Plongée en eaux troubles [PV Le roi d’ombre]

-Karl… vous me décevez ! Imaginez-vous seulement les conséquences de votre échec ? Mademoiselle Ray est furieuse ! Elle représentait une alliée de poids pour mes affaires ; maintenant c’est fichu ! J’ai perdu sa confiance et vous la mienne !

Gorge Welfolt, le visage cramoisi par la fureur, arpentait son bureau d’un pas rapide alors qu’il hurlait sa colère. Une fois de plus, il se complaisait dans de longs monologues excessifs dont il avait le secret.

-Qu’est-ce qui sait passé bon dieu ? Tailler en pièces des flics, vous l’avez fait plus d’une fois ! Ce travail était un jeu d’enfant, UN JEU D’ENFANT ! Expliquez-moi ce qui vous a poussé à sauter du fourgon ! Vous êtes stupide ?! Vous n’avez pas compris ce plan ô combien basique ?! Quand je pense qu’en plus vous disposiez d’un corps redoutable, un corps qui m’a coûté une fortune, un corps que vous avez PERDU !

Pinocchio, silencieux, immobile, écoutait d’une oreille distraite les propos de son patron. Son regard vide s’égarait du côté de la fenêtre. Par cette dernière filtrait la lumière d’un jour mourant. Il avait échoué, certes, mais était-il pour autant nécessaire d’en faire un drame ? Il avait échoué mais n’en avait que faire. Son esprit était ailleurs. Il n’avait pas parlé de l’incident. Il le gardait pour lui. Cette vision du monstre marin le hantait, l’obsédait, l’attirait… Elle l’effrayait aussi, la peur de se sentir vulnérable. C’était presque nouveau pour lui. Celui qui lui avait adressé ce message paraissait capable de l’attendre, lui, l’esprit désincarné… Devait-il répondre à l’invitation ? « Pense à moi », avait dit l’inconnu. Etait-ce là le chemin à suivre pour le retrouver ? Jusqu’à présent, Karl se gardait bien de trop y penser mais c’était si dur.

-DIS QUELQUE CHOSE ! vociféra Welfolt.

Hodgkin, brutalement sorti de ses réflexions et ramené au moment présent, tourna la tête vers son patron.

-Pardon, prononça-t-il avec une neutralité affligeante.

Il était si loin des préoccupations du scientifique qu’il ne parvenait même pas à faire semblant de s’y intéresser. Cette réplique parut ulcérer le quinquagénaire. Il resta un instant figé sur place, tremblant de rage.

-Pardon, c’est tout ce que vous avez à dire ?

Il voulait des explications, il n’allait pas en avoir. Pinocchio reprit.

-Pardon… ça ne se reproduira plus.
-C’est déjà mieux. Sachez que je retourne en Angleterre, des affaires pressantes m’y obligent. Mais puisque vous avez l’air si peu concerné par mes projets, je ne vais pas gaspiller ma salive à vous en dire plus. Vous, vous restez à New York. Maintenant, HORS DE MA VUE !

Il n’allait pas falloir le lui dire deux fois. Karl sauta de sa chaise afin de retourner au sol. Il quitta le bureau sans un mot. La porte franchie et refermée, il prit la direction du sous-sol. C’était là qu’était entreposé l’ensemble des pantins mis à sa disposition par le savant fou. A de rares exceptions, tous étaient plus hideux les uns que les autres, si bien que le lieu qu’ils décoraient avait fini par être surnommé « la galerie des horreurs » par les sbires de Welfolt. Karl y pénétra et se rendit à une étagère libre. Il s’allongea sur un rayon et resta ainsi sans quitter son corps. Il incarnait pour l’instant un pantin en acier à l’apparence squelettique. Haut d’un mètre vingt, muni d’yeux éclairant, entièrement vêtu de cuir noir et portant un large chapeau lui-aussi noir, il avait de quoi repousser. Mais c’était si peu de chose face au titanesque monstre marin auquel il se remettait déjà à penser. N’y tenant plus, Pinocchio se focalisa sur cette image aussi fort qu’il en était capable. Si c’était ainsi qu’il fallait répondre à l’invitation, alors il l’avait fait. En lui se mailait l’appréhension et l’excitation. Welfolt et sa colère était déjà si loin…

Le roi d'ombre avait expédié les affaires courantes assez rapidement après que la tentative d'évasion se soit révélé complète. L'affaire n'était pas retombé sous le coup de sa section, mais sous celle de la section 1. Un hasard tout à fait fortuit... Car le roi d'ombre était à peut prêt certain qu'on ne retrouverait pas les deux fugitifs avant un long moment. Non, cette affaire était bien trop risqué et ne rapporterait rien de bien conséquent. Que ce soit au niveau du plaisir de la chasse qu'au niveau du prestige qu'il y avait à en retirer. Qui avait la moindre envie de s'employer à réparer les pots cassés ? En tout cas pas lui. Que ses très cher collègues s'amusent donc bien avec cette voie sans issues. Lui pourrait sans difficulté progresser dans une voie beaucoup plus rentable : le démantèlement de l'organisation criminelle connu sous le nom de CRIM. Bien sur, celui ci était déjà largement moribond. Mais mettre sous les verrous les têtes qui avaient échappés à la justice serrait déjà un grand plus. D'autant que cette organisation devait être profondément enracinée dans le paysage criminel. Donc, qu'il était probablement possible que le CRIM, même affaibli, emporte dans sa chute quelques autres organisations. Ce qui ne pourrait que constituer un bonus pour la carrière du brave Georges Patterson. Bien sur, il y aurait certainement des occasions pour en plus remplir des objectifs plus utilitaristes... Comme tendre les relations entre les humains et les mutants, par exemple. Ou en profiter pour affaiblir un peu plus l'institut Xavier. Bref. Pour l'instant, il s'était retiré dans son bureau pour étudier un dossier relativement important. Il s'agissait d'un descriptif sommaire d'une structure mafieuse récemment identifiée réalisé suite aux recoupement d'une série d'indic. Cette structure semblait assez nébuleuse, plus clanique que familiale, à la manière des plus ancienne famille italienne. Personne ne semblait même être en mesure d'identifier la base opérationnelle de cette famille, ni de donner le nom de membre dépassant le rang de simple petite frappes. La rumeur voulait qu'ils soient des assassins et des espions hors normes. Intéressant. S'il s'agissait d'autre chose que d'une simple légende urbaine, c'était réellement intéressant. D'autant qu'il n'en avait jamais croisé le chemin.

Il en était la dans ses réflexions quand la sonnette mentale qu'il avait placé plus tôt dans la journée s'activa. Le mutant répondant au nom de Karl Hodgkin venait de franchir le pas, et de chercher à le contacter. Il avait savouré d'avance cet instant, sachant qu'il viendrait rapidement. Le mutant était bien trop curieux pour se retenir, et il lui avait fait connaitre des sensations qu'il ne soupçonnait même pas. Maintenant allait se jouer une opération toute en délicatesse et en manipulation. Il fallait qu'il en apprenne plus sur lui, qu'il le pousse à le rejoindre. D'après ce qu'il avait déjà perçu de son esprit, il était sous le coup d'un puissant choc émotionnel du à la perte d'un être cher, et actuellement sous l'emprise d'un homme qui ne souciait que peut de lui. Bref, le moment idéal pour lui offrir quelque chose de neuf vers quoi se tourner, une expérience et quelque avec qui en parler. Il était bien sur hors de question de faire ami ami avec lui. Mais, il pourrait faire quelque chose d'approchant. Après tout, même sur le plan d'esprit, tout n'était que masque et artifice.

Quelques instants plus tard son esprit avait rejoint celui du mutant qui l'avait appelé, et il l'avait projeté une fois de plus dans le plan astral. Le décors était le même que la dernière fois, une immense étendue d'eau, ressemblant à s'y méprendre à une mer dont les bornes n'auraient connues aucune limites, dans aucune directions mais dont l'eau serrait cependant restée assez claire et lumineuse pour permettre au regard de se porter alentour. Le roi d'ombre le laissa la, sans rien faire, pendant quelques instants. Il voulait laisser le doute s'imposer dans l'esprit du mutant. Laisser la peur faire son apparition. Après tout, la dernière fois qu'il s'était retrouvé la, tout ce qu'il avait connu, s'était la solitude et la douleur... Il fallait qu'il craigne autant qu'il redoute la présence du monstre marin. Après ce qui du sembler une éternité à la marionnette, le monstre apparut soudain, comme la dernière fois, rapide, fonçant sans hésitation sur le mutant.

"Te revoilà, petit poisson... tu n'es décidément pas très prudent."

Contrairement à la dernière fois, le monstre marin ne percuta pas le mutant, non. Il l'avala. Intégralement. La luminosité disparut, et le déglutition s'accompagna d'une sensation de chute pour l'homme. Quelques instant plus tard, il se trouvait dans une sorte de caverne. La loi de la logique aurait voulu que celle ci ne puisse se trouver dans le ventre de l'animal... Mais il n'y avait pas de loi logique dans le plan astral. Surtout pas quand le roi d'ombre était la, car il pouvait plier cette réalité à ses désirs, et avait eu largement le temps d'apprendre à le faire. Pour en revenir à la caverne, celle ci avait son sol tapissé d'ossements, de toutes sortes, mais dont la majorités étaient clairement humains. Certains, largement plus rares, semblaient issus de temps préhistorique, faces d'os menaçantes échappées d'un autre temps. Par endroit les os formaient des monticules, voir de petites collines. Au sommet de l'une d'entre elle se trouvait une créature, à l'aspect vaguement humanoïde. En fait, la physionomie était quasiment identique... A la différence notable que la tête ne comprenait autre chose qu'une bouche, énorme, qui arborait un sourire constant... Et relativement inquiétant. La créature était nue et d'une teinte rosâtre étrange, était assise au sommet de la colline sur crane de ce qui devait être un cheval. En s'approchant, on pouvait distinguer le fait qu'elle jouait avec une marionnette, constituée de ce qui ne pouvait être que des ossements d'un enfants. Chacun des mouvements de la marionnette était gracile et délicat, ce qui était impossible considérant le nombre de fil, mais qui était quand même le cas.

