X-men, le jeu de Rôle
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 Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes]

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MessageSujet: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes]   Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 1:06

[Suite du RP "Like Spinning Plates" initié par Ghinzu]


Le chemin ne fut pas très long jusqu'à l'immeuble, mais jalonné par les avatars de la destruction de l'Humain. Là un clochard et son chien rachitique, là une fille de joie bon marché, plus loin des dealers qui échangeaient leur marchandise sans craindre d'être entendus, et partout l'odeur nauséabonde de l'urine, de l'alcool frelaté de longue date, et du sang versé souvent sans but ni raison.

La jeune femme marchait vite, car elle ne voulait pas perdre de temps dans cet environnement là, et était trop impatiente d'ouvrir son cocon à celui qui la suivait de près. Elle ne voyait même plus la déchéance de l'homme autour d'elle, c'était devenu si banal dans sa vie de voir les oiseaux se briser tous les os en s'écrasant aux trente-sixièmes dessous, où elle venait de rencontrer un être céleste aux ailes souillées...



Elle ouvrit la porte de l'immeuble en la poussant simplement, l'entrée qui se classait parmi les plus vandalisées de la ville n'étant jamais fermée, au profit des sans-logis mais pas uniquement. Il n'y avait personne ici ce soir-là, et la jeune femme passa sans prêter un regard au théâtre glauque qui servait de préambule à la scène d'exposition qu'elle avait proposée au pianiste.
Quatre étages, sans ascenseur et sans paroles. Juste quelques coups d'œil rassurés et encourageants, un sourire assorti accroché aux lèvres.

L'ascension se termina finalement dans un sinistre couloir au bout duquel une porte noire mal en point arborait avec une fierté toute relative un chiffre privé de son parent perdu : le numéro 9, à moins que ce ne soit un 6... La jeune femme sortit une unique clé d'une de ses poches, ouvrant le césame final sans emphase mais avec dextérité.

La porte s'ouvrit sur le conseil des ombres qui interrompirent leurs murmures quand leur reine fit entrer l'âme égarée.


" Allez-y. Vous pouvez enlever vos chaussures et votre veste, si vous voulez. " fit-elle en désignant d'un regard le porte-manteau utile à la seconde action proposée.

Une fois qu'il fut entré, elle referma la porte à clé, tourna le verrou deux fois et mit la chaîne de sécurité, dans une suite de cliquetis dansants qui vinrent chatouiller les oreilles du nouveau venu avec l'air joueur de jeunes chiens entravant vos pas...

" Et surtout n'hésitez pas, faites comme chez vous, installez-vous comme vous le voulez. Je tiens à ce que vous vous sentiez bien. "

Ashe se dirigea dans l'obscurité percée par les rayons pâles de la lumière nocturne et alluma une lampe halogène, puis une autre, révélant le coin salon dans une lumière qu'elle choisit tamisée, puis le son de ses pas la traça jusqu'à sa longue table de travail où, sans même avoir besoin d'y voir clair, elle prit son appareil photo.
Aussitôt en main, il émit le léger bruit de l'électronique qui s'éveille sous ordre de son maître, et il ne fallu qu'une seconde à la jeune femme pour prendre un premier cliché de son invité qui se tenait à plusieurs mètres d'elle, plongé dans une pénombre chaleureuse.

L'absence de flash n'empêcha pas la reconnaissance des détails et l'effet de surprise donna toute sa pureté au naturel. Après avoir apprécié le résultat d'un bref coup d'œil, la maîtresse de maison fit quelques pas vers son hôte tout en cherchant un angle intéressant.

" J'espère que mon antre vous plaît. Il semblerait que j'aie vécu pour ne voir la lumière que cette nuit. "

Un autre cliché, une autre vérification, un autre déplacement vers lui.

" Préférez-vous que je vous baptise, ou me donnerez vous votre nom? Si vous optez pour la première option, nous imaginerons que nous sommes deux anges, et vous serez libre de m'inventer un alias pour ma venue dans le monde que nous allons créer. "

Elle semblait tout à son art, selon ce que ses mots pouvaient laisser voir. Toute son attention était là, concentrée sur son invité. Elle lui proposait l'écriture d'une partition à quatre mains, et selon ce qu'il décidait d'adopter comme posture, elle tisserait une trame sur laquelle il poserait sa griffe voluptueuse, ainsi qu'elle l'avait vu faire au bar quelques instants auparavant.

Ashe baissa son appareil en laissant se poser, telle une gaze légère, un silence contemplatif de plusieurs secondes, se replongeant avec délice dans le regard étincelant de son cher inconnu.

" N'oublions jamais que la vie est un jeu mortel, et que nous jouons sans cesse. Comme en ce moment-même. "

Elle lui sourit avec une tendresse non masquée, pourtant entachée de mélancolie, et reprit son travail.

