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| Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] | |
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Invité Invité
| Sujet: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Mer 5 Mai 2010 - 1:06 | |
| [Suite du RP "Like Spinning Plates" initié par Ghinzu]Le chemin ne fut pas très long jusqu'à l'immeuble, mais jalonné par les avatars de la destruction de l'Humain. Là un clochard et son chien rachitique, là une fille de joie bon marché, plus loin des dealers qui échangeaient leur marchandise sans craindre d'être entendus, et partout l'odeur nauséabonde de l'urine, de l'alcool frelaté de longue date, et du sang versé souvent sans but ni raison. La jeune femme marchait vite, car elle ne voulait pas perdre de temps dans cet environnement là, et était trop impatiente d'ouvrir son cocon à celui qui la suivait de près. Elle ne voyait même plus la déchéance de l'homme autour d'elle, c'était devenu si banal dans sa vie de voir les oiseaux se briser tous les os en s'écrasant aux trente-sixièmes dessous, où elle venait de rencontrer un être céleste aux ailes souillées... Elle ouvrit la porte de l'immeuble en la poussant simplement, l'entrée qui se classait parmi les plus vandalisées de la ville n'étant jamais fermée, au profit des sans-logis mais pas uniquement. Il n'y avait personne ici ce soir-là, et la jeune femme passa sans prêter un regard au théâtre glauque qui servait de préambule à la scène d'exposition qu'elle avait proposée au pianiste. Quatre étages, sans ascenseur et sans paroles. Juste quelques coups d'œil rassurés et encourageants, un sourire assorti accroché aux lèvres. L'ascension se termina finalement dans un sinistre couloir au bout duquel une porte noire mal en point arborait avec une fierté toute relative un chiffre privé de son parent perdu : le numéro 9, à moins que ce ne soit un 6... La jeune femme sortit une unique clé d'une de ses poches, ouvrant le césame final sans emphase mais avec dextérité. La porte s'ouvrit sur le conseil des ombres qui interrompirent leurs murmures quand leur reine fit entrer l'âme égarée. " Allez-y. Vous pouvez enlever vos chaussures et votre veste, si vous voulez. " fit-elle en désignant d'un regard le porte-manteau utile à la seconde action proposée. Une fois qu'il fut entré, elle referma la porte à clé, tourna le verrou deux fois et mit la chaîne de sécurité, dans une suite de cliquetis dansants qui vinrent chatouiller les oreilles du nouveau venu avec l'air joueur de jeunes chiens entravant vos pas... " Et surtout n'hésitez pas, faites comme chez vous, installez-vous comme vous le voulez. Je tiens à ce que vous vous sentiez bien. " Ashe se dirigea dans l'obscurité percée par les rayons pâles de la lumière nocturne et alluma une lampe halogène, puis une autre, révélant le coin salon dans une lumière qu'elle choisit tamisée, puis le son de ses pas la traça jusqu'à sa longue table de travail où, sans même avoir besoin d'y voir clair, elle prit son appareil photo. Aussitôt en main, il émit le léger bruit de l'électronique qui s'éveille sous ordre de son maître, et il ne fallu qu'une seconde à la jeune femme pour prendre un premier cliché de son invité qui se tenait à plusieurs mètres d'elle, plongé dans une pénombre chaleureuse. L'absence de flash n'empêcha pas la reconnaissance des détails et l'effet de surprise donna toute sa pureté au naturel. Après avoir apprécié le résultat d'un bref coup d'œil, la maîtresse de maison fit quelques pas vers son hôte tout en cherchant un angle intéressant. " J'espère que mon antre vous plaît. Il semblerait que j'aie vécu pour ne voir la lumière que cette nuit. " Un autre cliché, une autre vérification, un autre déplacement vers lui. " Préférez-vous que je vous baptise, ou me donnerez vous votre nom? Si vous optez pour la première option, nous imaginerons que nous sommes deux anges, et vous serez libre de m'inventer un alias pour ma venue dans le monde que nous allons créer. " Elle semblait tout à son art, selon ce que ses mots pouvaient laisser voir. Toute son attention était là, concentrée sur son invité. Elle lui proposait l'écriture d'une partition à quatre mains, et selon ce qu'il décidait d'adopter comme posture, elle tisserait une trame sur laquelle il poserait sa griffe voluptueuse, ainsi qu'elle l'avait vu faire au bar quelques instants auparavant. Ashe baissa son appareil en laissant se poser, telle une gaze légère, un silence contemplatif de plusieurs secondes, se replongeant avec délice dans le regard étincelant de son cher inconnu. " N'oublions jamais que la vie est un jeu mortel, et que nous jouons sans cesse. Comme en ce moment-même. " Elle lui sourit avec une tendresse non masquée, pourtant entachée de mélancolie, et reprit son travail. " A propos, si vous voulez faire le tour du propriétaire, ne vous gênez surtout pas. J'allumerai des flambeaux pour vous... Lucis fero. " |
| | | Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Mer 5 Mai 2010 - 15:34 | |
| Rien ne viendrait plus d’intéressant de ce matin froid en ce mois de décembre de l’année 1922. La neige se faisait attendre et Paris avait le vague à l’âme. Déjà le bruit des chevaux se mêlait avec la cacophonie des moteurs des voitures. La ville était entre deux époques, elle voulait murir au sortir de la Grande Guerre, le siècle venait de se déniaiser abandonnant ses illusions de jeune enfant pour entrer dans le temps de la responsabilité des adultes. Sa mue était palpable, visible et malodorante comme tout ce qui faisait le décor de cette chambre de bonne du quartier de la Butte. Assis sur le lit, il écoutait les anges qui mouraient et renaissaient dans une farandole quotidienne. Chaque jour poussait l’autre, chaque nuit accouchait d’une même plainte douloureuse dans une fuite en avant éternelle mais cette réalité due à son gêne lui échappait encore. Il jeta un regard distrait vers le lit. Une courbe féminine se dessinait d’un revers charnu offrant une perspective qu’un grand maitre de 19eme siècle aurait sans doute appréciée. Une longue crinière rousse se découpait sur une peau quasi laiteuse. Comment s’appelait-elle déjà ? Un prénom irlandais peut-être…impossible de s’en souvenir et en définitif cela n’avait que très peu d’importance. Il l’avait consommé sans extase et sans amour, juste une envie de remplir un corps d’étoiles avant de retomber le cœur en cendre comme aurait si bien dit un chanteur des rues. Il reboutonna sa chemise laissant sa cavalière d’un soir reposer, elle sortait de son existence aussi rapidement qu’un météore. On vivait d’excès mais on en mourait rarement. Il attrapa son haut de forme avant de s’engouffrer dans le corridor, fermant derrière lui le chapitre de la journée précédente. Tout en dévalant les marches, l’esprit embrumé de vapeurs d’alcool, il essaya de trouver une nouvelle raison de pousser l’existence jusqu’à l’aube du lendemain. La rue s’offrait à lui, bruyante et rassurante encombrés de fantômes qui ne pouvaient pas se voir. Ses pas ralentirent près d’une librairie où il jeta un regard négligeant aux étales. Puis d’un geste emprunt d’une grande dextérité il consulta sa montre en or l’expression grave. Une voix vint briser la routine de ses actions anodines.
« Excusez-moi ? »
Hopes mit un temps à réagir, sans doute les restes de ses mois de dépravations d’une descente effrénée vers l’enfer de la flagellation morale. Elle était là, fragile et gracile avec ses grands yeux qui le perçaient comme si déjà depuis toujours elle l’attendait pour lui adresser ses quelques mots. Le vent agitait ses longues boucles noires. Son sourire était pâle et lui donnait un air halluciné.
« Ca fait quelques instants que je vous observe, est-ce que cela vous ennuierait de poser pour moi ? »
Daniel resta silencieux et comme légèrement perplexe. Comme le silence devenait gênant. La jeune fille justifia sa requête sur le même ton toujours enjoué.
« Je suis Artiste Peintre, je me nomme Amélie Duchesnes. J’habite pas loin d’ici ? Ca vous direz de venir chez moi ? »
C’est la saison des météores pensa le jeune homme en souriant perfidement.
Cette ballade avait permis au professeur de rassembler quelques peu ses esprits. La misère, il en connaissait toutes les facettes pour avoir été de ceux là qui l’éprouve jour après nuit. Il faut avoir vécu pour savoir ce qu’est la vie et pour Hopes, ce monde ne se décline qu’en expériences. Le charme qu’opérait sur lui son inconnue vénéneuse commençait à s’estomper. Il ne restait qu’une curiosité à assouvir et une mélancolie à transfigurer dans u moment particulier. Daniel retrouvait son masque impassible et pragmatique car avant tout il sentait que pour la première fois depuis longtemps, il avait perdu le contrôle. Il ne fit aucun commentaire lorsqu’il pénétra dans l’antre de la jeune fille.
" Allez-y. Vous pouvez enlever vos chaussures et votre veste, si vous voulez. "
Il n’en fit rien. Sans ses chaussures, il se serait sentit légèrement ridicule et sans sa veste, elle aurait pu s’inquiéter de la terrible lame qu’il portait dans un holster au niveau des cotes. Il n’était pas courant, même à cette époque de se mouvoir avec un attirail de la sorte. Il la regarda papillonner et l’enfermer comme un trophée d’un safari nocturne. Elle ignorait le prédateur qu’elle venait de prendre dans sa toile .La question lui caressa l’esprit lorsqu’elle se barricada. Qui piège qui ?
Son regard changea lorsqu’il entendit le déclencheur de l’appareil. Légèrement surprit, son réflexe de prédateur se mit en route. Il savait qu’il lui faudrait moins d’un dixième de seconde pour figer le temps, la projeter au sol , dégainer son allée mortelle et rependre le liquide carmin à même le planché. Il se vit la tuer sans autre jugement, pour toute sorte de raison. Parce qu’elle l’avait piégé et gagné un round sans qu’il ne s’en rende compte, parce qu’elle était Amélie revenue d’entre les morts pour marteler son âme coupable, parce qu’elle se servait de lui sans en demander la permission. Parce qu’il la trouvait particulièrement attirante et qu’on aime ce qui nous fait mal. Il se contenta de planter ses mains dans les poches en détournant légèrement le regard.
" J'espère que mon antre vous plaît. Il semblerait que j'aie vécu pour ne voir la lumière que cette nuit. "
- Je vois…vous discernez mieux les ombres de cette façon, prenez garde cependant à ce que les ténèbres n’obscurcissent pas définitivement vos iris. La lumière d’un lendemain pourrait s’avérer compromise à adopter un tel comportement..à moins que..ce soit précisément le frisson que vous désiriez ?
Daniel retrouvait sa verve et les mots choisis avec un soin particulier coloraient à leur façon l’aspect atypique d’une telle rencontre. De l’atypisme au drame, il n’y a souvent qu’un pas. Il se déplaça vers une des tables du salon, son regard analysant l’antre cherchant à y déceler plus sur la personnalité de la maitresse des Ombres.
" Préférez-vous que je vous baptise, ou me donnerez vous votre nom? Si vous optez pour la première option, nous imaginerons que nous sommes deux anges, et vous serez libre de m'inventer un alias pour ma venue dans le monde que nous allons créer. " Il laissa échapper un rire bref et se fendit d’un sourire énigmatique.
- Vous voulez déjà refaire le monde ? celui là ne vous conviens pas ? Je ne crois pas assez en Dieu pour me prétendre son messager. Vous en avez peut être la beauté légendaire, mais moi surement pas la pureté du cœur. Quand à l’étrange idée de vouloir réécrire la genèse…permettez-moi de décliner l’offre. ..ma vie entière fut une mascarade bien amère au point que je souhaite plus entendre mon nom. Restons-en à la sincérité Mademoiselle Lovelace….un prénom atypique, Ashe.
Amusé par son effet de surprise il se contenta de faire un pas vers la table et de lui désigner une lettre nominative décachetée qui y trainait avec négligence. - Malgré un âge très avancé, ma vue reste excellente. Daniel…Hopes. Vous pouvez à présent poser les bases de notre monde.
Elle resta interdite une seconde avant de poursuivre laissant apparaitre des sentiments qui n’échappaient à l’œil du professeur.
" N'oublions jamais que la vie est un jeu mortel, et que nous jouons sans cesse. Comme en ce moment-même. "
Le problème c’est qu’il finit si vite que vous ne pouvez pas vous en rendre compte. J’ai un rapport à la mort qui vous échappe, Mademoiselle. Lorsque les ténèbres vous enserrent le cœur, ne souhaitez jamais des choses qui pourraient réellement arriver *
Sous l’invitation de son hôte, Daniel se lova dans un fauteuil penchant le corps en avant et posant le plat de la main sous son menton. Le déclic de l’appareil ne le gênait plus, toute son attention était à présent focalisée sur Ashe. Elle lui avait proposé un jeu qui l’intéressait au plus haut point, et il avait décidé de s’y abandonner totalement. Il la trouvait envoutante, sensuelle et charmante et décida de ne quitter ce lieu que lorsqu’il en aurait comprit l’alchimie.
- Alors ? Vous ne m’avez pas répondu dans le bar ? Vous connaissiez les conditions… Allez-vous être une commette ou un météore ? Je me demande lequel des deux… comme vous le savez, nature parfois identique, mais destin différent..l’un revient, l’autre s’écrase. ;.même s’ils disparaissent tous deux avec le temps, inexorablement.
Il lui sourit d’une façon charmante laissant entrevoir l’esprit malicieux et charmeur qui l’animait mais qu’il enfouissait sous une carapace détachée et froide.
- Surprenez moi.
* En français sans accent. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Mer 5 Mai 2010 - 17:32 | |
| Le fait qu'il ignore la plupart de ses propositions ne la vexa nullement, mais évacua le dernier écran d'illusion mystique qui le recouvrait, le faisant homme avant être humain. Ses longs cils sombres donnaient par le léger plissement de ses yeux une expression plus sérieuse et moins inoffensive aux deux joyaux qu'ils entouraient, métamorphosant son apparente candeur des premiers temps en sensualité nouvelle, fenêtre ouverte sur la femme cachée sous le masque de l'enfant.
Si la distance restait la même, il prenait un ton plus supérieur cette fois, rappelant sans qu'elle l'y ait invité ce qui faisait qu'il la devançait de loin, de bien des manières, ne serait-ce que par cette maîtrise parfaite du français qu'Ashe ne comprenait pas, mais reconnaissait pour l'avoir entendu à de nombreuses reprises. C'était chose certaine et jamais elle n'avait songé prendre les choses sous l'angle inverse, mais s'il l'avait perçu ainsi et s'était senti touché au point de se couvrir, pensa-t-elle, alors c'était tant mieux. Il y avait un point partout, et elle ne voyait pas d'inconvénient à ce que son nid prenne les couleurs d'une arène.
Mais dans cette arène point de coups sans caresses, semblait-il, et comme il présentait son jeu à demi-voilé, autant le suivre sur cette voie. Y aurait-il une souris dans ce jeu de chats?
" Alors ? Vous ne m’avez pas répondu dans le bar ? Vous connaissiez les conditions… Allez-vous être une commette ou un météore ? Je me demande lequel des deux... Comme vous le savez, nature parfois identique, mais destin différent... L’un revient, l’autre s’écrase. Même s’ils disparaissent tous deux avec le temps, inexorablement. "
Elle haussa un sourcil. C'était un premier coup de griffe, ou elle ne s'appelait pas Ashe, aussi "atypique" que fut son nom. Sa vision d'elle était vraie, mais elle détestait que l'on joue à foncer dans le décor. Elle eut un sourire pincé.
" Surprenez-moi ", ordonna-t-il.
Avec une œillade amusée, elle se détourna, s'enfonçant de nouveau dans l'ombre pour contourner les meubles.
" Ce que j'ai vu là-bas ce n'était pas le regard d'un homme, mais d'un immortel. "
On entendit le bruit d'un placard qui s'ouvrait et se fermait.
" Bien que, sachez-le, je n'aie jamais présumé de votre âge. Il m'importe peu. Nous savons tous les deux que je ne suis sans doute qu'une nouvelle-née comparée à vous, comme le sont tous ceux de mon âge au regard de certains. Seulement vous garderez vos comètes et vos météores, je ne suis pas de celles qui se posent sur n'importe quel chêne sous prétexte qu'il y a là une expérience solide sur laquelle nicher. Détrompez-vous. "
Elle revint en passant, féline, près de lui, l'appareil toujours pendu au cou, avant de presque laisser tomber une bouteille d'alcool fort sur la table basse, et de s'installer dans le fauteuil opposé.
" Quitte à être perdante, je veux perdre tout à fait. "
Elle croisa les jambes et s'adossa au cuir, dans une pose qui n'avait rien de juvénile.
" Vous m'avez demandé ce qu'il en était de l'ivresse. Sur l'instant je n'aurait pas su vous répondre, mais maintenant je vois qu'il n'y en a plus trace, et cette sobriété, c'est de la triche. Vous m'avez aussi demandé ce qu'il en était de l'ennui, ajouta-t-elle immédiatement, l'ennui j'en vois beaucoup mais il vibre, c'est un ennui fort affairé... Il y a dans vos yeux bien plus de choses qu'il ne saurait y en avoir dans les miens, et pourtant, leurs voies ses sont croisées. A votre attitude, je n'y vois qu'un mensonge. Et je ne perçois plus qu'une beauté subjective. "
Elle ôta la lanière de l'appareil, le posa sur la table, et sans cesser de le regarder, se défit de la veste noire qui couvrait ses bras et masquait la profondeur de sa gorge sur laquelle la demi-lumière se miroitait en dessinant à l'ombre des gestes les délicats prémices de la luxure. La jeune femme se pencha en avant, tendant la main vers le breuvage.
" Mais il n'appartient qu'à vous d'abaisser les murs noirs que vous avez disposés pour que je ne me mire plus là où j'avais cru percevoir quelques échos... Nous ne sommes pas dupes au point de croire que je constitue un péril. "
Elle avala une gorgée d'alcool et reposa la bouteille en se penchant plus encore, s'avançant sans brusquerie devant celui qui lui faisait face.
" Comment pourrais-je surprendre un homme dont les yeux trahissent une siècle de surprises, peut-être même plus... "
Elle n'avait pas la moindre idée de l'âge qu'il pouvait avoir ni même - encore moins - de quel pouvait être son pouvoir; cependant, elle était plus que certaine de ne pas s'être trompée. Tout ce qu'elle était en mesure de constater se trouvait là, l'invitait au voyage, mais se refusait à une approche d'égal à égale.
" Ne faites pas semblant de vouloir jouer, quand vous ne voulez pas risquer de perdre. " |
| | | Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Mer 5 Mai 2010 - 19:18 | |
| Il écouta calmement les réparties qui se livraient à la pénombre. Son âme était agitée de sentiments contradictoires. Il gardait le visage impassible mais chaque phrase faisait mouche. Ce n'était assurément pas une petite fille, c'était un belle femme, fatale et dont l'esprit était aussi aiguisé que sa lame. Bien entendu, Hopes repoussa la colère car son orgueil était mis à mal. Elle le démontait avec une facilité déconcertante, voyant les plans derrières les plans. Il avait dégagé un écran de fumigène, elle fonçait à l'instinct, frappant et cognant où ca fait mal à chaque reprise. Il croisa les bras et afficha une expression pensive, le destin hésitait avec lui. De toute évidence , vouloir reprendre le contrôle ne mènerait qu'à l'impasse et ce n'était pas ce qu'il voulait. Cette rencontre était devenu d'une importance capitale pour lui et pour des raisons dont certaines lui échappaient encore. Il laissa échapper un long silence ne pouvant dégager son regard du sien. Il le rompit par un soupire qui avait tout d'une capitulation.
