Appel à l'aide et besoin d'une boussole [pv Zuzu]

Je courrai. À dire vrai, j'avais courru à travers tout New York devant l'urgene de la situation. Ma tenue en avait étonné plus d'un. Certes, ce n'était pas le genre de tenue qu'on croisait à chaque coin de rue. Les cheveux encore mouillés par le bain improvisé que j'avais du prendre dans les égouts, le TShirt déchiré à deux endroits et surtout, les deux minces filets de sang s'ecoulant de mon bras et de mon poignet. Sans compter biensur mon air paniqué et effrayé. Courrir sans s'arrêter pour rejoindre l'institut. Prévenir quelqu'un car l'urgence était grande. Ernest était en danger, quelque part. Moi, je devais encore être entre l'état de choc et celui qui m'avait plongé dans le noir. Courrir. Sans s'arrêter.

L'institut entra dans mon champ de vision qui se troublait. Sûrement à cause de l'effort ou de l'émotion. Tout était un peu trouble à tel point que je n'aurais su dicerner le vrai du faux. Je m'appuyai quelques instants contre le portail, reprenant mon souffle. J'aurais du rentrer en hyper ventilation depuis un moment mais non. Aucun signe de ce coté là... A moins que mon trouble n'ait cela pour source. Je repris ma course, le sang battant à mes tempes. J'avais cessé de courrir, pour le moment seulement. Je ne m'étais même pas rendue compte des larmes qui glissaient le long de mes joues. Trop d'émotions m'envahissaient et j'avais besoin de confier tout cela, ce véritable océan déchaîné à quelqu'un qui pourrait m'aider. Et je ne voyais qu'imune personne capable de cela.

Je poussai la porte me conduisant dans le hall. Mes appels au secours n'eurent réponse que leurs échos. Je me précipitai dans le couloir adjacent, sachant où il menait. Je croisai quelques élèves qui m'observèrent avec des yeux ronds. Ma course ne se terminerait que lorsque j'ouvrirais la bonne porte. Cette porte, elle était désormais dans mon champ de vision. Close. Je me mordis la lèvre inférieure et l'ouvris à la volée.

Daniel Hopes était assis derrière son bureau. Je soupirai légèrement de joie. Il n'aurait pu imaginer lui même le bien que sa vision me fit. Il pouvait tout aussi bien y avoir quelqu'un d'autre dans le bureau, je ne l'aurais pas vu. Je pris une longue bouffée d'air et me lançai dans une phrase sans sens certain.

"Professeur Hopes !... Ernest... Les égouts... Enlevé... Un mutant... On s'est battu... Ils ont disparus !"

Oui, j'étais reellement déboussolée. Les larmes glissaient toujours sur mes joues, ne sachant pourquoi elles tombaient...

Darla écoutait patiemment, son ordinateur portable sur les genoux et transposait par la pensée ce que le Professeur Hopes lui dictait.

...concernant votre demande, les fichiers ne sauraient vous être communiqués et celà même si la demande émane du ministère dépendant du BAM. Il a toujours été stimulé dans nos relations une clause de confidentialité concernant ce sujet, clause qu'il faut considérer comme une protection dont jouissent les membres de notre Institut plutôt que comme un réel désir de "secret". Nous n'ignorons pas l'aspect plénipotentiaire de votre organisme mais..

La porte s'ouvrit brusquement interrompant Hopes dans le cheminement de sa pensée et forçant Darla à lever les yeux de son écran. Enora se trouvait devant eux et son comportement était en proie à la panique, elle ne semblait ne voir que Daniel et les mots saccadés montraient l'urgence de la situation.
L'expression sur le visage de Daniel se figea passant de l'étonnement à l'inquiétude. Il ne s'agissait pas de n'importe qui, c'était d'Enora dont il s'agissait et les liens qui les liaient étaient profonds.
Elle eut à peine terminé ses mots que le champs de distorsion temporel se déploya en une onde concentrique figeant tout les protagonistes sur place excepté le Time tricker.

Il se leva rapidement de son bureau dans son temps figé et alla au devant de la jeune fille.
Le plus urgent, la lutte pour la survie, s'assurer de la gravité des blessures.

Marques multiples, une lame. Il s'agissait d'un fin escrimeur vu les impacts et la porté. Plus grand, plus fort.
Probablement un homme et certainement un adulte.
D'autres traces de coups, désordonnés, imprécis.
Sans doute pas la même personne.
Deux assaillants ? L'un expert qui n'avait pas la volonté de tuer mais qui aurait pu. L'autre frappant de manières convulsives.
Rien de mortel, elle avait eu une chance incroyable.

Cet odeur.
Les égouts et pas n'importe lesquels, une odeur caractéristique d'une usine de pétrochimie non loin du repère de Vermine. Il y été resté assez longtemps pour se souvenir de l'odeur lorsque l'enfant rat l'avait soigné de ses blessures.
Daniel passa sa main sur le visage figé d'Enora afin d'en essuyer quelques larmes, son regard était douloureux et perplexe.
Il s'éloigna d'elle et prit le temps de la réflexion.
Combien de temps pour venir à pied depuis le repère du Rat ?
Trop.
"Ils ont disparus..." implique que la bataille est perdue.
Il faudra y retourner, mais pas seul...avec tous les moyens nécessaires.

