l'accord du coeur au corps (au port) [Terminé]

Sujet: l'accord du coeur au corps (au port) [Terminé] Mer 2 Nov 2011 - 12:57

C'est par cette froide nuit d'hiver que je me décidai enfin à sortir le bout de mon nez dehors, l'horloge indiquait prêt de trois heures du matin. Cette nuit là, le port où j'évoluai sans but précis était désert, plongé dans un calme soutenu par quelques bateaux que viennent taquiner l'écume. Mais lorsque je décide de marcher avec ma solitude, ce n'est jamais sans troubles, sans raisons. En effet, la languissante nostalgie m'avait rattrapée sans crier gare. Cela faisait presque deux mois que j'avais déserté l'appartement d'Icare, pour être plus précis, je m'y étais largement forcé après mon intrusion dans les locaux de Grown, car j'étais bien loin de vouloir qu'il subisse les conséquences de mes actes. Mais la nostalgie était bien plus profonde que ce regret d'une fuite dans les règles de la lâcheté, elle se greffait sur d'autres idées que sans cesse je tournai et tournai dans mon esprit. Malgré toute l'horreur que j'avais placé sur le dos de l'espèce humaine, un individu seul me manquait horriblement. Le mot était bien trop faible, cette brutale séparation semblait être la seule cause de ma promenade par cette soirée brumeuse. Je pense qu'à présent il ne m'est plus défendu de le dire, j'étais clairement tombé dans les plus douces pensées à l'égard d'Icare. La beauté de ses mains, la pureté de ses yeux, cette étrange lueur dans son regard, de ces trois point je souffrais de leur rupture. Or j'en étais l'auteur, le commanditaire, bien que j'y fut en grande partie forcé. Si jamais un malheur avait du lui tomber dessus par ma faute, jamais je n'aurais pu me le pardonner. Car j'étais présentement recherché par tout un tas de malfrats dans le genre de Grown qui, nous venions de l'apprendre plus tôt avec Etan, était un membre d'une étrange sectes aux desseins obscurs. Tout ceci n'avait que piqué mon anxiété à vif, et je me vit contraint d'abandonner Icare, sans un mot, pour le préserver des beaux draps dans lesquels je m'étais jeté.

Pourtant ce soir, mon angoisse était tout autre, je me mettais soudain à penser que j'avais peut être pris le mauvais choix... Chose qui jamais auparavant ne perturba mes nuits. Mais ce soir, le besoin de prendre l'air avait été fulgurant; un cauchemar, un verre d'eau, un manteau, et hop, j'étais sur les quais d'un vieux port désaffecté à ruminer mes remords. Dans quel conte de fées m'étais-je lancé? Alors qu'il aurait été si simple de s'ancrer au peu de vie humaine qui me restait pour dire à Icare ce que j'avais sur le cœur. Mais j'avais choisis la voix obscure, et préférant l'héroïsme au sentimentalisme, je voulais sauver mon bien aimé des griffes des rapaces qui en voulaient à ma peau. Or je ne savais ni l'étendu, ni la quantité d'ennemi qu'il me fallut amasser pour en arriver à cette simple remise en question.

Un chat noir bondit d'une péniche et se frotta à mes jambes. Me baissant pour aller lui caresser le museau, j'attrapais simultanément une cigarette que j'incendiai au bout de mes lèvres. Le froid saisissant piégeais la fumée dans ses volutes infinies, ses tourbillons incessants qui peu à peu se perdent dans l'immensité. Le petit chat sembla trouver le spectacle très beau et voulu attraper de ses pattes velues la fumée intouchable.

Dix minutes plus tard, alors que je m'enfonçais dans une nouvelle allée, une cabine téléphonique, à dix mètres de là se mit à se faire entendre. Il l'instant je me crus dans une mauvaise réplique de film... Mais je ne doutai plus que cet appel fut pour moi quand ces sonneries ne diminuaient pas au bout de quinze répétitions... Je couru vers le foyer sonore, et d'une pleine poignée emplie de conviction, je décrochais l'appareil de son silence... Il y eut une longue respiration...

Je ne sais pas ce qui retint le plus mon attention, en fond sonore j'entendais un combat, et au premier plan la voix d'un type qui me disait détenir un de mes biens précieux. Il me fallut du temps pour réaliser le chantage auquel je venais d'être mêlé...

-Vous êtes où bande de salop!

Son souffle me glaçait les oreilles, je n'en fut que moins patient encore...

-Tu devrais nous entendre...

Mon ventre se noua... Une onde sonique d'une puissance singulière finit par emmêler mes intestins... La rage griffa ma quiétude, détruisit mes convictions pour en fonder de nouvelles... J'avais fait le mauvais choix, je m'étais enfui au lieu de rester avec lui pour le protéger... Maintenant il était surement trop tard...

Pourtant mes pas s'allongèrent, se mirent en courses, et plus rapide que jamais, je m'approchais avec grand peur du lieux où je savais trouver Icare entre de mauvaises mains...

-Mais quel con, quel con!

A cet instant précis, j'aurais était capable de m'assassiner pour ce genre de décisions, car elles étaient les seules qui donnaient encore un peu de sens à ma vie humaine... J'espérais ne pas arriver trop tard...

L'eau translucide enveloppa Jay comme une prison. Pour certains cet élément liquide n'était qu’apaisement, la source même où naissaient le ciel azuré. Pour Icare comme pour n'importe quel oiseau qui n'était pas fait pour vivre de pêche, c'était un piège mortel. Lorsque le jeune homme s'extirpait non sans peine de l'eau grâce à son élan et à un violent battement d'ailes, il retombait car son plumage alourdi ne lui permettait pas de voler. Au bout de la 5 ème tentative, le mutant n'arrivait plus qu'à sortir la tête de l'eau et encore, mais comme si ça ne suffisait pas, il sentit quelque chose de noire entourer son corps. Une sorte de pétrole lancé par un mutant-un dérivé bien sûr, sinon ce ne serait pas un homme de main mais un type riche.-venait d'engluer ses ailes comme la marée noire le faisait pour les pauvres animaux qui passaient par là.

