En revoir les égouts, bonjour l’Institut ! [Ghinzu, Enora]

Dans un rugissement de moteur, la Porche noir s’engagea sur la large avenue. Cette belle automobile était celle de monsieur Hopes. A voir ce dernier, nul doute qu’il prenait plaisir à tenir le volant. A côté de lui se trouvait Ernest. L’enfant-rat observait par la fenêtre le paysage défilé plus vie qu’il ne l’aurait supposé. Non, il ne se serait pas douté que le professeur était aussi prompt à presser le champignon. Ayant déjà l’habitude des voitures de grand standing, le jeune mutant ne put que mieux apprécier, ou redouter selon les moments, l’énergique tenue de route de Daniel. Toute fois, l’effet de surprise passée et les inévitables remarques fêtes sur le sujet, le garçon se laissa aller à ses réflexions.

Aujourd’hui était un jour spécial pour lui. En effet, monsieur Hopes l’emmenait à l’Institut X-Mens. Le professeur, mainte fois, lui en avait parlé, le poussant à s’y rendre. Au début, Ernest ne s’était guère montré favorable à cette perspective. Il était bien trop attaché à sa liberté. Mais la situation avait changé. Par deux fois on avait tenté de le kidnapper. Et puis, il se rendait compte qu’il ne pouvait pas rester indéfiniment dans les égouts. Il avait donc fini par dire oui. Avait-il bien fait ? Ne retraiterait-il donc pas ce retour sans doute brutal à une vie plus conventionnelle ? Serait-il vraiment en sécurité là-bas ? En apprendrait-il plus sur l’Altérium ? Tant de questions en son esprit.

Pour l’occasion, Vermine s’était mit sur son 31. Malgré ses réticences envers le respect des conventions, il tenait tout de même à faire bonne impression. Il s’était correctement lavé et portait l’unique tenue convenable en sa possession. C’était celle qu’il avait revêtu lorsque Hopes lui avait demandé de s’occuper un temps de sa librairie : un ample pantalon de velours noir, une chemise blanche et un veston bleu-marine. Il était toujours pies-nus mais ce n’était pas faute d’avoir cherché quelque chose à chausser. A l’arrière, dans le coffre, se trouvait un sac plastique du genre de ceux qu’on trouve dans les commerces. Ernest avait renoncé à nettoyer son sac à dos, bien trop répugnant pour espérer encore y remédier. Dans le sac plastique, il y avait les quelques affaires du garçon : ses libres, ses BD et surtout ses manuscrits. Il y avait aussi la montre à gousset offerte par le professeur. En l’espace de plusieurs mois passés dans les égouts, le jeune mutant s’état emparé de beaucoup d’autres livres, ainsi que de quoi assouvir son goût pour l’alcool. Tout cela, il l’avait laissé sur place. Ce n’était de toute façon pas vraiment à lui et puis, si l’occasion se présentait, il reviendrait y chercher.

-Dite, monsieur Hopes…

Après bien dix minutes de silence, Ernest se détourna enfin de la fenêtre pour s’adresser au conducteur passionné. Sur l’Institut, il avait au bas mot une centaine de questions à poser. Malgré ce qu’on lui avait dit, il avait toujours l’impression de s’aventurer dans l’inconnu. Mais les réponses viendraient en temps et en heure. L’hybride préféra s’informer sur l’amie du professeur, celle qu’il allait sous peu rencontrer.

-Qui est Enora exactement ?

Dés qu'il s'agissait de conduire, on ne le tenait plus. Hopes était né avec l'émergence du véhicule motorisé, enfant il en était passionné, ca et le chemin de fer (un transport ayant perdu , d'après lui, tout son charme depuis sa modernisation. Les mains protégées par des gants de conduite en cuir, il affichait un étrange sourire enfantin tout en sentant sous son dos les vrombissement du véhicule. Il jetait un un d'oeil à son protégé de temps à autres. Il se sentait pousser des ailes et devenait du coup un peu plus loquace.

Crois moi Ernest ! Rien ne remplace le plaisir de conduire, c'est hallucinant ! Je t'ai dit que durant plusieurs années j'ai participé au 24 h du Man ? une course automobile très prisée en France ! Que de souvenirs, ca devait être fin des années 60... J'ai gagné cette merveille en pariant un soir d'ivresse avec un membre de la Nostra Causa Sicilienne ! Une partie de poker endiablé où j'ai failli y laisser plus que ma chemise, je suis sur que le bonhomme était si furax qu'il m'aurait bien tanner la peau du..

Se souvenant soudainement de la présence de Vermine il laissa en suspens sa phrase , d'un air embarrassé. Il doubla en expert une voiture se rabattant à la dernière minute sur sa fille malgré les appels de phares paniqués d'une voiture arrivant en double sens.

Enora ?
C'est une jeune mutante qui compte beaucoup pour moi. elle est française comme moi, son éloquence et sa soif de vivre n'ont d'égales que sa malice et sa vivacité d'esprit. C'est une des seules à oser me tenir tête verbalement malgré son jeune age. Elle a toute ma confiance même si elle est mon élève.

Hopes afficha un demi sourire nostalgique, Ernest était un intime même si il était sans doute trop jeune pour percevoir concrètement la nature et la solidité des liens qui pouvaient se tisser entre les êtres. Daniel se souvenait des confidences reçues à son chevet lors de son coma même s'il n'en faisait pas état par pudeur. Mais certaines choses se devaient d'être dites.

Enora...est sans doute la fille que j'aurai voulu avoir. Elle me ressemble plus qu'elle le pense, je sais qu'elle fera de grandes choses.
En fait.
Vous êtes ma famille Ernest, je crois que sans vous je n'aurai pas eu la force de continuer. Ca me rendrait dingue s'il vous arrivait quelque chose. C'est pourquoi je suis heureux de te savoir ici pour veiller sur toi et c'est pourquoi aussi j'ai décidé de te faire "chaperonner" par la personne en qui j'ai le plus de confiance dans les élèves.

Le professeur se laissa aller à un ricanement amer.

Je ne devrais pas m'étendre sur ce genre de sujet...la dernière fois que j'ai discuté sentiments avec quelqu'un qui m'était cher, il m'a planté mon propre couteau dans le ventre.
C'est comme en ce qui concerne ma vie sentimentale...un véritable cauchemar, je devrai être marié..Ilianna se console dans les bras d'un surfer australien et Ashe me bat froid depuis quelques temps. La solitude à 116 ans, c'est pesant. Tu comprendras ca...quand tu seras plus grand.

Un sourire complice et un peu taquin sur ses lèvres, il remonta l'allée du parc de l'Institut.

Ernest écouta Daniel d’une oreille plus ou moins distraite. Cela ne l’empêcha pas de saisir plus que l’essentiel. Son intellect d’exception avait cet avantage que de pouvoir s’occuper de plusieurs choses à la fois. D’un côté, les réflexions personnelles, de l’autre les dires du professeur. Enora paraissait être une personne intéressante. Ne restait plus au mutant qu’à se faire sa propre opinion.

L’enfant, jusqu’à présent, avait évité de parler du coma de Hopes. Il lui avait juste dit en le revoyait qu’il était heureux de son rétablissement. Intérieurement, c’était pour lui un réel soulagement. L’adulte était devenu son unique repaire, la seule autorité morale susceptible de guider ses pas. Sans lui, le jeune hybride se serait sentit perdu. Il n’en dirait rien, ne serait-ce que par fierté, mais il était possible de le supposer.