Rapidement il ôta sa veste et la mit sur son bureau puis se déplaça vers une armoire d'où il sortit une petite mallette de soin.
Soigner une personne figée était bien plus pratique qu'une personne éveillée ! Elle contestait moins et le travail se faisait plus rapidement.
Avec délicatesse et à l'aide d'un œil professionnel il débarrassa la jeune fille des lambeaux de son t-shirt et s'appliqua à lui nettoyer les plaies avec patience.
Ne trouvant pas de serviettes pour essuyer le sang, il se servit de sa chemise qu'il déchira sans remord préférant rester en maillot de corps. Il se servit ensuite des bandes stériles de la boite pour faire les pansements provisoires. Une fois cette opération terminée, il la couvrit de sa veste de costume qu'il rebouta afin qu'elle ne soit pas déroutée de se retrouver en soutient gorge devant l'assistance.
Hopes boutonna la veste et se retourna vers Darla.
Il résorba le champ de distorsion, le temps retrouvant sa place.


Darla...allez me chercher un autre costume , vous serez un ange, mes clés sont sur le bureau..quelque chose de pratique, nous sortons.

La secrétaire cligna des yeux un instant , visiblement légèrement déstabilisée par le paradoxe de situation qu'elle vivait, Enora et Hopes ayant changé de tenues et le professeur de place en moins d'une seconde. Puis avec sa froideur habituelle, elle acquiesça et s'empara des clés.

Le regard du professeur se reporta sur sa protégée qui devait être encore plus déboussolée que Darla Stinger.
Il se baissa pour être à son niveau et lui posa une main sur l'épaule en plongeant son regard dans le sien.

C'est bon, ma puce, on se calme. Tu es en sureté ici...première règle, tu gardes la tête froide et tu reprends ton souffle, prend le temps qu'il faut. On ne fait rien de bon sous l'emprise de la panique..
Tu vas me dires ensuite les éléments qu'il me manque.
Es tu sur de l'avoir vu emmener Ernest ? Ne lui a t-il pas échappé ? Il n'y a que ca qui compte pour l'instant. Qui était votre assaillant ? Son pouvoir ? a quoi il ressemblait ? Qu'a t-il dit ?

Déboussolée. Totalement perdue. Tout semblait irrationnel. Il n'y a as une seconde, j'entrai dans le bureau de Daniel dans un état lamentable. Maintenant, je semblais etre en meilleur état et je portai la veste du professeur. Lui semblait avoir également abandonné sa chemise et le bout de tissu dépassant de la manche un peu grande à mon poignet m'indiqua qu'il l'avait sacrifiée. Il donna alors des recommandations à s secrétaire. Je m'etonnai de ne pas l'avoir vue auparavant. Quoique, vu mon état de panique, plus rien ne m'etonnait. J'observai avec étrangeté ces nouveaux vetements. Mon expression devait être on ne peut plus risible.

Une main se posa sur mon épaule. Je sursautai légèrement avant de me rendre compte qu'il s'agissait de mon professeur. Mes yeux verts se posèrent dans son regard bleu, si doux, si proche, si réconfortant. Je tentai de me calmer tandis qu'il me répétait que j'etais en sécurité. Ne pas céder à la panique. Cette phrase fit mouche dans mon esprit car c'était exactement ce à quoi j'avais pensé dans les égouts, quand Vermine m'avait demandé si j'avais un plan. Je tentai donc de penser normalement comme tout être censé et doté d'esprit devait le faire. Replonger dans l'enfer que j'avais vécu dans cet endroit sale m'était difficile. Au fond de moi, je tentai de refouler ces événements récents. Mais pour Daniel, et surtout pour Ernest, je devais replonger dans cet univers nauséeux.

"Eh bien... Je n'ai pas de preuves qu'il ait été enlevé mais s'il s'en était sorti, il serait venu ici ou aurait répondu à mes appels... Et l'autre avait disparu... Ce mutant, il s'appelle "The Host". Il ne voulait que Ernest. Il peut téléporteret il s'est transformé mais ça, je crois que ça a été causé par la morsure qu'Ernest lui a infligé. Je ne me souviens plus de ce qu'il a dit exactement. Mais il nous attendait. "

Daniel ne décrocha pas son regard grave dont la couleur bleue des iris semblait s'assombrir au fur et à mesure que sa protégée développait son discours, des deux émeraudes vibrantes d'Enora.
Lorsqu'elle eu terminé, il soupira d'un air las comme s'il comprenait toute la portée et conséquences que la mésaventure venait d'entrainer sur les événements à venir.
Une moue de contrariété naquit sur ses lèvres trahissant sans doutes une intense réflexion sur ce qui devait être fait où sur ce qui devait être dit.
Puis il secoua la tête lentement en murmurant en français pour qu'elle comprenne la moindre des intonations.

Qu'est ce qui t'est passé par la tête bon sang ? Je t'avais dis qu'Ernest était en danger et que c'était un petit manipulateur en puissance. Tu aurais du m'avertir que vous sortiez. Je n'en dirai pas plus mais tu ne couperas pas à une explication la dessus, Mademoiselle Lacourt. Tu as été imprudente, effroyablement imprudente. Si je ne te considérais pas comme ma propre fille, je t'assure que tes futurs enfants auraient encore mal aux oreilles tellement tu m'aurais entendu hurler.

Il l'attira a elle pour la serrer dans ses bras tout en continuant de lui parler.

C'est passé près, j'espère que tu t'en rends comptes. Plus jamais tu me fais une frayeur comme ca, petite idiote ! On va récupérer Ernest, je te le promets, on va le récupérer tous les deux et cette fois ci, tu me suis comme mon ombre. Vous m'êtes si chers tous les deux, vous êtes ma famille, il n'est pas question qu'il vous arrive quoi que ce soit.