A la lumière de vos déductions, vous n'êtes ni un météore, ni une commette...vous êtes un astre.
Sans attendre il se leva et lui tourna le dos se déplaçant avec lenteur vers le porte manteau. Il ôta sa veste et l'accrocha, puis jeta un regard entendu à la jeune femme. Il n'avait de toute façon plus rien à cacher à sa perspicacité enivrante. Il dégrafa son holster dont le manche en ivoire préfigurait la mortelle lame et l'envoya rejoindre sa veste en un geste d'une lenteur calculé. Il se déplaça vers elle et la regarda avec un sourire entendu.
Je n'ai plus grand chose à perdre mais je n'ai pas l'envie de jouer. J'ai 116 ans pour être plus précis et j'ai quelque chose à vous offrir...parce que personne jusqu'ici n'a réussit à me cerner avec une telle précision...jamais personne.
Il se lova à son tour face à elle, rapprochant son fauteuil pour être plus au contact. Il pris la bouteille d'un geste vif et bu. Brulant, pas très bon et même pas désaltérant. Il se sentait à présent l'esprit clair, il n'était plus sur la défensive.
Pas immortel cependant...je vieillis plus lentement. Je suis ce qu'on appelle communément un mutant.
Il lui tendit la bouteille.
Vous ne risquez pas de me voir rouler sous la table, ca ne me fait rien, ni les poisons d'ailleurs, ni les drogues...et j'ai tout essayé pour faire taire la douleur...la douleur de vivre, cette souffrance, je la vois dans vos yeux. Nous sommes si loin et si proche. La douleur est moins vive à présent mais certains soirs, mon âme "déborde".
Il parlait sans retenu. Ce spleen, il l'abordait rarement car il n'avait jamais rencontré personne avec qui le partager de cette façon. Il la regarda plus sérieusement. Son expression de visage était plus sereine et paradoxalement plus douloureuse.
Qu'est ce que je peux faire pour vous ? Qu'est ce que vous attendez de moi...je vous dirai tout ce que je peux vous dire. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Mer 5 Mai 2010 - 22:44 | |
| Le soupir qu'il exhala n'apporta à la jeune femme qu'une satisfaction symbolique. Elle n'aimait pas foncièrement mettre les gens au tapis, mais c'était une question d'intégrité, finalement. Même dans un jeu de séduction et de découverte d'un autrui particulier, comme le leur.
" A la lumière de vos déductions, vous n'êtes ni un météore, ni une comète... Vous êtes un astre. "
Elle eut un sourire plus franc, traduisant son amusement d'être plus ou moins qualifiée de "lumière" - même si ce n'était pas ici la signification donnée précisément à l'astre. Alors qu'il se levait sans délai pour abdiquer par le geste, en transformant l'objet d'une invitation en ordre, elle pensa à ce qu'elle se serait permise comme une dernière remarque à titre indicatif, dont elle craignait qu'il ne la prît comme une attaque supplémentaire totalement superfétatoire.
Si elle devait le croire à propos de son intimité avec la mort, il semblait qu'en contrepartie, il n'avait pas osé se brûler les ailes en compagnie de l'Homme... C'était sans doute cela qui octroyait la hauteur qu'il fallait à une enfant comme elle pour que leurs yeux s'interpellent. Si elle ignorait tout de son acuité au regard de ce que la Faucheuse décide, elle n'avait pas la même inexpérience de ce qui concernait la Fin en elle-même, et ne pouvait que demander humblement à son interlocuteur de ne pas considérer trop tôt son irréflexion en la matière. Mais elle ne le ferait pas, car elle considérait que son acceptation était déjà donnée et bien suffisante.
Elle releva les yeux vers lui tout en parlant.
" J'espère ne pas vous avoir... "
Elle vit le holster, objet de mystère soudain exposé, et eut pour seule réaction un manque de fluidité verbale qui ne laissa qu'un décrochement d'une demi-seconde à peine à la fin de sa phrase.
" ... vexé. "
Son expression était tout à fait neutre, et bien que ses pupilles aient réagit visiblement sous le coup de l'étonnement, elle comprenait simplement ce que signifiait ce geste et pourquoi il n'en avait rien fait un peu plus tôt. Il n'y avait aucune crainte dans son expression, aucun dégoût, aucune négativité - ce qui pouvait constituer une preuve de la consistance non négligeable de son rapport à la Mort, et à ses émissaires en ce monde. Mais ce n'était absolument pas calculé, juste le témoignage fugace de ce que son passé avait laissé pour marque sur elle.
Elle sourit donc en retour à Daniel qui la rejoignait de nouveau, un sourire engageant qui voulait effacer les rancunes. Écoutant les informations qu'il lui donnait d'un air énigmatique, à la fois fascinée et peu surprise. En réalité, elle avait l'impression de savoir qu'il était porteur d'un gène mutant depuis le début. Cette profondeur dans son regard azuré, une telle sagesse gravée au creux de deux saphirs jumeaux, ce ne pouvait être ceux d'un humain qui n'avait vécu que la trentaine d'années que son physique affectait, même s'il avait vécu une infinité d'épreuves en seulement trente ans.
Recevant avec douceur la bouteille qu'il lui tendait, elle s'accouda sur sa droite pour renforcer leur proximité, et tenter de se replonger plus loin dans l'immensité de ce regard que, peu à peu, elle commençait à aborder comme un nouvel univers connu d'instinct.
" Vous ne risquez pas de me voir rouler sous la table, ça ne me fait rien, ni les poisons d'ailleurs, ni les drogues... Et j'ai tout essayé pour faire taire la douleur... la douleur de vivre, cette souffrance, je la vois dans vos yeux. Nous sommes si loin et si proches. La douleur est moins vive à présent mais certains soirs, mon âme "déborde". "
Elle-même n'avait pas été épargnée par l'existence, et comprenait intimement ce qu'une si conséquente longévité pouvait avoir de pensant. Sans arrière-pensée, elle laissa sa main effleurer celle du voyageur, explorant sa paume et son poignet du bout des doigts. Comme leurs regards, leurs expressions faciales se répondirent quand il lui demanda :
" Qu'est ce que je peux faire pour vous ? Qu'est ce que vous attendez de moi... Je vous dirai tout ce que je peux vous dire. - Daniel... Je suis une petite fille de 21 ans, vous êtes pour moi une histoire sans fin que je brûle d'apprendre par cœur, aussi parfaitement que si je l'avais écrite... Il n'y a rien que vous puissiez faire de plus pour moi que ce que vous avez déjà commencé à faire, mon souhait est bien trop orgueilleux. Et c'est déjà à mon tour de vous rendre la pareille. "
Sa main fraîche quitta celle du professeur alors qu'elle se redressait en posant la bouteille pour aller chercher autre chose. Elle revint avec une autre bouteille, moins bâtarde que la première, deux simples un verres à pied et un tire-bouchon fourré dans la poche de son jeans. L'étiquette sur le verre sombre indiquait que le spiritueux n'était autre qu'un Bordeaux vieilles vignes daté de 1995, qu'elle n'aurait jamais pu avoir en sa possession si son frère ne l'avait pas laissée pour elle.
" Je crois savoir que le bon vin doit être traité comme un enfant-roi, mais je n'en ai pas les moyens. C'est un cadeau précieux qu'on m'a fait, je ne veux pas le boire sans quelqu'un pour combler l'absence de celui dont je suis l'éternelle obligée. "
Elle déposa le tout sur la table en mettant le reste à part, et ajouta, sur le ton de la plaisanterie :
" Et puis je me suis dite que quitte à ne pas pouvoir vous souler, autant vous faire plaisir. "
Mais au lieu de se rasseoir, elle regarda Daniel d'un air plus sérieux.
" Mais avant toute chose, il me semble équitable de vous avouer que je ne suis pas considérée comme "normale", moi non plus. Peut-être pourrais-je vous le montrer, si vous me le permettez... J'ai simplement besoin que vous m'accordiez votre confiance quelques minutes. " |
| | | Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Jeu 6 Mai 2010 - 16:50 | |
| - Ce n’est pas parce que tu n’y entends rien que tu n’es pas capable de te sentir toucher par l’émotion de ces couleurs, non ?
Amélie lui adressait un sourire entendu se hissant sur la pointe des pieds pour mieux entrevoir le tourbillon de couleurs qui emmenait la peinture bien au-delà de ce que la perception humaine pouvait laisser supposer. A cette heure tardive de la soirée, les galeries du Louvres se couvraient d’ombres fantomatiques et menaçantes. De rares fidèles s’attardaient encore devant quelques œuvres intemporelles tendit que déjà le silence ensommeillait les lieux. Daniel soupirait. Se faire initier par Amélie avait tout du parcours du combattant, il n’appréciait pas particulièrement le contenu des programmes journaliers mais la fille était si mystérieuse et attractive qu’il avait décidé de se laisser guider par son charme même si les évènements de la première rencontre l’avaient déstabilisé puisqu’il n’avait rien obtenu d’elle qu’une lutte de pouvoir assez étrange mais stimulante. Elle était une sorte de veuve noire complètement abimée par la vie. Daniel avait donc décidé de se contenter de la suivre et de l’observer sans plus rien demander en retour. Ses mystères et ses contradictions l’entrainaient sur une pente « dangereuse » ,leurs noirceurs se nourrissaient mutuellement et ils glissaient au fur et à mesure des mois vers une descente aux enfers contrôlée mais délicieuse.
- Quel intérêt de se sustenter de la vision d’un autre ? je ne comprends pas ce que tu peux trouver de stimulant là dedans.
- C’est parce que tu ne sais pas voir les brisures de l’âme à travers une œuvre…
Elle était extrêmement sérieuse, sa lèvres inférieure mordue sans cesse en un tic nerveux.
- Et veux-tu qu’on compte les nôtres ou veux tu absolument trouver un chemin de douleur inédit, si cette chose te fais du mal, pourquoi y plonger à cœur ouvert ?
- Parce qu’en elle je me vois..moi et mes regrets, mes échecs, mes remords.
- Ah oui ? et que regrettes tu qui t’était si précieux ?
- De n’être que mon ombre…mes vêtements ont déjà l’odeur de la terre et je n’aspire qu’à ca.
Daniel resta interdit devant la dureté des propos de son amie, une vie de remords faisait-elle réellement souffrir celui qui l’endurait ? C’était inconcevable pour lui que ne ressentait plus qu’indifférence. Elle passa son bras entre le sien lui souriant malicieusement puis ajouta sur un ton mi rieur, mi sérieux.
- Je gage qu’après mon passage, tu sauras enfin voir les couleurs…et si nous allions nous enivrer ?
- Daniel... Je suis une petite fille de 21 ans, vous êtes pour moi une histoire sans fin que je brûle d'apprendre par cœur, aussi parfaitement que si je l'avais écrite... Il n'y a rien que vous puissiez faire de plus pour moi que ce que vous avez déjà commencé à faire, mon souhait est bien trop orgueilleux. Et c'est déjà à mon tour de vous rendre la pareille. "
Sa main sur la sienne. Ca avait quelque chose de bouleversant et réellement excitant. Il fit un effort considérable pour ne pas la quitter dur regard, peut-être sentait-elle que sa peau s'électrisée à son contact. Il est dit qu’un lien psychique d’une intensité rare aiguise les sens au-delà de l’expérience connue. Le professeur à son corps défendant en mesurait toute la justesse du propos. Ce geste anodin et peut être inconscient crée déjà le prélude à une relation plus charnelle et pour tout dire beaucoup plus destructrice et déjà une partie de l’âme du Time tricker l’appelait de tous ses vœux. Une fois de plus, elle se montrait exceptionnelle à ses yeux, le plus extraordinaire restait qu’elle n’en avait même pas conscience. Elle lui disait des mots flatteurs mais il ne les « entendait » pas, focalisait qu’il était sur le phénomène que consistait cette rencontre unique. Ce fut avec regret qu’il la vit dégagé sa main.
- Ashe, je ne demande rien d’autre que votre compagnie. Je ne gage pas que ma vie puisse être aussi formidable que vous le pensiez…déjà j’ai crains que vous ne voyez en moi que ma singularité. Il y a plus, je le sais parce que je le vois dans vos yeux et ce que je vois…m’attire. Indiscutablement.
Il la vit ramener une bouteille et sourit légèrement.
" Je crois savoir que le bon vin doit être traité comme un enfant-roi, mais je n'en ai pas les moyens. C'est un cadeau précieux qu'on m'a fait, je ne veux pas le boire sans quelqu'un pour combler l'absence de celui dont je suis l'éternelle obligée. "
- Alors nous boirons tous deux en sa mémoire et j’y joindrai celle d’un ami qui m’a redonné le gôut du vin et celui du monde qui m’entoure et duquel je n’attendais rien. Il se nomme Louis, il est comme mon fils et il a disparu brutalement…vous lui ressemblez..autant que l’on se ressemble. Je suis Français et longtemps j’ai étudié mon pays, mon père caressait l’espoir d’acheter des vignes dans le sud du pays, depuis je possède une cave remplie des plus grands crus…ils sont comme moi, longtemps ils ont pris la poussière.
Il le porta à ses lèvres et bu. Les mots résonnèrent tendit qu’il goutait l’arome.
« Louis...ce vin est très noble..mais pour moi, il a la saveur de l'eau. Rien...voilà ce que je ressens...rien du tout. Ca fait des décennies que l'alcool ne me fait plus aucun effet, ni la cocaïne, ni l'héroïne, ni les amphétamines...rien n'a de saveur, rien ne me procure aucunes sensations : je suis une coquille vide, mon jeune ami, rien qu'une coquille vide... »
Tout était différent cette fois ci et malgré les paroles qu’il avait prononcé à Louis ce jour là devant un cru encore plus rare ! Il sentit chaque détail d’une effusion de nuances lui déferler dans le palais. Il devait se rendre enfin à l’évidence, il en était revenu. Il était vivant à présent. Il posa son verre et sans qu’il s’en rende compte alors que Ashe lui accordait une seconde phrase, des larmes coulaient, totalement inexpliquées le long de ses joues alors que son expression restait figé et sérieuse. Lui-même ne semblait pas s’être aperçu du phénomène.
" Mais avant toute chose, il me semble équitable de vous avouer que je ne suis pas considérée comme "normale", moi non plus. Peut-être pourrais-je vous le montrer, si vous me le permettez... J'ai simplement besoin que vous m'accordiez votre confiance quelques minutes. "
Il ne manifesta aucune surprise, c’est comme si il le savait déjà. Les gens exceptionnels sont exceptionnels, ce n’était pas plus complexe que cela. Elle avait le mystère de ces personnes dont on veut tout savoir et dont la seule présence intrigue inévitablement. Hopes inclina la tête, même si le fait qu’elle soit de sa race ne faisait que confronter sa certitude que le destin les avait mis face à face et que le hasard n’en n’avait été que son déguisement.
- Ma confiance est accrochée au porte-manteaux avec ma veste..le fait de vieillir au ralenti n’est pas mon unique talent, vous savez. Montrez-moi, s’il vous plait.
Il y avait une sensualité involontaire dans l’intonation de sa voix, comme si la divulgation de leur pouvoir respectif entrait dans une sorte de rituel intimiste bien plus troublant que la nudité de deux corps. | |
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Jeu 6 Mai 2010 - 21:04 | |
| " Ashe, je ne demande rien d’autre que votre compagnie. Je ne gage pas que ma vie puisse être aussi formidable que vous le pensiez… Déjà j’ai craint que vous ne voyiez en moi que ma singularité. Il y a plus, je le sais parce que je le vois dans vos yeux et ce que je vois… m’attire. Indiscutablement. " Elle avait préféré passer outre cette partie de la conversation, ne voulant pas s'y abîmer, car elle n'aurait su en jouer aussi bien que du reste. Il n'y avait que trop de réciprocité dans ces mots, encore une fois il avait touché le cœur à vif, mais il fallait qu'elle se défile. Encore un peu, juste un peu. Mais tout cela valsait dans sa tête en une ronde d'échos difficile à maintenir dans l'ombre. Sans l'ombre d'un doute verrait-il son trouble si elle n'y remédiait pas, puisqu'il lisait déjà en elle comme elle lisait en lui - avec autant d'assurance qu'un lettré déchiffrant pas à pas un illustre texte écrit dans une langue morte. De même, elle avait souri quant à sa remarque sur le vin, dont elle l'avait laissé ouvrir la bouteille - vu son habitude à boire ce type d'alcool, voire à boire tout court, elle n'était pas une experte pour cela, si l'on peut user d'euphémisme. Et le mélange maison qu'elle avait proposé au départ fondait déjà légèrement les contours, trop pour qu'elle soit sûre de bien s'y prendre, de toute façon. Elle ne vit donc pas les larmes dans la lumière trouble diffusée par les deux seules lampes allumées en veilleuse, et ne s'attendait absolument pas à une telle réaction, si bien que rien n'aurait pu diriger son observation vers cet émouvant détail, le spectacle intime d'une sorte de résurrection parachevée par cette nuit et dont elle ne savait rien. Tout ce qu'elle pouvait voir de lui, de ce compagnon d'infortune dont la peine était si semblable à la sienne, c'était qu'après l'avantage que l'on pouvait trouver dans sa presque immortalité, la partie émergée de l'iceberg, il y avait toutes ces blessures qu'il lui était donné de recevoir et de conserver bien plus longtemps que celles que l'on encaisse dans une vie d'à peine cent ans. Un temps qu'il avait déjà dépassé, s'ajoutant à la perspective des nombreuses offenses qui l'attendaient inévitablement, comme autant de joies, sur son chemin solitaire vers l'immuable sommeil. Cette évidence la touchait bien plus intensément qu'on aurait pu le croire. Elle était heureuse qu'il prenne l'annonce de son don avec autant de calme. Les quelques rares mutants qu'elle avait rencontrés au hasard des soirées n'avaient pas tous eu l'élégance de la considérer comme étant simplement des leurs, et non comme une bête curieuse parmi les phénomènes de foire. " Ma confiance est accrochée au porte-manteaux avec ma veste... Le fait de vieillir au ralenti n’est pas mon unique talent, vous savez. Montrez-moi, s’il vous plait. " Elle nota le ton de sa voix, qui ne fut pas sans effet sur la chaleur de son sang. C'est avec une expression reconnaissante autant que malicieuse qu'elle contourna alors la table pour s'approcher de lui, portant la main à sa poche dont elle extirpa un crayon de maquillage. " N'ayez pas peur, je ne vais pas vous grimer. " Chose qu'elle ne se serait probablement pas permise avec qui que ce soit qu'elle eût connu depuis si peu de temps, en tout cas pas avec tant de grâce - calculée, il est vrai, mais plus par réflexe qu'autre chose - : elle abaissa sa silhouette ondoyante jusqu'à lui, posa un genou sur l'accoudoir et appuya l'autre sur le coussin, entre les jambes de celui qui allait devenir son support. Et lorsqu'il le devint, elle fronça légèrement les sourcils et son regard changea pour reprendre cet éclat vif et curieux qu'il arborait quand elle était armée de l'appareil numérique. " Permettez... " Elle fit s'aventurer sa main sur le chemin que traçaient ses yeux, vers un endroit où d'autres yeux ne s'aventureraient pas. Ses doigts dessinèrent de contour du tissu qui dissimulait le haut du corps de Daniel, l'écartant comme on chasse des ombres obscurcissant les flammes d'un feu salvateur. Elle admira le grain de sa peau et les courbes que dessinaient la vie sous cette écorce marmoréenne, frôla la voie du sang et le contour de l'os, et les joyaux de ses prunelles étaient habités par une avidité créatrice, celle de l'artiste qui découvre avec émerveillement l'une des plus belles œuvres au monde. Elle décrocha quelques boutons de la chemise, sans aucun empressement, et promena son index le long du sternum, avant d'appliquer le crayon juste au niveau du cœur. Bien sûr, elle aurait pu se servir d'une feuille de papier, ramener tout à quelque chose de plus enlevé, de plus simple, mais cette nuit n'avait rien de simple. Il fallait la célébrer de digne manière, et Ashe ne voulait que rendre l'instant plus puissant. Elle mit peu de temps à réaliser le dessin presque parfait d'un ange sorti tout droit des textes bibliques, et se redressa, féline, closant ses paupières un instant. " Fermez les yeux ", murmura-t-elle. Un bref silence s'installa, où seuls les battements de leurs cœurs égrainaient les secondes. " Vous pouvez les rouvrir. " Derrière elle, devant lui, se tenait ce même ange, de taille humaine, sublime au point que les mots manquaient, illuminé par une lumière intérieure propre à apaiser tout être qui osât contempler ses yeux, faits d'azur et d'éther. Ashe laissa l'instant se prolonger, ne voulant pas briser le charme trop vite. Elle voulait étudier la réaction de Daniel, le temps d'un long soupir, le temps de donner la vie à un être surnaturel qui n'avait rien d'irréel. Elle finit par se pencher de nouveau sur lui, et sa main se glissa dans la poche arrière de son vêtement d'où elle sortit une lame de rasoir. L'apparition sourit à Daniel, et disparut dans un souffle quand Ashe déchira l'épaisseur supérieure de la peau. De la plaie s'échappèrent de maigres perles de sang, et sans attendre, la jeune femme s'y abreuva. |
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Ven 7 Mai 2010 - 14:10 | |
| " N'ayez pas peur, je ne vais pas vous grimer. "
Son expression restait neutre et son regard avide était fixé sur elle. Il analysait chacun de ses gestes comme une danse étrange et envoutante qu’il avait décidé de suivre jusqu’à son terme. Il savait à présent que cette soirée resterait gravée en sa mémoire comme l’un des moments les plus envoutants de ces longues décennies. Elle le menait à travers ses ténèbres avec une experte dextérité assez déconcertante ce qui fit dire à l’observateur hors pair qu’il était que le naturel était en parti feint. Tout ceci était une facette d’un jeu de séduction plus large fait de résistance, d’audace et d’abandon. Il en devinait à peine les contours, si séduisant qu’il voulait s’y abimer sans retour en arrière. Le lieu, le contexte, l’ambiance et l’hôte se conjuguant en un piège subtil et sulfureux.