" A propos, si vous voulez faire le tour du propriétaire, ne vous gênez surtout pas. J'allumerai des flambeaux pour vous... Lucis fero. "
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MessageSujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes]   Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 15:34

Rien ne viendrait plus d’intéressant de ce matin froid en ce mois de décembre de l’année 1922. La neige se faisait attendre et Paris avait le vague à l’âme. Déjà le bruit des chevaux se mêlait avec la cacophonie des moteurs des voitures. La ville était entre deux époques, elle voulait murir au sortir de la Grande Guerre, le siècle venait de se déniaiser abandonnant ses illusions de jeune enfant pour entrer dans le temps de la responsabilité des adultes. Sa mue était palpable, visible et malodorante comme tout ce qui faisait le décor de cette chambre de bonne du quartier de la Butte.
Assis sur le lit, il écoutait les anges qui mouraient et renaissaient dans une farandole quotidienne. Chaque jour poussait l’autre, chaque nuit accouchait d’une même plainte douloureuse dans une fuite en avant éternelle mais cette réalité due à son gêne lui échappait encore. Il jeta un regard distrait vers le lit. Une courbe féminine se dessinait d’un revers charnu offrant une perspective qu’un grand maitre de 19eme siècle aurait sans doute appréciée. Une longue crinière rousse se découpait sur une peau quasi laiteuse. Comment s’appelait-elle déjà ? Un prénom irlandais peut-être…impossible de s’en souvenir et en définitif cela n’avait que très peu d’importance. Il l’avait consommé sans extase et sans amour, juste une envie de remplir un corps d’étoiles avant de retomber le cœur en cendre comme aurait si bien dit un chanteur des rues.
Il reboutonna sa chemise laissant sa cavalière d’un soir reposer, elle sortait de son existence aussi rapidement qu’un météore. On vivait d’excès mais on en mourait rarement. Il attrapa son haut de forme avant de s’engouffrer dans le corridor, fermant derrière lui le chapitre de la journée précédente. Tout en dévalant les marches, l’esprit embrumé de vapeurs d’alcool, il essaya de trouver une nouvelle raison de pousser l’existence jusqu’à l’aube du lendemain. La rue s’offrait à lui, bruyante et rassurante encombrés de fantômes qui ne pouvaient pas se voir. Ses pas ralentirent près d’une librairie où il jeta un regard négligeant aux étales. Puis d’un geste emprunt d’une grande dextérité il consulta sa montre en or l’expression grave.
Une voix vint briser la routine de ses actions anodines.

« Excusez-moi ? »

Hopes mit un temps à réagir, sans doute les restes de ses mois de dépravations d’une descente effrénée vers l’enfer de la flagellation morale. Elle était là, fragile et gracile avec ses grands yeux qui le perçaient comme si déjà depuis toujours elle l’attendait pour lui adresser ses quelques mots. Le vent agitait ses longues boucles noires. Son sourire était pâle et lui donnait un air halluciné.

« Ca fait quelques instants que je vous observe, est-ce que cela vous ennuierait de poser pour moi ? »

Daniel resta silencieux et comme légèrement perplexe. Comme le silence devenait gênant. La jeune fille justifia sa requête sur le même ton toujours enjoué.

« Je suis Artiste Peintre, je me nomme Amélie Duchesnes. J’habite pas loin d’ici ? Ca vous direz de venir chez moi ? »

C’est la saison des météores pensa le jeune homme en souriant perfidement.





Cette ballade avait permis au professeur de rassembler quelques peu ses esprits. La misère, il en connaissait toutes les facettes pour avoir été de ceux là qui l’éprouve jour après nuit. Il faut avoir vécu pour savoir ce qu’est la vie et pour Hopes, ce monde ne se décline qu’en expériences. Le charme qu’opérait sur lui son inconnue vénéneuse commençait à s’estomper.
Il ne restait qu’une curiosité à assouvir et une mélancolie à transfigurer dans u moment particulier. Daniel retrouvait son masque impassible et pragmatique car avant tout il sentait que pour la première fois depuis longtemps, il avait perdu le contrôle. Il ne fit aucun commentaire lorsqu’il pénétra dans l’antre de la jeune fille.

" Allez-y. Vous pouvez enlever vos chaussures et votre veste, si vous voulez. "

Il n’en fit rien. Sans ses chaussures, il se serait sentit légèrement ridicule et sans sa veste, elle aurait pu s’inquiéter de la terrible lame qu’il portait dans un holster au niveau des cotes. Il n’était pas courant, même à cette époque de se mouvoir avec un attirail de la sorte. Il la regarda papillonner et l’enfermer comme un trophée d’un safari nocturne. Elle ignorait le prédateur qu’elle venait de prendre dans sa toile .La question lui caressa l’esprit lorsqu’elle se barricada. Qui piège qui ?