Les histoires sentimentales du professeur réveillèrent en Vermine cette crainte de ne jamais parvenir à trouver une compagne. Sa jeunesse ne lui permettait pas de saisir toute l’impotence que pouvait revêtir les sentiments entre deux personnes. Bien sûr, il pouvait décrire le sentiment d’amour mais il se contenterait alors d’aligner des mots lus dans les livres. Ce dont il était certain, par contre, c’était que la vie de couple était essentielle. C’était là l’héritage de son éducation. Il avait toute fois tendance à trop se focaliser sur l’aspect charnel de la chose, héritage de sa vie décousue de ces derniers mois. Se détournant une nouvelle fois de la fenêtre, affichant à présent le beau parc de l’Institut baigné de la chaude lumière du soleil d’été, il fit part de ses doutes.

-Dites monsieur Hopes, vous pensez que j’ai une chance de trouver quelqu’un ? J’veux dire, j’ai pas un physique extra... ça va pas être simple…

Subitement, il eut honte de sa question. Il donnait l’impression de se lamenter. Sans attendre, il préféra détourner le sujet pour s’intéresser à quelque chose de plus important pour le moment.

-Heu… non… oubliez ça… je m’égare. Ce que je voudrais savoir, c’est s’il est possible pour quelqu’un de trouver quelque part la liste des élèves de l’Institut, sur Internet par exemple.

La question n’était pas là simplement pour détourner la conversation. Vermine pensait à la fois à ceux qui cherchait à le kidnapper et, surtout, à son père. L’arrivée à l’Institut ne signifierait-elle pas également la fin de cette fuite familiale ? Ernest était terrifié rien qu’à l’idée de devoir faire face à son géniteur qui, encore et toujours, poursuivait ses recherches.

Le plaisir de la conduite s'évaporait déjà tout en remontant le parc de l'Institut à faible allure. Hopes n'était pas dupe. Il comprenait parfaitement les inquiétudes de l'enfant rat, surtout dans cet age où la recherche de l'amour et le tâtonnement de la découverte d'un pan jusqu'alors ignoré des relations sociales étaient une préoccupation primordiale sinon LA préoccupation qui absorbait toute l'énergie de la sève bouillante de la jeunesse. Lui même à son age était avide de découvertes de ce genre. La blancheur de la peau d'un décolleté trop plongeant aux chaleurs d'été ou le galbe d'une jambe, trésor jusqu'ici jalousement gardé par une longue jupe sage que le vent malicieux faisait voler, avait troublé les sens de cet enfant qui s'éveillait aux choses de l'amour et aux mystères du charme du sexe opposé.
Le professeur y était toujours sensible, c'était une évidence. Il aimait être charmé et ne s'en cachait pas car pour lui les belles choses sont faites pour ravir les sens de ceux qui savent les voir et les apprécier. Le talon d'Achille du professeur Hopes : le charme féminin, on ne changeait pas sa nature, même a 116 ans.
Il se contenta de garer son véhicule en gardant le silence puis répondit d'abord à la seconde interrogation d'Ernest.

Il faudrait déjà qu'ils puissent pirater nos systèmes de surveillance et accéder à nos listing, ce qui relève de l'exploit ! Ensuite il faudrait qu'ils gèrent le retour du bâton en se prenant les X Men et ton humble serviteur sur le dos en match retour, ce qui serait..à mon avis...pure folie de leur part ! Tu seras protéger ici, et pas seulement par moi, jeune homme.

Il fit le tour du véhicule et ouvrit la portière d'Ernest le faisant descendre et ajouta comme pour lui même.

Oh...et puis..il y a des tas d'élèves ici, de ton age et des plus agés...des jolies demoiselles qui voient bien plus loin que les apparences, Ernest, crois moi...c'est un nouveau monde qui s'ouvre à toi, un monde où l'aspect physique ne compte plus vraiment...et...je sais..que tu peux te montrer...hummm...charmant, non ?

IL le taquinait gentiment mes ses propos étaient emprunt de vérité, au loin sur le seuil du perron de l'entrée de l'Institut, leur charmante ambassadrice attendait.

J'attendais patiemment... Non. En réalité, je faisais les cent pas depuis maintenant plusieurs minutes à tel point que j'avais l'impression d'avoir passé des heures à attendre. Moi et la patience n'étions pas faites l'une pour l'autre. C'était un fait tout à fait expliquable lorsque l'on me connaissait bien. Bref, après avoir fait les cents pas pendant plusieurs minutes, je m'étais finalement assise sur les marches du Perron où j'attendais le retour du professeur Hopes. Ce retour serait marqué par l'accompagnement du professeur par un nouvel élève qu'il avait mentionné à plusieurs reprises. Ernest Lenoir.

La première fois que j'avais entendu ce nom, c'était au restaurant, lorsque Daniel m'avait offert une glace pour me parler de mon avenir et donc de ce jeune homme. Le professeur avait alors précisé que cet enfant avait besoin d'une bonne protection car il était comme traqué par un ennemi. Daniel m'avait alors confié les liens qui l'attachaient à Ernest et m'avait chargé de m'occuper de lui lorsqu'il arriverait à l'institut. Au début, je m'étais beaucoup interrogée sur le sujet. S'occuper d'un adolescent au temperament têtu n'allait pas être une tache aisée. Mais après mure réflexion, je m'étais mise en tête de devenir simplement une amie sur qui Ernest pourrait compter.

Assise sur une marche, je poussai un léger soupir, nouveau signe de mon impatience qui commençait à prendre des proportions assez importante. Durant mon attente, je repensai aux événements qui avaient eu lieu récemment. En particulier à l'agression de Daniel et de son séjour à l'hôpital. Il en était sorti, c'était déjà ça. Mais intérieurement, certaines de mes interrogations demeuraient sans reponses. Par exemple, avait-il entendu ce que j'avais dit à l'hôpital alors qu'il était immobile sur son lit ? Par ailleurs, j'aurais tellement aimé savoir qui lui avait infligé cela pour lui faire au moins aussi mal. Je savais cependant que Daniel n'aurait pas voulu que je joue à la justicière de la sorte. Mais ça m'aurait soulagé énormément.

Soudain, je dus couper court à mes pensées car une voiture noire et d'une marque assez grandissime s'engagea dans l'allée. Je n'eus pas à m'interroger longtemps en ce qui concernait son conducteur. Elle alla se garer dans l'endroit réservé à cet effet et je me remis sur mes pieds. Je m'avancais lentement et timidement vers eux, mesurant mon pas et m'adaptant à la démarche d'un escargot. Puis, eux aussi vinrent vers moi et je profitais de la distance qui nous séparait encore pour détailler le nouvel arrivant. Je fus fortement surprise. Jamais je n'aurais imaginer me retrouver devant un hybride de la sorte avant un certain temps. Comme me l'avait dit Daniel, j'avais devant moi un enfant-rat. Je frissonai légèrement ce qui ne fut pas perceptible de la où se trouvaient les deux arrivants. Je me souvins alors de ce que m'avait appris le professeur et que le jeune garçon faisait preuve d'une grande maturité. Je laissai donc mes préjugés de coté et, comme avec Kurkaru, je décidai de passer outre les apparences.

Bientôt, nous fûmes tous trois les uns en face des autres et donc en mesure de discuter. Je souris à Hopes puis à Ernest. J'attendais que le professeur fasse lui même les présentations. Cependant, pour effacer les silence qui s'était installé, c'est avec un sourire large et avec simplicité que je lâchai :

"Bonjour !"

Il ne put s'empêcher de sourire en voyant Enora trépigner sur le Perron, il devança légèrement Ernest avant qu'il ne les rattrape laissant à ce dernier l'opportunité de lancer des regards à droite et à gauche. Il eut le temps de lui glisser tout bas quelques mots tout en lui ébouriffant les cheveux dans un geste de tendresse paternel.

Haut les cœurs, jeune fille, tu vas y arriver...je ne t'abandonnerai plus, j'ai bien compris ton message.