L'espèce de boue était pareille à son aîné, le pétrole qui faisait tant rêver l'homme qu'il soit porteur du gêne X ou pas; ses seules différences étaient qu'elle partirait probablement en frottant beaucoup-alors que c'était impossible avec le pétrole, tout du moins pas totalement.- que c'était un peu moins toxique-ce qui ne changeait rien pour Jay qui se régénérait mais beaucoup pour son potentiel sauveur, ce à quoi il ne croyait plus.- ça n'avait pas d'odeur et ce n'était pas inflammable. Heureusement d'ailleurs car crachant le liquide noirâtre qui envahissait ses poumons et l'étouffait, le mutant ailé était déjà bien misérable. Ses bourreaux semblèrent s'intéresser à quelque chose qui approchait, le chef ayant téléphoné précédemment. Bah sûrement d'autres camarades pour s'amuser avec lui.

Icare en profita toutefois pour patauger jusqu'au rivage et se hisser sur le bord, il remonta sur le la berge après s'y être reprit à trois fois. Le liquide noir dégoulina de son visage, ne sachant s'accrocher à cette partie lisse de son être. En revanche ses plumes étaient toujours engluées et Josh eut beau battre des ailes, elles ne s'emmêlèrent qu'un peu plus, le contour de ses plumes se dessinant sous leur prison. Le chef se retourna soudain et marcha jusqu'à lui qui était tombé à l'endroit même où l'on descendait ou remontait les bateaux par treuil. Il lui prit le menton, souriant et crachant la fumée de sa cigarette à son visage.

-Alors mon petit ange, crois-tu que ta statue préférée viendra te sauver, ou tu paries pour qu'il soit resté sagement terré chez lui. Ce type a toujours été égoïste de toutes manières, mais bon... J'aurais quand même essayé. Si il ne vient pas d'ici dix minutes, débarrassez moi de ce moineau. La marée noire... Terrible fléau, on doit toujours éliminer les bêtes touchées pour qu'elles ne contaminent pas les autres, j'espère que tu comprendras mon petit oiseau.

Jay serra les dents, il ouvrit uniquement les lèvres pour hurler, son chant dépassant rapidement les décibels supportables. Son arme ultime en quelque sorte. Un tympan de son adversaire éclata alors qu'il hurlait de douleur, mais Josh ne pouvait pas continuer à cause du liquide qui s'était ancré dans ses poumons et que sa régénération cellulaire combattait vaillamment. Il s'essouffla puis sa tête retomba sur le sol dur. Il était désormais couché sur le flanc, immobile et seule sa respiration sifflante et difficile prouvait qu'il était encore en vie, allongé misérablement dans cette flaque noire. Si on s'approchait un peu néanmoins, ses yeux bleus rivés sur le devant du port montraient également que le souffle vital ne l'avait pas quitté. Seulement, malgré sa régénération, vu ses nombreuses blessures infligées, il risquait de ne pas tenir longtemps. Deux butors essayaient de combattre son pouvoir d'autoguérison en le blessant profondément à l'aide d'un couteau ou de leurs poings pour ne pas laisser de répit au mutant. Les blessures étaient plus nombreuses que les plaies refermées maintenant. La tendance s'inversait. Malgré ses multiples mésaventures, Josh eu conscience qu'il n'avait jamais été aussi proche de la mort, à part peut-être quand Gretchen avait décidé d'ne finir avec son sujet expérimental, ou alors... Quand le policier fou avait voulu le tuer avec une balle dans la tête, ou le vampire. Bon d'accord il avait déjà été dans cette situation mais cette fois personne ne le sauverait. Il l'espérait de tout son coeur en tout cas. Kaleb devait rester loin de tout ça. Car sa "statue" préférée c'était lui, à n'en pas douter bien sûr.

Par je ne sais quel prodige le vent roulait à toute allure sur ma peau, la conviction dont chacun de mes pas vibrait animait un vieux désir de vengeance. Je devais le sauver, si toute fois je parvenais à mon but à temps. Constatant avec amertume que j'étais bien loin de l'abattage je me décidai à emprunter de plus courts chemins. Concentrant toutes ma maîtrise sur mon propre corps je quittais le quai d'un immense bon pour atterrir en fracas sur un yacht d'environ trois mètre de haut. De là je ne mis pas longtemps à savoir d'où venait le problème, non sens mal l'offensive dont Icare était la victime me permettait encore quelques minutes de répit pour arriver sur le lieux. Mon cœur, aussi dur et froid qu'il était se nouait dans ma poitrine... Tout cela était de ma faute. Il n'y avait rien ajouter. Je saisis tout mon courage à deux mains, et soudain, j'étais devenu un autre. Un héros, ou je ne sais quelle figure respectable dont le visage aux traits durs inspirent le respect. Je m'élançais, sautant de bateau en bateau, remuant de vagues la baie à chaque atterrissage. Les bateaux souffraient de mes chutes, et parfois, mon pied venait à s'enfoncer dans les maigres ponts de bois. Mais j'étais presque arrivé, après au moins deux millions de dollars de réparations sur mon passage.

J'étais tout prêt, tout prêt d'en finir avec eux, de commencer avec Icare, d'interrompre ces foutus principes qui contrôlaient mes choix depuis maintenant plus de six mois. Il n'était plus d'obstacle capable de résister à la liberté où je m'attelais...