Son regard changea lorsqu’il entendit le déclencheur de l’appareil. Légèrement surprit, son réflexe de prédateur se mit en route. Il savait qu’il lui faudrait moins d’un dixième de seconde pour figer le temps, la projeter au sol , dégainer son allée mortelle et rependre le liquide carmin à même le planché. Il se vit la tuer sans autre jugement, pour toute sorte de raison. Parce qu’elle l’avait piégé et gagné un round sans qu’il ne s’en rende compte, parce qu’elle était Amélie revenue d’entre les morts pour marteler son âme coupable, parce qu’elle se servait de lui sans en demander la permission. Parce qu’il la trouvait particulièrement attirante et qu’on aime ce qui nous fait mal. Il se contenta de planter ses mains dans les poches en détournant légèrement le regard.

" J'espère que mon antre vous plaît. Il semblerait que j'aie vécu pour ne voir la lumière que cette nuit. "

- Je vois…vous discernez mieux les ombres de cette façon, prenez garde cependant à ce que les ténèbres n’obscurcissent pas définitivement vos iris. La lumière d’un lendemain pourrait s’avérer compromise à adopter un tel comportement..à moins que..ce soit précisément le frisson que vous désiriez ?

Daniel retrouvait sa verve et les mots choisis avec un soin particulier coloraient à leur façon l’aspect atypique d’une telle rencontre. De l’atypisme au drame, il n’y a souvent qu’un pas. Il se déplaça vers une des tables du salon, son regard analysant l’antre cherchant à y déceler plus sur la personnalité de la maitresse des Ombres.


" Préférez-vous que je vous baptise, ou me donnerez vous votre nom? Si vous optez pour la première option, nous imaginerons que nous sommes deux anges, et vous serez libre de m'inventer un alias pour ma venue dans le monde que nous allons créer. "

Il laissa échapper un rire bref et se fendit d’un sourire énigmatique.


- Vous voulez déjà refaire le monde ? celui là ne vous conviens pas ? Je ne crois pas assez en Dieu pour me prétendre son messager. Vous en avez peut être la beauté légendaire, mais moi surement pas la pureté du cœur. Quand à l’étrange idée de vouloir réécrire la genèse…permettez-moi de décliner l’offre. ..ma vie entière fut une mascarade bien amère au point que je souhaite plus entendre mon nom. Restons-en à la sincérité Mademoiselle Lovelace….un prénom atypique, Ashe.

Amusé par son effet de surprise il se contenta de faire un pas vers la table et de lui désigner une lettre nominative décachetée qui y trainait avec négligence.

- Malgré un âge très avancé, ma vue reste excellente. Daniel…Hopes. Vous pouvez à présent poser les bases de notre monde.

Elle resta interdite une seconde avant de poursuivre laissant apparaitre des sentiments qui n’échappaient à l’œil du professeur.

" N'oublions jamais que la vie est un jeu mortel, et que nous jouons sans cesse. Comme en ce moment-même. "

Le problème c’est qu’il finit si vite que vous ne pouvez pas vous en rendre compte. J’ai un rapport à la mort qui vous échappe, Mademoiselle. Lorsque les ténèbres vous enserrent le cœur, ne souhaitez jamais des choses qui pourraient réellement arriver *


Sous l’invitation de son hôte, Daniel se lova dans un fauteuil penchant le corps en avant et posant le plat de la main sous son menton. Le déclic de l’appareil ne le gênait plus, toute son attention était à présent focalisée sur Ashe. Elle lui avait proposé un jeu qui l’intéressait au plus haut point, et il avait décidé de s’y abandonner totalement. Il la trouvait envoutante, sensuelle et charmante et décida de ne quitter ce lieu que lorsqu’il en aurait comprit l’alchimie.

- Alors ? Vous ne m’avez pas répondu dans le bar ? Vous connaissiez les conditions…
Allez-vous être une commette ou un météore ? Je me demande lequel des deux… comme vous le savez, nature parfois identique, mais destin différent..l’un revient, l’autre s’écrase. ;.même s’ils disparaissent tous deux avec le temps, inexorablement.


Il lui sourit d’une façon charmante laissant entrevoir l’esprit malicieux et charmeur qui l’animait mais qu’il enfouissait sous une carapace détachée et froide.

- Surprenez moi.



* En français sans accent.
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MessageSujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes]   Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 17:32

Le fait qu'il ignore la plupart de ses propositions ne la vexa nullement, mais évacua le dernier écran d'illusion mystique qui le recouvrait, le faisant homme avant être humain. Ses longs cils sombres donnaient par le léger plissement de ses yeux une expression plus sérieuse et moins inoffensive aux deux joyaux qu'ils entouraient, métamorphosant son apparente candeur des premiers temps en sensualité nouvelle, fenêtre ouverte sur la femme cachée sous le masque de l'enfant.

Si la distance restait la même, il prenait un ton plus supérieur cette fois, rappelant sans qu'elle l'y ait invité ce qui faisait qu'il la devançait de loin, de bien des manières, ne serait-ce que par cette maîtrise parfaite du français qu'Ashe ne comprenait pas, mais reconnaissait pour l'avoir entendu à de nombreuses reprises.
C'était chose certaine et jamais elle n'avait songé prendre les choses sous l'angle inverse, mais s'il l'avait perçu ainsi et s'était senti touché au point de se couvrir, pensa-t-elle, alors c'était tant mieux. Il y avait un point partout, et elle ne voyait pas d'inconvénient à ce que son nid prenne les couleurs d'une arène.

