X-men, le jeu de Rôle
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 Brûlé par la haine [Libre]

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Soul
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MessageSujet: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeMer 11 Mai 2011 - 8:02

-Es-tu sûr que c’est une bonne idée ?
-Si nous n’essayons pas, nous ne le serons pas.
-Karl, je n’ai pas l’habitude d’être sur scène, j’ai peur que ce soit ridicule…

Hodgkin finit de sortir le pantin de sa boite avant de se retourner. Lui-même était incarné dans un pantin dont l’apparence joviale suscitait confiance et apaisement. Il avait les trais d’un enfant au costume d’en temps très coloré. Il avait sa place à n’en point douter dans un conte de fée. Du haut de son petit mètre, c’était bien lui qui organisait. Face à lui se tenait Bachir, ce jeune homme au teint mat, aux cheveux noirs. Il était Arabe, ça se voyait. Il était stressé, ça aussi se voyait. Pour l’occasion, il portait une tenue d’inspiration rétro mais peut-être aurait-il dut s’en abstenir, rester avec des habits de tous les jours. Après tout, cela aurait tout aussi bien fait l’affaire et aurait aussi eut l’avantage de dédramatiser l’instant.

-Ce matin même tu m’as récité ton texte par cœur, Bachir. Tu connais le programme sur le bout des doigts. Pourquoi serais-tu ridicule ? répliqua Pinocchio.
-Je… je ne suis pas comme toi. J’ai du mal à jouer un rôle.
-Mais tu vas jouer ton rôle, celui de l’artisan qui invente des visages, qui façonne des vies. Je pense au contraire que tu vas bien t’en sortir.
-Mais…
-Non, y’a pas de mais. Il faut que tu te lances ou tu ne régleras pas tes problèmes. Sans argents, plus d’atelier, plus de métier. Souviens-toi de ce que tu me disais quand nous nous sommes connus.

Cela remontait déjà à pas mal de temps… Bachir, alors qu’il n’était qu’un enfant, avait aidé Karl à sortir de son immatérielle prison, à retrouver une place dans l’existence. Cela, jamais Hodgkin ne l’oublierais. Le jeune mutant altruiste qu’était l’artisan lui avait vraiment permis en quelque sorte de ressusciter. Et c’était justement pour honorer cette reconnaissance que Karl encourageait aujourd’hui son ami à faire ce spectacle. Bachir avait un rare talent. Il travaillait le bois comme personne. Ses pantins, ses marionnettes, étaient des œuvres d’art. Il les vendait pour gagner sa vie. Mais à l’aube du 21ème siècle, bien peu de personnes s’intéressaient encore à pareilles jouets. Bachir était pratiquement étouffé par les dettes. Il lui fallait absolument trouver une façon de se faire connaître, de gagner plus d’argent.

-Bon… tu as sans doute raison.

Bachir observa la scène improvisée qui allait être la sienne pendant près de deux heures. Ce n’était guère plus qu’un coin de parking réservé pour l’occasion auprès du super-marcher situé à proximité. L’imposant commerce s’était montré plutôt concilient, se disant sans doute qu’il pourrait tirer profit du spectacle. La préparation de cette scène était déjà bien avancée. Deux hautes planches, formaient un angle droit et allait jouer le rôle de mur imaginaire. La scène était sensé illustrer l’atelier de l’artisan. Contre ces planches étaient aligné une bonne dizaine de pantins tous remarquablement réalisés. Il y avait aussi une petite étagère encore vide mais qui allait accueillir sous peu des marionnettes. Un peu plus loin : une table, une chaise. Il s’agissait de matériels de camping facile à transporter mais heureusement, autant la chaise que la table avait le bon goût d’imiter le bois ce qui ne cassait pas trop l’effet. Dans le prolongement d’une des planches, il y avait un tas de caisses. Elles avaient servi au transport mais leur rôle allait à présent consister à participer au décor. En les disposant correctement, les caisses allaient dessiner un second angle de « mur imaginaire ». Dès lors, il serait plus aisé de se représenter l’atelier.

-Où sont les outils et le pantin en construction ? s’inquiéta Bachir qui craignait de les avoir oublié.
-Dans la dernière caisse, affirma Karl qui n’en était pas sûr mais qui savait cependant que l’artisan avait vérifié deux fois si tout était là avant de partir de chez lui.
-Vous avez besoin d’aide ?

Le vigile du super-marcher s’était approché. Sa proposition venait un peu tard mais au moins, elle eut le mérite d’être formulée.

-Non merci, c’est presque fini, fit Bachir.

Le vigile s’éloigna. Sous le regard de déjà plus d’une dizaine de curieux attirés par ce qui se passait sur le parking, le jeune homme et le pantin animé terminèrent de préparer le décor. Evidement, tout était là. Le contraire aurait été très surprenant. Ceci fait, Bachir sortit une feuille de papier de sa poche. Il souhaitait réviser encore une fois son texte.


-C’est inutile. Tu ne l’as pas oublié en quelques heures, lui souffla Pinocchio.
-Je préfère être sûr.
-On est déjà en retard. Faut y aller. Hop, confisqué.

D’un petit geste vif, Hodgkin avait volé la feuille. Bachir ne s’y attendait pas et l’air qu’il prit dut être comique puisqu’on entendit quelques rires venant de l’assemblée croissante.

-Allez, vas-y ! reprit Karl tout bas. Si tu as un troue de mémoire, tu n’as qu’à me demander. Avec ton pouvoir, c’est une formalité.

Bachir soupira. Il rassembla son courage et se tourna face au public. Il profita des quelques rires pour se lancer.

-Farceur ce pantin, n’est-ce pas ? Mais il n’est pas encore sensé bouger, alors on va dire que vous n’avez rien vu.

Sur ce, le jeune homme donna un petit coup sur la tête du pantin qui s’effondra. Il en profita pour reprendre la feuille de papier et suscita de nouveau rire. Il rangea la feuille dans sa poche et, avec précaution, il monta sur la table afin d’être vu d’un peu plus loin.[/i]

-Mesdames et messieurs, approchez, n’hésitez pas ! Je suis là pour vous, pour vous offrir un spectacle créé par moi-même et avec l’aide… plus qu’importante… d’un ami. Approchez, venez ! C’est un petit instant de poésie que je vous propose !

Il faisait son annonce, il attirait les gens. Dans quelques minutes, le spectacle commencerait.
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Matthew Coffin
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeDim 15 Mai 2011 - 20:23

La vue était belle en ce début d'après-midi, l'Astoria m'offrait une Park Avenue ensoleillée pour le déjeuner. Dévorant le boeuf stroganov, j'arrivais à faire abstraction de Goodman et de Dershowitz mes avocats, tous deux noyés dans leur paperasse. Mais ce que je n'aurais pu ignorer, même en me focalisant de toutes mes forces sur le raffinement offert par ce doux mélange d'oignons et de paprika, c'était bien cette vieille raclure irlandaise de Montgomery.

-... vous comprenez, continuait le commissaire, postillonnant généreusement dans mon assiette. Il m'est de plus en plus difficile de vous couvrir, j'ai le couteau sous la gorge !

L'envie de faire de sa dernière inquiétude une réalité -au sens propre du terme- me traversa quelque peu l'esprit. Soupirant sur le bœuf je laissais Montgomerry continuer son monologue de fou, espérant que Yamamoto reviendrait en ayant accomplis mes ordres.

***

Au même moment Yamamoto Isoroku était à bord d'une voiture volée, conduite par un de ses hommes de main. Cela faisait plusieurs minutes déjà qu'ils tournaient dans ce coin perdu du Bronx, à guetter, à attendre, à traquer la menace future, à éliminer des adversaires avant qu'ils ne deviennent trop gros. Yamamoto était un requin qui nageait dans des eaux troubles, son glock coincé entre ses jambes, son nez collé à la vitre il clignait à peine des yeux, tentant de repérer à chaque vitrine de magasin, sur chaque parking de dinner, la présence de Fuku Kahama le Boss de Little Tokyo. Celui-ci avait refusé une alliance avec Coffin. Fuku était réputé pour être une tête brulée, un gamin bardé de bagues, toujours le cigare aux lèvres portant des chemises flashy. Tout le contraire de Matthew, mais ce dernier n'était pas contre une alliance, il avait envisagée celle-ci comme bénéfique aux deux parties, Fuku Kamaha non.

L'un des deux camps allait trancher.


-Là, sur le parking, indiqua Yamamoto, sans pour autant élever la voix.

Deux hommes se trouvaient sur un parking désert, un bout de ciment défraichis faisant l'angle. Yamamoto ordonna à son chauffeur de ralentir, le japonnais bondis hors de son siège arrivant dans le dos des deux gangsters. Il vida allégrement son chargeur sur les cibles avant de courir vers la cadillac qui lui coupait la route. Alors que Fuku rendait son ultime soupir, la voiture était déjà au bout de la rue...


***

-... vous savez le financement, c'est toujours ça qui pose problème et...

Conscient que frapper un commissaire n'était pas une bonne chose dans ma situation, je déchargeais mon énervement dans les coups de dents que je portais à la tarte au citron constituant mon dessert. C'est alors que Yamamoto passa la porte de ma suite.

-Hank, intervins-je en coupant le commissaire. Fous-le camp, maintenant.

Montgomery, bouche ouverte comme un poisson, mit un certain temps avant de se rendre compte que j'étais sur le point de demander à Yamamoto d'ouvrir la porte avec sa tête. Comprenant au bout de quelques secondes que ma patience avait atteint ses limites il se leva précipitamment, tripotant nerveusement sa casquette avant de disparaitre dans l’ascenseur de l'Astoria. Yamamoto pris sa place à ma table.

-Little Tokyo a eut le message.
-Bien, dis-je en me frottant les yeux, harassé de fatigue. Tu va aller contacter les russes de Brighton Beach : on a besoin de plus de marchandise. Mais d'abord on va chez chez Vladimir, pour les comptes du mois.
J'ai posé ma serviette sur la table et me suis levé, Yamamoto m'a emboité le pas.
-Samuel, lançais à l'un des avocats. Veux-tu que je te dépose au bureau en passant ?
Goodman opina et ramassa ses papiers qu'il fourra dans un attaché case, laissant son cousin à son travail.

Dans la limousine j'ai gardé le silence, préférant attendre que Samuel descende avant de véritablement parler avec Yamamoto, parler était un bien grand mot tant celui-ci se confortait dans le mutisme, absorbé par l'entretient son arme de rechange. Cela dit, l'importance du sujet de la conversation le poussa à ranger son jouet.


