Entre coeur et rancœur.., partie 3 [Pv Eline]

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Hayden conduisait tant bien que mal avec son épaule blessée. Il roulait doucement, grimaçant à chaque passage de vitesse. Sur le siège passager, Eline semblait ailleurs. Après la mort tragique de son père, le mutant l’avait entraîné de force jusqu’à son véhicule, souhaitant l’éloigner de toute l’agitation. Il ne faisait aucun doute qu’ils auraient été interrogés, et Sismik ne voulait pas qu’elle se retrouve complice d’une attaque mutante. Tout ce qui était arrivé était de sa faute, il n’aurait jamais dû se mettre en tête de chasser tous les chefs de gangs. Culpabilisant, il fixait la route sans détourner les yeux. Le drame qui s’était déroulé allait avoir un effet certain sur la relation entre Eline et Hayden. Soit les deux mutants allaient se rapprocher, soit Eline allait haïr le jeune homme, ce qui serait légitime. Peu importe l’issue des choses, Sismik n’avait pas la tête à ça. Il s’inquiétait énormément pour son amie, et cette inquiétude lui faisait oublier la douleur de ses membres meurtris.

Hayden avait l’intention de se rendre à Mutant Town. Le quartier n’était pas le plus sûr de New York, mais au moins ils ne rencontreraient pas d’humains, ce qui leur assurait une certaine tranquillité. Le bandage que lui avait fait le père à Eline tenait plutôt bien, procurant un certain confort pour la conduite. Dehors, le soleil se couchait, plongeant la ville dans une lueur rougeâtre. Il fallait dorénavant se méfier des personnes qui sortaient. Les rues étaient plutôt mal famées la nuit.. Hayden hésita quelques instants, puis jeta un coup d’œil à Eline. Il ne s’était jamais retrouvé dans ce genre de situation et ne savait pas quoi dire.

« Je suis désolé, Eline.. Tu veux qu’on s’arrête un peu ? » Demanda-t-il, gêné.

C’était nul, c’est sûr, mais le silence qui s’était installé était pesant et insoutenable. Il ne pouvait pas laisser la jeune femme seule, c’était impensable. Elle lui avait sauvé la vie et les sentiments qu’il avait pour elle avaient doublés. Hayden était complétement perdu.. Tout s’était passé très vite et il n’avait rien pu contrôler..

HJ : c'est vraiment court mais je vois pas quoi dire tant que je ne sais pas la réaction d'Eline :S

[HJ]: C'est très bien, t'inquiètes... Smile

Tout cela n'avait aucun sens. Cela s'était passé trop vite, beaucoup trop vite. Eline ne cesse de revoir les images, toutes les images. Elle se repasse le film et elle arrive toujours à la même scène, à la même conclusion : son père étendu sur le sol. Comment pouvez-vous croire en la justice après avoir vu la personne qui vous est le plus cher, la personne qui était l'une des plus honnêtes et droites dans cette ville, abattu comme on abat un chien errant. Elle repensait à ce que lui disait son père lorsqu'elle était enfant : "la justice de notre pays triomphe toujours Eline, tôt, où tard !" Il se trompait, la preuve en était faite.

Eline voulait se réveiller, se réveiller d'un horrible cauchemars. Plus rien n'avait d'importance maintenant, plus rien de ce monde et dans la vie de la jeune fille ne comptait. Plus rien ? Non, il lui restait Hayden, ce garçon qu'elle avait sauvé et que son père avait sauvé. Ses sentiments se déchirèrent dans son âme éperdue. D'un côté, tout était de sa faute, rien ne serait arrivé s'ils ne s'étaient pas rencontrés au centre commercial. Mais d'un autre, son père n'aurait jamais été de cet avis, il n'aurait pas accepté que sa fille rejette les responsabilités sur qui que ce soit. Ce garçon qu'elle avait sauvé était désormais la seule personne qui donnerait du sens à la vie de la jeune fille, bien qu'elle ne le sache pas encore.