Mais dans cette arène point de coups sans caresses, semblait-il, et comme il présentait son jeu à demi-voilé, autant le suivre sur cette voie. Y aurait-il une souris dans ce jeu de chats?

" Alors ? Vous ne m’avez pas répondu dans le bar ? Vous connaissiez les conditions…
Allez-vous être une commette ou un météore ? Je me demande lequel des deux... Comme vous le savez, nature parfois identique, mais destin différent... L’un revient, l’autre s’écrase. Même s’ils disparaissent tous deux avec le temps, inexorablement.
"

Elle haussa un sourcil. C'était un premier coup de griffe, ou elle ne s'appelait pas Ashe, aussi "atypique" que fut son nom. Sa vision d'elle était vraie, mais elle détestait que l'on joue à foncer dans le décor. Elle eut un sourire pincé.

" Surprenez-moi ", ordonna-t-il.

Avec une œillade amusée, elle se détourna, s'enfonçant de nouveau dans l'ombre pour contourner les meubles.

" Ce que j'ai vu là-bas ce n'était pas le regard d'un homme, mais d'un immortel. "

On entendit le bruit d'un placard qui s'ouvrait et se fermait.

" Bien que, sachez-le, je n'aie jamais présumé de votre âge. Il m'importe peu. Nous savons tous les deux que je ne suis sans doute qu'une nouvelle-née comparée à vous, comme le sont tous ceux de mon âge au regard de certains.
Seulement vous garderez vos comètes et vos météores, je ne suis pas de celles qui se posent sur n'importe quel chêne sous prétexte qu'il y a là une expérience solide sur laquelle nicher. Détrompez-vous.
"

Elle revint en passant, féline, près de lui, l'appareil toujours pendu au cou, avant de presque laisser tomber une bouteille d'alcool fort sur la table basse, et de s'installer dans le fauteuil opposé.

" Quitte à être perdante, je veux perdre tout à fait. "

Elle croisa les jambes et s'adossa au cuir, dans une pose qui n'avait rien de juvénile.

" Vous m'avez demandé ce qu'il en était de l'ivresse. Sur l'instant je n'aurait pas su vous répondre, mais maintenant je vois qu'il n'y en a plus trace, et cette sobriété, c'est de la triche.
Vous m'avez aussi demandé ce qu'il en était de l'ennui,
ajouta-t-elle immédiatement, l'ennui j'en vois beaucoup mais il vibre, c'est un ennui fort affairé... Il y a dans vos yeux bien plus de choses qu'il ne saurait y en avoir dans les miens, et pourtant, leurs voies ses sont croisées.
A votre attitude, je n'y vois qu'un mensonge. Et je ne perçois plus qu'une beauté subjective.
"

Elle ôta la lanière de l'appareil, le posa sur la table, et sans cesser de le regarder, se défit de la veste noire qui couvrait ses bras et masquait la profondeur de sa gorge sur laquelle la demi-lumière se miroitait en dessinant à l'ombre des gestes les délicats prémices de la luxure.
La jeune femme se pencha en avant, tendant la main vers le breuvage.

" Mais il n'appartient qu'à vous d'abaisser les murs noirs que vous avez disposés pour que je ne me mire plus là où j'avais cru percevoir quelques échos... Nous ne sommes pas dupes au point de croire que je constitue un péril. "

Elle avala une gorgée d'alcool et reposa la bouteille en se penchant plus encore, s'avançant sans brusquerie devant celui qui lui faisait face.

" Comment pourrais-je surprendre un homme dont les yeux trahissent une siècle de surprises, peut-être même plus... "

Elle n'avait pas la moindre idée de l'âge qu'il pouvait avoir ni même - encore moins - de quel pouvait être son pouvoir; cependant, elle était plus que certaine de ne pas s'être trompée. Tout ce qu'elle était en mesure de constater se trouvait là, l'invitait au voyage, mais se refusait à une approche d'égal à égale.

" Ne faites pas semblant de vouloir jouer, quand vous ne voulez pas risquer de perdre. "
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MessageSujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes]   Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 19:18

Il écouta calmement les réparties qui se livraient à la pénombre. Son âme était agitée de sentiments contradictoires. Il gardait le visage impassible mais chaque phrase faisait mouche. Ce n'était assurément pas une petite fille, c'était un belle femme, fatale et dont l'esprit était aussi aiguisé que sa lame. Bien entendu, Hopes repoussa la colère car son orgueil était mis à mal. Elle le démontait avec une facilité déconcertante, voyant les plans derrières les plans. Il avait dégagé un écran de fumigène, elle fonçait à l'instinct, frappant et cognant où ca fait mal à chaque reprise.
Il croisa les bras et afficha une expression pensive, le destin hésitait avec lui. De toute évidence , vouloir reprendre le contrôle ne mènerait qu'à l'impasse et ce n'était pas ce qu'il voulait. Cette rencontre était devenu d'une importance capitale pour lui et pour des raisons dont certaines lui échappaient encore.
Il laissa échapper un long silence ne pouvant dégager son regard du sien. Il le rompit par un soupire qui avait tout d'une capitulation.

