Daniel rentra alors que certains New yorkais partaient déjà au travail. Il fit jouer la clé dans la serrure de la vieille porte vermoulue et par réflexe glissa la pancarte « Closed » sur la devanture de la vitrine.
Il soupira lourdement et jeta la clé sur la commode traversant rapidement le local commercial avant de se diriger vers la « réserve « où il avait élu domicile.
Il était troublé par sa rencontre au bar et savait à présent que les choses ne seraient plus jamais les mêmes. Il ne pouvait plus se contenter de croiser les bras et d’attendre jusqu’à en devenir aussi vide et froid que ses propres terreurs et inhibitions.
Il se dirigea vers la salle de bain et se fit couler un bain. Puis machinalement il s’absorba dans la contemplation de son propre reflet dans le miroir du lavabo.
Quand était-il devenu ainsi ? Depuis quand s’était-il si éloigné de cette humanité qu’il chérissait jadis ? Pourquoi lui qui pourtant avait vécu tant de choses se refusait à mettre à profit son expérience ? Égocentrisme ? Égoïsme ? Mais qu’est ce qui ne tournait pas rond ??
Sans raison soudain il frappa du poing le miroir car son propre reflet lui devenait insupportable. Alors que le verre volait en éclat d’un geste rapide il figea la chute des débits en une pluie de reflets qui dansaient dans l’air dans un ballet surréaliste.
Daniel ouvrit la bouche, contemplant l’extraordinaire spectacle. L’idée lui traversa alors l’esprit.
Et si cette rencontre n’avait eu pour but que de lui permettre de franchir le pas ? Il ne croyait pas au hasard. Toute sa vie il avait attendu le signe.
Et signe il y a eut.
Il baissa le bras et aussi tôt le bruit de verre chutant sur le sol se mêla à celui du cliquetis de l’eau du bain.
Il ouvrit le placard et agrippa un flacon orange. Une drogue aussi puissante que la pire des amphétamines. Un demi cachet pouvait tuer. Daniel en prit quatre, ca ne le calmait même plus…juste un « décontractant » comme il aimait à se mentir.
Il s’immergea et bascula la tête sur la faïence. soupirant et il ferma les yeux…
Les choses se calmaient, les idées s’ordonnaient d’elles mêmes.
Il était temps de chercher des réponses et il pensait savoir où commencer sa quête.
Il remonta un peu le corps et attrapa un papier qui trainait près d’une chaise où il avait posé ses vêtements. Un fax…sur le papier quelques lignes.
Daniel les relut plusieurs fois.
Une adresse, celle d’un institut pour jeunes surdoués.