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| Une histoire de bouffe (sujet ouvert) | |
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Invité Invité
| Sujet: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Mar 11 Nov 2008 - 19:33 | |
| PP: suite de "Hall d'Entrée - Un nouvel élève"
Lénore n’avait pas réussi à dormir. Durant des heures, elle s’était tournée et retourné encore dans son lit. Après avoir senti la présence d’un précédent occupant, Lénore avait remis ses gants afin de s’isoler complètement de ces visions diffuses qui ne lui laissaient aucun répit. Peu après deux heures du matin, Lénore avait abandonné l’idée de pouvoir dormir dans ce lit inconnu au milieu de cet environnement plus inconnu encore. Finalement, elle repoussa ses couvertures et se leva. Pieds nus, en chemise de nuit et cheveux défaits, elle regarda autour d’elle et sortit du dortoir, encore incertaine de ce qu’elle voulait faire. Seule dans le couloir, Lénore réalisa soudain qu’elle avait faim. En effet, elle n’avait pas touché au dîner, incapable d’avaler quoi que ce soit au milieu de toutes ces têtes inconnues, dont certaines parlaient de choses vraiment étranges…bien trop étranges pour lui plaire.
Sur la pointe des pieds, Lénore se dirigea lentement à travers les couloirs, consciente que les cuisines devaient se trouver tout prêt du réfectoire…et en effet: poussant doucement la porte derrière le réfectoire, Lénore découvrit les cuisines, sombres et silencieuses. Retenant son souffle, la jeune fille laissa la porte se refermer derrière elle et se dirigea vers les provisions. Après avoir cherché un peu, elle découvrit un panier de pommes, puis ouvrit l’un des réfrigérateurs et trouva du lait. Lénore s’assit par terre et entama un petit en cas, tout en laissant le frigo légèrement ouvert pour bénéficier d’une source de lumière discrète et pour en inspecter tranquillement le contenu. |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Mar 11 Nov 2008 - 20:27 | |
| Aaron ne savait pas quoi faire. Cela faisait près de trois heures qu'il regardait la chaîne sport qui rediffusé un match du Superbowl d'il y a quelques années et même si le match l'avait passionné, il l'avait surtout mis dans un état d'excitation suffisant pour l'empêcher de dormir.
Et le géant se retrouvait donc à errer dans les couloirs de l'institut à deux heures et quelques du matin, vêtu d'un simple jogging sans haut exhibant ainsi sa musculature et ses tatouages, sans pouvoir s'occuper de peur de réveiller quelqu'un. Il aurait voulut admirer quelques uns des tableaux présents dans les couloirs mais il aurait fallu qu'il allume la lumière ou qu'il puisse voir dans le noir. Il se demanda d'ailleurs si certains mutants étaient capables de voir la nuit. Et le géant supposa que oui, après tout c'était certainement l'un des changements génétiques les moins complexes. Il aurait juste suffit de travailler sur l'iris pour qu'elle se dilate plus afin de capter la lumière dans des endroits sombres...
C'est ainsi qu'au fil de ses élucubrations scientifiques sur les possibilités de mutations les plus simples qu'il se retrouva proche de la cuisine. Ce n'est pas qu'il avait particulièrement faim mais manger la nuit était quelque chose qu'il appréciait. Pouvoir être tranquille pendant qu'on déguste une sucrerie en cachette. Aaron avait fait cela la quasi totalité de son enfance et son père avait un jour supposé que c'était à cause de ça qu'il était devenu aussi grand. Enfin bref, le jeune homme entra dans la cuisine et vit qu'il n'était pas seul, une jeune fille était assis par terre près du frigo et mangeait une pomme. Celle-ci devait être un peu plus jeune que lui et il s'étonna de sa présence en ces lieux à une heure si tardive.
_Salut, apparemment je suis pas le seul à pas réussir à dormir, dit-il tout sourire.
Il se choisi une glace dans le congélateur et remarqua ensuite que la jeune fille portait, tout comme lui, une paire de gants.
_On a quelques points communs apparemment, chuchota-t-il en montrant ses propres gants. Par contre tu devrais fermer le frigo, ça pollue, ajouta Aaron en engouffrant une cuillère de glace et en pliant ses deux mètres sur le solAu fait moi c'est Aaron, enchanté. |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Mar 11 Nov 2008 - 21:17 | |
| Oui, Lénore avait bel et bien faim. Maintenant qu’elle se sentait à l’abri des regards et des commentaires des autres élèves, elle réalisa qu’elle n’avait rien avalé de toute la journée. Elle engloutit une première pomme pratiquement sans reprendre son souffle, puis passa à une seconde, qu’elle mangea plus lentement. Malheureusement, le fait de ne plus penser uniquement à la nourriture la ramena à ses réflexions. …Et après qu’elle se soit remplie le ventre, qu’allait-elle bien pouvoir faire ? Allait-elle retourner se coucher, dans l’espoir de pouvoir enfin fermer l’œil ? Lénore n’était pas pressée de retourner dans son dortoir avec cette autre fille avec laquelle elle n’avait pas échangé un seul mot, et c’est avec effroi que Lénore réalisa qu’elle n’avait absolument aucune idée de ce qu’elle devait faire et de ce qui l’attendrait dès le lendemain matin.
…Et soudain, elle réalisa qu’elle avait des soucis plus immédiats que ceux du lendemain, car elle n’était plus seule. « Salut, apparemment je suis pas le seul à pas réussir à dormir ».