Il se sépara d'elle et avec douceur lui déposa un baiser sur le front avant de lui sourire avec douceur puis se redressa avant d'approcher du bureau où il décrocha son téléphone composant un numéro.

Jarvis ? Hopes.
Oui...bien...non, écoutez je n'ai pas le temps pour ca, nous parlerons de Jenny plus tard si vous le permettez...C'est au sujet de Lenoir, nous l'avons perdu...bien...oui le plan 43..toutes...c'est une priorité absolue...Tout ce que vous trouverez sur un mutant utilisant le pseudo de The Host..pouvoir de téléportation et peut être un xénomorphe...il me faut tout cela le plus rapidement possible. Ok...je reste joignable.
Merci Jarvis.

Il raccrocha alors que Darla rentrait dans la pièce apportant un costume gris et un long coupe vent noir.

Ca sera parfait Darla, pouvez vous me joindre le plus vite possible Monsieur Strold. Morgan Strold ?

Il s'éloigna du bureau et dans une armoire, il sortit une mallette recouverte de cuir noir qu'il ouvrit sur le bureau.
A l'intérieur rangées sur un étuis en mousse deux longs couteaux effilés à la manière de scramasaxe saxon. Les lames de Ghinzu.
Il croisa le regard de Darla qui imperceptiblement pinça les lèvres et déposa ses vêtements sur le bureau.

Vous sortez Daniel ?

L'utilisation du prénom du Time tricker trahissait une inquiétude certaine dans la phrase de la secrétaire.

Oui...et croyez moi, il ne fera pas bon se trouver sur ma route.
Appelez Strold, Darla.

Elle s'éclipsa tendit que Daniel enfilait sa chemise.

On va passer par ta chambre pour que tu te changes...des questions ?

La situation m'échappait totalement. Daniel me réprimanda avec justesse. Il avait raison : qu'est ce qu'il m'etait passé par la tête ? Je soupçonnais Ernest d'avoir usé de sa persuasion pour que je nous laisse nous embarquer dans cette folle aventure. Certes, rien de tout cela n'aurait du se produire. Mais tout avait été réel. Je m'attendais à plus de réprimandes. Quand mon professeur avait commencé à me parler français, je savais que j'allais passer un sale quart d'heure. Cependant, là encore, il me semblait que je perdais les pédales.

Daniel me prit dans ses bras. Une étreinte douce et franche, un pur geste paternel. Au début, je ne savais trop comment réagir. Puis, je me laissai glisser dans cet élan de tendresse. Agrippant son maillot de corps avec mes doigts, je me blottis contre lui, fermant les yeux avec douceur, telle une fille dans les bras de son père. Mon père biologique n'aurait su faire mieux que ce père mutant que je m'étais crée. La dernière étreinte comparable remontait à mon départ pour les States. Celle-ci fut differente. Elle manqua de m'arracher quelques larmes devant le manque de tendresse que j'avais éprouvé depuis mon arrivée. Durant ce temps, mon nouveau père m'avoua que j'avais eu de la chance. J'en avais conscience, c'était pour cela que je souhaitait le voir lui et pas un autre professeur. Il ajouta que nous allions aller chercher Vermine, le sauver des griffes qui l'avaient attrapé... Puis, cet instant s'arrêta.

Daniel me relâcha et je fis de même. Dans un dernier élan d'affection, il m'embrassa le front. Peu à peu, j'y revoyais plus clair. La panique s'était dissipée et je ne tremblais presque plus. Hopes prit son téléphone et appela un certain "Jarvis" qui voulait lui parler d'une certaine "Jenny". Au lieu de cela, Daniel lui donna les informations que je lui avais donné sur The Host et lui ordonna de faire des recherches. Au moment où il raccrochait, la porte s'ouvrit de nouveau et Darla Stinger entra pour donner au professeur un costume impeccable. Il la remercia et lui demanda de joindre Morgan Strold. Ce nom là, je le connaissais, même si pour moi, c'était plus "Paladin". Puis, se dirigeant vers un armoire, il sortit une malette qu'il ouvrit, dévoilant des lames acérées. Mes yeux s'arrondirent et j'eus un léger mouvement de recul. L'assistante parut aussi appeurée mais dans le sens où elle avait l'air soucieuse. A la question qu'elle posa, Daniel répondit par une affirmation qui me glaça le sang. Il était effrayant à cet instant et j'en vins à me demander comment il avait pu finir blessé.

Tandis qu'il enfilait sa chemise, il me signala que nous allions faire un détour par ma chambre. En jetant un coup d'oeil à ma tenue vestimentaire, j'acquiesai. Puis, il me demanda si j'avais des questions. Je réfléchis quelques instant et hochai la tête en signe de dénégation. Mais, rapidement, je me mordis la lèvre inférieure.

"Professeur... Vous n'avez pas peur de vous reblesser...? Après tout, votre blessure est encore assez récente et je ne voudrais pas que... Par ma faute... Je sais qu'il faut sauver Ernest mais je m'en voudrais s'il vous arrivait quelque chose... Je me sens déjà coupable de la disparition de Vermine..."

Je ne pouvais en dire plus. Imaginer Daniel blessé et moi impuissante me donnait envie de pleurer et ravivait mes larmes que j'empressai d'essuyer d'un revers de main. Comme il l'avait dit lui même, il était ma famille ici. Et perdre un membre de sa famille, c'est comme perdre une partie de soi. Alors, soit, je serais son ombre maintenant. Ça serait à moi de couvrir ses arrières. Serais-je à la hauteur ? Je préférais m'en persuader. Puis, une autre interrogation me vint à l'esprit.