Lorsqu’elle s’installa quasi au contact au dessus de lui, Daniel imperceptiblement crispa ses mains sur les accoudoirs de son siège. Nulle crainte cependant, uniquement une excitation physique qu’il avait à présent bien du mal à contenir. Ashe était un démon venue de ses propres profondeurs, elle séduisait l’âme avant d’en conquérir le vain réceptacle.
" Permettez... "
Impossible, tout en le déshabillant, qu’elle ne puisse pas sentir le cœur de Daniel s’accélérer de plus en plus ni les veines parsemant sa peau se gonfler en un rythme de plus en plus soutenu. Le corps avait son langage qu’on ne pouvait ignorer, ni les impératifs. Même sous son masque pragmatique, le professeur bouillonnait et les idées s’ordonnaient dans un chaos de luxure incontrôlable. Pourtant, son expérience d’un passé débordant d’ivresse sensoriel lui permit de refréner au mieux ses désirs. Cela devenait un jeu pervers et dont on ne revient plus, il connaissait le gouffre qui s’ouvrait à ses pieds car 1000 fois il s’y était abimé et 1000 fois il s’était juré de ne pas y revenir. Ashe du fond du tombeau lui tendait la main en une supplique que ses oreilles ne pouvaient pas ne pas entendre. Le time tricker se força à la regarder exécuter son art pour ne pas se laisser envahir par des émotions plus terribles encore. Il avait à présent pleinement conscience qu’il vivait un des moments les plus érotiques de son existence mêlé à un des moments les plus malsains car succomber à la belle succube, c’était ni plus ni moins succomber à ses propres faiblesses. Son regard était subjuguant, d’un grand professionnalisme, un peu comme le sien lorsqu’il combattait à l’arme blanche ou qu’il s’abandonnait totalement à l’utilisation de son don pour saisir la grandeur d’une peinture. Encore une expertise qu’il devait à sa Maitresse de la nuit : Amélie et dont la résurrection torturée venait planter ses griffes sous sa peau d’une façon inédite et totalement incroyable.
Un ange, elle dessinait un ange…
était-ce comme ca qu’elle le voyait ? Lui qui se refusait à réfléchir sur le concept du divin le repoussant du bout de l’âme de peur qu’il ne reflète sa propre condition d’incroyant. Un jour Marion lui avait dit dans un sourire ému qu’il était aussi naïf qu’un ange car il pouvait s’émouvoir durant des heures du simple spectacle de la nature. Etait-ce le temps qui avait souillé définitivement ses ailes faisant de lui un être définitivement corrompu et abimé ? Le sujet n’était pas anodin, elle savait par instinct les choses qui lui chaviraient le cœur. Cet être angélique le renvoyait définitivement à sa condition de déchu. Exilé volontaire du paradis pour finir sa course dans les tréfonds de la noirceur.
" Fermez les yeux "
Il les gardait déjà fermé, tout affairé à son ouvrage, elle ne voyait pas que tel un enfant prit de terreur il préférait se réfugier dans les bras rassurant de l’obscurité. Si on ne le voit pas, c’est peut être que cela n’existe pas. L’adage du croque mitaine et le piège de l’imagination qui nous fait toujours supputer pire que la réalité elle-même
" Vous pouvez les rouvrir. "
Il obtempéra non sans en éprouver un peu de tristesse, il aurait aimer prolonger l’heure exquise un peu plus loin et qu’elle reste ainsi presque fusionnelle avec lui. Son esprit analytique prit le dessus lorsqu’il aperçu l’être divin. Pas de surprise non. Pas que cette vision ne soie pas extraordinaire au sens premier du terme, simplement que la manifestation d’un pouvoir opérait chez lui une réaction analogue : comprendre et analyser. C’est ce qu’il s’évertuait de faire à l’Institut avec les élèves. Ainsi…elle matérialisait des dessins ou des tatouages…peut-être pouvait-elle faire mieux sur d’autres objets. Quel étrange pouvoir que d’insuffler la vie à de telles images ! Cette perspective offrait des possibilités infinies. Cette fille était une véritable déesse, elle façonnait son monde de ses propres mains. Ses objets étaient-elles douées de conscience ? Lorsque l’incarnation aillée lui adressa un sourire qui aussi tôt rappela à Daniel celui de sa créatrice, il se prit à supposer que peut-être l’avatar partageait la psyché de sa déesse. Puisqu’il avait enfin compris la nature de l’apparition il se laissa enfin aller à la contemplation de l’apparition, détaillant avec admiration chaque détail. Un étrange sentiment de compassion lui vrilla le cœur et aurait pu l’émouvoir aux larmes. Au-delà de l’être c’était toute la fragilité et la pureté de la créatrice que Daniel pouvait deviner. Elle saisit l’écho de la sienne : aussi abimée et corrompue mais irradiant comme un soleil noir. Il aurait pu rester une éternité à l’observer à l’ombre du sourire mais une douleur vive le rappela au monde tendit que l’ange regagnait les cieux dans une brusque explosion sans bruit.
A peine le temps de se pencher qu’il la vit, les lèvres posée sur son torse pour éponger le peu de sang s’écoulant de la plaie. Il bloqua sa respiration se sentant presque défaillir sous l’étrange caresse. Cette fois ci toute son âme lui hurlait de faire basculer la jeune femme avec lui. Doucement il dégagea son bras et sa main vint se poser sur sa joue où il effleura sa peau. Il chercha à reprendre pied bien que son corps ne semblait plus lui obéir, il trouva donc par la parole un moyen de pallier les gestes.
- Ainsi tu es bien plus qu’une créatrice, tu es une déesse…je commence à comprendre au-delà de ce que mes yeux pouvaient percevoir. C’est toi qui va me réinventer.
Ses paroles étaient énigmatiques et n’avaient de sens que pour lui, il se sentait surpris comme jamais et incroyablement charmé, près à la suivre comme jadis d’autre l’avait suivi lui. Le tutoiement coulait de source après le partage d’une telle expérience, il ne s’en rendit même pas compte. Il se pencha délicatement et posa ses lèvres contres les siennes plus par envie de partager son propre sang et l’ivresse métallique et cuivrée qui s’y était déposé que pour la gouter elle. D’un geste vif, il s’empara de sa coupe de vin et la dirigea vers lui tout en lui murmurant.
- Pardonnes moi pour ca…
Daniel jeta la coupe en l’air renversant en altitude le liquide sanglant qui adultéra les airs et la pénombre. Aussi tôt il déclencha son champ d’altération temporelle figeant la vie dans un périmètre d’une dizaine de mètres. L’étrange scène photographique du verre dans les airs ainsi que la forme étrange du contenu répandu l’amusa un instant. Il en profita pour souffler et laisser son corps retrouver son rythme normal. Enfin il reporta son attention sur son hôte et tout en posant délicatement sa main à nouveau sur sa joue, commençant le long rituel de rappel , lui parlant doucement avec une voix quasi hypnotique pour qu’elle puisse trouver le chemin dans les méandres de son intemporalité, elle revint à une vitesse inhabituelle, surprenant à nouveau le professeur. Personne jusqu’ici n’avait été ramené avec une telle vélocité comme si elle cherchait désespérément à le suivre même au delà des limites du possible. C’était à prévoir, leurs regards s’étaient emprisonnés, se piégeant l’un et l’autre et ils ne se lâcheraient plus pas tant qu’ils ne se seraient pas contenter l’un de l’autre.
Alors qu’elle revenait, brulant les étapes, il gardait la main sur sa joue et bascula son visage contre le sien laissant échapper dans un murmure à peine audible quelques paroles.
- Tu crées les éléments de ton monde, moi je t’en offre l’univers immobile, nous vivons de choses qui n’existes pas. Toi et tes chimères, moi et mon éternité monstrueuse. Bienvenue, bel ange, dans un monde qui n’existe pas. Si tu voulais de l’unique, tu y es. Nous voilà véritablement seuls au monde.
Plus aucun son, c’est était presque assourdissant. Plus aucun mouvement et un spectacle inédit dans les airs. Ils partageaient à présent véritablement un moment hors du temps. | |
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Ven 7 Mai 2010 - 23:15 | |
| Elle vit dans sa façon de l'embrasser l'attirance égocentrique de Dieu voulant reprendre le sang qu'il a donné, et lui vint à l'esprit que si l'on fait saigner Dieu, alors on est Dieu soi-même. Dans cette brève communion des corps renfermant deux esprits jumeaux, il y avait l'entité première, les fondations du monde. L'échange parfait opérant dans l'être androgyne. Elle se positionna plus confortablement, une jambe pliée de chaque côté des siennes, et offrit donc ses lèvres maculées du fluide vital comme on offre l'Élixir divin en partage...
Lorsqu'il se désolidarisa d'elle, elle ne l'entrava pas. Toutes ses volontés étaient les siennes, et réciproquement. Il y avait un lien plus fort entre eux désormais, Ashe le sentait comme on sentirait une chaîne relier ses entrailles à celles d'un semblable, un cordon ombilical indestructible. La saveur étrange de son sang excitait encore ses papilles, électrisant son corps tout entier sans qu'elle en perde le contrôle. Une offrande réciproque qui faisait d'elle la maîtresse absolue d'un rite connu d'elle seule.
Vous seriez Pan et je serais la Déesse-Mère...
Et soudain, alors qu'elle levait les yeux vers l'opalescente substance qui se mouvait dans son lit de verre, elle la vit très distinctement se figer, et ce qui se passa alors était en tout point semblable à ce qu'elle observait lorsqu'elle libérait une créature de son support : il ne se passa rien, puis elle sentit la caresse de Daniel et ce fut comme si tout avait toujours existé, comme si le vin avait toujours été là, suspendu dans un équilibre impossible comme l'était tout le reste, dans ce vide infini qui les isolait du monde à l'intérieur du monde. Elle entendit sa voix aussi clairement que si c'avait été la sienne, aussi intimement que s'il vivait en elle et elle en lui.
" - Tu crées les éléments de ton monde, moi je t’en offre l’univers immobile, nous vivons de choses qui n’existent pas. Toi et tes chimères, moi et mon éternité monstrueuse. Bienvenue, bel ange, dans un monde qui n’existe pas. Si tu voulais de l’unique, tu y es. Nous voilà véritablement seuls au monde. "
Alors elle se mut, doucement, échappant à l'immobilité de statue qu'il lui avait imposée à l'aube de l'instant zéro, avant de la faire venir avec lui dans cet univers qui lui était propre, et où elle se sentait faite de cristal et de diamant, à la fois forte et fragile, à la fois insignifiante et cruciale. Il lui octroyait une place qu'elle apprivoisa lentement, une place auprès de lui dans ce qui pouvait être l'éternité ou le néant.
L'entourant de ses bras, elle redéfinit ses contours avec émerveillement, prenant le temps de sentir chaque parcelle de son buste, de son visage dont elle se recula pour l'admirer de nouveau, les larmes aux yeux. Se détachant de son contact addictif avec peine, elle se leva en dévalant du bout des doigts la tempe qui pulsait discrètement, la joue légèrement creusée, la mâchoire élégante, la ligne de l'autoroute sanguine, l'épaule ferme et le bras qu'elle ne désirait plus lâcher. Ses jambes se déployèrent avec une grâce fragile et elle observa l'arabesque magnifique du spiritueux précipité dans cet état de pétrification étrange dont elle n'avait jamais pensé être un jour le témoin actif. Timidement, elle avança la main vers l'érubescence liquide, et en ôta, comme dans un rêve éveillé, une perle qu'elle fit délicatement rouler entre ses doigts, avant de la sertir sur son ongle verni d'ébène.
C'est d'une voix légèrement troublée par les larmes qu'elle fredonna l'air qui lui venait en tête, au moment le plus opportun qui adviendrait de toute la vie de la jeune femme.
" Daniel, when I first saw you, I knew that you had a flame in your heart... "
Elle tourna son visage vers lui avec cette même lenteur extatique, versant une larme noircie par l'artifice cosmétique autant que par l'idée que tout cela n'était peut-être que l'unique chance qu'elle aurait de toute sa vie de se sentir si parfaitement en phase avec lui. Et si cela ne devait être lui, alors ce ne le serait jamais avec personne, et c'était la plus évidente conclusion qu'elle pouvait tirer de cette expérience. Perdus au milieu de nulle part, ils n'existaient plus que l'un pour l'autre, et pour l'heure, ils étaient un tout indestructible, un éclat immortel, un artefact divin autocréé.
" Nous voilà seuls au monde, oui. "
Elle revint, l'enlaça avec tout ce qu'elle pouvait exprimer envers lui, se mouvant jusque contre son dieu déchu comme irrémédiablement soudée à son corps qu'elle voulait à jamais sien, en désirant tout autant la réciproque parfaite. Plus que l'attirance de deux êtres de chair, c'était pour elle l'irréversible union de deux âmes perdues qui se retrouvent enfin, nées pour n'exister qu'ensemble ou pour s'autodétruire. Enfouissant ses doigts dans les cheveux du Time Tricker, elle joignit de nouveau ses lèvres aux siennes, sans pouvoir cette fois résister à la passion.
Just kids in the eye of the storm... |
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Sam 8 Mai 2010 - 16:16 | |
| Chaque nuit vomissait le même jour comme un reliquat du prix à payer pour toute sorte d’excès. Ils n’étaient que deux enfants au cœur de la tempête. 1923 agonisait mais le temps n’avait plus vraiment d’importance lorsque la lumière qui vous éclaire n’est qu’un palliatif artificiel pour mieux se voir chuter à travers les ténèbres. Tout était prétexte à plus de misères, lorsqu’ils se retrouvaient l’un l’autre, miroir malheureux de leurs âmes consumées, ils ne cherchaient qu’à faire voler en éclats l’écorce protectrice qui les séparait de la réalité pour mieux s’abreuver d’un épanchement de sève malsaine. Le ciel était le même, sa pureté n’avait rien d’inquiétant, même pas la douceur exceptionnelle de ce mois de novembre. Daniel s’éveillant de son gouffre, tendit le bras au devant de lui comme pour pouvoir saisir un peu de ce qui restait des cieux. Une supplique intime et désespérée pour retourner là où ses espoirs s’étaient déchirés. Il faudrait vivre puisque Dieu lui-même restait impuissant et ses desseins, à peine voilés d’ironie, n’occupaient que son esprit. Les quais de la Seine étaient brumeux encore souillés du passage d’indolents de la veille, c’était l’heure matinal où l’œuvre des hommes cherche à s’excuser par son silence d’avoir osé prendre le pas sur la nature. Verdure contre bitume, grisaille contre couleurs mais au bout du compte, un rapport au temps similaire même si l’œuvre de la main humaine portait en son sein le mensonge d’une éternité limitée. Pour l’instant, le risible de cette découverte échappait totalement au jeune homme. Il avait choisi de vivre pour mieux mourir, lui et son étrange compagne blottie à ses cotés dans une même débauche et partageant la même maigre chaleur. Les cadavres des flacons trahissaient l’ivresse : spiritueux et résidus de substances opiacées. Amèlie appelait cela « l’essence du véhicule » tendit que le corps en serait l’habitacle et l’âme le moteur. Ce qui amusait fortement Daniel restait que si le paysage, aussi distrayant soit-il, défilait à toute allure, la destination demeurait inexorablement inconnue. Sa passagère avait changé. Ses traits trahissaient sa déchéance morale par une déchéance physique. Elle accusait toutes ces heures qui glissaient sur Hopes, alors Bourdieux en ce temps précoce de son existence. Malingre, le teint blafard, elle tait devenue incapable de peindre mais son esprit restait vif et acéré comme s’il désirait avant tout rester au diapason de cette symphonie absconde et distordue. La vérité cruelle était qu’elle se noyait complètement dans la noirceur du jeune homme. Ils s’étaient vu semblables mais lui était un gouffre dont le fond restait à délimiter. Elle creusait à pleine peur mais pour chaque déchirure mise à nue, une entaille plus profonde lui cinglait le cœur. Cette relation devenait autodestructrice, d’autant plus qu’elle n’avait jamais été consommée. D’abord elle s’était refusée à lui et par la suite, par un jeu pervers, il avait décidé d’en faire de même tout en sachant qu’elle mourait de désirs. Il alla jusqu’à lui choisir ses amants dans un jeu de luxure sadique et lubrique, assistant avec un sourire malsain à ses ébats, un verre de mauvais alcool dans la main tendit que jusqu’au bout, elle gardait durant son ouvrage son regard scotché au sien. Ils se martelaient l’âme sur la même enclume mais ne jouaient pas dans la même juridiction, Daniel n’avait rien à perdre dans sa chute mais Amélie était dépendante de lui. Elle avait bien des blessures analogues aux siennes sur lesquelles jeter du sel mais par refus mutuel de pitié, ils en ignoraient réciproquement la teneur, c’était une règle : rien n’avait filtré de leur passé. Ils brulaient le présent car ce passé ne servait à rien et faussait le jeu diabolique où on frappait au hasard, jamais en connaissance de cause, quand à l’avenir : il n’existait simplement pas. Une voix ensommeillée et enrouée vint bousculer dans leur patience la symphonie silencieuse du matin.