Lénore n’avait pas entendu venir qui que ce soit, aussi sursauta-t-elle lorsqu’une voix d’homme résonna derrière elle. Etant justement entrain de manger, elle avala son morceau de pomme de travers et se mit à tousser violemment jusqu’à ce qu’elle parvint enfin à l’avaler tout rond. La jeune fille se retourna et vit un jeune homme qui devait avoir peut-être vingt-cinq ans passer à coté d’elle et sortir une glace du congélateur. C’est seulement lorsqu’il fut éclairé par la lumière du réfrigérateur qu’elle réalisa que les dessins sur les bras de l’inconnu n’étaient pas des motifs imprimés sur son pyjama, mais une série de tatouages sur une peau nue et Lénore avait de la chance de ne plus rien avoir dans la bouche, car sans doute aurait-elle à nouveau avalé de travers. Lui ne semblait pas paraître surpris de passer torse nu devant une fille en chemise de nuit, devant un frigo, à deux heures du matin. Au contraire. Son regard se posa un instant sur les gants de la jeune fille. « On a quelques points communs apparemment », dit-il en montrant ses mains gantées à la jeune fille, qui lâcha sa pomme sous l’effet de surprise. Des choses en commun ? Endurait-il la même chose qu’elle ? « Par contre tu devrais fermer le frigo, ça pollue », continua le jeune homme comme si de rien n’était et sorti une cuillère pour manger sa glace. « Au fait moi c'est Aaron, enchanté. » « Lénore », répondit-elle, hésitante, ne sachant pas encore à quelle sauce elle allait être mangée. « Pourquoi portez-vous des gants », fut la première question qu’elle parvint à prononcer, pour la regretter un instant plus tard. Peut-être n’avait-elle pas envie de savoir… «Vous…n’allez pas appeler un professeur…si ? », ajouta-t-elle encore plus doucement. « Je viens d’arriver…et…ce…ce…serait un…mauvais début… »
Et voila qu’elle lui demandait de ne pas raconter son escapade nocturne. Lénore avait une envie folle de se justifier, et elle détestait cela. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Mar 11 Nov 2008 - 22:20 | |
| Quand il entendit la série de toussotement de la jeune fille, Aaron ne put s'empêcher de rire et de s'étouffer à son tour à cause de la part énorme de glace qu'il avait en bouche. Ensuite, la question vint sur les lèvres de cette Leonore :
« Pourquoi portez-vous des gants ?»
Les gens lui avait souvent posé la question dans le "monde extérieur" et il s'était souvent amusé à répondre avec un sourire charmeur ou bien un "j'ai froid aux mains" sur le ton de la blague...mais à ce moment précis, sans savoir pourquoi, il n'avait pas envie de rire. Il se mit à réfléchir sur sa propre condition, après tout maintenant qu'il était dans une école de mutant cachée sous des airs d'école de surdoués, il pourrait peut-être montré ses "talents" à une tierce personne. Et alors qu'il réfléchissait à cela, il entendit la suite des paroles de la jeune et ne put s'empêcher de rire une seconde fois.
_Ne t'inquiète pas, je vais rien dire et puis je suis aussi fautif, expliqua-t-il avec un clin d'œil. En plus c'est un peu comme une seconde maison ici donc je pense que t'a le droit de te balader la nuit si c'est ton trip.
Il se mit à regarder attentivement la jeune fille. D'après lui, elle ne devait pas avoir plus d'une quinzaine d'années. Celle-ci était vêtue d'une simple chemise de nuit et à la voir, elle semblait gênée par son accoutrement vis-à-vis de lui...à moins que ce ne soit le fait que lui-même soit torse nu qui la dérange. De plus elle semblait quelque peu intriguée par ses tatouages.
_Tu sais, chacun de ses dessins à une signification et désolé si ça te dérange, dit-il avec une moue ridicule. Sinon pourquoi j'ai ces gants...
Le géant retira ses gants et se saisit de sa cuillère, il se rendit compte qu'elle était en fer et après avoir imaginé ce qu'il pourrait faire il se concentra pour contrôler son pouvoir et ferma les yeux. Un seul atome et donc une seule maille, pas de changement de constitution, juste un changement de forme. Quand il rouvrit ses mirettes, la cuillère métallique était devenue un couteau, plutôt tranchant. Aaron sourit de nouveau avant de se rendre compte qu'il ne réussirait pas à refaire une cuillère et donc finir sa glace.
_Et mince, faut que j'aille me chercher une nouvelle cuillère maintenant, soupira-t-il en se levant. Mais j'espère que ça t'a plu.
Le jeune homme se leva et récupéra une nouvelle cuillère dans le tiroir au dessus d'Leonore, mais malheureusement l'eau qui avait fondu du pot de glace le fit trébucher et il se retrouva la tête et le corps allongé dans une position ridicule sur le sol à quelques centimètres du corps de la jeune fille. Gêné, il se releva à toute allure et glissa de nouveau sur la flaque d'eau mais tomba, cette fois-ci, sur le dos en emportant le pot de glace dans sa chute qui lui tomba dessus, en plein visage. Il se releva pour la deuxième fois, de la glace plein le visage et fit attention à ne pas tomber à nouveau en allant chercher de quoi nettoyer et se nettoyer. Et alors qu'il était à quatre pattes à briquer le sol, il se demanda à son tour pourquoi la jeune fille portait des gants et lui fit part de son questionnement.
_Et toi, pourquoi portes-tu des gants? Demanda-t-il d'une voix qui se voulait la plus douce possible. |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Ven 14 Nov 2008 - 14:54 | |
| Lui avait l’air de s’amuser, il alla même jusqu’à rire à son tour jusqu’à s’étouffer lui aussi, comme si l’exemple que venait de donner Lénore bien malgré elle n’avait pas suffi à le mettre en garde face aux dangers que pouvait représenter la nourriture.
Lénore aurait volontiers bifurqué sur ce sujet pour entretenir un semblant de conversation et pour ne pas passer pour une demeurée totale, mais cette délicate question qu’elle venait de poser au sujet des gants que portait Aaron lui avait rendu toute retraite impossible Pourquoi avait-elle posé une telle question, alors qu’elle avait horreur qu’on la lui pose? Ce n’était pas de la simple curiosité, de cela, Lénore en était sûre, car bien de nature curieuse, elle parvenait habituellement à tenir sas langue. Cette fois, c’était différent: elle avait tant voulu savoir si ce jeune homme partageait sa tare, si il était maudit, comme elle, et si c’était pour cette raison qu’il s’était fait faire tous ces tatouages sur la peau.
