Une question de Frontières... [PV : Kjerstin Håtjärnen]

Lundi 9 Janvier – 14 : 30 P.M.

Amy, une jeune femme juvénile plutôt petite, aux longs cheveux bruns lui tombant jusqu’entre les omoplates, cachant de part et d’autre le haut de sa veste verte de coton, marchait dans les rues de New York. Amy s’était vêtu simplement, comme à son habitude, sans savoir si cela serait à son avantage une fois arrivé à l’entretient. Comme le jour de son arrivée à l’Institut, elle avait en plus de sa veste un débardeur raillé, un jeans, des baskets et un chapeau Borsalino, et était parvenue jusqu’à la ville grâce à l’aide d’Evangeline, une sœur qui vivait dans l’Etat, et qui lui avait une fois de plus servie de taxi. Elles avaient put échanger les nouvelles, notamment de l’intégration d’Amy dans l’Institution Charles Xavier. Après plus d’un mois dans l’école, sans être sortie de ses murs, l’italienne avait nombre de chose à raconter à sa tutrice. Evangeline avait raison, l’école pour surdouée était une école pour mutant, et Amy s’y été bien mieux intégrée que dans l’orphelinat, bien que cela soit d’un cadre semblable. Elle avait sympathisée avec les profs de math et de sport, se qui étonna grandement la religieuse qui la connaissait en L convaincue et partisane du moindre effort, ainsi qu’une résidente qui ressemblait fort à l’incarnation de la déesse Liza. Elles avaient échangé ainsi jusqu’à parvenir au point qui requérait la présence de la sœur : un rendez-vous à New York. Amy était arrivée aux Etats-Unis et avait obtenue le droit de séjour grâce à un Visa d’Etude en vue de préparer un Master 2 de Psychologie sous la tutelle de Charles Xavier, lui-même professeur en psychologie, entre autre. Cependant, il s’était avérer que le professeur fut indisponible pour une durée indéterminée, et après un mois, Amy avait commencée à s’inquiéter : si elle ne suivait pas son cursus, allait-elle être reconduite à la frontière ?

C’était pour cela que Nephilim avait recherché sur le net un cabinet d’avocat pour une consultation unique, et avait finit par choisir Latham & Watkins, un grand cabinet réputé mais dont les honoraires semblaient défier la concurrence par rapport à la qualité. En même temps, comment ne pas trouver un avocat dans le pays où se trouve près de 70% des avocats du monde ?

En bref, Amy avait demandé un rendez-vous, et on lui avait accepté. Elle avait donc quitté les murs protecteurs de l’Institut pour se rendre en ville. Il faisait sombre à New York, surtout en hiver, la taille des bâtiments cachant facilement le soleil. Nephilim n’avait jamais été dans une métropole aussi grosse, auprès de laquelle Paris ou Berlin semblait bien petite. Mais Evangeline l’avait déposée une fois de plus très près de l’objectif, et Amy n’avait qu’à se rendre au bâtiment.

Une fois à l’intérieure, l’italienne porta ses mains à ses poches, vérifiant que son téléphone et son porte monnaie fussent toujours là. Elle avait fait changer ses euros un peu avant de venir, et ses 1.020€ étaient devenus 1.297$ ; et dire que seulement deux mois plus tôt, ils auraient valus 1.600$ ! Amy maudissait les courts des monnaies comme le fait qu’elle n’eut pas pensé à les changer plus tôt. La remontée du dollar face à l’éternelle stagnation assurée par la BCE avait rendue ses économies plus fragiles.

Alors qu’elle avançait vers la secrétaire, Amy espérait qu’elle aurait de quoi payer, ne serai-ce qu’une demi-heure.

- Mademoiselle de Lauro,

Suivant les instructions qui lui furent données, Amy se rendit vers l’un des bureaux du bâtiment, puis, arrivée à la porte, toqua timidement. Elle y était, et mieux encore, n’avait pas de retard.

C'était un rendez-vous pour le moins inhabituel, et de fait intéressant. Lorsqu'elle avait entendu parler de cette jeune fille lors de la réunion de début de semaine, elle avait immédiatement sauté sur le cas. Cela avait pour ainsi dire surpris certains de ses collègues qui la voyaient assez mal faire du conseil juridique qui durerait une à deux séances au maximum : la spécialité de Kya était plutôt les procès plus sérieux devant jury, ou les négociations "musclées" au niveau juridique. Mais quelques mots avaient été dits qui avaient éveillé son intérêt : "Institut Charles Xavier".

Elle n'en savait pas énormément au sujet de l'Institut, il fallait bien le dire... Mais elle savait qu'il y avait des mutants. Beaucoup. Et s'il s'agissait d'une école de mutants, il y aurait certainement au moins une personne qui pourrait lui donner quelque chose qu'elle voulait depuis un bon moment de cela... Une opportunité intéressante venait donc de s'ouvrir, totalement par hasard. Elle devait donc voir la dénommée Amy, à 14h30 le lundi prochain. Kjerstin n'était pas non plus "énervée" ou "excitée", mais il y avait malgré tout une certaine forme d'anticipation. La brune se doutait qu'elle n'apprendrait pas grand chose de son entretien préliminaire avec l'élève, mais cela lui donnait l'occasion idéale d'aller sur place avec elle.

Et ce fut pile à l'heure prévue que quelqu'un frappa à la porte de son bureau. Se levant l'air surprise qu'on n'entre pas directement, elle alla ouvrir, accueillant l'arrivante avec un sourire.

- Bonjour ! Je suis Kjerstin Håtjärnen, c'est moi qui m'occuperai de vous. Vous devez être Amy c'est cela ? s'introduit-elle, tout en faisant signe à la jeune arrivante de s'installer.

Le bureau était assez spartiate il fallait bien le dire. Il y avait des meubles à tiroirs et classeurs, deux ou trois, il y avait une petite bibliothèque avec divers livres qui semblent être aussi barbants qu'utiles pour un juriste, le bureau était en bois plein et à l'allure assez sobre, quand aux fauteuils ils semblaient confortable sans non plus être des déversements indécents de luxe ou quoi que ce soit de ce style.
Non le plus sympathique demeurait la vue : la fenêtre du 21ème étage laissait une vue imprenable sur la fleuve et Roosevelt Island, donnant quelque peu l'impression de dominer une partie de la ville. Ce devait être pour ça que les grands avocats aimaient bien faire construire leurs bureaux dans les étages les plus élevés des bâtiments... Cette impression de grandeur, d'être une sorte de titan, un fantasme masculin de puissance infinie qui était presque réalisable.

Une fois son interlocutrice installée, la brune reprit :

- Il semblerait que vous ayez des doutes sur votre titre de séjour, notamment dans le cadre de vos cours c'est bien cela ?

La porte s’ouvrit sur une jeune femme bien plus grande qu’Amy, aux cheveux noirs mi-longs encadrant un visage fin à l’air sévère, un nez droit et des yeux d’un bleu très clair. Parlant d’une voix grave, mesurée, l’avocate l’accueillit avec un sourire.

- Bonjour ! Je suis Kjerstin Håtjärnen, c'est moi qui m'occuperai de vous. Vous devez être Amy c'est cela ?

Amy déglutie : elle était plutôt intimidée par la personne en face d’elle, dont le comportement contrastait formidablement bien avec le physique. Portant le tailleur du stéréotype de l’avocat, avec le ton calme qui seyait à sa fonction, Kjerstin semblait se déplacer d’une démarche sure, sachant parfaitement ce qu’elle faisait. Nephilim dût prendre son courage à deux mains pour répondre, bien que sa voix fût plus fluette qu’à l’habitude.