- Tu m’emmèneras un jour. dis-moi ?
Il ne la regarda pas, il savait depuis déjà le sujet qui habitait son esprit fiévreux.
- Je t’ai déjà dis que c’était impossible, ce lieu est à moi seul…il n’est pas en mon pouvoir d’y emmener des gens.
- Ce n’est pas juste…tu défies le temps…tu peux te créer un univers qui n’existe pas…un endroit où je ne peux pas te suivre..ce n’est vraiment pas juste..je veux vivre éternellement.
Daniel avait envi de l’abimer un peu plus, de lui faire volontairement mal comme on brise le bras d’un adversaire au cours d’un combat aveuglé par l’ivresse de l’adrénaline.
- Qu’est-ce que je pourrai bien faire de toi durant une éternité ? Touche le fond et nous aviserons à donner un épilogue à cette cavalcade. Mais pour ta requête, c’est un non définitif.
Un silence terrible vint poser une chape de plomb sur la quiétude du matin avant que la voix d’Amélie, tremblante ne vint tenter une dernière estocade. Elle vibrait sous la douleur, il avait fait mouche et Daniel ne pu réprimer un sourire de satisfaction.
- Dans ce cas…promets moi que nous partirons..ensemble…je veux monter avec toi dans les cieux comme une commette pour leur crier ma haine, je veux monter, monter, monter…culminer et irradier. Que chaque ange entende mon nom ! Et forcer Dieu à me regarder en face pour m’avoir condamné à mourir comme tous les autres. Je vais lui arracher ce regard et puis..et puis..je vacillerais et je m’éteindrai…promets moi.
- Et si tu t’occupais de descendre avant de chercher à monter ?
Le silence à nouveau. - Reste…Reste t-il de l’absinthe ?
Cette fois ci, Daniel sentit poindre la morsure du remord. Il tenait plus à Amélie qu’il voulait le montrer, il la sentait sur le point de rupture et étrangement, il n’en tirait aucune satisfaction. Toujours ce même vide dans son âme que ni plaisir, ni douleur ne venait combler. C’était une dérive sans fin. Il finit par baisser la tête et lui déposa un baiser sur la tête.
- Soit…je te promets.
La voilà en son domaine aussi proche que si elle avait été dans son esprit. Seuls sujets et rois d’un pays qui n’existait que dans une éternité illusoire. Elle y tenait son rang comme si depuis toujours sa place lui avait été promise. Il se contentait d’être le spectateur de ce que ses yeux de nouveau né découvraient dans ce monde énigmatique. Il en était l’Alpha et l’Oméga, c’était l’envers du décor, l’Alice au-delà du monde du miroir. Il avait tendu la main à sa moitié douloureuse et elle lui avait d’abord effleuré l’âme avant de l’agripper de tout son désespoir pour revenir en ce monde fusionnel où ils ne formeraient qu’une seule entité.
L’eau du cœur affluait dans ses yeux trouvant enfin l’issue heureuse de ses joues. C’était là, un spectacle féérique d’une beauté sulfureuse, unique et suffisante. Les larmes avaient rendu les armes et pouvaient faire taire enfin tout ce que la parole pouvait bouleverser dans ce nouveau moment diaphane. Rien d’autre que ce dialogue muet qui se livrait à la confidence du moment. Elle était lui, il était elle. Il comprit alors le pourquoi d’un retour si rapide, l’idée germa et s’imposa avec la résolution de ces éclairs de lucidité changeant le fil d’une destiné. Elle avait toujours été en ce monde. Elle attendait qu’on l’y ramène car depuis le début c’était le sien. Elle était sa part d’obscure, son amertume et ses regrets. Rien de négatif la dedans, la joie de retrouver l’écho d’anciennes batailles qu’on avait livré au passé. Elle n’avait pas ses gènes, certes, pas son passif, ni son pouvoir. Mais elle avait son esprit et sa sensibilité.
Une âme sœur.
Daniel Hopes à l’aube de ses 116 années d’errance venait de faire cette rencontre qu’on ne faisait qu’une fois ou peut être jamais. On pouvait mourir de hasard en allongeant le pas sans la croiser. Ce n’était, ni la femme, ni la sœur, ni l’épouse. C’était asexué et mystérieux. Un esprit incomplet qui d’un coup prend conscience de sa nature en heurtant de plein fouet un autre esprit de la même nature.
Elle le réinventait ce soir et sans modelage, sans pouvoirs, sans le temps qui compte.
Il l’enlaça s’abandonnant complètement à son enivrante essence. Incapable de prononcer la moindre parole ou de façonner la moindre pensée. L’heure était au corps afin qu’ils ne deviennent véritablement qu’un. L’esprit était saturé, il fallait à présent qu’ils se consument à la même flemme afin de sceller cette alliance qui ne se briserait plus. Il se damnait à son contact et il le savait. Rien cependant ne l’aurait dissuadé de la faire. Illianna avait été sa lumière et Ashe ses ténèbres : toutes les deux le rendant enfin complet, le forçant dans l’acceptation de ce qu’il était intégralement. Il répondait enfin à la question mythique : savoir qui il était et ce qu’il était. Ses lèvres avaient gardé le gout du cuivre mais l’arome subtil de son être vint s’épancher dans sa bouche. Elle était un mélange de douceur et de mélancolie, elle avait cette odeur d’un coin de nature sauvage, splendide et oublié de tous mais cerclés de ronces dangereuses.
Doucement il fit courir ses mains le long de son corps pour en apprivoiser la moindre courbe comme un sculpteur découvrant sa matière première. Il lui ferait l’amour comme on crée une œuvre. Une vision unique dans sa forme et sa temporalité. Sa dextérité lui permettait d’enfin découvrir les voluptés qu’il devinait cachaient derrière le tissus. Il ne voulait rien brusquer et cent fois sur l’ouvrage, ramener son regard expert. Lorsqu’il fit glisser sur le sol son vêtement l’exposant aux ténèbres dans sa quasi nudité, il ne put retenir et un frisson d’excitation intense et un soupir d’extase. Il se dégagea d’elle légèrement voulant que cet instant fut partager d’un accord tacite.
Elle était prête à réécrire leur univers, il fallait qu’elle lui en donne la trame. | |
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Sam 8 Mai 2010 - 20:21 | |
| " Tu m'as arrachée à tout ce que je croyais connaître... Tu m'as arrachée au monde que j'abhorre... Tu m'as arrachée à la vie pour me jeter dans tes flammes... Je croyais avoir fait mon temps et qu'il serait bientôt temps d'en finir, mais j'étais dans l'erreur. Je l'ai toujours été avant toi. "
Elle se fondit à ses pieds, anéantie.
Tout était là, tout était vrai, tout était parfait et tout était si terriblement douloureux. Toute cette souffrance en résonance entre eux, toutes ces plaies ouvertes et exhibées pour le plus beau des tableaux, tout cela entrelacé pour toujours et à jamais dans un seul instant qui n'existerait jamais. La fournaise infernale n'était rien comparée à l'incommensurable tourment qui fusionnait entre elle et lui, entre leurs âmes brisées et leurs raisons meurtries, ces morceaux d'immensité qui n'avaient plus d'yeux pour voir la lumière du jour, pour goûter les couleurs de la réalité qui les avait un jour perdus dans l'abîme. Ils ne concevaient plus la Nuit, emprisonnés qu'ils étaient dans les geôles forgées par le supplice.
Elle délaça ses chaussures, et releva les yeux vers ce qu'il restait sur lui de chemins interdits, pour en ôter les scellées et épurer enfin les formes à leur plus élémentaire beauté. Le textile fut déchu de son rang, sur la voie du piétinement, et la jeune femme enlaça la taille nue de son reflet masculin avec une douceur infinie, laissant s'échouer un sanglot sur la chair tant désirée, tant aimée.
Il n'y avait que la sensation de sa chaleur contre la sienne pour apaiser son chagrin.
Ashe n'avait même pas vécu toute une vie d'Homme que déjà elle avait touché le fond et s'y était prise à creuser sa tombe. Mais cette fois... Cette fois c'était la fraîcheur et la bonté d'un être idéal qui irradiaient dans ses propres ténèbres, la mettant face à elles, face à une issue qu'elle devait atteindre avec lui, sinon s'éteindre comme la dernière braise au milieu d'un vaste champ désolé, fait de cendres et de suie.
L'espoir fou qui l'animait la galvanisait et elle était plus que jamais prête à se lancer à corps et à cœur perdus dans un nouveau saut de l'ange vers l'inconnu.
" Tu ne seras plus jamais seul, Daniel. Même dans tes heures les plus sombres, tu sauras que je suis là, parce que c'est là que tu m'as trouvée. "
Elle se releva lentement, rampant peau contre peau, ramenant sa voix vers la sérénité.
" Et jamais plus je ne serai seule, parce que c'est là que nous vivrons à jamais, même dans nos heures les plus flamboyantes. Nous sommes deux Enfants de Seth, enchaînés aux bras d'Âqen, à la dérive. Mais nous ne serons plus jamais seuls, et je te retrouverai si tu disparais. Je te le promets. "
I found a home in your eyes, we'll never be appart.
Elle lui sourit à travers les larmes qui ruisselaient encore malgré l'accalmie et changeaient ses iris en glaciers nitescents.
Sa main parcourut avec une insatiable tendresse le profil de son amant avant de se joindre à sa soeur pour se lier à celles du voyageur, et l'emmener sans violence vers l'antichambre des mystères, vers les voiles qui occultaient l'autel sacrificiel de la dualité abolie.
Et l'ange, versant une ultime larme, étendit ses ailes pour un dernier adieu à la vie qui l'avait trahie... |
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Dim 9 Mai 2010 - 7:12 | |
| Aucune gêne à être nus parés pour cette renaissance, liés par la promesse des tempêtes, des accalmies et tous deux partageant ensemble le moment réel d’éternité. Aucune gêne de ce que pouvait entrainer de tels actes dans cette vie qui les séparait si superbement. Aucune gêne car cela allait de soi, comme si depuis toujours ils devaient se consumer ici dans cette pénombre. Il l’écoutait livrer son chant comme une ode à leur relation brulante. Elle était si désirable et pourtant il ne s’attardait pas sur son corps, toujours du bout des yeux ils se tenaient.
Chaque parole touchait au cœur, elle gravait d’un verbe agile des mots sur leurs maux : ils ne seraient plus jamais seuls, c’était la première vérité de cet instant originel. Il la trouverait toujours dans son âme, tel l’œil dans la tombe braqué sur Caïn. Cet endroit fait de regrets de solitude amer ne lui appartenait plus véritablement. A présent, il était sur de lui, Ashe était différente d’Amélie par sa propre personnalité mais ce sourire, ses larmes et même ce corps…elle avait trouvé enfin un moyen de crier sa haine aux cieux et de revenir parachever cette œuvre qu’ils avaient commencé à écrire. Il savait maintenant aussi pourquoi il ne l’avait jamais emmené dans cet endroit qui avait trouvé dés lors sa reine dans la pénombre, un diamant qui irradiait d’une lueur sourde et inédite. Il savait, oui, aussi clairement que ce soir demain ne lui ferait plus peur et que sa solitude réelle prenait fin. Elle aurait été là avec lui, lui tendant la main et il aurait enfin touché le fond comme ce soir. A présent qu’il maitrisait l’arcane d’une technique lui permettant d’amener ceux qu’il choisissait, chose qu’il ignorait à l’époque, Amélie du fond du tombeau avait décidé de lui arracher sa promesse.
Le miracle s’accomplissait au-delà de la mort : les voilà enfin tous deux au bout du bout, frappant de la même cadence le fond de leur abime qui finalement avait toujours été la même. Au fond du gouffre, rien ne bouge vraiment a part ce que soi même on y apporte. Elle avait gagné, elle l’avait gagné. Amélie et son avatar avait dompté le désespoir du professeur. Ashe devenait sa maitresse, dans bien des sens du terme.
- Je..ne..m’enfuirai plus…tu es au-delà de ce qui m’est arrivé de mieux dans cette foutue bataille que je mène fasse à moi-même depuis tant d’années. Tu es au-delà car tu es ce qui m’est arrivé de pire. Tu me force à te regarder dans ton néant et je m’y vois aussi clairement qu’un abime de noirceur. J’ai toujours su que je perdrai en rentrant ce soir ici. Tu m’as demandé ce que j’avais à perdre à jouer contre tes ténèbres. Ca tient en un mot. Mon âme. Je t’ai laissé partir il y a 80 ans, cette fois ci..cette fois ci..nous monterons tous les deux pour crier ton message à la face de Dieu et corrompre de notre sang la foutue pureté angélique. La vérité Ashe..c’est que nous sommes deux déchus et que nous le resterons.. soyons damnés puisqu’on ne peut pas être sauvé de nous même. Montre-moi tes ailes meurtries et corrompus, mon ange, avec les miennes dans un état tout aussi pitoyable, nous pourrons enfin voler…
A son tour, l’écume rageuse de ses iris trouva le chemin naturel qu’elle désirait depuis toujours. Il joignit l’eau de son être à la sienne. Avant qu’elle ne l’entraine vers la chute finale, il lui glissa plusieurs baiser le long de l’échine, jouant avec ses piercing et s’attardant dans sa nuque sur son tatouage. Doucement il desserra les lèvres pour y égrainer les mots.
- Non Icare, tu ne chuteras pas seul cette fois ci.
Les paroles d’une vieille supplique s’imposait à lui et doucement tout en continuant l’exploration tactile et visuelle de ses trésors il commenta d’une voix ou perçait l’amertume et une pointe de douleur.
Ainsi, je voudrais, une nuit, Quand l'heure des voluptés sonne, Vers les trésors de ta personne Comme un lâche ramper sans bruit,
Sa main caressa lentement sa hanche et il la sentit frissonner sous son contact. La danse commençait enfin, lente comme un prélude à ce qui allait être et ce qui sera toujours.
Pour châtier ta chair joyeuse, Pour meurtrir ton sein pardonné, Et faire à ton flanc étonné Une blessure large et creuse,
Ses lèvres coururent sur sa peau nacré, il la goutait enfin avec autant d’ardeur et de volupté dont il était capable. Ce moment il avait mit plus de 80 ans à le concrétiser. De cette symbiose nouvelle entre lumière et ténèbres, il tirerait une nouvelle force de nouveaux espoirs. Plus il s’attardait sur a carnation parfaite de la jeune femme, plus son esprit gagnait en puissance et en vélocité. Ashe Lovelace faisait sauter tous les verrous de son âme empoisonnée, un par un, le purifiant par sa corruption.
Et, vertigineuse douceur ! A travers ces lèvres nouvelles, Plus éclatantes et plus belles, T'infuser mon venin, ma sœur !
Elle rendit les armes, lui tendant la main pour l’entrainer à sa suite vers une nouvelle bataille dont il n’y aurait aucun vainqueur mais deux nouvelles naissances. A présent, les choses prendraient une teinte différente sous le regard des deux amants maudits. Il saisit l’opportunité de changer et la saisit comme son dernier espoir d’être enfin au monde et en phase avec lui-même. Damnés mais uniques au monde.
Il se laissa mener à l’alcôve comme on subit un rêve. | |
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Dim 9 Mai 2010 - 20:12 | |
| Le verbe lui était inconnu mais elle sentait sa musique percer se peau, s'infiltrer en elle comme un poison exquis, ravissant son sang et affamant son ventre qui appelait la caresse avec la hâte de la Bête à qui on a promis la chair. I'll swallow up all of you Like a big bottle of big, big pills You're the one that I should never take But I can't sleep until I devour you I can't sleep until I devour you Elle disparut entre les voiles ténébreux sans les écarter, disparaissant entre eux tout en l'y guidant, s'effaçant à chaque fois qu'il croyait l'y rattraper. Lorsque plus aucun rempart ne la déroba à lui, elle l'entraîna vivement contre elle et se reput de ses lèvres, sans clore ses paupières noyées de larmes. Elle voulait s'enivrer de ses yeux céruléens, les dévorer eux aussi en les accablant de ses regards brûlants de désir et de tant d'autres choses que les mots n'expriment pas. You're a flower that's withering I can't feel your thorns in my head
This is no impressionability Quand enfin elle obligea leur fusion à céder, elle l'attira vers l'autel comme on attire une victime dans un piège, soudain autoritaire. Sans mot dire elle l'enjoignit à rester immobile tandis qu'elle le contournait. You're not crying, this is blood all over me Parvenue là où le regard de son amant ne portait pas, la mante le rejeta avec une force insoupçonnée dans son nid noir qu'on distinguait à peine dans l'obscurité, et contempla sa silhouette renversée comme celle d'un roi déposé dont elle s'apprêtait à faire son serviteur. You're not crying, this is blood all over me Ses yeux froids et destructeurs dessinaient sur ses traits la beauté subjuguante d'une reine toute-puissante, impératrice d'un monde où il devrait faire ses preuves avant de se voir attribuer le trône d'empereur. You're not crying, this is blood all over me Alors qu'elle le privait du moindre mouvement par la seule force de cette arme glaciale autant qu'ardente, elle le rejoignit sur leur lit de mort, et même si celle-ci ne devait qu'être petite, Ashe gageait qu'elle serait sublimée par leur osmose encore jamais éprouvée. And I'll love you, if you let me And I'll love you, if you won't make me starve Elle se pencha doucement sur lui, qu'il ait le temps de contempler la fin de ce qu'il avait été jusqu'à aujourd'hui, et de nouveau elle fondit son corps avec le sien, se soudant à lui à travers la chair dans ce qui devait être l'ultime étreinte, celle qui n'aurait jamais sa pareille, celle qui les unirait à jamais, même dans l'au-delà s'il devait exister. I used to hold your heart to neck I know I'll miss you if I close my eyes But this is loaded with an open film I'll see you and I'll blow your heart to pieces Mais dans cette violence latente il y avait autant de précaution, de délicatesse, de soin que s'il avait été aussi fragile qu'un nouveau-né. C'était ce qu'elle allait faire de lui, un homme nouveau, un homme dont la vision du monde serait changée pour le restant de ses jours. I will blow your heart to pieces Ancrée à jamais dans sa mémoire et dans son âme, voilà ce qu'elle serait, voilà ce que la jeune femme attendait de cette nuit. I will blow your heart to pieces Et ce qu'elle attendait en retour, c'était qu'il la fasse sienne, comme il n'avait jamais osé posséder une femme, car elle était plus que cela : elle était une âme en quête de perfection. I will blow your heart to pieces La perfection n'existait pas dans ce monde. C'était eux, ensemble, qui allaient l'immortaliser dans ce mariage plus puissant que tout autre. My pain's not ashamed to repeat itself Pain's not ashamed to repeat itself Leurs tendresses et leurs déchirures, leurs soupirs et leurs mots confus, leur chair et leur essence, leur passion et l'amour indéfinissable qu'ils se portaient... I can't sleep until I devour you I can't sleep until I devour you I can't sleep until I devour you... Tout ce mêla dans la déflagration utopique et uchronique d'un orage qui jamais n'avait été plus beau, plus lumineux, plus délicieux. Deux anges élus, éclatés, brisaient leurs ailes à la faveur du feu éternel qui s'était embrasé en eux. You're not crying, this is blood all over me You're not crying, this is blood all over me... La lumière, au bout de leurs ombres, ils ne l'espéraient même plus. Elle avait toujours été là, morcelée, et n'attendait que leur réunification pour briller comme jamais. Ils étaient l'achèvement l'un de l'autre. Ils étaient les déchirures, les plaies, les tortures; ils étaient les baisers, les caresses et les sourires; ils étaient les battements de cœur, les flots de sang, l'esprit brillant.