« Tu sais, chacun de ses dessins à une signification et désolé si ça te dérange », dit-il après avoir assuré à la jeune fille qu’il resterait discret et qu’elle n’avait rien fait de blâmable. Il semblait lire les pensées de Lénore, qui baissa le regard d’un air coupable. Sans le vouloir, elle avait fixé le jeune homme un peu trop longtemps pour qu’il ne s’en aperçoive pas. « Sinon pourquoi j'ai ces gants... » Cette fois, Lénore ne pu résister au souhait de relever la tête, tant elle voulait savoir si cet Aaron était son semblable. Mais au fait, qu’aurait-elle à lui dire si tel était le cas? Que se disent deux estropiés lorsqu’ils se rencontrent dans la rue? – Pas grand-chose. Lénore su soudain qu’elle n’aurait rien à lui dire, mais qu’elle aurait au moins la certitude de ne pas être la seule à vivre cet enfer, sans parvenir pour autant à s’en réjouir, bien entendu.
L’autre avait retiré ses gants et Lénore voulait déjà se dérober d’un éventuel contact direct, mais Aaron ne tendit même pas la main dans sa direction. Il semblait se concentrer sur sa cuillère, et ce qui suivit aurait sans doute arraché un cri de surprise à Lénore si elle n’était pas tout simplement restée sans voix: sous ses yeux ébahis, la cuillère changea de forme, s’étira, s’affina et devint finalement un couteau. « Et mince, faut que j'aille me chercher une nouvelle cuillère maintenant », fut le seul commentaire qu’il fit avant de se lever, « mais j'espère que ça t'a plu. »
Lénore n’y croyait tout simplement pas. Ce qu’elle avait vu était impossible, irréalisable et…magique. Son regard était toujours scotché au couteau qui avait autrefois été une cuillère tandis que Aaron alla chercher une seconde cuillère. Soudain, Lénore entendit un grand bruit juste au-dessus d’elle et se pris la tête entre les mains par réflexe, tandis l’autre fit une figure digne des plus grands patineurs artistiques sur le sol glissant et se retrouva soudain par terre, juste à coté d’elle, et ce fut Lénore qui, pour la première fois, pouvait regarder ce géant d’en haut. Pourtant, gênée par cette soudaine réduction de distance entre eux, elle se contenta de glisser vers l’arrière, jusqu’à ce que son dos touche quelque chose de solide. Soudain, elle se rendit compte qu’il aurait été plus poli de lui demander si ça allait, mais Aaron était déjà entrain de se relever. Lénore aurait voulu lui dire de faire attention et que c’était mouillé derrière lui, mais elle en eut pas le temps, car Aaron glissa une seconde fois et se retrouva sur le dos, les quatre fers en l’air. Comme dans un film idiot où soudain, tout va au ralenti, Lénore vit la glace décrire une gracieuse courbe dans les airs avant de terminer sa trajectoire sur le visage du jeune homme.
Cette fois, Lénore s’approcha un peu à quatre pattes pour aller l’aider, mais le jeune homme était déjà entrain de se remettre debout une deuxième fois, essuyant la glace qui composait un masque bizarre sur son visage. Sans faire aucune commentaire, il alla cherche de quoi nettoyer et se mit au travail, tandis que Lénore pris un des linges pour la vaisselle et se mis à essuyer timidement d’abord ses mais gantées, couvertes de glaces, puis le coin du frigo et le bord de l’évier, qui avaient également eu droit à une douche glacée.
Lénore aurait pu terminer la soirée comme ça, en faisant du ménage avec un parfait inconnu (ou presque), un gars qui changeaient les cuillères en couteaux, sans prononcer un mot et sans faire de commentaires sur son oubli des lois de la gravitation terrestre. Pourtant, la question qu’elle avait tant redouté finit pas tomber. « Et toi, pourquoi portes-tu des gants? », demanda le jeune homme en astiquant le sol, alors que Lénore riva son regard sur le chiffon qui enlevait la glace déjà à demi fondue. Après tout, c’était de bonne guerre…une question contre une autre, et la même, qui mieux est. Lénore savait pertinemment qu’elle n’avait aucune excuse pour ne pas répondre, surtout après ce que Aaron lui avait fait voir. Pourtant, elle ne pouvait pas lui faire voir, pas lui dire quel diagnostic sa mère avait tiré de ses pouvoirs et surtout, surtout pas prendre le risque de le toucher sans gants.
…Et pourtant, il fallait une réponse. Satisfaisante, si possible.
« Je…lorsque je touche quelqu’un…ou quelque chose…sans mes gants, je vois….je vois des choses. » Lénore se remit au travail et s’acharna sur un coin de table où coulaient une ou deux petites traces de glace, «…Le plus souvent, des choses mauvaises…des choses qui font peur…qui sont privées. Les choses qu’on cache, tu vois? » Lénore s’écouta parler et s’effrayait elle-même. Etais-ce vraiment ce qu’elle faisait? Réalisant quelle image elle venait de donner d’elle-même, elle entrepris de la corriger au plus vite. «…Mais je ne fais pas exprès! », se justifia-t-elle, «…Et je suis vraiment, vraiment désolée de ce que je fais…mais…je ne peux pas l’arrêter. » Soudain, Lénore réalisa qu’elle avait insisté sur le même coin durant près d’une minute et que cet endroit n’avait sans doute jamais été aussi propre. Gênée, elle se retourna, à la recherche de d’autres taches qui auraient échappé à sa vigilance et qui lui fourniraient également un parfait alibi pour travailler de manière concentrée et silencieuse. |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Sam 15 Nov 2008 - 11:45 | |
| La jeune fille l'aidait à nettoyer les conséquences de sa maladresse lorsqu'elle entreprit de répondre à la question d'Aaron.
« Je…lorsque je touche quelqu’un…ou quelque chose…sans mes gants, je vois….je vois des choses…Le plus souvent, des choses mauvaises…des choses qui font peur…qui sont privées. Les choses qu’on cache, tu vois? …Mais je ne fais pas exprès!…Et je suis vraiment, vraiment désolée de ce que je fais…mais…je ne peux pas l’arrêter. »
Plus que les capacités qu'elle lui révélait, ce qui le surpris fut le ton de sa voix. Une voix vacillante, presque apeurée, mal assurée. La voix de quelqu'un peu habitué à avoir des contacts normaux avec son entourage. Il sentit une timidité presque anormale. Pas celle des gens qui ont du mal à parler. Celle des gens ayant subi des traumatismes qui transforment l'âme. Des traumatismes dont les effets sont presque irréversibles. Il ne put s'empêcher de fixer Leonore quelques secondes, ce qui sembla la troubler. Mais il ne put détourner les yeux. Il avait l'impression...de se revoir lorsqu'il était enfant. Lorsque les autre enfants étaient effrayés par sa carrure. L'époque durant laquelle il se referma sur lui-même. Et il se rendit compte qu'il était encore comme ça sous sa carapace d'extravagance et de gentillesse crée aux fils des ans pour que les autres l'acceptent.