-L'irlandais a raison, commençais en repensant à la discussion de ce midi avec Montgomery. Nos affaires sont en expansion, pas nos soutiens.
-Vous voulez vous lancer en politique ? demanda naïvement Yamamoto.
-Ça ne serait pas une mauvaise chose, avec un poste à la mairie on pourrait contrôler beaucoup de choses.
-Et les italiens ?
-On emmerde les italiens.
-Vous êtes sur de votre coup ?
-Yamamoto, répondis-je, un peu piqué. Si on veut être sur de son coup on plante du maïs dans le Kansas, moi je suis assis sur cette banquette. Tu t'arrangeras avec Samuel pour rencontrer Emma Queen, la Speaker au conseil municipal. Et quand tu iras la voir n'arrive pas les mains vides, si tu vois ce que je veux dire.

Je ne savais plus si c'était le Queens ou Brooklyn. Je ne savais plus s'il faisait encore beau ou même si j'étais toujours heureux. Je ne voyais que des maisons aux vitres crasseuses, des trottoirs jonchés d'immondices, des supermarchés minables, rien que le tableau pitoyable d'une société à la croisée des chemins. Ce vague à l'âme ne me ressemblait pas, peut-être le surplus de travail avait-il réussis à entailler l'armure que je m'étais fabriquée. Peut-être qu'il fallait que je souffle, personne n'était fait de bois, certainement pas un simple humain dans ce monde en pleine évolution.

-Arrêtez-vous là.

Obéissant immédiatement à mon ordre, le chauffeur ralentis, jusqu'à s'arrêter sur un parking de grand magasin, un discounter pour familles nombreuses, une chose de plus qui m'était inconnue. Mais ce n'était pas tant le supermarché que la petite troupe réunie devant qui m’intéressait, ce rassemblement face à une scène. Le chauffeur vint m'ouvrir, Yamamoto sorti le premier, m'ouvrant la voie comme tout bon garde du corps, je le vis à son regard : il ne comprenait pas ce que je faisais. Les badauds qui avaient pour la plupart les yeux rivés sur la scène ne devaient pas avoir remarqués la limousine dans leur dos, qui plus est celle-ci se trouvait en retrait. Il me fallut marcher quelques mètres avant d'embrasser l’ensemble des éléments d'un seul regard. Les panneaux en bois, la marionnette et son maître, ça me ramenait des années en arrière...

-Pourquoi on est là ? me demanda Yamamoto, quelque peu stressé par la proximité de la foule.
-J'ai connu un endroit similaire, étant jeune, murmurais-je, frappé en plein cœur par la nostalgie.
-Vous avez dû être pauvre.
-Ta gueule, répondis-je sur le même ton.

Décidé à en voir un peu plus, je me suis frayé un chemin parmi la foule et les éclats de rires, j'étais probablement le seul des spectateurs à porter un costume de 2000 dollars. Je voulais replonger un moment dans les spectacles de marionnettes avant de retourner dans les égouts, je. Qui plus est, ça n'avait pas l'air d'être l'endroit le plus dangereux du monde...

Les yeux brillants, j'ai écouté le marionnettiste et fixé la marionnette.
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeLun 16 Mai 2011 - 10:50

Une petite foule s’était assemblée, le spectacle avait débuté… La pièce que Bachir et Karl étaient sensé jouer avait été créé par eux-mêmes en à peine quelques jours. Sans aucune prétention, elle avait pour vocation de narrer à grand renfort de gags et de caricatures l’histoire du jeune artisan. Evidement, de celle-ci dépendait le devenir d’Hodgkin mais l’esprit errant animateur de pantins avait préféré s’effacer au profit de son ami. La pièce devait servir ce dernier et se focalisait donc sur lui, ses efforts, ses échecs, ses réussites. Une mauvaise langue aurait dit qu’il s’agissait là d’une banale publicité et, sans doute, aurait-il eu raison. Car oui, avouons-le, ni Bachir, ni Karl, n’avait l’expérience nécessaire pour écrire une pièce. On sentait cette réalisation d’amateurs. Toute fois, la prestation échappait à la médiocrité grâce à l’improvisation du moment. Un élément en particulier, au départ insignifiant, provoquait maintenant à lui seul presque tous les rires, tous les sourires.

-…comme je vous disais, cette marionnette a été ma première marionnette ! reprit le jeune homme en brandissant le dit jouet.

Au même instant, l’esprit de Pinocchio plongeait dans ce corps de bois afin de l’animer. Sitôt fait, sitôt de retour dans le monde matériel, il attendit un instant que Bachir cesse de le tenir à bout de bras afin qu’il puisse, d’un geste rapide, lui subtiliser pour la troisième fois la fameuse feuille de papier où était écrit tout le texte de la pièce. Les rires fusèrent parmi le public. L’artisan adopta une moue comique et chercha à récupérer la feuille. Karl la lança à un autre pantin toujours appuyé le long d’une planche. Immédiatement après, il quitta son corps de bois pour se précipiter vers celui auquel il avait lancé l’objet tant convoité. Il l’anima, prit la feuille et la cacha dans son dos, juste avant que Bachir ne puisse la reprendre.


-Ce n’est pas grave, je me souviens de mon texte, déclara l’artisan.

Nouveau rire. Vous l’avez devinez, l’histoire de la pièce n’avait plus grand intérêt. Tout tournait autour de cette feuille de papier volée, récupérée, revolée, encore récupérée… Bachir fit mine de chercher son texte, avança un peu dans son récit puis, tout d’un coup, profitant que Karl avait changé une énième fois d’enveloppe charnelle, profitant que la feuille un instant délaissée glissait au sol, il se jeta dessus et provoqua à sa grande satisfaction l’hilarité générale. Il se redressa et se plaça au centre de la scène improvisée, la feuille toujours dans la main. L’air très soupçonneux, il observa les quelques dizaines de pantins assemblées autour de lui. Lequel, à présent, allait s’animer ? Lequel allait essayer de lui subtiliser la feuille ? Le public, comme lui, était attentif. Le silence s’était fait. En réalité, Bachir savait parfaitement ce qu’allait enter Karl. Il communiquait avec lui en permanence grâce à son don de télékinésie ce qui permettait d’orchestrer de façon convenable les gags. Dans le dos de l’artisan, un pantin se leva. Mimant celui qui s’avance sans bruit, il s’approcha.


-Ha, ha, cette fois, il n’est pas prêt de me la piquer, déclara le jeune homme, l’air de rien. D’ailleurs, ça tombe bien, j’ai un truc à vérifier…

Il commença à lire, Karl lui sauta dessus, vola comme prévu la feuille et la lança encore une fois à un autre pantin. Seulement, il s’y prit mal et le papier atterrit hors de la scène, aux pieds du public, plus précisément à proximité d’une fillette et de Matthew et de son garde du corps.

-Ha, c’est malin ! fit Bachir en se tournant dans leur direction.

Le jeune homme eut une seconde de surprise en remarquant l’inconnu à l’impeccable costume. Celui-ci se fondait mal dans la foule tant il semblait plus important. De son côté, Karl sauta au sol, s’éloigna de l’artisan et cria de sa voix si étrange :


-A moi ! A moi !

C’était la première fois qu’il s’exprimait depuis le début du spectacle. Bachir ne put que protester bien sûr.[/i]

-Non, pas à lui, à moi. Lancez la feuille à moi ! fit-il sans s’adresser à quelqu’un en particulier.

La fillette observait le papier avec envie mais, trop timide, elle n’osait le prendre.

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Matthew Coffin
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeMar 17 Mai 2011 - 13:43

Elle devait avoir entre sept et neuf ans, ses cheveux blonds comme les blés tombaient en cascade sur sa robe blanche, ils s'animaient au moindre de ses rires. Ses yeux bleus outre mer, pétillants de vie, ne cessaient de s'extasier aux diverses facéties du pantin de bois. Ce devait être une enfant de famille modeste à en juger par les reprises, discrètes mais nombreuses, effectuées sur ses vêtements. Des vêtements ayant probablement déjà appartenus à une grande sœur... De temps en temps elle applaudissait de ses petites mains, même si le cartable élimé qu'elle portait sur le dos la gênait dans ses gestes. Néanmoins, le spectacle la fascinait, il semblait lui faire oublier sa condition, la perspective d'une vie prochaine passée derrière la caisse du même super marché devant lequel se déroulait la pièce. Voilà pourquoi les enfants et même le public en général préfèrent toujours la marionnette au marionnettiste. La marionnette permet à chacun de faire partie de l'histoire, qu'il soit un valeureux chevalier ou un bandit rusé, le marionnettiste est trop humain pour cela, il n'est qu'un intermédiaire avec les spectateurs.

Regarder cette fillette m'a ramené des années en arrière... Je devais avoir neuf ou dix ans, mon père nous avait emmené à Palerme pour l'été. Sur l'une des places se déroulait un des rares opera dei pupi, aujourd'hui complétement disparu. Les pantins avaient été taillées avec tant de soin qu'elles me paraissaient humaines, vivantes. Sur la minuscule scène où les marionnettes s'évertuaient à s'ouvrir à coups d'épées en carton, on y narrait la célèbre chanson de Roland. Le plus fidèle et le plus noble des chevaliers du grand Charlemagne.

Ganelon jalousait Roland, celui à qui Charlemagne avait confié Durandal, l'épée de Dieu. Envoyé par Charlemagne au Roi Maure Marsile pour discuter d'une trêve, Ganelon fomenta un plan avec ce dernier éliminer Roland en échange de la victoire. Confiant dans la trêve proposée par Marsile le fourbe, Charlemagne s'était retiré avec le gros de son armée, laissant à Roland l'arrière garde.

Alors qu'il empruntait le défilé de Roncevaux, Roland tomba dans l'embuscade des Sarrasins. Alors, plutôt que de se résoudre à battre en retraite, le Chevalier Roland dégaina Durandal et fonça droit sur l'ennemi pourtant supérieur en nombre. Pourtant un coup à l'effectif maure ils ne parvint pourtant pas à endiguer le flot de combattants qui le submergea. Blessé mortellement, Roland s’effondra sur une pierre, s’emparant à regret de sa corne il souffla de toutes ses forces un appel à l'aide. Résolu à ne pas laisser Durandal aux mains des infidèles, le chevalier en frappa le bloc sur lequel il était tombé, il ne réussit nullement à entamer le métal mais fit sauter la pierre. Roland en appela donc à Dieu dans son dernier soupir, Saint Michel descendit alors sur Terre, donnant la force nécessaire à Roland de lancer Durandal jusqu'à Rocamadour où elle se ficha dans la pierre. L'âme du Chevalier fut alors accueilli au paradis.