"Pourquoi demander l'aide du professeur Strold ? Et qui est ce "Jarvis" ?"

Oui. La curiosité est un vilain défaut. Et même dans les situations desesperees, j'arrivai encore à le mettre à profit.

Daniel ne desserrait pas les dents, terminant de boutonner sa chemise, il ruminait, fulminait d'une colère sourde et difficile à canaliser. Il était furieux en effet, non pas envers sa chère Enora, furieux envers lui même. Car c'est bien là une des causes de tout ce trouble : jamais il n'aurait du lâcher Ernest ici, il avait commis une erreur de taille et à présent il s'en rendait compte. A présent, tout ce qui comptait c'était de le retrouver et ca prendrait le temps qu'il faudrait mais il le ramerait ici, sain et sauf et si par malheur on lui avait fait le moindre mal, le professeur n'aurait aucune hésitation à démolir celui qui était responsable de tout cela.

"Professeur... Vous n'avez pas peur de vous reblesser...? Après tout, votre blessure est encore assez récente et je ne voudrais pas que... Par ma faute... Je sais qu'il faut sauver Ernest mais je m'en voudrais s'il vous arrivait quelque chose... Je me sens déjà coupable de la disparition de Vermine..."

Il enfila son double holster et d'un geste hallucinant de dextérité pour quelqu'un n'ayant jamais vu le Time tricker combattre, il fit tournoyer les lames dans ses mains comme des révolvers pour les rengainer dans le fourreau des Holster de cuir avant d'attraper sa veste. Il s'approcha de nouveau de la jeune fille avec toujours cet air inhabituel et extrêmement concentré et sérieux, puis lui ébouriffa d'un geste de tendresse les cheveux.


Enora, laisse moi libre de juger ce que je suis capable de faire ou pas dans mon état , ce n'est pas à l'ordre du jour. Et s'il te plait, cesse de parler de culpabilité, il n'y a qu'un fautif ici et c'est moi. J'ai cru naïvement qu'il suffisait de mettre à l'abri Ernest pour que ses problèmes trouvent une solution. Il fallait régler le problème à la source. j'ai choisi la solution de facilité pour moi, j'en paye les conséquences.
Celui qui perd la bataille, c'est celui qui donne les ordres, Enora pas celui qui met sa vie en jeu.
On va rétablir la situation..ca suffit, les conneries !

"Pourquoi demander l'aide du professeur Strold ? Et qui est ce "Jarvis" ?"

Darla passa sa tête à l'embrasure de la porte avec son air toujours neutre et indifférent.

Monsieur Hopes, Strold est sur répondeur. Je lui ai laissé un message lui communiquant votre numéro et lui demandant de vous rappeler d'urgence.

Hopes plissa les yeux en laissant échapper un soupire.

Contrariant..
Nous y allons seuls, je ne veux risquer aucune autre vie que la mienne. Je sais quoi faire pour toi si ca tourne mal, tu appelleras la cavalerie à la rescousse à la moindre anicroche.
Paladin est un ami et un mutant hors pair, nous travaillons parfois ensemble. C'est de plus le meilleur "radar à mutants" que je connaisse.
Quand a Jarvis...
Ah écoutes... je t'expliquerai ca dans la voiture...

Je fus très impressionnée devant la manipulation qu'effectuait Daniel avec ses lames. J'eus presque envie de retirer immédiatement ce que je venais de dire concernant sa blessure. D'ailleurs, il ne tarda pas à me rappeler qu'il était assez grand pour prendre les décisions lui même, le tout en m'ebouriffant les cheveux. Je fus presque tout aussi choquée de l'entendre pousser un juron. De sa bouche, cela m'etonnait mais sous le coup de la colère, c'etait compréhensif.

Darla Stinger refis son apparition pour nous signaler que Paladin n'était pas joignable et qu'elle avait laissé un message sur son répondeur. Daniel parut légèrement contrarié. Ses paroles ne me rassurèrent pas beaucoup.

"Nous y allons seuls, je ne veux risquer aucune autre vie que la mienne. Je sais quoi faire pour toi si ca tourne mal, tu appelleras la cavalerie à la rescousse à la moindre anicroche."

Si ça tourne mal ? Charmant. Non seulement on retournait droit dans la bataille mais en plus rien ne disait que nous pouvions y arriver. Il me m'expliqua là qu'il y avait une échappatoire pour moi mais et pour lui ? De plus, l'entendre dire qu'il préférait risquer sa vie plutôt qu'une autre fit naitre en moi de l'admiration autant que de l'effroi. Par la suite, il m'expliqua que Morgan était un de ces amis et un bon combattant. Lorsqu'il parla du "radar" de mutant, je ne pus réprimer un sourire. J'en avais un peu fais les frais lors de ma seance d'entraînement. Il promit de m'expliquer la suite dans la voiture et je n'insistai pas, sachant que le temps devenait un ennemi.

Il m'invita à sortir du bureau et nous nous dirigeâmes vers ma chambre, le pas pressé. Je l'ouvris rapidement et jetai la veste qui était sur mes épaules sur mon lit. Daniel m'avait déjà vu dans cette tenue quelques minutes auparavant et l'heure n'était pas à jouer la petite nature. J'ouvris le placard dans lequel je rangeai mes vêtements et pris le premier de la pile. Je ne l'appreciai pas tant que ça, ça tombait bien. Je pris également un élastique et je m'attachai les cheveux qui etaient quasiment secs en queue de cheval. Mon pantalon étant quasiment sec et ayant déjà subit les horreurs du monde d'en dessous, je jugeai bon de la garder, ma garde robe n'étant pas très longue. Je me retournai vers Daniel et hochai la tête pour lui faire comprendre que j'etais prête.