- Amy de Lauro, c’est exacte,

Amy n’avait jamais aimée la prononciation vide que pouvaient avoir les anglophones et les francophones à l’égard de son nom, cependant il lui semblait que l’avocate n’avait pour origine aucune de ces cultures : très probablement le nord de l’Europe, pensait-elle, madame Håtjärnen devait vernir de l’un des pays scandinaves. Cependant, même avec la prononciation que possédait Nephilim, elle n’était pas certaine de parvenir à prononcer correctement le prénom ou le nom de la personne qui se trouvait en face d’elle, et se résolu à l’appeler madame.

Suivante Kjerstin à l’intérieur de son bureau, Amy découvrit l’espace sobre et fonctionnel de la pièce : meubles à tiroirs et à classeurs, en nombre réduit, une petite bibliothèque avec des livres et un bureau de bois. Les fauteuils correspondaient également à la vision que l’italienne s’était faite d’un cabinet d’avocat. Ce n’est qu’en tournant son regard vers la fenêtre qu’Amy put prendre la pleine mesure d’où se situait la pièce, car elle parvenait, faisant fit des autres immeubles et de la ville en contrebas, à voir un fleuve et une île. Elle comprenait maintenant pourquoi on lui avait indiqué les ascenseurs, car ils devaient être très hauts.

S’asseyant docilement et le plus délicatement possible, Amy attendit que l’on lui adresse la parole.

- Il semblerait que vous ayez des doutes sur votre titre de séjour, notamment dans le cadre de vos cours c'est bien cela ?

- Oui madame,

Avant de commencer, j’aurai aimée savoir combien tout cela me couterait : il ne me reste que des économies et je crains avoir trop attendue avant de convertir les Euro en Dollar. Je ne pourrai donc fournir gère plus de 1.000$ ; si cela est trop peu, je vous prierais de m’excuser du dérangement et m’en irait.

Amy avait immédiatement prise un air coupable lorsqu’elle avait parlé du reste de ses économies, qui avaient été sévèrement malmenées par son aller simple pour New York et la remontée du Dollar. La position dans laquelle elle se trouvait était très inconfortable, et elle ne pensait pas avoir sa place dans ce lieu. La seule chose qui l’avait convaincue de venir était qu’en théorie, même si Nephilim était dans son tord, l’avocat de devrait pas pouvoir la faire expulser immédiatement.

Hors Jeu:

Alors que Kya s'asseyait tranquillement, tapotait sur son clavier pour retrouver les informations "officielles" et publiques sur l'Institut Charles Xavier, et finalement récupérait le dossier fourni par le bureau au sujet de ce cas-là (dossier peu fourni il fallait bien le dire), la jeune fille se mit à parler finances. Clairement, il ne valait mieux pas la faire fuir, ce serait clairement rater l'occasion de l'année de s'approcher de très très près de "nouveaux amis" temporaires. Elle avait besoin de l'Institut Xavier pour un temps, et elle ne comptait pas se faire avoir par des questions financières.

- Ne vous en faites pas de ce côté-là, ce qui coûte cher en général c'est un procès avec une procédure civile ou pénale complète, croyez-moi on en est loin ! répondit donc l'avocate avec un sourire plutôt rassurant.

Elle reprit de sa voix grave, alors qu'elle observait le peu d'éléments dont elle disposait. C'était en fait assez facile, il suffisait de lire les petits caractères, mais elle ne disposait pas de tous les éléments qu'il lui fallait, il lui manquait de la paperasse, qu'avec de la chance Amy n'aurait pas... Ce qui les forcerait "malencontreusement" à devoir se rendre sur place à l'Institut.
Restant donc droite dans son fauteuil et relevant le nez du dossier, elle exposa brièvement la situation d'un point de vue légale à sa jeune interlocutrice.

- Hmm je suis en train de regarder ça, en fait cela dépend de votre contrat de scolarité. Un contrat standard établit que vous suivrez des cours et qu'à l'issue de ces cours, ils sont validés par des examens, en général en fin d'année. En cas de réussite des examens en question, qui pour note sont à la seule discrétion des examinateurs dans le cadre d'une école privée, vous êtes titulaire d'un diplôme. Jusqu'ici donc, tout va bien.

Il lui manquait néanmoins un élément : comme elle l'avait dit, les examens et même en fait le contenu du contrat sont à la seule discrétion du proviseur. Ce sont les Etats-Unis : les entreprises privées font à peu près ce qu'elles souhaitent tant que ce n'est pas illégal, et ont même la possibilité de pratiquer la discrimination tant que cela ne les amène pas devant un juge d'instance. Et encore, même dans ces cas-là la condamnation n'est pas toujours garantie... Il en est de même pour les écoles et universités privées, qui peuvent créer leurs propres critères, c'est pour cela que l'Institut Xavier peut se permettre de ne recruter que des mutants.

Il était donc possible que le contrat de scolarité en question puisse poser problème à la jeune demoiselle, mais restait à lire le contrat en question. Ce fut donc en espérant qu'Amy ne l'ait pas sur elle que Kjerstin demanda :

- Cela dit, certains contrats de scolarité stipulent que la scolarité en question est suivie uniquement si des cours précis sont suivis. De fait, si le Professeur... Xavier c'est cela ? s'interrompit-elle un instant en regardant une feuille. N'a pas été remplacé et que son cours n'a pas été donné... ET que le contrat de scolarité précise que vous devez suivre ce cours pour qu'elle soit validée... On pourrait avoir un souci.

Elle garda toutefois un air assez calme, semblant déjà savoir comment régler ce problème.

- Si vous avez le contrat sur vous on pourra l'examiner, et le cas échéant, voir cela avec vos professeurs, comment le modifier. Je ne doute pas qu'ils seront à même d'y apporter un changement, vu que ce n'est pas de votre faute si le professeur ne peut pas donner ses cours.

Restait à espérer qu'elle ne l'ait pas sur elle, ce qui les forcerait à aller sur place... Pourvu que la chance soit au rendez-vous.

L’avocate commença par rassurer Amy concernant le prix que cela lui coûterai, et ce d’une manière rassurante qui donna l’impression à la jeune fille que l’autre tentait d’éluder la question. Sans doute par professionnalisme, pensa Nephilim ; madame Håtjärnen devait se concentrer sur le cas plutôt que sur la rémunération.

Observant Kjerstin et l’écoutant énumérer les éléments en sa connaissance, Amy farfouilla en sa mémoire, tentant de chercher les informations incomplètes. Un contrat de scolarité ; elle devait avoir faire cela. Elle se souvenait être allée voire mademoiselle Stinger, la garante du secrétariat, pour une chose semblable. Les closes n’avaient cependant pas autant marquée Amy que l’antipathie de la cyberpathe.

Lorsque l’avocate déclara que si les cours stipulés par le contrat de scolarité n’étaient pas suivit, il pouvait y avoir un problème, Amy déglutit ; n’avait-elle pas fait une erreur en venant ici ? Kjerstin, impassible, reprit rapidement, voulant examiner le contrat, en débattre avec les professeurs s’il nécessitait modification.

- Je… je ne l’ai pas sur moi. Il est conservé à l’Institut, bien que j’en aie une copie… dans ma chambre.