Spoiler:

Hj : si tu as des questions, n'hésite pas. Pareil, si quelque chose te dérange, dis le moi.

De retour en cet infini océan, Karl se laissa dériver au gré des vagues. Patient, il attendait celui auquel il avait répondu à l’appel. Ce mystérieux personnage viendrait tôt ou tard… enfin c’était ce que la logique voudrait. Les secondes défilaient, se muaient en minutes, se muaient en heures… peut-être même en jours. Comment savoir ? La tête encombré de questions, Pinocchio perdit très vite la notion du temps. Tout ce dont il était sûr, c’était que le monstre tardait à se montrer. Se montrerait-il ? Pourquoi ne se montrait-il pas ? Et s’il ne se montrait pas, que faudrait-il faire ? Etait-il possible de sortir de ces eaux étranges ? Et d’abord, qu’était cet endroit ? Hodgkin n’était pas du genre à paniquer. Depuis longtemps, il ne percevait plus le temps comme les individus ordinaires. Plongé dans l’inconnu, les doutes l’assaillaient tout de même, presque autant que la curiosité. Ce qu’il vivait, ce qu’il ressentait, était indéniablement nouveau. Alors plutôt que de se contenter d’attendre, plutôt que de ne penser qu’au monstre marin, il observa ce qu’il pouvait : la mer à perte de vue. Il réfléchit dessus, se demanda ce qu’elle signifiait et si elle était réelle. Il constata également l’étrangeté de ce qu’il ressentait. En ce monde, il ne percevait plus vraiment son corps d’emprunt et pourtant, il en avait toujours l’apparence. Pour se mouvoir, nul besoin de concentration, c’était plus simple, plus facile. Il avait l’impression d’être sous sa forme immatérielle mais il n’avait pas pour autant perdu ses sensations. Comment était-ce possible ? Rien que cet océan, ce monde, donnait à Karl assez de matière pour s’interroger une éternité. Mais il n’oublia jamais totalement le monstre marin. Il continuait de l’attendre. Les doutes croissaient, pas le peur qui elle, au contraire, s’estompait. Hodgkin n’avait au final pas grand-chose à perdre. Certes, mourir pour de vrai, disparaitre à jamais, l’inquiétait. Mais rester coincer ici ne le dérangeait pas plus que ça. Car ici, il était face à des énigmes dignes de ce nom. Evidement, il finirait un jour par s’en lacer et vouloir partir, mais pas tout de suite. L’existence qu’il menait dans le monde réel ne lui convenait pas vraiment, surtout depuis qu’il avait perdu Bachir. Cela faisait des années qu’il cherchait en vain à retrouver une vraie place dans cette société qui le dépassait. Sans doute était-il trop différent pour avoir une place.

Quand le monstre apparut, quand la voix résonna, Pinocchio fut prit de surprise. La peur revint. Et si c’était son dernier instant ? Le monstre fondait sur lui, la gueule béante ! Et si c’était la mort venue pour lui ? Il n’eut pas un geste, pas une tentative pour fuir. Il savait que c’était inutile. Il était si petit. Il ne cria pas non plus. Mais il ferma les yeux alors que l’obscurité l’engloutissait. Cette frayeur, dans la réalité, il ne la ressentait jamais car il savait que si peu de chose pouvait l’atteindre. Mais ici, il n’avait plus ce recule, ici, il vivait pour de vrai. Il chuta puis heurta le sol dans un fracas métallique. Il rouvrit les yeux, découvrant une grotte emplie d’ossements. Etait-ce vraiment l’intérieur du monstre ? Cela n’y ressemblait pas. Pinocchio se releva. D’un geste, il récupéra son chapeau et le replaça sur sa tête. Puis il prit un os, un fémur trouvé à ses pieds. D’une main il le tenait, de l’autre il tapotait dessus. Il l’observait aussi. De nouvelles questions émergeaient en son esprit. Qu’est-ce que tout cela signifiait ? Tant de questions, aucune réponse… bientôt le fait même de s’interroger deviendrait inutile. Karl observa plus en détail la grotte. Sur une colline d’ossements, il vit l’étrange créature jouant avec ce pantin fait d’un squelette d’enfant. Il lâcha son os et s’approcha. Bientôt, il fut au pied de la colline. Là, il s’immobilisa, préfèrent sans trop savoir pourquoi ne pas s’avancer d’avantage.

-Est-ce vous qui m’avez invité ? Qui êtes-vous ? Quel est cet endroit ?

Il parlait avec calme mais peinait à cacher son impatience. Il voulait tant commencer à comprendre. Après une brève pose, il désigna du doigt la marionnette.

-Est-ce qu’elle me représente ? Est-ce un symbole ?

Il avait décidément bien jugé le mutant. Celui ci laissait la curiosité emporter toute prudence, et toutes considération visant à le garder de mauvaises rencontre. La majeur partie des gens qui se serraient retrouvé à sa place auraient montré des signes de peur. Ou bien, ils auraient tenté de la cacher, en apportant la réponse classique de l'être humain quand il était confronté à l'inconnu et à l'effrayant : la colère et la violence. A croire qu'il s'agissait d'instinct primaire qui ne manquaient jamais d'être utilisés, d'un réflexe d'auto défense. Un réflexe qu'il était si simple de retourner contre eux. Encore une manipulation qu'il avait utilisé des dizaines de fois, si ce n'était des centaines au cours de sa longue existence. C'était amusant de remettre en cause les théorie d'évolution du comportement humain, dont il avait récemment pris connaissance. Un jour, pour s'amuser, il faudrait qu'il confronte les théories d'un de ces génie philosophiques à son expérience. Ce serrait un vrai régal que de voir théorie et grande idée s’effondrer ... Mais ce n'était que du jeux, de l'amusement. Il fallait qu'il se restreigne. Il était trop facile de céder à toutes les petites tentations qu'offrait le monde et le plan physique en particulier. S'il se laissait aller, son corps d'empreint en souffrirait, tout comme, très probablement, ses plans. C'était le problème des esprits. En effet, si l'influence des esprits sur le corps était considérable... Et bien, l'inverse était tout à fait vrai. Une personne qui n'avait plus ressentit de sensations physiques et qui venait à s'y retrouver exposer à nouveau ressentait immanquablement une sensation de besoin, voir de manque. La puissance de son esprit le protégeait partiellement de ces besoins, mais pas complètement. Il fallait régulièrement qu'il cède à des pêchés véniels de la chaire pour satisfaire ses envies. Mais bon, si c'était la le prix à payer pour son état d'esprit immortel, ce n'était pas bien loud, et il était tout ce qu'il y avait de plus prêt à accepter. D'ailleurs, il avait largement eu le temps de se faire à ce léger désagrément, et avait pris soin de rester loin des tentations qui avaient le plus fort effet sur sa chaire.

Bon. Maintenant, il fallait faire un choix. Comment répondre aux questions du mutant ? Avec franchise ? Le roi d'ombre, par principe, n'aimait pas cette méthode. On gagnait rarement à dire la vérité aux gens. Mieux valait s'en servir pour enrober des mensonges, ou encore l'instillé au milieu de phrases ayant d'autres buts. C'était comme ça que la vérité avait une véritable utilité. Pas en tant qu'absolu qui devait apporter la lumière aux gens, comme le croyaient les humains. Hum. Ne pas en dire assez risquait aussi de lui faire croire qu'il refusait de lui faire confiance, et donc qu'il n'était pas digne de confiance en retour, ce qui n'était pas le but choisis. Non, le mieux serrait de lui faire croire qu'il avait une place importante, qu'il était quelqu'un d'unique et qu'il avait de la considération pour lui. Hum. Ce n'était pas ce qu'il faisait de mieux, mais il ont était capable de merveilles avec un peu d'entrainement et du temps. Et le roi d'ombre avait eu les deux.

"Hum ... Qui je suis ? Le prends pas mal, petit poisson, mais je ne te connais pas vraiment... Alors, t'offusque pas si je ne te fais pas confiance. Et puis, un nom, c'est tellement réducteur pour commencer une discutions avec moi. "

Alors qu'elle parlait, la ou se trouvait la tête de la créature s'était troublé, laissant apparaitre d'autres visages anonymes, qui se succédaient rapidement, laissant une impression trouble, pour finalement reprendre son apparence initiale. Puis le sourire de la créature s'élargit un peu plus... si c'était possible. La voix qui sortait de cette bouche sur patte était désagréable, grinçante, irritante. Elle semblait faites pour piquer le susceptibilité de quiconque l'entendait.

"Mais bon, pour faciliter la communication, on va dire que tu peux m'appeler Smile. On verra plus tard quand on se connaitra mieux pour des présentation poussée, non ? Moi je t’appellerais... Voyons... Poisson. "

La créature passa son immense langue d'un rose bien trop vif sur ses dents disproportionné et lâcha un petit ricanement de gorge. Puis, elle reprit.