A la lumière de vos déductions, vous n'êtes ni un météore, ni une commette...vous êtes un astre.

Sans attendre il se leva et lui tourna le dos se déplaçant avec lenteur vers le porte manteau. Il ôta sa veste et l'accrocha, puis jeta un regard entendu à la jeune femme. Il n'avait de toute façon plus rien à cacher à sa perspicacité enivrante. Il dégrafa son holster dont le manche en ivoire préfigurait la mortelle lame et l'envoya rejoindre sa veste en un geste d'une lenteur calculé. Il se déplaça vers elle et la regarda avec un sourire entendu.

Je n'ai plus grand chose à perdre mais je n'ai pas l'envie de jouer. J'ai 116 ans pour être plus précis et j'ai quelque chose à vous offrir...parce que personne jusqu'ici n'a réussit à me cerner avec une telle précision...jamais personne.


Il se lova à son tour face à elle, rapprochant son fauteuil pour être plus au contact. Il pris la bouteille d'un geste vif et bu. Brulant, pas très bon et même pas désaltérant. Il se sentait à présent l'esprit clair, il n'était plus sur la défensive.


Pas immortel cependant...je vieillis plus lentement. Je suis ce qu'on appelle communément un mutant.

Il lui tendit la bouteille.

Vous ne risquez pas de me voir rouler sous la table, ca ne me fait rien, ni les poisons d'ailleurs, ni les drogues...et j'ai tout essayé pour faire taire la douleur...la douleur de vivre, cette souffrance, je la vois dans vos yeux. Nous sommes si loin et si proche.
La douleur est moins vive à présent mais certains soirs, mon âme "déborde".


Il parlait sans retenu. Ce spleen, il l'abordait rarement car il n'avait jamais rencontré personne avec qui le partager de cette façon. Il la regarda plus sérieusement. Son expression de visage était plus sereine et paradoxalement plus douloureuse.

Qu'est ce que je peux faire pour vous ? Qu'est ce que vous attendez de moi...je vous dirai tout ce que je peux vous dire.
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MessageSujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes]   Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Icon_minitimeMer 5 Mai 2010 - 22:44

Le soupir qu'il exhala n'apporta à la jeune femme qu'une satisfaction symbolique. Elle n'aimait pas foncièrement mettre les gens au tapis, mais c'était une question d'intégrité, finalement. Même dans un jeu de séduction et de découverte d'un autrui particulier, comme le leur.

" A la lumière de vos déductions, vous n'êtes ni un météore, ni une comète... Vous êtes un astre. "

Elle eut un sourire plus franc, traduisant son amusement d'être plus ou moins qualifiée de "lumière" - même si ce n'était pas ici la signification donnée précisément à l'astre.
Alors qu'il se levait sans délai pour abdiquer par le geste, en transformant l'objet d'une invitation en ordre, elle pensa à ce qu'elle se serait permise comme une dernière remarque à titre indicatif, dont elle craignait qu'il ne la prît comme une attaque supplémentaire totalement superfétatoire.

Si elle devait le croire à propos de son intimité avec la mort, il semblait qu'en contrepartie, il n'avait pas osé se brûler les ailes en compagnie de l'Homme... C'était sans doute cela qui octroyait la hauteur qu'il fallait à une enfant comme elle pour que leurs yeux s'interpellent. Si elle ignorait tout de son acuité au regard de ce que la Faucheuse décide, elle n'avait pas la même inexpérience de ce qui concernait la Fin en elle-même, et ne pouvait que demander humblement à son interlocuteur de ne pas considérer trop tôt son irréflexion en la matière.
Mais elle ne le ferait pas, car elle considérait que son acceptation était déjà donnée et bien suffisante.

Elle releva les yeux vers lui tout en parlant.

" J'espère ne pas vous avoir... "

Elle vit le holster, objet de mystère soudain exposé, et eut pour seule réaction un manque de fluidité verbale qui ne laissa qu'un décrochement d'une demi-seconde à peine à la fin de sa phrase.

" ... vexé. "

Son expression était tout à fait neutre, et bien que ses pupilles aient réagit visiblement sous le coup de l'étonnement, elle comprenait simplement ce que signifiait ce geste et pourquoi il n'en avait rien fait un peu plus tôt. Il n'y avait aucune crainte dans son expression, aucun dégoût, aucune négativité - ce qui pouvait constituer une preuve de la consistance non négligeable de son rapport à la Mort, et à ses émissaires en ce monde. Mais ce n'était absolument pas calculé, juste le témoignage fugace de ce que son passé avait laissé pour marque sur elle.

