Arrivée Discrète - Suite [PV : Forge]

Vendredi 2 Décembre – 20 : 00 P.M.

Amy avait errée dans l’Institut Dieu seul savait combien de temps, toujours était-il que la nuit était tombée et qu’elle n’avait parlé à personne. Elle avait bien croisé des gens, mais ils étaient tous trop occupés pour lui accorder de leur attention, et comme de son côté elle avait fait son possible pour rester discrète, elle n’avait osée les interrompre.

Grâce aux petits panonceaux, Amy avait fini par retrouver le chemin du réfectoire, non sans difficulté. Les proportions de l’Institut la laissaient encore aussi admirative que perdue, tant d’opulence et d’espace la désorientant pour le moins. Regardant son téléphone portable, elle y vit qu’il était 20h ; elle pressa le pas, elle avait une demi-heure de retard. Elle avait donné rendez-vous à Jonathan dans la salle à manger une heure après qu’il fut parti faire son rapport, ce qui était une heure et demi plus tôt. Elle c’était perdue, et plutôt bien. Amy espéra que Forge l’aurait attendue.

Elle trouva la salle comme Jonathan la lui avait présentée, gigantesque avec suffisamment de tables et de chaises pour accueillir une bonne centaine d'élèves, les élèves en moins. Amy ne savait s’il y avait de couvre feu dans l’établissement, et dans tout les cas il était peu probable qu’en tant qu’adulte (même si aux Etats-Unis, elle n’aurait pas été considérée comme telle, mais disposant d’un visa d’étude, elle restait sous la juridiction italienne) elle y soit contrainte. Toujours était-il que le réfectoire était désert, à l’exception de Forge qui était toujours en train de l’attendre.

Amy trottina en direction de la table où le X-man était assit.

- Mi scuso del ritardo, ma mi sono perduta,

Je… Je m’excuse du retard, mais je me suis perdue…

Baissant les yeux vers le sol en un geste de honte, elle n’osa même pas s’assoir. Cela n’était pas du meilleur goût d’arriver un tiers du temps imparti en retard, surtout lorsque c’était son premier jour. Forge l’avait guidée à travers l’Institut après l’y avoir inscrite, lui avait montré chaque lieu intéressant… et elle se pointait en retard !

- L’Institut est tellement grand, je ne suis pas parvenue à m’y repérer. Je n’ai même pas retrouvé mon dortoir pour tout vous dire… Je…

Elle avait peur d’avoir vexée Jonathan, avec une conduite irresponsable et irrespectueuse. Si, dès son arrivée, elle se mettait à dos la seule personne qui lui avait accordée son attention, quelles autres gaffes parviendraient-elles à faire ?

S’il y avait bien un avantage à être considérer comme quelqu’un de différent, c’était que l’on espérait pas s’intégrer. Cependant, ici, Amy était venue pour trouver enfin une famille, et Jonathan lui avait montré que cet espoir était réalisable. Mais elle s’y était prise comme un pied, et maintenant elle avait peur de ne pouvoir se rattraper. Si une chose avait toujours effrayée Nephilim, c’était bien de se retrouver seule. Sa peur se trahissait sur son visage : sourcils levés et rapprochés, paupières supérieures également relevées et paupières inférieures tendues, lèvres tirées à l’horizontal vers l’extérieur du visage tandis que la bouche était légèrement ouverte.

Sa respiration s’accélérant, elle s’appéta à prendre de nouveau la parole pour se morfondre en excuses, mais n’en eut pas le temps.

Après 30 minutes de briefing sur sa récente mission à Xavier, Jonathan quitta le bureau du mentor et se mit en chemin à sa chambre pour ranger son fusil futuriste et se changer par la suite. Aujourd'hui, il avait rendez-vous avec Amy dans le réfectoire. Jonathan ne la connaissait que depuis quatre heures qu'il s'est déjà attachées à cette adolescente. Absorber par son métier de prof, sa dernière relation remonte à ses années de services au sein du département de la défense lorsqu'il travaillait auprès de son ancien collègue, Henry Peter Gyrish. Ancien collègue qu'il éprouve encore de la rancune pour avoir utilisé le neutraliseur de Forge sur Tornade, contre son grès. Une fois dans sa chambre, il posa son arme sur son lit, enleva sa tenue de X-men qu'il rangea dans son armoire pour se vêtir ensuite des vêtements qu'il portait récemment : un simple jeans et T-shirt. Aussitôt fait il se dirigea vers la cuisine pour se réchauffer un plat, l'amérindien avait une faim de loup, il n'avait pas déjeuné ce matin et avait peu mangé l'après-midi.