Il ne put non plus s'empêcher de ressentir une certaine affection pour la jeune fille. Cette affection que l'on ressent envers une petite sœur ou une amie plus jeune. Lui et elle avaient beaucoup en commun, il en était certain, mais il sentait aussi que ce qu'il avait subi n'avait rien de comparable avec ce qu'elle subissait certainement régulièrement avant de venir ici. Les parents d'Aaron avaient tout fait pour qu'il s'intègre et il s'était servi de cette expérience pour accepter sa mutation, non pas comme une malédiction, mais comme une simple différence, un obstacle à apprivoiser pour se faire accepter. Alors que Léonore, elle, s'excusait pour ce qu'elle était et semblait désolé d'être...comme elle est. Il sentait qu'il devait dire quelque chose pour qu'elle arrête de se sentir gênée par sa révélation.
_Tu sais...moi aussi je vois des choses, dit-il en souriant. Rien de comparable avec ce que toi tu vois mais tout aussi...spécial.
Il réfléchit quelques instants à comment il pourrait expliquer ce qu'il voyait lorsqu'il touchait quelque chose à quelqu'un n'ayant surement que quelques notions en chimie élémentaire.
_Vois-tu...tous ce qui nous entoure, toi, moi, l'air que nous respirons, le chiffon dans ma main, la cuillère devenu couteau et tout le reste. Tout cela est composé de minuscules particules. En fonction du type de particules et de leurs organisation, elles forment des choses différentes. Par exemple, toi et moi sommes composés de particules similaires et pourtant le résultat final est totalement différent. Expliqua-t-il subjugué par ses propres paroles. Mais excuse-moi, je m'emporte. Donc, quand quelque chose rentre en contact avec moi, je ne vois plus l'élément final comme tu le vois toi mais je ne vois plus qu'un assemblage de particules et les possibles changements que je pourrais apporter. Si par exemple je te touchais, dit le jeune homme en s'approchant de Léonore. Et bien, tu n'aurais plus une apparence humaine à mes yeux, tu ne serais plus qu'un ensemble de particules. Bizarre non? Ajouta-t-il en reculant
Aaron reprit son souffle, conscient que cela faisait beaucoup d'informations à assimiler en une seule fois. Il savait aussi qu'habituellement les gens mettaient quelques secondes à se remettre de ces révélations. Il sentait cependant qu'il devait ajouter quelque chose pour rassurer la jeune fille sur son propre état.
_Quand j'ai découvert, cette vision des choses...j'ai cru devenir fou...j'avais à peu près ton âge et je restais cloitré dans ma chambre pour ne pas voir trop de "choses"...j'avais des migraines énormes...mais au fil du temps, j'ai réussi à mettre de côté ce que je voyais pour re-calquer une image habituelle sur ce que je touchais...
Aaron, sourit de nouveau, un sourire chaleureux qui se voulait rassurant. Et qui l'aurait certainement était s'il ne s'était pas transformé en grimace de douleur quand le haut de son crâne heurta le rebord de la table quand il se releva. Il émit un grognement de douleur associé à de nombreux jurons bien sentis.
_Est-ce que je t'ai précisé que je suis très mais alors TRES maladroit, dit le géant d'un ton rieur. |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Sam 15 Nov 2008 - 20:10 | |
| Au premier moment, Aaron ne répondit pas et Lénore ne savait pas si elle devait en être soulagée ou si ce manque de réaction devait lui faire encore plus de souci. Peut-être la prenait-il pour une malade ou, pire encore, pour ce qu’elle était: une perversion, une maudite, une déchue…la liste était longue. Mal assurée, Lénore risqua un coup d’œil vers le jeune homme et détourna aussitôt la tête lorsqu’elle remarqua qu’il la fixait. La jeune fille s’acharna sur des taches imaginaires, mais elle continuait à sentir le regard de l’autre posé sur elle, et cela la gênait. Pourquoi n’avait-elle pas tout simplement le pouvoir de disparaître? Ou prouvait-elle bien trouver un trou dans lequel sauter, maintenant qu’elle en avait désespérément besoin…? – Mais bien entendu, il n’y avait aucun trou digne de ce nom en vue…
Il la regardait toujours, elle le sentait. Lénore frottait toujours, bien qu’il n’y avait plus rien à nettoyer depuis longtemps. Ses gants étaient collants et auraient du être lavés, mais rien n’aurait pu motiver la jeune fille à les ôter maintenant. L’autre était bien trop proche, et qui sait ce qu’elle allait provoquer. Soudain, Lénore se souvint du jour où elle était entrée dans son dortoir et avait du réaliser que l’autre fille avait fait sa valise et avait exigé d’être changée de chambre sur le champ, et le pire dans tout cela, c’est que Lénore la comprenait…à sa place, elle n’aurait pas non plus voulu partager une chambre avec un cas pour la science – ou pour l’exorciste, c’était selon.
« Tu sais...moi aussi je vois des choses. Rien de comparable avec ce que toi tu vois mais tout aussi...spécial. » Sans le réaliser, Lénore s’était arrêtée de frotter et s’était retournée vers Aaron. Lui aussi voyait des choses? Mais alors…comment arrivait-il à sourire? Durant un instant, Lénore cru entendre sa mère: quelque chose n’allait pas avec ce garçon, il était mauvais, il allait lui dire de laisser sortir son pouvoir et de le laisser faire tout ce qu’il voulait avec qui il voulait. En ce moment, Lénore savait pertinemment que sa mère lui aurait ordonné de se lever et de partir immédiatement. …Et pourtant, Lénore ne parvenait pas à se dire que ce Aaron lui avait été envoyé par le malin en personne pour la tenter ou même pour lui faire manger plus de glace que de raison. Il était toujours là, il ne l’avait pas jugé, ni même regardé de travers.