"Si je ne m'abuse tu t'es invité tout seul, Poisson... Disons que je t'ai juste envoyé une adresse. Quand à l'endroit ou nous sommes... ArkArkArk"

Il difficile de voir dans ce son rauque un rire, mais il semblait que ce soit bien sa nature.

"Si une question n'a bien pas de sens ici haut, c'est celle ci, Poisson. Nous ne somme pas dans un lieu physique. Nous sommes ailleurs ... C'est clair, n'es ce pas ? Nous sommes la ou seul les esprits ont droit d'accès, le lieu de la pensée, la croisée des schéma psychique... Nous sommes dans le plan astral ! L'endroit qui se situe dans l'esprit de tout un chacun, voisin de la dimension du rêve, et des royaumes des cauchemars ... Tu n'en crois pas un mot, n'es ce pas Poisson ?"

Puis, quand la marionnette porta son attention sur le jouet que la créature qui répondait au nom de Smile n'avait cessée de manipuler pendant la durée de l'échange, à nouveau le ricanement désagréable se fit entendre, comme si elle savourait une bonne blague, qu'elle savait être fait sans qu'elle en ait jamais à rendre compte.

"Qu'elle te représente ? Qu'es ce qui te fait croire ça, Poisson ? "

Tout en parlant, la créature avait lâché des mains la marionnette, et dans le même temps une sorte de fumée brumeuse était apparue et s'en était emparée. Des mains s'étaient matérialisée pour manipuler les ficelles, et lentement, la fumée commença à prendre une apparence plus humaine. Au point que quelques instants plus tard, le marionnettiste Bachir, récemment décédé dans un attentat était aisément reconnaissable. Il manipulait la marionnette avec grâce, la faisant virevolter comme si elle donnait un ballet. Il lui fit saisir une fleur qui poussait par la miracle, et la déposa dans l’œil d'un crane, comme pour égayer l'endroit... Puis disparu, laissant place à une autre figure également bien connue du mutant : le docteur Welfolt. La marionnette commença à bouger de façon plus saccadée, plus brutale, avec des gestes amples et moins bien coordonnés. Elle se mit soudain à s'occuper d'une tache futile, déplacer les ossements, apparemment sans raison, formant un tas, puis le détruisant... Et finalement, le bon docteur s'effaça lui aussi, non sans remettre les ficelles à Smile.

"Non, vraiment... Je ne vois pas pourquoi tu pourrais penser ça. ArkArkArk !"

Hj : comme d'hab. Si tu as des trucs qui te plaisent pas ou que tu ne comprends pas, dis le moi. Un truc que j'avais oublié de préciser : sur le plan astral l'apparence est celle que l'on veut projeter.

Karl, telle une statue, observait fasciné la mise en scène de la créature. Il y voyait un sens symbolique évident. Son existence narrée en quelques mouvements… c’était effrayant de simplicité. Est-ce qu’on pouvait vraiment résumer sa condition à cela ? Une marionnette au sens propre et figuré du terme, voilà quelle était sa place dans le monde physique. Cela faisait des mois qu’il cherchait à se convaincre du contraire. Mais il fallait se rendre à l’évidence : il avait échoué. Trop différent par rapport au commun des mortels, jamais il ne pourrait espérer ne serait-ce mimer être comme tout le monde, jamais il ne pourrait retrouver cette place qu’il avait tant cherché. Et Bachir, et Welfolt dans tout ça ? Leurs efforts servaient-ils à quelque chose ? A en croire le jeu de Smile, ce n’était pas le cas. Mais Hodgkin n’engagea pas sa réflexion sur ce sujet. Il avait déjà tant de matière sur laquelle s’interroger. Il devait faire des choix.

Le monstre avait prétendu que ce lieu était le plan astral, le plan des esprits, des idées. Pinocchio avait un peu de mal à le concevoir. Ainsi il avait changé de plan en un rien de temps ? Smile devait avoir un grand pouvoir. C’est d’ailleurs ce qu’il chercher certainement à suggérer par ses manières et ses mots. Le plan astral… après tout, pourquoi pas. Karl pouvait lui-même passer du physique à l’immatériel. Changer de plan, c’était un cran au dessus. De plus, en se focalisant sur ce qu’il ressentait et en l’associant à cette idée du plan spirituel, il trouvait que cela collait plutôt bien.

-Vous me racontez ma vie, répondit Karl après un moment de silence.

On ne le sentait pas susceptible. Il n’avait pas de fierté mal placé. Ce qui l’animait en cet instant, c’était la curiosité d’être face à l’étrange, l’intérêt d’être confronté à des questions existentielles, l’excitation de nager dans l’inconnu, et la crainte aussi de se sentir vulnérable. Il commença à gravir la colline d’ossement, irrésistiblement attiré vers le monstre, l’être le plus fantastique qu’il n’avait jamais connu.

-Admettons : nous sommes sur le plan Astral, vous êtes Smile, je suis Poisson. Je constate que contrairement à vos dires, vous semblez bien me connaitre. Moi je ne sais de vous que ce que vous me laisser constater. Ce déséquilibre est, je dois bien l’avouer, un peu dérangeant.

Hodgkin s’immobilisa. Entre lui et Smile, il n’y avait guère plus qu’un mètre.

-J’ai peux être répondu à votre invitation mais c’est vous, en premier, qui m’avez fais signe. Et vous ne l’avez assurément pas fait sans raison.

Pinocchio montra du doigt le squelette d’enfant faisant officie de pantin.

-Maintenant, vous tenez ses files, vous tenez ms files. Est-ce votre désir ? Désirez-vous remplacer le défunt Bachir ou vous substituer au Docteur Welfolt ? Welfolt n’apporte quelque chose, la survie. Et vous, que pouvez-vous m’offrir ?

Même ici, Karl pouvait sentir ce lien certes fin qui l’unissait toujours à son enveloppe charnelle. Celle-ci était sous la garde du docteur ce qui donnait à ce dernier un moyen de pression considérable sur le mutant désincarné. Cet état de fait, Karl avait de plus en plus de mal à le supporter d’autant plus que le savant fou avait fini par le considérer comme un simple pion dans ses plans. Il se garda toutefois de le dire. Karl n’avait en fin de compte pas perdu le nord. S’il pouvait gagner quelque chose dans cette histoire, il ne s’en priverait pas. Quand on est dénué de considération morale, comme c’était son cas, seul restait le froid calcul.

Et op, le poisson avait mordu à l'hameçon et semblait en bonne voie d'être définitivement ferré. Le coup de la marionnette l'avait définitivement amené à se poser des questions. C'était la tout l’intérêt de la suggestion : laisser les autres faire le travail de persuasion. Ça ne marchait pas à chaque coup, bien sur. Mais c'était incroyable comment l'être humain avait une tendance à voir ce qui l'intéressait ou ce qu'il voulait voir au lieux de ce qui était vraiment. Quand il voulait se déplacer dans des endroits ou il n'était pas exactement le bienvenu, le roi d'ombre utilisait cette technique pour suggéré aux personnes qu'il croisait qu'il n'était pas la. C'était leur cerveau qui faisait tout le travail d'invention pour combler les trous. Les débutants dans l'art de la télépathie agissait souvent dans le sens contraire, en imposant une couche de souvenir par dessus les souvenirs déjà présent, ou modifiant les souvenirs pré existant. C'était une méthode grossière, qui ne manquait pas de laisser des traces aisément discernable par un autre télépathe quand bien même celui ci fut médiocrement doué, sans même parler d'incohérences qu'une personne qui passerait en revue les souvenirs de sa soirée. Alors que si c'était la personne elle même qui complétait les blancs, il n'y avait aucun risque qu'elle se rende compte qu'elle s'était trompé elle même. Quand à une scan de la part d'autres télépathe, il fallait alors qu'ils soient très doué pour se rendre compte que la personne avait été influencée. C'était la une des ruses qu'il avait apprit pendant ses millénaires d'emploi continu de son pouvoir pour influencer les faibles humains. Et qui se révélait une fois de plus utile pour convaincre. Enfin, le pantin était une rareté. Il avait une capacité sur la matière, en étant un esprit. Il avait rencontré de nombreux mutants capable de contrôler la matière. Mais aucun qui n'ait été comme lui un simple être de pur esprit. Bon, à dire vrai, ce n'était toujours pas le cas. Car le mutant qu'il avait convié en ses terres n'était pas non plus un simple être d'esprit. Ce dernier était toujours relié à son enveloppe charnelle par un mince fil. Ce qui le rendait vulnérable. Aussi bien de la part d'une attaque télépathique que physique. Et a n'en pas douter, le mutant avait envie de sentir disparaitre cette contrainte pour pouvoir être libre... Enfin, il faudrait bien qu'il accepte d'être redevable au roi d'ombre si celui ci lui rendait ce petit service.

Par contre, les serviteurs étaient plus facilement fidèles s'ils pensaient que leur maitre les estimaient. Par conséquent, il allait devoir jeter un os à rogner au mutant. Bien sur, ce ne serrait pas suffisant pour dissiper toutes ses craintes. Mais ça serrait assez pour qu'il n'ait pas complètement peur de lui. Le doute était une arme bien plus efficace pour convaincre quelqu'un de la possibilité qu'on pouvait l'aider que la peur. La peur était un instinct primaire de l'animal, qui l'entrainait à se renfermer sur lui même, à fuir. Ce n'était pas ce qu'il fallait ici. Il fallait laisser la partie humaine se perdre dans ses hésitations et ses doutes. Tromper un animal était bien plus difficile que de tromper un homme.

"Tu ne te sens pas en confiance, Poisson ? C'est regrettable. Hum... Voyons voyons... Pose moi une question sur moi, et je te donnerais la réponse. Ça devrait te parait équitable, non ?"