Amy était honteuse de n’avoir pensée à un tel document, mais les études supérieures, de même que le fonctionnement de la scolarité supérieure états-unienne, lui étaient encore assez étrangères, d’autant plus qu’elle n’avait prit qu’un cursus de psychologie, aucune autre matière ne l’intéressant, bien qu’elle participa au sport avec l’une des classes de Jubilation. Les matières « obligatoires » ne l’étaient que pour les élèves en cycle moyen ou haut, jusqu’à 18 ans. Amy avait accomplie ses études secondaires en Italie, et avait même décrochée son diplôme avec une note inespérée et un an d’avance ; ce qui lui avait permise de rejoindre l’Institut avant ses dix neuf ans.

- N’y aurait-il pas moyen que je m’inscrive, même si cela est tardif, dans une université pour suivre le cursus, tout en continuant à résider à l’Institut ? Si je suis le cursus sur un autre lieu, je ne suis pas en infraction à mon Visa, non ?

Bien qu’elle fut une personne timide, Nephilim était également très observatrice, et sa question visant à détourner le sujet de l’Institut sciemment posée : n’ayant put s’empêchée de noter la réaction qu’avait eut l’avocate face au nom de Charles Xavier, l’italienne voulait vérifier une chose. Madame Håtjärnen avait l’air d’une femme savant où elle allait et comment s’y rendre, et un impair aussi vulgaire que l’hésitation sur le nom d’une personnalité comme Charles Francis Xavier semblait trop peu professionnel pour coller à l’image de l’avocate. Peut-être Kjerstin Håtjärnen avait-elle acceptée ce dossier pour autre chose qu’une orpheline avec un problème scolaire ; peut-être le nom de l’école avait-il eut tout autant, voir même plus, d’intérêt que le dossier lui-même. Institution Charles Xavier pour jeunes surdoués ; plus ou moins connu pour être une école très spéciale : une école pour mutants.

Amy n’avait pas véritablement d’idée sur ce qu’elle pouvait jouer en cet instant, mais elle était résolue à protéger son nouveau foyer ; tant qu’elle n’avait pas connaissance des objectifs de l’avocate concernant son foyer, si objectifs il y avait, elle ne devait pas laisser échapper trop de choses. Après, peut-être se montait-elle un film sur une conversation banale, mais elle préférait prévenir que guérir.

- Astucieux ! répondit la brune lorsqu'Amy évoqua la possibilité de s'inscrire dans une autre université pour suivre les cours manquants.

Néanmoins, cela n'arrangeait pas ses affaires, et au fond d'ailleurs, n'arrangeait pas tellement celles d'Amy. Au fond, les clauses d'assuidité strictes étaient peu courantes dans l'ensemble, et même s'il était possible qu'il y en ait une dans le contrat qui liait la jeune élève à l'Institut Xavier, c'était relativement improbable. De fait, se mettre à s'inscrire dans 50 universités différentes sans avoir examiné le contrat en premier lieu était un peu sauter les étapes.

- Mais ce n'est pas forcément nécessaire, mieux vaut avant voir s'il y a une clause d'assiduité dans le contrat, et après aviser. Ce serait dommage de s'enfoncer dans un immonde marécage administratif d'inscriptions, s'il n'y a pas une telle clause dans votre contrat de scolarité. signala donc Kya en haussant les épaules.

Mieux valait toutefois éviter de trop insister... Si elle proposait de se rendre sur place, cela paraîtrait instantanément bizarre à Amy, c'était plutôt évident. Certains pourraient penser que le service proposé au client est au top, dans ce cabinet, mais d'autres trouveraient ça plutôt bizarroïde, vu qu'en règle générale un avocat préfèrera demander au client de reprendre rendez-vous, et ce pour une raison simple : cela fait un autre entretien qui est de nouveau facturé.

Sauf que dans le cas présent, la facture, Kya s'en moquait éperdumment, s'il fallait même faire le rendez-vous gratis ça serait fait. Il fallait qu'elle approche la bande du professeur Xavier, qu'elle puisse mettre le pied dans cet institut. Et clairement, à avancer trop vite, on perd des occasions : les bons opportunistes savent que la précipitation entraîne la maladresse, et que la maladresse rend votre jeu trop visible, trop évident, trop facile à contrer. Son cerveau "turbinait" littéralement, à toute vitesse, calculant à la miliseconde près chaque mot afin qu'il soit le plus anodin possible, pour garder un ton à la fois professionel et rassurant, sa voix chaude se mettant à énumérer les possibilités :

- Par conséquent il y a trois options, concrètement. La première et la plus probable est qu'il n'y ait pas de clause particulière qui vous poserait problème, de fait, ayant été dans l'institut, si votre année est validée, le titre de séjour reste valide aussi. La deuxième, qui est possible, est qu'il y a une clause d'assiduité que vous n'avez pas pu respecter à cause de l'absence du professeur Xavier, auquel cas les personnes s'occupant de l'établissement accepteront très certainement de le modifier afin que vous puissiez rester ici et éviter les ennuis, vu qu'encore une fois vous n'y êtes pour rien au fond. Elle fait une brève pause, et prend finalement un air assez sceptique en énonçant la suite : La dernière option, que je pense totalement absurde, serait qu'il y ait une telle clause et que le personnel de l'Institut refuse toute forme de modification du contrat, auquel cas nous aviserons avec d'autres universités. Le "micmac" administratif peut être très violemment accéléré lorsqu'un avocat en fait la demande ! conclut finalement la suédo-américaine avec un sourire amusé, comme si cette histoire d'administration était un jeu ou un défi.

Alors qu'elle terminait sa tirade, Kjerstin sembla se rendre compte d'une éventualité : que les personnes de l'Institut ne la laissent pas "filer comme ça" s'ils apprenaient les potentiels dangers de son pouvoir en cas de manque de contrôle... Elle n'avait bien évidemment pas entendu parler de séquestration, néanmoins, elle avait appris rapidement que lorsque quelqu'un est "aligné dans un camp", il se retrouve dans un extrême qui est en général, ironiquement, opposé à toute raison...

Mme Håtjärnen trouva l’idée d’Amy astucieuse, cependant elle ne tarda pas à nuancer, introduisant une nouvelle donnée dont Amy n’avait pas connaissance : une clase d’assiduité dans le contrat de scolarité. Kjerstin voulait visiblement éviter de s’enfoncer dans l’immense machine administrative, qualifiant cela d’immonde marécage. Visiblement, le fait d’exprimer ses opinions personnelles n’était pas considéré par l’avocate comme une erreur professionnelle, mais toujours était-il que Nephilim trouvait que cela jurait avec le reste du personnage d’Håtjärnen. Elle restait sur ses gardes, ne sachant que penser. Dans son imaginaire, les avocats comme les psychologues devaient afficher un détachement de leur affaire car la subjectivité enraillait leurs capacités à résoudre les problèmes.

Kjerstin Håtjärnen poursuivit en énumérant les trois possibilités qui s’offraient à Amy : s’il n’y avait de clauses particulières dans son contrat de scolarité, elle pourrait valider normalement son année. S’il y avait une clause d’assiduité dans le contrat, il reviendrait aux professeurs de la changer ; Amy avait confiance en cette hypothèse, car de son point de vue, Jubilee et Forge l’auraient sans hésitation secourue dans ce cas. Ce fut à l’énonciation de la troisième clause que Kjerstin manifesta de nouveau son intérêt, quittant le professionnalisme affiché pour les deux précédentes. En déclarant la troisième option « totalement absurde », elle avait prouvé que la question ne la laissait pas indifférente.