Arriver à la cuisine, il saisit un plat préparé dans le frigo : Une pizza Jambon fromage qu'il réchauffa au four. Une fois la pizza prête, il la posa sur une assiette à l'aide de gant thermique puis s'en alla vers la cantine avec son plat entre ses mains. Comme pour le hall d'entrée le réfectoire fut bombé d'élèves à son retour, agrémenté d'une ambiance bruyante par le tintement des couverts et le brouhaha des bavardages. Forge s'installa sur l'une des tables réservées aux X-mens et dégusta son repas. Au travers des fenêtres, le ciel était enveloppé dans un manteau crépusculaire, il remarqua également les guirlandes et autres décorations accrocher sur les murs et au plafond. Noël approchait à grands pas, cela explique mieux cette soudaine augmentation. Ses pupilles ternes fixèrent la pendule affichant 19 h 10 sans révéler pour autant la présence d'Amy, Jonathan balaya la zone du regard en cas où elle l'attendait au milieu des élèves, mais sans succès. Les élèves quittèrent leurs tables au fur et à mesure que le temps s'écoula et Amy n'était toujours pas venue. Lorsque les deux derniers élèves s'en allèrent, un silence de mort s'installa dans l'immense salle encore éclairée par les appliques suspendues. Forge aimait le calme, elle était une amie fidèle qui l'aidait à mieux se concentrer lorsqu'il utilise ses pouvoirs. Jonathan se tenait dans une position décontracté : adosser sur le dossier de la chaise et bras fléchi contre la nuque. La mutante était en retard et cela fait un moment qu'il avait terminer sa pizza dont les miettes trainaient encore sur son assiette, mais le X-men continua de patienter sans être contrarié pour autant.

Le prix de sa patience porta ses fruits lorsqu'il vit Amy venir " au pas de course " pour s'excuser une nouvelle fois, elle fut tellement navré qu'elle répondit dans sa langue natal, l'italien. La pauvre élève s'était perdue malgré la visite et n'osa pas s'asseoir devant lui, elle était tellement angoisser que Forge crut un instant qu'elle allait limite pleurer sur l'épaule de Jonathan. Malgré cette attente prolonger, son visage refléta beaucoup plus de l'inquiétude que du mécontentement. Le Cheyenne ne lui en voulait pas, lui-même s'était perdu à plusieurs reprises lors de son premier jour ici.

- Tu n'as pas à t'en faire pour ton retard Amy.... Moi-même je me suis souvent perdu dès mon arrivée ici malgré les indications d'une collègue. Dès que notre conversation sera finie, je te guiderais à ton dortoir. Murmura-t-il sur un ton calme, presque paternel. Tendant sa main métallique vers la chaise en face de lui pour inviter Amy à s'asseoir..

Une fois que l'adolescente s'est installée, Forge saisit une cruche sur sa gauche pour remplir son verre ainsi qu'un autre qui traînait sur la table. Il glissa le second verre à Amy pour qu'elle puisse s'hydrater. De nombreuses questions fourmillaient dans sa tête, mais les yeux nictitants d'Amy l'obsédé, ignorant quel pouvait bien être la fonction de ces organes. Ainsi que ces fameuses ailes qu'elle avait mentionnées pendant la visite.

- Je vois que tu es italienne. Tu as dû faire un long voyage pour venir jusque ici je suppose ? Notre institut abrite des mutants venant d'un peu partout dans le monde.

Forge but une gorgée de son verre d‘eau.

- Parle-moi un peu de tes yeux. Au début j’avais pensé à une hybridité reptilienne, mais tes pupilles n’étaient pas fendues comme les reptiles….

Forge prenait son temps pour poser ses questions, préférant les déballer une par une au lieu de lui déverser une avalanche de questions qui perturberaient certainement l’adolescente encore bouleverser de l’avoir fait attendre.

Lorsqu’elle trouva Jonathan, ce n’était pas du mécontentement que l’on lisait sur son visage ; non, c’était plutôt de l’inquiétude : sourcils levés et rapprochés, paupières supérieures relevées et inférieures tendue… Très proche de la peur, cela n’était pourtant pas aussi marqué, mais Amy savait le reconnaitre.