Alerté par le son du cor Charlemagne avait fait demi tour, mais arrivant trop tard il ne découvrit que le cadavre de son fidèle Roland. Fou de chagrin le Roi leva donc son épée haut dans le ciel et donna l'assaut avec son immense armée décimant les forces de Marsile. La tête basse Charlemagne se résolu à retourner à Aix-la-Chapelle, apprenant à Aude, fiancée de Roland, la mort de son aimé. Celle-ci, s’effondrant de douleur, rejoignit Roland.

Ganelon fut condamné par Charlemagne à l’écartèlement, ses acolytes finirent pendus jusqu'au dernier.

Je me souvenais des pleurs du public lorsque la marionnette de Roland s'était couchée sur le côté, mais aussi de ses huées lors de l'apparition de celle de Ganelon, et je crois que tous s'étaient mis à hurler pour soutenir Charlemagne dans sa vengeance contre Marsile. Le spectacle que je voyais maintenant était tout aussi fort, tout aussi vivant, j'en arrivais à me demander comment les marionnettes pouvait se mouvoir ainsi.

La fillette semblait s'être effarouchée de l'attention qui lui était soudainement portée lorsque la feuille était tombée devant elle. La voyant en difficulté je me suis alors accroupis afin de me mettre à sa hauteur, j'ai tendu mon bras pour ramasser la feuille, tentant de sourire comme n'importe quel être humain le ferait. Je sentait que Yamamoto derrière moi était complétement perdu...


-A qui veux-tu que l'on donne la feuille ? demandais-je à la fillette.
Celle-ci, rouge comme une pivoine, fourra sa figure dans mon cou.

-Je veux que tu la donnes au pantin, murmura-t-elle.
-Alors on va la donner au pantin, dis-je en tendant le papier à la figurine de bois. Tout le monde préfère les marionnettes...

L'espace d'un instant j'avais oublié mon rendez-vous avec Vladimir, Yamamoto qui veillait sur moi comme une ombre, j'avais oublié le sang sur mes mains, il n'y avait plus de Terre divisée entre humains et mutants, gentils et terroristes. L'espace d'un instant j'étais un homme dans le meilleur des mondes.
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeVen 20 Mai 2011 - 12:32

New-York, 2011. Le sang coulait depuis quelques semaines d'une façon anormale. La pègre n'avait rien à y voir, les gangs de rue n'avaient rien à y voir, les psychopathes solitaires n'avaient rien à y voir. New-York affrontait un groupe Organisé, secret, ne cherchant aucunement le profit. Certains auraient put faire un lien de cette situation avec celle de l'Amérique du sud ou des groupes de guérilla tentaient d'annihiler le gouvernement. Dans un cas comme dans l'autre, c'était des civiles qui payaient le prix d'une guerre sanglantes. Comment pourtant, comment en arriver là?
C'était un simple spectacle de marionnette. Un amuseur publique qui faisait rigoler enfant et adulte dans une série de mignonnes étourderies. Personne ne craignait le mal, l'espace d'un instant, mêmes les cœurs les plus endurcies pouvaient oublier les difficultés du monde qui les entoure. N'étais-ce pas là tout l'intérêt de l'action du FLM? De rappeler que même lorsque vous les oubliez, que vous ne les attendez en rien, ils sont toujours là, prêt à faire ce qu'il se devait d'être fait?

Les explosions semblèrent apparaître de nulle part. Caché ici au fond d'une poubelle, là bas dans une mallette oubliée. Des objets normaux qui devenaient des armes mortelles. La série de 3 explosions ravagea les rangs des civils. Réduisant le corps d'hommes, de femmes et d'enfants en brume rosée, laissant quelques morceaux atterrir sur le corps des survivants traumatisés. Pendant quelques secondes, aucun son ne se firent entendre. Puis les hurlement de peur, les parents appelant les enfants, le déni des civils qui demandaient à leurs bien-aimé de se réveille, le corps tranché en deux. Et il y avais en avant, là ou jouait le marionnettiste, là aussi il y avait un drame.

L'homme était étendu sur le sol, plusieurs morceaux de métal planté dans le corps, certains l'ayant traversé de part en part. Il gisait agonisant, perdant tout son sang, dans une souffrance infernale. La marionnette qui agissait de son propre chef, au contraire des croyances des personnes présentes sur place brulaient, prise dans les flammes d'une des armes du FLM. Il n'y aurait plus de spectacles maintenant. Il n'y aurait plus de rire maintenant. La mort était présente dans une ampleur largement trop importante. De son regard des larmes coula, d'une légère écoute, le marionnettiste s'endormit dans les cris et les appels au secours, d'un dernier souffle, son âme rejoignit un autre monde... Le moment de rire se transforma en moment de panique et de souffrances.

[Edité]
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeSam 21 Mai 2011 - 22:13

Tout ceci avait été si imprévisible, si rapide… Karl n’avait pas comprit…

Il venait tout juste de saisir la feuille de papier, il venait tout juste d’observer cette fillette et l’homme agenouillé à ses côtés, quand tout d’un coup son frêle corps de bois fut jeté au sol. Un bruit, puissant, l’assourdit. Il sentit la vague de chaleur le noyer, le bruler… Le bruler ? Oui, il brulait, il avait mal, les flammes le dévoraient. Sitôt qu’il l’eut constaté, il ne pensa plus qu’à une chose, sauver ce pantin. Il lui aurait été si facile de quitter cette enveloppe charnelle et d’ainsi fuir la souffrance, mais non, il se devait de protéger les œuvres d’art de Bachir. Alors il se battit contre le feu. Il se roula au sol encore et encore, tentant d’étouffer les flammes. Il avait si chaud, il avait si mal ! Quelle horrible sensation que de se sentir ronger ! Combien de temps dura cette lute ? De l’avis d’Hodgkin : une heure. En réalité : quelques minutes. Il agit avec tant de persévérance qu’il triompha. Mais dans quel état ? Les dernières flammes sur sa tête, il les écrasa de sa main. Il grogna. Enfin, il se redressa, au milieu des cris, au milieu de la douleur. Il embrassa l’effroyable spectacle de son regard vide. Il ne comprenait toujours pas. Qu’est-ce qui c’était passé ? Tout ce qu’il savait, c’était que le spectacle était fichu. Lui-même offrait à présent une apparence bien peu réjouissante. Il n’était plus qu’une silhouette noircie vêtu de loques fumantes. A ses pieds, il y avait la fameuse feuille de papier, miraculeusement rescapée. A peine était-elle un peu froissée. Pinocchio se pencha, la récupéra, l’observa. Il lut silencieusement quelques lignes puis l’abaissa. Face à lui : tant de morts, tant de blessées. Le voilà prit d’une soudaine et terrible inquiétude.


-Bachir ? appela-t-il.

Il se retourna, faisant à présent face aux vestiges du décore. Il devina son ami, allongé parmi les débris. Il s’approcha, constata le sang, les blessures… Maintenant, il avait peur, peur de prendre conscience de l’ampleur de la catastrophe. Tous les autres, il s’en fichait. Seul comptait Bachir. Toujours en tenant la feuille, il s’agenouilla à côté de son ami.


-Bachir ? répéta-t-il.

Encore une fois, il n’obtint aucune réponse. Le blessé, néanmoins, tourna la tête vers lui. Il poursuivit. Sa voix semblait si détachée de la réalité.


-Que dois-je faire ? Tu es… abimé.

Le jeune homme eut un pâle sourire. Il parut vouloir parler mais n’y parvint pas. Son bras, légèrement, s’était déplacé. Sa main cherchait Karl. Ce dernier le constata. Il prit cette main, il la serra, elle le serra.

-Tu pleures ?

Hodgkin avait vu les larmes, il commençait à avoir mal au fond de lui, bien plus mal que ce qu’avait put lui faire ressentir le feu. Mais lui, il ne pouvait pas pleurer. Même sa voix peinait à traduire ce sentiment. Ce dernier, comme prisonnier, n’en devenait que plus insupportable. Il ne sut plus quoi dire, alors il ne dit plus rien. Immobile telle une statue, il assista impuissant au dernier soupir de son ami… son seul ami. Quand il sentit la main de Bachir lâcher le peu de pression qu’il exerçait, ce fut trop pour lui.

-Non, murmura-t-il une première fois. Non, répéta-t-il, plus fort.

Il se leva, lâcha la main, lâcha la feuille. Celle-ci, comme un minuscule linceul, vint se poser sur le cors désormais sans vie.


-NON, hurla-t-il car il ne pouvait que hurler pour évacuer. Alors il hurla encore, cette fois en ne prononçant plus rien d’intelligible. Un cri affreux, contre-nature. C’était peut-être là les dernières lueurs d’humanité de Karl Hodgkin qui s’évanouissait.

On lui avait prit le seul être qui comptait réellement pour lui…
Déjà son âme réclamait vengeance….
Déjà il brulait dans la haine…

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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeMer 25 Mai 2011 - 18:37

Je devais laisser un message clair. On me l'avait signifié personnellement : ne laisser aucun survivant. Je savais qu'il ne serait pas seul, qu'il y aurait sa femme et ses deux petites filles. Étrangement j'avais retenu leur nom -Anzu et Ayami- mais pas le sien. C'était inutile, tout comme c'était inutile de savoir en quoi il gênait le grand patron. La parole de ce dernier importait plus que n'importe quelle loi ou règle de morale. Il n'y avait que lui pour décider qui devait exister ou disparaitre. Le grand patron nous avait à tous donné une chance, comme il pouvait nous la reprendre, à cette époque je n'étais pas encore un mutin. Parce que son jugement était réfléchi et reposant sur une argumentation solide il était craint et écouté. J'obéissais comme n'importe quel soldat.

