffée de cigarette, elle toussa. Puis, elle regarda l'homme qui se tenait assis devant elle avec des yeux légèrement écarquillés. Comment...? Comment pouvait-il savoir une chose pareille ? Avait-elle été trop indiscrète ? Alice ferma les paupière. La scène précédente se passa en accélérée, mais ralentissant à certains moments. Non. Il ne pouvait pas remarquer ce pouvoir qui ne laissait aucune trace. Alors quoi, c'était un coup de bluff ? La jeune fille ouvrit les yeux et se mordilla la lèvre. Elle se serait volontiers donné une baffe. Elle venait de se trahir. Mais, orgueuilleuse comme elle était, elle se contenta de garder le silence, écoutant l'homme parler en le lorgnant d'un regard noir.

Et ses paroles n'étaient pas là pour la rassurer. Il se mit à aborder son travail et ses conditions. La jeune fille se demandait franchement si il ne l'espionnait pas depuis un certain temps mais elle l'aurait remarqué et imprimé, même si l'instant n'était pas à la fouille de mémoire. Puis, il lui parla de la chose à laquelle elle tenait le plus. Son art. La musique. Le rock'n'roll. Et l'inquiétude fut voilée par une colère sans nom. Voilà que cet enfoiré de tueur lui proposait de la prendre sous son aile. La réponse n'allait pas le décevoir...


"Ouai... Avoir un tueur en guise de mécène ? C'est vrai que j'en avait aps dans mon répertoire. Alors écoute moi bien le riche, je sais pas d'où tu sors toutes ces putains d'infos sur moi mais mon petit doigt me dit que t'as interet à les oublier et à me foutre la paix... Ouai, j'veux vivre de ma 'sique mais pas avec toi dans mes pattes. Alors maintenant, t'es gentil, tu reprend ton chihuhua japonais, tu me nettoie tout ça et tu dégages de ce bar ! Et si t'es pas content, et bah buttes moi... Autant te dire que ce sera aussi bien pour toi que pour moi... Et pis merde ! C'est toi qui me parle de mutant mais c'est toi qui sait tout..."

Alice ne s'était même pas rendue compte qu'elle s'était levée de sa chaise. Mais quand cela fut fait, elle recula de quelques pas. La situation tendait méchament vers le critique et ça, ce n'était pas forcément bon signe...
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Matthew Coffin
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MessageSujet: Re: Guilty of being witness [PV Matthew]   Guilty of being witness [PV Matthew] Icon_minitimeMar 20 Sep 2011 - 20:31

Ce fut un mouvement aussi impulsif qu'imprévisible. Quelque chose de brutal. Une force m'animait qui passait bien au delà de tous mes masques. Mon vrai moi. Alors que la serveuse venait à peine de terminer sa tirade je m'étais levé, ou plutôt j'avais bondi. Renversant ma chaise et faisant voler la table comme s'il ne s'était agit d'un simple fétu de paille. Ma main gauche se referma sur son visage, recouvrant sa bouche, tandis que la droite dégaina mon arme, enfonçant le canon dans sa joue à la peau si douce. Achevant de balayer ce faible regain d'assurance, je lui ai souris. Ce n'était plus un sourire de façade, ouvrage d'acteur digne des plus grands orfèvres, mettant à contribution des fossettes délicates et des lèvres fines. Ce sourire là était aussi véritable que grandiose, dévoilant toute mes dents si blanches, soulignant mon regard de fou. J'étais un chat qui s'amusait avec sa proie.

-La plupart des gens sont comme toi, lui susurrais-je à l'oreille. Ils envisagent la Mort comme quelque chose de rapide et de prévisible. Quelque chose auquel on se prépare comme un saut en parachute. Imagine un seul instant...
Mon regard se porta sur son chemisier, où brillait un petit badge en plastique.
-Alice... Imagine un seul instant que la Mort ne soit pas cette grande et belle chose pour laquelle tu t'es tant préparée. Tu sautes de l'avion et : surprise ! Le parachute ne s'ouvre pas !

J'ai ris. Je savais que j'avais touché dans le mille concernant la nature de la petite serveuse, et je n'étais pas prêt de la lâcher avant qu'elle ne comprenne. Plus de vouvoiement, plus de "mademoiselle", plus de politesse. Si je descendais à son niveau elle allait avoir très mal et très peur. Ma main quitta sa bouche pour agripper ses cheveux d'une poigne de fer et rapprocher son visage du mien. Mon regard plongea au fond de ses yeux verts, je voulais qu'elle sache que mon étreinte était celle du maître. D'une poussée rageuse, je l'ai emmenée avec moi vers la table qu'elle avait servi durant la soirée, la table des morts.

-Regarde-les, Alice ! m'exclamais-je en la jetant à terre. Regarde la Mort et dis-moi qu'elle est belle ! Dis-moi que c'est ce à quoi tu aspires, moins qu'un mutant, moins qu'un être-humain : un cadavre au crâne fracassé qui a rependu sa substance sur le sol d'un bar minable. Est-ce ainsi que tu envisages la Mort ?
Soudain je me suis accroupis, me mettant à son niveau. J'ai saisi son visage de poupée entre mes deux mains, la forçant à me regarder. Elle pouvait sentir la fraicheur mortelle du pistolet au creux de son cou.
-Ma pauvre et belle Alice, continuais-je sur un ton beaucoup plus doux. J'en connais qui, après t'avoir fait subir les pires supplices imaginables, tailladeraient ton vagin au couteau avant de te laisser te vider de ton sang dans le caniveau d'une impasse. Si je le lui ordonnais, Yamamoto que tu as tant dénigré serait capable de t’arracher la langue, de t’ôter cette voix si chère à ton cœur. Quant à moi...
Le canon de l'arme remonta doucement le long de son cou magnifique, si pâle, pour s'arrêter de nouveau sur sa mâchoire.
-Je n'hésiterais pas un seul instant à te faire sauter les dents avec ce flingue, avant de te laisser là, avec eux.

Perdais-je les pédales ? Certains le penseraient. La mutante n'avait probablement pas rencontrée beaucoup de tueurs milliardaires fou à lier malgré ses sorties nocturnes entre dealers. Je ne souhaitais plus qu'elle comprenne, je voulais la convaincre. Longtemps j'avais été comme elle, croyant ne rien regretter le jour du Jugement. Pourtant, à chaque journée depuis mon départ d'Italie je m'étais battu bec et ongle pour survivre, puis pour vivre et enfin pour conquérir, amasser et perdurer. Alice n'avait pas le droit de s'en foutre, je m’opposais à un tel état d'esprit. Je voulais qu'elle pleure, qu'elle crie, qu'elle se batte ou qu'elle me supplie, je voulais une réponse autre que cette peur païenne de la Mort. De cette déesse à qui j'avais si souvent fait appel, de l'étreinte de laquelle je m’étais échappé un nombre incalculable de fois, avec une chance insolente.

-Tu le sens n'est-ce pas ? dis-je en glissant lentement le canon de l'arme sur sa joue.
L'embout de métal redescendit, passant sur sa gorge, dévalant sa poitrine avant de s'arrêter au niveau de son nombril. Mon pouce actionna le chien dans un cliquetis macabre.