Une fois de plus, Smile se mit à glousser, laissant entendre qu'il y avait un peu plus en jeu que ce que le mutant soupçonnait. Et que quelque soit la question, il risquait d'apprendre des choses à ses dépends plus qu'autre chose....Voila qui devrait satisfaire en partie sa curiosité autant que l'aiguiser, du moins dans une certaines mesures. Conserver une aura de mystère était également une excellente méthode pour obtenir un certain contrôle sur le flot de la discussion. Le pantin était clairement curieux, sinon il ne serrait pas précipité si vite pour le contacter, il aurait prit le temps de réfléchir aux conséquence, à la possibilité qu'il ne soit pas bien disposé à son égard ou autre éventualités désagréables. Les humains cherchaient généralement à comprendre ce genre de présage, ce genre de rencontre. C'est ainsi qu'ils s'imaginaient en proie à la folie, ou bien contactés par les dieux. Qu'ils tergiversaient. Ou au contraire, tel celui qui se tenait à présent devant lui , agir avec fougue, sans réfléchir.

"Tu étais sur mon territoire, je te l'ai dit, Poisson. Les esprits de cette ville sont à moi. Et tu t'amusais à y frayer. Il n'y avait rien d'autre.... Enfin, je veux bien te concéder que j'étais un peu curieux. On ne voit pas des petits poisson dans ton genre tous les jours. "

Smile continuait à sourire, bien sur. Mais on pouvait sentir que ce sourire était devenu plus ironique lorsqu'il avait prononcé sa dernière phrase. Il avait noté les fils, également. Bien, il était observateur. C'était toujours utile d'avoir un agent qui comprenait vite, qui était capable de faire preuve d'initiative. C'était le genre de qualité qu'il recherchait. Bien sur, il n'y avait pas que ça, long de la. Mais c'en était une. Et il posait des questions qui prouvaient qu'il avait en partie compris de quoi il retournait. Aussi, il n'était plus nécessaire de le faire mariner bien longtemps. Il était largement temps de lui montrer la carotte. Smile sourit de toutes ses dents, son sourire manquant de lui fendre la tête en deux. Ce simple fait ne manquait pas de produire un effet inquiétant. Il tendit la main, et une sorte de fil au couleurs argenté y apparu. Il partait du cœur du mutant qui lui faisait fasse, et paraissait sans fin, disparaissant du champ de vision à travers les murailles de la caverne.

"Et bien... La marionnette pourrait décider de couper ses fils. Comme celui ci, par exemple. Le lien entre ton enveloppe physique et ton esprit Poisson. Ne voudrait tu pas le faire disparaitre ?"

Simile, certain que sa proposition ne manquerait pas d'intéresser le mutant, gloussa de plus belle. Puis, d'un geste de la main, il jeta le pantin d'ossement. Qu'il prenne donc son destin en main. Ou qu'il croit que c'était le cas. Il resterait de toute façon un pantin, mais le roi d'ombre saurait se montrer plus subtil que son précédent marionnettiste. Le pantin ne ferrait même pas les ficelles...

hj : désolé pour le temps et la qualité. Si y a un problème, signale le moi.

Karl, avec délicatesse, prit entre deux doigts le fil argenté. Il l’observa, pensif. Smile pouvait-il vraiment le couper ? Ce serait la libération, autant de son corps originel devenu boulet que de Welfolt et de sa tyrannie. Ce serait également concrétiser ce qui était déjà évident : il ne se sentait plus humains, il n’avait plus sa place en leur monde, il ne les comprenait plus… alors il était logique qu’il se détache de cette enveloppe charnelle devenue si étrangère.

Et si couper le fil lui était fatal ? L’idée lui traversa l’esprit. Il sentait que ce fil le rattachait à la mortalité, que si son corps trépassait il serait entrainé avec lui dans l’oubli. Couper le fil le rendrait-il immortel, détaché à tout jamais du temps physique ? Il était si mince, si fragile d’apparence. Mais ne disait-on pas que la vie ne tenait qu’à un fil ? Hodgkin se mit à douter mais cela ne dura pas. En son fort intérieur, il se disait qu’il devait aller de l’avant, qu’il ne pouvait pas continuer d’exister ainsi. En fin de compte, il n’avait rien à perdre, tout à gagner. Il chassa la peur. Le voilà animé par une détermination surprenante. Il en avait assez de ce lien, assez du docteur, assez de cette « vie » si terne. Bachir n’était plus. Le bénéfice de l’aide que l’artisan lui avait apporté était consumé. Il fallait tourner la page. Pinocchio lâcha le fil et fixa la créature.

-Vous pourriez ? fit-il, assez bas.

Ne perdant toutefois pas le sens logique, il était persuadé que ce service, s’il était bien réel, allait avoir une contrepartie. Rien n’était gratuit. Même dans le plan astral, la règle devait rester vraie. De plus, Smile ne semblait pas être du genre à donner sans demander. Mais était-ce un problème ? Non, au contraire. Karl n’avait pas besoin que de liberté. Il avait besoin d’être guidé car par lui-même, il n’était pas parvenu à trouver un but à son existence. En fait, il en arrivait à un point où il pouvait tout entendre, tout accepter, tant qu’il allait de l’avant, tant qu’il y trouvait une forme d’intérêt, de satisfaction.

-Vous revendiquez les esprits de toutes une ville, soit, reprit Hodgkin, plus fort, plus ferme. Vous semblez doué d’une rare puissance. En tout cas, c’est ce que vous cherchez à me faire croire. Vous vous cachez derrière des sous-entendus et des mises en scène. Vous me proposez votre aide et je devine que cela cache quelque chose.

Il pointa Smile d’un index presque menaçant tout en poursuivant sur le même ton.

-Si vous êtes si puissant, vous pouvez me détruire. Si vous pouvez me détruire, vous pouvez me contraindre, ne serait-ce que par la menace. Alors cessez ce petit jeu, même si je veux bien admettre qu’il est attrayant. Je n’ai aucune carte en main, vous les avez toutes alors montrez-les. Qui êtes vous et que voulez-vous de moi ?

De la reconnaissance ? Non, Karl n’en avait pas besoin. De l’amitié ? Non plus, il n’y croyait plus. Il avait trop de haine en lui, trop de ressentiments. Jadis, il avait été humain mais à présent, ce n’était définitivement plus le cas. Déchiré, traumatisé peut-être, altéré par la différence, il agissait selon sa propre logique. Vidé de compassion pour avoir trop jalousé, trop souffert, il n’attendait pas de « Smile » une quelconque chaleur. Il ne cherchait même pas à être libre au sens propre du terme. D’une certaine façon, la liberté sans but est une prison, un exil. Il souhaitait se libérer de Welfolt mais savait pertinemment que cela allait créer un manque, un manque qu’il faudrait combler. Gorge Welfolt n’était pas si puissant que ça et son but n’était pas si grand que ça. S’il était un maitre pour l’instant, c’était uniquement à cause d’un moyen de pression. Sans ce moyen, il n’était plus rien. Il n’avait pas la carrure d’un véritable maitre. Il profitait de la situation, rien de plus. Il fallait mettre un terme à cette mascarade. Quand à la créature face à Pinocchio, si elle était ce qu’elle prétendait, si elle le prouvait,alors oui, elle pouvait aussi commander. Parce que c’était logique. Elle serait à sa place et Karl à la sienne. Ce dernier préférait obéir à être manipulé. Il préférait la vérité aussi brute et froide soit-elle à une agréable illusion.

Il était prêt à tout entendre, tout accepter…

Il l'avait parfaitement tenté. Il était tel un fruit, mûr à point, il ne restait plus qu'a le cueillir sans attendre. Repousser l'échéance à ce stade, serrait une mauvaise idée. Car, comme le fruit mur risque de pourrir si l'échéance pour le ramasser est repoussée, le mutant risquait de réfléchir et de revenir sur son avis. C'était une erreur qu'il avait commis autre fois, et qu'il ne voulait pas réitérer : c'était une façon bien trop stupide de perdre un avantage gagné, du à une indécision de faible, du type de celle qu'il passait temps de temps à moquer chez les humains. Il fallait maintenant qu'il balaye les derniers doutes qui subsistait dans l'esprit du pantin, et qu'il lui montre la voie qu'il allait emprunter. Il faudrait certainement qu'il se dévoile en partie. Il n'aimait pas ça, mais c'était parfois nécessaire d'en laisser entrevoir un peu sur lui. Certes, cela risquait de permettre à certain de ses ennemis d'en apprendre plus long qu'il ne le souhaitait. Mais nul ne gagnait d'avantages sans prendre des risques, et le roi d'ombre avait largement eu le temps de tester la véracité de cette maxime. Mais il avait aussi apprit les vertus de la prudence, ayant trop souvent eu ses plans contrecarré à la dernière minute car il n'avait pas fait preuve de celle ci autant qu'il l'aurait fallu. Ce n'était pas exactement dans sa nature première que de faire preuve de retenue. Il avait d'avantage tendance à prendre ce qu'il désirait, quand il le voulait, comme pour la nourriture ou toutes les sources de plaisirs terrestres. Il fallait dire aussi que pour une créature de pur esprit, le monde de la chaire était remplit de tentation auxquelles il était difficile de résister. La moindre bouchée de nourriture était une invitation à la tentation, qu'il était difficile de juguler. Et ce malgré le fait qu'il ait un esprit parmi les plus entrainé de la planète, habitué à discipliner sa volonté et à plier ses désirs au gré de son esprit rationnel.