Malgré toute cette haine envers ce destin tragique, Eline ne parvenait pas à en vouloir à quelqu'un et surtout pas à Hayden. il l'avait emmené dans sa voiture et elle ne savait pas vraiment où il l'emmenait. Elle savait en revanche que s'était pour son bien. Elle ne pleurait plus, même si quelques larmes coulaient encore le long de sa joue lorsqu'elle revoyait la scène. Elle fut extirpée de ses songes quand Hayden lui parla. Il conduisait malgré son entaille dans l'épaule et il fallait absolument le soigner.

_Arrête-toi à cette pharmacie, faut désinfecter et refaire le bandage. Dit-elle d'une voix encore tremblante et en séchant ses larmes.

Elle n'avait plus son sac, il était resté dans la voiture de son père. Elle n'avait donc pas d'argent.

_Tu as de l'argent ?

Il fallait du sparadrap, des compresses, de l’alcool et du coagulant et tout cela coute plutôt chère.

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Eline ne pleurait plus, elle semblait complètement déconnectée du monde. Hayden avait peur pour elle, il redoutait qu’elle tente de mettre fin à ses jours ou qu’elle sombre dans le mal.. Ayant connu l’enfer de la drogue et de la misère, Sismik ne la laisserait pas en arriver là. D’une voix tremblante, elle lui dit de s’arrêter à la pharmacie pour son bandage. Le jeune homme ne savait pas quoi dire. Elle venait de perdre son père sous ses yeux et elle pensait encore à sa blessure. La culpabilité que ressentait Hayden ne fit que s’accroître. Elle lui demanda s’il avait de l’argent, il répondit d’un ton sévère :

« Non, et puis on s’en fiche de ça. Il faut d’abord que je te mette à l’abri et que tu manges un peu. »

Il était sincère. Il passa devant la pharmacie sans s’arrêter et se mit à la recherche d’un fast-food. Les rues étaient presque vides mis à part quelques SDF et des promeneurs rentrant chez eux. Espérant qu’un restaurant était ouvert dans Mutant Town, il suivit la route qui y conduisait. Plus ils se rapprochaient du quartier, plus les tags pro-mutants étaient nombreux sur les murs.

« Tu connais du monde à Mutant Town ? » demanda Hayden timidement.

Au loin, le grand panneau « Mutant Town » se dessinait sur un fond d’immeubles grisâtres. Le jeune homme accéléra et pénétra dans le quartier mutant, à l’entrée duquel des militaires faisaient une ronde. Les attentats et les conflits étaient nombreux dans cette partie de la ville, la vigilance était donc extrême. Ils regardèrent la voiture passer d’un air mauvais. Dans Mutant Town, les rues étaient beaucoup plus vivantes. Les mutants étant regroupés à la manière d’un ghetto, cela rendait la population surélevée. Beaucoup regardèrent la voiture à la manière des militaires, d’autres avec méfiance. Ici, il fallait se méfier de tout le monde.. Hayden n’était venu que très rarement dans le quartier, mais les peu de fois où il s’y était rendu lui avaient appris à rester sur ses gardes..

Hayden s’engagea dans une rue moins peuplée à la recherche d’un fast-food où ils pourraient prendre des plats à emporter. Bien sûr, il ne s’attendait pas à ce qu’Eline ait faim. Il serait même normal qu’elle ne ressente pas la moindre envie de manger, mais il fallait qu’elle se force. Au détour d’une rue mal éclairée, un McDonald était ouvert. Comparé à ceux des autres quartiers, celui-là était assez miteux. Les néons ne marchaient pas très bien et clignotaient de manière très irrégulière. Les vitres étaient sales et le bâtiment était presque vide. Hayden prit la petite voie destinée aux commandes à emporter et s’arrêta à hauteur d’une borne électrique à travers laquelle les employés prenaient les commandes.

« Tu veux quoi ? » demanda Hayden à Eline.

HJ : J'ai un peu pris les devants, désolé. Si tu veux que je change quelque chose par rapport à la réaction d'Eline dis le moi Smile

.

Eline se tut à la réponse seiche de Hayden. Elle n'avait pas la force d'insister, bien qu'il fallait vraiment qu'il soigne mieux sa blessure s'il ne voulait pas qu'on lui ampute le bras. C'est le genre de blessure qui s'infecte très vite. Bien qu'Eline le sache, elle ne dit rien et sortit son téléphone, machinalement.

1 message reçus de "Papa" :
"Le barman m'a appelé Eline, ça va ?"