Je le suivis en silence dans le dedale de couloirs menant aux garage. Lorsque nous arrivames devant la voiture, je lâchai un léger soupir d'admiration. J'avais rarement vu de tels véhicules dans ma vie mais l'idée de monter dans une telle berline me donnait des ailes. J'attendais que le professeur me donne le top départ pour grimper dans la voiture. Et oui, même dans les situations désespérées, la politesse est là quand elle se doit de l'être.

Daniel ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il vit Enora pousser un soupire d'admiration devant son joujou préféré.



Ho...c'est vrai que c'est la première fois que tu montes à bord de la Batmobile, Robin...plus sérieusement, j'espère que tu n'es pas malade en voiture, je conduis vite..très vite. Dans ma jeunesse outre la musique, la course automobile était ma grande passion.

Il ouvrit rapidement la portière et s'installa au volant attendant que sa passagère prenne place. Ses gestes relevaient plus de l'instinct que d'une véritable application, entre la voiture et le professeur , c'était une histoire d'amour de plus de 50 ans. Le démarrage fut fulgurant et le visage de Hopes était on ne peut plus concentré sur ce qu'il faisait. Les rapports de vitesses étaient extrêmement court et le vrombissement du moteur avait quelque chose de félin. Passé une allure "modérée" qui fit fuir quelques étudiants déambulant dans le parc, le professeur passa la grille et commença véritablement à pousser son bolide tout en informant sa protégée sur la suite des évènements.

Écoutes..Il y a des choses que j'aurai aimé garder pour moi. Tu ne connais pas un centième de ce que je suis vraiment. Ce que je veux dire c'est que si jamais ca tourne mal, je vais être amené à faire des choses que j'aurai préféré que tu ne me vois pas faire. Il faut que tu comprennes que ca n'enlève rien à l'affection que je te porte, je suis le fruit de mon époque : violente et désabusée, je n'ai jamais prétendu être quelqu'un de bien. Par bien des points de vues, je suis ce qu'on peut appeler un monstre. Le fait est que lorsque ma vie est en danger..où la tienne..je n'aurais aucun état d'âme à tuer. Je ne le fais qu'en dernier recours et c'est précisément là que je veux en venir.
Boite à gants.

Il désignait le vide poche dans lequel se trouvait un révolver de calibre moyen, un Smith et wesson. Son regard où flottait un certaine tristesse se posa brièvement sur la jeune fille tendit qu'il dévorait l'asphalte.

Je suis si désolé que tu rentres dans le monde des adultes de cette façon, Enora, j'aurai voulu autre chose mais je n'ai que toi pour m'aider. Donc, tu le prends et tu le gardes avec toi. Ne t'inquietes pas pour moi, en combat avec mes lames, je crois qu'il sera très dur de se défaire de moi. Cependant, je ne peux être partout. Si jamais on s'en prend à toi, je veux que tu n'es AUCUNE hésitation. Arme et tire. Essaye de viser le ventre ou les membres, je ne te demande pas de tuer, je te demande de ne surtout pas hésiter à te défendre si jamais il y a un risque.
Est-ce que tu me comprends ?

La batmobile de Daniel m'avait scotchée de son point de vue extérieur mais heureusement que j'étais assise pour en voir l'intérieur. J'avais presque honte de monter dans un tel bolide avec un pantalon on ne peut plus sale. Mais bon, l'heure n'était pas à la réflexion concernant la propreté de l'engin. Mon professeur me prévint alors que question vitesse... j'avais plutôt interet à accrocher ma ceinture. Chose que je fis le plus rapidement possible. Non, je n'étais pas malade en voiture mais pour moi, respecter les limitations de vitesse était primordial si on voulait survivre un peu plus. Inconsciemment, je m'agrippai à la portière tandis que ma respiration se faisait difficilement. Le démarrage fut on ne peut plus brutal à mes yeux et je retenai mon souffle pour ne pas hurler de terreur. "Comme dans les montagnes russes". M'ouai, si on veut.

Puis, Hopes reprit la parole, m'expliquant des choses que je ne comprenait qu'à moitié. Lui ? Un monstre ? C'était impossible à croire et pourtant... Je le croyais. Au fond de moi, une petite alarme s'était allumée lorsque j'avais vu Daniel manipuler ses armes. Mais delà à penser que c'était un tueur... J'avais presqu'envie de lui dire de se taire et de se concentrer sur la route mais les mots restaient coincés dans ma bouche à cause de la surprise de cette révélation et de la terreur que m'apportait notre excès de vitesse. Puis, par quelques mots, il me désigna la boîte à gants je l'ouvris et manqua de m'étrangler.

Un revolver. Un vrai, pas ceux en plastique qui nous permettent de cracher de l'eau ou des billes. Je lançai un regard terrifié vers Daniel qui m'en renvoya un plein de tristesse. Il s'excusa alors pour ce qu'il me demandait de faire. Me servir d'une arme. Moi, Enora, 17 ans, j'allais me transformer en machine de guerre. Bon, certes, je l'étais déjà à moitié à cause de mes pouvoirs mais là...

Ne t'inquietes pas pour moi, en combat avec mes lames, je crois qu'il sera très dur de se défaire de moi. Cependant, je ne peux être partout. Si jamais on s'en prend à toi, je veux que tu n'es AUCUNE hésitation. Arme et tire. Essaye de viser le ventre ou les membres, je ne te demande pas de tuer, je te demande de ne surtout pas hésiter à te défendre si jamais il y a un risque.
Est-ce que tu me comprends ?

