Un combat à l'issue étonnante [PV Alice]

Dans un mouvement ample des épaules, il fit glisser la veste de ses épaules.

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BAM ! fit une porte quelque part dans l'immeuble. Ou peut-être était-ce le tumulte d'une énième bagarre. Tranquille, un jeune homme aux habits élimés descendait les escaliers au bois grinçant, sans prêter la moindre attention aux graffitis des murs ou même aux cris de sirènes de polices.
Depuis, quelques temps, cette mélopée de vie miséreuses était son quotidien. Ce chant hurlant de la pauvreté, du rejet social de tout porteur du génome mutant faisait partie de sa vie. Il vivait dans une chambre aussi miteuse que son par-dessus, éclairée par une malheureuse bougie et dépourvue d'eau courante. Pourtant, il se sentait plutôt bien dans cette environnement austère et il avait le sentiment que la vie qu'il avait mené dans la rue n'y était pour rien. Non, il était bien ici. Il était un jeune mutant dans un univers de mutants. Un jeune assassin dans un quartier où même les mômes de treize ans ont déjà commis des crimes. En Mutant Town, il était presque un être respectable, enfin du point de vue dit normal que l'on a de la respectabilité. Il avait du montrer clairement qu'il était puissant et n'hésiterait pas à se servir de ses pouvoirs pour se défendre si le besoin s'en faisait ressentir. C'était ainsi qu'il avait démoli un petit gang sévissant dans le ghetto mutant. Un golem de craie, un hybride têtard, deux psychotiques et trois êtres difformes : de la petite bière pour Eole, l'ancien combattant du Walhala.

Comme un souffle de vent, Anton sortait de l'hôtel/abri et filait dans la rue, du pas décontracté de celui qui sait qu'il n'est pas en danger malgré l'obscurité environnante. Rapidement, il sortit de Mutant Town pour arriver dans une partie un peu plus fréquentable de la ville. Il passait sous les feux de la scène de rue improvisée par les lampadaires, inattentif aux regards courroucés ou dégoûtés que les passants jetaient sur son accoutrement. Bientôt, il s'enfonça dans la brume des ruelles sombres et entra dans un bâtiment qui se révéla être un bar. Aussitôt entré -il était passé par l'arrière du bar qui donnait sur des toilettes-, il fut accosté par un homme vêtu de l'uniforme des serveurs à l'air indolent. Sans un mot, le laquais le conduisit dans une pièce privée de l'établissement. Là, Anton y trouva le patron du bar et son « parrain » confortablement installés sur un divan et dans un coin de la pièce un homme au regard noir et un second, plus petit qui lui susurrait quelques conseils incompréhensibles et parpalégeant. Dans la plus grande indifférence, il passa devant eux pour se camper devant les deux autres si confortablement installés.
Rapidement, il prit les consignes du boss puis il s'isola dans le couloir avec l'autre, lequel dit, gêné :
-Écoute ça serait bien que tu fasses gaffe cette fois...
-Parce que tu crois vraiment que je joue avec mes adversaires ?
-Tu sais très bien ce que je veux dire, se récria Nicolas sur un ton nerveux.
-Détends-toi. Pas besoin d'être savant pour savoir ce qu'il a derrière la tête, cet affreux.
-Alors tu n'as pas peur ? Tu n'es même pas angoissé ?
-Et à quoi ça servirait de stresser comme un malade quand je n'ai jamais perdu de combat sur le ring ? En plus, l'endroit est plutôt chic, les gens seraient choqués si le combat tournait trop mal...
-Tu fais fausse route. Si tu perds, on te jettera en pâtures à ce monstre après le combat ou alors il saura te retrouver, s'énerva l'organisateur.
-Bon, dans ce cas je vais faire en sorte de gagner et de le rendre plus ou moins impotent. Tu as intérêt à ce que la paye vaille la peine, sinon je te plante. Je t'ai déjà dit ce que je pense des entourloupes... rétorqua-t-il, appuyant ses propos d'un délicat tentacule d'air comprimé qui effleura le visage de l'ordure.

Un dernier regard glacial et le jeune homme se détournait du visage couvert de sueurs froides, il était prêt pour le combat.

Quelques minutes de patience et il fut invité à se diriger vers la scène du combat. Il s'agissait d'un espace aménagé dans un coin du bar. Une barrière grillagée avait été installée pour séparer les combattants des clients. Mais, un simple espace aurait amplement suffit. Dans un frisson, le mutant compris que c'était pour l'empêcher de fuir le combat.