À la lecture de ces quelques mots, le monde s'effondra une seconde fois autour d'elle. Une douleur vive la prit aux tripes. Une de ces douleurs dont il n'existe aucun remède et qui peut vous bouleverser jusque dans le moindre recoin de votre esprit. Elle venait de laisser le corps de son père sur le bitume de ce parking. Elle l'avait abandonné. Elle ne répondit pas à la question de Hayden, elle était ailleurs. Dans une autre réalité où elle peut revenir en arrière et tout recommencer, dans une autre réalité où c'est sur elle que le policier tire. Il y a tellement de geste qui aurait pu tout changer qu'elle se demande pourquoi elle n'a pas agi ainsi.

Elle n'avait pas mis les pieds à Mutant Town, elle n'était jamais sortie dans les quartiers pauvres et avait toujours vécue dans le confort le plus extrême. Maintenant qu'elle était orpheline, plus rien ne serait plus comme avant.

Eline alluma la radio sur les ondes locales. Pour voir ce qu'il se disait sur l'incident du bar. Elle tourna le bouton, cherchant au milieu des crépitements radiophoniques et des musiques un timbre de voix d'un présentateur de journal.

"frziztgztizgt... Victoire des Bulls en direct, c'est énorme !... frzizigtizitg... Retour à New-York avec l'arrestation stupéfiante de Jorge Casiano... Eline monta le son. Chef d'un cartel de drogue mexicains dans un bar pour adolescent. Les circonstances de l'arrestation sont encore inconnues alors que l'on m'informe que le bar a été détruit, comme sujet à un attentat. Nous en saurons plus dans notre flash info de 8 heures."

Eline arrêta la radio, Hayden s'était arrêté à un McDonald miteux et lamentable.

_Tu veux quoi ?
_Rien, j'ai pas faim... Répondis Eline d'une faible voix.

Elle n'avait vraiment pas la tête à manger. Cette pensée lui donnait plus envie de vomir qu'autres choses. Dans un élan d'énergie elle ajouta.

_Tu sais, il faut vraiment que tu soignes ton épaule Hayden. C'est pas seulement pour toi que je dis ça. Si ça venait à s'infecter, tu ne pourras même plus tenir le volant...

Sa voix baissait d'intensités au fur et à mesure de ses paroles avant de s'éteindre définitivement, comme si elle craignait de mettre en colère Hayden. Elle se demandait désormais ce qu'ils allaient bien pouvoir faire à Mutant Town. Eline pensait que le meilleur endroit serait l'Institut, mais étant donné qu'il était de la confrérie, cela compliquait les choses.

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Hayden ne vit pas quand Eline sortit son portable, trop concentré sur la route. En revanche, lorsqu’elle mit la radio, il la coupa après quelques secondes d’écoute. Il était inutile de remuer le couteau dans la plaie. Il était normal qu’Eline veuille se renseigner et en apprendre plus sur la suite des événements, mais les médias n’étaient pas réputés pour leur sympathie envers les mutants. Hayden était certain que les infos allaient faire passer le père d’Eline pour un homme dangereux et le policier qui l’avait tué pour un héros.. La jeune femme en souffrirait davantage, c’est la raison pour laquelle il avait éteint le poste radio.

« Rien, j'ai pas faim... »

Le contraire aurait été étonnant. Hayden n’avait jamais vécu de situation semblable, mais il pouvait imaginer.. Il soupira et prit la main d’Eline dans la sienne avant de lui dire d’une voix qui se voulait apaisante :

« Il faut que tu manges, fais-moi confiance.. »

Eline semblait ne pas l’écouter et se préoccupa une fois de plus de l’état de son épaule. Elle n’avait pas tort, la blessure risquait de s’infecter très rapidement, mais il s’en fichait réellement. Hayden l’ignora et commanda deux menus Best-of. Ils ne finiraient sûrement pas de tout manger, mais il fallait qu’Eline mange un peu. Dans un coin de sa tête, le jeune mutant avait toujours la vision de son ami mort, mais pour une raison qu’il ignorait cela le touchait moins que le père de son amie. Hayden se sentait très proche de la jeune femme, proche au point qu’il pourrait tout donner pour elle. Pourtant, ils se connaissaient depuis très peu de temps..