Le roi d'ombre hésita un instant. Ce qui était vrai pour lui serrait sans doute vrai pour le mutant. Une pulsion mauvaise le poussait à lui montrer ce qu'il allait perdre, à lui faire toucher du doigt tout ce que sa nouvelle condition allait lui faire perdre. Ce qu'il allait jeter aux orties, tout ça pour devenir un être de pur esprit, pour échanger une condition misérable contre l'autre. Mais ce n'était pas une bonne idée. Il voulait avoir un agent, un être efficace, capable d'agir sur tous les plans. Lui faire comprendre maintenant de quoi il le privait, cela n'aboutirait qu'a en faire un traitre potentiel, en lui fournissant de quoi nourrir un profond ressentiment à son égard quand il repenserait à cette scène, peut être pas tout de suite, mais dans quelque temps. Non, le mieux était de garder cette idée bien au chaud, pour le jour, immanquable, ou son agent penserait pouvoir faillir, ou agir contre sa volonté. Ce serrait le prix de son échec, avec quelques autres tortures raffinées.

"Oui, je le pourrais Poisson. Je ne peux pas te garantir que ce soit facile ni très agréable, ceci dit. Mais c'est de l'ordre du possible."

Smile affichait un sourire plus franc qu'a l'ordinaire, et un air vaguement compatissant. Pour autant, bien sur, qu'un sourire sans rien d'autre puisse transmettre ce genre d'expression. Par contre, Karl avait apparemment retrouvé une certaine détermination, et voulait connaitre ce qui était réellement, comme prévu. Le roi d'ombre avait donc décidé de la manière dont il allait procéder. Puisqu'il tenait temps à savoir, il allait tout lui dire. Bien entendu, aucun esprit n'était capable de retenir toute l'expérience de la vie du roi d'ombre, à moins de disposer d'un pouvoir mutant ou d'être un esprit entrainé à ce genre d'exercice. Le mutant ne se souviendrait que de fragments épars et d'une impression général. Le roi d'ombre s'assurerait également qu'il ait conscience de sa puissance et d'une partie de ses objectifs. Et si jamais il refusait de se soumettre après cela... Et bien, il faudrait qu'il prenne des mesures, mais disposer d'un esprit incapable de se battre sur le plan astral ne serrait pas bien difficile. Il le conserverait peut être même en vie le temps de jouir pleinement des possibilités de le torturer. Mais ce serrait trop dangereux que de laisser un esprit le connaissant et désirant s'opposer à lui.

"Très bien, puisque tu veux le savoir, Poisson...."

La figure de Smile, fondit, lentement, comme tout le reste de son corps. En entrant en contact avec le sol, celui ci se mit à subir le même processus, de plus en plus rapidement, tout comme la grotte. Dans le même temps, toutes la matière semblait prendre une couleur de plus en plus noire, jusqu’à devenir purement ténébreuse. Pour finir, seul Karl n'était pas affecté par le phénomène, et il se trouvait maintenant au beau milieux des ténèbres les plus absolues, inquiétante. Soudain, deux yeux immenses, taches blanches dans l'univers de nuit, apparurent. Après deux clignements de paupières invisibles, une voie, terrifiante sans qu'il soit réellement possible de dire pourquoi, se fit entendre.

"Dans le cœur de chaque homme, il y a des ombres. Et toutes les ombres me reviennent. Je suis le Shadow King."

Après ces paroles, le roi d'ombre commença le transfère de souvenir. En espérant que ce ne serrait pas trop pour l'esprit. Ce serrait très ennuyeux de devoir reconstituer sa psyché fragmentaire à travers le plan astral. Surtout s'il fallait ensuite qu'il redétruise ce qu'il venait de reconstruire. Ce serrait beaucoup de temps et d'effort pour pas grand chose. Mais l'enjeu en valait certainement la chandelle, s'il pouvait gagner un agent efficace avec un pouvoir aussi original et intéressant. Il ne lui resterait que des fragments de souvenirs, de toute manière, et le roi d'ombre s'arrangerait pour qu'aucun ne soit compromettant pour lui.

Hj : je te laisse le soin de prendre le ou les extraits de ma bio qui te conviennent pour les bribes dont il se souvient. Si quoi que ce soit te dérange, dit le moi.

Ce fut rapide et si violent… une succession de flashs, d’images, de sons, à une vitesse folle… c’était toute une vie immensément longue qui défilait en un instant, comme à l’aube de la mort. Karl crut qu’il mourait. Son esprit, saturé, vacilla. Il perdit ses sensations, il sombra dans les ténèbres, pas ceux qu’avait répandu le Roi d’Ombre, ceux de l’oubli, du néant. Il s’en fallut de peu pour que sa psyché ne vole en éclats. Mais Hodgkin sut résister, se raccrocher à ce qu’il pouvait, s’agripper au fil de la conscience qui ici, par un curieux hasard, avait cet aspect argenté. Il avait un tel désir de continuer à exister… Avec ses modestes moyens, il se battait.

Maintenant, il était seul, seul avec lui-même, en son propre univers. Tant bien que mal, il rassembla ses pensées. Cette vie dont il venait d’être le spectateur, ce n’était pas la sienne. Il ne lui en restait que des bribes, parcelles infimes mais suffisantes pour qu’il puisse en déduire les réponses à ses questions. Il se mit à l’œuvre, il essaya de comprendre. Mais au début, son inconscient s’y refusa.

-Impossible… murmura-t-il.

Cette difficulté à concevoir l’existence du Shadow King venait, paradoxalement, de sa prédisposition à pouvoir se mettre à sa place. Des millénaires passé seul dans le plan astral… cela l’horrifiait au-delà de l’imaginable.

-Impossible, j’ai cru devenir fou en à peine 10 ans ! reprit-il.

Il était de retour face au monstre, cette paire d’yeux gigantesque dans le noir. Combien de temps s’était-il écoulé pour qu’il parvienne à refaire surface ? Il l’ignorait et s’en fichait. Tout son être était focalisé sur les souvenirs offerts, sur cette réponse ignoble qu’il distinguait peu à peu.

-10 ans bloqué dans l’immatériel ; et vous, des milliers d’années… des milliers d’années…

Il répétait les mots pour se forcer à les admettre. C’était si dur, si douloureux. Il fallait être un esprit désincarné pour comprendre, ce qu’il était. Emu par l’exil, il porta sur le roi d’ombre un regard nouveau. Cet être était si grand, si ancestral. Comment ne pas se sentir ridiculement petit, insignifiant face à lui ? Mais être petit ne dérangeait pas Hodgkin. Il s’assumait tel qu’il était. Et s’il devait servir quelque chose d’aussi vieux, de presque divin, il ne pouvait qu’en être flatté.

-Vous être pratiquement une idée, un concept, la noirceur de l’âme personnifié, continua le mutant

On le sentait ébranlé mais pas effrayé. Déjà, sa détermination était de retour, son désir d’aller de l’avant. Le contraste était assez grand entre lui et le monstre pour se sente irrémédiablement attiré vers ce dernier. Peut-être pourrait-il apprendre du Shadow King. En tout cas, celui-ci pouvait le guider, lui donner un but. Le roi d’ombre voulait la discorde, il voulait nuire au monde physique dont il se nourrissait des sentiments hostiles. Il était comme un vampire. D’autre, plus méprisants, auraient dit comme un parasite. Karl, même s’il avait conscience qu’il s’apprêtait à suivre ce que l’humanité qualifiait de Maléfique, avec un grand M, n’en était pas pour autant dérangé. Le monde physique, cela faisait longtemps qu’il n’y avait plus sa place. Participer à la discorde était à ses yeux une belle expérience. Peut-être même pourrait-il en tirer une grande satisfaction en se vengeant de ceux qui ne réalisait pas la chance qu’ils avaient d’être « normal ».

-Et je présume que vous souhaitez tirer profit de mon don afin de servir vos projets.

Le pantin tomba dans le silence. Il se donna un instant d’ultime réflexion. Il pensait déjà être allé trop loin, ne plus avoir le choix. Mais tout de même, il voulait savoir s’il n’avait pas fait une erreur. Seulement, il avait beau tourner la situation dans tous les sens, absolument tous, il n’y voyait que des avantages. Même la servitude était un avantage. Le Shadow King était tout simplement ce qu’il lui fallait pour avancer. Il partageait avec lui des points communs, il pouvait le comprendre, il pouvait même l’apprécier pour ce qu’il était. Les derniers doutes s’évanouirent.

-Alors, qu’il en soit ainsi.

D’une poigne de fer, le mutant s’empara du lien argenté, redevenu visible, ce lien qui symbolisait ce qui lui restait d’humanité et de mortalité.

-Coupez le fil, tuez Karl Hodgkin, cet homme qui m’est devenu si étranger. Il est un boulet que je ne peux plus tolérer.

Il relâcha le lien et continua.

-En tuant Karl, vous tuerez Pinocchio, ce rôle inventé pour moi par le docteur Welfolt. S’il le faut, je me chargerais de Welfolt lui-même. Il me connait trop, il pourrait être une entrave. En coupant ce fil, je n’aurais plus de nom mais je serais à vous. A vous donc de me renommer, à vous donc de me donner le rôle qui vous conviendra.

Cette histoire de nom était un pur symbole mais il ne fallait pas sous-estimer la force des symboles, la force des noms. Karl était prêt. Il attendait l’exécution car au fon de lui, il savait que cela en allait être une. Le fil coupé, il aurait tout perdu, il serait à jamais incomplet. Il serait, lui aussi, un monstre.