Mon dernier bon, aussi mémorable fut-il d'un immense navire me fit chuter de tout mon poids sur l'un des types. Il ne supporta pas la tonne qui lui tomba sur le coin de la tête, ses os se brisèrent, je venais de l'aplatir. Icare était à terre, et tous se retournèrent au chant morbide des os broyés de leur compagnon. A présent, comprenant bien qu'Icare n'était pas dans la capacité de se battre, j'étais seul face à tous ces types, dont je n'osai pas compter le nombre. Par réflexe je décidai de venir à eux, vu qu'ils le souhaitaient tant que ça... Ma lourde carrure s'anima d'une rage incontrôlable, ma main frôla la figure d'un mec qui disparut avant même qu'elle ne puisse atteindre son but, mais ses poings de chairs s'écrasèrent sur ma carapace, il hurla. Cela me tira un large sourire, depuis quelque temps j'appréciai détruire tout ce qui tentai de m'anéantir, je m'étais finalement fait à ce corps monstrueusement inhumain, et ma seule motivation était de mettre un terme à tout ce passé qui me hantait inlassablement. Un homme jeta son horrible mélasse noirâtre, mais faute de prise le précieux liquide finit vite par s'écouler au sol. Je saisissais l'homme au cou et d'une force convergé à la maitrise de mon corps de pierre et je l'expulsai si loin que le son de sa chute ne se fit même pas entendre. Cela ne plût pas à mes agresseurs, ce qui je dois l'avouer n'était pas à leur avantage. Un homme que je cru d'abord inoffensif recouvrit son corps d'une onde violacée qui, à mon contact me fit m'encastrer dans l'immense navire. La fonte de la coque se pétrifia, et dans un fracas assourdissant se fissura. Cependant les gravats ne s'en séparèrent que sous mes ordres. Les uns après les autres ils balayaient les ennemis à grand coup d'exquis impacts. Et hop, cinq de moins, Icare était libre de mouvements... Il n'en restait plus que quatre... Mais leurs pouvoirs promettaient de me poser problème...

L'ange qui portait toute mon attention semblait à demi-présent, comme si sa faculté de guérir avait été gravement mise à mal. Raison de plus de me faire encore plus violent. Je sautai de l'épave sur laquelle je me trouvais. En guise d'affront, je me postait devant Icare, prêt à faire des survivants mes prochaines victimes.

L'un d'eux, un colosse de deux mètres environs, pas franchement beau à voir, et ce même dans la pénombre, se rua à grands "boum boum" sur moi. Son poing me fit reculer sur deux mètres, si bien que j'arrivai aux pieds d'Icare, surpris de la force du type. Son poing frôla ma figure, mes deux doigts, l'index et le majeur frappèrent au niveau de son cœur. Se dernier se pétrifia, et d'un coup de paume je réduisit cet organe de la vie en explosion mortelle. L'immense titan tomba à l'eau. Les trois derniers, à ma plus grande surprise se retournèrent pour prendre la fuite.

Au beau milieu des vestiges du combat, le silence tomba à nouveau. Je me retournai vers Icare dont je n'osai croiser le regard tant la honte s'était emparée de moi.

Pourtant, moi qui fut capable de venir à bout de ces types, étais-je aussi peureux pour ne pas affronter mes propres erreurs?

-Icare, ça va aller?

Mon corps redevint chair et je saisissait à pleins bras cet être que j'aimais tellement...

-Je suis désolé, tellement désolé, tout ça est de ma faute, entièrement de ma faute... Je n'aurais jamais du t'abandonner... Je pensais te protéger d'eux, mais c'est tout le contraire... Je suis si désolé...

Mon regard vert se figea dans le froid bleu de ses yeux. Je l'aimais, je devais lui dire, mais je me vit contraint d'attendre son pardon pour me lancer dans de plus amples conversations...

Sujet: Re: l'accord du coeur au corps (au port) [Terminé] Ven 4 Nov 2011 - 1:51

Josh leva ses yeux épuisés vers la scène qui se déroulait devant lui. Il devina rapidement que c'était Kaleb qui le défendait. Oui, malgré ses prières pour que le mutant ne se mêle pas de cela et vienne risquer sa vie pour sauver la sienne, il était venu. Le gang ne fut pas déçu en constatant que Kaleb était en réalité altruiste, il mit à mal la plupart des ennemis seul vu qu'Icare ne pouvait se battre. Ce dernier parvint seulement à faire trébucher un adversaire en étendant son aile en travers de son chemin. Lorsque tout fut fini, l'ange respirait difficilement. Il cherchait son souffle mais c'était presque vain; l'impression de suffoquer était de plus en plus importante, ses plaies ne guérissaient plus, continuant de saigner tandis que l'eau et le "pétrole" froid l'avaient transis de froid. Depuis que son ADN d'origine reprenait ses droits sur les modifications de Gretchen, il avait retrouvé sa silhouette androgyne et par la même occasion fine et fragile. Glacé jusqu'aux os donc, le mutant ailé tremblait lorsque Kaleb le prit dans ses bras. Ayant fermé les yeux précédemment, il fit des efforts pour les rouvrir, au moins de moitié mais il n'eut en revanche pas la force de relever la tête. Cette dernière retomberait comme celle d'un nouveau né si le sculpteur cessait de la soutenir. Pour moins souffrir, Icare pouvait uniquement compter sur son ami, il n'était plus qu'un pantin entre ses doigts, quasiment inerte, ses ailes y compris retombaient comme si elles ne lui appartenaient plus.

-Pourquoi es-tu venu? Tu... Aurais pu mourir. Je... Mes ailes, c'est le pire... ça rentre par là

Murmura-t-il finalement. L'inquiétude avait d'abord commencé à percer dans sa voix, mais le chanteur s'était rapidement aperçu qu'il était trop faible pour s'y attarder. Le froid glacial qui pénétrait son plumage perméable pouvait l'achever car l'espèce de liquide noirâtre entrait avec l'eau à l'intérieur. De même la température de son corps ayant chuter empêchait sa régénération d'avancer; elle stagnait misérablement, lui permettant plus ou moins de survivre lorsqu'un être normal serait déjà mort, encombré par ce produit certes moins toxique que le pétrole mais quand même empoisonné qui coulait jusque dans ses poumons. Toussant et crachant un long filet sombre à la manière d'un oiseau englué par une marée noire, Josh faisait pitié à voir. Il souffrait horriblement, surtout que l'eau de mer du port pénétrait ses blessures, les avivant cent fois, comme si la douleur naturelle causée par sa peau déchirée ne suffisait pas.

