Sven, comme à son habitude, n'avait pas réagi au curieux comportement de Raven Darkhölme. Respectant sa peine et son chagrin, il s'était contenté d'opiner silencieusement de la tête, sans faire aucun commentaire. Ils ne se connaissaient pas assez pour cela, et fût-elle une amie de longue date, il n'en aurait rien fait.
-Humm... Erik n'est pas vraiment un maitre mais j'ai tendance de l'appeller ainsi pour l'agasser. Je suis disons... son bras droit. Je suis l'agent de liaison le plus idéal qu'on puisse possédé... ne trouvez vous pas?
Erik ? Eric ? S'agissait-il du même Erik qu'il avait rencontré quelques heures auparavant et dont tous les médias parlaient avec plus de virulence que la Peste noire elle-même ? Le maître du Métal, Magnéto, était en effet un tacticien et un chef hors paire. Lui-même, qui avait connu d'illustres figures comme le chevalier Bayard, La Hire ou encore Jeanne la Pucelle elle-même, avait été impressionné par le charisme impressionnant et même effrayant du vieil homme. Raven Darkhölme était donc son bras droit. Etait-elle, elle aussi, une confrériste ? C'était une possibilité. Après tout, elle aurait très bien pu servir Magnéto sans pour autant intégrer son organisation secrète. Secrète ? Elle ne l'était certainement qu'officiellement ...
Sven posa sa valise, qui ne l'avait toujours pas quitté depuis son arrivée à New-York. Personne n'aurait pu mesurer toute l'importance de son précieux contenu aux yeux du jeune danois aux cheveux de lumière. Alors qu'il en vérifiait les solides verrous, Raven s'était rendue jusque dans la salle de bain d'où elle rapporta quelques chaudes couvertures qu'elle posa sur le divan avant de reprendre la parole.
-Nous ne seront pas en paix avant quelque temps... vous voyez le moniteur sur le panneau où j'ai signaler un code, le point rouge c'est nous et le jaune, c'est nôtre chère mutant qui nous cherche... Et comme vous voyez... il est pas très loin... Si vous voulez, je peux me faire passer pour vôtre secrétaire ou qui se soit d'autre pour ainsi retarder vôtre arriver... Il n'y a aucun problème. On a un mutant qui à patanter mon téléphone pour le rendre sécuritaire... Vous pouvez aller prendre une douche aussi. Je vous donnerai des serviettes.
Quel prodigieux repère ! Sans doute était-il incartable et impossible à détecter ... Sven n'en revenait pas. Raven Darkhölme était décidément une femme pleine de surprises et de ressources ! A présent qu'il y réfléchissait plus sérieusement, elle lui rappelait très clairement sa défunte amie Amantine Aurore Lucile Dupin, plus généralement connue sous le pseudonyme de George Sand. Mais à qui aurait-il pu confier pareille chose ? Il fallait la connaître comme Sven l'avait connue pour savoir tout ce qu'il y avait de féminin dans le coeur de ce grand "homme". Certes, Raven n'avait probablement pas l'audace effrontée de celle qui fut l'amant de Frédéric Chopin ... Ah, celui-ci ! Un sourire coula sur les lèvres de Sven. Encore un individu qu'il avait aimé et compris et qu'il n'avait pu soustraire au baiser de la Mort malheureuse ...
"Ce sera inutile ... Je suis attendu à l'hôtel mais on ne me refusera pas quelques heures de retard ..."
Il éclata d'un rire franc et coloré d'accents scandinaves. Important, il l'était pour ses musiciens, ses danceurs, pour le Metropolitan Opera, pour l'élite New-Yorkaise. En tant que meilleur chef d'orchestre de sa génération, il avait beaucoup de responsabilités, même s'il avait également droit à de nombreuses faveurs de la part de beaucoup de monde. Il n'était pas rare que quelque vieille dame un peu seule l'invitât après une représentation triomphale à partager le repas qu'elle offrait à tous ses amis. Combien de soirées mondaines Sven avait-il dû supporter ces dernières années, pour ne pas éveiller les soupçons et les doutes ? Probablement des centaines ...
"Je suis quelqu'un d'important, voyez-vous ... Mais enfin, il faudra tout de même que j'y dépose mes affaires. Elles y seront en sécurité et je tiens par dessus tout à ce qu'elle reste à l'abri d'éventuelles mésaventures ..."