HRP : vraiment désolé pour le délai ! J’espère que ma réponse te conviendra^^

Bien, au moins il n'avait pas fragmenté son essence, c'était déjà ça. Et son esprit semblait avoir supporté le choc, dans une certaine mesure. Plus d'une personne aurait perdu son identité à voir ainsi défiler tant de souvenir et de sensations. Le roi d'ombre en avait fait plusieurs fois l'expérience, lors qu'il tentait d'expérimenter certains aspect de son pouvoir. Ainsi, le processus qui caractérisait l'apprentissage était un processus télépathique qu'il n'était pas facile d'acquérir. Ce qui avait contrarié plusieurs de ses plans quand il avait tenté d'exporter des technologies non locales dans d'autres points du globes, afin de procurer à ses fidèles des technologies en avance sur le temps du lieu. Mais cela c'était très souvent conclus par des échecs. Sa réussite avait été très tardive, quand il avait réussit à importer l'usage de la poudre chinoise en Europe. Cependant, la technologie était elle qu'il n'avait pas été trop difficile pour les différents grands esprits de l'époque de dupliquer le phénomène après de rapide étude, et son avantage tactique avait rapidement perdu de sa valeur, pour devenir nul. Mais il avait fini par comprendre le truc, et pouvait maintenant l'imposer à d'autre. Cependant, l'apprentissage conscient était encore à distinguer de ce qu'il venait de faire subir au mutant. Il ne lui avait pas fait apprendre les fait notables de sa vie, mais lui avait bel et bien transféré toute sa vie, tel qu'il s'en rappelait, avec les sensations et les émotions qui y étaient associés. C'était nettement plus difficile à supporter. C'était relativement prometteur, ceci dit, si jamais le mutant, malgré ce qu'il venait de voir, lui restait fidèle. Cela voulait dire qu'il serrait sans doute à même de supporter la séparation de son esprit et de son corps, ayant suffisamment confiance dans son esprit pour ce faire. Ce serrait également une excellente chose pour lui, car l'effort serrait largement diminué.

Et tout semblait aller dans le bon sens, car le mutant était maintenant complètement sous le choc de sa puissance, et semblait sur le point de lui attribuer une puissance divine. C'était une réflexion qu'il se faisait souvent, mais les humains avaient décidément bien du mal à saisir les concepts supérieurs sans leur attribué une nature fondamentalement différente de la leur. C'était surement une méthode pour se protéger, en distançant ce qui pouvait leur faire du mal, en lui donnant une certaines abstraction, et des motifs plus profond que les leurs. Ainsi, ils pouvaient se dire que ce qui leur arrivait était juste la faute du divin, et aucunement de la leur. Une idée pas totalement fausse, ceci dit. Le roi d'ombre avait, après tout, prêter la main à la création d'un certains nombre de culte au cours des ages, et avait de ce fait été amené à manipuler et a créer des écrits saints. Il savait qu'il fallait laisser les gens y voir un échappatoire, quelque chose qui leur permette d'avoir un espoir ou une justification.

"Tu as raison sur tous les points. J'aime quand mes fidèles sont intelligents.... Et qu'ils sont capable de surmonter leurs peurs..."

Les yeux avaient à nouveau cligné, et la voix désincarnée c'était encore une fois fait entendre. Il était maintenant temps de procéder à la demande de son nouveau fidèle. Hum. L'expérience à laquelle ils allaient se livrer, le roi d'ombre ne l'avait jamais tenté. Enfin, sous cette forme, en tout cas. Il avait déjà séparé des esprits de corps, forcé des esprits à posséder d'autre corps (ce qui était par ailleurs responsable d'une partie des mythes de mauvais esprits qui possédaient le corps des autres). Mais la, le mutant avait déjà réussit ce qui aurait semblé normalement un exploit : faire survivre son corps physique sans corps psychique, et survivre en tant que simple esprit. Ce qui voulait dire que les pouvoirs allaient jouer un grand rôle dans l'affaire. Le mieux serrait donc de se rapprocher du corps. Dans le pire des cas, cela ne ferait pas grand mal. Aussi, un clignement de paupière géante plus tard, tout avait changé, comme si en allumant la lumière, le roi d'ombre avait révélé leur emplacement. En réalité il avait transporté leurs esprits jusqu'en Angleterre, dans la chambre qui contenait le corps physique de Karl. Le roi d'ombre avait une nouvelle fois changé d'apparence, prenant celle d'un orbe d'un noir dont une fine touche d'un blanc éclatant dessinait le sourire. Il s'était fixé au milieu de la chambre, flottant au dessus du lit de Karl.

"Bien... Puisque ton ancien nom est caduc, il va t'en falloir un nouveau, que je puisse t'appeler quand j'aurais besoin de toi, ma petite âme en détresse. Je crois que pour quelqu'un qui ne va pas tarder à devenir un être de pur esprit, Soul conviendrait parfaitement. Oui... J'en suis même certain. "

Le roi d'ombre fit une petite pause, laissant son nouveau vassal se faire à l'idée de son nouveau nom, et de la symbolique qu'il pourrait y associer. Ce qu'il ne pouvait pas savoir, c'était que le shadow king avait prit le temps de chercher dans son esprit un nom qui le ferrait vibrer et raisonner, quand bien même n'en aurait il pas eu conscience directement.

"Donc, Soul, d'après ce que j'ai aperçu de toi, ton docteur n'est pas vraiment quelque que tu apprécie tant que cela. Et pour moi, bien qu'il ne soit pas autant une menace que tu semblerais le penser, il pourrait se transformer en nuisance. Oui, je prendrais cet acte comme un acte de foi envers moi, Soul."

Encore une courte pause, pour qu'il s'imprègne de son commandement, et qu'il puisse percevoir les réactions qu'il allait y associer. Puis, finalement, il reprit.

"Il est maintenant temps de commencer."

Le roi d'ombre se déplaça, et s'enroula autour du lien psychique qu'il avait mis en avant quelques temps plus tôt et qui reliait corps et esprit, ombre entourant un fil d'argent, puis fusionnant avec lui. Il s’immisçait dans la structure du lien lui même le détricotant pour en isoler les composant principaux, les mettant à nus un a un, avec ordre et méthode. Quand il fut sur de disposer de tous les fils existants, il se mit en devoir de les sectionner, tout en surveillant que l'esprit de Soul de se délite pas en même temps. Chaque fil sectionné ramenait son lot de souffrance, de souvenirs de la chaire ou de l'esprit et parfois quelque chose de plus étrange, comme un sentiment de vide ou de manque. Le roi d'ombre aurait préféré rendre l'opération indolore pour son nouvel homme de main, mais il n'avait pas vraiment le choix... Et cela ne manquerait pas de lui donner un avant gout de ce qui l’attendait s'il choisissait de le décevoir. Bien entendu, il y avait également des effets secondaires sur le corps physique : les alarmes s'étaient déclenché, car tensions et autres indicateurs médicaux s'affolaient. Bientôt plusieurs personnes pénétrèrent dans la pièce, pour tenter de soigner le corps moribond.

Hj : je te laisse décrire la suite de la scène. Je ne doute pas qu'un certain docteur ne devrait pas manquer d'être la, si tu as envie. Dans le monde des esprits le temps est relatif, donc toute la scène qui a paru se dérouler en peut de temps peut s'être déroulé sur plusieurs jours ou heures dans le monde physique.
Si tu as des questions ou si j'ai fait une erreur, n'hésite pas à me le dire.

Ultime face à face avec soi-même. Karl observait Karl. Comme à chaque fois où le corps et l’esprit se retrouvaient dans la même pièce, l’instant était particulier. Et cet instant, plus que tous les autres, était d’exception. Un frisson traversa la psyché du mutant. Non, sa détermination ne fléchi pas, pas même une fraction de seconde. Mais ce qui s’annonçait ne pouvait le laisser indifférent. Il s’agissait d’un tournant dans son existence. Il n’en imaginait pas encore la portée. Son regard vissé sur le visage blême aux paupières closes, il écouta celui qui allait devenir son maitre, son guide. Pour seule réponse, il répéta en son fort intérieur son nouveau nom : Soul. Un mot simple, nu, anonyme… il l’appréciait déjà plus que Pinocchio en qui il ne s’était jamais reconnu. Puis, le Shadow King se mit à l’œuvre.

Le lien, symbolisé par ce fil d’argent si fin, si fragile, allait se révéler bien plus résistant que ne s’y attendait Hodgkin. Voilà ce lien attaqué, rongé, lentement mais surement. A chaque coup porté, le mutant eut l’impression qu’on lui enfonçait des aiguilles dans le corps. Cette douleur, ou tout du moins une partie, cela faisait plus de 15 ans qu’il ne l’avait plus ressenti. C’était celle de la chair qui se mêlait à celle de l’âme. Cocktail atroce, insupportable… jamais Karl n’aurai pu s’y préparer, ni même en esquisser l’idée. Prit au dépourvu, il grogna, puis gémit, puis hurla. La chambre d’hôpital s’effaça, occulté par des flashs, des réminiscences qu’Hodgkin croyait avoir oublié. Il se revit jeune, à l’école, en train d’observer celle qu’il avait aimé. Il se rappela ce qu’était être un homme, la façon d’être, les sensations. Tout lui revint. Tout était si net, si proche. Il le revivait. Le voilà plus grand, aux côtés de ses parents, si triste à présent. Il hurlait de plus belle, la douleur était ignoble. Et les souvenirs défilaient. Le train de l’existence passait en vrombissant. Ce serait la dernière fois…

* * * * * Au même moment dans le monde physique… * * * * *

Il était tard. Le crépuscule mourait annonçait une nuit étoilée. Ici, un scénariste y aurait vu une faute de goût. Il aurait préféré un orage pour annoncer le drame. Gorge Welfolt travaillait encore dans son bureau. Il était anxieux. Voilà deux jours que Pinocchio ne s’était plus manifesté malgré les appels, malgré le travail qui l’attendait. Le docteur était furieux bien sûr, il ne pouvait tolérer pareil écart. Mais il devait bien reconnaitre que c’était la première fois que cela arrivait. Il se demandait si ça ne cachait pas un problème sérieux. Que pouvait-il faire ? Rien, si ce n’était attendre. En attendant, il devait faire sans Karl.