Cela faisait plusieurs heures que je me cachais dans le jardin, j'avais évité la patrouille de jour, comme j'avais évité la ronde de nuit. C'est cela aussi qui faisait de moi un atout pour le clan : ma discrétion, dans tous les domaines. A travers les parois en papier de la minka je comptais les silhouettes, discernait les tailles, estimait les identités. Il ne restait que la famille et les deux domestiques, conformément à mes précédents repérages ils s'étaient tous rassemblés pour diner dans la pièce principale, face au jardin. Dans quelques secondes il viendrait ouvrir les parois afin de manger tout en profitant d'une belle vue et de la fraicheur de la nuit. Je me suis donc lancé. Comme tout prédateur sortant de sa cachette j'y suis allé d'abord calmement puis les deux premiers mètres franchis, j'ai accéléré la cadence, marchant sans vergogne dans le suna où des motifs fragiles avaient été savamment dessiné, écartant d'un geste vif une branche de cerisier menaçant mes yeux. Je me suis finalement arrêté face aux parois en papier, brandissant au bout de ma main ganté de cuir mon arme. C'était un colt 1911, le calibre 45 étant assez générique dans cette partie du monde il ne rendrait l'enquête de la police que plus fastidieuse. Le silencieux monté à son bout n'était là que pour mon confort personnel...

Compensant la poussé d'adrénaline, j'ai échafaudé de nouvelles estimations. Du temps que mettrait le cadavre à tomber en arrière jusqu'aux secondes séparant la chute du corps du cri des femmes. Il me faudrait agir vite, ne pas gaspiller mes munitions mais veiller à en mettre suffisamment dans le crâne de mes cibles, de toutes mes cibles, sans faire aucun cas de conscience.

J'ai arrêté de respirer : une ombre venait d'apparaitre à travers le papier. Le canon de mon arme remonta au niveau de la tête de la silhouette. Expirant, j'ai appuyé sur la détente. Il y eut un flash lumineux...

J'en était aveuglé, plissant les yeux. La lumière se fit moins forte, les sons revinrent, plus lointains, plus diffus. Il y eut une claque sur ma joue.


-Patron ! Réveillez-vous ! Patron !

Péniblement j'ai ouvert les paupières, Yamamoto était au dessus de moi. Sous ses cheveux bruns le sang coulait, mais pas assez pour le tuer visiblement. Son arme à la main, son regard paniqué, j'avais visiblement perdu connaissance trop longtemps à ses yeux. J'ai mis un instant avant de comprendre que j'étais couché sur le dos. Violemment la réalité me rattrapa. Il y avait un spectacle de marionnette, une petite fille... Et là où je n'avais rien compris, c'était lorsqu'un souffle effroyable m'avait balayé comme une vulgaire poupée.

-Yamamoto, je respire difficilement, remarquais en parcourant mon torse.

J'appréhendais de sentir mon costume trempé de sang ou de toucher mes propres organes internes. Je retint un soupir d'effroi en sentait une chevelure douce comme de la soie contre mon ventre.


-Aide-moi à m'asseoir, ordonnais-je.

Presque à regret, Yamamoto obtempéra, me tirant vers lui. Alors j'ai pu constater toute la dimension de l'horreur qui nous entourait. Homme, femme, enfant, même la marionnette n'avait pas été épargnée. Nimbée de flammes, elle exécutait une danse macabre comme animée d'une vie maudite qu'elle souhaitait coute que coute voir perdurer. Un brouillard épais de souffre et de poussière retombait sur le champ de bataille, un champ de bataille jonché de soldat innocents, qui n'avaient jamais tirés un seul coup de feu de leur vie alors que moi...

Alors que moi, une fillette de sept ans avait sauvée la mienne, constatais-je en baissant mon regard. Elle frissonnait comme une bête fauchée par une mort qui ingrate, ne l'avait pas totalement achevée. Un éclat de métal planté dans son petit corps. Couchée sur le dos elle respirait difficilement.


-Appelle le 911, Yamamoto, ces gens sont trop occupés à pleurer et à ramasser leurs tripes. Et passe-moi ton couteau.
Le japonnais me lança son cran d’arrêt avant de contacter les urgences.
-Monsieur... J'ai peur.
La voix était faible, mais bien présente.
-Il ne faut pas, dis-je en faisant sauter les lanières du cartable avec la lame, libérant un peu la petite fille. Je m'occupe de toi, c'est quoi ton prénom ?
-Alice, me répondit-elle, plus faiblement. J'aurais du rentrer chez moi...
Elle était blanche comme un linge, sa robe semblait s'être imprégné de son sang comme d'une éponge.
-Écoute, Alicerepris-je en enlevant ma veste. Je suis certain que tes parents ne t'en voudront pas. En attendant je vais te demander de te tourner doucement sur le côté pendant je j'attache ça autour du ventre.
Elle gémit un peu, il lui restait encore assez de force pour avoir mal. C'est alors qu'un autre son s'envola au dessus des morts, un hurlement. Quelque chose de profondément bestial.
-Yamamoto reste avec elle et rengaine ton arme : tu n'en auras pas besoin ici.

Essuyant mes mains pleines de sang sur ma chemise en soie, je me suis dirigé vers la scène. Il y avait un cadavre allongé là, celui du marionnettiste. Sa création veillait sur lui. Cela faisait quatre ans que je travaillais avec des mutants, mais ça c'était quelque chose d'assez inédit. Ahuri et désemparé, je ne pouvais que regarder les bras ballants
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeJeu 26 Mai 2011 - 7:48

-C’était mon idée… mon idée…

Après avoir hurlé, après être retombé dans le silence, Karl avait reprit la parole. Sa voix étrange, presque dédoublée, au timbre vaguement enfantin, semblait neutre, inexpressive. Elle cachait la souffrance d’Hodgkin. C’était justement parce que Pinocchio souffrait que sa voix perdait en qualité. Sa concentration indispensable au contrôle de son corps et se maintenir dans le monde physique était en train de vaciller. Il glissait vers le vide. Ses sensations s’évanouissaient.

-Comment aurais-je put savoir ? Je pensais t’aider… j’étais si fier d’enfin pouvoir te rendre la pareille… Bachir, tu m’as sorti de mon exil et moi je te conduis au trépas…

Il fixait le corps inerte, il avait vissé son regard dans celui de son défunt ami. Plus rien n’existait, sauf la fatalité. C’était fini et c’était une certitude. Pas de doute, pas de question, pas de voile pour cacher l’effroyable réalité. Karl avait un esprit trop rationnel pour nier l’évidence. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait ressenti des choses aussi fortes. En cet instant, il n’avait plus de recule. Le voilà en train de parler à un mort. Cela ne servait à rien, il le savait pertinemment, et pourtant il continuait. Il en avait besoin. Sinon il allait exploser. Son être était comme saturé.

-Que deviendrais-je sans toi pour me guider, sans toi pour m’expliquer cette vie que j’ai oubliée ? Le docteur ne serait à lui seul représenter l’équilibre. Il est ton contraire Bachir. Jamais je n’ai osé t’avouer être son bras armé… tu n’aurais pas compris… tu n’aurais pas approuvé…

Avec des gestes tremblants, Karl recula d’un pas et observa les vestiges de la scène. Les planchées étaient tombées, la pile de carton s’était effondrée. Le goudron était jonché de pantins désarticulés et de marionnettes recroquevillées. Certains de ces créations étaient abimées, voir brisées mais la majorité semblait avoir bien résisté. Décidément, les pantins étaient plus solides que les hommes. De tous les pantins, Hodgkin incarnait le plus mutilé. A chacun de ses mouvements, le bois grinçait. Son visage brulé paraissait si terrible. Sa vêture en loque le faisait passer pour un miséreux. Sur lui, tout était noir, tout était triste. Le merveilleux, telle une fleure, c’était fané. Hodgkin s’observa lui-même et le constata. Il était comme un symbole. Il ne se retourna pas, il ne remarqua toujours pas l’individu qui s’était avancé sur la scène. Il se considérait toujours seul en compagnie d’un mort devenu souvenir. Le jeune artisan, privé d’avenir, avait quitté le présent pour n’appartenir plus qu’au passé.

-Bachir… puisque je ne peux mourir, puisque je ne peux te suivre… je prendrais soins de ton travail ici-bas.

A ses mots, Pinocchio se trouva enfin une activité dans laquelle se plonger pour tenter d’un peu oublier l’horreur du moment. Il alla jusqu’aux cartons et en dégagea un. Ensuite, il prit les marionnettes quasiment à ses pieds pour les ranger dans le carton. Oui, il allait tout ranger, tout emporter, même si pour cela il lui fallait des heures. Il agissait avec difficulté. Il prit enfin conscience qu’il avait perdu une bonne partie de son contrôle sur on enveloppe charnelle. Faisant un effort de volonté, il tenta de restaurer sa concentration. Peu à peu, il y parvint. Le travail l’aidait. Ses gestes devinrent plus souples mais les grincements, évidement, persistèrent. Il évitait scrupuleusement de reposer ses yeux sur le cadavre. Il se sentait investi d’une mission à remplir à tous prix. Il ne réalisait même pas qu’il se trompait, que Bachir aurait préféré qu’il aille aider les blessés, ces gens qui souffraient et pleuraient, plutôt que de s’occuper d’objet sans âme. Mais Bachir n’avait pas put parler. La mort l’avait bâillonné.

Se redressant, une marionnette dans les mains, Pinocchio remarqua enfin Matthew. Presque surpris de ne plus être seul sur la scène, il l’observa une poignée de secondes avant de s’exprimer. Sa voix avait retrouvé en qualité. Le dédoublement était à peine perceptible ; le timbre enfantin était plus marqué. Difficile en revanche de décrypter le ton.


-Tu n’es pas cassé, toi ?

Il déposa la marionnette dans le carton maintenant presque plain et refit face à l’homme. Il l’avait reconnu. C’était celui à côté de la petite fille. C’était celui qui avait dit quelque chose d’intéressant méritant réflexion. La question arriva ensuite, abrupte.

-Pourquoi les hommes préfèrent-ils toujours les marionnettes ? Sans le marionnettiste, il n’y aurait pas de marionnette.
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeSam 28 Mai 2011 - 13:46

-Mais le marionnettiste est humain et personne ne veut être humain, répondis-je calmement. Les gens recherchent le héros, le bandit, le traitre qui sommeillent en chacun d'eux, mais l'être humain... Ce concept leur parait dérisoire. Ils ont besoin d'idoles à admirer.

Je me suis regardé. Mes finsbury s'étaient rayées dans ma chute, le sol avait griffé le cuir noir et laqué. Il y avait un trou sur la jambe gauche de mon pantalon, celui-ci serait sans doute irrécupérable. Tout comme ma chemise, tachée du sang d'Alice. Mes yeux tombèrent sur mes mains, le sang poisseux se séchait entre mes doigts, produisant une sensation que j'avais toujours trouvé désagréable. Je n'avais jamais aimé la vue du sang, je le trouvais sale, collant, vicieux, prêt à profiter de la moindre ouverture, du moindre interstice pour fuir et abandonner un homme à la mort... Je me souvenais de tout...