*Non ! Commence pas à t'en faire. Nicolas a exagéré. OK, il avait appelé trois adversaires dont un doté de pouvoirs une bagatelle, mais quand même... Un homme aussi fort que ça ne se battrait pas dans un pauvre bar mais sur la scène internationale. T'en a vu d'autres !*

Faisant ce qu'on attendait de lui, il entra dans la cage improvisée avec l'horrible pressentiment qu'il ne ressortirait pas de sitôt. Son adversaire était déjà présent, une lueur folle dans les yeux. Jamais l'aérokinésiste n'avait vu un tel désir de voir l'autre souffrir dans le regard d'une personne. Les clients du bar ne parlaient plus, tout était devenu silencieux.

**

Dans un mouvement ample des épaules, il fit glisser la veste de ses épaules. Puis il la jeta dans un coin du ring. Habituellement, il combattait habillé normalement, mais là, il voulait être sûr de n'offrir aucune prise supplémentaire à son adversaire, même si cela lui permettait de voir sa maigreur, encore flagrante bien qu'il se nourrit raisonnablement chaque jour. Il mettrait du temps à retrouver une corpulence normale. Comme s'il n'attendait que ça, le monstre -un être humain ne pouvait dégager une telle malfaisance-, pourvu d'un sourire cruel, allongea ses avants-bras qui se garnirent de pointes aussi affreuses qu'effilées. Pire encore, à partir de ses mains, ses avants-bras se dédoublèrent. Dans l'assistance, Anton n'avait perçu aucun signe de surprise. Risquant un coup d’œil derrière lui, il découvrit qu'aucun client ne semblait voir les bras de son adversaire...

Ses pires craintes, qu'il n'avait prises que pour de vulgaires et puériles angoisses, prenaient une dimension à la réalité inquiétante. Maintenant, il le savait, le but du monstre qui lui faisait face n'était pas de le vaincre mais de le déchiqueter et personne ne pourrait s'y opposer.

Aujourd’hui était un jour comme les autres. S’en était presque lassant. Depuis son arrivée ici, Alice avait rencontré pas mal de gens mais elle ne les avait jamais revu pour la plupart. Il n’y avait qu’un ou deux d’entre eux qui avaient retenu assez son attention pour qu’elle cherche à les revoir. Ou bien parfois elle ne pouvait pas faire autrement… Lorsqu’il s’agissait d’un professeur ou d’un camarade elle était bien obligée de le voir. Encore pire qu’en s’était la personne avec qui on partage notre chambre… Tout ça pour dire que ce soir Alice avait été invité par sa camarade pour aller « s’amuser » dans un bar où il devait y avoir de l’ambiance. Son « amie » avait insisté grandement lui jurant que ça aller être super. Sans grande conviction, elle avait accepté.

Nous étions vendredi soir. Après une journée de cours totalement banale Alice avait rejoint sa camarade et son groupe d’amis au portail de l’institut. Tout le monde était fin prêt pour se détendre après une dure semaine d’examen. Ils se rendirent dans un quartier peu fréquentable mais cela n’inquiétait pas vraiment Alice. Depuis sa rencontre avec un inconnu, elle se baladait toujours avec le desert eagle qu’il lui avait offert.On n’était jamais assez prudent et elle l’avait appris à ces dépens en se prenant une balle ce même jour lorsqu’elle avait essayé de lui sauver la vie. Heureusement, elle avait guéri grâce aux soins qu’il lui avait apportés. Notamment en retirant la balle… Et puis, rien ne présager qu’elle ait besoin d’utiliser son arme aujourd’hui ou même un autre jour. Ce n’était qu’en prévention d’actes de violence assez quotidien à New York qu’il lui avait offert cette arme.

Une fois entrée dans le bar avec ses acolytes, Alice se demandait ce qu’elle faisait là. Visiblement l’amusement dont ils parlaient été un combat mais cela ne l’amusait pas du tout. Elle aurait préféré ne pas assister à ça mais elle ne connaissait pas le chemin pour rentrer à pied à l’institut étant donné qu’ils étaient venus en voitures. Aujourd’hui, elle ne s’était pas habillée de ses robes très coloré comme à son habitude. Elle s’était dit qu’une simple robe blanche en dentelle ferait l’affaire. Ce n’était pas vraiment la tenue approprié pour un tel endroit… et elle le comprit en voyons le regard des autres clients posés sur elle mais bon tant pis.

