Haute Tension (PV Holly)

Une semaine, cela faisait déjà une semaine qu’Holly avait intégré la Confrérie de Dents-De-Sabre. Des amis ? Elle ne s’en était pas vraiment fait. La mutante détestait le fait de devoir se fondre dans une société… Elle savait que partout où elle devrait s’intégrer, des personnes la critiqueraient sans arrêt, et ce, tout comme Jared l’avait fait. Une muette, quoi de plus embarrassant et inintéressant ? Le mutant n’avait été qu’un nom de plus ajouté à la liste de ceux qui lui avaient fait comprendre, à un moment ou à un autre, qu’elle n’était pas nécessaire. Certes, Wilcott n’avait pas été réellement mauvais avec elle, mais ses premiers mots lui avaient été vexants et elle ne les oubliait pas… Ce simple mot énoncé avec ironie, « Génial », résonnait encore dans sa tête… Après son aventure, elle avait découvert qu’appartenir à la Confrérie n’était pas aussi horrible que ce qu’elle avait pensé. Au moins, là bas, elle y avait la paix. Elle ne parlait pas, et les gens le lui rendaient bien. L’art d’être transparente, elle le cultivait. Jusqu’ici, pratiquement personne n’avait remarqué sa présence même. McCracken passait son temps enfermée dans sa chambre, à lire des livres ou écouter de la musique sur sa toute dernière acquisition Un Ipod nano dernière génération. On ne l’avait pas encore appeler pour s’entraîner et approfondir ses pouvoirs, et il fallait dire que pour le moment, elle n’était pas pressée. Qui ne rêve pas de passer ses journées à ne rien faire, sans se soucier de ce qui pourrait arriver après ?

En cette belle matinée ensoleillée, Holly avait décidé d’aller se promener au parc… Après sept longs et interminables jours passés entre quatre murs, elle avait bien besoin de s’aérer, sortir, respirer. À peine était-elle dehors, qu’elle se retrouvait éblouie. Un soleil fort agressait ses yeux bleu clair et sa peau blanche… Elle dû attendre quelques instants pour s’habituer à cette nouvelle luminosité. Remontant délicatement sa robe noire à ses genoux, elle alla s’asseoir sur un banc vide. Comme d’habitude, elle était invisible. Des centaines de personnes passaient devant elle et ne prenaient pas même le temps de remarquer sa présence… La jeune femme passait pourtant des heures à observer chaque personne, chacun de leurs faits et gestes…

Continuant à regarder les passants, son regard s’arrêta sur une d’entre eux. Il s’agissait d’une petite jeune fille, qui devait bien avoir 16-17 ans. Elle avait des cheveux mi-longs et de petits yeux pénétrants. Elle paraissait bien effrayée. Son visage lui était familier, elle était certaine de l’avoir déjà vue… C’était sa sœur ! Sa petite sœur… Wednesday-Extasy ! Que pouvait-elle bien faire dans ce parc avec un plan à la main, elle qui avait été placée en école privée ? Un tas de question trottaient alors dans la tête de la mutante, et elle décida d’y répondre par elle-même, mais en prenant ses distances : Wednesdie-chérie paraissait assez effrayée comme cela pour qu’elle en rajoute une couche. Discrètement, elle se leva et commença à la suivre. Sa soeurette avait réellement l’air perdue, cela l’inquiéta grandement : C’était comme si elle fuyait quelque chose, ou quelqu’un… Elle pensa immédiatement à son père. Lui avait-il fait du mal ?! Si c’était le cas, elle ne se pardonnerait jamais d’avoir quitté le domaine familial. La personne à laquelle tenait le plus Holly était sa jeune sœur, et en la croyant en pension elle pensait ne plus avoir à rester à la maison pour la protéger des folies égocentriques de leurs géniteurs… … Mais apparemment, elle avait eu tort. Elle s’en voulait, et se mettait à culpabiliser. Les gens autours de sa soeurette la regardaient mal, elle n’aimait pas cela.