Il faisait enfin allusion aux inquiétudes qu'elle avait formulé lorsqu'elle était à son chevet à l'hôpital. Hopes n'en dis pas plus, un jour sans doute, il lui dirait à elle, ce qu'il savait depuis ce jour, elle était comme sa fille, c'était aussi simple que ca.
Il se tourna d'abord vers Ernest qui venait de les rejoindre et posa sa main sur son épaule.

Mon cher Ernest, je te présente Mademoiselle Lacourt. Enora Lacourt. Comme je te l'ai déjà expliqué, Enora est une élève exemplaire et a toute ma confiance, c'est aussi mon amie et je la tiens en haute estime, tout comme toi. C'est elle qui te guidera et t'aidera à t'adapter à la vie en communauté à l'Institut. Écoute la attentivement et tu peux avoir confiance en elle si il y a le moindre problème.

A Enora.

Et voici le facétieux monsieur Lenoir. Ernest Lenoir qui adore à mon grand dam, se faire appeler Vermine. Il est un peu moqueur et têtu par moment mais il sait se montrer véritablement attachant et ne le prends pas pour un enfant Enora, il sait très bien en jouer quand il veut quelque chose.

Il adressa un sourire taquin à Enora.

Il n'est pas le seul à utiliser cette stratégie me semble t-il..

Il haussa les épaules.

Quand à moi....vous me connaissez, je suis l'extraordinaire Professeur Hopes, j'enseigne entre autre, l'art du charisme et de la séduction...j'ai quelques autres compétences..elles sont si nombreuses que je vous en épargne l'assommante énumération.

Quelque peu intimidé, Ernest observa les environs. Ce lieu deviendrait, si tout ce passait bien, comme une nouvelle maison pour lui. Alors il le découvrit avec un sentiment étrange où se mêlait curiosité et crainte. Des questions, toujours plus nombreuses, l’assaillaient. Elles allaient de l’existentiel au purement utilitaire ; mais elles devraient attendre le moment adéquat pour être posées. Une chose semblait hélas certaine, c’était la fin de la liberté au sens où il l’entendait. Il devrait bien se comporter, obéir aux consignes… ou peut-être pas mais ce ne serait pas alors sans conséquence. Oserait-il poursuivre en ce lieu les préceptes de Vermine ? Oserait-il décevoir Daniel ? Avec lui, il s’état toujours contrôlé sauf peut-être au tout début lorsqu’il l’avait rencontré moribond dans les égouts. Sans doute, espérait-il, le professeur ne se souvenait pas de ce semi-rat grossier et répugnant prenant plaisir à aller autant que possible à l’encontre de ce que voulait la société. Sitôt Hopes pleinement conscient, le jeune mutant s’était sentit obligé de paraitre plus civilisé, plus respectable.

Le regard du garçon tomba bien vite sur Enora. C’était une charmante personne, visiblement un peu timide. Elle ne pouvait être que mutante mais son apparence n’en montrait rien. Sitôt à proximité d’elle, il répondit au « bonjour » par un « bonjours » très conventionnel. Le professeur fit les présentations. Celle de mademoiselle Lacours ne suscita chez Vermine qu’un acquiescement de tête poli. Quand il fut présenté à la jeune femme, il resta de marbre. Et quand le professeur fit sa propre éloge, le garçon ne put réprimer un discret sourire amusé. Il eut l’envie de répondre quelque chose comme « la modestie en fait partie ? » en guise de taquinerie mais préféra garder le silence. C’était la timidité qui le rendit si discret et légèrement froid. Il s’en voulait un peu. Il aurait put faire le pitre, sortir l’un de ses discours décalé ou exagéré dont il avait le secret… mais non, il restait là, immobile, tenant son sac plastique et attendant la suite. Faisant un effort, il réussi tout de même à aligner quelques mots.

-Et bien… enchanté Enora.

Mais cela restait sans réelle conviction, une simple phrase polie, rien de plus. Et il n’ajouta rien d’autre, ne fit rien d’autre. Sa nervosité lui faisait un peu tortiller son sac mais c’était relativement discret.

Je ne compris pas immédiatement le sens de la phrase de Daniel. Mais quand elle percuta de plein fouet mon cerveau, je rougis légèrement. Normal non ? Un petite partie de moi espérait peut être conserver ce que j'avais dit à mon professeur loin de ses oreilles. Mais je me sentai soulagée. Il savait ce que je ressentais pour lui et c'était peut être mieux comme ça. Je souris un peu plus pour lui montrer que ces paroles m'allaient droit au coeur.

Puis, il nous présenta simplement l'un à l'autre, mettant en avant certains défauts et qualités. j'en appris alors un peu plus sur le jeune homme : facétieux, moqueur, têtu et attachant. Quelque part, j'eus l'impression de me retrouver devant mon double masculin ce qui pouvait être assez étrange. Daniel appuya cette théorie en me faisant remarquer que moi aussi je savais jouer avec l'attachement que les autres pouvaient avoir pour moi. Avec Hopes, on avait appelé ça le charme juvénil. Cela me faisait beaucoup rire mais plus j'y pensais, plus je savais qu'il avait raison.

Je ne pus retenir mon rire lorsqu'il se présenta de lui même. Professeur dans... Quoi ? Bon, le charisme ok. Mais la séduction... Bon, je ne pouvais pas prétendre l'avoir déjà vu à l'oeuvre, certes... Mais présenté comme ça, c'était vraiment risible. Quant au nombre de qualités qu'il possédait, je me demandai où s'arrêtait cette liste. D'ailleurs, étant donné que j'avais désormais l'habitude de montrer au professeur Hopes à quel point je pouvait me montrer taquine, je n'hésitai pas une seconde à lui lancer une petite pique supplémentaire.

"Non, il ne vaudrait mieux pas qu'on entende cette liste. Vous êtes peut être quelqu’un de resistant mais, je crains qu’en ce qui me concerne, je ne tienne pas aussi longtemps qu’il le faille…"

Tout cela agrémenté par mon sourire habituel. Puis, je me tournai vers Vermine.

"Eh bien… Bienvenue à l’institut ! J’suis ravie de te rencontrer moi aussi… Tu verras, on est plutot bien ici. Et les gens sont chouette... Bon, excepté le professeur hopes mais bon, on s'y fait rapidement..."

Je lancai un regard lumineux vers mon mentor, mon habituel sourire en coin que j'utilisai toujours lorsque je taquinai quelqu'un sur le bord des lèvres

Hopes inclina la tête prenant l'air faussement interloqué tout en haussant légèrement les épaules.

Bah ! Je sais bien que dans votre coeur vous êtes infiniment impressionné pas l'étendu de ma sagesse et de mon charisme. Peut-être qu'avec le temps il vous sera possible d'en développer une infime partie vous permettant de briller en société.

Il ébouriffa Enora avec un sourire carnassier dans un geste paternaliste et la malice brillait dans ses yeux bleu délavés.

Je vais enfin te révéler un secret, je ne te confies pas Ernest en fait, je te confies A Ernest pour palier aux bêtises que tu serais tenter de faire..je vais même lui octroyer le droit de te punir en te privant de tes précieuses sucreries...chère petite peste.

Il se redressa et lança en parfait acteur en en rajoutant des caisses, un regard de défit aux deux jeunes gens

Ca vous apprendra à rire aux dépens de mon auguste personne...

Il redevint sérieux quelques seconde conservant son sourire enfantin et s'adressa à Ernest.

Écoute bien ce qu'elle te dira et n'hésites pas à venir me trouver si besoin est, je serai là, ne t'inquiète pas.

A la jeune fille avec un bref clin d'œil.

Je compte sur toi, "Blondie" et pas de zèle. Crois en toi comme moi je crois en toi *

Il s'inclina montant les marches du perron en les laissant seuls.