Le sifflement caractéristique du silencieux produisit un minuscule trou dans le papier. De l'autre côté l'ombre chancela en suffocant. J'ai pressé la détente encore une fois, la silhouette s’effondra en arrière, probablement sur la table à en juger par les bruits de vaisselle cassée. Il y eut des cris, des cris de femmes. Me jetant en avant j'ai traversé la paroi, projetant des morceaux de bois et de papier un peu partout. Un homme était étendu sur le dos, écrasant de tout son poids une petite table. Sa femme était à ses côtés, tentant de boucher sans espoir les deux trous rouges dans sa gorge avec une serviette. Les deux filles, terrorisées, se seraient dans leurs bras. L'une des bonnes s'était levée pour tenter de fuir. Je savais que si je tendais mon bras pour l'abattre, je ne m'arrêterais pas avec elle. Ils allaient tous y passer.

La domestique allait atteindre la porte du salon, bientôt suivie par sa collègue qui commençait déjà quitter sa place. La première balle fut pour cette dernière. Fauchée en pleine fausse nasale, elle s’effondra sur un buffet. La fuyarde, quant à elle, fut stoppée par deux coups de feu traversant la porte qu'elle venait de passer, je l'entendis s'affaisser sur le plancher. La femme de ma cible s'était retournée, apeurée, terrorisée même, elle savait que je représentais. Dans le métier exercé par son maris j'étais l'incarnation de la ruine et de la déchéance. Une banqueroute armée. J'ai avancé de deux pas et j'ai levé mon bras sur les deux fillettes, celles-ci se sont recroquevillées en couinant. Leur mère tenta un mouvement, j'ai calé deux balles dans chaque tête puis je l'ai abattu. Sans marquer de pause je suis sorti du salon, piétinant sans vergogne le sol sacré de la maison avec mes chaussures. La bonne était adossée contre un mur, tenant son ventre ensanglanté entre ses mains, elle murmurait quelque chose, ma main s'est levée et elle ne dit plus rien. Je suis revenu dans la pièce principale. Ma cible principale était encore en vie, gargouillant péniblement quelque chose. Je lui ai mi un dernier cachet dans le crâne en passant près de lui.

Le lendemain la presse parlerait de massacre, d'exécutions, de meurtres ignobles. La police ne dirait rien, gardant le silence sur une tuerie trop quotidienne. J'avais nettoyé la pièce en moins d'une minute, ne laissant rien à part des douilles et des cadavres. Le contrat accompli je m'était débarassé de mon arme et de tout ce que je portais dans un sac lesté au fond la baie. J'avais toujours agis ainsi, sans me poser de questions.

Aujourd'hui c'était différent. Mon regard survola la foule de gémissant et de mutilés. Le désastre qui avait assombris la journée ne passerait pas inaperçu. Le souffle qui m'avait soulevé comme un fétu de paille ne pouvait venir que d'un engin explosif, ou d'un individu capable d'en reproduire les effets. Parler d'acte terrorise en plein New York, n'allait pas arranger les choses pour qui que ce soit, mutants ou humains. J'ai repensé au Japon que j'avais quitté, fuyant un crime organisé embourbé dans une guerre que j'avais déclenché, mais malheureusement en Amérique aussi c'était la guerre.

La large banderole qui était précédemment accrochée en haut de la scène était tombée à terre dans l'explosion. Je m'en suis emparé avant de m'approcher un peu plus de la marionnette.


-Vous êtes mutant, dis-je en recouvrant le corps du marionnettiste avec le drap.
Je n'avais pas posé de question, juste constaté le phénomène.

-Je vous conseille de partir avant l'arrivée des secours, poursuivis-je en plongeant mon regard froid au fond des yeux vides du pantin. Ce qui vient de se passer aura des répercutions que ni vous ni moi ne pouvons imaginer.
Je me suis accroupis, faisant mine de réajuster le drap sur le visage du cadavre.
-Matthew Coffin, murmurais-je. Si vous ne savez pas où aller, contactez-moi.
Joignant le geste à la parole j'ai tiré une carte de visite de ma poche, il n'y avait qu'un numéro de téléphone qui y était inscrit et une adresse, celle d'un entrepôt. Mes doigts glissèrent le bout de papier dans le carton de la marionnette.

-Maintenant, partez.

Sale temps pour les mutants, le pantin n'était pas plus coupable que moi, mais je savais ce qui l'attendait. Je sentais que cette explosion dépassait largement en terme de répercutions celles d'un spectacle de marionnettes.
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeSam 28 Mai 2011 - 21:19

Au loin, comme pour appuyer le conseil de cet homme venu à la marionnette, commençait à s’élever des sirènes. Peu à peu, elles se rapprochaient, se précisaient. Dans cinq minutes, dix tout au plus, les premiers secours seraient sur place. Un peu plus loin sur le parking, quelques personnes s’étaient approchées. Le vigile du super-marcher, épargné par le souffle de l’explosion, était en compagnie de plusieurs personnes bien habillés, certainement les gérants du colossal établissement. L’un d’eux avait le téléphone à l’oreille. Ici et là, on commençait à s’organiser. Un client du magasin, un médecin venu faire ses courses, accourait vers l’horreur de cette foule meurtrie, laminée. Il allait porter assistance à hauteur de ses maigres moyens et demandaient aux valides de l’aider. Si au moins il pouvait sauver une vie… Tout cela, Karl ne le regardait pas. Lui, il observait cette scène morte. Nombreux étaient encore les pantins à ranger. Il n’aurait pas le temps d’autant plus qu’il ne pouvait aller vite avec ce corps. L’homme avait certainement raison. Quand les secours seraient là, on allait le gêner. Avant de se résigner à répondre, Hodgkin posa son regard sur la dépouille, maintenant recouverte, de Bachir. Une page se tournait… se déchirait… la douleur était encore vive. Elle menaçait à tout instant d’engloutir l’âme vacillante de Pinocchio.

-Il y a bien longtemps que j’ai laissé mon gêne X derrière moi, répandit enfin Karl.

Sa voix s’était de nouveau dégradée, le dédoublement se faisait plus présent. Peu importait… Hodgkin ne fit pas l’effort de se ressaisir. Il se mit à fixer le dénommé Matthew Coffin. Et lui, était-il mutant ? Si c’était le cas, il n’en montrait rien. Etait-il digne de confiance ? Il voulait le faire croire. Etait-il digne d’intérêt ? L’avenir allait en décidé mais c’était plutôt bien parti. Il était venu, il était le seul…


-Je ne vais pas pouvoir terminer de ranger, faites-le à ma place, je vous en serais reconnaissant. Mon ami mérite au moins cela. Emportez les cartons chez vous. Je viendrais les chercher.

Pinocchio, avec une extrême maladresse, alla récupérer la carte confiée par Coffin. Le petit morceau de carton lui échappa bien trois fois des mains avant qu’il ne parvienne à s’en saisir. Il lut ce qui était écrit, il mémorisa, ensuite il redonna la carte à Matthew. Celui-ci allait sous peu comprendre pourquoi.

-Rangez aussi ce pantin, Karl se désigna lui-même, je crois que de tous, c’est lui qui a le plus de valeur. Nous nous reverrons bientôt, monsieur Coffin. Je viendrais quand la ville s’endormira. J’aurais alors un autre visage mais vous me reconnaitrez sans peine.

Sur ce, Hodgkin s’abandonna au néant. Toute sensation le quitta mais la douleur était encore là. Le pantin noirci, quand à lui, comme si la main invisible qui l’animait venait tout d’un coup de se retirer, s’effondra sur le goudron et ne bougea plus. Ce n’était plus qu’un jouet mutilé. Pourtant, malgré les apparences, Karl était toujours là, à la même place, invisible, intangible. Libéré de la gravité, il prit un peu de hauteur. Il allait observer l’homme. Qu’il agisse bien et ce soir Pinocchio viendrait le remercier à sa façon. Qu’il agisse mal et ce soir Pinocchio viendrait se livrer à un bain de sang.
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeDim 29 Mai 2011 - 20:38

Un être capable de s'incarner dans un objet. Formidable, prodigieux même. Je ne pus empêcher mon esprit d'élaborer un plan pour tirer profit de la situation. C'était plus fort que moi, profond comme un instinct primitif. Profiter d'une personne crédule comme d'un bon tuyaux aux courses. Alors, juste avant que le pantin ne s'écroule, j'ai baissé la tête, signifiant que j'acceptais. Une seconde plus tard le pantin cédait sous son propre poids, libéré de quelque emprise sur son corps de bois. Je me suis baissé pour le prendre entre mes mains, il était fragile, encore chaud, il avait été habité par une puissance qui m'était inconnue. Doucement, je l'ai placé dans la boite avant de me relever. Les survivants commençaient à se relever, et les premiers curieux commençaient à affluer. C'était maintenant qu'il fallait agir, maintenant ou jamais.

-< Yamamoto. Les cartons : dans la voiture. >

L'ordre avait claqué comme un fouet. Entendant le japonnais, Yamamoto délaissa Alice pour s'avancer rapidement sur la scène. S'emparant des cartons qu'il empila avant de se diriger vers la limousine.. Mon chauffeur était sorti, la casquette de travers et l’œil fou. Sans doute ne comprenait-il pas ce qui venait de se passer -comme la plupart des gens. Yamamoto dû lui lancer une directive assez sèche car il se précipita à l'arrière du véhicule pour ouvrir le coffre, mon bras droit y déposa son chargement. J'ai jeté un coup d’œil aux alentours, badauds et victimes étaient trop occupé à fixer le sang rependu sur le bitume pour se soucier d'un sino-américain portant des cartons.

-Monsieur, j'ai froid, me lança faiblement Alice.
Je pris le relais de Yamamoto, me penchant sur la fillette. Celle-ci était de plus en plus pâle.

-On va s'occuper de toi, ne t’endors pas. Reste avec moi.
-Poussez-vous je suis médecin, lança un homme se détachant des curieux.
-Ici ! répondis-je d'une voix de stentor.
Le médecin arriva en courant.