Elle sourit donc en retour à Daniel qui la rejoignait de nouveau, un sourire engageant qui voulait effacer les rancunes.
Écoutant les informations qu'il lui donnait d'un air énigmatique, à la fois fascinée et peu surprise. En réalité, elle avait l'impression de savoir qu'il était porteur d'un gène mutant depuis le début. Cette profondeur dans son regard azuré, une telle sagesse gravée au creux de deux saphirs jumeaux, ce ne pouvait être ceux d'un humain qui n'avait vécu que la trentaine d'années que son physique affectait, même s'il avait vécu une infinité d'épreuves en seulement trente ans.

Recevant avec douceur la bouteille qu'il lui tendait, elle s'accouda sur sa droite pour renforcer leur proximité, et tenter de se replonger plus loin dans l'immensité de ce regard que, peu à peu, elle commençait à aborder comme un nouvel univers connu d'instinct.

" Vous ne risquez pas de me voir rouler sous la table, ça ne me fait rien, ni les poisons d'ailleurs, ni les drogues... Et j'ai tout essayé pour faire taire la douleur... la douleur de vivre, cette souffrance, je la vois dans vos yeux. Nous sommes si loin et si proches.
La douleur est moins vive à présent mais certains soirs, mon âme "déborde".
"

Elle-même n'avait pas été épargnée par l'existence, et comprenait intimement ce qu'une si conséquente longévité pouvait avoir de pensant. Sans arrière-pensée, elle laissa sa main effleurer celle du voyageur, explorant sa paume et son poignet du bout des doigts.
Comme leurs regards, leurs expressions faciales se répondirent quand il lui demanda :

" Qu'est ce que je peux faire pour vous ? Qu'est ce que vous attendez de moi... Je vous dirai tout ce que je peux vous dire.
- Daniel... Je suis une petite fille de 21 ans, vous êtes pour moi une histoire sans fin que je brûle d'apprendre par cœur, aussi parfaitement que si je l'avais écrite... Il n'y a rien que vous puissiez faire de plus pour moi que ce que vous avez déjà commencé à faire, mon souhait est bien trop orgueilleux. Et c'est déjà à mon tour de vous rendre la pareille. "

Sa main fraîche quitta celle du professeur alors qu'elle se redressait en posant la bouteille pour aller chercher autre chose. Elle revint avec une autre bouteille, moins bâtarde que la première, deux simples un verres à pied et un tire-bouchon fourré dans la poche de son jeans. L'étiquette sur le verre sombre indiquait que le spiritueux n'était autre qu'un Bordeaux vieilles vignes daté de 1995, qu'elle n'aurait jamais pu avoir en sa possession si son frère ne l'avait pas laissée pour elle.

" Je crois savoir que le bon vin doit être traité comme un enfant-roi, mais je n'en ai pas les moyens. C'est un cadeau précieux qu'on m'a fait, je ne veux pas le boire sans quelqu'un pour combler l'absence de celui dont je suis l'éternelle obligée. "

Elle déposa le tout sur la table en mettant le reste à part, et ajouta, sur le ton de la plaisanterie :

" Et puis je me suis dite que quitte à ne pas pouvoir vous souler, autant vous faire plaisir. "

Mais au lieu de se rasseoir, elle regarda Daniel d'un air plus sérieux.

" Mais avant toute chose, il me semble équitable de vous avouer que je ne suis pas considérée comme "normale", moi non plus. Peut-être pourrais-je vous le montrer, si vous me le permettez... J'ai simplement besoin que vous m'accordiez votre confiance quelques minutes. "
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MessageSujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes]   Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Icon_minitimeJeu 6 Mai 2010 - 16:50

- Ce n’est pas parce que tu n’y entends rien que tu n’es pas capable de te sentir toucher par l’émotion de ces couleurs, non ?

Amélie lui adressait un sourire entendu se hissant sur la pointe des pieds pour mieux entrevoir le tourbillon de couleurs qui emmenait la peinture bien au-delà de ce que la perception humaine pouvait laisser supposer. A cette heure tardive de la soirée, les galeries du Louvres se couvraient d’ombres fantomatiques et menaçantes. De rares fidèles s’attardaient encore devant quelques œuvres intemporelles tendit que déjà le silence ensommeillait les lieux. Daniel soupirait. Se faire initier par Amélie avait tout du parcours du combattant, il n’appréciait pas particulièrement le contenu des programmes journaliers mais la fille était si mystérieuse et attractive qu’il avait décidé de se laisser guider par son charme même si les évènements de la première rencontre l’avaient déstabilisé puisqu’il n’avait rien obtenu d’elle qu’une lutte de pouvoir assez étrange mais stimulante. Elle était une sorte de veuve noire complètement abimée par la vie. Daniel avait donc décidé de se contenter de la suivre et de l’observer sans plus rien demander en retour. Ses mystères et ses contradictions l’entrainaient sur une pente « dangereuse » ,leurs noirceurs se nourrissaient mutuellement et ils glissaient au fur et à mesure des mois vers une descente aux enfers contrôlée mais délicieuse.

- Quel intérêt de se sustenter de la vision d’un autre ? je ne comprends pas ce que tu peux trouver de stimulant là dedans.