* en français

Ernest, toujours de façon très conventionnelle, acquiesça poliment après que le professeur Hopes se soit adressé à lui. Mis à part de discrets sourires, il semblait ne pas réagir au comique de la situation et devait de plus en plus donner une impression austère de sa personne. Pour un peu, on allait le prendre pour le gosse de riche à l’éducation rigide qu’il avait été. Mais comme la présentation fête de lui par Daniel le laissait supposer, tout ceci n’était qu’une façade. Le jeune mutant avait été entravé par la timidité pendant ces premiers instants. Il s’en voulait. Il n’aimait pas montrer cette facette de sa personnalité, peut-être parce qu’elle appartenait à son passé. Le départ de Hopes fut pour lui l’occasion de reprendre les choses en main. Sitôt seul avec Enora, il porta sur cette dernière un regard devenu pétillant de malice.

-Tu as entendu, j’ai le droit de te punir si tu n’es pas sage ! déclara-t-il en se donnant un air perfide, comme s’il comptait réellement prendre au sérieux cette blague et l’utiliser comme moyen de pression. Et puis, si y’a des sucreries en jeu, je serais… impitoyable ! De toute façon, je connais le règlement sur le bout des griffes, enfin, MON règlement, celui qui est plus mieux que les autres. Et puis, avant, j’étais grand-maréchal-chef-supérieur à l’US Army, alors respect !

Non, évidement, en tenant un pareil discours, le rat ne cherchait pas à être prit au sérieux. Pourtant, ce qui était stupéfiant, c’était qu’il avait joint à ses paroles un jeu d’acteur assez convainquant bien connu de Daniel. En effet, Ernest, à la façon d’un supérieur examinant un subalterne, s’était mit à tourner lentement autour de la jeune femme sans cesser de la fixer et en croisant les mans dans le dos. Notons au passage que pour avoir les mains libres, il avait passé sa queue par les anses du sac en plastique et le portait ainsi. Précisions aussi qu’il était deux fois plus petit que son interlocutrice et qu’il était donc mal placé pour chercher à la dominer. Pour finir, son ton visait malgré tout un effet d’intimidation. Le résultat global en devenait… absurde. C’était bien le but recherché.

Assez rapidement, Vermine peina vraiment à soutenir son sac par la seule force de sa queue. Alors il le reprit en main et s’exclama, en abandonnant totalement son rôle de pseudo-militaire :

-Alors, c’est quoi le programme, belle demoiselle ?

Puis il ajouta en parlant cette fois dans un français un peu maladroit :

-Je suis suspendu à vos lèvres !

Oui, Ernest parlait Français et le plus drôle c’était que le professeur Hopes n’avait pas encore eu l’occasion de le constater. Ce dernier, toute fois, pouvait le supposer. Le jeune Lenoir, fils de bonne famille, avait reçu une solide éducation et avait baigné dans le monde des affaires, un monde international. Il avait la double nationalité Suisse-Américaine et était, qui plus est, surdoué. Le mutant était trilingue. Il parlait couramment l’anglais, le français et l’allemand. Il avait donc comprit les derniers mots de Hopes et se plut à le faire remarquer. Il conclut par un sourire coquin.

Daniel ne se trompait pas : j'étais en effet admiratrice de son savoir faire quelque soit sa nature. Cependant, je n'avais encore jamais eut l'occasion de lui annoncer l'admiration que j'avais pour lui. Après m'avoir ébourrifé les cheveux, il me confia alors, sur un air taquin, que celui qui aurait plus de responsabilités entre le jeune garçon et moi était surement l'autre. J'adoptai alors une moue boudeuse lorsqu'il ajouta son "petite peste". Je voyais là un nouveau signe d'affection... Signé Daniel Hopes ! Puis, il ajouta à Ernest qu'en cas de besoin, il serait là. Se tournant de nouveau vers moi, il m'adressa de nouveau la parole en me surnommant cette fois "Blondie". Puis, il me parla dans ma langue maternelle. La sienne aussi. Et ce qu'il me dit me bouleversa légèrement. J'eus l'envie soudaine de me jeter dans ses bras pour y recevoir l'affection que j'attendais de lui, lui qui était comme un père adoptif pour moi dans le monde mutant. Cependant, réprimant mes désirs, je me contentai de sourire. il tourna les tâlons et disparut dans le bâtiment.

Alors, je rencontrai finalement le vrai vermine. le garçon taquin dont le professeur m'avait parlé. me tournant autour comme un lion autour de sa proie, il me répéta ce que hopes lui avait permit de faire. Reprenant le même genre de mimiques, le même ton moqueur que le professeur. Sauf que pour le coup, la situation était vraiment risible. Du haut de son mètre et quelques, le jeune garçon me fit sourire plus qu'autre chose. Je le laissai faire tranquillement et attendit qu'il arrête pour me demander finalement quel serait le programme. Je souris largement tandis que je fus également interloquée de sa connaissance du français. il avait donc pu saisir le sens des paroles que Hopes m'avait adressé et je rougis avant de répondre.

"Eh bien, monsieur le grand-maréchal-chef-supérieur de l’US Army, on pourrait commencer par visiter votre nouvelle maison. A moins que vous ne voyez là d'autre priorité, chef !"

Moqueuse autant que lui, j'effectuai un bref salut militaire pour accentuer mes paroles. Je laissai donc mon nouvel ami décider du reste de sa journée, estimant que c'était à lui de conduire le char... Pour le moment...

Ernest fut à la fois amusé et surprit par la réaction d’Enora. Amusé car la demoiselle l’avait suivit sur la voie du comique ; surprit car elle semblait vraiment se référer à son avis pour la suite des événements. Le garçon-rat eut un petit rire filou. Il observa de son regard curieux le bâtiment qui se tenait à peu de distance. Sa nouvelle maison… cette pensée revenait à son esprit. Oui, il voulait visiter, d’abord parce que c’était indispensable, ensuite parce qu’il mourait d’impatience de découvrir ce lieu si particulier. L’Institut Charles Xavier… le QG des X-Mens… son imagination s’emballait d’autant plus que sa timidité s’en était allée. Verrait-il l’un de ces célèbres mutants aux milles exploits ? Mieux : pourrait-il parler avec eux ? Encore mieux : pourrait-il devenir comme eux ? Il n’y aurait alors plus de différence entre l’Ernest de ce monde et celui de ses histoires. Bon sang, je suis à l’Institut, se dit-il intérieurement, commençant à réaliser ce que cela signifiait.

Il reporta son attention sur la jeune femme. Puisque celle-ci n’avait pas mit fin à ce délire pseudo-militaire, Vermine continua à s’exprimer comme un gradé.

-Je veux tout voir, tout savoir, tout comprendre, que ce soit du lieu, des environs ou des règles en vigueurs. Débutons par mes cartiers, je pourrais ainsi me délester. Exécution soldat !

Traduction : oui je veux bien visiter. Ceci dit, Ernest revint plus naturel et reprit.

-Heu… j’risque de t’assaillir de questions pendant la visite. J’espère que j’vais pas te souler. Toi, par contre, n’ais pas peur de m’assommer de détails. J’ai une bonne mémoire.

La première question n’attendit pas la visite. Elle arriva juste après.

-Au fait, tu es française ? Ton nom de famille le suggère. Et puis les derniers mots de Hopes aussi. Moi j’suis Américain et Suisse. J’parle français mais chut, dis rien au professeur. J’aime bien l’espionner.

Il fit un clin d’œil, il cherchait de la complicité.