Quelques minutes plus tard les premières ambulances et les premières voitures de police arrivèrent. Il fallut passer successivement entre les mains secours et celles du NYPD. Ni moi ni Yamamoto n'avions quitté l'endroit. Il s'agissait de faire profil bas d'autant que dans mon coffre se trouvait des éléments impliqués dans une affaire de terrorisme sur sol américain. Autrement dit, aucun avocat n'aurait pu me sortir d'un tel bourbier. Enfin, à ce stade-ci personne ne pouvait le savoir, l'enquête en elle même n'ayant pas été encore lancée. J'ai accepté de passer par cinq dépositions et au moins autant de médecin avant que je puisse partir. J'ai aperçu Alice sur un brancard au loin, elle me fit un clin d’œil, ça semblait aller.

Une fois en voiture j'ai ordonné qu'on repasse à l'Astoria afin de pouvoir me changer. Après quoi, nous nous sommes rendus aux docks situés sur l'upper bay. Ces histoires avec la police et les ambulanciers m'avait retardé plus que je ne le pensais, il faisait déjà nuit noire quand je suis arrivé à l'entrepôt. Officiellement il appartenait à Express Investment, mes 20% d'actions me permettant d'en jouir. Officieusement, il servait pour tous les trafics et toutes les contrebandes. Mais pas ce soir, il était presque vide. Une première dans ma carrière, mais les prochaines expansions nécessitaient un besoin d'espace pour la marchandise qui devait y transiter.

La limousine s'arrêta à l'entrée, la large porte coulissante s'ouvrit de manière automatique révélant le ventre vide de la bête. Quatre hommes se trouvaient à l'intérieur, blousons de cuir, cheveux gominé et lunettes de soleil.


-Dire qu'il faut que New York explose pour que je me mélange à cette racaille, marmonnais-je.

Le chauffeur est sorti pour m'ouvrir. je suis descendu en premier, Yamamoto sur mes talons. Nous portions tous les deux un costume assez semblable, un deux pièces chemise blanche et cravate noire. Une tradition de la sobriété héritée du Japon. Je suis passé devant les quatre hommes sans les regarder, ils ne travaillaient pas pour moi depuis longtemps et ne m'avaient jamais vu et encore moins rencontré, pourtant ils surent qui j'étais d'un seul coup d’œil.


-Respect, maître ! s'écrièrent les gangsters en s'inclinant sur mon passage, comme le ferait des shatei devant leur oyabun.
-Tu les as bien dressés, signifiais-je à Yamamoto.

Avec ce dernier je me suis dirigé au fond de l'entrepôt, là où se situait la partie dévolue aux bureaux. D'ordinaire occupé par Yamamoto, il me laissa naturellement la place du directeur. Il ne restait plus qu'a attendre notre invité.


Dernière édition par Matthew Coffin le Mer 1 Juin 2011 - 20:47, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeLun 30 Mai 2011 - 9:58

Sitôt les pantins ramassés, sitôt les cartons emportés, Hodgkin considéra que Coffin avait tenu parole. Plus rien ne le retenait ici. Après un ultime regard sur la dépouille recouverte de Bachir pour lui faire de silencieux adieux ; après avoir observé les autres morts et blessés en éprouvant rien d’autre que de la curiosité, après avoir fixé la limousine de l’insolite homme afin d’éventuellement la retrouver dans un proche futur, Karl quitta les lieux tel le fantôme qu’il était.

Pinocchio fut à l’entrepôt alors que le soleil plongeait vers l’horizon. Il était en avance sur Matthew mais l’ignorait. Il était également en avance sur son propre rendez-vous, ce dont il était évidement conscient. Il ne se montra pas, préférant espionner avant de se présenter. Il laissa son corps du moment à l’abri des regards et visita le lieu sous sa forme spectrale. Forcément, il ne trouva pas la limousine, encore moins les précieux cartons renfermant tout ce qui lui restait de son défunt ami. Ce qu’il vit ne suscita chez lui pas le moindre intérêt. L’entrepôt paraissait normal. Certes, les gars qui travaillaient là avaient l’air louche mais Karl était habitué car une bonne partie de ses fréquentations l’était tout autant, si ce n’était d’avantage. Alors il se lassa vite et se mit à douter, à se poser des questions. Que fabriquait Coffin ? Pourquoi n’était-il pas encore là ? S’il jouait un mauvais tour à Hodgkin, la vengeance de ce dernier serait implacable. Soupçonneux, le fantôme tourna en rond, prenant son mal en patience. Il attendrait ici jusqu’à l’aube s’il le fallait. Après, il aviserait. La douleur de la perte qu’il avait subie s’était atténuée mais l’affaire des pantins avait à ses yeux toujours la plus grande importance. Son esprit rationnel le faisait se rattacher à ce qu’il pouvait. Selon lui, le cadavre de l’artisan, dépourvu d’âme, n’était plus qu’un tas de chair parmi tant d’autres. En revanche, il y avait encore un peu de Bachir dans ses créations. Le jeune homme y avait passé tant de temps, tant d’attention… ces bouts de bois articulés c’étaient son talent, son art… Karl ne tolèrerait pas de les perdre.

Le soleil s’évanouit, le crépuscule passa, la nuit noire recouvrit New York. Ce soir, la lune était belle, trônant fièrement au cœur de sa cour d’étoiles. Quand un bruit de moteur approcha, quand la porte coulissante s’ébranla, quand les phares de la luxueuse automobile apparurent, Pinocchio se sentit un peu soulagé. Voilà la limousine, voilà Coffin qui en sortait. Les cartons étaient certainement encore dans le coffre. Parfait. Karl se retira pour récupérer le corps avec lequel il était venu à proximité de l’entrepôt.

Cinq minutes à peine plus tard, Il était de retour. Il se présenta à la porte coulissante sous son effrayante apparence. A sa modeste taille, à peine un mètre vingt, on pouvait le prendre pour un enfant. Mais sa tenue vestimentaire suggérait clairement que cet « enfant » n’était pas très commode. Son costume, en intégralité, était de cuir noir. Un long manteau, un large chapeau, des bottes, des gants… on ne voyait rien de la « peau » de l’individu. Quand au visage, il disparaissait à la fois dans l’ombre du chapeau et derrière le col relevé du manteau. Seuls deux yeux lumineux apparaissaient, deux yeux move et méchants. C’était en réalité des lampes à LED mais la remarquable finition de ce pantin de guerre empêchait de s’en rendre compte. A la taille, par-dessus le manteau, il y avait une robuste ceinture à boucle d’acier. A cette ceinture était fixés deux lames recourbées, des faucilles tranchantes comme des rasoirs. Un œil exercé allait également deviner, aux légers reliefs du manteau, que d’autres armes se trouvaient dans les poches intérieures. Ce qu’on ne pouvait voir en revanche, c’était que le pantin en lui-même était fabriqué dans un alliage à base de titane. C’était une véritable armure à l’épreuve des balles et de bien d’autres choses. On sentait tout de même son pas lourd.

Rapidement, les sbires de Coffin s’approchèrent du nouveau venu, prêt à toutes éventualités. Karl s’adressa à eux de sa voix froide et métallique.


-Matthew Coffin m’attend. Conduisez-moi à lui.

Son ton était sans réplique.
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeMer 1 Juin 2011 - 20:43

Les bureaux de l’entrepôt n'étaient qu'un préfabriqué posé au fond du bâtiment. Yamamoto et moi occupions la quatrième et dernière pièce, la plus importante. Il n'y avait aucun objet de valeur : les fauteuils étaient en skaï, le mobilier en contreplaqué, quant à la lumière elle provenait de deux néons fixés au plafond... Cette pauvreté apparente ne me gênait pas. L'endroit était propre, organisé, hiérarchisé même, c'était un lieu dévoué au travail. Ça se voyait rien qu'aux livres de comptes répartis en ordre chronologique dans les rayons des étagères, aux stylos rangés consciencieusement dans le pot à crayons ou même au son que produisait un tiroir en s'ouvrant.

C'est d'ici que Yamamoto avait organisé les premières rencontre de l'Organisation. A cette époque il suivait mes ordres à la lettre, seul, sachant que le moindre faux pas l'enverrait à morgue. Aujourd'hui, c'était toujours le cas, mais l'Organisation avait grandi. Yamamoto pouvait réfléchir, comprendre ce qu'il faisait. Chacune de mes paroles était une leçon qu'il lui fallait apprendre afin de devenir un jour qui sait, le chef avisé.


-Où est le dossier Madak ? demandais-je d'une voix sèche.

Rien était gagné dans la succession, Yamamoto pouvait rester ma secrétaire pour les trois prochaines décennie et ne pas récupérer le flambeau pour autant. Il le savait. Le mérite et la ruine de chaque instant, voilà ce qui comptait à mes yeux. Le japonnais opina comme s'il s'était agi d'une directive capitale, il fouilla dans un tiroir avant de me tendre un dossier estampillé "Madak".

Madak. Un coup très juteux. L'historie de Madak commença il y a un an, lorsque Sir Larry Wildmann, un financier anglais fraichement adoubé par la Reine, voulu racheter une importante entreprise américaine : Madak. Mais pour racheter Madak il fallait de l'argent, et ce cher Larry bien que plein aux as n'avait pas assez de jetons pour ce coup de poker. Alors il fit comme tout le monde dans ces cas là : il emprunta. Et il n'emprunta pas à n’importe qui puisque Larry aimait impressionner, il demanda l'aide de Mellon Corp, une importante banque américaine. Voici donc Larry avec 240 millions de dollars, bien assez pour se tailler la part du lion et être majoritaire de Madak à 80%. Si Larry put rembourser la première partie de son prêt à Mellon Corp, il y eut comme un couac pour la seconde : le lord ne pouvait pas tenir ses engagements. Voilà que 152 millions de dollars disparaissaient des caisses de Mellon Corp. Confronté au manque de bonne fois de Larry, la banque décida de se faire rembourser directement sur Madak et l'obligea la vendre. Pris à la gorge il mit en vente 78% de ses parts pour un prix de 300 millions.

Mais ce que Larry ne savait pas lorsque des acheteurs se présentèrent pour Madak, c'est qu'il s'agissait en réalité de pantins financés par Mellon Corp avec des prêts à recours limité. Du point de vue de Mellon Corp c'était plutôt bien ficelé, confronté à un client qui ne pouvait pas rembourser ses emprunts, elle empruntait à d'autres financiers pour racheter son client et au passage récolter un bénéfice monstrueux, un peu tiré par les cheveux mais jouable. Parmi ces investisseurs se trouvait un certain Matthew Coffin qui, en tant qu’acheteur majoritaire, pouvait exercer une option d'achat sur la totalité de Madak. 100% de l'affaire pour 708 millions de dollars. Là dessus, conformément à notre accord officieux, Mellon Corp devait récupérer les deux tiers.