- C’est parce que tu ne sais pas voir les brisures de l’âme à travers une œuvre…


Elle était extrêmement sérieuse, sa lèvres inférieure mordue sans cesse en un tic nerveux.

- Et veux-tu qu’on compte les nôtres ou veux tu absolument trouver un chemin de douleur inédit, si cette chose te fais du mal, pourquoi y plonger à cœur ouvert ?

- Parce qu’en elle je me vois..moi et mes regrets, mes échecs, mes remords.

- Ah oui ? et que regrettes tu qui t’était si précieux ?

- De n’être que mon ombre…mes vêtements ont déjà l’odeur de la terre et je n’aspire qu’à ca.

Daniel resta interdit devant la dureté des propos de son amie, une vie de remords faisait-elle réellement souffrir celui qui l’endurait ? C’était inconcevable pour lui que ne ressentait plus qu’indifférence. Elle passa son bras entre le sien lui souriant malicieusement puis ajouta sur un ton mi rieur, mi sérieux.

- Je gage qu’après mon passage, tu sauras enfin voir les couleurs…et si nous allions nous enivrer ?





- Daniel... Je suis une petite fille de 21 ans, vous êtes pour moi une histoire sans fin que je brûle d'apprendre par cœur, aussi parfaitement que si je l'avais écrite... Il n'y a rien que vous puissiez faire de plus pour moi que ce que vous avez déjà commencé à faire, mon souhait est bien trop orgueilleux. Et c'est déjà à mon tour de vous rendre la pareille. "


Sa main sur la sienne.
Ca avait quelque chose de bouleversant et réellement excitant. Il fit un effort considérable pour ne pas la quitter dur regard, peut-être sentait-elle que sa peau s'électrisée à son contact. Il est dit qu’un lien psychique d’une intensité rare aiguise les sens au-delà de l’expérience connue. Le professeur à son corps défendant en mesurait toute la justesse du propos. Ce geste anodin et peut être inconscient crée déjà le prélude à une relation plus charnelle et pour tout dire beaucoup plus destructrice et déjà une partie de l’âme du Time tricker l’appelait de tous ses vœux. Une fois de plus, elle se montrait exceptionnelle à ses yeux, le plus extraordinaire restait qu’elle n’en avait même pas conscience. Elle lui disait des mots flatteurs mais il ne les « entendait » pas, focalisait qu’il était sur le phénomène que consistait cette rencontre unique.
Ce fut avec regret qu’il la vit dégagé sa main.

- Ashe, je ne demande rien d’autre que votre compagnie. Je ne gage pas que ma vie puisse être aussi formidable que vous le pensiez…déjà j’ai crains que vous ne voyez en moi que ma singularité. Il y a plus, je le sais parce que je le vois dans vos yeux et ce que je vois…m’attire.
Indiscutablement.


Il la vit ramener une bouteille et sourit légèrement.

" Je crois savoir que le bon vin doit être traité comme un enfant-roi, mais je n'en ai pas les moyens. C'est un cadeau précieux qu'on m'a fait, je ne veux pas le boire sans quelqu'un pour combler l'absence de celui dont je suis l'éternelle obligée. "

- Alors nous boirons tous deux en sa mémoire et j’y joindrai celle d’un ami qui m’a redonné le gôut du vin et celui du monde qui m’entoure et duquel je n’attendais rien. Il se nomme Louis, il est comme mon fils et il a disparu brutalement…vous lui ressemblez..autant que l’on se ressemble. Je suis Français et longtemps j’ai étudié mon pays, mon père caressait l’espoir d’acheter des vignes dans le sud du pays, depuis je possède une cave remplie des plus grands crus…ils sont comme moi, longtemps ils ont pris la poussière.

Il le porta à ses lèvres et bu. Les mots résonnèrent tendit qu’il goutait l’arome.

« Louis...ce vin est très noble..mais pour moi, il a la saveur de l'eau. Rien...voilà ce que je ressens...rien du tout. Ca fait des décennies que l'alcool ne me fait plus aucun effet, ni la cocaïne, ni l'héroïne, ni les amphétamines...rien n'a de saveur, rien ne me procure aucunes sensations : je suis une coquille vide, mon jeune ami, rien qu'une coquille vide... »

Tout était différent cette fois ci et malgré les paroles qu’il avait prononcé à Louis ce jour là devant un cru encore plus rare ! Il sentit chaque détail d’une effusion de nuances lui déferler dans le palais. Il devait se rendre enfin à l’évidence, il en était revenu. Il était vivant à présent. Il posa son verre et sans qu’il s’en rende compte alors que Ashe lui accordait une seconde phrase, des larmes coulaient, totalement inexpliquées le long de ses joues alors que son expression restait figé et sérieuse. Lui-même ne semblait pas s’être aperçu du phénomène.