-Tu penses sans doute que tu n'as rien à perdre. Aucun lien avec personne. Et si je demandais à Yamamoto de trouver le livre de paie du Blood Orchid ? On aurait ton nom, ton adresse, un compte en banque... Suffisant pour que mes amis, limiers newyorkais, puissent te retrouver un semblant de famille.
L'arme remonta de nouveau, s'arrêtant avec une douceur inattendue contre ses lèvres vermeilles.
-Une mère ? Un père ? Une sœur ?
Mon index appuya sur la détente, une percussion métallique sévère se fit entendre.
-BANG ! hurlais-je.
Je lui souriais encore, souhaitant passer la barrière de son esprit buté. Sans la lâcher des yeux, j'ai ôté le cran de sûreté puis j'ai réarmé le chien.

-Je ne suis pas un tueur, Alice, repris-je, euphorique. Je suis celui qui peut modifier ton destin plus sûrement que n'importe quel dieu, que n'importe quelle loi sur cette Terre. Regarde moi.

Fébriles, mes mains parcoururent ses cheveux blonds comme les blés. Si doux et si soyeux. L'éclat émeraude de ses yeux me renvoyèrent un instant à ma propre innocence, perdue, évanouie, consumée par l'homme que j'étais devenu. A son âge j'aurais tout donné pour avoir un précepteur tel que moi.

-Regarde en moi, Alice. Laisse derrière toi ton existence insipide et ce tablier, vois ce que tu peux devenir et prends-le.
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MessageSujet: Re: Guilty of being witness [PV Matthew]   Guilty of being witness [PV Matthew] Icon_minitimeMer 5 Oct 2011 - 9:02

Alice ne vit pas l'homme surgir, tel un lion affamé attrapant enfin cette gazelle qu'il s'était donné tant de mal à chasser. Elle avait à peine eut le temps de finir de parler qu'il avait bondit. Renversant au passage sa chaise et balayant la table comme un vulgaire chiffon, il l'avait saisit. La surprise aurait volontiers donné la force à la jeune fille de pousser un cri mais la main de l'homme l'étouffa avant même qu'elle ne songe vraiment à le sortir. Machinalement, les mains de l'adolescente se posèrent sur celle de l'homme, tentant de se libérer pour récupérer la parole. Mais le métal froid de larme qu'il déposa contre sa joue la dissuada de tenter de s'échapper. Aucune peur ne se lisait dans ses yeux aux sourcils froncés. C'était de la fierté, c'était de l'orgueil, masquant une souffrance nouvelle. Mais le sourire que l'homme lança à la jeune fille n'avait plus rien de commode. Le gentleman semblait s'être envolé pour ne laisser à la blonde que le reflet de sa propre personne au masculin. Ce sourire était celui du fauve qui jouait inlassablement avec sa proie fraichement capturée. Celui du chasseur qui n'avait plus qu'à appuyer sur la gâchette de sa carabine pour mettre un terme à cette partie de chasse qui n'avait que trop durée.

L'homme s'était de nouveau adressé à elle, lui murmurant ses paroles dans le creux de l'oreille. Elle tenta de s'échapper de nouveau, refusant d'écouter ces mots, secouant la tête de gauche à droite. Mis la force de l'homme ne pouvait que la rendre plus docile, l'enfermant lentement dans une cage aux barreaux dorés. Alors, il lui fit remarquer que sa vision de la mort était commune à celle de bien d'autres personnes. Telle une échappatoire, une sortie de secours qui était, de toute façon, inévitable. Mais il chercha à lui faire comprendre que, généralement, rien ne se passait comme on l'avait prévu. Rien n'était écrit. L'adolescente songea un instant à Hayden. Hayden, le mutant en qui elle avait confiance. Hayden, le mutant qui voyait l'avenir, qui pouvait toujours prévoir. Verrait-il sa mort arriver ? Le bourreau prononça son nom, ce qui eut pour effet de mettre tout bonnement mal à l'aise la jeune fille. Plus il en apprenait sur elle, plus il la soumettait à lui, elle en avait conscience. Elle se sentait de plus en plus faible face à lui, esclave d'une emprise que jamais elle n'aurait pu imaginer. D'ordinaire, c'était elle qui menait la danse. Mais cet homme semblait jouer dans une cour qu'Alice ne semblait même pas connaître.

Le rire qui sortit de ses lèvres de gentleman fut surprenant. Pour peu, Alice ressentit ce sadisme qu'émettent ces mecs qui font leur propre loi dans la rue. Puis, la main qui était sur sa bouche s'envola pour s'agripper solidement à ses mèches blondes. Mécaniquement, la tête de la jeune fille partit légèrement en arrière en serrant les dents, elle lâcha un gémissement de douleur. Jamais elle ne s'était sentit semblable à un pantin comme en cet instant précis. Le tueur rapprocha son visage du sien, fixant ses yeux dans les iris vibrantes de la rockeuse. Elle serait volontiers entrée dans sa tête, là, à cet instant précis, mais ce regard qu'il lui adressait la défiait presque de le faire. C'était lui le maître. Lui qui avait les bonnes cartes en main. En cet instant, elle n'eut pas besoin de lui fouiller le crâne pour le comprendre. Elle se contenta de lui retourner un regard aussi noir que possible, tâchant de lui montrer sa désapprobation face aux actes de l'homme.

Puis, l'homme entraina l'adolescente qui ne cessait plus de gémir. La douleur en était en grande partie responsable. Mais le fait de voir vers quelle table il la poussait n'était pas là pour la rassurer. Alice ne savait que faire. Elle semblait être au pied d'un mur infranchissable et l'homme qui venait de la jeter à terre n'était là que pour lui prouver à quel point la paroi de ce mur pouvait être lisse. Le choc avec le sol fut rude. Le souffle coupé, la blonde n'entendit pas les premiers mots qu'il prononça, trop occupée à rester en vie. Mais en relevant la tête, elle comprit de quoi il parlait. Elle se redressa brusquement et, l'espace de quelques secondes, la terreur se lut sur son visage. Elle aurait dû se lever, prendre ses jambes à son cou et courir aussi vite que possible. Mais cela lui était impossible. Elle était pétrifiée et piégée par ce rapace qui la torturait. De nouveau, il la saisit entre ses mains. Ses mains qui étaient couvertes de sang de manière métaphorique. Elle les repoussa autant qu'elle le pouvait, secouant la tête et fermant les yeux, cherchant à s'échapper une fois de plus.


"Me touchez pas ! Vous êtes cinglé !"

Mais l'étreinte, de nouveau, la paralysa. Une étreinte plus douce bien que toujours aussi ferme. Mais, comme ce fut le cas auparavant, la sensation de froid qui venait de se placer contre sa gorge finit par convaincre la jeune fille de cesser de se débattre. Les mots de l'homme étaient prononcés de manière plus douce. Alice y trouva même quelque chose de paternel. Mais les mots qu'il prononçait n'étaient qu'horreur pour l'effrayer encore et encore. Il lui exposa différents cas de figures. Celui du tueur qui, après une torture administrée avec le plus grand sadisme, abandonnait ses victime sans foi ni loi jusqu'à ce que la mort finisse le travail. Celui de son camarade japonais, Yamamoto, qui semblait plus posséder des envies et tendances à la limite du barbarisme. Puis lui même. Il fit glisser son arme le long du cou de la jeune fille qui écarquillait un peu plus les yeux. Puis, sans aucun scrupule, il lui annonça qu'il pouvait tout aussi bien l'abattre comme un misérable cabot et la laisser là. Le cerveau d'Alice tournait à plein régime. Sans relâche, elle cherchait une solution à ce problème aussi compliqué qu'inévitable.