Bref, pour être clair, ce n’était pas la joie. Pour ne pas se faire encore plus remarquer, le petit groupe s’installait au fond de la salle dans un coin sombre. Ils commandèrent tous de l’alcool, sauf celui qui avait été désigné pour les ramener à l’institut, alors qu’Alice préférait se contenter de jus de fruit. La fête n’était pas au rendez-vous pour l’instant. Quelque temps plus tard, elle comprit que quelque chose se passait quand dans la salle tout le monde se tue. Les combattants prenaient place sur le ring. La jeune mutante ne regardait même pas, préférant s’amuser avec sa paille. Alison, son « amie », la sortait de ses pensées en lui adressant la parole :

« Eh regarde ! Le plus jeune est trop fort ! Je l’ai déjà vu se battre et il vaut vraiment le coup d’œil. »

Alice relevait alors les yeux pour le regarder. Qu’est-ce qu’il était grand ! Dommage qu’il soit si maigre… Par contre, l’adversaire était trois fois plus costaud que lui. Il avait beau être aussi fort qu’Alison pouvait le dire, elle voyait bien qu’il n’allait pas pouvoir le battre à moins que ce ne soit un mutant. Elle souriait tristement en imaginant ce qui allait lui arriver. Puis, lui vient une idée : pourquoi elle n’essayait pas d’intervenir ?

« Je reviens tout de suite, je vais aux toilettes » Avait-elle lancé en direction de ses compagnons alors qu’ils étaient concentrés sur le combat à venir.

Elle se faisait un chemin entre ces tables pour faire mine d’aller en direction des toilettes pour ensuite revenir sur ces pas et s’approcher doucement de la cage. La demoiselle venait de voir les bras assez étranges de l’adversaire. Des piques effrayant ornés ses derniers alors qu’ils avaient une longueur impressionnante. Alice posait une main sur la grille lorsque qu’un homme l’arrêtait en l’attrapant par le bras.

« Qu’est-ce que tu fais là ! Retourne t’asseoir petite c’est dangereux. »

Elle lui jetait un regard noir avant de prendre elle-même la parole.

« Enlevez votre main tout de suite sinon vous allez le regretter. »

Elle faisait allusion à son flingue évidemment mais ça, il ne le savait pas. Alors, pour qu’il la laisse tranquille, elle soulevait le rabat de son sac pour lui montrer l’arme en question. Il ouvrait de grands yeux puis il la lâchait, s’éloignant en silence. Alice gardait les yeux rivés sur le plus jeune des combattants.

« Hey fait attention à toi s’il te plait ! Ca serait dommage de mourir aussi jeune non ? Au pire tu peux toujours sortir de cette cage… »

Risquant un coup d’œil derrière lui, Éole découvrit qu'aucun client ne semblait voir les bras de son adversaire...

En revanche, il avait perçus les regards de certains. Des regards qui demandaient du sang. Des regards qui attendaient du sang de sa part. Devait-il en conclure qu'il n'était pas aussi inconnu qu'il le croyait dans le milieu des combats de rue ? Mais ça n'avait pas d'importance. En ce soir de Décembre, il allait mourir décortiqué par un fou. Quel destin funeste... Lui qui avait si rarement connu la peur de l'autre dans un combat était pétrifié par le mutant qui lui faisait face. On eût dit qu'une main écrasait, broyait son cœur. Le sang tambourinait à ses tempes, comme pour compter ses derniers instants, comme pour rattraper tout ces battements que le muscle ne connaîtrait finalement jamais. Il se rendait compte qu'en fin de compte, sa peur du lendemain et des semaines et mois à venir avait fini par éclipser la moindre idée d'avenir sur le long terme, comme s'il était destiné à mourir bientôt. Pourtant, c'était là où il sentait que sa fin était proche qu'il pensait le plus à un avenir sur le long terme et il se rendait compte qu'il n'en avait pas. Anton avait beau chercher, il n'en voyait pas. Père de famille ? Absurde, après tout ce qu'il avait fait, il ne se voyait pas se couler dans une vie normale. Gangster ? Il ne serait jamais qu'un pion, il l'avait compris. Héros ? Il n'en avait pas l'étoffe et avait quitté ce chemin depuis bien longtemps. Non, le chemin qu'il s'était tracé n'avait pas d'issue. C'était une impasse. Il était né déchet de la société et mourrait pire encore. Il n'avait plus de place dans ce monde. Il n'était pas fait pour survivre. Il comprenait enfin que depuis le début, il n'avait fait que se conduire à sa propre perte. Il allait mourir ce soir et ça serait de sa faute. En revanche, s'il était sûr d'une chose, c'était qu'il ferait tout pour emporter le monstre qui lui faisait face avec lui. Il ferait au moins ça et pour cela il se servirait de toute sa puissance s'il le fallait. De toute façon, découvrir qu'il était un mutant ne choquerait pas ici, il le comprenait maintenant. Ce n'était pas deux hommes décidés à mettre à terre l'autre que ces gens étaient venus voir mais deux bêtes prêtes à s’entre-déchirer. Ils ne voulaient pas d'un gagnant en particulier, ils voulaient un combat sanglant et rien d'autre.