- Je vous remercie, Madame, mais je connais plusieurs professeurs qui accepteraient sans aucuns doutes d’intervenir dans cette histoire, pour peu qu’il y ait effectivement une clause d’assiduité. J’aimerai en savoir plus concernant ce point : c’est une sorte de contrat d’exclusivité si j’ai bien comprit, qui m’obligerais à ne pouvoir étudier qu’à l’Institut. En ce cas, se serait peu probable, car plusieurs autres résidents se contentent de vivre dans les locaux et étudient autre part. Je ne suis pas vraiment qualifiée pour parler de l’école et de son fonctionnement, car j’y suis depuis peu de temps, cependant il me semble qu’il ne s’agit pas que d’une école ; il peut s’agir d’un refuge. Il y a des résidents de tout âge, dont certain ne doivent même plus étudier.

Amy se tût promptement, ayant peur d’en dire trop. Elle ne savait pas si Kjerstin était ou non intéressée par l’Institut ; et dans ce cas, quels étaient ses intentions. L’avocate, surement à cause de sa formation, ne laissait paraitre ses pensées sur son visage, et malgré les quelques erreurs qu’elle pouvait commettre dans son discours, elle semblait parfaitement maîtresse de la situation. Amy se demandait même si les erreurs n’étaient pas volontaires, pour tester l’intelligence de la jeune femme.

Ne sachant plus que dire, ni même où elle en était, Amy se décida à rester sur ses positions, car elle n’avait assez d’éléments concrets pour prendre une décision. Elle devrait très probablement s’en remettre aux conseils de l’avocate, bien qu’elle était résolue à protéger sa nouvelle demeure.

- Pourrai-je vous rapporter le contrat à une autre séance, mais si la présence d’un professeur est requise, peut-être vaudrait-il mieux se rendre à l’Institut ; ils sont plutôt occupés en périodes scolaires. Cependant, je pense que les rumeurs sur les lieux ne vous ont pas échappées, madame. J’aimerai donc si possible éviter d’amener des étrangers, pardonnez-moi le terme, au sein des lieux.

Et pourtant ! Kjerstin était fidèle à elle-même, n'hésitant pas à dire ce qu'elle pensait de l'affaire sans laisser de "filtre" particulier. C'était d'ailleurs son plus gros atout dans le métier, et son plus gros problème. Les clients les plus riches étaient de deux types : ceux qui veulent quelque chose, et ceux qui veulent quelque chose mais dans les formes. Les premiers avaient en général une confiance totale en Kya, celle-ci leur signalant clairement quand elle trouvait que quelque chose était peu stratégique ou mal placé, tout en suivant la stratégie demandée par le client si celui-ci insistait. Au contraire, le fait qu'elle avait des doutes lui permettait de renforcer sa stratégie en général.

Toutefois ceux qui préféraient que les choses soient faites dans les formes avaient un peu de mal avec la brune à grande gueule, celle-ci ayant même parfois tendance à être carrément insolente avec les avocats de la partie adverse, et même les juges. Elle avait fait une fois ou deux un tour en prison pour outrage à magistrat, d'ailleurs... Cet esprit critique était donc à double tranchant, il fallait bien le dire, et pouvait tout aussi bien propulser en avant sa carrière que la ralentir : ce côté insolent et critique lui avait donné des victoires dans des affaires jugées comme impossibles à gagner ce qui avait renforcé sa position au sein du cabinet Latham&Watkins, et ce côté insolent lui avait provoqué des problèmes ce qui avait affaibli sa position au sein du cabinet Latham&Watkins. Statu Quo donc... Pour le moment.

Le fait était que ses propos avaient été à priori mal compris par la jeune Amy, la brune s'empressa donc d'éclaircir ce qu'elle disait, sans pour autant sembler montrer un quelconque mépris ou paternalisme. Elle s'exprimait simplement, comme quelqu'un qui donnerait plus de détails sur un point obscur :

- Ah, non, pas du tout ne vous en faites pas ! La clause d'assiduité ce n'est pas vraiment ça... En fait, quand vous avez une bourse, ou quand vous êtes une étudiante étrangère, vous devez faire preuve d'assiduité dans vos cours, c'est-à-dire tous les suivre sans exception et ne pas être absente... A moins d'avoir un certificat médical évidemment. Dans le cas d'une bourse si vous ne respectez pas cette assiduité vous pouvez avoir à rembourser une partie ou totalité de la bourse, et dans le cas d'une étudiante venant de l'étranger, vous pourriez voir votre titre de séjour révoqué. Cela permet de s'assurer que l'argent des bourses est bien utilisé pour les études, par exemple.

Reprenant donc après avoir laissé quelques secondes pour assimiler l'information :

- Donc dans le cas présent, si votre contrat de scolarité stipule que vous DEVEZ suivre les cours du professeur Xavier il pourrait y avoir un petit souci. Après comme je le disais, même si c'était le cas, les responsables de l'école pourront sûrement le modifier, il serait vraiment étonnant qu'ils refusent vu qu'encore une fois, vous n'êtes pas responsable de l'absence du professeur. J'aurais du expliquer ce que voulait dire "clause d'assiduité" avant tout, navrée !

Quant Amy signala toutefois, finalement, qu'elle préférait éviter d'amener des étrangers, cela énerva quelque peu l'avocate... Elle n'en laissa rien paraître mais clairement, ce petit stress et cette légère augmentation du rythme cardiaque, elle la sentait clairement. D'ailleurs, les petites marques qu'elle avait sur les mains -héritées de l'incident qui avait eu lieu avec monsieur le Poissard quand elle avait fracassé deux personnes- se mirent à cicatriser à une certaine vitesse, son métabolisme accélérant légèrement.

Elle ne pouvait toutefois pas faire grand chose de plus, et s'énerver d'avantage ne lui apporterait rien. La personnalité profondément opportuniste de la brune reprit donc le dessus, le calme revenant chez elle moins de quelques secondes plus tard. Elle se contenta d'acquiescer aux derniers mots d'Amy donc, avant de répondre avec un sourire franc :

- Honnêtement, je ne m'intéresse pas aux rumeurs, mais je comprends que vous n'ayez pas spécialement envie de vous ramener avec une armée d'avocats à l'école oui ! Ce que je conseillerais pour le moment c'est simplement de vous renseigner auprès de l'un de vos professeurs, quelqu'un dont vous pensez qu'il peut comprendre facilement votre situation, afin d'aviser avec lui. Quant aux subtilités juridiques... Soit le contrat de scolarité n'a pas de clause d'assiduité et tout ira bien, vous n'aurez rien à faire, soit il y en avait une et vous avez pu la modifier, il suffira de revenir ici avec la version modifiée et je m'occuperai de communiquer les pièces aux services de l'immigration pour s'assurer que tout est bon. Cela vous convient-il ?

Elle devrait trouver un autre moyen d'approcher l'institut, si elle voulait se procurer un moyen de totalement désactiver son pouvoir pour éviter les incidents. Ou procéder à ses propres recherches médicales... Elle avait de l'argent... Probablement pas assez, mais peut-être que quelqu'un pourrait faire quelques analyses...

Amy fit des yeux ronds quant Kjerstin Håtjärnen lui expliqua la vérité sur une clause d’assiduité… Elle avait jusqu’à lors été à côté de la plaque, bien que cela ne changeait pas véritablement le problème. La solution restait donc inchangée : trouver le contrat de scolarité, vérifier s’il y avait une charte d’assiduité et, en ce cas, le faire modifier par un professeur. Plutôt simple.