Avec lenteur, il reprit cette torture mentale. Cette emprise fascinante qu'il exerçait sur elle. Le métal froid du canon de l'arme la pétrifiait un peu plus à chaque instant. Il commença à la descendre le long de sa joue, de son cou. Puis, il passa devant sa poitrine. Alice parvint, malgré l'aspect critique de la situation, à se demander s'il pouvait ressentir les battements de son cœur qui secouaient sa poitrine. Puis, alors qu'il arrivait au niveau de son nombril, un cliquetis se fit entendre. Ce son provenait généralement des films d'actions. La blonde avala sa salive avec une certaine difficulté. La peur, qui l'avait saisit depuis un certain temps, n'était plus voilée par un quelconque masque.

De nouveau, l'homme s'adressa à elle. Il lui exposa un nouveau cas de figure. Celui de cette famille qu'Alice s'était efforcée d'oublier, de cacher aux yeux de toute le monde. "Retrouver un semblant de famille". Alice les revit, un à un. Ses parents, sa sœur et son frère. Elle les aimait plus ou moins et le leur avait montré ou non. Alors oui, elle avait quelque chose à perdre. L'arme vint se poser contre ses lèvres. Son souffle se coupa. Lentement, elle sentait la mort arriver... Et elle était incapable de réagir. Elle se contenta d'attendre. Attendre cette mort qui ne tardait que trop à venir. Puis, il appuya sur la détente. La jeune fille sursauta et ferma les yeux une brève seconde. Et alors, elle comprit. Elle comprit ce pouvoir de vie et de mort qu'il possédait en cet instant. Il pouvait être le hic dans son parcours, dans sa vie. Son sourire semblait le lui souligner. Alice n'en pouvait plus. Ses nerfs commençaient à lâcher. Une larme solitaire finit par glisser le long de sa joue.

Il ôta le cran de sécurité et le cliquetis se fit de nouveau entendre. Il n’y avait pas d’issue. Alice le fixait et cherchait à comprendre pourquoi il s’en prenait à elle de cette manière. Puis, il lui dit qu’il n’était pas un tueur. Venant d’un homme qui venait d’assassiner de sang froid, la jeune fille avait du mal à y croire. Comme pour souligner cette idée, elle lança un bref coup d’œil en direction de la table où gisaient les corps. Elle fut parcourut d’un frisson mêlant horreur et dégout. Mais les paroles qu’il ajouta par la suite l’interrogèrent. Il lui promettait un destin. Un avenir certain dans la musique, dans ce qu’elle aime. Elle n’aurait plus à être cette petite serveuse sans réel avenir, sans réelle famille. Mais était-ce seulement possible ?

Il lui caressa les cheveux. Alice n’osait plus bouger, pétrifiée des pieds à la tête. Et enfin, il lui lança une invitation. Avait-il compris de quoi elle était capable ? A dire vrai, elle ne se posa la question qu’une fraction de seconde. Elle ferma les yeux quelques instants, rassemblant toute sa concentration. Puis, elle rouvrit les paupières et plongea dans la mémoire de cet homme.



Que cherchait-elle ? Elle n’avait aucune idée précise là dessus. Elle se laissa porter par les souvenirs les plus marquants de son bourreau. En premier lieu, elle se retrouva au milieu d’un campus universitaire. Elle fronça les sourcils et finit par comprendre qu’elle se trouvait à une remise de diplôme. A en juger par la gravure d’une balance située sur un bâtiment, les étudiants semblaient travailler sur le droit. Soudain, un nom fut prononcé dans le micro. Mattéo Bara. Alice reconnut alors le jeune homme qui s’avançait sous les applaudissements. Son bourreau. Elle possédait désormais son nom. Elle gagnait en force. C’est alors que la jeune fille se rendit compte que la langue parlée n’était pas de l’anglais. En même temps, avec un nom comme Mattéo Bara, allez essayer de faire gober que vous êtes Américain… Elle identifia cette langue étrangère comme étant de l’italien. Un souvenir lui avait valu deux réponses…

L’image se brouilla autour d’elle et elle se sentit partir ailleurs. Une maison. Un salon. A l’extérieur, des bruits sourds. Elle avait l’impression de se retrouver sur un no man’s land. Elle tourna la tête, son esprit attiré par une voix grave qui s’élevait. Un homme âgé parlait avec Mattéo. Il pleurait. L’autre ne répondait rien. Il se contenta de prendre les clés que son père lui tendait et de fuir. La jeune fille se demanda ce qu’il pouvait bien penser à cet instant précis. Elle ne le saurait probablement jamais…

De nouveau, tout bascula autour d'elle. Et elle se retrouva encore ailleurs. Un ailleurs éclairé par des couleurs chaudes et où la langue parlée était différente bien que toujours incompréhensible. Le Japon. Il s'était réfugié dans ce pays où il n'avait aucune attache. Mais que cherchait-il donc ? Alice le suivit dans les rues, finissant dans une ruelle peu rassurante où, finallement, un homme fini par leur tomber dessus. Il bouscula Mattéo qui finit dans les poubelles. Mais il n'eut le temps de rien. Des phares. Une voiture. Les portières claquèrent et trois hommes sortirent, tous vêtus de la même manière. On était où là ? A croire que les sectes courraient les rues bien plus qu'on ne pouvait le penser. Mattéo était caché. L'autre allait se faire abattre comme un chien. Mais contre toute attente, rien ne se passa comme on aurait pu l'imaginer. Bara s'était redressé et saisit d'une arme qui s'était retrouvée devant lui. Puis, il abattut les trois hommes et leur chauffeur. Un professionel n'aurait pu faire mieux. Et ce fut ce qu'il devint. Grâce à cette vie qu'il venait de sauver, un nouveau destin lui avait ouvert ses portes.

La suite se succéda plus rapidement. Alice vit des visages se succéder. Certains d'hommes morts, d'autres semblant lui commander des ordres. D'autres encore étaient là pour lui obéir. Mattéo bara était devenu un homme respecté. Un tueur dangereux et qui faisait un travail brillant. Puis, une image se figea de nouveau. Mattéo et son acolyte japonais, Yamamoto. Elle ne comprit pas ce qu'ils se disaient mais ils faisaient leurs bagages. Ils devaient fuir. De nouveaux papiers furent donnés à Mattéo avec un nouveau nom. Matthew Coffin. Puis, ils foulèrent enfin le sol américain. La suite, Alice la devina d'elle même. Il avait monté son propre empire. Un empire du crime. Il était devenu le leader d'un réseau impressionant et la jeune fille vit leur visages. A tous. Elle savait qui faisait quoi, qui l'aidait et qui tentait de lui mettre dans bâtons dans les roues. Mattéo Bara, Matthew Coffin... Il n'était qu'un simple humain et pourtant, il dominait New York dans certains de ses aspects. Il était l'empereur de son domaine. Et maintenant que ses concurents Italiens étaient hors de course... Alice en avait assez vu. Elle fit attention à ne rien modifier de ces souvenir et, aussi facilement qu'elle était entrée dans cet esprit, elle s'en retira...