Je le regardai avec crainte. Où j'étais ? Ah oui, dans une batmobile en train de mettre mon costume de super-méchante. L'arme dans mes mains pesait des masses, un poids qui s'abattait sur ma poitrine, m'empêchant de respirer correctement. J'en avais presque la chair de poule. Puis, ma langue se délia.

"Vous feriez mieux de regarder la route..."

Je baissai légèrement les yeux. Puis, cherchant un truc plus intelligent et adapté à la situation à dire, j'observai vite fait par la fenêtre où nous étions. Les rues de New York semblaient défiler devant nous. Je tâchai de me rappeler que ce combat avait un but et que c'était en partie ma faute si nous en étions là. Au fond de moi, ça excusait presque le geste de Daniel. Puis, je pris une nouvelle inspiration, rassemblant mon courage.

"Je tâcherai de me souvenir pourquoi on est là si je dois me servir de ce truc... d'ailleurs, comment ça marche ? Comme dans les films au cinéma ? Puis, bon, j'ai mes pouvoirs aussi, avec un peu de chance, j'aurais pas besoin de ça"

De la chance, on en aurait besoin. Surtout que, pour le moment, elle avait pas vraiment jouée en notre faveur.

Daniel plissa les yeux.
A 17 ans, il maniait les armes, trois ans plus tard il faisait ses classes et un peu plus tard il tuait un homme. Il se souvenait de tout. Le son : mélange de canonnade et de hurlements de rage ou de douleurs, l'odeur du sang et de la poudre, l'expression figée et horrifiée de cet allemand alors qu'il venait de franchir le parapet de la tranchée et qu'il se trouvait face à face avec lui. Le temps semblait s'être figé à ce moment là comme si ceux qui s'agitaient autour d'eux leur étaient étranger. Tous les deux arme à la main dans une même posture d'attente se demandant qui perdrait son humanité en premier. Il avait cédé. Il n'en était jamais revenu. Le gagnant était celui qui avait reçu la balle létale.
Il y a des choses qu'on n'oublie pas : le sourire d'une mère, un premier baiser, un premier amour, une première extase et la première fois qu'on se sent être un animal. Le Pire cadeau des dieux aux hommes, c'est la conscience.
Pendant un instant l'idée de stopper le véhicule et de la faire descendre lui traversa la tête.
Une fois de plus, il appliqua son grand principe de vie qui lui donnait toujours une réponse en forme échappatoire aux dilemmes qui s'imposaient à lui.


Enora.
Je ne t'obligerai pas à faire ce que tu ne voudrais pas faire. Tu as ton libre arbitre, si tu décides de ne pas m'accompagner dans les égouts, je veux que tu saches que je respecterai cette décision et que ca n'enlèvera en rien à l'amour que je te porte. J'ai peut être agis précipitamment en t'emmenant avec moi et en te confiant cette arme. C'est que je voulais absolument qu'il ne t'arrive rien d'autre, tu m'es précieuse et j'ai écouté plus mes sentiments que ma raison. Il n'est pas trop tard pour descendre.
Mais avant..je te dois quelques explications...des choses que je voulais te dire.


D'un geste rapide il prit le revolver et arma le chien tout en posant le doigt sur la gâchette.

Tu armes ceci...puis tu vises...ensuite tu presses la gâchette..c'est un huit coups...ca ne marche pas si tu n'armes pas le chien.

Il reposa l'arme et passa une vitesse.

Donc...je disais ?
Oh oui...
Un jour je comblerai les blancs mais saches que j'ai été marié, je n'étais pas beaucoup plus agé que toi à l'époque. Nous avons été heureux peu de temps...j'ai été mobilisé pour la Grande Guerre, j'étais au front lorsque j'ai appris que ma femme, Marion, m'a annoncé que j'avais eu une fille..je ne l'ai jamais vu qu'en photographie. Toute ma famille et Marion ont ete tués lors du pillonage de mon village natal par les bombardiers allemands. J'ai tout perdu...du moins je le pensais.
Ma fille a survécu..je ne l'ai jamais su jusqu'à il y a plusieurs mois. Elle a eu une descendance mais n'avait pas mon pouvoir, aucun d'eux n'est chronopathe sauf une et c'est pour cette raison que j'étais à Londres. Anna..elle avait ce don. Elle s'était retrouvé figée dans le temps depuis 1973. C'est pour sa que sa fille m'a appelé à l'aide à Londres, fille qui dirigeait une des entreprises de pointe les plus influentes d'Angleterre : Timers. Ca a mal tourné. Anna...a ..tué sa mère et s'est enfuit, elle n'est plus sous contrôle, c'est devenu une entité d'une puissance incontrôlable. J'ai hérité de Timers, enfin..je ne suis pas le seul en fait...il y a une autre descendante..Jenny.
Jarvis Cain est mon homme de main à Londres, il gère les activités de Timers pour moi...dont une des branches occultes s'occupe de la recherche sur les mutants.
Tout ce long discours pour t'expliquer que si j'avais pu connaitre ma fille...j'aurai sincèrement aimé qu'elle te ressemble.