-Achève-moi

Demanda-t-il d'une voix très faible; conscient que cette fois, il pouvait rejoindre Julia, régénération ou pas. Il suffisait de lui maintenir la tête sous l'eau une minute et ce serait terminé, ou bien de porter un coup violent à l'une de ses artères, ou encore de le laisser là, ainsi, trempant dans le liquide noir qui engluait son plumage ainsi que ses cheveux, coulant sur son visage et envahissant sa gorge. Il avait si mal qu'il ne pensait pas pouvoir être soigné. La douleur était telle que l'ange espérait mourir. Il avait l'impression de souffrir encore plus que lorsque le roi d'ombre lui avait donné un avant goût de la fin. Cette fois c'était la bonne, le mutant le sentait. L'unique moyen de le sauver était probablement de passer des heures dans un bain à la limite du brûlant avec lui, de nettoyer chaque centimètre de ses ailes pour leur rendre une relative imperméabilité et de laver ses plaies... Mais qui passerait ainsi plus de 24H à fournir autant d'efforts, sans relâche avec l'incertitude en plus qu'il survive. Avec un long soupir Jay parvint à ramener un bras contre lui pour tenter de se réchauffer, mais sa main tomba misérablement sur son pull imbibé d'eau qui ne faisait que le tremper un peu plus.

-Ce n'est... Pas grave pour le reste. J'avais... Com...pris. S'il te plaît, fais quelque chose. Achève moi. J'ai mal.

Lança-t-il comme promesse de pardon et supplique à la fois. Il ne lui était même pas venu à l'esprit qu'après tant de souffrance, il puisse guérir. Après tant de mésaventures, l'une d'elles devait bien lui être fatale n'est-ce pas? Icare se sentait totalement souillé par ce produit noir qui l'envahissait, ses ailes étaient très lourdes, même pour Kaleb probablement; ses cheveux n'étaient plus qu'une grappe sombre que seule de l'eau chaude, beaucoup de shampooing et de patience pourraient libérer. Quand à ses habits, ils étaient les pires objets de torture, frottant contre ses plaies, les imbibant toujours plus de sel et de liquide noir. Les yeux du chanteur se voilèrent soudain, perdant encore de leur éclat habituel pour devenir ternes puis ses paupières se fermèrent aux trois quarts, bientôt ce serait terminé, pourtant Kaleb pouvait voir qu'il était relativement calme; comme si mourir dans ses bras malgré la souffrance ne lui paraissait pas si terrible, et deuxièmement il pouvait remarquer que l'ange luttait pour garder les yeux ouverts dans un désir de le regarder jusqu'à la fin qu'il pensait cette fois, belle et bien inéluctable.

-Merci

Termina-t-il, semblant donner ses dernières forces pour le dire. Il remarqua effectivement qu'au fond, même s'il n'avait pas souhaité que Kaleb vienne pour qu'il conserve la vie sauve, il était également content que ce dernier est risqué de mourir pour lui. C'était un beau geste qui n'était pas l'oeuvre d'un policier pour qui il était normal de sauver autrui. Non c'était gratuit, et pour une fois, c'était pour lui que l'on accomplissait tout cela. La vie du chanteur finissait donc sur une belle note.

Le savon, les bulles, et deux mains qui glissent sur le noir plumage, ces deux corps, l'un face à l'autre, ces deux corps de chair, deux têtes, l'une brune, l'autre blonde. Assis dans une eau épaisse et opaque, les deux corps fument de chaleur. Il y avait quelque chose de calme, une atmosphère en suspend, mais deux sourires, de timides sourires de réconfort. A chaque passage, le noir pétrole s’amincissait, et peu à peu reparurent les blanches plumes d'Icare. Tel qu'il était à présent, sain et sauf et presque propre, personne n'aurait pu imaginer à quel point l'arrivée jusqu'à ce bain fut rude...

-Ce n'est... Pas grave pour le reste. J'avais... Com...pris. S'il te plaît, fais quelque chose. Achève moi. J'ai mal.

Ma main soutenait sa lourde tête, et mes yeux son suppliant regard. J'étais ivre de rage, de tristesse, de honte et de culpabilité. Mon cœur, à nouveau chair, se tordait par tant de traumatismes. Le destin voulu pourtant que je trouve la réponse tout au fond de ses yeux. J'y découvrais aussi la plus humaine des déchirure, celle qui surement me donna la force de l'élever sur mon dos. Probablement d'ailleurs celle qui me fit marcher presque deux kilomètres pour rejoindre son appartement. Jamais je ne fut plus rapide, car le pauvre agonisait dans mon dos, et semblait s'étouffer dans l'affreux liquide. Sa vie tenait à ma conviction, elle même nourrie de l'amour profond qui me poussait à le sauver, malgré le maigre fil qui le rattachait encore à la vie. Le trajet fut pourtant moins difficile que je ne l'avais vécu lorsqu'il fallut enfin le sauver de l'étouffement fatal.

-Icare... Je suis désolé de ce que je vais faire...

Ma main frôla un épais filet noir qui coulait sur son menton.

-Sa risque de faire mal, mais c'est indispensable...

La noire substance se solidifia soudain, et avant même qu'il ne put endommager quoi que ce soit, elle devint sable. Il m'aurait fallut une concentration hors norme pour parvenir à mes fins sans soucis. Icare vomit tout ce qu'il put évacuer, et lentement repris sa respiration. Le silence qui s'installa ensuite traduisit cruellement l'état dans lequel il était encore. Je défit sa chemise encrassée, enlevai tout ce qui glaçait son corps. Puis le portant à nouveau, je le déposai dans sa baignoire. Là l'eau brulante stoppa net ses tremblements mais sembla le porter dans une transe qui m'inquiéta quelque peu...

Je regardais par la porte le pétrole pétrifié qui était sorti de ses entrailles, et me rendit compte à quel point son estomac devait être douloureux. J’attrapais, calmement, un flacon moussant, et sans attendre, je frottais sa peau, ses ailes raidies par le mort et le froid. Je ne pus dire pourquoi, mais mes mains pétrifiantes n'avaient plus aucun effet sur lui. Je sentais pour la première fois sa tendre peau dans le creux des mains. Nos regards, durant plusieurs minutes qu'il serait inutile de compter, tant la notion de temps nous était devenue étrangère, ne se lâchèrent plus. Il y avait comme une connexion entre nos deux esprits, et le silence fut encore le plus beau langage pour expirer nos pensées.

La chaleur, la buée, nos deux corps qui se rejoignaient aux pieds, et notre attention pour l'autre toujours plus intenses, donnaient à la scène une douceur, comme une caresse.