Le souffle de la jeune fille était court. Elle avait mal à la tête et les vertiges qui la prenait n'étaient pas là pour qu'elle se sente mieux. Elle repoussa Matthew qui, pour le moment, était sur le banc de touche et ce pour quelques secondes encore. Elle se leva, tituba et finit par s'accouder au bar. Le Japonais parla mais elle ne l'entendit pas. Elle lui jeta un coup d'oeil et constata qu'il semblait inquiet pour son patron. Alice lui lança un faible regard.

"T'inquiète, il est toujours vivant ton pote... Et l'pire c'est qu'il sera plus en forme que moi..."

Elle ne pouvait en dire plus pour le moment. Elle était trop occupée à lutter contre le malaise qui la prenait. Puis, apssant de l'autre côté du bar, elle sortit deux verres. Au moment ou elle s'empara de la bouteille de Whisky, Coffin reprit ses esprits. L'adolescente lui lança un sourire de travers.

"Vous avez une mémoire carrément tordue vous savez... J'crois qu'c'est la première fois que ce genre d'expérimentation s'apparente au voyage inter-sidéral..."

Elle versa du whisky dans les deux verres et reposa la bouteille sur le comptoir. Elle tremblait. Elle s'avança vers l'homme et lui tendit un verre, buvant une gorgée de l'autre. L'alcool lui brulait la gorge mais lui permettait de rester debout. Puis, jetant un nouveau coup d'oeil à la table morbide, elle se lança.

"Puisque j'ai pas le choix... Va bien falloir que j'accepte votre proposition... Mais j'aimerais savoir c'que t'attend de moi, Matthew Coffin... Ou plutôt... Mattéo Bara..."

Un léger sourire de triomphe s'étendit sur les minces lèvres d'Alice. On perd une bataille mais jamais la guerre et maintenant que toutes les cartes étaient sur la table, le combat allait se montrer plus équitable.
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Matthew Coffin
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MessageSujet: Re: Guilty of being witness [PV Matthew]   Guilty of being witness [PV Matthew] Icon_minitimeVen 14 Oct 2011 - 19:43

-Diantre ! Comme l'accent anglais sied mal à l'italien, répondis-je en acceptant le verre qu'elle me tendait.

Je cachais mal une certaine gène face à ce nom, sorti tout droit d'outre tombe. J'avais toujours su aller de l'avant. Du sang avait coulé pour que je puisse devenir une figure importante de New York, à dire vrai il se répandait en ce moment même dans le caniveau.

***

Quelque part sur Staten Island...

C'était une de berline luxueuse, tout droit sortie d'Allemagne, à la ligne équilibrée et au moteur puissant. Elle fendait la nuit à toute vitesse. A cette heure le freeway était désert, et ça leur allait bien. Ils étaient quatre dans cette voiture, cigare aux lèvres et chapeau de feutre sur les genoux, à échanger des bons mots... en italien. Le diner au Vesuvio avait été excellent, de même que le sujet de conversation : un certain Matthew Coffin.

Une sonnerie de téléphone portable interrompit les rires et les bouffées de fumée. L'un des individus assis à l'arrière extirpa son cellulaire de sa poche.


-Allo ?... Tony ! Comment ça va ?... Ah, et pourquoi donc ?... Comment ?!
Bien loin des plaisanteries était le ton de l'homme. Son exclamation avait claquée dans l'habitacle avec suffisamment de force pour intimer les autres au silence.
-Comment ça, ils ont pas rappelés ?! Et leurs gardes du c... Quoi ? Les flics les ont coffrés ?... Pourquoi tu serais désolé, putain ?... Allo ? Allo !

Un choc ébranla la voiture, juste sur l'aile arrière droite. La berline noire tressauta avant de partir violemment en tête à queue. La vitesse, alliée à la chaussée glissante, la fit basculer sur le côté, et c'est après trois tonneaux dans un bruit de tôle froissée monstrueux que l'engin arracha la glissière de sécurité avant de s'écraser dans le fossé. Les roues de la carcasse métallique tournaient encore dans le vide lorsque le pickup rouge responsable de l'accident s'arrêta tous feux éteints, sur le bas côté. Trois hommes en sortirent, armés de canons scié. L'un des individus remarqua alors une main qui tentait de s'extirper de la berline, il dévala le terre plein et attrapa ce poignet ensanglanté. Il sortit le blessé juste assez pour que son torse soit accessible. L'italien ne compris que trop tard quel genre d'individu venait de le tirer de son mauvais pas.

-Regarde moi... [i]lança l'inconnu, lâchant son canon scié pour dégainer un couteau.
Regarde moi dans les yeux quand tu crèves !
Et joignant le geste à la parole il plongea sa lame dans le ventre du blessé, remontant du pubis jusqu'au sternum. Sa sombre besogne accompli il se tourna vers les autres.
-Allez chercher le bidon dans le camion, et brulez moi cette merde.

***

Quelque part dans une banlieue de Jersey City...

Les coups de feu dans le New Jersey étaient quotidiens. Lorsque dans le courant des années 90 Rudolph Giuliani était devenu maire de New York, sa politique de tolérance zéro envers le crime organisé avait poussée plus d'un italien à délocaliser ses activités. Ils ne furent pas les seuls, puisque le Bronx et Harlem s'assainissant à leur tour, la plupart des squats du New Jersey furent constitués par des afro-américains. Les latinos furent moins nombreux, plus cruels et parfois plus désespérés, ils réussirent à imposer leurs lois là où les anciens gangsters-rapper étaient nés.

Que ce soit pour la drogue, une fille ou un simple regard, une détonation pouvait s'envoler dans la nuit de Jersey City, à a peine un kilomètre de New York, véritable dépotoir à ciel ouvert. Les italiens, comme à leurs habitudes, avaient réussis à asseoir leur autorité. C'est d'ailleurs grâce à cette zone de quarantaine que la mafia avait pu se mettre en jachère suffisamment longtemps pour garder la main mise sur New York. Ils avaient mêmes réussi à mettre leur racisme de côté pour faire affaire avec les blacks dealers de crack. Pizzerias, laveries automatiques et épiceries s'étalaient de d'Elisabeth jusqu'à Paterson, et servaient soit de source de revenus soit de blanchisserie pour l'argent sale. Là résidait le nerf de la guerre mafieuse : cet immense capital d'argent. Commerce minable associé à d'autres commerces minables, partagés équitablement entre les pontes et savamment bichonnés. Si les réunions des cinq Familles avaient bel et bien lieu en plein Manhattan, depuis John Gotti pas un seul gros bonnet n'y habitait. Ils s'étaient tous enterrés dans les collines du Jersey, parsemées de piscine et de maison de bois blanc. Alors s'étonner de coup de feu sur cette terre c'était manquer de discernement.

Cependant ce soir là, les coups de feu en question s'élevaient autant des rues malfamées que des respectables lotissements de banlieue, attirant des voisins inquiets emmitouflés de peignoirs roses bonbon, hors de chez eux.

Les voitures de police zébraient la nuit à toute allure. Personne n'avait jamais vu ça. Plus d'une quinzaine de boulangerie incendiées, une trentaine de laveries automatiques saccagées, on s'en était même pris à un libanais qui vendaient des falafels. Des groupes aussi mystérieux qu'insaisissables détruisaient de manière systématique tout ce qui avait pu appartenir aux fiers italiens. Mais le pire restait encore à venir. Derrière les haies impeccablement taillées et les clôtures blanches, plusieurs villa étaient la proie des flammes. Les cadavres des familles qui les avaient occupées avaient été étendus de façon macabre sur le gazon. Les assassins avaient même abattu les animaux de compagnie.