Leurs corps subirent le tumulte de ce rite occulte dont ils étaient chacun les exécutants impies, elle y reçut ses égards passionnés et il y subit ses morsures éperdues d'un amour fou et transcendant. I will blow your heart to pieces I will blow your heart to pieces... Lorsqu'épuisés ils s'oublièrent dans les bras de leur être unique, Ashe Lovelace et Daniel Hopes étaient deux anges siamois déchus, pour qui le Ciel ne pouvait plus rien. Ils n'avaient plus besoin de lui, plus besoin de rien. Ils étaient l'Eternel, ils étaient l'Être et le Néant réunis, ils étaient Vie et Mort, Bien et Mal.
La créatrice murmura à l'oreille du voyageur les pauvres mots que l'Homme avait érigés en suprême expression de ce qui n'était que le pâle reflet de leur fusion parfaite, et sombra dans l'oubli libérateur, achevant là les fondations d'un ouvrage qui dépasserait l'infini. Un ouvrage dont il était la clé de voûte. And I'll love you, if you let me And I'll love you, if you won't make me starve. |
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Lun 10 Mai 2010 - 16:06 | |
| La chaleur était étouffante, le soleil de juillet 1924 dardait de ses rayons pesant et sans joie. La ville vivait alors sous l’oppression de sa tyrannie caniculaire et chaque être se mouvait avec une paresse surnaturelle et inhabituelle. Il est dit souvent que la chaleur augmente l’activité humaine, il semblait alors que l’adage porte en son sein une étrange contradiction. Le lieu était au-delà du sale et sans doute la souffrance de trop de nuits étaient venu éclabousser d’un malheur silencieux et malodorant ce qui voulait encore subsister de couleur sur les murs de ce corridor qui ne semblait vouloir ne déboucher que sur le néant. L’éclairage dansait ca et là enténébrant certains détails qui finalement se complaisait à l’obscur plutôt qu’à la clarté d’une vérité qui dérange. Des gémissements s’élevaient comme autant de plaintes livrés à l’écho sans espoir d’une réponse. Ils montaient, réguliers et sinistres, et se désintégraient dans une solitude froide et terrifiante. Chacun d’eux était une histoire mille fois livrée, mille fois rêvés, mille fois perdue. Ceux qui connaissent le chemin en goutent déjà l’amertume : aux autres l’adage de l’imaginaire, ici la parole de l’agonie domine en maitre. Les lieux drainaient la misère humaine, s’abreuvant à la source de l’immonde et s’ensommeillait tel un animal repus. L’écho des pas sourds sur le marbre souillé répondait aux suppliques des anonymes.
Il savait où il allait, dans cet ultime voyage où pour une fois il ne serait pas seul. Il allait comme à certains rendez-vous galant dont on espère beaucoup et qui portent les promesses de jours éclatants. Cette démarche était feinte, cet entrain il l’avait façonné jour après jour. Il se refermait enfin sous son masque froid. On lui avait signifiait. On l’avait mandatait par intermédiaire. On l’avait poussé à sortir de son ivresse et de sa décrépitude. Qui d’autre à part son binôme, un ange vengeur qui avait fracassé dans un nuage de plumes ensanglantés sa belle noirceur sur le bitume froid et sans avenir de l’Humanité. Daniel savait qu’on naissait pauvre de n’être que soi même et que sous le far, on devinait toujours la même couleur. Celle du sang, le liquide carmin dont on célébrait la noblesse ou la perte était aussi corruptible que la chair qu’il faisait vibrer. Ils n’étaient qu’Humain, les deux enfants du siècle. Ils n’étaient qu’Humain. Ce soir prenait fin la danse. L’orchestre se retirait déjà et seul assis sur son siège en Spectateur Divin, il se prenait à s’être cru danseur quand il n’avait été que menteur.
La chambre où s’accomplit la dernière déchirure est presque à porté de la main. Le Gardien du lieu, sorte de caricature grotesque et difforme lui avait montré du bout de son dédain la marche à suivre. Cellule C , secteur trois. On disait bien des choses sur cet asile Mais il n’y a pas de folie, il n’a que des gens qui rêvent et qui un matin qui un matin oublient simplement de se réveiller. Que peut-on deviner derrière ces paupières closent ? Un monde plus merveilleux où un atroce cauchemar ?
Derrière les paupières fines et bleuté d’Amélie Duschesne ? Que pouvait-on lire ? Ce regard qui ne s’allumerait plus. Ses yeux tournaient en dedans regardaient à présent toute la magnificence de l’obscure et à la noirceur, elle s’était brulé et perdu enfin dans les méandres de sa déchéance. Il était là et elle était enfin ailleurs, bien plus loin que lui. Le problème était qu’à présent sa chute serait éternelle et sans fin.
Le dernier rendez vous où tout s’arrête car c’est le jour de la promesse, le jour ou il faut solder les comptes et apprendre ce qui doit être retenu. Hopes poussa la porte vers le théâtre de la rupture ou le dernier acte allait se tenir dans une splendeur misérable et touchante. Le grincement de la charnière déchira l’accalmie des hurlements de détresse.
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Jamais le prélude du voyage ne fut aussi torride que le voyage lui-même. Elle se mouvait avec une grâce féline et hypnotique, refermant le piège de ses arcanes sur lui de manière définitive et sans appel. L’heure était à la douce luxure et à l’enluminure de l’œuvre sacrée qu’ils se devaient de parapher du bout de l’âme.
Jamais il ne fut plus concentré que ce jour là lorsqu’ils se réinventèrent à coup de passions brulantes et consumantes au point que l’un et l’autre mouraient cent fois ce soir pour renaitre unique en un royaume dont ils ne laisseraient que bribes inespérés aux curieux par le son de leurs ébats.
Jamais les sens ne furent aussi exacerbés que ce jour là, tendu à l’extrême jusqu’à ressentir plus que le sentiment lui-même. Une profusion d’émotions qui finissaient par réinventer le concept même et que les mots ne pouvaient finalement qu’abimer.
Jamais le temps ne fut autant impassible que ce jour là, lui qui trainait d’habitude ses guêtres dérisoire jusqu’au matin, s’était vu congédié sans aucune autre forme de procès. Il attendrait que les Nouveaux Seigneurs lui donnent l’autorisation de s’exprimer.
Alors qu’ils se mélangeaient dans une toile inédite et superbe, ils goutaient enfin à l’intensité de leurs êtres. Daniel lui livrait chaque grains de son âme et s’abreuver sans retenu des siens pour sceller la communion. Une nouvelle trinité s’engendrait ce soir : Un esprit Saint, Des dieux jumeaux et une résurrection. Ils iraient livrer à la fasse du monde qui les avaient condamné à cette solitude l’Evangile nouveau de leur union.
L’intensité montait en puissance comme les chœurs d’une nouvelle messe en cette nouvelle Eglise. Le Livre livrait ses secrets et chaque paroissien saurait à présent en leur cœur que l’abandon se donne et s’obtient à la faveur des ténèbres. La communion était faite, l’homélie était jouée.
Les voilà, les nouveaux enfants du siècle, tourbillonnant au gré du souffle du gouffre, corps contre corps dans l’agréable tourmente. Il reçut son offrande, il lui donna la sienne.
Le repos enfin et l’heure des songes. Tout restait à faire à présent, ils se savaient différents.
Doucement, elle lui murmura les mots qui n’ont que le sens de ce qu’on veut leur donner. Il en comprit l’essence et les lui offrit en retour, non comme une obligation, mais comme une vérité apprise, retenue et révélée.
Ainsi soit-il.
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Seule en sa scène au soir des rois, la pénombre dessinait sur son visage des souffrances en devenir ou des inquiétudes sourdes et chimériques. Ses traits étaient diaphanes et maladif, son visage reflétait une absence de vie et même au-delà puisqu’il s’agissait même d’une absence d’envie manifeste. Elle restait troublante dans sa dernière chute. La symphonie était parachevée et l’instrument au bord de la rupture. Jamais cependant il ne l’avait trouvé plus désirable que ce jour là maintenant qu’elle était bien au-delà de sa propre souffrance.
Elle ne cilla pas à sa venue. Son monde n’était pas le sien. Ils évoluaient à présent dans deux phases différentes de leur conscience. Doucement, il prit possession de l’espace en se mouvant avec une lenteur calculée sous le regard de marbre de sa compagne de solitude. Le décor ne détonnait pas de la misère humaine qui avait planté ses crocs dans l’âme tout entière des lieux. Il vint se poser comme le capitaine regagne la barre, sur le lit souillé tendit qu’il scrutait la pénombre à la recherche de quelques illusions détenant une clé de vérité.
Il aurait voulu lui dire mille choses mais une fois de plus, le mur qu’il avait construit peine contre peine, venait empêcher toute tentative de reconstruction de cette vénéneuse alliance. Les mots s’étranglaient refusant de livrer leurs armes. Il demeurait en admiration devant cette morte vivante dont les vêtements déjà sentaient l’humus des cimetières. Les médecins en avaient été formels, sa déchéance morale augurait la déchéance physique, il lui restait peu de temps tendit que la maladie rongeait ce vaisseau d’âme. Comme un miracle n’arrive jamais seul, la lueur soudaine s’anima dans le regard de l’exilée, revenant dont ne sait quel rêve étrange et fantasmagorique.
Imperceptiblement, elle sortit de son immobilisme et ses iris vibrèrent lorsque la mémoire connecta au stimulus la réponse sur l’identité de son mystérieux visiteur.
- Tu…..es……revenu……..me chercher.
Le silence amer comme réponse. D’une main plus assurée qu’il n’y paraissait il lui balaya une mèche de cheveux sales lui barrant le visage pour mieux saisir sa pâleur spectrale. Elle le regardait du fond du gouffre avec une lucidité bientôt enfuie, comme un évident appel à l’aide, les ténèbres prêtes à jaillirent pour le saisir lui. Enfin, il égraina avec parcimonie ses mots.
- Non…Je suis venue pour tenir ma promesse.
Elle sembla chercher dans d’obscurs méandres la signification propre de ses paroles étranges, puis de nouveau la même voix sans vie.
- Me feras tu enfin l’amour ?
Hopes plissa les yeux sous le poids de la souffrance, du tombeau : elle agitait encore le cœur. A sa main toujours sur sa joue , il y apporta sa jumelle, prenant le frêle visage entre ses mains. Il en approcha lentement le sien pour la retenir des yeux encore un instant.
- Non.
Il n’ajouta rien et ses mains doucement descendaient vers ses épaules en une ultime caresse. Elle frémit : froid, désir, peur ? Impossible d’en discerner d’avantage.
- Me diras-tu que tu m’aimes ?
Les mains se joignirent sur le cou de la jeune Amélie, veille d’avoir été, l’espace d’un instant, un ange ténébreux précipité vers la terre.
- Non.
Elle sembla comprendre, sa respiration se fit plus calme.
- Alors nous pourrons..repartir…tu es..ma plus belle œuvre…nos histoires..restent à écrire.
Il serra. Ses jointures soudainement blanchie par l’effort. Il ne la quittait plus du regard.
- Hurles aux anges ma haine de ce monde…et j’écrirai cette histoire pour deux.
Cela fut bref. Pas plus d’une minute de lutte. Il garda en tête tous les détails anatomiques de l’atterrissage, tous les détails de la destruction dont il venait sceller l’histoire par l’odieux sceau de la Mort. Il la déifiait enfin et lui permettait de prendre son envol vers ce royaume qu’elle pervertirait, échappant par lâcheté à sa part du contrat. Lorsqu’il desserra les mains et que tout fut consommé. Il éclata en sanglots se laissant chuter à même le sol. Au dehors, le monde se foutait bien qu’un déchu remonte aux cieux pour y demander des comptes. L’enfer n’était pas ailleurs finalement.
L’enfer était là, vrombissant à travers les rues de chaque ville et pourrissant ce qui restait de candeur dans le cœur de chacun.
.........................................................................................................
Alors que le sommeil les gagnait, Daniel revivait à nouveau sa défaite devant le spectre d’Amélie. Il glissa lentement sur le corps de sa déesse comme l’onde sur le rocher séculier. Il la força délicatement en la tournant à affronter son regard et alors qu’il refermait le piège de ses iris sur elle, Il avança lentement les mains et brusquement la saisie à la gorge resserrant ses doigts en une étreinte mortelle.
- Dis moi que tu as vu dans les ténèbres ce que tu voulais trouver…dis moi que ;..que tu veux rester avec moi..je ne veux plus y être seul…ne m’obliges pas à te renvoyer la bas..s’il te plait… Les larmes roulaient sur ses joues inondant en retour le visage de la belle damnée. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Lun 10 Mai 2010 - 22:45 | |
| La respiration se faisait plus régulière, dans une synchronisation qui méritait d'être louée. Le bras fragile de la reine couvrait la chère poitrine comme celui d'une mère qui défend sa chair et son sang des monstres nés du cauchemar. Mais elle ignorait qu'il en restait un dernier à éradiquer.
Lentement le changement s'opéra en lui, et tel un écho qui se répercutait en elle, sa soeur d'infamie, son épouse adamantine, l'entendit et le ressentit dans sa chair.
Elle entrouvrit les yeux pour le voir se mouvoir contre elle quelques secondes plus tard, mais ne voulant rien brusquer elle se fia à ses gestes et lui obéit. Quand elle vit dans les yeux de son jumeau les dernières lances des ténèbres, elle se résolut sans faillir à faire face. A la place de l'amante s'éveillait une guerrière farouche, qui avait instantanément compris que la bataille n'était pas terminée. Il restait encore une ultime ligne à inscrire pour clore l'épilogue de la première vie du Time Tricker, avant que les démons aux visages séraphins qui habitaient Daniel ne s'effacent à jamais devant la toute puissance de sa maîtresse.
Bien qu'elle s'y attendît, le choc de l'emprise fut rude, et elle l'accusa durement. Dans la glace de ses prunelles, l'infini recula de force, ses pupilles se rétractèrent.
" Dis moi que tu as vu dans les ténèbres ce que tu voulais trouver… Dis moi que... que tu veux rester avec moi... Je ne veux plus y être seul… Ne m’obliges pas à te renvoyer la bas... S’il te plait… "
Elle sentit son sang bouillonner de rage là où il l'entravait, et son souffle, interdit par l'étau de ses mains, reçut cette atteinte comme une gifle qui la vexa au plus haut point. Il est des fauves qu'il est bon de laisser savourer leur festin sans oser les défier.
Avec la même brutalité que lui, elle se saisit toutes griffes dehors de l'entière virilité qui l'avait tant flattée quelques instants plus tôt, provoquant sans remord aucun une réaction qui libéra les canaux de sa propre vie, et comme une arme puissante appelée au combat, son sang battit ses tempes comme des tambours de guerre. Elle interdit au regard de Daniel de se défiler d'une quelconque façon, l'affrontant ardemment, implacable; une divinité inébranlable contre laquelle Amélie ne ferait pas le poids.
Dans cette joute elle reprit le dessus avec une autorité extrême, car après une victoire mutuelle, on ne tire pas au flanc d'une alliée comme elle. Le refus qu'elle opposait à cette trahison était absolument irrévocable. Et la strangulation, comme un appel à l'aide, avait eu le pouvoir de rendre son corps de nouveau pleinement réceptif à l'appel de la chair.
L'emprisonnant vigoureusement de ses jambes encore à demi enroulées autour de sa taille, elle le renversa encore, transcendantale, promettant surtout de ne plus jouer tant que l'ombre de la faiblesse passée n'aurait pas totalement lâché sa prise sur lui. Celui qu'elle devinait à travers le regard qui l'avait ramenée sur le champ de bataille, ce n'était pas celui qui s'était promis à elle en ce hieros gamos. Ce n'était pas celui qu'elle voulait, c'était celui qui souffrait et qu'elle n'était pas encore parvenue à purifier, à rendre complet. Il avait besoin d'elle pour un dernier effort, semblait-il.
Plaquant vivement ses deux mains là où elle s'était trouvée détenue, mais en ne maintenant qu'une forme plus directe de persuasion, elle s'adressa à lui d'une voix éraillée par le mauvais traitement survenu trop tôt après que son chant eut pris fin, une voix venue de ses entrailles pour livrer un ordre grondant.
" Tu n'as pas retenu mes mots? Tu n'entends rien aux promesses? Qui t'aveugle à ce point, que tu ne lises plus en moi, Daniel?! "
Elle le maintint ainsi, contemplant ses larmes, cherchant comme une tueuse cette douleur tenace, ce fantôme qui s'accrochait comme une sangsue à sa mémoire, qui s'évertuait à conserver un empire là où il n'avait même plus sa place. Sans véritablement le libérer, elle s'abattit presque sur lui en un baiser sulfureux, de ceux qui transmettent tout ce que l'on porte en soi à l'égard de l'autre.
" Jamais, mon amour, jamais tu ne seras seul. Jamais plus. Nous vivons l'un pour l'autre, nous vivons l'un dans l'autre, et nous vivrons encore quand nos corps ne porteront plus nos âmes. J'ai trouvé en toi tout ce qui m'avait toujours fait défaut, et tout ce que j'ai vainement traqué dans les profondeurs sombres, tu me l'as offert dans un puits de lumière. Tu es ma vie, désormais, Daniel Hopes, et je veux vivre pour l'éternité. "
Ses lèvres caressaient les siennes, prenant soin de son souffle en ne prenant que leur soul. Il fallait laisser aux ténèbres le temps de s'éloigner. Elle ferait ce qu'il fallait pour que de cette distance, elles ne reviennent pas, et que dans un refuge lové dans le néant, elles agonisent seules sans éprouver leur porteur, avant de s'évanouir jusqu'à la fin des temps.