« Vois-tu...tous ce qui nous entoure, toi, moi, l'air que nous respirons, le chiffon dans ma main, la cuillère devenu couteau et tout le reste. Tout cela est composé de minuscules particules. En fonction du type de particules et de leur organisation, elles forment des choses différentes. Par exemple, toi et moi sommes composés de particules similaires et pourtant le résultat final est totalement différent… Mais excuse-moi, je m'emporte. » Soudain, Lénore se demanda si l’enfer lui avait envoyé un Diable ou un professeur de chimie, car elle n’avait pas l’impression que le malin soit particulièrement doué pour les sciences naturelles. Alors, que voulait-il lui dire ? Et pourquoi lui expliquait-il tout cela ?
Aaron sembla remarquer le désarroi de Lénore, car il repris son explication sur un aspect plus pratique. « Donc, quand quelque chose rentre en contact avec moi, je ne vois plus l'élément final comme tu le vois toi mais je ne vois plus qu'un assemblage de particules et les possibles changements que je pourrais apporter. Si par exemple je te touchais… » Aaron s’approcha tandis que Lénore sentit tout son corps se raidir… » Et bien, tu n'aurais plus une apparence humaine à mes yeux, tu ne serais plus qu'un ensemble de particules. Bizarre non? », lança-t-il en se mettant à reculer, au grand soulagement de la jeune fille.
Aaron repris son souffle, tandis que Lénore chercha à comprendre ce que cela pouvait signifier: ainsi, le jeune homme voyait les choses, les personnes et tout ce qu’il touchait d’une manière différente – comme des particules. Lénore tenta d’imaginer à quoi cela pouvait bien ressembler, mais elle n’y parvint pas. Tout cela lui semblait trop incroyable…
« Quand j'ai découvert, cette vision des choses...j'ai cru devenir fou...j'avais à peu près ton âge et je restais cloitré dans ma chambre pour ne pas voir trop de "choses"...j'avais des migraines énormes...mais au fil du temps, j'ai réussi à mettre de côté ce que je voyais pour re-calquer une image habituelle sur ce que je touchais... » Cette fois, ce fut à Lénore de regarder Aaron sans parvenir à détourner les yeux. Il y avait des choses dans ce qu’il disait…des choses qu’elle connaissait, elle aussi: l’impression de devenir fou, la peur de sortir de sa chambre, d’entrer en contact avec d’autres personnes, de leur serrer la main…et la souffrance, les migraines – oui, tout cela lui était étrangement familier. Aaron eut un sourire et se remit debout – ou plutôt, il essaya, car avant que Lénore puisse lui dire de faire attention à la table, il s’était déjà cogné la tête et prononça une série de jurons qui aurait fait rougir un bûcheron.
« Est-ce que je t'ai précisé que je suis très mais alors TRES maladroit », rajouta-t-il et paraissait presque en rire. Lénore parvint enfin à poser le linge sur le bord de la table et ramena ses jambes près de son corps. Ce que le jeune homme lui avait dit lui avait donné à réfléchir et lui donnait une étrange impression de soulagement. Oh, elle le plaignait – sincèrement, car elle savait ce que cela voulait dire d’avoir peur d’une simple poignée de main. Le soulagement venait plutôt du fait qu’il ne l’avait pas jugée, loin de là.
« Tu vois des…des tas de molécules quand tu touches quelqu’un ? », répéta Lénore, oubliant totalement le « vous » plus formel qui aurait été d’usage. « Ca doit être…étrange…de voir les gens comme ça… » Lénore ne savait plus comment dire à Aaron qu’elle comprenait que trop bien et que son pouvoir la terrifiait. Pas étonnant que le jeune homme ait paniqué… « Ma mère dit que c’est mal », murmura Lénore en regardant ses mains gantées qui sentaient la glace à la vanille. « Elle dit que ces choses sont une insulte envers Dieu…et que cela arrive qu’aux personnes faibles et mauvaises… » Soudain, Lénore réalisa ce qu’elle venait de dire et ce dont elle venait d’accuser Aaron – bien qu’indirectement – et elle en fut horriblement gênée. « Je…je suis désolée. Je ne voulais pas dire que tu…que vous…enfin… » Lénore secoua la tête. « Moi aussi, je suis…terriblement maladroite. Je ne me tape pas partout, mais…je dis ce qu’il n’aurait surtout pas fallu dire…et pourtant, ça sonnait bien dans ma tête…et voila, ça recommence… »
Lénore décida enfin à se mettre debout. Le sol commençait à être terriblement froid sous le tissu léger de sa chemise de nuit. Une fois encore, elle réalisa à quel point le jeune homme était grand…elle avait l’air minuscule à côté de lui. |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Dim 16 Nov 2008 - 14:30 | |
| « Tu vois des…des tas de molécules quand tu touches quelqu’un ? Ca doit être…étrange…de voir les gens comme ça… »
« Ma mère dit que c’est mal. Elle dit que ces choses sont une insulte envers Dieu…et que cela arrive qu’aux personnes faibles et mauvaises… Je…je suis désolée. Je ne voulais pas dire que tu…que vous…enfin… Moi aussi, je suis…terriblement maladroite. Je ne me tape pas partout, mais…je dis ce qu’il n’aurait surtout pas fallu dire…et pourtant, ça sonnait bien dans ma tête…et voila, ça recommence… »
Voila les paroles que prononça la jeune fille. Aaron, lui, ne savait pas comment réagir. Comment devait-on réagir lorsque quelqu'un vous dit maudit alors qu'il se considère ainsi lui aussi. Si quelqu'un d'autre le lui avait dit, il se serait certainement énervé et il sentait d'ailleurs la colère montait en lui...mais autre chose aussi. De la peine ou de la pitié pour Léonore. Car la jeune fille semblait croire ce qu'elle disait sans pour autant l'affirmer. Comme si ça mère lui avait tellement rabâchée qu'elle était un monstre qu'elle avait fini par le croire. Il devait lui expliquer. Lui expliquer que sa mère avait tort, il devait lui expliquer sa façon de voir les choses. Mais il devait lui expliquer calmement, il devait laisser la colère retomber. Il ne devait pas montrer à quel point ce qu'elle avait dit, ce que sa mère pensait l'avait rendu furieux. Il ne devait pas lui faire peur...surtout pas.