Le chien en était là de ses réflexions quand il entendit des éclats de voix tout prêt, ou plutôt s'agissait-il de celle de Nicolas et d'une jeune fille qui devait avoir le même âge que lui. Elle voulait s'approcher et lui tentait de l'éloigner de la cage improvisée. Têtue, elle montra quelque chose qui se trouvait dans son sac et l'impressionna suffisamment pour la laisser s'approcher encore. Aucun doute, soit elle était armée, soit elle était quelqu'un d'important dans le monde du crime ou du moins plus important que lui. Pourtant, malgré son air décidé, quelque chose soufflait au jeune mutant qu'elle n'était rien de tout cela. Elle n'avait jamais tué, il en était sûr et certain. Mais pourquoi faisait-elle cela ? Était-ce une simple curiosité morbide ? Il aurait trouvé cela particulièrement stupide. Si la mort ne revêtait plus le masque occulte que la culture américaine avait peint, elle n'était pourtant pas attrayante aux yeux du jeune homme. S'imaginait-elle que ce serait un duel en tout bien tout honneur ? Non, même le plus naïf des enfants prendrait peur en voyant le regard de son assaillant. Mais ce ne fut pas ce qui troubla le plus Éole. Ce fut le regard qu'elle portait sur lui. C'était un regard qu'elle n'avait pas connu depuis très longtemps, si bien qu'il crut d'abord qu'elle voulait le tromper, que ce n'était pas vrai. En effet, elle semblait vouloir l'aider, mieux elle avait l'air de s'inquiéter. D'ordinaire, les regards que lui jetaient les gens étaient chargés de mépris et de dégoût. La surprise l'en faisait presque oublier la présence de son adversaire. Mais il n'était pas au bout de ses surprises. En effet, elle s'adressa à lui en ces thermes :
-Hey fait attention à toi s’il te plaît ! Ça serait dommage de mourir aussi jeune non ? Au pire tu peux toujours sortir de cette cage…

Pendant un instant -très court-, il l'observa avec des yeux ronds, abasourdi. Comment pouvait-elle croire que ça serait si simple que ça ? Et puis pourquoi se préoccupait-elle ainsi de son sort ? Ne se doutait-elle pas que s'il fuyait, on le retrouverait un jour ou l'autre ? Anton était touché par cette attention, mais en un sens sa fierté en prenait un coup. Mais peut-être n'était-ce pas cela qui le vexait au fond. Peut-être était-ce ces yeux au bleu si pur qui le troublaient plus qu'il ne voulait bien le croire. Lui qui avait fini par se croire incapable de se voir séduit par un visage et en était plutôt heureux...

C'est ainsi que, bafoué, il se reprit. L'intervention de la jeune -et très jolie- fille lui avait permis d’annihiler ses craintes afin de se concentrer. En partie pour montrer à la jeune inconnue qu'il n'était pas décidé à abandonner, il se mit en position de combat, prêt à réagir à la moindre attaque. Jaugeant du regard son adversaire, il essaya de comprendre la nature des pouvoirs de ce dernier. Les piques étaient toujours sortis, sinistres excroissances qui semblaient invisibles aux yeux des clients. Donc en étant un peu logique, il devait s'agir d'une illusion. Cet homme devait donc être un mutant capable de provoquer des hallucinations chez son adversaire et il mettait en place toute une mise en scène pour l'effrayer. Pour se faire, il alliait son jeu d'acteur à ses pouvoirs. C'était ingénieux, mais ça ne lui permettrais pas de vaincre Éole qui reprenait confiance en lui. Il restait néanmoins méfiant. S'il était capable de provoquer chez lui des hallucinations il pouvait peut-être le manipuler de manière ou d'une autre. Préférant ne prendre aucun risque, il envoya une de ses balles d'air comprimé vers son visage. En principe il ne l'aurait pas fait sur le ring, mais là, il ne voulait pas prendre de risque. C'est alors que sa théorie de l'illusionniste s'évapora, fausse. A une vitesse surhumaine, dans des gestes saccadés, le mutant avait esquivé alors même que l'attaque était parfaitement imperceptible. Derrière l'étrange mutant, le mur se renfonça sous l'effet de l'attaque d'Anton. Décontenancé, Eole n'avait eu que le temps de voir le mur lorsqu'il comprit que son adversaire était sur lui et lui décocha un coup de poing au plexus solaire qui le projeta contre le grillage. En se relevant, il croisa brièvement le regard de la jeune fille. Encore hébété, il hocha la tête. Elle avait eu raison. Lorsqu'il fut retourné, il découvrit que les jambes de ses adversaires s'étaient bardées de ces ignobles pointes elles aussi... Le mutant allait se livrer à une exécution, une exécution lente et douloureuse. Tel le chat avec la souris, il allait jouer avec lui jusqu'à se lasser puis le tuer. Sortir, il fallait qu'il sorte et pour cela, il allait falloir le mettre K.O. un moment.

