Première rencontre [Aaron & Alice]

En ce bon matin, Alice n’avait pas cours. Pour une fois qu’elle pouvait se permettre un peu de bons temps, elle préférait sortir en ville pour fuir ce lieu qu’elle détestait tant. Peu de mutants comprenaient son peu d’intérêt pour un tel lieu. Alors que son réveil se mit à retentir à six heures et demie comme tous les jours de la semaine, elle se rendit compte qu’elle ne l’avait pas éteint. Tant pis, elle serait encore levée plus tôt que les autres. Tout ce qui lui suffisait dans ce genre de moment c’était un bon livre où elle pourrait se perdre pendant de nombreuses heures. Aujourd’hui, une fois prête, elle avait jeté son dévolu sur un des nombreux chefs-d’œuvre d’Agatha Christie.

Comme elle l’avait prédit, ils étaient peu nombreux les étudiants levés à sept heures et demie. Peu l’importer tant qu’elle pouvait sortir pour se promener dans les rues de la ville. Dans ce cas, elle ne demandait rien à personne. Alice enfilait son manteau de laine pour s’évader en dehors de sa « prison ». Le terme était surement un peu fort mais c’était ainsi qu’elle voyait l’institut Charles Xavier pourtant si réputé. Elle flânait entre le peu de passants pour parcourir lentement le parc du centre de New York. C’était sans aucun doute son préféré. Il était assez proche de son lieu de vie et puis elle s’y sentait en sécurité. Il était évident que dans une telle ville, on pouvait se faire agresser à toute heure mais ça ne l’inquiétait pas.

Vers huit heures et demie, la jeune femme se rendait dans un café assez fréquenté de Manhattan. Normalement elle ne venait ici que le samedi mais aujourd’hui était un jour exceptionnel. C’était donc avec son sac en bandoulière et sa mine réjouit qu’elle entrait. A cette heure, seuls les habitués étaient déjà-là. Alice commandait timidement un chocolat chaud au patron puis elle préférait s’installer prêt de la fenêtre. Les rayons du soleil faisaient encore plus ressortir sa blondeur naturelle. Bien réveillée, le sourire aux lèvres, elle commençait à lire le récit qu’elle avait emporté avec elle. Le début n’était jamais très intéressant mais dans ce genre de roman, tous les détails comptaient. Et pourtant, malgré la concentration, il était rare qu’elle trouve le criminel.

Un peu plus tard dans la matinée, même si elle ne le faisait pas paraître, Alice se rendit compte que les clients se faisaient plus nombreux. A part elle, il n’y avait aucun étudiant et la clientèle était composée de grandes personnes. Rien de bien intéressant pour elle qui recherchait souvent la compagnie de ses semblables. C’est alors qu’un jeune homme plutôt grand entrait. Il était un peu plus âgé que la jeune mutante mais il attirait son attention. Evidemment, Alice faisait mine de ne pas l’avoir vu et elle continuait à lire. Ce jeune homme passait plusieurs fois à côté d’elle mais il n’osait peut-être pas l’aborder. Il était rare qu’Alice accoste quelqu’un sans avoir pressenti quelques signes de sa part.

Environ quinze minutes plus tard, un homme plus grand encore et bien plus massif faisait son entrée. La jeune mutante le regardait discrètement par-dessus son ouvrage. Il s’installait au bar pour commander sa dose de caféine du matin. Visiblement il n’était pas du coin. Sa façon de se vêtir faisait plus penser à celle des Canadiens. Alice préférait retourner à sa lecture lorsqu’elle comprit que le jeune homme installait non loin d’elle retournait commander quelque chose au bar. Elle commandait plus facilement en s’adressant à une seule personne alors elle appelait un serveur d’un geste. Il la draguait gentiment même s’il commençait à devenir un peu lourd. Il semblait nouveau et il ne devait pas avoir compris qu’elle n’était pas intéressée. Le ton montait de plus en plus entre eux et la discussion ressemblait mot pour mot à cela :

« Je vous ai déjà dit que je n’étais pas intéressée ! Comment dois-je vous le faire comprendre ?!
- Arrête de faire ton cinéma ! Je vois bien comment tu me regardes depuis tout à l’heure !
- Mais pas du tout je lisais espèce de… d’abruti !
- Ca suffit maintenant petite ingrate ! »

Il tentait de la faire taire en l’embrassant mais elle esquivait en se débattant. Le chocolat chaud -plus vraiment chaud d’ailleurs- se retrouvait malencontreusement au sol. Quel dommage, il était pourtant délicieux…