" Nous sommes un tout unique, mon ange, tes souffrances c'est moi qui les porte, et tu portes les miennes, mais nous ne saignons pas. Cent-seize ans de tourments n'auront pas raison de moi. Je suis ta gardienne, tu es le mien, et je ne faillirai jamais. Jamais, tu entends? Car je ne peux tomber si tu vis encore, et Dieu, cette ordure, sait combien tu es fort et vivant de m'avoir toute entière. "
Buvant ses larmes comme on boit le sang sacré, avec un respect et une tendresse sans bornes, elle embrassa mille fois son visage, aimé au delà du possible, et murmura sans faiblir :
" Tu es à moi pour toujours, et puisque tu m'en as donné le pouvoir, je te pardonne tout. N'oublie jamais cela. N'oublie jamais que nous sommes immortels. " - Spoiler:
Et même que si j'ai été trop vite, j'peux retaper la narration!
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Mar 11 Mai 2010 - 20:23 | |
| Elle se défendit contre toute attente, la bête était encore vivace et cherchait à achever son œuvre et mettre le point final sur la ronde du souvenir et la symphonie des remords. Cette fois ci, le passé ne bégaya pas, le destin y veilla donnant enfin le chemin du Renouveau, la voie de la Rédemption. Elle lui désigna la direction avec véhémence, il s'y engouffra de toute ses forces. Au delà de la douleur du combat qu'elle lui infligea pour se défaire de l'étreinte, quelque chose de palpable se brisa finalement en lui et enfin, les ombres reculèrent, irrémédiablement domptées. Elle le couronnait de ténèbres, le marquant au feu de son empreinte et lui permettait enfin d'étendre ses ailes. Il venait de trouvait un moyen de les faire siennes et de conserver la lumière : le mélange et l'équilibre était consommé. Lucide il était ! Depuis longtemps, celui qui dormait venait de se réveiller. Il reçu tous ses mots un à un comme un prologue à l'évangile qu'il avait écrit. Il émergeait d'un long songe hypnotique et curieux , tout lui semblait un instant étranger et différent : quelqu'un venait de précipiter sa perspective.
Soudainement, et dans un bruit retentissant, à quelque pas de la lutte décisive, le vin en stase reprit son attraction désespéré vers le sol s'y rependant et le silence de la nuit éternelle s'interrompit . Le pouvoir cessait et sa brusque résorption entraina la jeune femme non initiée à cette altération et ce retour dans le temps réel dans un vertige d'une petite seconde. C'était largement suffisant pour Daniel pour la déstabiliser à nouveau et se libérer de son emprise la plaquant en retour par les poignets sur la couche. Il la dominait à nouveau, exerçant sa force de toute sa superbe car à présent il la savait être une guerrière redoutable en plus d'une maitresse extraordinaire. Cependant son regard n'était plus embrumés de larmes ni nimbés de ténèbres, elle dansaient domptés au fond de ses iris grisées. La création d'Ashe Lovelace se trainait enfin à la lumière, un être à part né de deux anges consumés. Il la regardait pour la première fois mais ses premières paroles ne furent que pour lui même.
Amélie...est retournée seule aux cieux...elle n'a vécue que pour que je te rencontre. Elle m'a mené à ta porte et tu viens de me faire entrer dans ton domaine au terme du voyage. Elle pisse sur les Dieux dans un grand éclat de rire à l'heure qu'il est et se fout pas mal de nos petites misère, ma ténèbreuse.
Il lui sourit, relâchant son étreinte, un sourire franc et inquiétant comme si l'idée lui était plaisante. Il lui déposa un baiser voluptueux et fougueux, d'une passion torride à peine retenu avant de venir mourir dans ses bras pour lui murmurer, le souffle court.
Je suis différent et tu es différente...cette alchimie vient de nous réveiller l'un à l'autre...nos destins comme nos corps se sont mêlés. Ton âme a frôlé la mienne de ses ailes, Dieu qu'elle était belle !
Il bascula sur le coté plantant son regard dans le sien en inclinant la tête.
Je ne peux tout te raconter...c'est impossible, il faudra me demander ce que tu veux savoir et je te montrerai toutes les couleurs que j'ai appris à voir. Je peux te dresser cependant une trame...une ne vie ne se résume pas à celà mais..il te faut voir le flacon avant de gouter à la saveur du vin. Mon nom est Daniel Hopes...mon vrai patronyme était Bourdieux,....
Il parla d'une voix douce quasi monocorde où ne perçait aucune émotion. Son long monologue se livra à la nuit durant presque une heure. Il lui parla de sa jeunesse, de Marion, de la guerre, de la mort de sa famille, de sa descente aux enfers, de la débauche parisienne, d'Amélie, avec insistance pour qu'elle comprenne tous les non dits, du Club 51, de sa fuite, de ses errances : pays après pays...il s'arrêta au jour où il rencontra Xavier et ne s'attarda pas sur le présent car tout restait à écrire. Il conclu sa longue confession par un baiser comme pour appuyer par ce geste symbolique l'appropriation de tant de secrets livrés en une seule traite. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Mer 12 Mai 2010 - 1:37 | |
| Le fracas du liquide carmin la rappela à la réalité comme un nouveau revers de force, et comme l'action de l'altération temporelle, leur bulle mystique se brisa subitement, les rappelant à une réalité qui, définitivement, avait un parfum presque indiscernable d'inédit, chargé d'un nouveau souffle. Une réalité identique en tout point, sauf qu'elle accueillait une nouvelle entité, le métissage improbable de deux âmes séparées de presque cent ans qui s'étaient retrouvées soudées comme deux êtres ne l'avaient peut-être jamais été.
Forcée de basculer de nouveau sous la contrainte de la force masculine, Ashe n'opposa pas de résistance et reprit au plus vite ses repères, mais c'était certain cette fois : celui qui la tenait entre ses serres était bien l'ange éblouissant de puissance qu'elle avait arraché à sa cage sordide.
Elle écouta ses mots et son esprit mit en lumière ce qu'elle avait déjà pressenti quand il avait parlé de son attente de quatre-vingts ans, les diverses allusions qui semblaient ne pas concerner qu'elle, et enfin, cette menace de meurtre qui s'adressait à une autre qu'elle. C'est sans amertume qu'elle reçut l'assurance de l'avoir débarrassé de cette mara, car même si une partie du charme avait opéré à travers sa ressemblance manifeste avec elle, c'était Ashe, et non Amélie, qui avait gagné sa place auprès de lui.
Alors elle lui rendit son sourire avec un bonheur non voilé, profitant de la relâche pour enlacer sa nuque et accueillir son baiser, le lui rendant au comptant. Elle le serra contre elle, le cœur battant, sentant les fibres de son corps se tendre ensemble vers lui avec un désir serein, délivré de l'animosité qui l'avait caractérisé en cette nuit d'une chaleur infernale. L'odeur de sa peau, la nervosité de ses muscles, son enivrante présence, tout cela faisait vibrer ses émois mais avec un sourire gauche caché au creux de son cou, elle se dit qu'avec ce qu'elle venait de lui faire subir, elle devrait plutôt songer à calmer sa gourmandise et à la garder en réserve pour de prochains jeux.
" La beauté de mon âme n'a d'égale que celle de la tienne, l'autre moitié d'un même ensemble ", lui souffla-t-elle doucement avant de le laisser basculer à son côté.
Dans l'heure qui suivit, elle se passionna pour son histoire, écoutant son récit de bout en bout sans jamais montrer les signes du sommeil mérité qui l'avait guettée un peu plus tôt. Elle manifestait une soif intarissable de connaître les détails de ces grandes lignes du passé de son amant, posant parfois quelques questions dont les réponses venaient compléter le propos initial.
Elle n'alla jamais au delà des limites imposées par l'innocente nouveauté de leur expérience de l'autre, et en conséquence, elle ne s'enquit que de ce qu'il lui fallait connaître pour bénéficier d'un tour d'horizon complet des points qu'il abordait de son propre chef. Parfois, ses découvertes lui arrachaient un rire, une mimique traduisant sa pensée, ou un sourire triste... Elle savait accompagner ses réactions de gestes parlants, consolateurs si le besoin en était, qui l'engageaient à continuer. Elle avançait précautionneusement sur les chemins les plus épineux, sachant s'arrêter immédiatement là où il rechignait à la suivre, et rebroussant chemin avec lui s'il le fallait, pour mieux repartir ensuite.
Comme dans un rêve interminable, le temps qui avait brisé son barrage passait sur eux sans les toucher, et il leur arrivait de bouger, de changer de pose, sans jamais que cela interrompe le flux de leurs échanges.
Elle aurait voulu aller plus loin dans ce qu'il avait accompli ou simplement traversé depuis qu'il résidait dans cette forteresse qu'on nommait l'Institut, sujet sur lequel elle affectait une curiosité prudente, orientée par son vœu de conserver une certaine distance avec l'établissement. Mais le fait que Daniel y réside et y exerce l'activité de professeur ne l'indigna aucunement, c'était somme toute un choix qu'elle trouvait admirable. Constatant qu'il mettait là un point au premier chapitre de leur ouvrage commun, elle fut heureuse de voir qu'il était parvenu à maîtriser ses noirceurs, qu'elle touchait pleinement son but : Daniel paraissait ne plus souffrir de tout cela, du moins, pas tant que leurs yeux ne se quittaient pas.
Il avait raison. Aujourd'hui restait à bâtir.
Leurs lèvres se mêlèrent pour sceller une première fois le travail de réécriture. Il restait encore beaucoup à faire, mais ils avaient tout leur temps. La jeune femme se délecta de l'instant, comme elle se jurait de le faire de chaque seconde, réelle ou irréelle, offerte comme un présent vital à son nouveau "moi", né des bras de son roi éternel.
" Merci ", sourit-elle.
Et, se lovant contre lui, elle contempla derrière le rideau de ses paupières la silhouette impatiente de Morphée qui réclamait sa présence.
" Ton histoire recèle encore beaucoup de choses, j'en suis consciente. J'ai encore mille interrogations à ton sujet. Mais tu t'es déjà largement livré, ce ne serait pas juste si je n'en faisais pas autant. "
Un léger frisson l'obligea à faire une pause. Le sommeil la tirait vers son antre avec une impatience agaçante, et elle dut s'avouer vaincue, resserrant son étreinte sur le corps de Daniel avant que son esprit ne se ferme au monde.
" Mais avant ça... une petite démonstration de ma facilité à... tomber comme une souche. Pas de blague, j'ai le sommeil très... très léger. "
Elle lâcha finalement prise en déposant un baiser le long de sa mâchoire. Le lendemain serait bien assez tôt ouvert à tous les aveux qu'il souhaitait entendre. ~ + ~ - Spoiler:
Je pourrai supprimer ça si ça ne te convient pas ou si tu préfères clore au dessus.
Le matin brillait bien peu sur ce petit bout crasseux de Manhattan, et les doigts rosés d'Eos perçaient à peine les rideaux des fenêtres du salon, sans même parvenir à s'imposer au delà de la paroi des voiles noirs de la chambre.
Ashe contemplait sans bouger le spectacle de son œuvre endormie, regravant les contours visibles dans sa mémoire, redécouvrant leur beauté dans une pénombre nouvelle.
Soucieuse de le laisser à sa somnolence apparente, elle se leva tout en souplesse et sortit vers le salon, éblouie par son retour au monde. Là, elle attrapa un vieux paquet de cigarettes qui traînait, un briquet presque vide perdu dans un un tout autre endroit, puis ramassa les vêtements épars, et fit maladroitement tomber quelque chose sur le sol. Un portable.
Nouveau message ..h.. : Ilianna Sil'Han
La jeune fille haussa un sourcil, mais ne se formalisa pas de cette découverte. Elle ne la cacha pas non plus en tentant de remettre le portable dans la bonne poche et emporta la pile d'habits avec elle, direction la salle de bains. Là, mettant l'eau à couler dans la baignoire d'un geste nonchalant, elle posa ceux de Daniel à plat sur son unique meuble, posa le portable dessus, et laissa tomber ce qui lui appartenait par terre avant de se plonger dans l'eau à peine chaude, une cigarette au bec qu'elle alluma laborieusement. |
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Mer 12 Mai 2010 - 19:42 | |
| Il n’y a toujours eu qu’une seule vérité et tu t’efforces à ne pas la regarder en face. Ton aveuglement entrera dans ta légende.
La voix, cassante et sans appel tourbillonna se fondant dans un bruit de feuilles balayées par un vent glacial automnale. Les couleurs flamboyaient pulsant de teintes agressives et cinglantes parfois nimbées d’une chaleur torride ou d’un froid mortel. Tout n’était qu’un affreux mélange de sons, couleurs, odeurs et sentiments. Comme si le corps soudain affolé de trop de stimuli hurlait au monde une saturation extrême devenant lui-même un composant du décor plutôt que son rôle de forteresse inviolable contenant la psyché. Un chaos rassurant où il évoluait comme irrémédiablement mu par une volonté qui lui échappait. Cette voix, c’était la voix de toutes les choses qu’il connaissait : familière et inédite elle déclamait sa terrible sentence. Cette voix, c’était Marion pour sa chaleur, Ilianna pour sa douceur, Ashe pour son mystère, David pour son amitié, James pour sa désinvolture, Louis pour sa bienveillance… Elle était aussi la voix de tout ce qu’il haïssait le plus au monde. Dans la pièce suivante qui se matérialisa brusquement lorsque le vent chuta, il trouva Louis et James jouant aux échecs. Le jeune biochimiste était cadavérique, ses pupilles devenues blanches ne laissaient aucun doute sur son état de mort vivant.
Une odeur fétide étouffante renversait la pièce dans une horreur sans nom. Il commenta d’une voix éraillée et suintante. « Tu m’aurais été utile Time Tricker pour ce coup là, James à l’art et la manière… » James lui gardait un immobilisme dérobée à une noble statue grecque et il ne semblait pas intéressé par sa partie regardant une fenêtre donnant sur des étendus désertiques, il commenta d’une voix morne à son tour « c’est quand on a tout vu qu’on voit à nouveau. » Le cadavre de Louis exhiba une montre en or lui annonçant avec un sourire édenté et malsain : « Tu es affreusement en retard Voyageur ! Moi je sais à présent la Vérité ! mais pas toi..ha ha ha ! ». Ce rire ignoble, sans joie ni intonation plana comme un avion sans pilote avant de s’abimer dans un nuage.
La lumière l’aveugla brusquement, la chaleur venant littéralement l’assaillir. Des odeurs d’été, de verdure, un bruit d’enfance et de cigales. Une quiétude comme on n’en trouve que dans le sud de la France jusque avant que les raisins gorgés de soleil ne livrent à loisir leur délicieux nectar. Son père cultive, coupant les vignes, ce qui lui reste de rêve. Daniel sent sa gorge se nouait à la vue de se visage séculier échappé des tréfonds de sa mémoire. Il ne s’en souvenait pas, comme quoi la mémoire s’obstine et triomphe toujours. La voix est trainantes laconique comme ses hommes qui économises leurs gestes de peur que la vie les pousse vers une bataille trop rude. « Pourquoi as-tu toujours fuis la Vérité que tu cherches..elles le savent, elles ! » D’un doigt courbé et morcelé par l’arthrose il désigna une pergola recouvertes de roses noires et blanches entremêlées où attablées et cerclées de verdure, Ashe et Ilianna buvait le Thé en souriant. Daniel s‘avança vers elles soucieux sentant ses pas entravés par quelques forces obscures et maléfiques mais en riant elles le désignèrent en ce concertant, illianna questionna « C’est toujours un enfant n’est-ce pas ? » et Ashe lui répondant en renversant la tête pour y boire la lumière estivale « Avec nous, il le sera toujours ! ». Daniel voulu protester mais le sol se déroba sous ses pieds dans un grondement sourd couvert par le bruit du rire des deux jeunes femmes.
De nouveau les ténèbres et une voix qu’il connaissait bien venant déchirer le silence
Tu m’as guetté dans la pénombre attendant mon cadeau car tu savais. Tu m’as gardé auprès de toi pour une raison et tu me poursuis pour cette unique raison et ce soir…je comble tes attentes. »
Daniel était agenouillé : impossible d’esquisser le moindre mouvement tendit que de l’ombre, David Haller sortait telle une apparition fantomatique. Il était différent, plus sombre, plus grand, plus fort. Il était le juge.
« Et par ma main ce soir l’arme du crime »
Un éclair étincelant, il tenait en main sa lame Ghinzu. Sa mortelle alliée dont le reflet froid rendait les larmes aux anges dans une promesse de sang et de matin rageant.
« En mon nom les lamentation des victimes, Monsieur Hopes »
Des visages dans l’ombre..un million d’anonymes qui le toisent et le transpercent de leur légitime ire. « N’attends pas de clémence sur le tard »
Derrière David, ils sont tous là, de son père, Marion, Amélie, Anna, Elisabeth, Ashe, Ilianna, Louis,James,Amara , Ernest, Enora, Angie, Véga…tous le visage baissé dans un même geste de honte et de soumission. Le jeune Haller se déplace comme un prédateur devant sa proie et s’agenouille derrière Hopes lui posant la lame dont le contact froid sans déjà la mort, sur la jugulaire. Il lui murmure d’une voix terrible.
« Voilà mon ami…que je t’apporte enfin, la Vérité ! »
La lame tranche dans un bruit mat, précis et mortel.
Daniel se redresse en sursaut étouffant un cri. Ses yeux ont du mal à s’habituer à la clarté inédite même si voilée par les lourdes étoffes obscures de l’appartement, qui redessinent alors les choses sous un angle nouveau et fascinant. Pour l’heure, il porte la main à la gorge, presque étonné de se sentir vivant. Un bruit de clapotis d’eau attira son attention. Il fit craquer sa nuque ne se sentant nullement reposé de sa nuit mais au contraire épuisé comme s’il avait du mener une lutte intense et harassante contre l’armée entière de ses propres démons. Il finit par abandonner la couche ou l’atelier où leur création avait été mise au monde. Nu il se dirigea vers la salle de bain où il observa un court instant, sourire et émerveillement au fond des yeux, sa belle damnée sans manifester la moindre émotion, ni ébauche de dialogue convenu. C’était comme s’ils se connaissaient depuis toujours tant l’un et l’autre faisait à présent parti d’un même tout. Avec finalement un sourire entendu, il prit possession d’une serviette qu’il roula autour de sa taille pour regagner un semblant de pudeur bien inutile. Son regard dévia des formes graciles de sa compagne à l’engin posait sur ses vêtements. Il s’en saisit lentement pour relever l’information affichée sur le cadrant. A nouveau son regard se posa sur Ashe, accrochant ses iris. Il leva un sourcil, esquissant une moue trahissant sa perplexité et effaça le message sans en avoir prit connaissance. Il rejeta l’appareil sur la pile de vêtement et lui fit face tout en croisant les bras sur le torse.