Hayden avança jusqu’à l’endroit où le serveur donnait les commandes. La salle était plongée dans la pénombre, ce qui le fit frissonner. L’employé lui tendit les menus qu’il ne put prendre qu’avec sa main indemne. Il faillit tout renverser et les tendit à Eline. Le mutant paya avec quelques billets qui trainaient dans sa poche. Etant donné qu’il était recherché par les services de police, il ne possédait pas de carte bleue. S’il en utilisait une, il risquait de se faire localiser et arrêter.

« Manges, s’il te plaît », dit-il gentiment à Eline tout en accélérant.

Il cherchait un endroit discret, à l’abri des regards et des promeneurs. Ils allaient sûrement passer la nuit dans la voiture, les hôtels de Mutant Town étant souvent proies à des attentats..

Il fallait qu'elle mange et lui qu'il se soigne. Mais aucun d'eux ne faisait ce que l'autre lui demandait. C'était une situation assez étrange et qui témoignait de la tension palpable dans cette voiture. Les deux mutants avait perdus une petite partie d'eux-mêmes dans cette aventure et cela les marquerait sans doute pour toujours.

Les hamburgers étaient sur les genoux d'Eline qui les regardait d'un air de dégout. Comment pouvait-elle avaler quoi que ce soit après ce qu'elle venait d'endurer, c'était impossible. Malgré les recommandations de Hayden, Eline ne put et elle repoussa les paquets à côté d'elle.

_Je peux vraiment rien manger Hayden, comprend-moi s'il te plait. Dit-elle d'une voix presque suppliante.

Le meilleur endroit pour elle serait l'Institut. Au moins, là-bas, elle serait en sécurités et elle pourrait se reposer et essayer de prendre du recul par rapport à tout cela. Mais une force intérieure la forçait à rester avec Hayden. Elle ne pouvait en effet pas le laisser dans cet état. Mais lui aussi pourrait trouver de l'aide à l'Institut. Le professeur Xavier accepte tout le monde et quelque soit leurs antécédents.

_Il faut qu'on aille à l'Institut Hayden, il y a que là-bas qu'on sera en sécurité, crois-moi.

Il était de la confrérie, certes. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'avait pas changé après tout ce qu'il s'était passé. Eline croyait en Hayden et elle était persuadée qu'au fond de lui, il est un garçon gentil. Elle était persuadée qu'il n'avait juste pas reçus les bonnes cartes au départ.

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Eline ne voulait pas manger, ce qui était prévisible. Hayden n’insista pas et se concentra sur la route. Il y avait du monde partout, Mutant Town était une véritable fourmilière. A croire que ses habitants ne vivaient que la nuit ! Après quelques minutes de recherche, il trouva une petite aire assez discrète, entourée de quelques arbres. Il n’y avait personne ici. Hayden se gara et coupa le contact avant d’ouvrir sa fenêtre. L’air nocturne qui pénétra dans le véhicule lui fit du bien et il ferma les yeux quelques secondes.

« Il faut qu'on aille à l'Institut Hayden, il y a que là-bas qu'on sera en sécurité, crois-moi. »

Hayden ne répondit pas tout de suite. Elle avait raison, il le savait. Mais c’était trop risqué pour lui de se rendre à l’Institut. S’il y allait, la Confrérie ne lui pardonnerait pas, il en était sûr. Le mutant soupira avant de dire :

« J’peux pas. Si j’y vais, les confréristes ne me feront pas de cadeaux. »

Il ouvrit la portière et sortit de la voiture. Le jeune homme tira une cigarette de sa poche et l’alluma avant de s’asseoir sur le capot. Il était perdu.. D’un côté, il méprisait les humains et la volonté de les réduire à néant l’habitait toujours, mais d’un autre côté il y’avait Eline.. Hayden soupira en regardant le sol de béton. Au loin, le vrombissement de la circulation et les voix des mutants résonnaient. De temps à autre, des sirènes brisaient l’agitation permanente de Mutant Town.

Eh, toi ! »

Hayden sursauta légèrement. Il tourna la tête à droite et à gauche pour voir d’où la voix venait. Il n’y avait personne. Craignant une attaque, il se releva et ferma sa portière tout en restant dehors. Il ne voulait pas exposer Eline à une éventuelle bagarre. Sur ses gardes, il s’avança de quelques pas avant de voir une silhouette sous les arbres. Hayden s’approcha d’elle. Il n’avait pas peur, il s’inquiétait seulement pour Eline.