L'erreur des italiens était d'avoir imaginé Matthew Coffin comme l'un des leurs, comme un adversaire appliquant leur méthode et respectant leur logique. L'histoire de Matteo Bara leur était venue aux oreilles des Don, mais dissociée de Matthew Coffin elle n'avait aucun sens. Matthew Coffin n'était plus Matteo Bara depuis bien longtemps, par conséquent il n'avait d'italien que le sang. Donc, lorsque Matthew Coffin avait lancé ses chiens de guerre sur la Mafia, ordonnant d'éliminer le moindre enfant, de réduire en cendre le commerce le plus insignifiant, tous s'étaient mis en marche avec une dynamique quasi-militaire. Du porte flingue type au junkie de Mutant Town, tous ceux qui devaient de l'argent ou un service à Matthew Coffin avaient répondus présents.

Et ils avaient frappés, avec autant de cruauté que si le diable lui-même leur avait intimé l'ordre de prendre les armes.

***

[i]Le malt dévala ma gorge, ravageant toutes mes chairs au passage. Cela faisait longtemps que je n'avais plus bu d'alcool. Mais sous la remontée des vapeurs brulantes au fond de mon gosier, je ne défaillis pas, preuve que je n'avais pas complètement perdu l'habitude de boire. Le verre atterrit sur le comptoir du bar sans un bruit.

Elle avait vu mon passé, je devais lui laisser entrevoir l'avenir.


-Demain un monde nouveau va s'ouvrir à toi. Finis l'impolitesse et les menaces. Tu seras respectée par ceux que tu craignais. S'ils sont encore en vie ils ramperont à tes pieds pour obtenir ta clémence.
Mon regard se détacha un instant d'elle pour parcourir la pièce, à l'air que je prenais on pouvait me croire tombé dans une auge.
-Que ce doit être pénible de cacher sa véritable nature au regard des autres. Se contenir à chaque seconde, tant pour conserver cet état de parfaite insignifiance qui procure sécurité et discrétion, que pour éviter de faire du mal à ceux qui nous sont chers. Mais par dessus tout, que ce doit être pénible de se cacher de soi-même, de trembler devant son ombre simplement parce que l'on craint ce dont on est capable. Tout cela constituait ta chrysalide, ce soir tu en est sortie, plus belle et plus forte que jamais.

Mes yeux revinrent un instant sur Alice. Là où le sapiens imaginait un monstre je voyais un mutant. Et lorsqu'enfin je pouvais m'adresser à eux ce n'était pas sur le ton circonspect de la crainte face à une erreur de la nature ou au contraire, une quelconque descendance divine. C'était le ton neutre et effacé de l'égalité. Celui-ci s'éleva dans la pièce, en japonais je me suis adressé à Yamamoto bien que je ne cessais d'observer Alice. Il quitta la salle principale, poussant du plat de la main une porte où était marqué ''prive''.

-Tu auras un appartement, un paiement ainsi que d'autres avantages que tu auras tout le loisir de découvrir par la suite. Je dialoguerais avec toi par le biais de Yamamoto, il te mènera à des individus dont tu devras fouiller, modifier ou effacer la mémoire. Tu seras la première de nous trois à avoir accès à des informations qui seront d'une importance extrême. Autrement dit : je te fais confiance. Pour moi ce n'est pas un vain mot : c'est un bien comme les autres auquel j'accorde un prix élevé ; ne me la vole pas.

Bien entendu, lorsqu'il te le sierra tu pourras quitter mon service sans craindre quelconques représailles, tu obtiendras même une rente de ma part, en retour de ton travail. Ce que tu auras accumulé en biens, fortune ou pouvoir, tu le conserveras.

La porte de service se rouvrit, dévoilant un Yamamoto qui exibait une page du livre du personnel entre les mains.
-Rigby, me lança-t-il. Alice Rigby.
Ma main saisit le verre vide et le lança au japonnais qui l'attrapa en plein vol. Une pièce à conviction de moins...
-As-tu des questions Alice, demandais-je en sortant mon cellulaire d'une de mes poches. Ou puis-je enfin appeler la police pour lui signaler le carnage qui vient d'avoir lieu ?
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MessageSujet: Re: Guilty of being witness [PV Matthew]   Guilty of being witness [PV Matthew] Icon_minitimeDim 16 Oct 2011 - 14:46

Alice lâcha un sourire. Apparement, la simple mention d'un nom qui avait été jeté aux orties pouvait faire trembler des pilliers colossaux. Il prit le verre qu'elle lui tendit et lui répondit simplement qu'une langue comme l'Italien pouvait être massacré en quelques secondes par un anglais qui ne lui convenait pas du tout. Alice lui lança un sourire en coin avant de se joindre à l'homme pour boire une nouvelle gorgée de whisky. Un silence s'installa durant une petite minute. Chacun observait l'autre. Une stratégie nouvelle semblait se mettre en place des deux côté, chacun réévaluant ses positions. Alice se contentait de fixer Matthew d'un regard malicieux, jeune et vif. S'il savait seulement le pétrin dans lequel il était en train de se mettre. Car elle avait l'impression ferme de mener la partie. Après tou.... C'était elle la mutante, non ?

Il brisa le silence. Lentement, il lui dessina ce nouvel avenir. Un avenir digne d'une princesse. Un avenir qu'Alice n'aurait pu obtenir que si elle avait réussi à entrer dans les graces d'un milliardaire digne de ce nom. Cet avenir pouvait parraître effrayant. Mais Alice n'aurait plus peur. Plus jamais elle n'aurait à se soucier de rien. Et ça, c'était la pensée la plus rassurante du soir. Puis, il détourna son regard des yeux émeraude de l'adolescente, se contentant de rearder dans le vague. Alors, il parla sans le dire de sa mutation. De cette capacité qu'elle avait a fouiller dans la mémoire des gens. Cette capacité qu'elle se devait de cacher aux yeux du monde pour ne pas se mettre en danger. Cette capacité qu'elle ne maîtrisait qu'en partie et qui pouvait tout aussi bien devenir le maître. Ce n'était pas un blâme. C'est un éloge. Matthew Coffin semblait envieux de cette nature qu'il ne possédait pas. Mais en même temps, il avait prononcé ces mots comme il aurait pu dire que le ciel était bleu et que les oiseaux volaient. Il ne se sentait pas en dessous d'elle. il ne la traitait pas comme un animal. Juste comme un être humain.