Lorsqu’elles en furent au moment où Amy déclara qu’elle ne voulait pas amener des étrangers à l’Institut, quelque chose passa sur le visage de l’avocate. Nephilim se savait capable de lire les micro-expressions, des expressions faciales brève et involontaire que le visage humain exprimait en fonction des émotions vécues, généralement lors de situations où les enjeux étaient importants, comme quand des personnes mentent. A la différence des expressions faciales, est était très difficile de feindre ou d’imiter une micro-expression, et encore plus de ne pas en avoir. La plupart des gens ne semblaient pas percevoir ni leur propre micro-expression ni celles que pouvaient avoir d’autres personnes, probablement à cause du fait que lesdites micro-expressions se produisent dans un labs de temps au environ d’un vingt-cinquième de seconde. D’après les recherches des docteurs Ekman et O’Sullivan, seul 0,25% de la population pouvait voir « naturellement » les micro-expressions. Malgré le fait qu’Amy fut de ceux-là, elle ne parvint à saisir se qui se traduisit sur le visage de Kjerstin.

Suivant le regard de l’avocate, Amy vit ses mains, lesquelles étaient couvertes de petites marques – des cicatrices ? Alors que la méfiance de Nephilim revenait au galop, Kjerstin se calma, et reprit son discourt comme si de rien était, avec un sourire. Elle exposa les solutions et les démarches à suivre, puis demanda l’accord de sa cliente.

- Oui, cela me convient, et je vous remercie de votre aide,

Cependant, je n’ai pu m’empêcher de remarquer que vous sembliez intéressée par l’Institut,

et si je puis me permettre, j’aimerai savoir pourquoi. Vous devez savoir ce que l’on y trouve, non ?

Là, se fut le moment ou elle dépassa les bornes, prenant tous les risques, et dévoilant sa nature. Clignant des yeux, Nephilim déploya ses membranes nictitantes, ses yeux se transformant d’un instant à l’autre en émeraudes dénuées de pupilles, mais parfaitement lisses. Sa nouvelle perception du bureau, mise en lumière par la captation accrue, ainsi que les nuances de vert qui tapissaient la pièce, furent probablement moins perturbantes pour Amy que ce que Kjerstin devait ressentir face à cette jeune femme aux yeux verts.

La balle était dans l’autre camp ; l’attitude d’Amy n’était ni menaçante ni même agressive, elle avait juste clignée des yeux, sans changer de position. C’était à Kjerstin de décider si cette discussion allait tourner court.

Les choses prirent pour le coup une tournure totalement inattendue. Amy se mit subitement à lui faire une sorte de... "coming out" mutant ? tout en l'interrogeant sur son intérêt pour l'institut. Kjerstin avait beau être assez subtile quand il s'agissait de tromper cacher et dissimuler, la jeune femme face à elle semblait sacrément perspicace, et peut-être cela était-il du à sa mutation, qui sait... Le fait était qu'elle n'afficha pas vraiment d'expression de surprise, dégoût ou autres. A vrai dire, elle conserva un air calme, mais il était évident, cette fois-ci, qu'elle se forçait à garder l'air impassible.

Il ne semblait pas utile de continuer de chercher à arriver à quelque chose par des voies détournées du coup, la brune se retrouvait plus ou moins forcée de parler plus directement, et autant dire que cela ne lui plaisait pas. Quand elle manipulait, faisait faire ce qu'elle avait envie qu'on fasse, comme avec ses clients, ou ses adversaires au tribunal, elle avait un contrôle total de la situation sans que personne ne le sache vraiment. Toutefois, dans le cas présent, elle ne contrôlait pas grand chose, or ce besoin impératif de contrôle qu'elle avait à cause de son pouvoir -incontrôlable par définition- était ici sérieusement frustré.

Ce n'était donc pas de l'énervement qui naissait en elle mais du stress, qui provoquèrent encore une accélération, les marques sur les mains disparaissant presque instantanément. Kya finit par froncer les sourcils, le cerveau tournant à plein régime, calculant plus encore chaque mot que d'habitude pour éviter une erreur ; elle ne pouvait pour le coup pas se permettre un quelconque échec ou ce serait une catastrophe. Du moins, le pensait-elle.

- Oui, je sais quel genre de personne habite l'Institut, en général des mutants exceptionnels. A vrai dire, je m'intéresse depuis quelques temps aux potentielles connaissances qu'ils pourraient avoir dans ce domaine. Mais je suis aussi quelqu'un de relativement discret et ne cherchant pas les ennuis en règle générale. A part dans les tribunaux évidemment...

Elle ne pouvait pas non plus trop "cracher" d'informations comme cela, ceci dit faire comprendre à la jeune étudiante qu'elle était elle-même face à une mutante pourrait peut-être la rassurer ou la mettre en confiance... même si le pouvoir de Kjerstin n'avait concrètement absolument rien de rassurant, c'est pour cela qu'elle s'abstint de donner trop de détails d'ailleurs.

- Disons pour faire simple que vous semblez maîtriser vos... capacités spéciales, mais tout le monde n'a pas cette chance, et certains seraient donc intéressés par un moyen de désactiver ces capacités, ou au moins, éviter qu'elles ne s'activent de façon fortuite. Mais m'adresser directement à l'Institut serait devoir donner plus de détails - trop de détails - qui risqueraient de m'attirer des problèmes de la part de l'Institut, de ses ennemis, et potentiellement de la police criminelle de New York. Des évènements de ce type ne m'intéressant pas vraiment je préfère garder le profil bas.

Laissant un bref silence, la brune finit par hausser les épaules, tout en fermant le dossier d'Amy.

- Cela dit je vous rassure, ça ne change rien à votre affaire. Si vos professeurs doivent modifier le contrat de scolarité vous me le ramenez et je m'occupe de l'administration ! conclut-elle, toujours relativement souriante.

Malgré ce revers, au fond, Kya avait tendance à prendre plus ou moins tout avec le sourire ; se plaindre ou se lamenter n'avait jusqu'ici pas permis de changer grand chose à quoi ce soit et ce qui l'intéressait, c'était avant tout le résultat.

Kjerstin Håtjärnen conserva son calme face à la révélation d’Amy, bien que cela fût forcé, et ne montra ni surprise, ni dégoût, ni peur, ni mépris, ni colère. C’était plutôt encourageant, songea Amy ; Kjerstin ne voulait pas de mal à l’Institut ni à ses résidents. Tournant à nouveau son regard vers les mains de l’avocate, Nephilim put voir les marques disparaitre.

Kjerstin était mutante également, avec un facteur guérisseur, comme elle !

L’avocate déclara ensuite qu’elle savait ce qu’il y avait à l’Institution Charles Xavier : des mutants exceptionnels. Amy sourit à cette réplique, flattée. Il était vrai qu’il y avait des personnes peu communes à l’Institut, et que les X-Men pouvaient être considérés comme hors-norme. Cependant, qualifier d’exceptionnel était plutôt réducteur pour les autres ; selon Amy, chacun était ce qu’il était, sans être exceptionnel ou banal. Toujours était-il que l’avocate s’intéressait effectivement à l’Institut comme à la mutation, voulant connaitre les connaissances du premier concernant la seconde ; mais elle préférait rester discrète et éviter les ennuis – chose qu’Amy comprenait parfaitement – ainsi elle ne s’y était visiblement jamais rendu. « à part dans les tribunaux », Nephilim ne put s’empêcher de rire à la remarque, même si se fut bref.

