Quand ca veut pas ... [liibre !]

Ça faisait une semaine que Victoria était à New York et trois jours qu'elle avait élu domicile, sans doute pour un petit moment à l'institut Charles Xavier. Ca avait été certainement la semaine qui avait passé la plus vite dans ses vingt deux ans d'existence. Pour dire vrai, elle n'avait pas touché terre. Tout avait été tellement vite.

Par chance, elle avait rapidement trouvé un studio, au dessus d'un bar en arrivant dans la Grosse Pomme. Le gérant, un certain Bob, le lui avait gentiment prêté en échanges de quelques services dans son établissement. Une telle proposition ne pouvait se refuser. Et à peine installée, à peine avait elle commencer à prendre ses marques qu'un bonhomme chauve et en fauteuil roulant vint frapper à sa porte. Sa proposition était encore meilleure que celle du petit patron replet du bar. On lui proposait gite et couverts dans un endroit qu'elle aperçut très vite comme un petit coin de paradis. De toute manière, tout lieux autre qu'une chambre d'hôtel sordide ou un coin de roulotte pouvait ressembler au paradis ! La mutante s'installa donc très vite à l'institut sans prendre la peine de récupérer le peu d'affaires qu'elle avait au bar. Elle n'y avait même pas pensé, trop d'émotions, de découverte pour ça.

C'est donc au bout de trois jours que Bob l'avait appelé pour lui signaler que ses affaires trônaient encore royalement dans le studio. Et c'est en toute hâte qu'elle prit un bus pour New York.

La voilà donc avec petit carton entre les bras, contenant ses quelques effets personnels, zigzaguant entre les passants, le nez en l'air. Si elle s'était dit qu'elle rentrerais tout de suite à l'école, sa curiosité l'en avait empêché. En sortant du bar duquel elle avait déjà eu du mal à se sortir à cause de Bob qui s'était d'un coup révélé être un très grand bavard son regard fut attiré par diverses boutiques, des immeubles, des musées, des curiosités New Yorkaises disséminées par ci par là, l'entrainant mine de rien dans les dédales des boulevards de la gigantesque mégapole.

Cependant, pour une toute jeune femme comme Victoria, complètement tête en l'air, se laisser aller a contempler ainsi pouvait parfois être dangereux. Un immeuble attira tout particulièrement son attention, il y avait de quoi puisque ce n'était pas moins que le Rockfeller Center et sans réfléchir traversa le boulevard sans regarder où elle mettait réellement les pieds. Ce n'est qu'un coup de klaxon qui la réveilla et la miss se rendit compte qu'elle était toute seule au milieu de la route. Les voitures autour d'elle démarrant en trombe, piéton ou pas. Elle jeta un coup d'oeil au conducteur qui venait de la faire sursautée et remarqua en rougissant qu'il ne semblait pas spécialement content au vu des gestes qu'il lui adressait.

Victoria se précipita alors sur le trottoir, serrant son carton entre ses bras, manquant à deux reprises de percuter ou plutôt de se faire percuter par des voitures. A bout de souffle, non pas par la course qu'elle venait de faire, mais par la peur qu'elle venait d'avoir, la jeune blonde se dirigea d'un pas hésitant, vers l'entrée d'une petite ruelle beaucoup plus calme que le large trottoir et surtout sans regard moqueur et excédé des passants.

Elle avisa presque inconsciemment un vieux tabouret. Manque de pot, il n'était pas là pour rien puisque l'un des pieds était tordu et il bascula sur le côté lorsqu'elle s'assit dessus. Surprise, Victoria lâcha son carton pour trouver son équilibre et il s'écrasa à côté d'elle, répandant ses affaires un peu partout autour d'elle.

"Chiotte, chiotte, chiotte, chiotte !" bougonna la jeune femme alors qu'elle se précipitait sur ses quelques vêtements, ses classeurs plein de dessins et ses quelques souvenirs qu'elle gardait précieusement avec elle. Dont un collier, avec une pierre d'ambre en guise de pendentif qui appartenait à sa mère. Glissant sur le béton, le bijou se perdit entre toutes les chaussures. Spontanément, Victoria se jeta dans la bataille pour retrouver son collier, laissant de côté son carton.