Ma main essuya la dernière tache noire qui barrait l'une de ses joues, et la blancheur de son teint, la finesse de ses traits me parurent d'autant plus belles. Mon bras glissa tendrement sur ses épaules et sombra dans l'opaque baignoire d'où nous trempions.

-Je t'...Je te sens en meilleure forme... Tes blessures semblent s'être refermées... C'est plutôt bon signe non?

Je n'avais pas eu le courage de lui avouer... Et je ne l'aurais peut être jamais. Car il en faut de la tolérance pour aimer une statue aussi froide que moi... De plus il avait toutes les raisons de me haïr pour le tort que je lui avait porté ce soir. Tout était de ma faute, alors comment espérer que dans son cœur battent les mêmes sentiments qui me tenaient encore en vie?

Josh ne voulait pas de tout cela, ce serait tellement plus simple de juste l'achever. Pourtant son ami ne le fit pas, l'aidant au contraire à régurgiter l'horrible pétrole sous forme de sable, rien de dérangeant comme la substance normale qui sortait de l'estomac dans l'apparence mais au final bien pire que la bile; c'était si douloureux que le jeune homme eut l'impression que son estomac implosait, à vrai dire il eut certainement un ulcère ou un trou qui s'était formé sous la pression mais heureusement sa régénération veillait; aidée par Kaleb qui prenait soin de sa personne. Se laissant aller dans l'eau, Josh sentit ses muscles se détendre et son corps glisser contre celui de son compagnon; il n'était pas franchement en état de s'offusquer de leur nudité, profitant simplement de la chaleur de l'eau qui lui paraissait être un délice comparable à celui de séjourner dans l'Eden. D'ailleurs il se demanda s'il n'était pas au paradis désormais avant de changer d'avis. Avec toutes ses conneries comme avoir protégé un criminel par amour il irait sûrement en enfer.... Comme le roi d'ombre lui l'avait sinistrement prédit. Encore alourdi par la fièvre et cette inquiétude nouvelle indiquant pourtant qu'il retrouvait sa capacité à penser, le mutant le poussa un long soupir, relevant légèrement les paupières lorsque le sculpteur lui parla. Avec difficulté mais volonté Icare vida l'eau souillée par le pétrole, faisant aussitôt couler du liquide limpide; ce dernier floua leur deux corps qui n'attendaient que cela après quelques tremblements dans la salle de bains pourtant pleine de buée. Enfin en tout cas pour Jay qui n'était pas près de se réchauffer totalement après toute cette eau glaciale qui l'avait parcourut.

Néanmoins le jeune homme reprenait des forces, tout ceci l'étourdissait, après avoir tant souffert ne plus rien sentir de douloureux était étrange, presque anormal. Assis contre le torse de son ami, entre ses jambes, bien installé là et en sécurité il ne pensa plus à des choses morbides comme le roi d'ombre ou ce qu'il venait de vivre, se contentant d'un air absent de vérifier son plumage duquel il prenait pourtant très soin; sauf que Kaleb l'avait déjà nettoyé apparemment et Josh lui faisait confiance. Laissant tranquille ses plumes de nouveau blanches et neuves après que celle abîmées furent tombées puis jetés avant que de nouvelles ne repoussent dans l'instant visa sa régénération, le jeune homme se tourna vers son compagnon. Semblant s'apercevoir de leur nudité Jay porta une main à sa poitrine d'une manière assez efféminée d'autant plus que son physique androgyne avait regagné ses droits sur la plupart des modifications de Gretchen. Curieux le mutant décidant d'être oublieux des normes regarda ses plumes, non, elles repoussaient blanches elles, tout comme ses cheveux qui restaient blond très clairs même après que la moitié fut arraché par le pétrole. Désormais il avait de nouveau allure humaine; retrouvant l'angélique visage qui le caractérisait après que ses plaies fut soignées. De statut de monstre misérable il passait au garçon avec un joli minois.

-Je pense oui... Merci, espérons juste que ma vraie mort ne sera pas aussi douloureuse

Fit-il avec un léger trait d'humour noir mais pourvu d'un sourire tel qu'on ne pouvait que lui pardonner. Se laissant retomber dans la baignoire sans doute par fatigue et confiance, il se cala bien contre Kaleb, se redressant légèrement lorsqu'il s'aperçut de nouveau et véritablement cette fois qu'ils étaient carrément nus dans le bain. Bizarrement l'idée ne lui déplaisait pas, surtout que sa régénération l'aidait aussi à récupérer de la fatigue, tout du moins assez pour noter un certain plaisir à être ainsi dans cet endroit avec le sculpteur.

-Euh on est pas vraiment habillés on dirait...

Rougissant le mutant tenta de se redresser pour sortir mais il s'empêtra, ses grandes ailes n'étaient pas vraiment amies avec la baignoire, ni ses pieds maladroits et il glissa plutôt de nouveau dans les bras de son sauveur. Abandonnant la partie Icare haussa les épaules et s'attarda simplement sur la surface de l'eau qui clapotait au-dessus de son ventre; il creva la surface de sa peau lisse du doigts puis attrapa quelques senteurs et surtout de la mousse... Il adorait ça! étant petit ils n'en avaient pas souvent car la famille était très nombreuse et très pauvre mais du coup cela lui faisait encore plus penser à un jour de fête. Bientôt une épaisse mousse et une bonne odeur envahirent agréablement l'habitâcle alors que Jay jouait innocemment comme un enfant avant de s'intéresser de manière bien moins innocente à cette chair posée contre la sienne, il attrapa les mains de Kaleb, les devinant difficilement puis les ramena contre sa poitrine, passant sous ses grandes ailes blanches qui prenaient une nouvelle fois l'eau mais de manière agréable et sans risque de se noyer cette fois. Il se tortilla pour parvenir à embrasser son compagnon dans le cou, au début c'était innocent puis il remarqua qu'il commençait à se laisser aller contre le torse du sculpteur... Le tout sans rien dire, ça se passait de commentaires en réalité. Lui même ne savait pas pourquoi lui ni pourquoi maintenant alors que même Vortex n'y avait pas eu le droit mais c'était ainsi et c'est tout.