Quelques mots japonais sortirent de nouveau de ses lèvres. Cela finissait par agacer la jeune fille qui aimait plus que tout être le centre de son interêt. Cela se faisait sentir par le soudain cliquetis que faisaient les ongles de la jeune fille contre son verre. Le Japonais partit après un hochement de tête, les laissant seuls. Puis, Coffin continua son blabla, arrivant cette fois-ci à des choses plus concrètes. Un appartement. Rien que ce mot aurait suffit mais il était suivi par d'autres qui la faisait presque trembler d'excitation et de plaisir. Un petit sourire satisfait naquit sur ses lèvres, marque de sa satisfaction. Puis, il lui parla des plans qu'il avait pour elle. Elle serait la tête d'une chaîne d'informations incroyables. Ses yeux en pétillaient. Enfin, il lui parla de cette confiance aveugle qu'il plaçait entre eux deux. Alice se pinça légèrement les lèvres. Mentir était son quotidien. Arriverait-elle seulement à mettre cela de côté pour assurer sa propre survie ? Elle prit une courte inspiration, sachant déjà ce qu'elle devait répondre à cela. Elle le laissa finir, apprenant alors qu'elle pourrait tout arrêter dès qu'elle le voudrait. Alice retint un éclat de rire avant d'enchainer directement :


"Vous me laissez le droit de partir mais vous m'forcez la main pour rentrer ? Vous en faites un de sacré mafieux, vous l'savez ?"

Il n'eut pas le temps de répondre, le Japonais était de retour. Il tenait un livre qu'Alice connaissait bien. Puis, son nom de famille résonna dans la salle, comme un gong annonçant la fin d'un combat. Elle lança un regard noir à l'asiatique et le tint lorsque ses yeux se reposèrent sur Coffin. Ce dernier lui demanda alors si elle avait quelques questions avant de téléphoner à la police. Alors, la jeune fille n'attendit pas plus longtemps.

"La confiance, c'est pas à sens unique. Mon nom, vous auriez pu me l'demander poliment au lieu d'envoyer le chihuahua fouiller dans les poubelles. Si c'est comme ça à chaque fois que je dois fouiller la tête de quelqu'u on a pas fini. D'ailleurs, vous lui faites peut être confiance - elle désigna Yamamoto du doigt - mais moi, j'm'en méfie un peu d'c'lui là... Alors j'préférerais faire le sale boulot avec vous à côté histoire que les infos passent pas par le téléphone arabe."

Caprice d'enfant ou simple protection ? Aux yeus de l'interlocuteur, la question pouvait se poser franchement. Mais Alice continua sur sa lancée.

"Tout ce qui est appartement, je gère. Dites moi simplement comment vous faire signe et je vous dirais ce qui est le mieux pour mon bien. Ah, et à vrai dire, la seule chose que j'attend de vous en échange de tout ça, c'est l'entrée dans diverses soirées uppée de New York. Rien de tel pour améliorer son répertoire quand on sort de nulle part..."

Elle réfléchit une dernière seconde, profitant de cet instant pour finir son verre. Puis, fixant ses yeux dans ceux de l'humain, elle tâcha bon de lui préciser quelques petites choses.

"Concernant... Ce que vous attendez de moi. J'dois vous prévenir que je n'ai jamais eu le temps d'expérimenter vraiment tout mon... potentiel ? Et je dois avouer que j'suis pas sans failles. J'ai déjà merdé une fois ou deux. Rien d'grave mais vaudrait mieux pas que ça se reproduise. J'veux juste que vous soyez un peu... Indulgent les premières fois. Ca m'bouffe pas mal d'énergie d'jà alors pas besoin de ma prendre la tête après pour des queues de cerises... Ah, et une dernière chose..."

Elle avança d'un pas vers son nouveau mécène, histoire qu'elle comprenne bien que ces dernières paroles n'étaient pas prononcées à la légère.

"Tout ce que je vois... Ce que je ressens, ce que je lis dans la tête des autres... la plupart de ces événements sont dans ma tête pour un bon moment. Donc, si quelqu'un arrivait un jour à me fouiller le crâne... Faut que vous sachiez que vous ne seriez plus à l'abri pour faire vos petites combines..."

Ces derniers mots, c'était son échange de confiance. Ce détail là, elle l'avait toujours gardé pour elle. Cette super mémoire qu'elle avait, elle ne l'avait jamais mentionnée. Et elle espérait seulement que Mattéo bara ou Matthew Coffin, peu importe le nom qu'il porte, pourrait comprendre ce que cela pouvait représenter...
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MessageSujet: Re: Guilty of being witness [PV Matthew]   Guilty of being witness [PV Matthew] Icon_minitimeVen 21 Oct 2011 - 20:50

-Alice, ma tendre et douce Alice, soupirais-je le sourire aux lèvres.

Ma main se tendit pour se poser sur sa joue, caressant délicatement ce petit carré de peau diaphane du dos de l'index. Un mouvement vif du poignet transforma cette douceur extrême en un terrible étau, refermé sans pitié sur le menton de la serveuse. L'étincelle de joie au fond de mes yeux s'était muée en un brasier furieux. Plongeant mon regard dans le sien, je ne l'a mettais pas au défis d'user de son pouvoir, non c'était bien plus grand. Elle vivait parce que je l'avais épargné, elle aurait la gloire et la fortune sur un plateau parce que j'allais le lui apporter, je lui promettais une retraite paisible et sans violence parce que le seul homme qu'elle devait craindre dans cette ville n'était autre que moi. En vérité, si à cet instant elle avait le loisir de me parler, et même de me contredire, c'était seulement parce que je le lui permettais.

Je n'avais jamais fait l'erreur de sous-estimer les mutants, encore moins de les stigmatiser. En tant qu'employeur, un mutant aurait à mes yeux un avantage considérable sur n'importe quel autre postulant sapiens. Ceci ne tenait qu'à une seule raison : l'unique règle que je respectais était celle du plus fort. Manger ou être mangé. A ce petit jeu j'avais souvent mangé du mutant car ces derniers avaient eux fait l'erreur de me sous-estimer.


-Tu es une pierre précieuse, Alice, repris-je sur un ton un peu plus dur. Étincelante de mille feux, resplendissante dans son écrin en satin, incroyablement rare... Mais en aucun cas irremplaçable.

Un sacré mafieux. Avant moi les mutants avaient été utilisés par des organismes gouvernementaux ou para-gouvernementaux. Mais bien rares étaient les milieux du crime organisé les ayant accueillis comme je l'avais fait. Personne ne savait s'y prendre avec une telle force de frappe, et ceux, avant moi, qui auraient pu les traitaient comme des animaux. Une grossière erreur... Nier l'impact du phénomène mutant au sein de notre société -de toute notre société- c'était se voiler la face. Cela necessitait de l'homme d'affaire que j'étais une évolution, de profonds changements dans ma dynamique de travail. Ce que j'avais, il me semble, réussis à merveille.

-Si je suis en vie et qu'ils sont morts, Alice, il y a une raison. Je ne suis pas un sacré mafieux. Je suis le futur de la criminalité. A mon échelle, et dans mon domaine d'activités, je représente l'évolution. J'ai marché dans les pas de mes prédécesseurs, j'ai appris ce qu'ils avaient à m'apprendre, évité leurs écueils, d'années en années je me suis amélioré. Enfin, quand le moment fut venu, je les ai absorbé. J'ai fait ça tout au long de mon existence, ce qui me permettra dans quelques temps de m'emparer de la mairie de New York. Cela parce que j'ai appliqué des méthodes que tu sembles réprouver -à juste titre, j'en conviens.

Mon index et mon pouce desserrèrent leur étreinte. C'est justement parce que je m'améliorais sans cesse que je n'avais pas écarté entièrement la requête d'Alice. Elle répondait à un nouveau type de besoin qui méritait d'être pris en compte.