Bon, une chose était sure : la curiosité du jeune garçon égalait au moins la mienne. En même temps, comme beaucoup de nouveaux arrivants à l'institut, il voulait lui aussi voir ce qui avait longtemps été un mystère pour lui. La comédie se poursuivait. Lui, endossait le rôle de mon chef et moi, j'étais le minable pion qui obéit sans broncher. Enfin, plus pour longtemps. Après un bref salut militaire quelque peu comique de ma part, je remontai les quelques marches du perron qui menaient à l'entrée. Ernest me suivit tout en continuant de parler. je me rendis alors compte que j'avais trouvé un camarade à mon niveau pour des discussions interminables. Par ailleurs, le jeune homme me précisa que je risquai de couler littéralement dans un bain de question qu'il allait me lancer concernant l'institut. Un léger soupir m'échappa. la visite allait être longue et si on s'en sortait vivant tous les deux, cela serait un véritable miracle.

A vrai dire, il ne perdit pas de temps pour enchaîner sur la première interrogation du jour : ma nationalité. Et il m'avoua également comprendre ma langue maternelle. Chose qu'il n'avait pas fait avec Hopes. Je stoppai net dans ma montée et me retournai vers lui. Son clin d'oeil me montra qu'il n'avait pas peur de m'avouer certains trucs qu'il gardait cachés vis à vis de Daniel. Il voulait une avalanche de détails ? Il allait être servi.

"Moi ? Oui, je suis française. Je vivais à Nantes avant d'arriver ici. Je suis la seule mutante de ma famille... Du moins, au vue de leur réaction lorsque je leur ait dit que je risquai d'être renvoyé de mon lycée pour avoir propulsé un élève contre un mur... Donc j'ai préféré venir ici pour apprendre à me contrôler avant de décider d'envoyer tout le monde dans un mur. Mais bon, va pas croire que j'ai faussé compagnie à mes parents hein ? Ils étaient d'accord ! Je les appelle rarement mais je pense à eux quand même... Ils me manquent mais disons que j'ai réussi à me faire de bonne relations sur le continent américain qui m'évitent d'aller pleurnicher toutes les trois secondes."

Bon, ça c'était rien que pour lui dire que j'étais française. Je lui souris pour lui montrer que, niveau moulin à parole, on allait pouvoir se faire concurence. Bon, et maintenant, c'était à mon tour de lui poser des questions.

"Attend... Tu parles français et tu ne l'a pas dit à Daniel ? Et tout ça dans le but de l'espionner ? Mais c'est pas bien ! C'est carrément nul ! Bon, j'dirais rien mais je comprend pas pourquoi tu lui caches... Et où t'as appris cette langue toi ? En Suisse ?... Et t'as d'autres choses à cacher comme ça ? Et puis, pourquoi tu me dis tout ça à moi ? Tu me connais à peine ! J'pourrais très bien être la fayotte de service qui balance tout aux profs !"

Ernest avait été maladroit, mais ses paroles peu judicieuses venaient de lui permettre d’apprendre beaucoup en peu de temps. Il se sentit à la fois plus proche et plus éloigné d’Enora. La façon dont la demoiselle avait parlé de ses parents le toucha. Il trouvait que c’était bien de vouloir garder contact malgré les tentions. Lui-même avait coupé les ponts. Bien sûr, sa situation était particulière, pas suffisamment cependant pour qu’il ne puisse établir un parallèle. Ensuite, il se rendit compte qu’il ne pouvait pas tout dire à Enora, que certaine choses devaient rester dans l’ombre. Et ce fut là qu’il réalisa, à sa propre surprise, la plaine implication de ce qu’il venait de dire. Il avouait ni plus ni mois à une quasi-inconnue qu’il aimait espionner une personne pour qui il avait pourtant beaucoup d’affection. Mais ce n’était pas ça le pire. Le pire était qu’il trouvait cela naturel.

Ernest voulait se faire appeler Vermine car il s’était créer un personnage imaginaire portant ce nom. Ce personnage de Vermine, si au départ oscillait entre le bienveillant héros et l’immonde crapule, s’était peu à peu complètement assimilé au second des penchants. Et Vermine était pour Ernest un idéal. En d’autres termes, Ernest trouvait qu’être une immonde crapule était génial. Il était encore jeune. Aussi intelligent soit-il, il restait immature sur certain point. De plus, l’adolescence lui apportait cet esprit contestataire si difficile à supporter. Enfin, il avait de la déception en lui, de la colère né de ses mésaventures. Tout cela le poussait vers ce sombre model. Jusqu’à présent, Ernest se trouvait trop « Ernest », c'est-à-dire trop celui qu’il avait été, trop sage, trop timide, trop sympa… En cet instant précis, il se rendit compte qu’il était bien plus « Vermine » qu’il ne le croyait. Il en éprouva un sentiment où se mêlait fierté et gêne. Il eut un sourire embarrassé et répondit comme pour s’excuser.

-Heu… je dis espionner, mais c’est un bien grand mot. En fait, monsieur Hopes ne m’a jamais parlé français. Si je ne lui ai jamais dis, c’est que l’occasion ne s’est jamais présentée. Et puis, j’aime bien avoir des secrets. J’sais pas, ça me donne l’impression d’être important. Enfin, c’est sans doute stupide.

Point de mensonge dans ce repenti, juste un peu d’exagération. Mais bien malin celui qui aurait put le déceler. Et puis ne niellons pas la part tout de même conséquente de sincérité. Il ne faut pas tomber dans la caricature, Ernest s’en voulait… un peu… Il poursuivit.

-L’allemand est ma lange paternelle, l’anglais est ma langue maternelle et le français, je l’ai appris à l’école. Ma famille…

Vermine se stoppa. Il avait l’impression de trop en dire. A vouloir se rattraper, il se dévoilait. Non, il n’allait pas avouer un crime, loin de là, juste efflorer ses regrets familiaux, une blessure qui n’était pas prête de se refermer. Mais après tout, pourquoi s’arrêter ? Enora savait déjà comment il s’appelait. Il était même très probable qu’elle ait déjà deviné être en présence d’un fils de milliardaire. Rappelons-le, la famille Lenoir représentait l’une des plus grandes fortunes au monde, rien que ça. Et à ce titre, ils étaient évidement célèbre. Ajoutons à cela le conglomérat Lenoir, puissant empire commercial. Enfin, et surtout, la disparition d’Ernest Lenoir avait fait la une des médiats pendants plusieurs jours. Il était pratiquement impossible de ne pas être au courent. Mais peut-être la jeune femme avait-elle oublié. Même dans ce cas, il était impensable que l’hybride puisse conserver longtemps se secret de polichinelle. Alors, il se décida à continuer et se promit juste d’être bref. Mais pourquoi diable voulait-il continuer ? Etait-ce vraiment nécessaire ?

-…ma famille est versée dans le commerce. C’est important pour eux de parler plusieurs langues. Je devais prendre la succession…

Mais il avait fuit à l’occasion de sa mutation et n’avait pas voulu revenir. Certes, sa mère l’avait rejeté. Dans une interview donnée au Times, madame Lenoir avait déclaré sa haine envers les mutants. Mais le père d’Ernest le cherchait. Il remuait ciel et terre pour le retrouver. Et lui continuait de se cacher… et lui voulait devenir une petite terreur. Il était indigne de réapparaitre face à son géniteur. Ça l’arrangeait bien. Il ne voulait plus de ses responsabilités écrasantes.

-…ho et puis j’sais pas pourquoi j’raconte tout ça. L’émotion d’être ici sans doute. Parles-moi de l’Institut, du règlement. Y’a des horaires fixées, pour se réveiller ou manger par exemple ? Comment ça se passe ? Tu sais, j’ai plus vraiment l’habitude de vivre avec les autres. Ça me fait un peu peur.