Entrant dans une ruelle, des gens la dépassèrent pour se précipiter vers le fond… Elle eut un très mauvais pressentiment lorsqu’ils commencèrent à siffler, et celui-ci se révéla juste après que la plus jeune des McCracken tombe au sol et que les hommes s’approchent lentement d’elle. Dans un élan de courage, le premier réflexe d’Holly fut de stopper le temps pour mieux gérer la situation. Aussitôt sa montre arrêtée, elle couru vers les protagonistes de la scène. Un léger blocage eut lieu en elle une fois qu’elle se retrouva en face du second enfant de son père… Après des mois de séparation, les voilà à nouveau réunies. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’elle vit le fameux plan qu’elle tenait : C’était le même que celui que lui avait délivré l’homme pour rejoindre la Confrérie, et sa petite sœur voulait apparemment l’intégrer ! Cette situation devenait déstabilisante, Wednesday n’avait que 16 ans, et elle comptait rejoindre une telle organisation ! Si elle-même n’y était pas, elle lui aurait dit de partir, mais, sachant qu’elle pourrait la surveiller là-bas, elle décida de l’y emmener. Avant que le temps ne reprenne son cours normal, elle tira avec difficulté son corps immobile jusqu’à deux rues plus loin, et, lorsque son horloge se remise à fonctionner et que Wed’ se retrouva de nouveau en action, elle l’aida à se relever puis lui fit signe de courir avec elle avant que les hommes ne les retrouvent. Une fois de retour au beau milieu du parc, elles s'arrêtèrent de courir, essoufflées : Wednesday venait d’être sauvée par Holly.

- Merci... Holly... murmura t'elle de façon à peine audible.

La voir, ainsi, dans ce parc, avait été un véritable choc pour elle… Il s’agissait bien de sa demi-sœur, jeune et fragile, toute seule au lieu d’être à l’école. Sa seule « confidente » avait toujours été sa petite sœur, Wednesday, qu’elle n’avait plus revue depuis des mois. Taciturne, Holly était une jeune première très discrète qui n’avait jamais eu de véritables amis. Weddy disait souvent de sa sœur que son silence était d’or, il suffisait d’un regard échangé pour qu’elles puissent se comprendre. Il fallait dire que les crises de leur père les avaient rapprochées… La plus âgée cherchait toujours à protéger la plus jeune des morceaux de verres de bouteilles de scotch ou autres alcools qui volaient parfois dans la maison : C’était en général Holly qui se faisait battre pour toutes les deux, il suffisait que Bert ait trop forcé sur une quelconque substance illicite pour qu’elle se fasse rouée de coups. C’était peut-être à cause de cela que présentement, elle ne parlait plus… À force de crier au secours sans recevoir une quelconque aide, elle avait compris qu’ouvrir la bouche ne lui servait strictement à rien et avait fini par la fermer à jamais.

La Confrériste s’était précipitée pour suivre discrètement sa sœur. Personne ne l’avait réellement remarquée, pas même celle avec qui elle avait partagé la même maisonnée durant bien des années : Comme à son habitude, elle était invisible. La situation s’envenima lorsque trois bourrins tentèrent de s’en prendre à la plus jeune des McCracken. C’est au premier sifflement que le temps s’arrêta brusquement : Tenter le Diable, il en était hors de question ! Holly traîna le corps inanimé de sa soeurette et alors que les pendules se remirent en marche, elle ne lui fit comprendre qu’une chose : Il fallait fuir, et vite. Les deux mutantes se mirent alors à courir jusqu’à en perdre haleine et s’arrêter au milieu du parc. L’une était alors à terre, et l’autre encore debout…

- Merci... Holly... Murmura-t-elle en larmes.

S’accroupissant pour être plus proche d’elle, Holly s’aperçut que les gens les fixaient étrangement… Pour ne pas attirer d’avantage l’attention sur elles, elle aida Wed’ à se relever pour aller s’asseoir tranquillement sur un banc. Une fois assise, elle chercha un mouchoir dans son sac qu’elle tendit à celle qui n’était plus qu’une pauvre fillette apeurée. Une sorte d’instinct maternel la força à la réconforter en la pressant doucement contre elle et lui caressant la tête. C’était étrange comme les évènements se répétaient… Elle, devant s’occuper de réparer les pots cassés de la petite qui jouait trop dans la coure des grands. Mais comme elle l’aimait… S’il lui était arrivé malheur, elle ne se l’aurait jamais pardonné.

Continuant de la rassurer par des gestes répétés de douceur, elle leva la tête. Lorsqu’elle vit arriver leurs trois amis qui avaient l’air de chercher leur victime disparue par magie, elle posa son index sur les lèvres roses de sa sœur avant de lui faire un léger signe de tête pour lui montrer qu’elles n’étaient plus seules. Holly prit alors le plan qu’elle tenait à la main et le tapota de quelques coups de doigts avant de pointer une direction, histoire de lui dire qu’elle savait où la Confrérie se trouvait. Fermant les yeux pour se concentrer, le temps s’arrêta à nouveau, sauf pour les deux jeunes femmes liées par leur sang. Elle n'attendit pas que la petite rebelle comprenne ce qui se passait pour la tirer par la manche et la faire courir. Elles sautèrent alors dans le premier métro à l’arrêt et après que tout ait reprit son cours naturel, elles descendirent à la station qui les conduirait à la « maison ».