-Cependant tu as raison, dis-je en posant les yeux sur Yamamoto. Ta nouvelle place au sein du Groupe induit des compromis. Je ne peux te promettre ma présence à tes côtés lorsque je te soumettrais un travail, car ce que tu nommes "téléphone arabe" m'a permis de mener une existence honnête, loin de la rue et de la prison. Néanmoins, je peux te donner compensation. Dans un premier temps je te garantie qu'en ta présence je m'adresserais à Yamamoto en anglais. Mais surtout, Alice, je t'offre sa fidélité.

Ma main plongea dans une de mes poches, sortant un cran d'arrêt qui se déplia d'un mouvement vif. Je l'ai déposé sur le comptoir entre le japonnais et la serveuse. Une fois ceci fait je revins me placer derrière Alice, mais c'est Yamamoto que je fixais. Ce dernier avait compris, il s'avançais déjà vers la lame. Dans un claquement sec il posa son arme sur le comptoir et saisi le couteau d'une main étrangement mutilée, à laquelle une phalange du petit doigt était absente.

-Lui seras-tu fidèle comme à moi ? lui demandais-je.
-Oui... souffla-t-il en étalant un mouchoir en soie sur le bois du bar, avant d'y étaler sa main valide, en écartant bien tous les doigts.
-Es-tu prêt à la préserver ?
-Oui.
-A ne rien tenter contre elle ou ses intérêts ?
-Oui.
-Pas même si je t'en donne l'ordre ?
-Pas même si vous m'en donnez l'ordre.
-Tu lui seras donc dévoué jusqu'à la mort.
-En effet.
Il n'avait d'yeux que pour Alice, je n'avais d'yeux que pour lui.
-Dans ce cas, Yamamoto : fais-en le serment.

La lame remonta le long de l'annulaire droit avant s'arrêter au niveau de la seconde phalange. Plus déterminé que jamais il quitta sa main du regard pour revenir sur les yeux bleus d'Alice. La sueur perlait à grosses goûtes sur son front.

-Je mourrais pour toi, acheva-t-il en appuyant de tout son poids sur la lame.
C'est alors que je me suis penché au dessus de ces cheveux blonds.

-Est-ce suffisant pour vous, Princesse Rigby ? lui susurrais-je à l'oreille.
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MessageSujet: Re: Guilty of being witness [PV Matthew]   Guilty of being witness [PV Matthew] Icon_minitimeMer 26 Oct 2011 - 9:09

Et voilà que Bara/Coffin était reparti dans son numéro de Dr. Jeckyl et Mr. Hyde... Un coup gentil, un autre, une brute épaisse qui imposait son autorité de manière peu sympathique. Au fond de ses yeux, une étincelle paralysa de nouveau l'adolescente. Ce n'était plus du défi, c'était de la colère pure et dure, aussi puissante qu'un ouragan. Mais Alice ne faiblit pas devant cette nouvelle intimidation car elle aussi était une fort tête. Elle n'avait pas l'habitude de se laisser marcher sur les pieds. Aujourd'hui ne serait pas différent d'hier et encore moins de demain. Cependant, jamais quelqu'un avait autant insisté pour la faire plier. Pour la mettre à genou et la faire obéir. Coffin était en train de briser un mur que longtemps, elle avait cru impénétrable.

Lorsqu'il reprit la parole, il s'adressa à elle comme si elle avait été dorée. Une pièce unique d'une collection parfaite ? Non, justement. Il lui souligna qu'elle en'était pas unique. Qu'elle pouvait toujours se faire remplacer par un autre mutant de son genre. Intérieurement, elle bouillonnait. Il avait un sacré culot pour se permettre d'envisager d'ores et déjà de la remplacer dans ses rangs. Elle lui lança un regard noir.


"Personne n'est irremplaçable..."

Elle le savait mieux que personne. Mais à l'heure actuelle, elle comptait juste faire comprendre au criminel qui se tenait en face d'elle que ce n'était pas en marchant comme ça qu'il arriverait à ses fins avec elle. Car elle était trop têtue, trop orgueilleuse pour se soumettre d'elle même à quelqu'un.

Enfin, il lui expliqua son propre point de vue concernant le fait qu'elle le prenait pour un simple mafieux. Il se voyait au dessus de cela. Il était, pour lui, le roi des criminel, la tête de la hiérarchie de la décadence New-yorkaise. Il lui avoua même que, prochainement, il comptait prendre la tête de la mairie de NY. Alice songea que, s'il continuait sur cette voie, ses chevilles finiraient par ne même plus passer les portes... Mais c'était ce qui le différenciait des autres. Son ambition. Alice ne pouvait que comprendre. Elle même avait lutter pour parvenir tant bien que mal à ses fins. Et aujourd'hui, elle se sentait enfin récompensée par tout ce mal qu'elle s'était donnée. Et tout commençait toujours par du hasard. C'était le hasard qui lui avait donné cette chance de s'accrocher à un rêve réel. Il en avait été de même pour Coffin.

Il relâcha lentement l'étreinte qu'il avait sur son visage. Elle ne chercha pas à s'en défaire. Ce contact était si doux qu'il semblait vouloir rattraper la dureté du précédent. Son regard se tourna vers le Japonais et il accorda raison à l'adolescente. Si elle voulait une allégeance certaine, elle n'allait pas être déçue. Il n'allait pas se salir les mains lui même. Il ne pouvait se le permettre. Au lieu de ça, il était prêt à faire jurer fidélité à Yamamoto. Voilà qu'il prêtait même son chihuahua...

Sortant un cran d'arrêt, il le déposa sur le comptoir avant de se replacer dans le dos d'Alice qui mit un certain temps à comprendre ce qui allait se passer. Le Japonais posa son arme sur le comptoir et approcha une main du couteau. Il posa ses yeux ans ceux d'Alice qui fi de même. Coffin commença alors un petit dialogue avec son camarade. Lentement, il jura de veiller sur Alice et ceux, jusqu'à la mort. Le chihuahua était en train de muter en berger allemand. Il versa même son sang pour lui prouver ses dires. Alice regarda le liquide rouge se déverser lentement et imbiber le mouchoir en soie qu'il avait préalablement sorti. Puis, Coffin se glissa vers son oreille. Voilà que la fille des rues était devenue une princesse. Avec une moue moyennement satisfaite, l'adolescente fixa de nouveau le Japonais.


"M'ouai... Ça va l'faire..."

Puis, un détail lui percuta le cerveau tandis qu'elle jetait un nouveau coup d'oeil sur les macchabées. Elle se retourna vers Coffin, les sourcils légèrement arqués.

"Et... J'suis censée faire quoi quand la police arrivera ? Non parce que c'est à peine suspect. J'suis la serveuse, quatre mecs sont morts et j'ai rien vu et je suis toujours en vie... Va falloir trouver un truc un peu logique dans c't'histoire si je veux pas me retrouver en haut de la liste des suspects..."
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MessageSujet: Re: Guilty of being witness [PV Matthew]   Guilty of being witness [PV Matthew] Icon_minitimeJeu 3 Nov 2011 - 20:23

Hj-Thème musical.-Hj

Plusieurs coups secs frappés contre la porte du Blood Orchid répondirent aux inquiétudes d'Alice.

-Quand on parle du loup, lui dis-je en souriant.

Geignant sous la douleur, Yamamoto ramassa son doigt et emballa son moignon sanguinolent dans son mouchoir. Péniblement il se traina jusqu'à la porte qu'il ouvrit du coude, révélant un homme d'une cinquantaine d'année arborant un uniforme bleu marine et une plaque dorée agrafée sur le cœur. Visiblement il ne faisait pas partie du corps des éboueurs...