Je souris. Ernest s'était rendu compte de la "faute" qu'il avait comis. ça n'avait pas été non plus très intelligent de la part d'accueillir le jeune garçon en lui faisait une petite taquinerie sur ce sujet. Malgré les apparences, j'avais l'impression qu'il était assez anxieu. Je m'empressai de rattraper ma petite blague.

"T'inquietes pas. Je ne dirais rien à Daniel. Et ne t'en fais pas, moi aussi j'ai eu besoin de me confier à quelqu'un le jour de mon arrivée ici..."

Un nouveau sourire compatissant apparut sur mes lèvres. puis, je l'ecoutai me parler de lui. Je fus assez impressionnée devant la quantité de langues que le jeune homme connaissait. Il avait eu la chance de naitre bilingue. Le rêve de n'importe quel enfant arrivant dans l'enseignement secondaire et se rendant compte que cet avantage peut se montrer bien pratique. Et il avait ensuite appris une troisième langue. Moi qui n'en parlais que 2 voir 1 et demi, je fus tout simplement scotchée.

Il aborda ensuite le sujet de sa famille. Je sentais une certaine réticence dans ses paroles. Il hésitait et de montrait désormais méfiant. Cela m'amusait un peu. Puis, il m'avoua alors que ses parents étaient responsables d'un important empire financier et qu'il aurait du en reprendre la succession. Mon temps de réaction se fit en trois phase. Premièrement, la surprise. Jamais je ne me serais attendu à entendre quelque chose comme cela. J'avais devant moins un jeune garcon héritier d'une fortune colossale. Immense. Sans fin. J'etais littéralement scotchée. Deuxiemement, j'eus un tilt. Je me souvenais en effet de la disparition mediatisee d'un jeune héritier. Mais jamais je n'aurais imaginé le rencontrer un jour pour la simple bonne raison que tout le monde le croyais mort. Enfin, une sorte de compréhension m'envahit : il avait préféré fuir sa maison plutôt que d'affronter le problème avec sa famille voir même affronter sa famille. Je lui souris timidement.

"Eh bien, tu as certainement eut deux fois plus de courage que n'importe qui ici... T'es presque un super héros dis donc..."

Puis, je tentai de reprendre simplement pour répondre a sa question.

"Alors, ici, tu vis un peu ta p'tite vie sauf que tu as les autres autour de toi pour te soutenir. Après niveau horraires, on a un couvre feu à respecter. Le reste, je pense que ça reste libre... Et ne t'inquiète pas trop, moi aussi à mon arrivée je n'avais jamais vécu en communauté. Bon, certes, je ne cherchais pas à me terrer je ne sais où mais bon..."

Un nouveau petit sourire en coin se dessina sur mon visage tandis que j'attendais sa réaction. Puis, nous prîmes la direction du perron et escaladâmes les dernières marches. Avec un sourire énigmatique, je lui lançai un nouveau regard avant d'ouvrir la porte. De concert, nous entrâmes dans le hall.

Je gardai le silence et laissai Ernest faire le tour de la pièce du regard. Puis, je me mis à avancer dans la grande salle. Je jetai un regard au jeune garçon, attendant qu'il me rejoigne. Quand cela fut fait, je lui fis visiter le bâtiment, choisissant de commencer par le dortoir des garçons pour lui montrer sa chambre. Ce fut donc après quelques escaliers que nous arrivâmes dans les couloirs bleus. J'y étais déjà venue une fois pour faire visiter la même chose à Andrew. Je procedais de la même manière avec Ernest, ouvrant la porte que Daniel m'avait indiqué avant d'aller chercher le jeune garcon.

"Bon, eh bah te voilà chez toi ! Cette pièce t'appartient et tu en fais un peu ce que tu veux. Tu peux la décorer et la réaménager à ton choix. 'Fin, c'est p't'etre un truc de fille ça... Bref, bienvenue chez les pas normaux côté gentil !"

Nouveau sourire sur mes lèvres. Je laissai le jeune homme entrer dans la pièce et découvrir de lui même son nouveau "chez lui".

Enora était une chic personne. Peut-être souriait-elle un peu trop souvent selon Ernest mais ce n’était qu’un détail. Elle sut modérer l’appréhension du garçon par ses explications. Visiblement, s’intégrer ne serait guère difficile. Le règlement devait laisser suffisamment de libertés pour ne pas avoir l’impression d’être à l’armée et surtout pour offrir un minimum d’Independence aux pensionnaires. Ce dernier point enthousiasma l’hybride. Vermine se contenta de répondre aux sourires par de nouveaux sourires qui, sur sa face bestiale, paraissait toujours emplis de malice, presque de sournoiserie. La remarque sur son courage, quand à elle, le fit rire.

-Tu trouve ? dit-il alors simplement.

Lui, un super héros ? Il était très loin d’être de cet avis. Il n’avait fait que fuir sa famille, ses responsabilités, voilà tout. Les héros ne fuyaient pas, ils faisaient face. Mais là encore, ce n’était qu’un détail et Ernest ne chercha pas à rester sur le sujet, bien au contraire.

Enfin arriva le moment d’entrer dans le bâtiment. Le regard curieux du préadolescent allait partout, remarquait tout, mémorisait tout. Avant tout, c’était la disposition du lieu qu’il fallait assimiler pour ne pas se perdre. Mais la décoration avait son impotence. L’ambiance était capitale. Ernest voulait aussi tout savoir, il l’avait dit. Toute fois, il retint sa myriade de questions. Demander sans interruption « et cette porte elle mène où ? », « et ce couloir, c’est pour où ? », « où est le bureau de monsieur Charles Xavier ? », « ils sont où les héros x-mens ? », « y’a un labo quelque part ? », « on peut s’entrainer où ? », « y’a une bibliothèque ? », « pourquoi les murs sont de cette couleur ? », « heu… j’vais avoir des cours comme à l’école ? »… risquait quelque peu de mettre à mal la bonne humeur de mademoiselle Lacourt. Après quelques escaliers, le fils Lenoir arriva dans sa chambre. Avide, il entra et la découvrit.

C’était une pièce de taille modeste. Elle possédait tout ce qu’il fallait. Nul doute, à comparé des égouts, ce serait le grand luxe. Par rapport à son ancienne chambre qu’il avait au manoir familial, ce serait spartiate. Voilà un juste milieu qui lui convenait à merveille.

-Pas mal, pas mal du tout, commenta-t-il.

Il alla tout d’abord ouvrir le placard pour observer la disposition des étagères. La plupart restait hors d’atteinte pour lui. Rappelons-le, Vermine mesurait moins d’un mètre.

-Il va me falloir un escabeau.

Il mit son sac plastique sur l’étagère la plus basse et referma le placard. Ensuite, il se tourna vers le lit. Un lit… des mois qu’il n’en avait pas eu un vrai. Il grimpa dessus pour vérifier la fermeté du matelas tout en prenant garde de ne pas salir la couverture avec ses pieds.

-Convenable…

Il revint sur le sol et se remit à évaluer la chambre du regard. Dans un coin, près d’une fenêtre, il y avait un beau et sa chaise.

-Je pourrais écrire et lire là-bas… ha, la lumière, comment ça marche…

Il y avait une lampe de chevet qu’il vérifia. Pour l’interrupteur général, il dut bondir pour le presser.

-Un escabeau et un tabouret, ce sera plus pratique…

Curieusement, en cet instant, Ernest ne ressemblait plus à un enfant mais bel et bien à un adulte pointilleux planifiant sa future et rigoureuse organisation. Il se tourna vers Enroa afin de poursuivre la visite.

-Et pour les toilettes, la salle de bain ?