Dernière édition par Alice Sherman le Mer 25 Jan 2012 - 19:45, édité 2 fois

Le jeune garçon ne semblait pas vouloir l’écouter. Il restait dans la cage malgré ses craintes visibles. L’issue de ce combat n’était surement pas celui qu’il avait espéré en venant ici. C’était presque sûr qu’il allait mourir et ça Alice l’avait bien compris. Malgré l’innocence de son visage elle comprenait assez rapidement si la situation était dangereuse ou non. Ici la situation était dangereuse pour le jeune mutant mais elle pourrait l’être aussi pour toutes les personnes présentent dans ce bar. Si la « bête » n’arrivait pas à se maitriser après ce combat, il se pourrait qu’il s’en prenne aux clients. Alice ne le supporterait pas. Alors que l’adolescent était projeté contre la grille, elle se couvrait la bouche pour éviter de laisser échapper un petit cri de surprise. Déjà qu’elle s’inquiétait pour le jeune combattant elle n’avait pas envie de périr dans un bar paumé de New York. Vraiment plus jamais elle ne ferait confiance à cette idiote d’Alison. Mais oui, elle était là la solution ! La mutante se précipitait au fond de la salle après un dernier regard vers le ring. Ces amis regardaient la scène plus amusé qu’autre chose.

« Alison ! Alison s’il te plait j’ai besoin de ton aide !
- Alice qu’est-ce qu’il t’arrive ?
- Tu vois ce jeune garçon que tu m’as montré tout à l’heure ? Bon alors écoute moi bien. S’il tombe au sol ce ne sera pas du sang artificiel qui s’échappera de ses blessures, s’il meurt se sera pour de vrai. Alors je t’en prie Alison aide-le à rester en vie ! Maitrise ne serait-ce que quelques secondes son adversaire et il sera sauvé !
- D’acc... D’accord mais tu sais je n’arriverai pas à le garder sous mon contrôle plus d’une minute vue sa taille…
- Ca suffira. »

De toute façon il fallait que ça suffise. Alice ne pourrait malheureusement pas faire grand-chose de plus à part peut-être tirer sur le colosse avec son révolver mais elle préférait éviter de tuer quelqu’un. Et puis vu qu’elle n’avait jamais utilisé son arme, il se pourrait qu’elle tue celui qu’elle voulait protéger par mégarde. Elle emmenait son amie dans un coin de la salle, prêt de la cage, tout en restant dans l’ombre pour éviter qu’elle ne soit repérée. Alison se concentrait alors qu’Alice observait attentivement les clients. Tout semblait normal. Aucun client ne regardait dans leur direction. Il était temps d’agir avant que le jeune combattant ne se fasse étriper par cette grosse brute. Ca y est Alison donnait le signal à Alice pour lui montrer que s’était bon. Que le spectacle commence ! Le colosse ressentait déjà les effets de la prise mentale. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait et apparemment le contrôle du haut de son corps était déjà difficile. La jeune fille s’approchait une nouvelle fois des barreaux pour dire au jeune homme que c’était à lui d’agir maintenant. Elle articulait doucement :

« C’est à toi de jouer maintenant mais fait vite elle ne pourra le garder immobile que quelques secondes. »

Elle avait peur et cela pouvait se lire dans ses yeux et dans sa voix aussi. Si malgré tous ces efforts il perdait la vie, c’était sûr qu’elle allait s’en vouloir pendant longtemps. Ce n’était pas qu’elle avait peur de voir un mort, elle en avait déjà vu, mais il ne devait pas avoir plus de 18 ans. Elle ne pourrait pas accepter qu’un garçon de son âge meure. Alice n’avait pas peur des cadavres, elle en avait déjà vu plusieurs dans sa vie. Notamment ceux de ses parents qui avaient été repêchés après l’accident d’avion. Et bien évidemment étant la plus âgée des enfants elle avait dû les identifier même si après des heures passées dans la mer ils ne ressemblaient plus vraiment à l’image qu’elle avait de ses parents.