[HJ: non ton rp est bien... ^^ le mien par contre :/ mais désolée, je n'ai pas dormi du tout la nuit précédente, je tombe de fatigue^^]

De la douceur, de tendres caresses, d'imperceptibles délicatesses. Tels que nous étions là, trempés jusqu'au bassin dans la plus réconfortante des chaleurs, nous étions bien. Calmes, c'est le mot. Les maux, les traumatismes, les blessures et les déchirures avaient tu leurs plaintes. Sanglots qui une heure plutôt hésitaient entre la la mort et le reste. Pourtant à présent il flottait dans la vapeur quelques quiétudes bien méritées. Je savourais, le plus discrètement possible la tendre chair de l'ange, j'en goutais toutes les aspérités, tout leur paysage vallonné. Ma main, tremblante d'excitation se posa sur son ventre. Un instant plus tard je me sentais comme si le bonheur avait enivré mes os. Il n'y avait plus aucun doute, je représentais encore quelques traces d'émotions humaines. Malgré ce sentier qui peu à peu devait me conduire au monstrueux, je ne pouvais que m'attendrir des vestiges que me proposait Icare. J'étais bien, et je pense qu'il en était de même pour celui qui reposait sur mes entrailles.

Maladroitement Icare se retourna, nos deux visages, d'une blancheur immaculée se tenaient à trois doigts l'un de l'autre. Cette proximité nous tira deux larges sourires, un peu timides, juste ce qu'il faut pour que chacun comprenne ce qu'il se passait là. Mais surtout vers où nous allions...

Il posa ses deux lèvres sur mon cou, me voilà ivre.

J'ajustais mes doigts le long de son échine, et de mon autre main je saisissais fougueusement son menton qui se souleva à hauteur de mes lèvres. La seconde d'hésitation se conclut par un baiser dont la durée se perdit dans cette temporalité en veille dans laquelle nous évoluions. Des secondes, des minutes des heures ou des jours? Je n'aurais rien pu avancer, cela m'avait semblé une éternité à la fois que j'y trouvais quelques déplaisir tant cela avait été court. Tout comme je me trouvais perdu et à ma place simultanément. Bref et long, déstabilisant mais rassurant, il y avait de cela dans ce baiser, et tellement d'autres choses. A dire vrai, il n'y a pas vraiment de langages capables d'exprimer le frisson que ça vous fait à l'intérieur. Un baiser comme ça, ça se vit sans s'écrire.

-Icare...

Son prénom attira son regard dans le mien, qu'il était beau...

-Je voudrais passer le peu d'humanité qui me reste à vivre avec toi... Je me sens si vivant lorsque tu... Lorsque tu...

Je ne pouvais pas finir cette phrase, je voyais bien que les mots dans ma bouche ne sortaient plus aussi clairement que je l'eus souhaité. Alors le silence s'installa à nouveau. C'était plus simple ainsi, plus vrai aussi...

Le temps s'était arrêté ou bien accéléré, Icare ne le savait pas vraiment, il supposait juste que sa course n'était plus tout à fait normale, les plongeant dans un monde étrange agréable et légèrement inquiétant. Josh était conscient d'avoir été l'initiateur de cette parenthèse dans sa vie, englobant celle de Kaleb par la même occasion. Laissant l'homme de pierre l'embrasser, le jeune homme frissonna, répondant timidement puis plus fougueusement. L'espace d'un instant le mutant ailé se souvint de Vortex qu'il avait tant aimé, était-il capable de réitérer l'expérience après avoir failli mourir de chagrin quand ce dernier l'avait abandonné pour se créer un nouvelle vie, heureuse et sans soucis, sans lui surtout... Et puis après avoir failli être tué par une menthe religieuse au masculin? Les paroles du violoniste raisonnaient dans son esprit, le traitant encore une fois d'animal de luxure, d'être anormal et sale. Cependant cette façon de pensées impliquait aussi que Kaleb soit un homme horrible, une créature qui n'aurait jamais du voir le jour et le jeune homme se refusait à penser ça du sculpteur, ainsi c'était le vampire musicien qui avait vraiment . En accord avec lui même, avec son corps et son âme Icare acheva ses inquiétudes d'un coup de poignard et se laissa couler contre le torse de son compagnon, heureux blessé qui avait enfin réussi à déchirer sa peau pour trouver la peur et lui tordre le cou. Tendre assassin qu'il était, qui pourrait le condamner pour cette libération? Existait-il ces beaux crimes? Le jeune homme se sentait rempli de félicité après avoir ainsi tué ses mauvais questionnements et ses souvenirs les plus lourds. Qui pourrait imaginer que cet ange tranquillement installé dans un bain, le visage reposé était l'oiseau englué, gelé, qui appelait la mort en dernier recours il y avait si peu de temps encore?

Son protégé était devenu son sauveteur cette fois ci, l'homme de pierre qu'Icare avait aidé par deux fois lui avait rendu la pareille, comme s'ils s'étaient donnés rendez-vous au port, non pas pour une promenade romantique mais pour un nouveau combat contre la mort. Quel étrange couple ils formaient ainsi, toujours à se battre pour l'un ou pour l'autre. Liés indéniablement! Et ces batailles n'étaient pas finies, loin de là, au vue de ce que Kaleb lui dit. Josh sortant de sa transe tranquille se redressa vivement, manquant de glisser puis de se faire un torticolis en se tournant vers le sculpteur. L'air sérieux, sévère voir quasiment fâché, le mutant fixa intensément l'homme.

-Tu n'as pas le droit de dire ça... Comme une sentence, comme une évidence! Tu dois te battre, tu le sais bien. Alors arrête de penser ainsi. Mieux que quiconque tu sais que tout ce que l'on croyait définitif peut changer. Tu as bien ressuscité alors... Je t'interdis de me faire aussi mal avec d'autres phrases du genre, de te faire autant de mal à toi aussi. Tu es humain avant d'être une pierre et ça restera comme ça. Je me suis battu pour la libération d'un homme qui m'a abandonné... Mais je suis prêt à recommencer la tentative avec toi, si tu me jures de ne pas m'abandonner à ton tour. On trouvera le moyen.