Mon présent est compliqué…Apres cette nuit plus rien ne serait être comme avant…si je veille sur toi, je m’y consacrerai corps et âme puisque tu es ce que je suis..Ilianna est ma fiancé mais cet engagement ne peut plus être tenu parce que justement je l’aime et je la respecte. Ce que je sais c’est que je t’aime tout autant…elle n’est et ne sera jamais ton problème. Je le réglerai à ma manière en endossant toutes mes responsabilités mais je ne lui mentirai pas…pas à elle, ni à toi. Je n’ai pas pu t’en parler car je n’ai rien prévu de ce qui est arrivé cette nuit…tu es libre de me haïr si tu veux, c’est ton droit le plus juste au vue de la situation…mais ca ne changera rien de ce que j’éprouve pour toi . | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Jeu 13 Mai 2010 - 2:10 | |
| Le soleil était vite monté au dessus des toits et embrasait de manière plus soutenue l'appartement encore tout ensommeillé par le froid. Sa lumière éclairait la pièce d'eau par transparence diffuse, à travers la paroi de coton blanc cassé lestée au sol bar des barres de bois, qui constituait la séparation avec la cuisine. Les formes qui se dessinaient dans la pénombre matinale, plus sombres, donnaient à ce tableau des allures de clair-obscur inversé.
Les cendres cancérigènes s'amoncelaient peu à peu dans le porte-savon vide, comptant déjà deux mégots parmi elles. La jeune fille ne savait pas rester sans rien faire pendant plus de cinq minutes, l'habitude n'en avait été brisée que lorsqu'elle s'était éveillée près de son frère d'âme ce matin-là. C'est ce même homme qu'elle salua d'un sourire ravi quand il entra dans l'espace presque vide de la salle de bains. Elle vit sur ses traits la fatigue, et sut que celle-ci était plus grande qu'elle n'aurait dû l'être après quelques heures de sommeil ininterrompu dans un silence réparateur. Peut-être lui en dirait-il plus par la suite. Sans rien dire elle le regarda faire, rit légèrement de sa pudeur, avant de reprendre une taffe en observant d'abord distraitement ses actions.
C'est son attitude face à la découverte du message qui changea la donne.
Quand il exprima son ressenti face à elle, Ashe changea son expression au profit d'un air plus grave, et se montra complètement à l'écoute quand il s'adressa à elle pour passer à des aveux que son verbe rendait accablants pour lui. Elle le laissa terminer avant de faire part de ses pensées par des mots, mais quelques marques à peine perceptibles de celles-ci pouvaient se lire au fur et à mesure qu'il parlait.
" Mon présent est compliqué… Après cette nuit plus rien ne saurait être comme avant… Si je veille sur toi, je m’y consacrerai corps et âme puisque tu es ce que je suis... "
Le sourire de la jeune femme revint éclairer son visage, même si elle gardait son sérieux. Image d'un sentiment partagé, c'était aussi une façon pour elle de l'encourager à poursuivre malgré l'hésitation qu'elle sentait poindre.
" Ilianna est ma fiancée mais cet engagement ne peut plus être tenu parce que justement je l’aime et je la respecte. Ce que je sais c’est que je t’aime tout autant… Elle n’est et ne sera jamais ton problème. Je le réglerai à ma manière en endossant toutes mes responsabilités mais je ne lui mentirai pas… Pas à elle, ni à toi. "
Ashe gardait ses iris fixés sur ceux de Daniel, et ils n'exprimaient rien. Bien sûr elle aurait dû s'attendre à ce que cette Ilianna soit plus qu'un simple contact parmi d'autres. Une femme qui envoie un SMS à un homme très tard le soir ou très tôt le matin, c'est soit une collègue acharnée, soit une conquête mal remerciée, soit celle qui partage sa vie (quand ce n'est pas un mélange). Mais la jeune anglaise n'avait tout simplement pas pensé à qui elle pouvait être. Cette question ne lui avait même pas effleuré l'esprit, à croire qu'elle montrait déjà les premiers signes d'une sur-confiance envers lui... Sa fiancée? Ce n'était pas rien. Peut-être se connaissaient-ils depuis longtemps, peut-être était-ce un engagement de longue date et peut-être même allaient-ils concrétiser leur promesse mutuelle d'ici peu de temps. A peine ses yeux s'étaient-ils assombris qu'elle se reprit et afficha un air toujours impassible, attentive à la suite.
" Je n’ai pas pu t’en parler car je n’ai rien prévu de ce qui est arrivé cette nuit… Tu es libre de me haïr si tu veux, c’est ton droit le plus juste au vu de la situation… Mais ca ne changera rien de ce que j’éprouve pour toi . "
Un silence plomba l'air pendant quelques très longues secondes pendant lesquelles l'amante fixa non plus Daniel, mais un point vague situé au delà de lui. Ashe ne brisa l'immobilité que lorsqu'elle s'aperçut qu'une large quantité de cendres menaçait de s'effondrer dans l'eau. Elle garnit un peu plus le cendrier improvisé, prit une dernière bouffée, le regard toujours égaré au loin, et souffla lentement la fumée en écrasant le troisième mégot.
Contre ce qu'on aurait pu attendre, elle reporta son attention sur le professeur avec un sourire plein d'indulgence et même davantage. Elle tendit la main vers lui.
" Viens. "
Alors qu'il approchait, elle détacha sans emphase la serviette qui couvrait ses reins et l'invita à prendre place en face d'elle. La baignoire était suffisamment grande pour les accueillir tous deux sans qu'ils aient à se contorsionner. Elle fit glisser une à une ses jambes fines sur les hanches de son homme, dégageant ainsi un peu plus de place et jugeant cet arrangement plus confortable.
Sa main caressa le visage de son amant et elle posa son front contre le sien.
" Je ne peux pas te haïr pour ça, ce serait injuste après tout ce que tu m'as déjà offert. Et puis je devrais t'en vouloir pour toutes tes anciennes compagnes si vraiment j'étais de ce genre-là. Ta façon d'être à moi dépasse de loin toutes ces considérations. "
Elle passa ses bras autour de son cou, en gardant son visage en face du sien. Elle souriait toujours, et il était clair, au vu de ce que ses prunelles prononçaient sans le dire, que sa sincérité était entière et qu'elle n'avait aucunement l'intention ni de le blâmer, ni de lui tendre quelque piège que ce soit.
" Je te considère comme mon premier amant, la seule expérience que j'aie eue avant toi n'ayant été qu'une initiation sans lendemain convenue mutuellement. Pour moi ça veut dire deux choses. La première, c'est que cette nuit revêt une importance extrême pour moi, d'une grandeur que je n'aurais jamais soupçonnée et dont tu connais la nature puisque nous la partageons, comme tu l'as dit. La seconde, c'est que malgré cela, j'ai une vision du couple un peu spéciale qui veut que, puisque tu as une place si cruciale dans ma vie, et que j'ai la même dans la tienne de ton propre aveu, ma confiance en toi est suffisamment pleine pour que je te croie capable de ne pas m'oublier, même si tu vis une autre vie avec une autre personne. "
Caressant sa joue contre la sienne, elle ferma les yeux comme pour chercher les termes qui traduiraient le mieux sa vision des choses. Elle n'avait jamais rencontré personne qui partageât cette vision, et doutait que ce soit le cas avec Daniel même s'ils étaient tout particulièrement similaires. Cela lui importait peu, au final, si sa réponse devait être négative : la façon dont il conduisait sa vie restait toute entière à sa discrétion, le rôle d'Ashe, dans tout ça, n'était que celui de l'auxiliaire, indispensable mais sans commandement.
" L'important pour moi c'est que nous sommes liés d'une manière qui ne sera jamais qu'à nous, quel que soit notre comportement. Ce lien est asexué, et me paraît suffisamment fort pour qu'on soit capables d'entretenir des liens d'autres natures sans qu'il se brise. Tu es la personne pour qui j'ai la certitude indéfectible de nourrir le plus d'attachement dans toute ma vie, maintenant et jusqu'à ma mort. Tu es mon ami le plus cher, mon amant le plus intime, la figure de mon père et celle de mon frère : tu es mon monde. Mais je ne veux pas devenir le centre de ta vie au point que tu sacrifies ce que tu as construit avec d'autres et que tu règles ton existence entière sur la mienne, je ne suis pas comme ça. Moi-même, je me réserve le droit d'avoir des amis différents des tiens, des affects différents également, je veux pouvoir aller où bon me semble quand je le veux pour faire ce qu'il me plaît d'y faire, et je sais que tu respecteras tout cela parce que tu as toi aussi cette certitude que je ne ferai jamais rien qui entache notre unité. "
Elle revint à ses lèvres et y mêla les siennes un moment, avant de reprendre.
" Je suis consciente, cela dit, que choisir d'être un couple ayant deux vies différenciées est une idée saugrenue tout à fait digne de moi et de mon regard bizarre sur la vie, l'amour, tout ça... Et je comprends encore mieux que tu ne veuilles pas mettre Ilianna - c'est bien ça? - dans cette histoire, parce que pour l'heure c'est elle qui se trouve dans la mauvaise situation. J'ai du mal, pourtant, à imaginer que l'on puisse... toi comme moi, sans distinction, repartir dans nos vies comme si on était juste des sortes d'amis, enfin, qu'on puisse avoir chacun notre vie en se rangeant du côté de ce qu'on a tous les deux voulu quitter. Je ne pense pas que ta présence dans ce bar hier soir, seul, soit anodine non plus. Si j'étais fiancée à quelqu'un, je ne sortirais pas de nuit dans un endroit pareil sans lui. Et puis je ne dirais pas ce genre de choses à un inconnu... "
Dans un sourire malicieux, le souvenir du choc de leurs deux âmes lui revint à l'esprit et au corps au même instant.
" Il faut que tu fasses selon ce qui te semble juste pour toi et pour elle. Si tu penses que rester à ses côtés serait un mal pour vous deux à cause de ce qu'on a fait, alors reste avec moi et rends-lui sa promesse en reprenant la tienne pour qu'elle ne soit pas une épouse bafouée. Je serai là pour t'aider à accepter ça si tu en as besoin et pour qu'on reparte ensemble autrement. Mais je ne veux pas que tu restes à regrets. Je t'ai donné ma vie et t'ai bien juré que je ne t'abandonnerais pas, quoi qu'il advienne. Crois bien que jamais je ne t'en voudrais de faire le choix inverse. Quoi que tu fasses, je saurai que c'est le bon choix, et je ferai tout pour t'en convaincre toi aussi si tu doutes. Je suis prête à me tenir debout, voire à souffrir pour ton bien. C'est le nôtre. "
Son rire s'éleva soudainement, sans qu'elle ait changé d'expression.
" C'que j'peux m'écouter causer par moments...! Excuse-moi j'espère ne pas t'avoir embrouillé en parlant autant. Et puis tu as le temps de réfléchir, hm? "
Et ses mains coururent le long du torse nu du voyageur, où elle redécouvrit la cicatrice et entreprit, après un autre baiser partiellement conclusif, d'effacer avec l'eau les dernières marques laissées par le dessin de l'ange et le sang séché.
" Je pense que je te ferai un tatouage un jour, de gré ou de force ", déclara-t-elle avec un détachement amusé, avant d'ajouter sur un ton plus doux : " Tu me raconteras tes cauchemars? T'as l'air d'avoir mal dormi et tu bougeais dans ton sommeil. " |
| | | Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Dim 16 Mai 2010 - 7:42 | |
| La chaleur de l'eau avait quelque chose d'encore plus relaxant que les intonations rassurantes de la voix de sa compagne. Il se laissa aller à un soupir d'aise tendit que le contact charnel de la jeune femme le long de ses hanches réveillait des ardeurs nocturnes non rassasiées. Elle était de ce genre d'addiction qui à peine goutée vous enchaine le cœur à jamais. Le Time tricker en perdait réellement la nation du temps pour une fois, ce qu'il savait c'est qu'il avait déjà besoin d'apprivoiser totalement toutes les facettes de la personnalité de la belle mystique. Sous sa nonchalance, il sentait déjà poindre la promesse de moments inaltérables. Il savait que leur histoire restait à écrire et comprenait son désir d'en vouloir définir les règles. Il esquissa un léger sourire tendit qu'elle parlait, son attention toute fixée sur le tableau intemporel et magnifique de cette jeune femme nue dans un bain, cigarette mélancolique aux lèvres. Une brusque envie se manifesta et il ne refréna pas car Hopes dans sa forme nouvelle remodelée par Ashe Lovelace se montrerait moins enclin à la froide réflexion et aux interdits avant d'agir. C'est donc en accord avec ses pulsions qu'il dégagea son bras pour atteindre de sa main le paquet de cigarettes morribon de la belle. Les flammes lancèrent leurs reflets mortelles sur les ombres naissantes de son visage et il inspira l'étrange mélange lui brulant la gorge dans une explosion sensorielle. Le geste était presque instinctif, l'habitude reviendrait vite comme ces leçons dont on n'oublie jamais la portée. Il toussota un bref instant , on ne mettait pas fin à 60 ans d'abstinence sans en subir quelques foudre corporelle. Ses yeux s'embrumèrent un peu puis il expira dans un demi sourire complice son panache de fumée tendit que la belle lançait un rire accompagnant la mort de son discourt. Elle évoquait la possibilité de le tatouer. Il démarra sa lente réponse par la fin du monologue de sa vis-à-vis.
Pas besoin d'avoir recours à la force pour cette requête..choisi ton modèle il sera le mien. J'ai conscience qu'on pourrait se méprendre sur la symbolique du geste. La créatrice gravant l'ex-voto de son œuvre...et toutes ces conneries qui n'intéressent que les autres. Moi j'y vois seulement un geste d'amour d'une portée bien plus profonde car tu es une artiste, Ashe , et j'aime les artistes. Après tout je suis expert en ouvrage anciens et tableaux de Maitre...tes tatouages valent tous les Rembrandt à mes yeux, ma belle et c'est un honneur de devenir ta toile.
Il accompagna sa phrase d'un baiser qu'il lui déposa du bout des lèvres en se contorsionnant avant de se lover à nouveau dans la baignoire. Son expression se fit moins triviale.
Concernant ta vision de notre relation je n'impose rien à part une règle. L'Humain se ment à lui même lorsqu'il croit sincèrement être capable de supporter une union libre dans tous les sens du terme. Je le sais d'expérience, crois moi..J'ai bien des défauts que je vénère comme des qualités. Le Symbolisme et la possessivité en font partie. Je sais que je suis peut-être très mal placé pour t'en dessiner l'ébauche alors que je viens de te parler de mes engagements auprès d'une autre. Saches cependant que je ne peux être réellement l'homme de plusieurs femmes..c'est pourquoi je mettrai un terme à cette relation ouvrant de nouvelles blessures, je me dénaturerais si je ne le faisais pas. J'ai été tiraillé pendant 90 ans entre mes pulsions d'Eros et Thanatos, tu m'as offert une voie inédite dont j'ignorais les sentiers, échappant à ces deux options dont le classicisme me clouait au sol...
Tu peux aller où ca te chante, voir qui tu veux, vivre ce que tu désires..et me le faire partager si cela te scié, cependant tu es à moi mon ange comme je le suis à toi... J'exige cette fidélité de la chair. Ca me rendrait physiquement malade de te savoir dans les bras d'un autre..c'est idiot mais c'est humain...c'est une chose que je veux partager uniquement avec toi à présent. Si tu t'y déroges, nous finirons par nous déchirer..inévitablement.
Il bascula la tête en arrière soudain amer.
J'ai mésestimé ce lien dans ma descente aux enfers...mais notre communion d'hier avait réellement un gout de mysticisme que je n'avais rencontré nulle part ailleurs...je connaissais le sexe aussi bien qu'une comptine d'enfance, de même pour sa variante mêlé du sentiment amoureux forçant les arcanes du cœur et de la chair...mais hier c'était bien au delà. Une trinité jamais perçue auparavant : le corps, le cœur et l'âme. Ce chemin je le veux juste pour nous Ashe...personne d'autre.
Il manqua de se bruler les doigts à cause de la cendre incandescente et lâcha un juron d'un autre temps en français. Il afficha une moue de contrariété avant de conclure en se perdant dans la contemplation des cendres flottant sur l'eau.
Mes rêves....ils sont violents et sanglants...je suis un criminel et un jour et l'autre je devrais payé pour le sang dont j'ai barbouillé mon âme. La mort....a défaut d'y trouver la mienne, je l'apportais aux autres. Peut-être cent...peut-être plus...Ce rêve tournait autour de la recherche d'une vérité qui m'échappe toujours..C'est mon ami David Haller, un mutant qui a une importance importante dans ma vie, qui m'en apportait la réponse avec ma propre lame...Cette réponse avait un gout de sang. Pas gênant cependant si cela n'avait pas été le mien. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Lun 17 Mai 2010 - 10:26 | |
| La fidélité de la chair... Grand sujet.
Elle qui voulait précisément parler de cette fidélité que supplanteraient celles de l'âme et du cœur, elle se voyait refuser la pleine disposition de son corps. Finalement ce n'était rien de plus qu'une réaction habituelle, et à défaut d'être surprise elle ne fut pas contrariée. Il tenait à préserver en elle une sorte de seconde virginité, et c'était chose attendue de sa part. Il avait très certainement tenté bien des expériences avant de la connaître, elle s'en doutait sans avoir eu besoin de (s'en) poser la question, mais elle aurait aimé qu'il considère plus pleinement l'exceptionnelle unité qui les rassemblait, de sorte qu'ils se permettent quelque chose de nouveau, pour elle certes, mais pour lui aussi d'une manière plus abstraite. Peu importait, cela dit. Elle se tiendrait à cette exigence parce qu'il était naturel de faire quelques concessions pour lui. Ça ne l'empêchait nullement de reprendre le sujet ultérieurement : elle en était encore à faire ses preuves. Et puis s'il acceptait de prendre part à ce à quoi elle aspirait, peut-être pourrait-elle lui proposer des activités nocturnes en comité restreint... Elle eut un sourire en coin qui trahissait son amusement à l'idée de lui soumettre cette possibilité. Pour l'instant cela tenait plus de la plaisanterie, mais à l'avenir, pensa-t-elle, pourquoi pas, après tout.
Ces rêveries l'avaient un instant distraite, le temps que la voix de Daniel ne cède un instant au silence. Elle n'ajouta donc rien avant qu'il ne revienne au dernier sujet qu'elle avait abordé.
Elle perçut ses dires comme les flétrissures d'une rose qui arguerait ses meurtres avec une honte douloureuse, exhibant ses épines empoisonnées et coupables. Le regard de la jeune femme se fit triste, mais on y discernait un élan puissant, une lueur étrange, vigoureuse, portant la magnificence de l'espoir toujours vivant bien que blessé, ou du désespoir vengeur. Être sans défense au plus près d'un tueur qui avait failli mettre fin à ses jours quelques minutes plus tôt ne l'effrayait même pas. Tout simplement parce que c'était lui, Daniel Hopes, un être dont la nature se mêlait à la sienne de manière indicible et qu'elle ne pouvait renier comme étant à la fois son reflet et un autre qu'elle, l'Autre qu'elle ne pourrait jamais cesser de chérir même s'il se changeait en le pire monstre qui existât.