«Ca t’intéresse un peu de beuh ? »

Hayden retint un petit rire. Aucun danger, juste un petit dealeur.

Ils s'étaient arrêtés sur une aire, enfin, une espèce de parking en béton plus ou moins accueillant et entretenue. L'endroit était entouré de buissons et la nuit commençait à tomber. Ils allaient surement devoir rester ici la nuit. Malgré son état de totale déconnexion de la réalité, Eline ressentit quand même un petit frisson qui le parcourait. C'était un frisson de peur mêler à de la pitié. De la pitié pour cette ville, ce ghetto, ce parc pour animaux qui était aussi insalubre que honteux. Comment pouvait-on en arriver là ? Comment deux espèces humaines pouvaient se haïr à ce point ?

Avant la mort de son père, quelques heures plus tôt. Eline était restée une fille assez naïve, qui croyait en une société et une réalité manichéenne. Le choc qu'elle venait de subir lui fit un peu changer d'état d'esprit. Elle s'est rendu compte que tout était beaucoup plus compliqué, que tout n'était que magouille et appât du gain sans précaution envers des populations considérées comme du bétail que l'on déplace à sa guise.

Elle sentait une flamme qui s'était allumée en elle, une flamme qui consistait à la rendre plus combative, plus endurcie contre les agressions du monde moderne. Cette flamme la poussait à se battre, se battre pour les idées de son père, se battre pour une utopie : celle d'un monde uni. À la grande différence de l'Eline que vous avez connu, celle-ci est prête à utiliser la force pour faire la paix. Car jusqu'à présent, lancer des roses n'a jamais eu d'effets.

Hayden était sorti. Il venait de dire clairement que l'Institut était une des meilleures solutions si seulement il n'avait pas été de la confrérie. Il venait de sortir de la voiture, dans l'obscurité du crépuscule grandissant. La lueur de sa cigarette éclairant faiblement les traits tirés de son visage pourtant si jeune. Comment avaient-ils pû en arriver là ? C'était la question qui tournait en boucle dans la tête d'Eline. Lorsque Hayden approcha d'un buisson, Eline sortit précipitamment de la voiture, craignant qu'il ait des ennuis.

_Hayden ? Ça va ?

On pouvait deviner une pointe d'inquiétude dans le timbre de la voix exténuée de la jeune mutante. Cela montra bien qu'elle tenait à lui, plus qu'elle le pensait. Sûrement parce qu'il restait la seule personne dans l'entourage proche de la fille, bien qu'ils ne se connaissent que partiellement.

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Hayden s’apprêtait à refuser la proposition du dealeur lorsqu’Eline sortit, apparemment inquiète. Il leva le pouce pour montrer que tout allait bien. Les trafiquants de ce genre étaient rarement dangereux. Le mutant connaissait bien ce genre de gars qui ne devenaient méchants que sous la panique. La plupart du temps, ces mecs étaient comme des prostituées, obligés de tomber aussi bas pour pouvoir survivre. Il ne fallait pas affoler le dealeur, au cas où il serait armé.

« Non merci, ça ira, bonne soirée » répondit calmement le jeune homme en s’éloignant de quelques pas.

Mais le dealeur ne bougea pas. Il était toujours dans l’ombre, sa silhouette se dessinant sur la lueur d’un lampadaire. C’était étrange. Méfiant, Hayden s’arrêta et s’adressa à lui d’une voix plus forte :

« J’ai dit non merci, tu peux bouger maintenant »

Toujours aucune réponse, ni aucun mouvement. Il y avait eu assez de dégâts pour aujourd’hui, une nouvelle bagarre ne serait que très malvenue.. De plus, son bras le faisait atrocement souffrir. Hayden sentait son cœur s’accélérer, il ne voulait plus d’embrouilles, juste être tranquille..

« T’es sourd ou quoi ? J’ai dit non ! » dit-il d’une voix plus sévère.