Kjerstin exposa sa situation ; à l’inverse de l’italienne, l’avocate ne contrôlait pas ses pouvoirs, et était visiblement intéressée par un moyen de les inhiber, ou au moins de les contrôler. Elle avait cependant peur de s’adresser à l’Institut, car elle devrait fournir des détails qui pourraient lui être dommageable.

Enfin, l’avocate retourna un temps à leur affaire, déclara que leur condition à l’une comme l’autre ne changeait rien à l’affaire ; chose qui ravie Amy, même si elle passait déjà à la suite de la discussion. Elle devrait tout de même se rappeler de payer avant de sortir.

- Si vous vous en faite pour le facteur guérisseur – j’ai remarqué cela à vos mains –, ils ne sont pour la plupart pas contrôlable, à moins de nécessité un apport externe, mais ne sont pas plus gênant que cela. Je sais de quoi je parle, je dispose d’une capacité similaire. Si j’ai bien apprit une chose à l’Institut, c’est que les dons sont contrôlables ; la pratique et le contrôle de soi sont les clés qui donnent la maîtrise. Je suis sur qu’ils pourraient vous aider, quelques soit les capacités que vous ne pensez parvenir à maitriser : c’est une école, après tout. Je ne comprends pas vos craintes par rapport au fait de vous y rendre ; pourquoi croyez-vous que cela puisse vous apporter des ennuis ? L’Institution Charles Xavier est une école reconnue par les Etats-Unis, et nous ne jugeons pas nos pairs. Pour la plupart, nous sommes là-bas pour apprendre à contrôler nos dons, pour pouvoir vivre sans nous cacher. A moins que vous n’ayez tué quelqu’un, je ne pense pas que le simple fait de côtoyer une école, aussi spéciale soit-elle, ne pose de problèmes à la police.

Embarquée dans son histoire, Amy s’était détendue, s’ouvrant dans l’espoir de parvenir à aider cette personne qui l’aidait également. Elle comprenait les craintes que pouvait avoir madame Håtjärnen, mais elle ne les trouvait pas justifiées. Souriant en retour, Nephilim regarda Kjerstin d’un œil neuf ; elle n’avait plus de méfiance envers elle, convaincue que l’avocate n’avait pour but de nuire. Tout prenait forme : pourquoi elle avait accepté son dossier, pourquoi le fait qu’Amy soit mutante ne l’avait pas gênée, pourquoi le fait qu’elle tenta discrètement de se renseigner sur l’Institut…

- Si vous voulez vraiment apprendre des choses de l’Institution Xavier, il faudra vous y rendre, madame. J’ai bien peur de ne posséder aucunes connaissances dans les domaines qui vous intéressent. Je pourrais en revanche vous parler de l'Institut en général ou même vous y accompagner, si vous le souhaitez.

L'entr'aide était l'un des maître-mots de l'Institut, et si avait pouvait en ce jour aider l'un de ses semblables, elle voulait le faire.

La réponse de la jeune Amy ne surprit pas vraiment Kjerstin. Elle tentait déjà de lui montrer les nombreux avantages de rejoindre l'Institut, son ouverture, ses possibilités, ... La brune n'avait pas vraiment de plaisir particulier à casser l'enthousiasme des choses, mais il valait mieux remettre lesdites choses en place clairement, pour le coup : Kya n'était pas intéressée. Et parfois, comme elle le disait : « il faut faire pleurer les petits n'enfants ».

- La régénération n'est qu'une facette très secondaire de mes capacités. J'ai à mon actif une demi douzaine de démembrements et mutilations totales, incluant mais ne se limitant pas à des crânes écrasés à coups de panneau de signalisation, des membres éparpillés, des mâchoires voltigeantes, et des vertèbres arrachées. Sur sujets vivants.

Pam. Comme un gros coup de maillet sur une cloche aiguë au son glacial et désagréable, légèrement dissonnante. Le genre de son qui impose un silence glacial dans la salle, et fait grincer des dents les plus sensibles. C'était en tout cas l'objectif ici : préciser qu'il ne s'agissait pas juste d'un problème de cicatrisation, et au fond, développer une certaine forme d'intimidation qui lui permettrait de garder un relatif contrôle sur la conversation.
Elle n'avait toutefois pas évoqué le coup de faux. Elle ne l'évoquait d'ailleurs jamais.

- Le pouvoir s'active sous certaines conditions, je cherche à les maîtriser, le seul lien que j'aurais donc avec l'institut serait le développement d'une solution médicale. J'ai terminé mes études comme vous le voyez, je ne suis pas et ne compte pas devenir enseignante, ni assistante. Il est dans mon intérêt de pouvoir éteindre ce pouvoir à volonté, et l'Institut aurait peut-être des connaissances permettant de le faire, mon intérêt s'arrête là je dois bien le dire.

C'était bref, relativement sec, efficace. Informatif. Pour une fois l'avocate faisait dans le concis et ne semblait pas chercher à s'étendre plus encore sur les détails. Elle considérait en avoir donné plus qu'assez jusque là.

- Par conséquent, je trouverai probablement un moyen ou l'autre d'entrer en contact avec les bonnes personnes, mais je vous remercie de votre intérêt.

Amy fut choquée par les dires de Kjerstin, son visage se figeant dans une expression de peur ; l’avocate était une meurtrière et une bouchère, à l’origine de plusieurs homicides des plus violents, à en croire ses dires. Et elle parlait de cela avec un tel détachement que cela rendait la révélation encore plus terrible, et choquante. Tremblant de terreur en comprenant qu’elle était bien plus en danger qu’elle ne l’avait crue, Amy n’osa même pas bouger. Elle se trouvait dans une position très délicate, et malgré ce que Kjerstin avait montré jusque là, elle avait probablement de gros soucis à se faire.

Indifférente à l’état d’Amy, l’avocate poursuivit en précisant que son pouvoir n’était pas actif en permanence, mais nécessitait certaines conditions qu’elle cherchait à maîtriser ; Kjerstin n’était donc intéressée que par une solution médicale. Elle n’avait pour but d’avoir aucune autre relation avec l’Institution Xavier autre que l’aide qu’elle pouvait lui fournir.

Et si l’Institut ne lui venait pas en aide, elle trouverait quelqu’un d’autre.

Amy bredouilla quelques instants, ne parvenant pas à se calmer alors que son cœur, étreint par la peur, faisait affluer le sang vers ses jambes. Le bout des doigts blanchit et tremblante de tout son corps, Nephilim dût mobiliser toute sa volonté pour parvenir à formuler des propos cohérents.

- Que… que… que vous avaient-ils fait ? C… C’est pour cela que… vous craignez vos… pouvoirs ?

Amy avait besoin de trouver une explication, ne parvenant pas à se figurer la personne en face d’elle en train de massacrer des humains ; Kjerstin n’avait pas l’air de ce qu’elle affirmait être, ou en tout cas Amy refusait de le croire.

- Ce… ce n’était pas… volontaire… n’est-ce pas ? C’est… c’est pour cela que vous… vous voulez le contrôle. Pour… pour que cela ne se reproduise pas…

Nephilim ne parvenait pas à se calmer, malgré toute la bonne volonté qu’elle pouvait y mettre. La femme en face d’elle incarnait une violence qu’elle-même refusait ; mais cela lui apprenait une chose : Jubilee avait raison, il fallait parfois se battre pour préserver la paix.