- Tu n'as pas à t'en faire pour ton retard Amy.... Moi-même je me suis souvent perdu dès mon arrivée ici malgré les indications d'une collègue. Dès que notre conversation sera finie, je te guiderais à ton dortoir,

Buvant timidement son verre, Amy n’osa demander où se trouvait la cuisine dans l’espoir de se faire réchauffer un plan.

- Je vois que tu es italienne. Tu as dû faire un long voyage pour venir jusque ici je suppose ? Notre institut abrite des mutants venant d'un peu partout dans le monde.

Parle-moi un peu de tes yeux. Au début j’avais pensé à une hybridité reptilienne, mais tes pupilles n’étaient pas fendues comme les reptiles…

Forge y allait avec des gants, visiblement conscient qu’une avalanche de questions auraient désorientée et perturbée Amy plus qu’autre chose. Sa théorie de l’hybridité reptilienne fit sourire Amy : elle avait toujours aimé tenir compagnie aux lézards qui se faisaient dorer sur les murs de pierre entourant l’orphelinat, mais elle n’était jamais allé jusqu’à songer que certaines personnes puissent partager des gènes avec eux. Elle aurait bien aimé en rencontrer un.

- Oui, j’ai fais un voyage plutôt long ; je suis partie tôt ce matin, sur un direct Rome-New York,

La jeune femme réfléchit un instant : si elle avait – à son goût – plutôt bien appréhendé les recherches des médecins, elle n’était cependant pas absolument sûre de la véracité de ce qu’elle allait dire.

- D’après les médecins qui m’ont examinée, les Membranes Nictitantes effectuent une simple activité de collecte de lumière, comme les feuilles des plantes. Les ailes, que j’ai nommée Ala-pulmos, aile-poumon en latin, sont des extensions pulmonaires me permettant de mieux respirer. Elles sont encore petites, une vingtaine de centimètres, mais ont une croissance rapide, surtout lorsque l’on sait qu’elles sont apparues il n’y a que trois ans. Ensuite, j’ai également un second estomac, qui filtre une partie des sels minéraux que j’absorbe. Tout cela est ensuite envoyé dans mon foie qui effectuera une transformation de photosynthèse. Je respire par conséquent non-seulement le dioxygène, mais également de dioxyde de carbone. Cependant, l’utilité de cette photosynthèse est plus qu’une autotrophie de mon organise : je guéris environ deux fois plus vite qu’une personne humaine. Comme mes ailes, cette capacité semble en augmentation avec mon âge. Cependant, cela fait plusieurs jours que je n’ai pas pratiquée la Photosynthèse, donc mes pouvoirs sont grandement diminués : je n’ai ni l’autotrophie ni le facteur guérisseur lorsque le seuil de biomasse créé par ce que j’appelle le Rapha est trop bas ; comme en ce moment. Enfin, il semble que je sois dotée d’une puberté plus longue que la normale et que même lorsque ma Photosynthèse est inopérante, la croissance des mes ailes comme de mon facteur guérisseur soit constante. Je n’ai aucune idée des proportions où même si elles s’arrêteront un jour.

Amy s’interrompit, alors que pour illustrer l’un de ses propos précédents, son estomac gargouilla. La jeune mutante tournant subrepticement le regard vers son ventre, puis eut un sourire gêné à l'intention de Jonathan. Elle avait dûe piquer à vif sa curiosité, mais il allait falloir qu’elle se nourrisse…

Il est clair qu'un voyage Rome-New-York s'avère être long, mais pas plus que le trajet New York Kuala Lumpur, quoi qu'il en soit elle devait être épuisé après un trajet aussi long. Jonathan s'hydrata à nouveau lorsque la jeune fille se plongea dans ses pensées pendant quelques instants. La suite devint plus intéressante lorsqu'elle fit son exposé oral assez long sur l'étendue de ses pouvoirs et telle un savant absorbé sur ses équations. Toute l'attention du X-men se focalisa sur son récit, hochant la tête à la fin de chaque phrase en se grattant le bouc comme à son habitude. Ses pouvoirs lui conféraient des organes supplémentaires basés sur la photosynthèse et plus précisément ses membranes nictitantes qui lui permettent de récolter la lumière comme les panneaux photovoltaïques. Vint ensuite ses fameuses ailes pulmonaires qu'elle nommait Ala-poumon qui lui procurent une capacité respiratoire supérieure, mais pas la possibilité de voler pour le moment, car elles ont une croissance rapide. Ce n'est donc qu'une question de temps pour que les ailes prennent de l'ampleur, mais cela ne s'arrête pas là.