HRP : Ernest peut s’être tant focalisé sur les meubles qu’il peut ne même pas avoir remarqué une porte. A toi de voir…

L'attitude de l'enfant rat me fit sourire - et oui, une fois de plus. en même temps, quiconque aurait réagit de la même manière devant un tel comportement. Les paroles de Daniel me revinrent alors à propos de la maturité du jeune garçon. Il m'avait en effet prévenu de la grandeur d'âme du raton qui était comparable à celle d'un adulte. Cependant, l'etrangeté demeurait dans le fait que, encore quelques secondes auparavant, il s'amusait à me faire croire qu'il était le commandant de l'US Army.

Ce fut donc avec une moue amusée que je l'observai faire l'inventaire, signalant les manques qu'il repérait pour quelqu'un comme lui. Il testa ensuite le lit avec lenteur. A dire vrai, il fit plus ou moins tout ce que je n'avais ou faire avec ma propre chambre la jour de mon arrivée pour cause de saccage monstrueux causé par un nain vert.

Lorsqu'il eut fini son inspection, il se contenta de me poser une unique question, ce qui m'etonna étant donné que je m'attendais à couler sous les interrogations du jeune homme. J'invitai donc Ernest à quitter la chambre pour me suivre dans le couloir. Un peu plus loin, j'ouvris une porte qui dévoila des sanitaires ainsi que des cabines de douche. Je le laissai entrer d'un simple "tout est là".

Il se reprit à une nouvelle inspection. Pour ma part, jugeant qu'il n'y avait pas grand chose d'exceptionnel à voir, je restai au dehors de la pièce, écoutant les nouveaux commentaires du jeune homme à propos du lieu nouveau qui s'offrait à lui. quand il fut de retour à l'extérieur, ce fut avec le sourire que je repris la parole avant lui.

"Alors, major, des questions immédiates ? Et sinon, quelle autre grande pièce désirez vous voir absolument ?"

Concernant les sanitaires et les douches, Ernest n’eut presque aucune remarque. Tout était évidement un peu trop grand pour lui mais il commençait à y être habitué et puis, ce n’était pas vraiment un problème.

-Ok… qu’elle idée de le percher si haut ? dit-il toute fois en fixant le pommeau de douche. Bon, j’vais devoir m’improviser alpiniste à chaque fois que je voudrais me laver.

Ou l’utiliser comme excuse pour ne pas me laver, songea-t-il en son fort intérieur. Peut après, il sortit. Enora lui demanda ce qu’il voulait visiter. Sa réponse fut sans équivoque.

-Le reste, tout le reste. Enfin, tout ce qui est utile de voir. Et dis-moi tout ce qui est utile de savoir aussi.

Avec le début de cette visite, l’institut lui paraissait tout de suite moins énigmatique. Le bâtiment n’avait en lui-même rien de vraiment particulier. La chambre était bien une chambre ; les WC étaient bien des WC… en même temps, pourquoi en aurait-il été autrement ? Son imagination, sans doute, réclamait quelque chose de plus spécial. Dans tout les cas, il fallait pleinement lever ce voile de brume entourant ce qui était à présent sa nouvelle maison. Son imaginaire trouverait bien vite un autre sujet de préoccupation. Vermine s’apprêta à suivre la demoiselle et commença à ne plus pouvoir retenir ses questions.

-Au fait, y’a une bibliothèque ici ? … Et si j’ai envie d’en savoir plus sur ma mutation, comment ça se passe ? … Et j’aurais des cours, comme à l’école ?

HRP : désolé, c’est un peu court…

L'avalanche de question commença à arriver d'abord en douceur. Je souris devant les interrogations de Vermine, répondant d'abord à chacune de ces questions mentalement pour être sûre de ne rien oublier. Puis, avançant un peu dans le couloir, je commençai ma réponse sur un ton serieux.

"Alors, pour commencer, oui, il y a une bibliothèque ici. Je t'y emmène de ce pas si tu veux. Ensuite, pour répondre aux autres de tes questions, je dirais que, concernant les questions sur ta mutation, tu devrais peut être trouver quelques réponses dans la bibli ou sinon, les plus qualifiés sont certainement les professeurs... Il y en a d'ailleurs un qui est capable d'évaluer nos capacités... Peut être qu'il pourrait t'aider plus que les autres... Quant aux cours "comme à l'école", oui, tu en auras !"

J'esperai avoir été claire dans mes réponses et qu'elles avaient été à la hauteur des attentes d'Ernest. Après tout, j'n'avais jamais été très douée pour prendre la parole devant quiconque. C'était ce qui m'avait le plus effrayé dans l'avenir que me destinait Daniel et que j'avais accepté. Peut être qu'avec l'âge, je m'en sortirais mieux... L'expérience et l'avenir me le dirait et Daniel m'avait promis de m'accompagner dans cette histoire de fous.

Nous débouchâmes sur une porte en bois. Je lançai un petit regard à Vermine et ouvrit la porte, lui revelant des étagères en masse. La quantité de livres que contenait ce lieu était incroyable pour la taille de la pièce. Je laissai les yeux de l'enfant s'emerveiller devant ce spectacle. Je ne voulais pas lui gâcher cet instant même si je ne pus m'empêcher de lui sortir quelques petits commetaires tels que "les manuels scolaires sont par là" ou "là, tu as des romans classés selon leur origine et par ordre alphabétique". Puis, avec un air amusé, je lui demandai de me suivre hors de la pièce. Je l'emmenai ailleurs, dans une autre salle.
Celle où l'on venait pour retrouver une sérénité parfaite.

"Ca, c'est la salle de détente. On aime bien venir ici quand on a du temps libre. C'est une pièce à ne pas oublier. Des questions ?"

La salle de détente, c’était pas mal, mais pas aussi bien que la bibliothèque ! Ce lieu avait enthousiasmé le garçon à un point tel qu’il eut du mal à le cacher. Tant de livres à sa disposition ! Tant d’histoires à découvrir ! Tant de choses à apprendre ! Son regard avait embrassé les innombrables étagères comme s’il dévorait des yeux un succulent gâteau. Ho oui, ce lieu deviendrait à coup sûr son sanctuaire. A ce titre, peut-être finirait-on par l’appeler « le rat de bibliothèque ». Cela ne serait pas pour lui déplaire.

-Pas mal… pas mal… conclut Ernest en finissant d’observer la salle de détente.

Il se tourna vers Enora et reprit.

-Alors comme ça, je vais avoir des cours. Des cours de quoi ? Combien d’heures par semaine ? Et ça se passera où ?

Voilà qui déterminait la prochaine destination. Ce retour à « l’école » n’enchantait pas spécialement l’enfant. Il avait certes de grosses facilités dans les études mais ce n’était pas pour autant qu’il les aimait. Il espérait au moins que la nature de l’enseignement donné à l’Institut était particulière. Un instant, une idée saugrenue lui traversa l’esprit. Il s’imagina en plain cours d’héroïsme. Le professeur, vêtu d’un costume à cape aux couleurs criardes était debout sur son bureau et mimait quelqu’un en train de voler. « Alors, donc, quand vous arrivez à proximité du vilain méchant, n’oubliez surtout pas de lancer fièrement votre réplique fatidique ! Ce slogan ravageur est votre première arme, ne la négligez pas ! Bon, sortez tous une feuille. Exercice du jour : trouver votre réplique personnelle. Elle doit être unique et avoir du caractère, votre caractère ! » Vermine, quelque peu dépassé par ce rêve éveillé, eut un petit rire discret. Il secoua la tête et revint à la réalité.

-Heu… Enora, juste comme ça… y’a des cours… disons pour savoir se battre ? Je sais pas moi, une option, un atelier baston, une initiation X-men ?

HRP : n’hésites plus à présent à recourir à des ellipses pour accélérer la visite. Ce n’est pas une obligation bien sûr, à toi de voir.