" Mais avant toute chose, il me semble équitable de vous avouer que je ne suis pas considérée comme "normale", moi non plus. Peut-être pourrais-je vous le montrer, si vous me le permettez... J'ai simplement besoin que vous m'accordiez votre confiance quelques minutes. "


Il ne manifesta aucune surprise, c’est comme si il le savait déjà. Les gens exceptionnels sont exceptionnels, ce n’était pas plus complexe que cela. Elle avait le mystère de ces personnes dont on veut tout savoir et dont la seule présence intrigue inévitablement. Hopes inclina la tête, même si le fait qu’elle soit de sa race ne faisait que confronter sa certitude que le destin les avait mis face à face et que le hasard n’en n’avait été que son déguisement.

- Ma confiance est accrochée au porte-manteaux avec ma veste..le fait de vieillir au ralenti n’est pas mon unique talent, vous savez.
Montrez-moi, s’il vous plait.


Il y avait une sensualité involontaire dans l’intonation de sa voix, comme si la divulgation de leur pouvoir respectif entrait dans une sorte de rituel intimiste bien plus troublant que la nudité de deux corps.
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MessageSujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes]   Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Icon_minitimeJeu 6 Mai 2010 - 21:04

" Ashe, je ne demande rien d’autre que votre compagnie. Je ne gage pas que ma vie puisse être aussi formidable que vous le pensiez… Déjà j’ai craint que vous ne voyiez en moi que ma singularité. Il y a plus, je le sais parce que je le vois dans vos yeux et ce que je vois… m’attire.
Indiscutablement.
"

Elle avait préféré passer outre cette partie de la conversation, ne voulant pas s'y abîmer, car elle n'aurait su en jouer aussi bien que du reste. Il n'y avait que trop de réciprocité dans ces mots, encore une fois il avait touché le cœur à vif, mais il fallait qu'elle se défile. Encore un peu, juste un peu. Mais tout cela valsait dans sa tête en une ronde d'échos difficile à maintenir dans l'ombre. Sans l'ombre d'un doute verrait-il son trouble si elle n'y remédiait pas, puisqu'il lisait déjà en elle comme elle lisait en lui - avec autant d'assurance qu'un lettré déchiffrant pas à pas un illustre texte écrit dans une langue morte.

De même, elle avait souri quant à sa remarque sur le vin, dont elle l'avait laissé ouvrir la bouteille - vu son habitude à boire ce type d'alcool, voire à boire tout court, elle n'était pas une experte pour cela, si l'on peut user d'euphémisme. Et le mélange maison qu'elle avait proposé au départ fondait déjà légèrement les contours, trop pour qu'elle soit sûre de bien s'y prendre, de toute façon.

Elle ne vit donc pas les larmes dans la lumière trouble diffusée par les deux seules lampes allumées en veilleuse, et ne s'attendait absolument pas à une telle réaction, si bien que rien n'aurait pu diriger son observation vers cet émouvant détail, le spectacle intime d'une sorte de résurrection parachevée par cette nuit et dont elle ne savait rien.

Tout ce qu'elle pouvait voir de lui, de ce compagnon d'infortune dont la peine était si semblable à la sienne, c'était qu'après l'avantage que l'on pouvait trouver dans sa presque immortalité, la partie émergée de l'iceberg, il y avait toutes ces blessures qu'il lui était donné de recevoir et de conserver bien plus longtemps que celles que l'on encaisse dans une vie d'à peine cent ans. Un temps qu'il avait déjà dépassé, s'ajoutant à la perspective des nombreuses offenses qui l'attendaient inévitablement, comme autant de joies, sur son chemin solitaire vers l'immuable sommeil.
Cette évidence la touchait bien plus intensément qu'on aurait pu le croire.

Elle était heureuse qu'il prenne l'annonce de son don avec autant de calme. Les quelques rares mutants qu'elle avait rencontrés au hasard des soirées n'avaient pas tous eu l'élégance de la considérer comme étant simplement des leurs, et non comme une bête curieuse parmi les phénomènes de foire.

" Ma confiance est accrochée au porte-manteaux avec ma veste... Le fait de vieillir au ralenti n’est pas mon unique talent, vous savez.
Montrez-moi, s’il vous plait.
"

Elle nota le ton de sa voix, qui ne fut pas sans effet sur la chaleur de son sang. C'est avec une expression reconnaissante autant que malicieuse qu'elle contourna alors la table pour s'approcher de lui, portant la main à sa poche dont elle extirpa un crayon de maquillage.

" N'ayez pas peur, je ne vais pas vous grimer. "

Chose qu'elle ne se serait probablement pas permise avec qui que ce soit qu'elle eût connu depuis si peu de temps, en tout cas pas avec tant de grâce - calculée, il est vrai, mais plus par réflexe qu'autre chose - : elle abaissa sa silhouette ondoyante jusqu'à lui, posa un genou sur l'accoudoir et appuya l'autre sur le coussin, entre les jambes de celui qui allait devenir son support.
Et lorsqu'il le devint, elle fronça légèrement les sourcils et son regard changea pour reprendre cet éclat vif et curieux qu'il arborait quand elle était armée de l'appareil numérique.