Amy n’était cependant pas prête à prendre les armes pour ses convictions. Une douleur la prit dans le dos alors qu’elle commençait à se calmer ; dans sa peur, son corps avait réagit pour augmenter son apport en oxygène. Elle avait déployée ses ailes sous son t-shirt, lesquelles, malgré leur petite vingtaine de centimètres, n’avaient la place de s’étendre. Portant sa main droite contre ses omoplates, tentant de ranger à nouveau ses excroissances pulmonaires manuellement, elle eut quelques difficultés à respirer.

Clairement, son annonce avait fait son petit effet. Dans un sens c'était l'objectif... Ceci dit, mieux valait éviter de la paniquer non plus, cela pouvant terminer en une situation plutôt désagréable : une jeune cliente qui part en pleurs d'un bureau ça ne fait pas un très bon effet, et en règle générale, les "big boss" de la compagnie auront peut-être deux mots à en dire. Certes évidemment Amy ne semblait pas en être là, mais montrait d'évidents signes d'inconfort que Kya s'empressa d'atténuer dans une certaine mesure.

- Disons que des situations de ce type sont causées par une impossibilité à contrôler ledit pouvoir, c'est pour cette raison que je recherche le concours d'experts qui sauraient peut-être y faire quelque chose. Mais après, ce "déclenchement" involontaire n'est causé que dans des conditions très spécifiques qui ne sont pas vraiment réunies ici, loin de là.

Elle finit par faire un geste de la main, tout en haussant les épaules, l'air de dire "peu importe", comme si au fond ce n'était pas grand chose. Il fallait de toutes façons avouer que quelque part, ce qui lui posait le plus de problèmes avec le fait de massacrer des personnes, c'était les ennuis potentiels que cela pourrait LUI créer à elle, et non le fait que des gens aient été tués. Cette insensibilité était d'ailleurs une des raisons principales qui faisait qu'elle avait acquis un contrôle partiel de son pouvoir... Très partiel, trop à son goût même, la preuve en était qu'elle était en train d'en parler à une jeune élève de l'Institut Xavier. Restait à voir si celle-ci fuirait en hurlant, ou au contraire parlerait de la situation à quelqu'un susceptible de l'aider. Ou mieux encore...

- C'est en tout cas pour cette raison qu'une occasion de me rendre sur place, un motif "transparent" du moins, comme l'examen ou l'édition d'un certificat de scolarité, m'aurait permis d'entrer en contact avec eux pour voir cela. Mais je suis quelqu'un de patient, et au fond, je suis sûr qu'un jour ou l'autre une opportunité de m'y rendre dans un cadre professionnel apparaîtra de nouveau.

La brune ne doutait en effet pas qu'un jour ou l'autre une autre occasion se présenterais, ou un autre moyen d'y parvenir... Mais clairement, elle ne voulait pas être vue par des ennemis potentiels de l'Institut, en train d'y entrer. Si des personnes hostiles à l'Institut y voient aller sans raison, ils concluront immédiatement qu'elle collabore avec eux ou souhaite les rejoindre, et les choses deviendraient alors incontrôlables : attaques de la part des adversaires de l'Institut et/ou tentatives de recrutement, puis tentatives de recrutement de la part de l'Institut "pour la protéger", ou dieu sait quoi d'autre, clairement, ce genre de scénario ne l'enchantait pas une seule seconde.
Bien évidemment... S'il était nécessaire de rejoindre -au moins provisoirement- l'un ou l'autre groupe, elle le ferait... Et peu importe lequel, d'ailleurs : celui qui lui rapportait le plus à titre personnel.

Kjerstin chercha à rassurer Amy, lui disant qu’elle n’avait aucune raison de perdre le contrôle maintenant, qu’elle était en sécurité. Cela rassura Amy, sans pour autant éteindre l’incendie de la peur ; l’avocate fit un petit geste de la main, pour passer à autre chose. Elle semblait parfaitement insensible au mal qu’elle pouvait faire, et c’était cela qui effrayait le plus Nephilim. Les gens comme cela étaient imprévisible, dangereux.

Kjerstin avait besoin d’aide, mais probablement pas uniquement médicale.

Toujours était-il qu’elle ne voulait pas rejoindre l’Institut, car elle pensait que cela lui attirerait plus d’ennui qu’autre chose ; chose qu’Amy ne comprenait pas : ce n’était qu’une école, pour elle. Pas de raison que les forces de l’ordre ou quiconque d’autres ne lui en tienne rigueur. En bref, elle voulait une excuse, professionnelle tant qu’à faire, pour s’y rendre.

Amy se saisit de la première de ses Ala-pulmos, alors qu’elles se calmaient grâce à l’entrainement avec Jubilee. La forçant à rentrer, Nephilim profita du temps offert pour réfléchir à sa réponse. La seconde aile prit également près d’une demi-minute à être repliée dans ses rangements. Bien que cela lui prit du temps, et dû paraitre bizarre à l’avocate, l’italienne ne fournit pas d’explications, trop occupée par ses pensées.

- Je vais vous aider… je me dois de vous aider, madame,

Je peux vous accompagner à l’Institut, où l’on pourra, enfin je l’espère, vous aider ; cependant, ne me demandez pas de mentir à mes professeurs. Si on y va ensemble, il faudra être franc avec eux. Qu’importent les excuses que vous donnerez à vos employeurs, là-bas, seule la vérité comptera.

Se levant doucement, parvenant à peine à calmer les tremblements et retirant sa main droite du dos de son t-shirt, Amy regarda Kjerstin, clignant des yeux pour replier ses membranes nictitantes. Sortant son porte-monnaie, Nephilim commença à rassembler des billets pour payer sa séance.

- Lorsque l’on serra là-bas, on en profitera pour terminer notre affaire, si cela ne vous gêne pas. Je pourrais vous servir de guide, si vous le désirer. Je ne connais pas beaucoup de professeur, mais il nous suffira de trouver l’un des X-Men. Il saura quoi faire. Pour la séance, combien vous dois-je ?

Amy ne savait absolument pas ce qu’elle faisait, elle devait bien l’admettre : elle allait introduire au sein d’une école, de son école, une tueuse, bien qu’involontaire. Elle choisissant contre la logique et la bienséance, de faire confiance à une personne qui avait déjà tué et n’avait aucuns remords à l’avoir fait ; une personne qui, si les conditions étaient réunies, pourrait très bien perdre à nouveau le contrôle, en plein milieu d’un bâtiment remplit d’élèves.

Nephilim tentait sa vie à pile ou face, car si cela tournait mal, elle s’en voudrait pour le restant de son existence. Mais elle ne voulait pas laisser dans la détresse, même si détresse semblait être un grand mot pour la situation de Kjerstin, quelqu’un, encore moins quelqu’un qui l’avait aidée.

Ainsi, faisant fit de la réflexion, de la logique et de la prudence, Nephilim donnait sa confiance à une personne rencontrée quelques minutes plus tôt.

- Avez-vous un moyen de transport pour vous rendre à l’Institut ? Je n’ai pas la chance d’en disposer.

Visiblement, Amy avait quelque peu changé d'avis sur le fait d'amener la brune dans l'Institut... Ce qui au fond arrangeait plutôt les affaires de Kjerstin, elle décida donc de ne surtout pas dire non, ou jouer le coup du "oh non mais ce n'est pas la peine mais si vous insistez..." qui était, quelque part, le genre de jeu qui n'apportait rien de particulier. L'étudiante restait visiblement quelque peu... stressée, mais un peu moins, c'était le principal. Ironiquement, le fait qu'elle soit insensible à ces massacres était également la raison du contrôle certes partiel, mais non moins existant, qu'elle avait de ses capacités quelque peu particulières.