Le dealeur restait toujours immobile. Quelque chose clochait, et il fallait rester sur ses gardes. Après tout, ils étaient à Mutant Town, tout pouvait arriver ici. Hayden jeta un coup d’œil à Eline avant de lui dire gentiment :

« Eline rentres dans la voiture, on se casse»

Puis il avança à reculons vers la voiture, sans perdre le dealeur de vue. C’était quoi encore ce bordel ? Il eut soudain une idée. Il entra dans la voiture et, sans prendre la peine de s’attacher ni de fermer la portière, mit le contact et alluma les phares qui visait parfaitement l’endroit où était le trafiquant. Le faisceau de lumière traversa en un éclair la distance qui les séparait de… Rien. Il n’y avait plus personne. Hayden ne comprenait plus rien. Il demanda à Eline :

« On fait quoi ? On dégage ou on reste ici ? »

L'inquiétude commençait à monter peu à peu chez Eline. Hayden semblait avoir des ennuies, bien qu'il lui fasse signe que tout allait pour le mieux. Il s'était approché des buissons, vers un lampadaire éclairant difficilement les lieux. Qui était dans le buisson ? Que voulait-il à Hayden ? Eline avait eu assez d'ennuis pour aujourd'hui, elle voulait rentrer chez elle et essayer d'oublier tout ça.

Eline regardait partout autour d'elle, elle regardait Hayden aussi, se rapprochant petit à petit de l'endroit suspect. Tout à coup, elle entendit Hayden dire d'un ton sévère qu'il voulait que l'inconnue du buisson parte. Elle ne voyait pas à qui il parlait exactement et cela l'inquiéta.

_Qui c'est Hayden ?
_Eline rentres dans la voiture, on se casse !

La scène était digne des plus grands films à frisson. Une voiture seul sur un parking mal éclairé et entourés de buissons. Eline en avait la chaire de poule. Tout cela ne pouvait être qu'un mauvais rêve, qu'un cauchemars. Rien n'est plus caricaturale que cette situation. Si on voulait rendre la vie d'une fille aussi insoutenable que tragique, nul scénario aurait été mieux que celui-ci.

Hayden était retourné prudemment dans la voiture, Eline aussi. Il alluma les phares, comme pour voir qui était réellement dans les broussailles. À sa grande surprise, il n'y avait plus personne, rien. La tension était à son comble, Eline s'attendait à voir surgir sur les côtés toutes sortes de bestioles qui pouvaient être inventés.

_Qui c'était ?
_On fait quoi ? On dégage ou on reste ici ?
_J'en sais rien ! J'aime pas cet endroit, il me fait flipper, on est plus trop en état de se défendre...

Elle paniquait, bien que cela ne soit pas visible sur son visage, elle paniquait. Jamais elle n'avait vécue pareille situation. Elle sentait dans Hayden, une pointe d'angoisse, bien qu'il ait l'air sensiblement plus décontracté. Eline regardait partout dehors, la moindre ombre, le moindre coup de vent la faisait tressaillir.

_J'aime vraiment pas cet endroit Hayden...

Un type ressemblant plus à un clodos s'approcha de la voiture. Il sortait des ténèbres de la nuit, il avançait en titubant, un grand manteau à capuche cachant son visage. Il était face aux phares de la voiture, se dirigeant désormais vers la portière de Hayden.

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Hayden ne répondit pas à la question d’Eline, à savoir qui était l’homme avec qui Hayden parlait. Elle n’avait sûrement pas la même expérience que lui question deal et tout ce qui y touchait. Elle s’inquièterait probablement d’un dealeur, ce qui n’était pas utile étant donné tout ce qui s’était déjà passer aujourd’hui. Elle lui dit qu’elle n’aimait pas cet endroit, c’était compréhensible et il estima préférable de partir. Il prit d’abord son hamburger et croqua un bon morceau. Manger lui fit du bien, et une nouvelle fois il demanda à Eline de faire de même. Il fallait qu’elle mange, ou au moins qu’elle boive un peu. Elle semblait vraiment paniquée malgré qu’elle tentait de le cacher. Hayden le voyait à son regard et à sa manière de regarder partout. Sans vraiment se rendre compte de ce qu’il faisait, le mutant se pencha et l’embrassa sur la joue avant de lui dire :

« T’inquiètes pas, ça va aller. »