Josh se redressa dans la baignoire, l'eau coulait comme une fontaine le long de son corps et de ses ailes, libérant ses plumes gorgées du liquide translucide et le laissant apparaître dans sa plus totale nudité au fur et à mesure que la mousse glissait. Cependant Icare ne semblait pas vraiment s'en préoccuper cette fois. Il resta ainsi, debout, du haut de ses 1m75 à tout casser et de son allure de jeune demoiselle. Seules ses ailes complètement déployées, trempant toute la salle lui donnaient un aspect tangible tant il paraissait fragile autrement. Ses traits si fins semblaient être sur le point de se défaire, de se dénouer pour repartir là-haut comme la buée qui s'envolaient, floutant ses courbes, lui donnant une apparence presque impalpable. Son regard bleu intense toutefois soutenait la force qu'imposaient ses ailes, fixant son ami dans un espace temps totalement stoppé cette fois. Aucun doute sur la nature de la maladie du temps. Il avait cessé de battre, en plein arrêt du coeur.

Le temps reprit toutefois sa respiration lorsque Icare comme épuisé se laissa retomber dans le bain, face à Kaleb cette fois, plus ou moins assis entre ses jambes légèrement en vrac, ses genoux étaient repliés sur le côté, ses ailes ployés contre les parois trop étroites de la baignoire; seul le haut de son corps paraissait libre de tout mouvement, assez léger et fin pour se mouvoir comme il le souhaitait. Prisonnier de cette eau chaude contenu dans un si "petit" récipient pour lui, l'ange habitué aux grands espaces, Icare se laissa choir contre l'épaule de son ami, sa tête posée contre le cou chaud de l'homme.

-Alors quoique je fasse pour ça... Je continuerai afin que tu restes vivant. Tes mains ne se pétrifient pas en me touchant... C'est sûrement bon signe! ça t'es déjà arrivé avec d'autres personnes?

Murmura-t-il toujours enchevêtré avec Kaleb, ses cheveux blonds clair se confondant avec la chevelure brune de son ami. Puis se redressant, il rendit à l'homme sa liberté avant de l'en priver de nouveau en l'embrassant doucement, de manière plus timide que le sculpteur auparavant.

-C'est une scène clichée dont on rirait dans un film mais tant pis, j'en ai marre d'être original. Pour continuer dans le thème de l'histoire dont on connait d'instinct la suite... Je dois te dire que je n'ai jamais... Enfin ce sera ma première fois.

Rougissant délicatement Josh paraissait bien plus fragile que lorsqu'il était levé face à son compagnon dans une attitude sévère. Cette fois, en plus de sa silhouette, même son regard paraissait fragile, pareillement pour ses ailes symbole de sa puissance cachée qui étaient quelques peu misérablement pliées contre les rebords de la baignoire.

Les mots d'Icare étaient un remède, ils étaient doux, et apaisaient les maux. Pourtant, s'il y avait bien une chose qui était incurable, c'était cette déshumanisation qui m'attendait tout au fond du couloir... Mais les mots ronds, tendres de l'ange m'éloignèrent de tous ces tracas. J'étais amoureux, bêtement amoureux, follement amoureux. C'était comme si les secondes qui passaient m'enivraient un peu plus de son être. J'étais saoul de ses lèvres, de ses joues, de sa peau, ses mains, son odeur. Ma main droite approcha son visage de mes mots:

-Je suis heureux avec toi, et il faudrait que je sois fou pour t'abandonner... Sans toi... Sans toi il n'y a rien de plus insensé que ma propre vie.

Je déposai sur ses joues deux baisers, ma main descendit le long de son échine, passant sous l'une de ses ailes, sa chute fut interceptée, stoppée par la nudité exquise de ses bas reins.

Nous étions deux êtres "monstrueux" par notre invraisemblance avec la sphère humaine, mais cela ne nous empêchait pas de ressentir l'un pour l'autre un désir que j'espérai partagé. Icare posa contre ma gorge ses joues molles, une vague d'excitation traversa mon corps. Si bien qu'il me parut impossible de contenir plus longtemps l'envie de j'avais de m'unir à lui ce soir même.

-Jamais, ça ne m'étais encore jamais arrivé... Je ne comprends pas trop... C'est peut être une anomalie, ou alors ta régénération qui c'est mise à bloquer mon pouvoir...? Aucune idée d'où ça pourrait venir...

Avant que je n'eut pu aborder la question de l'ébat qui devait suivre ce bain, Icare posa poliment ses lèvres sur les miennes, et m'avoua que ça allait être sa première fois. Ce qui me tira un fin sourire, car, je ne me souvenais plus vraiment à quand remontait ma dernière aventure avec un homme... A Paris, quand j'étais encore le célèbre "Morgan" qui pouvait se taper tout ce qu'il voulait. Mais tout ceci était bien trop loin de moi, je n'étais plus cet individu apprécié, admiré, non, Morgan était mort, il s'était fait abattre. A présent, j'étais Kaleb, Tombstone, ou Gargouille, qu'importe, je venais d'évoluer.

-Tu penses qu'un retour à la vie remet les compteurs à zéro? Car si c'est le cas, alors nous sommes tous les deux vierges.

Il y eut un sourire dans ses yeux apeurés. Il paraissait si fragile, que chacun de mes mots devaient être du beurre pour ne pas l'effrayer. Son histoire était loin d'être simple, il semblait tellement touché par son passé. De mon côté pourtant, cette suite interminables de malheurs, mes années comme S.D.F. , mes années de mensonges, les attentas contre ma personne, celle de Icare, et mon propre meurtre, n'avaient eut pour conséquence que de m'éloigner de la sphère des émotions. Simple réflexe de défense surement. Mais à présent, coulait le désir d'une Vendetta sans pareil, une soif de vengeance, quelque chose de grand, d'héroïque, d'illégal aussi...

Sans que je ne m'en rendis compte, nous nous trouvions à présent sous les draps brulants, et la chaleur de son souffle me tira de mes pensées. Le reste il serait bien trop réducteur de le décrire ici. L'incroyable lien qui nous menottait l'un à l'autre s'était avéré être aussi vrai qu'intense lorsque nos deux corps s'unissaient pour de bon. La nuit fut longue, très longue, je ne voulais pas risquer de perdre de mémoire chacun de ses souffles, chacun de ses battement de cœur, de corps...