Elle était debout, en face de lui, et elle lui paraissait beaucoup plus petite que ce qu'il avait cru. Il l'a dépassait de plusieurs dizaines de centimètres, pas tellement surprenant étant donné sa propre taille mais cette différence de taille semblait faire peur à la jeune fille. Aaron inspira profondément et se força à expirer lentement pour que la colère passe, il détendit ses muscles et se prépara à parler.
_Ainsi ta mère pense que nous sommes des monstres...parvint-il à murmurer. Elle nous considère comme des insultes devant Dieu...tout ça parce que nous faisons des choses qui sortent des capacités humaines communes. Alors je vais te poser une question...sommes nous plus des monstres qu'un violeur ou un tueur...uniquement parce que nous sommes comme nous sommes?
Au cours de sa tirade il avait peu à peu élevé la voix, sans s'en rendre compte. Il respira une nouvelle fois. Il n'avait pas encore dit tout ce qu'il avait à dire. Il en avait encore gros sur la patate comme on dit...
_Si je porte ces gants, dit-il en levant ses paumes vers le ciel, c'est pour une seule et unique raison. Ce n'est pas pour éviter de tout transformer, au fond ce n'est pas si grave. Si je les porte c'est parce que j'ai peur...Peur de ce que je pourrais faire. Je ne connais pas l'étendu de mes capacité mais je peux changer ce que je touche et je sais ce que la chimie peut faire...
Il inspira lentement et réfléchit un peu...il ne savait pas comment évoluerai son pouvoir dans le temps et si pour l'instant il ne pouvait que changer des choses très simple il était possible qu'un jour il puisse changer des choses plus complexes. Il n'avait jamais fait part de son inquiétude sur son potentiel à qui que ce soit mais il devait le dire à cette jeune fille. Il se devait de tout faire pour qu'elle comprenne pourquoi elle n'était pas un monstre...et lui non plus.
_...Imagine qu'un jour je puisse recombiner des éléments ensemble. Et si ce jour je ne contrôle pas mes "capacités"...Dans l'air qui nous entoure il y'a de l'oxygène et de l'hydrogène, de quoi faire de l'eau, et si je sépare le sodium présent dans du sel et que je le met en contact avec de l'eau...l'air prendrait feu...expliqua-t-il lentement. Mais le simple fait que je sois ici pour apprendre à contrôler mon pouvoir et le fait que j'ai peur de ce que je peux faire. Ces deux pensées suffisent à me faire passer de monstre à humain apeuré.
Aaron se rendit compte qu'il avait les idées claires, plus claire qu'il ne les avaient jamais eu. Il avait finalement mis près de dix ans pour comprendre sa condition de mutant. Dix ans et une révélation du à la peur du jeune fille et la haine de sa mère...Cette jeune fille qu'il devait aidé à son tour...
_C'est ta mère qui est faible...dit-il alors. Dieu lui à peut-être envoyé une épreuve en ta personne. Une épreuve pour qu'elle puisse démontrer son amour. "Aime ton prochain", n'est-ce pas enseigné dans la Bible? Ta mère à échouer et ta mère à tort. Tu n'est pas une insulte envers Dieu, tu n'es pas non plus un monstre. Comme moi, tu as peur de ce que tu pourrais faire et c'est cette peur qui fait de toi une humaine. Les humains ont peur de ce qu'ils ne comprennent pas. Tu ne comprend pas tes pouvoir et tu en as peur, n'est-ce pas une réaction tout ce qu'il y a de plus humain?
Dire cela l'avait comme épuisé, vidé de ses forces. Essayer de prouver à quelqu'un qu'il n'était pas un monstre était au final plus dur qu'il ne l'avait imaginé. Il s'appuya sur la table et se frotta les yeux. Il lui semblait avoir oublié quelque chose. La mère de Léonore avait dit que cela arrivait aux personnes "mauvaises". Encore une connerie grosse comme une maison et qu'il devait mettre au clair. Il chercha un instant comment prouvé à la jeune fille qu'elle n'était pas mauvaise et trouva en se basant sur ses propres pouvoirs. Les molécules et les atomes allaient tout expliquer.
_Rien ni personne n'est mauvais à la base Léonore, il se rendit compte que c'était la première fois qu'il l'appelait par son prénom. Quand je touche quelqu'un je ne vois que des atomes, tout n'est qu'atomes alors dis-moi comment un amas de particules pourrait être mauvais? Ce ne sont que des empilements de matière. Je vois le monde telle qu'il est réellement : un simple empilement de particules microscopiques. Tu seras mauvaise le jour où tu te serviras de tes capacités pour faire volontairement du mal à une personne par simple cruauté. Avant que ce jour arrive, tu ne seras qu'une jeune fille vivant dans un monde qu'elle ne comprend et qui ne la comprend pas.