Amy aurait également un estomac secondaire filtrant les sels minéraux qui sont ensuite transférés dans son foie pour subir une transformation par la photosynthèse et lui permettre de respirer aussi bien le dioxygène que le dioxyde de carbone. À première vue cela ressemblait fort à une autotrophie mais ce n'était que le sommet de l'iceberg, c'est grâce à la biomasse générer qui alimente son pouvoir régénérateur. Sur ce coup-là Forge haussa un sourcil sur cette information surprenante, son facteur guérisseur n'était pas comme celui de Wolverine qui restait actif en permanence, il pouvait être inactif si la biomasse générer par son estomac secondaire qu'elle appelait rapha était insuffisante. Malgré la diminution de ses pouvoirs par le manque de pratique et de la biomasse, cela n'interrompait pas le prolongement de sa puberté ainsi que la croissance constante de ses ailes organique tout comme son pouvoir régénérateur. Bien qu'elle ignore jusqu'où son pouvoir pourrait aller, il est peut-être probable que dans un futur lointain ses ailes lui permettent de voler. Il posa son index replié sur son menton.

- Mhuum…c’est un pouvoir régénérateur assez particulier que tu as là. C’est la première fois que je découvre un mutant doté d’un facteur guérisseur ayant besoin d’une source d’énergie pour fonctionner à plein temps. La plupart des mutants régénérateurs que j’ai croisés pouvaient guérir plus ou moins rapidement de toute maladie et blessure sans dépendre de quoi que ce soit. Car vois-tu.... je suis quelqu’un que l’on pourrait qualifier de très curieux, j'aime connaître et découvrir de nouvelles choses tant sur le plan technologique que sur les mystères de la vie. On dit que la curiosité est un vilain défaut, pour moi c’est tout le contraire. C’est ce qui m’a permis d’apprendre davantage sur beaucoup de choses qui m’ont aidé en tant que X-men.Expliqua-t-il sur un ton décontracté.

À cet instant l’estomac d’Amy hurla de faim, rompant le silence stérile du réfectoire. D’un côté c’était normal, elle s’était perdue dans les couloirs pendant un certain temps et n’avait pas mangé depuis. Forge aurait bien aimé lui partager son repas mais il avait fini depuis longtemps, il ne restait plus que des miettes de croutes sur son assiette. Toutefois il refusa de la laisser crever de faim, c’est pourquoi il se leva pour aller réchauffer un plat qui soit disponible dans le frigo, prenant son assiette pour la mettre dans le lave-vaisselle. Il aurait bien voulu la laisser, mais en faisant cela elle risquait de se perdre à nouveau et Jonathan devra encore patienter dans son coin en attendant le retour incertain de l’adolescente.

- Reste ici, je vais te chercher quelque chose à manger. J’en ai pour un instant.

Il quitta le réfectoire pour la cuisine, laissant la jeune fille seule pendant son absence. Il tenta de ne pas trainer au cours du trajet pour éviter de faire patienter Amy, passant de justesse un élève qu’il avait failli lui rentrer dedans. Dès son arrivée il commença par mettre l’assiette entre deux autres dans le lave-vaisselle qu’il referma puis il ouvrit la porte du frigo, réfléchissant au plat à préparer. Le problème c’est qu’il ignorait ce que la mutante aimait comme repas, ce serait embêtant s’il apprenait à son retour qu’elle soit végétarienne. L’amérindien tenta le coup en sélectionnant le repas qui conviendrait à Amy selon lui : une purée mouline avec quelques merguez dessus. Une fois réchauffer aux micro-ondes il quitta la pièce et retourna au réfectoire, posant le plat devant Amy.

- Voilà pour toi. J’espère que cela te convient.

Il regagna sa place et laissa l’adolescente le temps de calmer son estomac avant de répondre à l’une des questions qu’elle avait posées avant de se donner rendez-vous ici.

- Sinon pour ce que tu m'avais dit au sujet de la mutation comme quoi tu ne comprenais pas certaines choses, je pense pouvoir t'aider là-dessus. Il me semble avoir une machine capable d'éclaircir le fonctionnement de tes pouvoirs, je le sais, car je me souviens de l'avoir utilisé pour un autre élève qui ignorait la nature de sa mutation il y a deux ans. Par contre, ce sera une autre fois car il est un peu tard en ce moment, peut-être demain si tu es disponible ?