Je me tenais toujours fermement à la portière. Les rues se mélangeaient dehors tellement la voiture roulait vite. J’essayais de ne pas trop y prêter attention. Daniel repris la parole. Il semblait revenir peu à peu sur sa décision. Il me suggéra même de me laisser descendre de la voiture. Cette proposition était tout à fait alléchante. L’idée de retourner dans ces égouts écœurants ne m’enchantait pas du tout. En plus, si je devais y aller avec une arme à feu, c’était vraiment n’importe quoi. Enfin… De mon point de vue. Mais une pensée m’empêcha de dire oui à cette offre si alléchante. Si je n’accompagnai pas Daniel… Qui irait avec lui ? Et pour moi, il était hors de question de le laisser aller seul à une mort certaine. D’ailleurs, je formulai toute ces pensées à voix haute pour qu’il comprenne qu’au fond de moi, j’étais volontaire dans cette escapade.

« Vous allez peut être trouver ça complètement bidon comme raison mais si je ne viens pas avec vous, soit vous y allez seul et c’est du suicide, soit il faut attendre du renfort ce qui demandera du temps et je pense qu’on en a déjà suffisamment perdu. Vous avez besoin de moi professeur. Et comme vous l’avez dit vous-même, je serais votre ombre. Ca serait bien lâche de ma part de laisser tomber Vermine maintenant… »

Et puis, il ne me louperait pas, le petit rat, s’il apprenait que j’avais fuit le combat. Daniel prit le revolver et me montra comment armer la chose. Ca paraissait assez simple, le tout devait être de s’en souvenir en cas de panique. A moins que ça ne fonctionne comme un réflexe… Je verrais bien. Rien ne disait que je m’en servirais pour le moment. Je lâchai un faible soupir tandis que Daniel reprenait son récit en passant une nouvelle vitesse. Combler les trous, il allait le falloir. Quoiqu’à force de rassembler les morceaux, je risquai d’obtenir facilement l’histoire complète. Il m’expliqua alors une partie de sa généalogie. L’imaginer marié et heureux avec sa femme m’étais difficile. Puis la guerre. Ca, ça l’étais moins étant donné tous les films documentaires et fictifs que j’avais vu. Lorsque Daniel m’avait dit qu’il était un monstre je ne l’avais pas cru ou plutôt, j’avais refusé de le croire. Mais maintenant que je l’imaginais sur les champs de bataille, le « monstre » avait agi pour sa survie et pour sa partie. La surprise m’envahit lorsqu’il m’apprit qu’il avait été père. Je le fixai pendant son récit et mes yeux s’arrondirent à cette nouvelle. Daniel Hopes avait eu une fille.

Il continua son récit, abordant les membres de sa famille, sa descendance. Il me parla surtout d’Anna. Sa petite fille d’après ce que je compris. Le reste de l’histoire était on ne peut plus sombre. Je compris plus ou moins ce qu’entrainait la perte de contrôle de ses pouvoirs. Daniel avait une famille. A l’heure qu’il est, il n’en a plus ou presque plus. Jenny semblait être de sa famille mais à quel degré ? Là, ça m’échappait littéralement. Il m’expliqua ensuite la place de Jarvis, l’homme qu’il avait joint par téléphone. Homme de main. Ca sonnait encore comme militaire tout ça. Sa dernière phrase me figea.

« Tout ce long discours pour t'expliquer que si j'avais pu connaitre ma fille...j'aurai sincèrement aimé qu'elle te ressemble. »

Là, pour le coup, je ne l’avais pas vu venir. Nos regards se croisèrent et je m’empressai de retourner la tête vers la route. Le pare-brise commença alors par être marqué par quelques gouttes. En levant les yeux, le ciel New Yorkais ne présageait rien de bon hormis une bonne averse. Je méditai sur la phrase de Hopes, bercée par le martèlement léger de l’eau sur la berline ainsi que par le bruit du moteur. Lorsqu’il nous avait dit, à Vermine et moi, que nous étions comme sa famille, je n’avais pas imaginé un seul instant à quel point il pouvait tenir à nous. Maintenant, je voyais que j’étais l’illustration idéale de la fille pour lui. Je rougis légèrement en baissant la tête. Depuis mon arrivée, Daniel Hopes m’avait pris sous son aile et était devenu mon « père mutant ». Je me rendais seulement compte maintenant que c’était réellement réciproque.

Mes pensées furent stoppées par le bruit de l’eau tombante qui commençait à prendre de l’ampleur. Je fronçai les sourcils et regardait à l’extérieur, marmonnant un « quel temps de chien… ». Etions-nous bientôt arrivés ? Je n’aurais su dire, ne me souvenant plus vraiment du chemin que nous avions emprunté avec Ernest. Je me retournai vers Hopes, une question me démangeant le palet.

« Dites… Qui voulait faire du mal à Ernest ? Et qu’est ce qu’il voulait lui faire exactement ? »

C'est assez compliqué.
Ernest ne me dit pas tout, je le sais mais je respecte ses mystères.
De ce que j'ai eu vent, il s'agirait d'une affaire de famille car Ernest Lenoir est un riche héritier...très riche.
Je n'ai pas tous les détails mais il me semble qu'il doit y avoir autre chose, ils le veulent physiquement. Si il était seulement question d'un héritage, ils l'auraient liquidé et basta..Hors, ils n'attentent pas à sa vie, j'en déduis qu'ils ont besoin de lui vivant, pourquoi, ca j'en sais strictement rien.
Lorsqu'il est question d'argent, on ne s'embarrasse pas d'un gêneur, on élimine le problème.
Qu'est ce qu'un enfant rat peut bien avoir d'intéressant ?
Tout cela m'échappe.
Une chose est sure, il est forcément toujours vivant et ca, ce n'est pas rien.
On va le trouver et on va le ramener.
Et entre nous...il va m'entendre, cette satanée tête de mulot !