Réflexion faite Mellon Corp n'aurait rien. Je dirais même que ni Larry ni Mellon Corp ne verraient le moindre centime. J'allais garder Madak et la revendre à hauteur d'un milliard de dollars. Et si Walton Flemings, PDG de Mellon Corp venait me voir en personne pour me réclamer de l'argent, je lui agraferais un chèque de un cent sur le front. C'était le jeu, Mellon Corp avait voulu arnaquer Larry, j'avais arnaqué Mellon Corp. Difficile pour cette dernière de se plaindre à un juge.


-J'ai jamais su ce qu'ils faisaient vraiment chez Madak ? s'interrogea Yamamoto à haute voix.
-Des occasions manquées, répondis-je platement, sans lever le nez de mes papiers.

Trois coups ébranlèrent la porte en PVC du bureau. Yamamoto alla ouvrir, découvrant un de ses hommes de main accompagné d'une étrange petite créature, emmitouflée d'ombres mais dont les yeux brillaient d'une lueur irréelle. L'homme de main ne semblait pas rassuré, chez Yamamoto c'est la méfiance plus que la crainte qui pointait. Il tenta d'ailleurs de dévisager le pantin.


-Fais-le entrez Yamamoto, lançais-je froidement en refermant d'un geste sec le dossier Madak.
Le japonnais congédia l'homme de main et s'écarta pour que le mutant puisse entrer, sans le fouiller. Son apparence ne me choqua pas plus que ça, j'avais déjà vu plus monstrueux.

-Je vous en prie, dis-je en désignant une chaise face à moi. Prenez place, monsieur...

J'allais aborder ce soir des thèmes qui ne seraient peut-être pas du goût de mon invité, je ne voulais pas de surcroit paraître discourtois. Un nom, même faux, aurait l'avantage de rééquilibrer notre indice de force.
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeJeu 2 Juin 2011 - 8:39

-On me nome Pinocchio.

Avec la force de l’habitude, Karl peinait à paraitre joviale quand il était habillé de cauchemar. Sa propre façon d’être s’était, avec le temps, effacée au profit de ses rôles. Bachir, paix à son âme, voulait faire de lui un ange. Gorge Welfolt le façonnait tel un démon. Ange ou démon ? Hodgkin s’apparentait, maintenant plus que jamais, d’avantage au second. Mais il ne fallait pas pour autant croire qu’il n’était qu’une éponge uniquement capable d’être ce qu’il semblait être. Son comportement était certes influencé par son corps du moment, mais son caractère restait présent, caché derrière la matière. En tout cas, Karl cherchait à ne pas en douter. Depuis sa rencontre avec Djinn, il s’était beaucoup interrogé sur sa propre nature, plus que d’habitude. Que restait-il de lui en fin de compte ? Il se voulait observateur d’une humanité qu’il ne comprenait plus. N’était-ce pas au fond un prétexte pour ne pas choisir, pour se laisser porter par les autres ? Cela faisait à présent plusieurs années qu’il laissait Bachir et Welfolt tracer sa route. Bachir n’était plus et cela l’effrayait. Au-delà de l’affection, c’était un guide qui s’effaçait. L’occasion était-elle venue de se reprendre en main ? Autre question, plus immédiate en cet instant où le pantin de métal passait la porte : qui était Coffin ? Quel serait son rôle, à lui ?

La tragédie avait provoqué cette rencontre. L’homme paraissait ne pas être comme les autres. Il n’avait montré aucun don particulier, aucune manifestation d’un hypothétique gène X ; pourtant il avait quelque chose en plus, quelque chose qui ne le rendait pas banal. Parmi la foule meurtrie, il n’était pas le seul rescapé, pas le seul valide, mais il avait été le seul à s’engager sur la scène, semblant répondre au cri de douleur de Pinocchio. Homme ou mutant, peu importait. Karl ne faisait pas de distinction à ce niveau. Il jugeait avant tout les individus sur leur force de caractère. A quoi bon avoir un gêne X si c’est pour rester plat ? Est-ce vraiment exceptionnel d’accomplir des miracles quand on est prédisposé à le faire ? Bien peu de mutant pouvait se venter d’avoir vraiment du mérite.

En entrant dans le bureau, la curiosité poussa Hodgkin à balayer le lieu de son irréel regard. Il ne le fit pas avec hâte, bien au contraire. Il constata l’ordre qui régnait ici, il cherchait à capter l’âme de l’endroit. Le pantin s’arrêta sur le japonais, l’évaluant sans retenu. Il perçut la méfiance. Enfin, ce fut Matthew qu’il fixa. Ce dernier, ainsi que son bras droit, avaient eut le temps de se remettre de l’attenta et avaient donc meilleur mine. Karl, prit place. Quand il se mouvait, on n’entendait guère plus que le cuir de son costume qui travaillait. Ses articulations bien huilées n’émettaient qu’un murmure sordide. Il avait la taille d’un enfant, mais le poids d’un adulte bien en chair. Lorsqu’il s’assit, on le devinait aux légères protestations de la chaise. Les pieds ne touchant plus le sol, Hodgkin se tint droit, les mains jointes sur les genoux.


-Je présume que les pantins sont toujours dans votre véhicule, monsieur Coffin, commença-t-il de sa voix froide, métallique. J’aimerais les voir.

En réalité, il exigeait mais ne pensait pas utile de le souligner pour ne pas être trop désagréable. Il avait besoin de savoir si l’homme avait oui ou non tenu parole jusqu’au bout. Inutile de préciser que cela allait avoir une influence colossale sur la suite des événements.
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeSam 4 Juin 2011 - 19:49

Sur la demande du pantin j'ai claqué des doigts. Yamamoto est alors sorti du bureau, lançant une directive à l'homme de main qui attendait dehors. Quelques instants plus tard deux autres gangsters entrèrent la pièce, chacun portant un carton. Ils déposèrent leur chargement à côté de mon invité et sortirent. J'ai désigné les cartons d'un geste de la main, signifiant à Pinocchio qu'il était libre d'inspecter ses biens, je n'avais rien dérobé.

Je suis resté un certain moment à l'observer. Bien qu'impassible de visage, mon regard en disait plus que n'importe quel discours. Il n'y avait nulle crainte au fond de mes yeux, pas même une once de méfiance, juste de la gourmandise.

Travailler avec des mutants avait fait ma fortune, mon pouvoir. Socialement discriminés, économiquement exclus, les mutants étaient naturellement poussés vers le crime. Cependant, user d'une main d'œuvre aussi puissante requérait un certain nombre de précautions, ainsi la majorité d'entre eux ne survivaient guerre plus longtemps qu'un papillon parmi mes rangs. Deux raisons expliquaient cette mesure radicale. La première était sociale, dans la majorité des cas mutant town fournissait des clochards, des junkies, leur corps lâchait sous la rudesse de l'existence qu'ils menaient ou sous le poids de leurs vices. La seconde raison, et la plus importante, était policière. Confronté à une nouvelle race de criminels, mettant à profit les dons inouïs du gène X, l'Etat avait créé une nouvelle race de policiers. Le B.A.M était un risque que je ne prenais pas à la légère, jamais. Dans ce pays il valait mieux tomber pour terrorisme que se faire arrêter par ces chers messieurs du B.A.M.

Alors, quand un de mes employés chargé de récupérer l'enveloppe hebdomadaire de tel ou tel commerce se mettait soudainement à exécuter les clients les un après les autres avec moult explosions, ça avait tendance à très mal se terminer pour l'employé en question. Sans avoir d'a priori sur eux, il faut bien reconnaître que se débarrasser d'un mutant est une chose paradoxalement plus aisée que de se débarrasser d'un humain. Naturellement confiant en ce qui fait de lui un être exceptionnel, le mutant se montre parfois arrogant, et même aveugle en ce qui concerne sa propre vulnérabilité. Il n'y a donc rien d'étonnant à pouvoir aisément lui caler une balle de 45 dans la nuque. Comparé à un ex mafieux multipliant gardes du corps, limousines blindées et fuites à l'étranger, se débarrasser d'un mutant est d'une simplicité enfantine. C'est d'ailleurs ce qui m'a permis d'éviter que des organismes comme le B.A.M ne remontent jusqu'à moi.

Il serait pourtant faux de croire que, comme l'Etat a une certaine période ou d'autres organisations ayant œuvées secrètement sur le gène X, je ne vois dans les mutants que du bétail, une main d'œuvre bon marché. Absolument faux, s'il y a tant « poissons rejetés à la mer » c'est que les mutants que je choisis sont en inadéquation avec la plupart des réalités sociales. Ils ne saisissent pas toutes les subtilités qu'impliquent leur présence dans mon organisation. Il y a évidemment un indice de réussite, certains d'entre eux travaillent toujours pour moi et se sont montrés capables de répondre à mes exigences.

Quel genre de mutant serait Pinocchio ? Cette question me trottait dans la tête depuis que je lui avais parlé sur la scène. Même avant ça, accepterait-il de travailler pour moi, ou d'envisager le crime organisé avec un autre regard que le populo de base ? J'étais indécis. Nul doute que la mort du marionnettiste, qui semblait avoir été un proche du pantin, avait bouleversé ce dernier, sa tenue le prouvait. Mais était-il si perdu qu'il le laissait entendre ?


-Ce n'est jamais facile d'être différent au sein de la normalité, dis-je avec l'intonation de ceux qui savent de quoi ils parlent. Qui plus est aujourd'hui, avec les évènements qui nous ont tous deux frappés de plein fouet.

D'après mes premières constations, Pinocchio devait être une sorte d'entité capable de s'incarner dans des objets. A partir de ça, il était aisé de deviner que pour obtenir un domicile, un numéro de sécurité sociale ou même acheter une voiture, c'était chose impossible. A première vue il paraissait être un de ces mutants voués à la clandestinité.

-C'est pourquoi je me charge de donner à Bachir une sépulture décente.

J'étais conscient de marcher sur des œufs, le pantin pouvait prendre cet acte de charité pour ce qu'il était, ou au contraire comme une menace déguisée : si j'étais capable d'obtenir le nom du marionnettiste, ce n'était qu'une question de temps avant que j'obtienne celui de la marionnette.

-Je suis Matthew Coffin, répétais-je, non par arrogance mais pour que ce nom s'incruste profondément dans l'esprit de mon invité. Je suis un facilitateur, je suis connu pour fournir n'importe quoi à n'importe qui, que ce soit une femme, de l'amusement ou même une raison de vivre... Ce soir je vous offre ce service, gratuitement, en raison de votre deuil. Néanmoins, il est possible qu'un jour -mais ce jour ne viendra peut-être jamais- je fasse appel à vos services. Ce jour là, il faudra répondre présent.