Forge resta pensif alors qu’Amy lui racontait tous ce qu’elle savait sur sa mutation, le professeur se grattant la barbe en signe d’intérêt. Nephilim appréciait ce genre de tic, car ils lui permettaient de cerner les autres au-delà de leurs simples émotions, dont la gamme était malheureusement assez restreinte. Après plusieurs instants, Jonathan posa son index sur son menton, accentuant encore le tic avec son bouc. Le X-man expliqua que le facteur guérisseur de la jeune femme était plutôt bizarre, puisqu’il n’était pas indépendant. Si pour Amy, cela semblait logique, elle fut surprise que d’autres organismes puissent se régénérer sans aucun besoin externe : c’était de l’immortalité pure. Avouant qu’il était du genre curieux, Forge expliqua qu’il considérait cela comme une qualité. Pour Amy, tout avait sa par d’utilité et de défaut. Rien n’est tout blanc ou tout noir, à part Dieu et la Mort.

C’est sur cette pensée étrange qu’elle vit Jonathan aller lui chercher un repas. Elle devait manger, faute de pratiquer sa Photosynthèse à intervalle régulier. Même cette réflexion ne put distraire Amy sur sa pensée précédente : elle n’avait aucune expérience du plus noir, de la mort, à part peut-être le destin de ses parents. Elle ne les avait jamais connus, et elle n’avait jamais rien su d’eux. Ce n’était pas véritablement une perte, plutôt un manque. Les questions les concernant étaient encore plus insondables que celle concernant ses pouvoirs ; cependant, certaines pouvaient se regrouper : était-ce du fait qu’elle allait devenir mutante qu’ils l’avaient rejeté ? Comment auraient-ils put savoir, et n’existait-il pas une probabilité pour qu’eux-mêmes fussent mutants ? En ce cas, pourquoi l’avaient-ils rejetés ou comment avaient-ils put l’abandonner ?

Lorsque Forge revint, le visage d’Amy était emplit de tristesse à l’idée de ces personnes qui auraient dues l’aimer et qui l’avaient rejetées, pour une raison ou une autre. Elle tenta de cacher tant bien que mal ses émotions lorsqu’une assiette remplie d’une purée agrémentée par plusieurs merguez fut posée devant elle, couverts au côté. Remerciant Jonathan, Nephilim commença à manger, se servant des couverts avec la dextérité et la bienséance exigées par son ancien établissement. Mangeant doucement, à égale mesure purée et merguez, Amy attendit que le X-man reprenne la parole.

- Sinon pour ce que tu m'avais dit au sujet de la mutation comme quoi tu ne comprenais pas certaines choses, je pense pouvoir t'aider là-dessus. Il me semble avoir une machine capable d'éclaircir le fonctionnement de tes pouvoirs, je le sais, car je me souviens de l'avoir utilisé pour un autre élève qui ignorait la nature de sa mutation il y a deux ans. Par contre, ce sera une autre fois car il est un peu tard en ce moment, peut-être demain si tu es disponible ?

- Oui, je pense que je serai disponible demain. Il me faudra m’habituer à la disposition des lieux, et je devrais juste demander un rendez-vous avec le Professeur Xavier, pour savoir comment va se passer mon cursus de psychologie. Comme il doit être assez occupé, je risque de rester sans avoir grand-chose à faire pendant pas mal de temps.

Amy aurait bien proposé un horaire et un lieu de rendez-vous, si elle n’avait pertinemment su que cela était futile : elle serait perdue et en retard. De plus, elle n’avait absolument pas retenue l’emplacement de l’infirmerie, puisqu’elle pensait qu’elle n’aurait jamais besoin de s’y rendre. Il valait donc mieux faire autrement. Cependant, Nephilim n’avait pas l’esprit à l’entrevue de demain. Elle aurait aimé faire plus amples connaissances avec Forge, mais son passé l’avait rattrapé.

- J’ai une question,

Existe-t-il un moyen de découvrir une mutation avant qu’elle ne s’enclenche ?