Tout d’un coup, le quinquagénaire fut dérangé par le bip quelque peu strident de l’interphone. Agacé, l’homme dut abandonner l’étude des documents entre ses mains et répondre à l’appel.

-Qui a-t-il ? aboya-t-il.
-Monsieur, nous avons un problème dans la chambre 207.

C’était un infirmier à l’autre bout du fil. Il avait l’air affolé, dépassé. Le docteur allait en demander d’avantage, peu disposé à se déplacer, mais le numéro de la chambre sonnait dans son esprit comme une alarme. 207 : Karl Hodgkin. Bon sang, c’était sans doute grave ! Mine de rien, il y tenait à son larbin. Et puis, depuis le temps qu’il le connaissait, il devait bien reconnaitre qu’il ne voyait pas le mutant que comme un homme de main.

-J’arrive.

Il sortit de son bureau en trombe et se précipita dans l’ascenseur. Une fois au deuxième étage, il s’engagea dans le couloir, guidé par d’inquiétants signaux sonores. Véritable génie de la biologie et de la génétique, G. Welfolt avait déployé tout son savoir pour stabiliser durablement l’état du corps plongé dans le comma. Cet état n’avait pas changé depuis plus de huit ans, huit ans sans le moindre incident. Et voilà que toutes les machines s’affolaient. Trois infirmiers s’afféraient dans la chambre mais ils s’agitaient plus qu’autre chose. Gorge les chassa d’un geste, telles des mouches.

-Ne touché plus à rien ! Répondez simplement à mes questions. Depuis combien de temps l’état du patient s’est-il dégradé ?

Tout en parlant, le scientifique s’était penché sur les écrans pour y recueillir des informations qui ne le rassurèrent pas. Ce qui se passait était effectivement grave. Les signaux vitaux déclinaient à vue d’œil.

-A peine deux minutes monsieur. Tout était normal avant. Le dernier relevé ne montre rien de suspect.
-Merde.

A part ce mot, Welfolt restait calme. Il avait l’habitude de gérer des situations de crise. Il se redressa et commença à donner ses instructions. S’il y avait la moindre chance qu’il puisse éviter le pire, il ne la laisserait pas passer.

* * * * * Au même moment dans l’immatériel… * * * * *

Toujours mis au supplice, Karl perdait ses repaires. Ce qu’il endurait était bien au-delà de ce qu’il imaginait pouvoir tolérer. Il se battait, il luttait pour ne pas complètement perdre pieds. Son dernier souvenir fut celui où, 15 ans plus tôt, il était tombé pour ne plus jamais se relever. Pour son corps, c’était le début du comma, pour lui, le début de l’exil. A présent, ce qu’il ressentait changeait. Il avait froid, il avait l’impression qu’on le déchirait. Il étouffait comme s’il manquait d’air. Etrange puisqu’il n’avait pas besoin de respirer mais c’était ainsi. Le Roi d’Ombre était sur le point de terminer son office. Déjà pour le corps il était trop tard. Un bip continu s’élevait dans la chambre, preuve de l’arrêt cardiaque. La vision d’Hodgkin s’obscurcissait. Il était entrainé dans le néant parle lien moribond mais toujours présent. Privé d’énergie vitale, il mourait à son tour. Karl avait beau se battre, il avait ses limites. Il crut que c’était la fin quand, suffoquant, plongé dans l’obscurité totale, il sentit comme un vent glacial l’envelopper, le transpercer, le disperser.

* * * * * Au même moment, dans le monde physique… * * * * *

-Encore !

Une convulsion traversa le corps du fait de l’électro-choque. Mais rien à faire, le cœur ne voulait pas reprendre. Deux minutes, c’était le délai après lequel le cerveau commencerait à subir des dégâts irréparables par manque d’oxygène. Voilà ce que se disait Welfolt.

-Encore !

Le docteur avait tout essayé. L’arrêt cardiaque avait confirmé ses craintes. Il avait accompli bien des prouesses part le passé mais là, il devait reconnaitre qu’il était impuissant. L’organisme de Karl avait été frappé de tant de disfonctionnements simultanés que même si le cœur reprenait, cela ne servirait pas à grand-chose. Welfolt observait sa montre, les infirmiers continuaient le combat perdu d’avance. Pour la dix-neuvième fois, l’électro-choque se fit entendre.

-Assez… il est mort.

Pratiquement dix minutes au compteur. C’était terminé. Gorge soupira. Il se détourna et s’approcha de la fenêtre.

-Débranchez-le. Ce bip me casses les oreilles.

* * * * * Au même moment dans l’immatériel… * * * * *

Comme si Hodgkin se noyait, il en était arrivé au stade où ses poumons se remplissaient d’eau. A sa grande surprise, il découvrit qu’il pouvait « respirer ». Il continuait d’exister. L’obscurité s’en était allé. Il était de retour dans la chambre mais tout lui semblait différent. Il avait l’impression qu’on l’avait dénudé et qu’on lui avait arraché quelque chose qui lui manquait terriblement. Il n’avait plus mal mais se sentait vide, terriblement vide. Il vit face à lui le cadavre, cadavre qu’il reconnu à peine. Tous les souvenirs qui lui étaient revenus, cette fois, étaient à jamais perdus. Le lien avait été rompu. Tout ce qu’il représentait venait de périr. Seul restait Soul.

Ce dernier avait changé d’apparence. Il n’était guère plus qu’une ombre, l’ombre de celui qu’il avait été. Il eut un choc quand il vit ses mains noires, quand il vit son corps spectral. Jamais, avant, il n’avait pu se voir dans l’immatériel. En ce moinde, il avait à présent pleinement sa place. Un long moment, il resta silencieux. Le traumatisme l’avait ébranlé. Il sentait qu’il était un autre. Jamais il n’aurait cru que rompre le lien l’aurait autant affecté. Mais ce qu’il venait de subir était déjà du passé. Il n’en avait qu’un vague souvenir. Il se tourna vers le Shadow King et s’adressa à lui de sa voix à présent totalement désincarné. On aurait dit un souffle.

-Vous avez tenu parole. Alors j’en ferais de même. Soul est votre serviteur.

Il était conscient avoir perdu beaucoup mais le Roi d’Ombre l’avait prévenu. Il ne regrettait rien, absolument rien, même si ce qu’il était devenu était encore pire qu’avant. Au moins, il n’était plus à cheval entre deux monde. De plus, de nouvelles sensations s’offraient à lui et il ne manquerait pas de les visiter, de les étudier. Le potentiel de Karl Hodgkin semblait n’attendre que cet instant pour se révéler totalement. Y fallait-il y voir un signe ? Karl était-il prédisposé à devenir Soul et à servir le chaos ? Nul besoin de manipulation ou même de persuasion, le Roi d’Ombre n’avait eu qu’à le cueillir comme si on lui faisait un cadeau.

Soul était né.

Voila qui était fait. Ca n'avait pas été aussi dur qu'il l'avait craint, malgré la distance considérable qui le séparait maintenant de son corps. Celui ci était sensément en train de dormir, ce qui facilitait grandement les choses. Bien sur, il devait faire en sorte de ne pas inquiéter la femme de Georges, si jamais elle se réveillait en sursaut, et laissait donc les fonctions les plus basiques de son corps en activité. Mais l'absence de besoins de pensées plus élevé lui avait permit de consacrer l'intégralité de son attention à la tache délicate qu'il avait du mener. Séparer deux choses par nature intrinsèquement liés n'était jamais très simple. Lorsqu'il avait porté son attention sur ce problème, il avait du procéder à des centaines d'expériences sur l'esprit de pauvres hères avant de parvenir à identifier une méthode efficace. Mais celle ci était encore loin d'être sure, et il arrivait régulièrement qu'une personne perde l'esprit lorsqu'il se livrait à cette première manipulation. En effet, il utilisait souvent cette manipulation comme une première étape, avant de manipuler par la suite les esprits ainsi créés. Généralement, les esprits qui se trouvaient séparés d'un corps physique perdaient tout repère, et se diluaient rapidement dans le plan astral si rien n'était fait, emporté par les pensées d’autrui environnante, incapable de se concentrer autour du point focal que constituait leur corps ou leur esprit. Il était alors obligé de les réimplanter rapidement afin de les faire survire. Bien sur, ils perdaient généralement quelques souvenirs, mais ce n'était pas très grave. Au pire, il pouvait aisément les remplacer. Mais dans le cas présent, il n'y avait besoin de rien de tout ça. Le pouvoir mutant de son nouvel agent l'avait entrainé à avoir le bon état d'esprit, et il ne semblait pas se déliter dans l'océan de pensé qui constituait le plan astral. Le roi d'ombre se demandait s'il en serrait de même s'il l'amenait dans des endroits moins calme du monde des esprits que celui qu'ils fréquentaient actuellement, tel que le plan des cauchemars, ou l'imagination collective. Mais cette question pouvait attendre, pour l'instant il convenait de finaliser leur accord.