-Commissaire, m'exclamais-je. Nous n'attendions plus que vous...
Celui-ci me jeta un regard mauvais, rangeant son téléphone portable dans une poche de sa veste.
-Je viens d'avoir mon collègue du Comté de Jersey. C'est le chaos là-bas, vos chiens sont en train de faire un malheur ; on parle même de faire intervenir la garnison.
J'ai roulé les yeux au ciel, comme à chaque fois que la bêtise des hommes conservateurs et frileux m'accable.
-Pour quelques vitrines explosées ? J'en doute. Mais le moment n'est plus aux jérémiades, il est au choix.
Joignant le geste à la parole, je me suis écarté, montrant à Montgomery le résultât de la bêtise d'hommes conservateurs et frileux.
-Mon Dieu ! souffla le Commissaire. Ce sont vraiment eux ?
-Ou plutôt ce qu'il en reste...

L'homme de loi s'approcha à petit pas des cadavres. Pour une raison qui me reste obscure il a jugé bon de se découvrir. Je suppose qu'il ressentait ce que tout chasseur amateur ressent face aux dépouilles des plus féroces carnassiers de la faune sauvage, abattus par un braconnier plus expérimenté. Un sentiment que je pouvais comprendre : la mafia faisaient régner ses lois de fer sur New York depuis près d'un siècle, le choc avait de quoi en assommer plus d'un.

Dans le second regard que me lança Montgomery j'aperçus une pointe de crainte, teintée de respect.


-Ils voudront tous se venger, souffla-t-il.
-Certains, mais pas tous. Leurs fils, et peut-être quelques fidèles un peu trop à cheval sur leur principe, mais la majorité se contentera d'embrasser mon annulaire.
-Coffin : ils sont italiens, assena le commissaire avec un air supérieur qui ne me plut pas du tout.
-Montgomery : ils sont morts, ce qui restait de leurs formidables armées crame ce soir dans le New Jersey. De la mafia subsiste désormais des clans sans maîtres, longtemps opprimés par les cinq cadavres que vous avez sous les yeux et qui ne se risqueront pas dans une nouvelle guerre.
-Mais s'ils demandent des comptes ? Si les créanciers de ces cinq cadavres se pointent chez vous avec la ferme intention de récupérer leur du ? Mais surtout : avez-vous vraiment les épaules assez solides pour soutenir New York comme eux l'ont soutenue...
Montgomery ne termina jamais sa phrase : ma main droite violemment pressée sur son entrejambe l'en empêcha.
-Vous nous faites quoi là ? demandais-je en plaçant mon visage à quelques centimètres du sien. Sans moi vous seriez encore à récurer les chiottes de votre commissariat minable. Vous croyez que je n'ai pas gardé les notes de frais ? Je vous tiens par les couilles, Monsieur le Commissaire. Et à cet instant elles sont plus fragiles qu'une magnifique coupe en cristal. Alors appelez vos collègues, vos ripoux, votre mère si ça vous chante mais nettoyez-moi ce merdier comme convenu.
J'ai finalement desserré mon étreinte, le commissaire souffla bruyamment et éprouva le besoin urgent de s'asseoir. Mon regard glissa vers les cadavres.
-Évoluez ou éteignez-vous, mais faites votre choix rapidement. L'avenir de cette ville c'est moi, pas eux ; eux ne comptent déjà plus.

Moitié furieux, moitié terrorisé, Montgomery se leva et quitta le bar en clopinant, ressortant son portable pour passer les coups de fil qui s'imposaient. Lui aussi représentait la crainte obscure du passé. Percevoir les aspects uniquement négatifs d'une situation nouvelle était dans sa nature. Peut-être parviendrait-il un jour à minorer les effets de ce réflexe pourtant irrépressible, mais il ne pourrait jamais faire partie des élus, contrairement à Alice ou à moi. Chacun à notre manière nous étions précurseur de quelque chose qui nous dépassait tous les deux. Il m'apparut que c'était le meilleur moment pour lui prodiguer sa première leçon, une leçon qui ne devrait jamais la quitter.

-Dès que tu viens au monde tu te prends une claque, dis-je en me rapprochant de la serveuse. En entrant dans le monde tu te prends d'autres claques. Tu gravies quelques échelons et tu en prends moins...
Une ombre blanche passa devant la vitrine, mon carosse venait d'être avancé. Lentement je me suis penché sur Alice, défaisant délicatement la ceinture de son tablier ; ôtant ses derrières chaînes.
-Un jour, tu te retrouves dans l'air raréfiée des sommets et tu n'a plus la moindre idée de ce qu'est une claque.
Ce torchon informe à la main, j'ai replongé mes yeux dans les siens, tentant d'y déceler quelque chose qui m'avait appartenu bien des années auparavant.
-Bienvenue dans le Système, petite, terminais-je en jetant le tablier à un Yamamoto souffrant visiblement le martyr.

C'est avec une infinie douceur que ma main se posa sur l'épaule de la jeune fille. Lentement, sans imprimer la moindre fermeté ou violence dans mon geste, je la fis pivoter vers la porte du Blood. Celle-ci, légèrement entr'ouverte, laissait voir le Commissaire en prise avec mes problèmes. Dans le prolongement, une magnifique limousine blanche, était stationnée en double file. Elle n'attirerait l'œil de personne dans un quartier, à cette heure désert.


-Avant d'emmener Yamamoto à l'hôpital je peux te déposer à ton nouveau chez toi mais si tu souhaites rentrer par tes propres moyens je ne t'en empêcherais pas.

Le sang de Yamamoto qui avait coulé du comptoir au plancher, mes éventuelles empreintes oubliées, le fait qu'Alice était la seule serveuse du Blood au moment des meurtres... Des détails, rien que des détails. Alice devait comprendre que tout cela n'avait aucune importance dans un rapport de police, ce n'était qu'une case à cocher, une ligne à écrire, et des fois des gens se trompaient. Personne ne viendrait fouiner dans ces expertises, pas avec l'ombre de la mafia planant sur cette affaire. Ces meurtres n'attireraient même pas l'attention du grand public, à vrai dire, la plupart n'auraient d'yeux que pour Jersey.

Il y a quelques heures Alice Rigby était encore une mutante parmi les humains, supportant les outrages, payant un loyer exorbitant pour une paye misérable, avec une somme de problème plus imposante qu'une montagne. Ce soir elle était là, entre mon bras et mon flan, protégée par mon aile. Le tablier n'était qu'un souvenir. Fini la coke dégueulasse dealée au fond d'une impasse au prix du caviar, désormais les dealers lui fournirait de la pure à 80%, des commissaires seraient là pour la faire sortir de garde à vue. Il n'y aurait plus de taxis en ruine conduit par des émigrés pakistanais à fond la caisse, mais des voitures de luxe avec chauffeur. Mais le plus beau dans tout ça...


-C'est à toi de faire ton choix, Alice.

Car à mon avis, pour la première fois depuis longtemps, Alice pouvait prendre son destin en main et décocher un bon crochet du droit à la Vie. Cette vie minable qui l'avait meurtrie, au point de la forcer à dissimuler sa véritable nature.

Hj-Dernier post pour moi.-Hj
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