-Je préfère une explication plus poétique comme une immunisation spéciale de la personne aimée. Enfin elle est plus égocentrique aussi l'explication...

Jay rougit délicatement, souriant avec amusement avant de se laisser porter par le moment présent, le savourant sans plus penser à la déshumanisation prochaine de Kaleb. C'est bien simple, comment y croire en sentant ses caresses, en écoutant ses jolis mots? Certes Vortex lui avait aussi chanté que sans lui sa vie ne valait rien mais Josh voulait croire qu'il pouvait y avoir une personne sincère et scrupuleuses. Par hasard le jeune homme était tombé dans le même schéma qu'avec son ex, un copain tendre mais dur à la fois, en dehors de leurs rencontres amoureuses il savait parfaitement que le sculpteur avait une vie plutôt sombre. Ce dernier était sans doute du genre à avoir plein de règlements de comptes à son actif, peut-être magouillait-il un peu, pourquoi avoir tous ces ennemis sinon? Quoique lui même avait réussi à se faire une tonne d'adversaires en étant pourtant très honnête. Oui sauf que la différence entre lui et son amant, c'était son apparence de victime parfaite. Avec ses cheveux clairs et long, son regard bleu rêvé, ses petites manières éthérées et sa carrure de demoiselle à peine nourrie, comment ne pas attirer ceux qui aiment faire du mal? Combinez cela à une étoile capricieuse, assez mauvaise pour le mettre dans des situations incroyables, invraisemblables, dangereuses mais assez bonne ensuite pour l'en sortir via des moyens tous aussi incroyables invraisemblables et dangereux. Peut-être que certaines étoiles avaient assez d'âme pour se repentir de leurs facéties parfois, ou bien était-ce vraiment comme on le disait? Les gens raturaient eux même comme des grands, une bonne partie du livre de leur vie?

Peut-être que Josh gâchait encore une fois ses chances d'être heureux, d'être sans soucis en "s'acoquinant" avec un homme à problèmes qui lui promettait des souffrances involontaires mais non moins douloureuses, d'une part à cause de ses mauvaises fréquentations lui faisant risquer la mort du jour au lendemain, et de l'autre la perte d'humanité du mutant de pierre. Seulement Icare préférait oublier tout ça pour le moment, se concentrant sur leur "première fois à tous les deux" comme le disait si bien son camarade.

Jay se glissa sous les draps et accueillit Kaleb aux creux de ses bras, il avait déjà été nu, serré contre Vortex mais ils n'avaient jamais dépassés le stade des baisers ou des caresses chastes, une chose que le chanteur ne regrettait pas car il aurait été encore plus en colère contre sa propre personne et son ex. Au moins ce dernier ne lui avait pas pris son "innocence" et la laissait à un autre visiblement plus honnête. En effet si le sculpteur semblait avoir toujours des ennuis, il avait l'air de les supporter contre son gré, pas de les créer en tant que tueur à gages ou autre bêtises.

Bref, la nuit s'annonçait très belle pour les deux amoureux qui, après avoir frôlé la mort, frôlaient du bout des doigts les portes du paradis bien qu'ils soient vivants, voir plus que vivants vu comme ils s'épanouissaient entre les couvertures chaudes et marquées de leur désir.

***

Le lendemain matin, Josh peina à se rappeler vraiment d'où il était, de même qu'il s'effraya quelques secondes de cette forme couchée contre lui qui l'emprisonnait tant bien que mal dans ses bras malgré la présence de ses grandes ailes blanches aussi douces qu'encombrantes. Doucement le mutant se leva, prenant soin de ne pas réveiller Kaleb pour qui il eut un léger sourire. Se dirigeant ensuite vers la douche dont il jugea attentivement le jet, le jeune homme rejeta l'idée, préférant le bain, pourtant le pommeau était assez puissant... C'était juste que le bain lui remémorait hier dont il peinait tant à se rappeler, mis à part le moment où ils avaient fait l'amour bien sûr. Après avoir repassé les scènes brutales où il vomissait des gravas noirâtres et précédemment encore son engluement, l'ange se dit qu'il valait mieux oublier certaines choses et se laissa donc couler tranquillement sous l'eau chaude sans d'autres prétentions que rêvasser tout en détendant ses muscles.

Il fila ensuite dans la salle de bains préparer le petit déjeuner et sans trop savoir pour quelle raison préféra partir, laissant un mot sur la table. Un gentil mot qui promettait qu'ils se reverraient, mais avant ça Jay avait besoin de réfléchir car malgré ses tentatives d'oublis il n'y parvenait pas, de plus Josh ne voulait pas déranger Kaleb et tenait à garder une certaine indépendance, après tout ils n'étaient pas mariés! Cette fois Icare ne ferait pas l'erreur de vivre uniquement pour son nouveau petit ami-car c'est bien ce qu'ils étaient après cette nuit et ces déclarations que lui avaient faites le sculpteur non?- Il devait s''accrocher au reste. Désormais la déshumanisation de Kaleb lui était revenue en tête, ça plus les risques qu'encourraient chaque jour son amant et qui pouvaient de vraiment le tuer. Josh ne supporterait pas que son monde s'écroule encore une fois, et sa famille en pâtirait. Du coup il devait élargir son champ de vision et ne pas tout plaquer pour tout donner à Kaleb. C'était un peu égoiste en apparence mais en réalité non, au contraire... Icare agissait aussi de la sorte pour que son ami garde sa liberté et ne se sente pas sans arrêt redevable vis à vis de sa personne. Bien sûr, être totalement indifférent au sculpteur serait impossible, mais il pouvait au moins tempérer leur relation pour qu'elle soit plus stable, moins... inflammable. Cela ne l'empêcherait pas de s'investir à fond, car il comptait bien participer aux "rencontres" de Kaleb, inutile d'essayer de le faire rester dans son appartement comme la femme qui attend le retour de son mari. Pas cette fois non.

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