Car si son nouveau serviteur lui avait maintenant juré fidélité, le roi d'ombre n'était pas encore convaincu de son efficacité. Sous son ancienne forme, il avait été un pion relativement utile dans les mains de marionnettistes qui tenaient les fils très serrés. Le roi d'ombre n'était pas ce genre de petit joueur. S'il lui arrivait parfois de pousser ses pions à agir d'une façon particulière, il laissait au contraire généralement assez libre cours à ses agents. C'était un excellent moyen de perdre ses adversaires dans un abime de perplexité, et de leur faire subodoré plusieurs sources la ou il n'y en avait en fait qu'une seule. Cela distrayait l'ennemi de préoccupation plus terribles... Comme par exemple le fait qu'il avait mis les pieds dans la toile d'intrigues du roi d'ombre. Ses pions n'était cependant pas qu'une simple diversion. S'ils parvenaient à mener à bien leurs objectifs, cela étaient toujours profitable au grand plan du roi d'ombre. Mais il fallait bien avoué que leurs défaite, au pire, ne contrariaient en rien son plan non plus, voir parfois, le servait plus qu'une réussite. Juger chaque coup était le partit que prenaient les joueurs expérimentés. Et le roi d'ombre n'avait de compte à rendre à personne sur ce point.

"Et bien... Il est temps pour toi de t'occuper de ton cher ami le docteur, je crois. J'ai hâte de voir comment tes dons ont évolués."

Le roi d'ombre avait sentit que quelque chose avait changé dans la nature des pouvoirs du mutant. Vu comment il avait du s’entremêler avec son esprit pour le délier de son corps, cela n'avait rien de surprenant qu'il ait pu sentir quelque chose de tel. En temps normal, seul un scan approfondit et attentif lui aurait permis de se se rendre compte d'un changement aussi subtil. Une fois qu'il aurait rempli cette première part de son contrat, il faudrait qu'il montre qu'il était capable d'être inventif, qu'il pouvait faire ses preuves comme agent sans une personne pour lui tenir la bride. D'après ce qu'il avait perçu, le mettre légèrement au défi devrait être suffisant. Après le service qu'il venait de lui rendre, du moins, c'était ce qu'il pensait, il ne devrait pas lui en falloir beaucoup plus pour le motiver.

"Mais je vais devoir me retirer. Ne t'inquiète pas... Nous nous reverrons bientôt, très bientôt. Dès que tes exploits auront atteins mes oreilles, je te recontacterais. Ne me fait pas trop attendre, et tu pourrais même avoir une récompense..."

Sur ce le roi d'ombre fit disparaitre sa projection psy. En fait, il n'avait pas vraiment disparu, il voulait voir ce qui allait se passer ensuite. Mais la simple observation nécessiterais une concentration beaucoup moins importante. D'autant qu'il avait rendez vous tôt dans la matinée avec l'agent Wells afin de discuter d'une nouvelle structure qu'il aurait identifié, qui semblait impliquer nombre de criminel mutants en son sain. Réunion qui promettait d'être passionnante. Pas autant cependant que la scène auquel il pensait assister prochainement. Ce cher Soul allait enfin réellement couper certains de ses fils, en se débarrassant lui même d'un de ses précédents marionnettiste. Juste avant de s’éclipser, il prit soin de laisser entendre le ricanement de Smile, histoire de rappeler leur échange qui avait eu lieu quelques temps plus tôt. Ça ne pouvait pas faire de mal, et sa réaction serrait certainement très intéressante. Qu'il se demande donc toujours ce qui se tapissait dans l'ombre de ses pensées.

Hj : rp terminé en ce qui me concerne, je pense. Si tu as des questions, ou si quelque chose ne va pas, n'hésite pas.

Voilà Karl seul, enfin c’était ce qu’il croyait. La sensation de mal être, de manque, de vide qui ne le quittait plus lui donnait envie de hurler. D’ailleurs, rien ne l’empêchait de céder à cette envie. Personne ne l’entendrait sur le plan physique. Quoi qu’un doute s’était insinué en lui. C’était vrai, quelque chose avait changée. Même ainsi sous sa forme spectrale, il sentait le plan physique comme s’il pouvait influer sur celui-ci. Le néant n’était plus autour de lui, comme lorsque le lien existait encore, mais en lui. Cette étrange constatation méritait d’être explorée, étudiée, mais pas encore, pas maintenant. Pour l’instant, le Roi d’Ombre avait demandé la mort de Welfolt et Soul allait obéir. Lorsqu’il avait fait connaissance avec le docteur, il l’avait apprécié, au début. Ce temps était bel et bien révolu. Le Shadow King avait raison, le quinquagénaire ne pouvait devenir gère plus qu’une nuisance. Sa disparition était avant tout symbolique. Et pour Karl, s’était une vengeance.

Restant digne, restant silencieux, Soul observa la chambre. Gorge Welfolt était toujours positionné face à la fenêtre au travers de laquelle son regard se perdait. Les infirmiers s’afféraient autour du cadavre, débranchant les câbles, déconnectant les sondes et les tuyaux. Une à une, les machines médicales tombaient dans le silence. Personne ne disait mot. L’ambiance avait quelque chose de vraiment particulier. Soul y restait sourd. Insensible face à sa propre mort, il échafaudait déjà le macabre plan qui allait marquer sa renaissance. Les infirmiers, leur travail achevé, se retirèrent pour aller chercher un brancard afin de pouvoir acheminer le corps jusqu’à la chambre froide. Sitôt que Welfolt se pensa seul, il se retourna et s’approcha du lit. Son visage trahissait un soupçon d’émotion. Soul choisit cet instant pour agir. Il plongea dans son propre corps. Quelle ironie ! Le voilà enfin réuni maintenant qu’il était à jamais divisé.

-Karl… murmura le docteur.

Il s’était penché sur le cadavre, sa main efflora le visage blême. Gorge n’allait pas en dire, ni faire d’avantage. Il n’était évidement pas un émotif. Pourtant, ce petit moment de faiblisse allait faciliter la tâche du monstre fantomatique. Tout d’un coup, sans prévenir, les yeux éternellement clos d’Hodgkin s’ouvrirent. Welfolt en fut si surpris qu’il bondit presque en arrière.

-Bon dieu ! Karl, c’est impossible ! Vous êtes mort ! lâcha l’homme après un instant de retard.

Pas de réponse. Mis à part ce détail, le cadavre restait inerte. Cela poussa le docteur à de nouveau s’approcher. Il fixait le visage du défunt, on le sentait un peu dépassé. Il ne comprenait pas. Peut-être que ce mouvement de paupières n’était au final qu’un réflexe nerveux post-mortem.

-Karl… c’est bien vous ?

Il doutait, c’était évident. Il se sentait un peu bête aussi. Il s’était repenché sur le défunt et attendit, une seconde, deux secondes, trois… Il soupira.

-Je perds la tête, conclut-il.

Puisque même les yeux d’Hodgkin regardait dans le vide, le scientifique n’avait plus aucune raison de penser que l’esprit de Pinocchio était présent. Il allait se redresser quand subitement, les bras du mort le saisirent à la gorge avec une force stupéfiante. En 15 ans de comma, tous les muscles étaient évidement atrophiés mais Soul tirait sa puissance de la rigidité de la matière, donc des os toujours rebutes. Sa poigne de fer, implacable, étranglait Welfolt bien plus efficacement que ne l’aurait put un homme ordinaire. A sa force non négligeable s’ajoutait le fait que le monstre ne connaissait pas la fatigue, qu’il pouvait poursuivre indéfiniment ses efforts. C’était essentiel qu’il ne laisse à son adversaire aucune chance. Sans cela, le docteur aurait put faire usage de son don psychique, celui de provoquer la peur et la tristesse, il aurait put attendre même détruire Soul. Or, là, il suffoquait, il agonisait. Soul se décida à prendre la parole d’un ton glacial, mortel.

-Karl est mort et vous allez le rejoindre.

Gorge essayait de résister, en vain. Gorge essayait de parler, en vain.

-J’ai rencontré plus grand, plus puissant, plus intéressant que vous. Lui est vieux comme le monde et il m’a déjà offert bien plus que vous ne l’auriez jamais put. Sa cause dépasse de loin, très loin la votre. Vous êtes si insignifiant face à lui que le choix entre vous et lui était aisé. Je vous devais bien cette ultime explication, docteur. Adieu.

Soul attendit encore une bonne minute avant de desserrer son étreinte. C’était une certitude, Gorge Welfolt n’était plus de ce monde. Il lui avait pratiquement broyé le cou. Il avait entendu un craquement dans ses vertèbres. Dans le couloir, on entendit des pas, ceux des infirmiers qui revenaient avec le brancard. Ce dernier allait peut-être servir à quelqu’un d’autre après tout. Avec négligence, Hodgkin poussa le cadavre du docteur parterre puis il reprit la position qui était la sienne avant ce « retour à la vie ». Il ferma les yeux et quitta cette enveloppe charnelle.

Alors l’envie de rire lui prit, un rire qui en disait long, un rire terrible que nul n’entendit sauf peut-être le Roi d’Ombre. Il se répandit dans l’immatériel comme une vague glacée. Soul avait tué pour la première fois. C’était le début d’une longue, très longue liste. L’agent du Shadow King avait d’autre cible en Angleterre : les parents de Karl Hodgkin, son ex-petite amie. Il voulait réduire à néant le passé ce cet homme qu’il n’était plus. Quand cela sera fait, il retournerait à New York pour y répandre la terreur…

…au non du chaos.

HRP : terminé pour moi-aussi. Ce fut un plaisir Very Happy

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