Doucement, j'avais glissé des condoléances les plus sincères vers la plus banale des conversations professionnelles. Il fallait que Pinocchio se rende compte d'une chose, j'étais un homme puissant, si puissant que je pouvais prendre les morts en otage. Et être à mes côtés signifiait gouter à cette puissance.
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeDim 5 Juin 2011 - 9:00

Sitôt les cartons déposés, Karl s’était levé. Il ne le fit pas avec précipitation bien qu’en son fort intérieur il était impatient de toucher les marionnettes de son défunt ami. Quel étrange besoin. Il était irrationnel car quel bien cela pourrait-il lui apporter concrètement ? Et pourtant, il se sentit soulagé en efflorant de sa main ganté le bois de ces êtres inanimés. La logique ne devait pas être une règle infaillible. Les sentiments s’y substituaient. C’était quasiment une nouveauté pour Hodgkin dont l’éternel recule avec les événements l’empêchait d’être émotionné. Cette journée avait été une effroyable exception.

Pinocchio laissa parler Coffin. Il lui tournait le dos. Il s’était mis à manipuler le pantin brulé, celle qu’il avait incarné en dernier sur scène, avec une délicatesse saisissante. Pour un peu, on aurait put croire qu’il s’était mis à ignorer l’homme. Mais il n’en était rien. Quand ce dernier acheva sa dernière tirade, Karl lui fit face. Il tenait toujours en main la marionnette dévorée par les flammes. Il la soutenait comme s’il s’agissait d’un mourant.


-La dépouille mortelle de Bachir m’importe peu. Je n’ai que faire d’un cadavre sans âme. A mon sens, s’il reste encore quelque chose de lui en ce monde, ce sont ses créations.

Hodgkin redéposa le pantin dans le carton et reprit place sur sa chaise.

-Bachir a une famille. Il me semble que ce sera à elle de s’occuper des funérailles. Bien sûr, si cela ne devait pas se faire, je suppose que la décence humaine m’oblige à m’en occuper, donc à vous demander de le faire puisque j’en suis moi-même incapable.

Pinocchio marqua une brève pause. Il s’était remis à observer Matthew. Dans son regard, il lut quelque chose qui lui rappela Gorge Welfolt. Il devait se trouver en présence du même genre d’individus ambitieux, rusés, déterminés, implacables. Evidement, ce n’était là qu’une vague impression. Karl peinait à cerner les gens. Il faisait avec ses maigres moyens. Il reprit, toujours aussi froid, toujours aussi calme.

-Je sais aussi qu’en ce monde, rien n’est gratuit. Vous avez l’air de quelqu’un d’important, monsieur Coffin. Peut-être même avez-vous plus d’influence que mon patron. Non, je ne parle pas de Bachir. Voyez-vous, le pantin que j’habite en ce moment n’est pas l’œuvre du marionnettiste. Jamais il n’aurait fabriqué une chose aussi laide.

Sur ce, Pinocchio ôta son large chapeau, dévoilant son hideuse tête. A peu de chose près, on aurait dit un crâne humain. L’aspect métallique et la leur move émanant des orbites vides le rendaient particulièrement repoussant. La bouche était articulée. La dentition se voulait effroyable. C’était du beau travail.

-Mon patron met à ma disposition ce qu’on pourrait qualifier des pantins de guerre. Pour lui, j’espionne, j’intimide, je trucide. Sachez qu’il a sur moi un moyen de pression que vous n’aurez jamais. Ses directives prévaudrons donc toujours sur les vautres. Mais l’idée de vous rendre service ne me dérange pas, au contraire… du moment que cela me permet de bénéficier de votre aide…

Pinocchio remit son chapeau.

-Vous conserverez les pantins, dans un lieu que vous me communiquerez. Je n’ai pour l’heure pas d’endroit ou les ranger. Il y a autre chose que j’aimerais vous demander, autre chose qui me tient à cœur. L’attenta de cette après-midi a été organisé par une ou plusieurs personnes. Je veux ces personnes, je veux les broyer. Cela vous semble-t-il faisable ?

Matthew se demandait si Pinocchio était prêt à entrer dans le monde criminel. Il avait à présent découvert que le pantin de métal en faisait déjà parti.
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeJeu 16 Juin 2011 - 13:12

Il n'était pantin que d'apparence. Un esprit ambitieux, indépendant, au pied duquel était attaché le boulet de la réalité. Voilà ce que voulait me faire comprendre Pinocchio. Malgré sa voix robotique, il parvenait avec peine à dissimuler le dégout que lui inspirait le lien de servitude qui l'enchainait à son principal employeur. Voilà pourquoi il avait démolis mes arguments un à un. Il obéissait à ses propres valeurs, certaines pouvaient être communes au reste de l'humanité -c'est ce qu'il démontrait par rapport aux funérailles de Bachir- mais d'autres semblaient quant à elles tirées de sa propre expérience. Le pantin était familiarisé à ce genre d'entrevue, ça se sentait. Il avait la manière de parler qu'ont la plupart des gens du système, tantôt imaginée, laissant deviner ses exigences, tantôt crue et directe, appuyant son propos avec force. Je l'ai laissé parlé, je l'ai laissé agir, ordonner même. Je voulais savoir jusqu'où il irait dans les ordres et les confidences...[i/]

-Je vais mettre les choses au clair, [i]dis-je lorsque le moment de reprendre la parole me parut être le bon.
Je ne travaille pas au contre-terrorisme, quant à mes chances d'arriver un jour au Gouvernement elles sont pour le moins minces. Je n'en sais donc pas plus que le téléspectateur américain moyen sur cet attentat. Les autorités ont parlées de trois bombes artisanales, hormis ces éléments on ne sait rien d'autre.

Un nid de frelons, voilà ce que c'était. Dix ans après le 11 septembre, en pleine psychose collective de l'islamiste ceinturé d'explosif, des explosions avaient animées New York. Les journaux télévisés passaient en boucles les mêmes interviews de rescapés pleurnichant dans les ambulances, de flics municipaux fier de dire qu'ils avaient pu tout voir, bien au chaud dans leur voiture à se gaver de donuts, et comme à chaque fois qu'il était question de terrorisme, la sempiternelle compilation des Twins Towers était de sortie. Un bon moyen d'occulter le fait que les fameuses autorités nageaient dans le potage. Depuis 2001 l'oncle Sam avait retenu la leçon : le nombre d'attentats évités de justesse et de réseaux terroristes démantelés sur sol américain le prouvait. Accuser Al Quaida c'était bon pour les journalistes de Fox News, la vérité c'est que pour réussir à faire passer trois bombes en plein patriot act et les faire exploser à New York il fallait connaître le système de l'intérieur. Aucun groupuscule du moyen orient n'en était technologiquement ou logistiquement capable. Mais aucun officiel ne se risquerait à déclarer qu'on avait encore baladé la CIA et qu'au contre-terrorisme ils étaient incapable de fermer les porte à clef.

-Mais si vous voulez mon avis, continuais-je sur le ton de la confidence. Ce n'est pas la dernière fois que la bannière étoilé tremblera sous les bombes. Le coup est bien monté, ceux qui ont fait ça sont assez intelligents pour recommencer.

Je n'allais pas m'intéresser plus que cela à ce genre d'histoire, tout simplement parce que je ne voulais pas m'intéresser à ce genre d'histoire. Attirer l'œil de l'Etat sur mes affaires étaient à l'opposée de mes intentions. Cependant je pouvais accéder à une autre demande de Pinocchio.

-Soyez assuré que je mettrais vos affaires en sûreté. Yamamoto vous indiquera l'endroit où elles seront placées. A l'avenir c'est par le biais de Yamamoto que nous discuterons, une simple mesure de sécurité aussi utile pour vous que pour moi.
J'ai ramassé quelques papiers dispersés sur le bureau avant de jeter un coup d'œil à ma montre.
-Je ne voudrais pas paraître discourtois, mais une journée chargée m'attend demain, une journée nécessitant une certaine quantité de travail à abattre.

Les limites étaient définies entre le pantin et moi. Je voulais cependant qu'il sache que je faisais partie des marionnettistes capables de trancher ses fils.
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MessageSujet: Re: Brûlé par la haine [Libre]   Brûlé par la haine  [Libre] Icon_minitimeVen 17 Juin 2011 - 19:38

-Très bien, monsieur Coffin. Je vais donc suivre monsieur Yamamoto jusqu’à l’endroit où seront entreposés les pantins de Bachir. Si vous désirez prendre contact avec moi, laissez un message à côté des pantins car je pense venir régulièrement les voir.

Parvenir à contacter Pinocchio n’était une mince affaire, Matthew devant sans doute le deviner. Le mutant n’avait ni adresse, ni aucun numéro de téléphone. Il ne possédait rien, pas même un corps. Ce n’étaut qu’un fantôme qui finalement n’appartenait plus vraiment à ce monde. Entre lui et un être qui vivait réellement, le faussé était immense. Et force est de constater que ce faussé ne cessait de se creuser. Si Karl était un bateau, si l’humanité était le quai, les amarres une à une lâchaient. La mort de Bachir n’avait-elle pas coupé la dernière ? Hodgkin se leva.

-J’éviterais de mentionner cette rencontre à mon présent employeur. Ceci est préférable, autant pour vous que pour moi.

Gorge Welfolt ne verrait pas d’un bon œil que son plus grand atout serve d’autres intérêts que le sien. Pinocchio préférait lui laisser l’illusion d’une certaine dépendance. De plus en plus, il était amené à cacher son jeu avec le docteur. Mais ce dernier ne pouvait s’en prendre qu’à lui. De collaborateur, il s’était doucement mué en patron. Il voyait Karl comme un outil et la communication avec lui se limitait progressivement à de simples ordres. Si le mutant désincarné ne se savait pas vulnérable face à Welfolt, il se serait déjà éloigné de lui ou alors, il l’aurait assassiné.

-Bonne nuit, monsieur Coffin.

Dormir, pour Pinocchio ce n’était plus qu’un mot. Il en venait presque à jalouser les humains qui, eux, avaient droit à ce luxe de l’évasion par le sommeil. Karl se dirigea vers Yamamoto. Les salutations étaient faites. La discussion était close.


HRP : désolé, c’est un peu court.
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