- De ce côté-là il n'y aura pas de soucis, commença Kya en haussant les épaules, leur raconter n'importe quoi ne m'amènerait à rien donc je ne vous demanderai certainement pas de mentir à vos professeurs. La couverture est strictement professionnelle, et potentiellement légale.

Et potentiellement contre tout observateur indiscret, aussi. Dans le genre indiscret, Kya observa un instant Amy alors que celle-ci tentait de remettre ses "ailes" en place, semblant se demander ce que c'était que cette histoire. Visiblement, tout comme la régénération de Kjerstin n'était qu'un aspect du pouvoir, les yeux étranges de la jeune étudiante n'étaient aussi qu'une face visible du sien... Elle se demandait d'ailleurs de quel genre de pouvoir elle pouvait disposer, cela dit, elle ignorait tout de "l'étiquette mutante" vu qu'elle avait toujours soigneusement évité les communautés mutantes. De fait, elle ne savait pas trop s'il était "poli" ou non de demander à un autre mutant quelles sont ses capacités. Au fond... Cela pourrait être déplacé de le faire, surtout si le mutant face à soi a un pouvoir particulièrement inutile, voire handicapant.

Sans demander plus de détails donc, elle se mit à rassembler quelques affaires, des papiers principalement, ainsi qu'une tablette tactile qu'elle venait de débrancher du port USB de son ordinateur, les rangeant assez proprement dans une petite sacoche qui était à l'image de l'avocate. Fonctionnelle, de bonne qualité, mais sans attrait particulier ou folie spécifique. Sobre, fonctionnel, résistant.

- Pour la séance, laissez ça, en règle générale de toutes façons on ne paie pas "cash" comme ça. Et dans un sens, je l'ai appris bien trop tard hélas, donc je vous le dis au cas où ça vous servirait : un service ou une faveur vaut parfois nettement plus que de l'argent, croyez-moi... C'est un investissement nettement plus intéressant.

Et en l'occurrence, un investissement rentable, vu que cela lui permettait d'approcher des personnes de l'Institut en toute discrétion. Clairement, elle ne comptait pas une seule seconde rater une telle occasion. Une fois les membranes vertes d'Amy rétractées, Kya afficha un petit sourire amusé, ajoutant :

- Je pense aussi que laisser tomber les couleurs de ce type est une bonne idée pour l'instant !

Ayant enfin terminé de tout préparer, l'avocate sortit du bureau -non sans tenir la porte ouverte à sa cliente- et se dirigea tranquillement vers la sortie, signalant à la femme se trouvant à l'accueil :

- Je dois aller vérifier des documents avec mademoiselle De Lauro, si maître Crane veut me voir pour l'affaire Tenson dites-lui qu'il est déjà passé ce matin pour l'audience de report, que j'ai réussi à renvoyer ça aux calendes grecques, et qu'on doit le voir à 16h30, je serai revenue d'ici là.

La brune appela alors simplement l'ascenseur, invitant visiblement l'étudiante à la suivre, avant d'appuyer sur le bouton les menant au sous-sol, les parkings donc. Comme toujours, la voiture de Kya... Sobre fonctionnel et de bonne qualité. A vrai dire, miss Håtjärnen préférait se déplacer à pieds, ou en transports en commun, la majeure partie du temps, mais il fallait malheureusement parfois se déplacer en véhicule. Ainsi, sa voiture restait garée en permanence au bureau, et elle faisait les trajets entre chez elle et son lieu de travail par d'autres moyens, moins consommateurs en essence.

Le véhicule vers lequel Kya se dirigeait était une Toyota Prius noire, une de ces voitures japonaises récentes avec des dizaines de gadgets que certaines considéreraient comme inutiles. La femme du nord n'était pas non plus une adepte du gadget à outrance, mais au fond ça ne la gênait pas outre mesure.

- Notre carrosse est avancé ! lança-t-elle alors qu'elle ouvrait les portes.

Kjerstin admit qu’elle n’avait besoin que d’une excuse « publique » pour ce rendre à l’Institut, et qu’une fois là-bas, cela ne lui apporterait rien de mentir. L’avocate faisant tout en fonction d’une rationalité presque effrayante, n’agissant que par intérêt et faisant fit de toute émotion. Si Amy n’avait put lire sur le visage de Kjerstin, elle aurait put penser qu’il s’agissait d’une psychopathe ou d’une asperger, ce qui n’était cependant pas le cas. Son insensibilité lui venait de l’expérience, très probablement.

Alors qu’elle rassemblait ses affaires dans une sacoche, Kjerstin indiqua à Amy de ranger son argent : d’une, on ne payait pas en liquide, et de deux, un service ou une faveur valait nettement mieux qu’une somme d’argent. Le terme d’investissement ramena Nephilim à ses conclusions précédentes. Le trait d’humour de l’avocate concernant les membranes nictitantes fit sourire l’italienne, assez contre elle il fallait bien l’avouer. Très probablement que la femme voudrait détendre l’atmosphère, voir même créer un lien, factice probablement, pour manipuler les conversations à venir. Si Amy savait détecter les mensonges, elle n’avait pas non-plus de grandes illusions sur sa propre naïveté. Elle s’en était pas sortie si mal jusque là, si l’on omettait le fait qu’elle invitait une meurtrière à son école.

Quittant la pièce non sans tenir la porte à Amy, Kjerstin prévint sa secrétaire qu’elle avait de la paperasse à vérifier, mais qu’elle serait rentrée avant son prochain rendez-vous. Allant à l’ascenseur, l’italienne sur les talons, l’avocate dirigea la cabine jusqu’aux parkings, très probablement au sous-sol. Amy n’avait jamais eut le vertige, aimant même les endroits en auteur, pour la liberté et les panoramas qu’ils lui apportaient, cependant les ascenseurs étaient tout autres choses : exigües, étroits, presqu’oppressants. Ils bloquaient la liberté et emprisonnaient comme une cage, ce qui dérangeait Nephilim. Cependant, elle n’était pas non-plus claustrophobe ; ainsi, si elle n’appréciait pas ces boîtes de métal, elle n’était pas non-plus stressée à l’idée d’en emprunter un. Son stress du fait de la présence de Kjerstin devait être bien plus visible.

Arrivées sous terre, autre lieu qu’Amy n’estimait guère, l’avocate se dirigea vers sa voiture, un engin noir, japonais, et à l’image de sa propriétaire, sobre et fonctionnelle. Au moins, quant l’avocate faisait quelque chose, elle le faisait complètement ; dommage qu’il en fut de même pour les meurtres, bien que ses derniers furent plus des accidents. Kjerstin ne les ayant qualifiés ni de l’un ni de l’autre, se contentant de décrire les faits, Amy n’avait aucune idée des sentiments que pouvait ressentir la femme à l’encontre de ses crimes ; et comme elle n’en montrait aucun, Nephilim ne pouvait tirer aucune conclusion.

- Notre carrosse est avancé !

Amy sourit une fois de plus face à la bonne volonté de Kjerstin, ce qui la désorientait encore. Mais elle avait fait son choix, alors elle allait s’y tenir. Nephilim montant du côté passager, sortant son portable pour envoyer un SMS à son taxi précédant, demandant à Évangeline de ne pas l’attendre : elle avait un autre moyen de rentrer. Mettant sa ceinture, l’italienne fut prête à partir.

RP TERMINE pour Amy

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