Il fallait croire que tous les mutants avaient une vie misérable. Elle pensait avoir vu une certaine solitude dans les yeux bruns du jeune garçon. Alice voulait combler ce manque dans sa vie. Même si elle savait qu’il ne fallait pas qu’elle s’attache à lui. Après ce type à qui elle avait accordé sa confiance et qui pourtant l’avait prise en otage au sein même de l’institut. Elle s’était maintenant promis de ne plus s’attacher au inconnu. Encore raté pour cette fois. Il n’avait rien fait et c’est vrai elle n’avait pas encore entendue le son de sa voix mais elle croyait en lui. Elle se battrait pour qu’il vive, pour qu’il soit heureux au moins ce soir même si jamais elle ne le revoyait ensuite, même s’il se fichait d’elle en affirmant ne jamais avoir eu besoin d’elle pendant ce combat. Peu importe, il fallait qu’elle l’aide et elle avait toutes les raisons pour ça : premièrement, il avait en apparence le même âge qu’elle, deuxièmement, il était un mutant, troisièmement, elle ne voulait pas voir une autre personne mourir sous ses yeux. Elle avait déjà assisté à l’exécution de plusieurs bandits qui voulaient sa mort par un mutant mais ce n’était pas pour les mêmes raisons. Il lui avait sauvé la vie après tout.

Alice retournait auprès de son amie pour ne plus penser à tout cela. Alison semblait perdre peu à peu de la puissance. Elle lui prit la main et la serra très fort entre la sienne souriant tristement en regardant la scène improvisée. Seul le destin nous dira si la mort est intervenue dans ce combat et si c’est le cas espérons qu’elle ait touché la bonne personne.

Sujet: Re: Un combat à l'issue étonnante [PV Alice] Dim 22 Jan 2012 - 21:43

Sonné mais indemne, Éole s'était relevé, s'était relevé pour découvrir de nouvelles abominables excroissances sur les jambes de son adversaire. Il n'avait néanmoins plus peur. Non, il n'avait plus peur. Il était hors d'haleine, le sang battait douloureusement ses tempes, il avait mal au ventre. Il ne pouvait plus avoir peur. Il avait déjà perdu. Il n'avait déjà plus la force de combattre ni même celle de regretter la vie qui allait s'échapper de son corps sous les coups du monstre qui lui faisait face en faisant craquer les jointures de ses articulations dans un cliquetis lugubre. Pantelant, haletant, Anton se redressa, avec l'horrible sensation de se revoir lorsqu'il était au collège et qu'il se faisait raquetter par les autres. Il ne pouvait rien faire, pas plus qu'il ne pouvait faire quelque chose ici. Sauf que cette fois-ci lui serait sûrement fatale. Quelle mort indécente... Mourir sur un ring pour de l'argent. Voilà sa mort, une mort de chien. Il allait mourir comme un chien, seul, exécuté pour le plaisir d'une société immorale. Quelle déception... Lui qui avait eu l'audace jadis, de se croire exceptionnel, puissant même. Quelle erreur ! Ce n'était pas le fait d'être un mutant ou non qui donnait du pouvoir ; c'était le fait d'avoir le potentiel nécessaire pour en avoir.

Du coin de l’œil, sans vraiment y songer, il chercha le regard de cette fille qui devait avoir le même âge que lui. Il fut déçu, elle n'était plus là. C'était donc ainsi. Il allait bel et bien mourir complètement oublié, dans le plus grand des anonymats, dans l'indifférence la plus totale. L'espace d'une seconde, il se demanda quelle mort il allait choisir. Allait-il se battre jusqu'à son dernier souffle ou se laisser massacrer par son adversaire ? Il n'était attiré par aucune des deux morts. Pourtant, il n'avait guère d'options. Se laisser mourir dans une souffrance abominable ou mourir d'épuisement ? Malgré le critique de la situation, il ne cessait de vouloir vivre, de s'accrocher à la vie. Stupidement, il leva les poings, dans un geste complètement dénué de vigueur. On eût dit qu'un simple souffle de vent aurait pu le renverser, souffler la bougie vacillante de sa vie. Rictus carnassier aux lèvres, le monstre serra les poings, accroissant le nombre de dards et en laissant même déchirer sa veste de part son dos. Sa peau commençait à prendre une teinte grisâtre. Même pour un mutant, il était inhumain. De quel genre de prédateur se pouvait-il s'agir ? Une hybridation néfaste pour l'humanité ? Ou bien une hybridation sur un homme atteint d'une maladie mentale ? Comment s'étonner du regard des humains sur les mutants après la création d'une telle abomination ? Il ne s'agissait de rien de moins que d'un monstre, un monstre qui ne rêvait que de lui dévorer les tripes. Une lueur démoniaque dans les yeux, il se rua ou plutôt se glissa jusqu'à Éole en un temps record et entreprit de le saisir à la gorge. Instinctivement, le jeune maître de l'air fit apparaître son fameux bouclier d'air mais dans une version plus redoutable encore. En effet, il se referma sournoisement sur le bras de son assaillant et exerça sur lui une pression telle que certaines pointes se brisèrent et la peau se teinta d'une couleur violacée à l'endroit du piège à ours. Dans un frémissement de rage, la bête jeta à terre la vermine qu'il affrontait d'un violent coup de genou dans l'abdomen.