Je vous demande cela, car j’aimerai savoir si c’est ma mutation qui a poussé mes parents à m’abandonner…

Amy était partagée par de nombreux sentiments, mais si la tristesse était majoritaire, l’appréhension, la honte et la pitié était également du voyage. La tristesse, pour le fait qu’ils l’aient abandonné ; l’appréhension, parce que sa solitude pouvait avoir une cause aussi élémentaire que l’intolérance de ses géniteurs ; la honte, parce qu’elle devait les avoir déçus ; la pitié, parce que finalement ces êtres aussi distants que mystérieux ne valaient pas mieux que les radicaux qui prônaient la lute des espèces.

Cependant, Amy n’était pas sûre que la réponse de Forge, quelle qu’elle soit, face plus de bien que de mal. En effet, si ce n'était pas la mutation qui l'avait séparée de sa famille, qu'est-ce que cela pouvait être ? Contrairement à ce que l’on pouvait penser, parfois, l’ignorance était une vertu...

Étant donné qu'Amy était fraichement inscrite et que Xavier avait du pain sur la planche à longueur de journée, l'adolescente était disponible pour demain, reste à savoir si Forge le sera également. Il avait un employé du temps assez chargé entre ses heures de cours et ses missions, sans oublier ses heures libres consacrées à son petit projet personnel de réarmement. Autre problème, l'adolescente ne connait pas encore l'établissement étant donné qu'elle vient à peine d'arriver. Si elle se perd encore malgré les indications données, qu'est-ce que ça sera dans le sous-sol de l'institut ? Comme ce sera la première fois qu'elle y posera les pieds, il y a de fortes chances qu'elle déambule dans les couloirs métalliques à longueur de journée pour trouver le laboratoire en pénétrant toutes les pièces, sachant qu'il n'y a aucun panonceau sur les portes. Il est donc judicieux de reporter le rendez-vous pour la semaine prochaine, le temps qu'elle puisse se familiariser à son nouvel habitat.

- Très bien, mais tout compte fait je pense qu’il serait plus sage de reporter notre prochain rendez-vous la semaine prochaine, le temps que tu puisses connaître l’institut. Le laboratoire se situe au sous-sol de l’établissement, seuls les élèves accompagner d’un X-men ou ayant reçu une autorisation peuvent pénétrer dans cette zone restreinte. Dans ton cas je préférais t’accompagner, si les couloirs de l’institut sont nombreux, ceux du sous-sol le sont également. Je t’attendrais dans le hall.

Derrière Amy, le Cheyenne put entrevoir le pâle croissant de lune qui se dessinait dans l’azur profond du ciel à travers les fenêtres, sans détourner son regard sur la mutante. La journée a était très rude et la fatigue se fit ressentir, mais il se força de ne pas bâiller en inspirant profondément, cachant le signe de l’épuisement. La jeune fille posa une question qui donna un coup de tonus au X-men, s’il existait un moyen de connaître à l’avance le déclenchement d’une mutation. Marquer par la séparation brutale de ses parents, elle voulait savoir si c’était bien sa mutation qui a poussé ses géniteurs à la rejeter, comme beaucoup de mutants vivant ici pour ce motif. Voilà une question bien épineuse qu’elle donnait, n’étant pas un spécialiste de la mutation comme son collègue poilue, Forge était incapable de répondre à une telle question. Pour lui la mutation était un facteur aléatoire qui ne semblait pas être limité par l’hérédité, le gène X de Jonathan s’est éveillé en lui alors que ses parents n’étaient pas des mutants. Mais d’un autre côté il n’a jamais essayé l’invention qu’il a citée pour découvrir une mutation non activée, donc peut-être que sa machine serait capable d’identifier une mutation latente. Toujours avec cette expression pensive, le X-men s’adossa sur le dossier de sa chaise.

- C’est une bonne question que tu me poses. Pour être sincère avec toi je n’en sais pas plus que toi à ce sujet, je ne suis pas aussi expérimenter sur ce domaine que Hank, un autre X-mens qui passe beaucoup de temps au laboratoire tout comme moi. Il en sait plus à ce sujet que moi, la génétique c’est son domaine de prédilection. Tout ce que je peux te dire là-dessus c’est que le gène X n’est pas limité par les liens du sang. Moi par exemple, mes pouvoirs sont apparus très jeunes alors que mes parents n’étaient pas des mutants. Je ne pense pas que mon invention est en mesure de détecter une mutation latente.

Il marqua une pause pour boire une nouvelle gorgée de son verre d’eau.