Une fois de plus, Aaron avait haussait le ton comme pour donner plus d'impact à ses paroles. Et sans s'en rendre compte il s'était approchait de la jeune fille et la fixait droit dans les yeux tout en lui saisissant les épaules avec les mains pour qu'elle ne se dérobe pas à ses paroles et à son regard. |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Mar 18 Nov 2008 - 20:24 | |
| Lénore avait mis les pieds dans le plat et, en plus, elle les avait amplement remués…si ce plat imaginaire avait été rempli de lait, elle aurait sûrement produit de la crème pour tous les élèves de l’Institut. Elle avait blessé Aaron, Lénore le sentait, même sans avoir besoin de le toucher. Etais-ce là une nouvelle horrible facette de sa tare qu’elle cachait sous ses gants ? – Non, sans doute que cette faculté de dire la mauvaise chose au mauvais moment était issue d’une maladresse chronique…
Soudain, Aaron lui paraissait encore plus grand qu’à la seconde d’avant. Si il le voulait, il pourrait lever la jambe et l’écraser sous la semelle de sa botte (sauf qu’il n’en portait pas, mais la métaphore lui paraissait parlante). « Ainsi ta mère pense que nous sommes des monstres... », résuma-t-il la situation en une simple phrase, et bien que Lénore aurait tout donné pour répondre par la négative, elle savait au fond d’elle-même que c’était exactement ça. Jusqu’au jour où elle avait franchi la porte d’entrée de l’Institut et qu’elle était tombée sur un type aux yeux rouges, elle avait totalement ignoré qu’elle n’était pas la seule à pouvoir faire certaines choses, des choses considérées comme anormales…et monstrueuses. « Elle nous considère comme des insultes devant Dieu...tout ça parce que nous faisons des choses qui sortent des capacités humaines communes. Alors je vais te poser une question...sommes nous plus des monstres qu'un violeur ou un tueur...uniquement parce que nous sommes comme nous sommes?
Voila une question que Lénore ne s’était jamais posée. Jusqu’ici, elle s’était véritablement considérée comme un être monstrueux, puni par une force supérieure pour avoir été mauvaise, et bien que Lénore n’avait jamais tué personne, elle avait été persuadée que cette punition surnaturelle avait bel et bien été méritée. Aaron leva ses gants en lui expliquant la raison pour laquelle il les portait: il avait peur, peur de ce qu’il était capable de faire. Lénore connaissait cela. Elle avait également peur de ce qu’elle était capable de voir, mais ce n’était pas la seule raison pour laquelle elle se baladait toujours avec des gants. Lorsqu’elle voyait des choses, elle en souffrait au moins autant que la personne parasitée. Durant quelques horribles instants, Lénore souffrait avec l’autre, incapable de se détacher de ces émotions qui ne lui appartenait pas. Peut-être étais-ce cela qui la rendait mauvaise: en portant ces gants, elle se protégeait elle-même, au moins autant qu’elle désirait protéger les autres.
Aaron avait gardé le silence et respira profondément, comme pour s’empêcher de crier. Ou simplement parce qu’il a oublié de respirer, se dit Lénore, sans pour autant réussir à s’en convaincre. Puis, alors qu’elle cherchait déjà les mots pour demander pardon, il repris: « Imagine qu'un jour je puisse recombiner des éléments ensemble. Et si ce jour je ne contrôle pas mes "capacités"...Dans l'air qui nous entoure il y'a de l'oxygène et de l'hydrogène, de quoi faire de l'eau, et si je sépare le sodium présent dans du sel et que je le met en contact avec de l'eau...l'air prendrait feu...Mais le simple fait que je sois ici pour apprendre à contrôler mon pouvoir et le fait que j'ai peur de ce que je peux faire. Ces deux pensées suffisent à me faire passer de monstre à humain apeuré. » Lénore n’avait jamais été particulièrement douée en chimie et pourtant, elle comprenait ce que le jeune homme cherchait à lui dire. Il était donc ici pour apprendre à se contrôler. Peut-être pourrait-il, un jour, se débarrasser de ses gants sans prendre le risque de faire flamber l’air et la personne qui le respirait. Lénore avait également compris qu’il avait peur. La peur était-elle diabolique ou, au contraire, salutaire ? La peur mène à la colère…la colère même à la haine…la haine mène au coté obscur de la force… – Non, là, elle confondait.
« C'est ta mère qui est faible... », annonça Aaron du tac o tac, tandis que Lénore écarquilla les yeux. Jamais elle n’aurait osé avoir cette pensée. Oh, depuis des années, elle détestait sa mère, elle haïssait ce qu’elle était devenue et ce qu’elle avait poussé sa fille à devenir…et pourtant, elle ne l’avait jamais remis en question. Sa mère avait parlé de punition tandis que Aaron parlait d’épreuve, d’amour du prochain et d’humanité, apportant pour la première fois une toute autre approche à la question. Finalement, il se tus, s’appuya à la table et se frotta les yeux, comme si il venait de faire un effort physique considérable. Lénore voulait déjà dire qu’elle était désolée, qu’elle n’avait pas voulu le traiter de monstre lorsqu’il se décida à continuer.
« Rien ni personne n'est mauvais à la base Léonore », continua-t-il. Il exposa son propos en expliquant ce qu’il voyait, ce qu’il était capable de faire et émit la théorie que l’être mauvais est celui qui utilise son pouvoir à ses propores fins et pour nuire aux autres. Tandis qu’il parlait, il avait haussé le ton, comme si il avait décidé de crier malgré l’heure tardive, d’ailleurs, il semblait avoir oublié qu’ils se trouvaient seuls au beau milieu de la nuit. Il s’approchait dangereusement, mais cette fois, Lénore était déjà dos à quelque chose, si bien qu’il lui était impossible de recculer encore. Il finit par la saisir par les épaules, randant à Lénore toute tentative pour se dérober sur les côtés impossible.
« Je…je ne voulais pas…je ne le pensais pas », parvint-elle à articuler, ce qui n’était qu’une demi-vérité. Certes, elle n’avait pas voulu traiter Aaron de monstre, du moins, pas consciemment, mais elle avait bel et bien pensé ce qu’elle avait dit. Chaque mot…et pourtant, c’était avant que le jeune homme – son semblable, en somme – lui ait exposé une toute autre théorie. « Je suis désolée…vraiment désolée », répéta-t-elle, toujours coincée entre les énormes mains du géant en pleurant comme un bébé. Durant les dernières années passées avec sa mère, Lénore avait été sure que d’une chose: elle était maudite et elle allait devoir se débrouiller pour vivre avec. Cela ne lui promettait pas vraiment une vie de rêve mais, au moins, cela avait été une certitude. Maintenant, elle était perdue: si Aaron disait vrai et qu’elle n’était pas une enfant du malin, alors…qu’était-elle ? |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Mer 19 Nov 2008 - 20:01 | |
| Aaron vit les perles salées coulaient sur les joues de la jeune fille. Celle-ci pleurait comme une enfant qui aurait fait une énorme bêtise et elle s'excusa pour ses paroles qu'elle disait ne pas penser. Il la croyait, il croyait car elle lui ressemblait dans un certain sens. Il relâcha doucement sa prise sur les épaules de Léonore comme on relâche un objet fragile en équilibre. Il se sentait mal à l'aise devant les pleurs, il l'avait toujours était, mais en plus cette fois il avait l'impression que c'était de sa faute. Si sa mère savait qu'il faisait pleurer les adolescentes dans les cuisines, elle lui aurait certainement mis la rouste de sa vie. Si, elle avait eu un autre pouvoir et lui aussi, il aurait pu la prendre dans ses bras pour la rassurer mais un contact physique n'était certainement pas la meilleure des solutions dans le cas présent. Il posa donc une main sur la tête de la jeune fille et ébouriffa ses longs cheveux, comme l'aurait fait un frère pour sa sœur.