C'est alors que, gémissant, Anton s'aperçut que la mystérieuse inconnue était de retour. Inconsciemment, il laissa un sourire bête flotter sur ses lèvres malgré la douleur qui enserrait comme un étau son estomac. Ses yeux bleus si profonds, malgré l'inquiétude qui en débordait le rendirent étrangement heureux en cet instant qui aurait du s'avérer fatidique. Quel idiot... Il entendit, comme à travers un mur qu'il fallait qu'il « joue » et qu'une certaine personne ne pourrait pas en immobiliser une autre très longtemps. C'est un hurlement de rage qui le fit sortir dans un sursaut de sa torpeur. Il revint à la réalité, à une réalité effroyable. Son regard se retournant vers son adversaire qui semblait se débattre avec une force invisible qui l'empêchait de se mouvoir comme il l'entendait. C'était sa chance, sa chance de survie. Il fallait qu'il abatte son ennemi sur le champ, au plus vite. Fuir aurait été futile et stupide ; un adversaire doué d'une telle rapidité l'aurait très vite rattrapé, une fois la force qui l’immobilisait évanouie. Non, il fallait qu'il en finisse maintenant. D'un bond, le maître de l'air se releva et tacha de se concentrer au maximum. Il créa une minuscule aiguille d'air comprimé qu'il s'appliquait à faire tourner le plus rapidement possible, ajoutant sans cesse plus d'air dans cette minuscule aiguille, rendant ses bords plus fins, plus tranchants. Enfin, il projeta son attaque de toutes ses dernières forces vers la gorge de son adversaire, se concentrant comme jamais pour que cette dernière ne s'évapore pas avant d'avoir atteint son objectif.

La fatigue, l'épuisement même et le mal de crâne combinés ne firent que réussir à moitié cette attaque. Pourtant ce fut suffisant. La minuscule lame qui se fondit en croissant de lune sur la fin de sa trajectoire à cause de son échec partiel vint se planter comme prévu dans la gorge du monstre, tranchant net chaires et tendons. La blessure n'était certes pas mortelle, la jugulaire n'ayant pas été transpercée, mais elle n'en retira pas moins un hurlement de souffrance à l'hybride qui vit sa tête penchée dans une position particulièrement grotesque et son sang noirâtre couler de sa plaie béante.

Repoussant la grille, Anton sortit de la cage mais ne parvint pas à faire plus de deux pas dans la direction de sa providence car il s'écroula avant...

Sujet: Re: Un combat à l'issue étonnante [PV Alice] Mer 25 Jan 2012 - 21:58

Le combat s’était achevé rapidement sur la victoire du jeune homme du même âge qu’Alice. Elle s’approchait de la sortie de la cage pour le féliciter quand elle s’aperçu qu’il défaillait. Sans réfléchir elle essayait de le retenir afin qu’il ne tombe pas face contre terre. Le combat avait été éprouvant et c’était visible sur le corps du jeune homme. D’énormes bleus recouvraient son dos, ses bras ainsi que ces côtes et quelques-uns qui commençaient à s’estomper. Ce n’était donc pas la première fois qu’il faisait ce genre de choses. Il mettait sa vie en danger assez souvent vus le nombre de bleus présents sur son maigre corps. Mais pourquoi faisait-il cela ?