- Mais crois-moi tu n'as pas à te soucier des autres élèves, généralement ils sont très sympathiques et beaucoup d'entre eux ont subi des séparations cinglante. Certains ont vu leurs parents se faire assassiner sous leurs yeux par des anti-mutants, d'autre furent chasser par leurs parents comme des monstres, il y en a même qui ont vécue dans la rue pendant un long moment avant de se réfugier ici.... Reprit-il sur un air plus consolateur.

Forge commença par reporter le rendez-vous à une semaine plutôt qu’au lendemain, le temps qu’Amy puisse s’orienter dans l’Institut. Il parla ensuite d’un laboratoire et de sous-sol où seuls les élèves accompagnés ou autorisés pouvaient pénétrer. Cela faisait très secret voire même légèrement zone interdite version labyrinthe ou zone 51. Ils auraient donc rendez-vous dans le hall. Le Hall, Prométhée, le 9 Décembre ; Amy l’enregistra sur son téléphone. Il ne manquait plus que l’horaire. Après une profonde inspiration, Forge expliqua qu’il ne savait pas si l’on pouvait détecter la mutation avant son déclenchement, chose qu’il appela « Mutation Latente ». Il parla d’un certain Hank, un autre X-man spécialiste en génétique. Amy espérait pouvoir rencontrer cette personne lors de sa « visite médicale », car elle aurait été très intéressée de rencontrer un autre X-man. Elle apprit également que Jonathan était un mutant de première génération, puisqu’aucun de ses parents n’était mutant.

Après avoir reprit une gorgé d’eau, Forge tenta de rassurer Amy, avec des exemples assez mal choisit. Si partager sa douleur pouvait conduire à se rapprocher des autres, Nephilim n’aurait souhaitée pour rien au monde que d’autres eussent de semblables histoires, voire des pires. L’idée de voir ses proches assassiné devant ses yeux parce que l’on était mutant était bien pire que d’être rejeté pour sa nature : on devait se sentir coupable du meurtre de proches qui nous avaient acceptés, et qui pour se fait avaient été tués. La terrible cruauté du monde était empirée pour la condition mutante, et cela désespérait Nephilim. C’est dans des circonstances semblables qu’elle comprenait que l’on puisse se tourner vers la haine et la violence ; peut-être ce tragique passé hantait-il nombre des terroristes de la confrérie. Et si ; si c’était également ce destin qu’avaient connus ses parents à elle ? S’ils avaient été tués à cause d’elle ? Cela expliquait qu’elle est été trouvée au milieu de nul par, sans doute près du cadavre dissimulé de l’un de ses géniteurs, abattu alors qu’il tentait de fuir. Elle aurait donc, depuis toutes ses années, le sang des siens sur les mains. Elle qui avait mit en doute leur amour et leur âme durant toutes ses années, était peut-être non pas la cause de leur séparation, mais bien la conséquence.

Cette pensée fut plus douloureuse qu’un coup de couteau, et alors qu’Amy sentait les larmes lui monter aux yeux, elle déploya ses membranes nictitantes. Une larme s’échappa tout de même, glissant depuis l’émeraude jusque sur la joue de la jeune femme.

- Et si… si c’était ce qu’il leur était arrivé…

Et si mes parents avaient été tués, à cause de moi ?

A part ses yeux, tout d’Amy dégageait l’immense tristesse qu’elle ressentait. Nephilim tremblait, son visage figé dans un masque abattu, épaules basses et lâches… Elle tentait de rationnaliser la chose, après tout, il y avait peu de probabilité pour que ce soit le cas. Nephilim ne savait pas ce qu’elle aurait préféré : que ses parents eussent été intolérants et l’aient abandonné parce qu’ils avaient découvert qu’elle serait mutante, hypothèse moins probable depuis que Jonathan lui avait révélé qu’il ignorait si l’on pouvait, par la technologie, découvrir l’existence d’une mutation latente, ou que ses parents aient été tué toujours pour les même raisons. Dans les deux cas, il aurait fallut que sa mutation soit découverte avant son déclenchement, ce qui semblait impossible.

Poursuivant ainsi son résonnement, Amy parvint à se calmer. Lorsque les larmes l’eussent quittée, elle ouvrit ses membranes nictitantes. Elle était plus que gênée d’avoir montré un tel débordement d’émotions devant Forge, même si elle était sure qu’il pouvait la comprendre.

- Désolée,

J’ai un peu de mal quant il s’agit de ma famille.

Pour vous, comment cela s’est passé quant vous avez découvert votre… don ?