L'habit ne fait pas le moine [Alice]

Le jeune homme qu’elle voyait là était tout ce qu’il y a de plus séduisant. Il était blond aux yeux bleus tout comme elle. La demoiselle ne pu s’empêcher de regarder attentivement les traits fins de son visage tandis qu’il la regardait tout aussi fixement. Alice rougit timidement en baissant le regard pour observer le sol de la cabine d’essayage. Il n’était pas le premier qu’elle voyait dans cette tenue mais c’était surement l’instant le plus gênant de son existence. Elle savait bien qu’elle n’aurait pas dû entrer dans la cabine alors qu’il était visiblement en train de se changer mais il ne paraissait pas plus gêné que cela de la situation. Elle préférait cependant s’éclipser rapidement pour le laisser finir de se vêtir. Tentant même de s’enfuir en se dirigeant vers les rayons.

Le blond l’interpellait pour lui dire que vraiment ce n’était pas grave. Il voulait même qu’ils aillent boire un verre ensemble pour « se faire pardonner ». C’était plutôt curieux comme façon de s’excuser et la dernière rencontre qu’elle avait fait dans le centre commercial n’était pas la meilleure de sa vie. Elle ne savait donc pas comment réagir. Refuser une invitation d’un tel homme serait irrespectueux. Accepter aussi rapidement pourrait être mal vu… La jeune mutante essayait de peser le pour et le contre quand il lui demandait une seconde, surement pour se rhabiller complètement. Alice accepterait la proposition pour lui faire plaisir même si elle aurait préféré vraiment refuser pour oublier au plus vite la situation embarrassante. Elle sortit alors du magasin en évitant le regard de la vendeuse.

Le type mal élevé de tout à l’heure avait déguerpi ou alors l’attendait-il plus loin ? Non, vraiment il fallait être un véritable détraqué pour harceler de cette façon une jeune femme. Si elle en avait l’occasion, elle se vengerait volontiers dans les rêves de se malotru sans ménagement. On ne s’en prenait pas à elle sans attendre de possibles représailles. Quand on avait un tel don, il pouvait être amusant de se venger sous forme d’illusion non ? Enfin, c’était amusant pour elle et pas vraiment pour la personne à qui elle infligeait un tel châtiment. Alice lui ferait aussi peur que possible et vraiment si elle le revoyait, elle savait qu’il ne lui ferait plus rien. Certaines de ces « victimes » étaient surement devenues folles après les horreurs qu’elle leur avait fait subir. Au tout début, ce n’était même pas de sa faute. Elle ne contrôlait absolument pas l’effet de son don sur eux.

En entendant l’arrivée du charmant inconnu, elle sortait un livre de son sac. Sans faire attention à la foule, elle se mit à lire en plein milieu du passage. Son roman était un des plus connus d’Oscar Wilde. Il s’agissait du Portrait de Dorian Gray. Ce personnage était lui aussi un jouvenceau que tout le monde qualifié de merveille de la nature. Il possédait une telle beauté qui paraissait irréel. Le jeune homme de la cabine d’essayage lui faisait beaucoup penser à lui. Il avait en commun le goût apparent pour les belles choses et le luxe. Alice espérait juste qu’il ne gâche pas son existence à essayer d’assouvir tous ses désirs en se heurtant aux plaisirs qu’offraient la vie comme l’avait si bien fait Dorian. Tant de jeunes tombaient dans le piège que l’inexpérience et l’innocence leur tendaient.

Même si, le siècle était bien plus avancé que celui de Dorian Gray, la société n’avait pas beaucoup changée. Les hommes étaient encore sexistes. Les jeunes tombaient dans des pièges inimaginables dont même la société n’arrivait pas à les extraire. Un grand nombre de gens demeuraient encore racistes, xénophobes ou bien même homophobes. Malheureusement, il était peu probable que cela change un jour. Avec l’apparition des humains possédant le gêne X, une nouvelle peur avait été créée dans le cœur des hommes. Alice relevait alors le nez de son livre pour sourire au gentilhomme de tout à l’heure. Une fois habillé, il était tout aussi charmant. Le sourire aux lèvres, elle l’accueillera comme l’aurait fait une femme au vingtième siècle, comme l’aurait fait une des nombreuses amantes de Dorian Gray.