Il s’apprêtait à effectuer une marche arrière quand soudain il y eut du mouvement devant la voiture. Un mec venait de sortir de l’obscurité, le visage masqué par l’ombre de sa capuche. Il était face aux phares et marchait lentement vers la portière de Hayden. Ce dernier ne savait pas ce qu’il devait faire. Il se tourna vers Eline et lui dit doucement :

« Restes ici et verrouilles les portières. »

Puis il sortit en claquant la porte derrière lui. Le type était à une dizaine de mètres de lui et s’immobilisa soudainement. Hayden s’approcha de lui et lui fit face, dos aux phares. C’était une position stratégique, car l’autre serait ébloui si une bagarre démarrait. Le jeune mutant lui demanda d’un ton sévère :

« Qu’est-ce que tu me veux ? »

Le type ne répondit pas. Un silence de quelques secondes s’installa avant qu’il n’éclate d’un rire lugubre qui fit frissonner le jeune homme. Hayden n’était pas en état de se battre, mais son énergie était revenue, ce qui lui permettrait d’utiliser ses pouvoirs en cas de besoin.

« Tu sais ce que je veux.»

La voix n’était pas la même que celle du dealeur. Quoi qu’il en soit, le type n’était pas clair du tout, ce qui était inquiétant. Hayden répondit d’un ton méfiant :

« On se connaît pas, tires-toi. »

« Je veux Eline. » répondit-il aussitôt.

Il connaissait Eline. Hayden sentit la colère et l’incompréhension monter en lui. Il ne savait plus quoi faire. Mutant Town était vraiment rempli de cinglés..

[HJ] J'ai joué l'inconnu, si tu avais une idée précise derrière la tête de qui il est, dis-le moi je modifierais en conséquence.

Et voilà que tout recommençait, comme une danse ou un ballet, Hayden ressortit de la voiture laissant Eline à l'intérieur. Il alla voir l'inconnue plutôt suspect qui errait devant la voiture. Tout semblait avoir été mis en scène, la chorégraphie était parfaite, alliant parfaitement la situation très tendue à des effets inquiétants. On ne voyait pas son visage, malgré les phares pointés sur lui. Hayden s'approchait, il discutait, c'est à ce moment qu'Eline réalisa qu'elle ne pouvait pas le laisser seul, c'était peut-être un homme, il n'empêche qu'il est beaucoup moins enclin à se battre qu'elle.

Elle sortit brusquement de la voiture, furieuse. Toute cette mascarade l'avait extrêmement tendue et c'est cette tension qu'elle relâchait à présent. De quoi devrait-elle avoir peur ? D'un couteau ? Il glisse sur sa peau comme l'eau glisse sur les feuilles d'un arbre. D'un pistolet ? Leurs balles rebondissent sur le corps de la jeune femme. Alors, elle se devait d'aller aider son ami.

Elle se précipitait, presque en courant, la colère et la frustration mêlées à la peur était visible dans ses yeux. Elle agrippa l'inconnue violemment, par son blouson :

_Qu'est-ce que tu nous veux toi ? Allez nous emmerde plus, casse-toi !

Le calme apparent de l'inconnue était surprenant. À la grande surprise d'Eline, il ne s'est pas énervé, il n'a pas sorti d'armes, il est resté immobile, calme et avec un très grand sang froid. Cela stoppa net Eline dans sa colère. Un silence s'installa pendant quelques secondes, oppressant, stressant et effrayant. L'homme brisa le silence d'une voix rauque qui donna des frissons à la jeune mutante.

_Je suis un ami de ton père Eline. Et je suis venu te chercher. Tu as tant de choses à découvrir au sujet de ton paternel, des choses qui ne te feront pas plaisir.

Au même moment, quatre autres individus sortirent des broussailles. L'un d'eux tenait sous son bras un jeune homme inerte, qui ressemblait plus à un dealer qu'à autre chose. Ils étaient tous habillés pareils. Un long manteau à capuche cachant leurs visages.

_Voilà le personnel très personnel de Will Walsey... Eline.

La jeune fille ne pouvait plus rien dire, elle relâcha en tremblant l'individu, que disait-il ? Que voulait-il ? Il semblait connaître un autre Will Walsey, une autre personne que ce qu'a connu Eline.

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