Ses bras se refermèrent sur le dos de l'Amour assassin tandis qu'elle se blottissait sans violence contre lui.
" J'ai goûté ton sang, il s'est mêlé au mien. Si quelqu'un d'autre le faisait couler, je serais exsangue. "
Elle se recula légèrement, étendit une main pour prendre sa cigarette, et maintint celle-ci en dehors de l'eau tout en s'allongeant doucement contre la vasque, en attirant son compagnon au dessus d'elle.
" Si ça peut t'apporter la paix, je ferai tout ce que je pourrai pour t'aider à comprendre cette Vérité dont tu parles. Mais peut-être que tu ne t'es simplement pas pardonné d'avoir sali tes mains. Je les laverai. Je veux t'aider. "
Elle se hissa jusqu'à son visage, l'embrassa avec la tendresse d'une femme, d'une mère, d'une divinité rédemptrice. |
| | | Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Lun 17 Mai 2010 - 20:05 | |
| Il se dégagea de ses lèvres la couvant brusquement d'un regard sombre et emprunt d'un réel sérieux. Les paroles du bel ange savaient caresser son âme comme personne lui provoquant une sorte de certitude solide et tranquille. Elle serait là. Toujours. Elle veillait. Un jour, j'ai eu un amour complètement inédit, différent de ceux qu'on pouvait trouver en ouvrant réellement les yeux, c'était d'une spirituelle douceur, on peut dire qu'elle m'a ouvert au chant du monde...elle m'a montré des couleurs lorsqu'il n'y en avait pas à voir, elle m'a donné l'espoir lorsque je ne pouvais plus faire l'effort de le croire. Pour la première fois, j'ai ressenti l'amour...mais je l'ai rejeté de toute mes forces car j'en avait honte. A travers tes yeux à présent je le vois danser et je crois en celà de toutes mes forces...J'y trouve ce qui me manquait. C'est une vérité sur moi même. En voici le message d'une limpidité biblique : "Ne cherche pas à devenir meilleur, ne cherche pas la lumière : accepte toi avec tes noirceurs..sois juste toi avec la beauté de tes imperfections et de tes emportements, et moi je t'aimerai. Je laisserai tout derrière et je balancerais la clé.."
Voilà ce que je lis dans ton regard, ma belle.Il vint mourir sur elle en lui caressant avec délicatesse les cheveux. C'est une drôle de vie qui nous attend...nous traceront des chemins différents mais entrelacés et parallèles par moment. Si un jour mon absence se fait longue, ne cherche plus à savoir..continue la symphonie toute seule car je serai tombé, il n'y a que cela qui pourra m'éloigner. En vie, je reviendrai toujours, je te le promets sur la chaleur de ton sein et sur nos âmes mêlées.Un ange passa et le bruissement de ses ailes couvrit à peine le silence. Que dois-je savoir sur toi à défaut de chercher ? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Mar 18 Mai 2010 - 1:59 | |
| Un peu déçue au premier abord qu'il se défasse d'elle aussi promptement, Ashe afficha une moue boudeuse autant qu'intriguée. Celle-ci, à mesure que la jeune fille recevait les mots de Daniel avec le doux enthousiasme accompagnant la reconnaissance des choses connues, se mua progressivement en cet air tellement plus adulte, qui donnait à ses traits une beauté étrange et décalée, l'image d'une femme comblée au visage d'enfant. La sérénité qui émanait d'elle, son sourire aussi discret qu'évocateur, tout tendait à traduire la contraction délicieuse de son cœur cognant lentement, mais de toute sa force, contre ses côtes. Cette sensation puissante et vertigineuse, elle pouvait affirmer sans risque de se tromper qu'elle ne l'avait jamais ressentie, ou en tout cas pas aussi intensément. La course de son sang était si différente de ce qu'elle connaissait qu'elle la suivait presque en fermant les yeux, soudain capable de voyager au cœur-même de son être. Le voyageur chevronné lui avait ouvert des horizons dont elle ignorait jusqu'à l'existence, et Dieu qu'elle s'en sentait grandie, puissante, profondément changée... L'exaltation de sa véritable personnalité trouvait sa raison et sa source en lui, et en l'épanouissement nouveau qu'elle aspirait à lui apporter. Elle se savait plus animale, plus instinctive, plus naturelle avec lui qu'elle ne l'avait jamais été avec quiconque.
Son buste accueillit son mâle comme si sa forme avait toujours eu ce contact pour dessein, et Ashe laissa ses paupières se clore, attentive à leurs rythmes respectifs, celui de leurs souffles, celui de leurs sangs, celui de leurs échanges muets.
" C'est une drôle de vie qui nous attend... Nous tracerons des chemins différents mais entrelacés et parallèles par moments. Si un jour mon absence se fait longue, ne cherche plus à savoir... Continue la symphonie toute seule car je serai tombé, il n'y a que cela qui pourra m'éloigner. En vie, je reviendrai toujours, je te le promets sur la chaleur de ton sein et sur nos âmes mêlées. "
Un sourire empli de mélancolie fit scintiller les abords de ses yeux, mais ses larmes eurent la pudeur de ne pas s'étendre encore pour agresser sa peau d'amers sillons. Une pointe acérée au creux de ses entrailles et la douleur sourde de son cœur soudain étranglé répondirent à la peur qu'elle éprouvait face à ce vide immense, ce déchirement ignoble qu'elle avait l'intime certitude de ne pas parvenir à dépasser, malgré tout son attrait pour la vie. Si ce funeste jour devait arriver, elle le voulait le plus tardif possible, car sans cela, elle n'était sûre que d'un fait : elle ne trouverait pas la force de continuer sans lui. Elle doutait fort de l'avoir un jour, mais peut-être parviendrait-il à la lui insuffler au fil du temps. S'il réussissait cela, elle conserverait de lui le vœu éternel de mener à bien l'œuvre d'une seule vie partagée par deux être dissociés, unis dans l'infini.
" Pas une promesse que je te ferai ne sera de trop. Je te promettrais de mourir sur le champ si tu étais assez fou pour me le demander. Je ne tiens plus à ma propre vie si tu n'en veux plus. "
Ashe enfouit ses ongles noirs dans les cheveux de Daniel, et posa son visage contre le sien, affrontant difficilement la terreur de le perdre qu'il avait pourtant eu raison d'éclairer.
Elle fut peinée par la rupture du silence autant qu'elle en remercia l'auteur : il lui était pénible de s'attarder sur de telles considérations. Elle était trop faible encore pour porter ce poids seule.
" Que dois-je savoir sur toi à défaut de chercher ? "
Elle soupira, un soupir où se déversaient confusément des sentiments divers, un mélange ni positif ni négatif.
" Grande question... " fit-elle en esquissant un demi sourire songeur.
Quelques secondes furent concédées aux bruissements fugaces de l'appartement, de l'immeuble et de l'extérieur, avant qu'elle se décide finalement à répondre.
" Eh bien... Tu as commencé par ton enfance, alors je vais t'imiter et suivre le même chemin. "
Elle s'éclaircit la gorge. Ça ne serait pas facile de remuer tout cela, mais il l'avait fait, elle ne voulait pas manquer de lui donner un équivalent.
" Mon accent parle de lui-même, je suis londonienne. J'y ai vécu toute ma vie jusqu'à il y a quelques mois, toujours dans la même maison blanche avec ses oriels et son avant-cour... "
Elle tira les grands traits de son enfance, de cette vie rêvée si tôt gâchée par l'abandon, la vie d'une petite fille privée de sa mère et dès ce jour piégée dans une spirale descendante dont elle serait l'innocente victime.
Elle ne s'attarda pas sur le portrait de sa mère, une superbe jeune femme suédoise aux yeux d'un bleu-vert éthéré, qui avaient empoisonné un entrepreneur anglais au cœur immense et à l'entrain quasi inaltérable, dont on aurait voulu croire qu'il résisterait à toutes les tempêtes. Elle appuya un peu plus le trait sur son père, par besoin de dire combien il avait eu raison de vouloir croire jusqu'au bout qu'ils pourraient se tirer indemnes de la malédiction qui avait détruit leur famille sans crier gare, plus que par souci du détail. Qu'y avait-il de plus à dire? Matthew Lovelace était le père le plus formidable qu'elle aurait jamais souhaité avoir, un homme qui avait manqué sans fauter la chance d'être un avatar du bonheur sur Terre.
Elle passa moins vite sur le dessin de sa soeur, la jolie Liv, une jeune fille très réservée et mal dans sa peau, mais à l'intellect et à la culture très pointus. Le souvenir qu'elle gardait de sa soeur, c'était celui de cette pauvre créature à la fragilité malmenée jusqu'à la rupture, qui s'occupait de sa cadette avec une douceur infinie. Liv avait été cet ersatz de mère qui avait subsisté tant bien que mal en couvrant son désespoir de sourires rassurants et de paroles réconfortantes.
Mais le personnage le plus détaillé de la scène, c'était son frère. Son frère qui avait tenu ses deux petites sœurs à bout de bras pendant des années, qui avait tout balancé par dessus son épaule pour se dévouer corps et âme à leur bien-être, négligeant ce qui aurait fait de lui un successeur talentueux et riche, un gendre idéal qu'il ne voulait même pas être. Pour un père tiraillé entre le besoin d'assumer seul un foyer et l'envie idéaliste de cesser toute activité pour être auprès de ses enfants, Anthony avait été un vrai pilier salvateur. C'était lui qui avait toujours pris soin de la petite dernière, dès sa naissance. C'était lui qui, héritier de la générosité sans bornes de son père et caractérisé par sa débrouillardise, avait pris les rênes de la maisonnée, lui qui avait toujours tout su régler quand les choses tournaient au vinaigre. Lui qui avait remis tout le monde sur pieds après le départ de la mère, du haut de ses douze ans. Lui encore qui, par trois fois, avait mis en déroute les premières sirènes du suicide pour Liv. Lui toujours qui avait redonné un second souffle à Ashe quand elle avait cru son tour venu devant le désastre orchestré par la Faucheuse.
Sur cette trame elle colorisa de nouveaux décors, l'école où elle brillait toujours dans les premiers de la classe, et fit une première césure là où son frère avait laissé la marque de son absence. Un bleu mais pas une plaie : elle avait toujours su qu'il reviendrait un jour ou l'autre. Que son héros de toujours viendrait sauver la petite princesse dans sa tour de cristal fissurée en mille endroits.
Elle se représenta en élève dilettante au lycée, cette fille du fond de la classe qui sans chahuter ne peut s'empêcher de louper la moitié de certains cours, et qui noircit ses pages de cauchemars et de tunnels aux fins lumineuses mais désespérément lointaines. L'ombre s'abattit complètement quand le corps sans vie de sa soeur vint obscurcir encore davantage sa conception de l'horreur de vivre une telle vie. A cet instant de son récit, elle fut forcée de s'arrêter, et sa seule façon de poursuivre fut de décrire ce tableau avec des mots choisis pour leur beauté sale, un clair obscur morbide et lumineux, une magnifique nature morte. C'était une étape toujours difficile à dépasser, et son phrasé buttait contre les regrets et cette cicatrice mal résorbée, le souvenir photographique, exact, d'un corps qui se balance, grotesque, obscène, au bout d'une corde anodine et perverse. Quelques larmes encore, sans sanglots, et dans un refus d'abdiquer elle reprit.
C'est avec des couleurs plus sombres qu'elle peignit la suite, des tons durs et gras, écœurants. Un Enfer minime à l'échelle de l'humanité, mais le Purgatoire avant l'heure pour deux âmes abandonnées aux crocs du destin, paralysées par la souffrance, qui finirent par se délaisser mutuellement au moment où elles auraient dû se cramponner l'une à l'autre. Elle raconta l'isolement, le vide intérieur comblé seulement par l'art, l'art comme une improbable morphine, l'art comme une vie de substitution dans laquelle elle découvrit son pouvoir et s'imagina un monde où elle n'aurait jamais été Ashe Lovelace. Elle raconta aussi la perte, l'alcool, les médicaments, la dépression, l'appel de la Mort encore une fois.
Elle marcha dans les couloirs blancs, tièdes et pleins d'une odeur nauséabonde de désinfectant et de propreté maladive, elle s'assit à cette table habituelle et contempla avec Daniel le visage ravagé d'un être plus vraiment humain qui avait autrefois été son père, et qui ne la reconnaissait qu'une fois sur trois ou quatre, quand elle ne devait pas abreuver sa mémoire des mêmes éternels schémas patients et pleins d'espoir hypocrite. Elle se tut encore pour avaler l'idée mille fois ressassée de sa lâcheté, sa conduite indigne, son comportement répugnant. Elle aussi, oui, elle aussi avait abandonné son père.
C'est sans joie qu'elle s'envola à nouveau pour New York, mais avec une mélancolie adoucie par la connaissance du dénouement. Elle conta le miracle de ces retrouvailles qu'elle avait attendues durant ce qui lui semblait être toute une vie, le déchirement de savoir son frère au bord de la tombe, mais aussi et surtout cette résurrection temporaire, cette chance qu'il lui avait donnée d'entrevoir de nouveau la lumière du jour, sans fard, sans faux-semblants. Elle n'omit rien, ni ce qu'elle découvrit pendant ces quelques ultimes heures, ni ce qu'elle partagea avec son frère dans cette bulle intime formée par leur binôme indestructible, ni le bonheur de se savoir aimée comme elle l'aimait lui malgré le temps et les épreuves. Pas même ces détails insignifiants comme le chat violet qu'elle lui avait offert pendant vingt minutes, les cours de basse impossibles à rendre sérieux, le goût des larmes et la chaleur désespérée du corps osseux contre lequel elle s'endormait tous les soirs, écartelée entre le besoin d'être forte et la tristesse sans fond de voir se profiler la fin, quand lui s'échinait à agripper les dernières bribes de vie qui lui filaient entre les doigts comme de l'eau claire.
Sa voix s'étrangla malgré son sourire à l'évocation du dimanche 29 mars 2009, et elle fut obligée de céder au silence, qu'elle voulut respecter comme un reposant hommage.
" ... Donc, maintenant, j'en suis là où tu m'as trouvée hier. J'ai été serveuse dans des tas de boui-bouis, j'ai vendu des conneries dans des supérettes, j'ai gardé des gosses, j'ai dansé dans un club, j'me suis faite payer pour des gâteries... entre autres. J'ai crevé d'encre des dizaines de peaux, des dizaines de fois, j'ai gribouillé des cartons, des toiles, j'ai vendu des trucs. Mais telle que tu me vois, là... "
Elle sourit du mieux qu'elle put à son amant, un sourire plein de gratitude, et de tellement d'autres choses mêlées, ces mots devenus triviaux, le respect, l'amour, le désir, le bonheur, toutes ces notions qui perdraient leur essence si elle les prononçait.
Là, tout ça c'est encore frais, ça me brûle et me saigne, mais je sais que j'en suis sortie. On a tout à faire, c'était tout ce dont j'avais besoin, tout ce dont je rêvais. Et je veux que ce soit avec toi. Toute ma vie ne tient plus qu'à toi, maintenant. |
| | | Daniel Hopes Agent du B.A.M. Alpha
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Mer 19 Mai 2010 - 16:03 | |
| Son histoire révélait enfin dans une lumière vive les arcanes de ses fêlures et son cœur se serra à son écoute. Ils procédaient d’une même douleur de vivre tous deux et c’était sans doute pour cela qu’ils s’étaient trouvés si facilement.
Deux âmes perdues nageant dans un même aquarium. Une fois de plus, ses mots s’imprimaient en lui comme une vérité révélée pour lui-même. Jamais le tourbillon de sa vie n’avait été aussi brusque et envoutant que durant cette période de sa vie. Etre spectateur du monde était une chose, en devenir l’acteur une autre. Alors que Ashe lui livrait ses dernières armes dans une plainte mesurée mais émouvante, il se prit soudainement à regretter une liberté qui lui était aliénée par des liens tendres mais indestructibles. Il se croyait comblé par la présence de la diaphane australienne, la sulfureuse et lascive anglaise lui ouvrait une osmose insoupçonnée. Il faudrait réfléchir sur tout ce charivari avant d’en dégager des leçons de vie, c’est ce qu’il aurait sans doute souhaité faire s’il ne s’était pas trouvé changé sous le burin de l’artiste qui partageait sa couche.
Elle lui murmurait des mots durs chargés de promesses extrêmes et rassurantes mais étrangement, si le Voyageur en constatait la véracité, il avait du mal à les accepter. Que son existence conditionne celle d’un être cher était un corolaire de cette fusion qu’il ne pouvait encore s’avouer du bout de l’âme même s’il se savait damné lui-même aux flammes d’une même réciprocité. L’alchimie s’opéra lentement, forçant à l’acceptation du fait nouveau, c’était comme si les mots cherchaient où frapper et se frayer un chemin à travers les contradictions internes du professeur. On ne change pas 116 ans de routines mais Ashe Lovelace y parviendrait en une nuit.
Alors, une pensée étrange lui vint à l’esprit…une pensée inédite qu’il n’avait jusqu’ici jamais connue même dans les moments les plus tendres de sa complicité avec Ilianna. Sa propre mort le dérangeait.
Pire, il voulait rester en vie, il voulait vivre réellement. Ce n’était cependant pas un désir direct mais un désir de protection. Il lui fallait rester en vie pour Ashe et pour qu’elle ne reste jamais seule. La pensé de mourir et la laisser derrière lui le blessa profondément tordant son cœur encore plus violemment qu’un coup porté au visage. Avec Ilianna avait resurgit le désir de normalité à travers la construction d’une relation dite classique, comme si depuis le début il n’avait cherché qu’à rejeter son passé pour se fabriquer une histoire banale et convenue : amour, liens inaltérables, mariage et paternité. Une sorte de revanche sur la vie et une volonté manifeste de renvoyer sa singularité loin derrière lui. Rien de cela ici même. Pas de désir de construire. Juste celui de consommer et vivre ce qui d’emblé existait déjà. Il voulait exister et regarder Ashe faire de même mais garder simplement la singularité de leur regard. Hopes comprenait enfin que c’était le chemin de l’acceptation, rejeter la normalité et embrassé sa nature toute entière. Ce sentiment était inédit : survivre pour un autre, survivre juste pour elle. Il se décida à l’exprimer à haute et intelligible voix. Le ton était assez indécis comme si la réflexion était à peine de son esprit.
- Je crois qu’à présent…je me connais au delà de ce que j’aurai pu espérer. Je vais tacher de m’efforcer de rester vivant pour toi, parce que je ne veux plus jamais que tu sois seule, livrée aux ténèbres. C’est une promesse que je ne trahirais pas.
Rien d’autre à dire ni à faire croire. Limpide et aussi singulier que les larmes sur les joues d’une enfant. Il l’enlaça avec une telle hâte qu’il fit déborder l’eau du bain, il jugea qu’il était bon à nouveau de ponctuer le dialogue des âmes par celui des corps. | |
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| Sujet: Re: Just ignore the smoke and smile... [Daniel Hopes] Dim 23 Mai 2010 - 15:00 | |
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