Son expression était grave, les mains sur le volant alors qu'un orage digne de Tornade commençait à éclater au dessus d'eux. Un de ces orages de fin d'été gorgé de ces eaux bouillonnantes d'une lourdeur trop longuement contenu. Peu à peu un sourire se dessina sur ses lèvres. Il ne craignait rien, quelque part tout cela avait le gout de l'excitation. A trop comater dans une quiétude suffisante, a trop connaitre les chemins qui évitent le risque et d'une main experte montrer des routes plus sures mais monotones, il s'était perdu.
Enora, peut-être, était trop jeune pour connaitre ce sentiment d'aventure et d'exaltation preuve incontestable qu'on est toujours vivant, il ne pouvait le partager.
Cette idée le conforta dans ses choix, dans cette envie d'être au mieux utiliser pour ce qu'il savait faire depuis toujours : combattre et guider.
On défie véritablement le temps lorsqu'on s'efforce d'en changer réellement le cour par les événements.
Le ciel rageur pouvait pleurer sa tristesse.
Il prendrait les armes parce qu'il n'y avait plus que ca à prendre.
Enfin.
Depuis cette réflexion perchée au dessus d'un train qu'il n'a jamais pris où il aurait suffit d'un pas pour répondre à l'invitation de la mort, il revenait clore ce chapitre lancé cette nuit là en hommage aux autres nuits trop semblables.
Tout était dit et la ronde monotone s'achevait, c'en était définitivement finit de l'immobilisme.
L'épitaphe clôturait l'ouvrage des quatre vingt ans d'errances, et dans cette berline filant sous les trombes d'eau avec celle qui prendrait son héritage parce qu'il le voulait ainsi, il l'écrivait le cœur soudain plus léger :
Daniel Hopes voulait vivre et il resterait en vie.

Spoiler:

Le bolide fit une embardée vers la droite trouvant la direction des docks et remonta les embarcadères où les flots martelaient avec rage les parois des digues, on se serait cru au crépuscule tant il faisait sombre sous cette pluie battante.
Le véhicule stoppa sa course près d'une rangée de véhicules de transports et Daniel commenta tout en montrant à travers le pare brise lessivé avec violence par la pluie, une plaque sur les pavés où convergeait le ruissellement des eaux de l'averse.

C'est une des entrées des canalisations...là où l'eau s'engouffre.
Ca mène directement à la tanière de Vermine, ca descend sur six ou sept mètres jusqu'à l'égout central.
Après...je crois que tu connais le chemin..
J'ai une lampe torche dans le coffre.

Son regard croisa à nouveau celui de sa protégée dans un questionnement non verbalisé et qui semblait lui signifiait qu'il était toujours temps de rester là.

Les paroles de Daniel avaient un certain sens pour moi. Oui, Ernest avait quelques mystères et je le savais. Il m’en avait montré un et je dus me mordre la lèvre pour ne pas le trahir. Garder cela pour moi était assez difficile. Mais heureusement, il ne s’attarda pas là-dessus. Il poursuivit sur des choses que je savais. Ernest, l’héritier de je ne sais quelle fortune. Une histoire de sous donc. Mais quelque chose nous échappait et Daniel le savait. La seule chose qui le rassurait, c’était de savoir que Vermine leur serait utile et donc qu’il resterait vivant. Du moins… Jusqu’à ce que ceux qui l’ont enlevé n’aient plus besoin de lui. Je me rendis alors compte à quel point le temps était important. Daniel ne manqua pas non plus de souligner qu’Ernest allait avoir droit à quelques réprimandes. Les miennes devraient venir avec. Je préférais ne pas y penser.

Au dessus de nos têtes, l’orage montait, lançant une pluie torrentielle. Cela accentuait le côté dramatique de notre situation. La voiture poursuivait son chemin, nous rapprochant un peu plus de notre but. Puis, la course s’arrêta et ma respiration put revenir à la normale. A travers le pare-brise détrempé, une plaque métallique. Daniel me donna de nouvelles informations. Brèves, mais suffisantes. Puis, un nouveau regard échangé. Dans les yeux bleus de Daniel, je voyais toujours la même hésitation à m’emmener. Il cherchait dans mon regard le doute. Le sien, me posant toujours l’éternelle question. Mais ma détermination était sans faille en cet instant. Je baissai les yeux. Puis, ne trouvant les mots appropriés, je recroisai une nouvelle fois son regard et ouvrit ma portière.

La pluie vint s’abattre sur moi, mouillant mon visage, mes vêtements, mes cheveux. Quelques minutes suffiraient à nous détremper totalement. Je claquai la portière et me dirigeait vers la plaque tandis que j’entendais Daniel ouvrir le coffre. Mes pieds étaient trempés à cause de l’eau qui ruisselait de toutes parts. Je me baissai et tentait de soulever la plaque d’égout. Je la sentais bouger sous mes doigts mais la pression que l’eau exerçait dessus rendait la tâche difficile. Je me retournai vers Daniel qui me rejoignait. Il se baissa et compta jusqu'à 3. Lorsque cela fut fait, nous soulevâmes ensemble la plaque d'égout, l'écartant et dévoilant notre passage. Les eaux s'y déversaient avec rage et je pris soin de respirer profondément. Daniel vérifia qu'il avait toujours la lampe de poche dans sa poche. Normal quoi. Puis, avec une dernier regard, il s'engouffra dans l'obscurité. Je comptais tranquillement jusqu'à 10 avant de m'asseoir à mon tour sur le bord du gouffre. J'eus une dernière petite pensée pour Vermine et, à mon tour, je m'enfonçai dans les ténèbres.

FIN POUR CETTE SECTION


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