Une nouvelle fois, l'enfant-rat me fit sourire. Je le sentais débordant de question et j'avais l'impression qu'il mesurait un temps de répit pour moi entre chacune d'entres elles ce qui donnait à la conversation un ton amusant. J'attendais donc patiemment qu'il les formule de lui même, ce qu'il ne tarda pas à faire. L'école, les cours... Je commençai à me demander depuis quand il n'avait pas mit les pieds dans un lieu public mais ce serait manquer de tact de ma part de le lui demander. Je réfléchis quelques petites secondes avant de reprendre.

"Eh bien... Disons que l'éducation ne doit pas être abandonnée parce que nous sommes mutants donc, oui, tu auras des cours "normaux", comme à l'école. Je ne peux pas être précise en matière d'emploi du temps parce que c'est adapté en fonction de nous. Notre niveau et tout. Quant au lieu où ça se passera... Suis moi"

Et hop ! Comment poursuivre notre visite avec tranquilité et habileté. Je l'emmenait maintenant vers les salles de classes et je pris la peine d'ouvrir la porte d'une d'entre elles. Bureaux et chaises étaient alignés de façon parfaite. Ca pouvait faire peur en réalité, une telle perfection. Mais je laissai Vermine en juger par lui même tout en répondant aux questions qui étaient restées sans réponses.

"Je me contenterais de te dire qu'on à pas de cours de sport mais... autre chose à la place. Si je te balançai tout maintenant, ça n'aurait plus rien de surprenant la première fois que tu y auras droit... Mais... On peut dire que tu sais déjà à quoi t'attendre vu la tournure de tes questions..."

Un nouveau sourire se dessina sur mes lèvres tandis que mon regard pétillait de malice. Oui, je devais faire visiter les lieux à Ernest mais il fallait garder une part de surprise. Je pensais là aux sous sols où j'avais eu le privilège d'aller une fois dans le passé. Je lui fit signe de sortir pour poursuivre la visite du batiment.

Environ trois quarts d'heure plus tard, nous étions de retour devant sa chambre. Après avoir fait quelques détours pour voir la cuisine, la salle à manger, le bureau de Daniel, celui de Charles Xavier qui était momentanément fermé et toutes sortes de pièces diverses et variées, je pris une profonde respiration. Non, je n'étais pas fatiguée, juste soulagée d'avoir mené à bien ma mission. Je reposai mon regard sur Ernest, cherchant dans ses yeux de nouvelles interrogations. Puis, détournant les yeux, je rouvris la porte de sa chambre.

"Bon... Je crois bien qu'on a fait le tour... Tu as encore des questions par paquets de 10 ? Profites en, je suis pas trop pressée là... Tu comptes faire quoi là, sinon...?"

Je lui souris de nouveau. En ce qui me concernait, j'aurais bien été dfaire un tour dans la piscine mais étant donné que je devais veiller sur Ernest, j'irais où qu'il aille...

Et bien, cette visite avait été des plus instructives. A présent, l’Institut était devenu un lieu moins énigmatique pour Ernest. Cet endroit s’avérait bien plus commun que ce qu’il avait imaginé. C’était un peu prévisible. Bien sur, il demeurait un peu de mystère, Enora y avait prit soin et c’était une bonne initiative. Vermine, à maintes reprises, avait essayé de la faire parler sur le sujet qu’elle évitait. C’était la preuve qu’il s’y intéressait beaucoup et même maintenant, son esprit ne cessait de dresser d’innombrables hypothèses. Mais il les gardait pour lui. Assis sur son lit, son regard vagabonda du côté de la fenêtre. Au dehors, il faisait un temps radieux. Le soleil d’été baignait le parc d’une chaude lumière, le rendait particulièrement attirant. Quel cadre agréable ! Quelle différence avec les égouts !

-Ça va me faire bizarre de retourner en classe… fit-il, distraitement. Ça fait des mois que j’ai pas mis les pieds dans une école. En fait, ça fait depuis que j’ai muté. Il répondait sans le vouloir à la question que n’avait osé poser mademoiselle Lacourt. Mais bon, j’ai sauté deux classes. J’ai encore de l’avance par rapport à mon âge, je pense.

Il eut un fin sourire. Mine de rien, il essayait de se mettre en valeur. Il était surdoué et il fallait que cela se sache. Il refit face à Enora.

-Ben… non, j’ai pas d’autre question. J’en ai posé pas mal déjà, non ?

La jeune femme pouvait être fière d’elle car il était indéniable qu’elle venait de s’acquitter avec brio de la mission que lui avait confié le professeur Hopes.

-A moins, bien sûr, que tu te décides enfin à me dire à quoi consistent les cours X-mens, ajouta l’hybride avec un clin d’œil malicieux.

Ernest se leva. Il ne savait pas trop quoi faire à présent. Il avait si peu emporté avec lui que le temps de rangement serait insignifiant. De plus, l’Institut l’intimidait encore ; ce nouveau départ dans la vie le troublait… Il ne se sentait pas de taille à rester seul.

-Maintenant, on fait c’que tu veux. Enfin, si tu veux rester avec moi bien sûr, conclut-il.

HRP : la visite est terminée. Je te laisse conclure le topic.

Lorsque je vis Ernest observait l'extérieur depuis son lit, je me demandai s'il parviendrais àa se faire à ce nouvel environnement. Finalement, il était solitaire depuis tellement longtemps que ça devait être comme ouvrir les yeux pour la première fois lorsque l'on revenait vivre parmis ses semblables. J'espérais qu'il s'adapte correctement. Pour cela, je comptai bien obéir à Hopes et ne pas le quitter d'une semelle. Puis, observant cet horizon ensoleillé, il répondit inconsciemment à la question que je me posais. Je souris alors, les yeux pétillants. Ernest n'imaginait pas qu'il avait en commun avec moi ce niveau scolaire. En toute logique, j'aurais du passer mon BAC en France cette année mais j'avais décidé de remettre cela à l'année suivante, ne perdant aucune année puisque j'avais une année d'avance.

"Eh bah Einstein, va falloir s'y remettre ! Mais t'inquiètes pas, c'est comme le vélo, ça ne s'oublit pas ! On fait tous un "break" à un moment ou un autre... Après, reste à savoir si l'on a la chance d'être surdoué !"

Je souris en coin tandis qu'il semblait s'amuser de cette remarque. Puis, me refaisant face, il répondit à ma première interrogation. Je réfléchis quelques secondes puis, avec le sourire, je repris :

"Oui, je crois que niveau question, tu me surpasses... Je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi curieux. En tout cas, ça fait toujours plaisir de parler avec toi et, si tu as le moindre soucis, je pense que tu pourras venir me demander de l'aide... Et, non, les cours Xmen resteront "Top secret" jusqu'à ce que tu y ait droit. Ca perdrait tout son... charme, sinon."

Je ris un peu après cette réponse. Oui, si je disais à Vermine ce qui l'attendait, ça ne serait plus drôle... Mieux vallait lui faire découvrir la chose par lui même. Il se leva et semblait tourner autour du pot. Finalement, il déroula sa langue, m'avouant que les commandes étaient désormais entre mes mains. Ouai, vallait mieux arrêter le char tout de suite pour pas foncer dans le mur avec moi... Mais, l'idée d'aller me baigner s'intensifia alors, je la partageai.

"Eh bien, Au vu de ce superbe soleil et de cette chaleur, on va sortir déjà. Après, j'irais bien faire une petite baignade dans la piscine ! Rien ne t'oblige à te baigner, je veux pas te mettre mal à l'aise. Mais tu pourras toujours rester sur le bord pour faire bronzette !"

Un nouveau sourire et je ne lui laissai pas le temps de lui répondre. je tournai les tâlons, lui donnant rendez-vous en bas dans 5 minutes. L'après midi allait être splendide, c'était certain.

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