Alice sentait qu’elle ne pourrait pas le maintenir encore longtemps alors, elle le déposait doucement sur le sol en le faisant basculer pour qu’il se retrouve allongé sur le dos. De ce fait, elle pouvait voir son visage. Il avait des traits assez fins pour un homme et malgré ses cheveux longs, personne n’aurait pu le confondre avec une femme à cause de sa grandeur d’une part et d’autre part avec sa carrure. Elle restait assise à côté de lui un instant à l’observer en silence jusqu’à ce que le sale type de tout à l’heure s’approche d’elle pour relever le jeune homme inconscient. Il s’adressait à elle en ces termes :

« Tu peux partir, je vais me charger de le ramener chez lui…
- Il est hors de question que je le laisse seul ! Je viens avec vous.
- Mais attend tu le connais même pas ce mec !
- Je répète je viens avec vous, que ça vous plaise ou non. »

Il n’insistait pas plus que ça. Après tout si elle voulait mettre sa vie en danger s’était son problème. Elle remarquait que le nombre de clients s’étaient considérablement réduit depuis la fin du combat. Ils avaient eu ce qu’ils voulaient : de la sueur et du sang. Le sort du jeune vainqueur leur importait peu. Et puis s’il mourrait tant pis, ils trouveraient quelqu’un d’autre à venir voir combattre. Alice retournait rapidement sur le ring pour récupérer les vêtements qu’il avait abandonnés quelques minutes plus tôt. Elle par contre, elle ne voulait pas qu’il meurt. Ce n’était pas de la pitié mais de la réelle inquiétude pour ce garçon qu’elle ne connaissait même pas.

Une fois ressortie de cette cage, son groupe d’amis s’approchait d’elle. Alison, totalement dépourvue de force, était maintenu debout par Jason, son petit ami. Ils lui annonçaient qu’ils rentraient à l’institut et qu’il fallait mieux qu’elle les suive pour ne pas se perdre. Alice refusait de les suivre pour ensuite aller rejoindre en vitesse ce total inconnu qui soutenait nonchalamment le vainqueur. Il était temps étant donné qu’il était déjà arrivé à la sortie du bar. La jeune fille montait à l’arrière pour soutenir le plus jeune tandis que l’autre conduisait jusqu’à l’appartement du mutant non loin de là. Ils le sortirent de la voiture pour monter difficilement les étages avec le corps inerte du grand brun mais tout de même jeune garçon.

Alice trouvait les clés dans la poche de son blouson et ouvrit la porte. Elle n’aimait pas ce quartier et encore moins cet endroit. Elle savait bien qu’elle n’était pas en sécurité ici. Elle ne connaissait rien de ces deux hommes et il se pouvait qu’ils lui veillent du mal. Il était trop tard… Pourquoi ne pouvait-elle pas se rendre compte du danger avant que ce soit trop tard ? Ne laissant rien paraître elle entrait. L’homme posait le plus jeune sur le lit. Elle le regardait en essayant de comprendre comment il avait pu en arriver là. Des cernes mangeaient méchamment le dessous de ses yeux. Elle comprenait que dans une telle chambre et surtout dans un tel quartier il ne dormait pas beaucoup. Elle prit enfin la parole pour s’adresser à l’inconnu assis sur la table.

« Hey ! C’est quoi votre nom ?
- Nicolas
- Et lui comment il s’appelle ?
- Tu lui demanderas à son réveil… Je ne veux pas me mêler de ses affaires. »

Il était peut-être un peu tard pour dire ça non ? Elle était chez lui et normalement, elle pourrait retrouver le chemin pour revenir ici. Tout dépendait de l’accueil de son « protégé ». Regardant par la fenêtre, elle demandait poliment à Nicolas d’aller chercher de l’eau. Elle voulait le rafraichir en quelque sorte. Au moins lui poser une serviette sur le front pour faire baisser le semblant de température qui pointait le bout de son nez. Nicolas revenait rapidement et lui déposait la bassine pleine d’eau courante près du lit. Alice lui envoyait un timide « merci » avant de plonger la seule serviette propre qu’elle avait trouvé dans la bassine. Une fois égouttée, elle déposait le bout de tissus sur son front.

Toujours inquiète, elle s’asseyait délicatement au bord du lit pour le regarder dormir. Tous ces bleus l’inquiétés. C’était surement des blessures superficielles mais quand même, il avait dû souffrir… Elle savait que Nicolas ne devait pas comprendre son inquiétude. En fait personne ne pouvait comprendre sans l’avoir déjà ressenti. C’était la première fois qu’Alice ressentait une telle inquiétude pour un total inconnu. L’âge du jeune homme devait y être pour beaucoup. A ce moment précis, Nicolas était en train de regarder par la fenêtre alors qu’Alice gardait fermement la main du jeune homme dans la sienne en observant le misérable appartement. Triste… Triste vie pour un homme si jeune.

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