_Pas besoin de t'excuser...je suis sûr que on devrait certainement pouvoir trouver une définition de monstre qui nous intègre...dit Aaron en lançant un grand sourire à la jeune fille.
Ce fut les seules paroles qu'il parvint à dire à ce moment précis. Il le pensait dans un sens, après tout mutants, monstres, magiciens, dieux, évolutions, démons...tout cela pourrait très bien définir ceux qu'ils étaient pour certaines personnes. Il se retourna et alla s'asseoir sur une chaise au bout de la table de la cuisine. Il prit une pomme et mordit dedans en enlevant un morceau de fruit énorme. Il mâcha quelques secondes et regarda l'adolescente. Il se rendit alors compte qu'elle n'avait jamais sourit, ou en tout cas qu'il ne l'avait pas vu faire. Même lorsqu'il était tombé, pourtant gag entre les gags, elle n'avait pas semblé esquissé la moindre mimique de sourire. Il tenta de l'imager en train de rire mais ne parvint pas à coller cette image sur celle de la jeune fille qui lui faisait face.
_Tu sais, tu devrais essayer de sourire...dit-il comme s'il pensait à voix haute. Quand j'étais jeune ça m'a sauvé je crois...un sourire c'est peu mais ça peu faire beaucoup. Ca rassure et les gens ont tendance à aller vers ce qui les rassure...
Il replongea quelques secondes dans ses pensées en reprenant un nouveau morceau de pomme. Il se demanda pourquoi il ne transformait pas la pomme, pourtant en contact direct avec sa peau en autre chose. Puis, il pensa à plein de détails sur son pouvoir avant de chasser ses pensées d'un geste de la main, comme s'il chassait des mouches devant ses yeux.
_Cet institut est certainement le seul endroit au monde où tu pourra vivre auprès de gens ne te jugeant pas sur tes pouvoirs...tu devrais en profiter, conseilla-t-il à Léonore en engouffrant un autre morceau de pomme. |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Jeu 20 Nov 2008 - 11:09 | |
| Lénore détestait pleurer devant de gens qu’elle ne connaissait pas…presque autant que devant des gens qu’elle connaissait, d’ailleurs. Elle était gênée et surtout, elle se sentait désormais tellement perdue, car la seule certitude qu’elle avait réussi à conserver tout au long de ces dernières années en avait pris un sérieux coup. Peut-être que, avec le recul nécessaire, cela allait s’avérer salutaire, car Lénore pourrait alors continuer à vivre sans devoir se souvenir tous les jours qu’elle était monstrueuse et qu’elle payait une dette qui lui échappait complètement. Oui, sans doute que, dans quelques jours ou quelques semaines, elle saurait être reconnaissante à Aaron pour ce qu’il lui avait dit, mais pour l’instant, tout cela l’avait démunie, car si elle n’était pas une créature du malin, que restait-il d’elle?
Alors, enfin, Aaron la lâcha, tendis la main vers elle et lui ébouriffa les cheveux. La dernière personne à avoir eu ce geste envers elle avait été son père, et Lénore en avait presque oublié la sensation… « Pas besoin de t'excuser...je suis sûr que on devrait certainement pouvoir trouver une définition de monstre qui nous intègre... », lui dit-il avec un demi sourire. Toute sa colère semblait s’être volatilisée et Lénore en fut incroyablement soulagée. Visiblement, elle n’avait heureusement pas encore réussi à se mettre à dos l’une des rares personnes avec qui elle avait échangé plus de dix mots, comme elle en avait habituellement le secret. Pourtant, la jeune fille avait senti qu’elle n’avait pas passé loin….
Aaron repris ses distances, alla chercher une pomme et pris place à la table, sans tomber cette fois. Visiblement, la glace ne lui avait pas suffi, car il pris un morceau énorme de son fruit qu’il mâcha avec délectation. « Tu sais, tu devrais essayer de sourire... », lui dit-il soudain, « Quand j'étais jeune ça m'a sauvé je crois...un sourire c'est peu mais ça peu faire beaucoup. Ca rassure et les gens ont tendance à aller vers ce qui les rassure... »
Lénore n’était même pas sure de vouloir rassurer les gens, car si les gens venaient vers elle, elle risquerait de leur faire du mal…et de se faire du mal par la même occasion. De plus, les gens lui posaient sans cesse des questions sur ses gants, questions auxquelles Lénore n’avait pas de réponse. Peut-être qu’elle pourrait demander conseil à Aaron, qui avait visiblement un problème quelque peu semblable au sien. Et en parlant de main…Aaron fit un petit geste, comme pour chasser une mouche et repris la parole après avoir gardé un silence pesant quelques instants.
« Cet institut est certainement le seul endroit au monde où tu pourra vivre auprès de gens ne te jugeant pas sur tes pouvoirs...tu devrais en profiter. » Pendant que Aaron s’attaqua de nouveau à sa pomme, Lénore réfléchit au conseil que le jeune homme venait de lui donner. En admettant qu’elle était vraiment ce qu’il avait prétendu qu’elle était, et non un être diabolique sorti tout droit des cauchemars les plus sombres de l’humanité, alors…alors peut-être que sa venue ici n’était-elle ni un hasard, ni une erreur. Peut-être que sa tare, sa part des ténèbres, était en fait une sorte de « pouvoir ».
« Comment est-tu arrivé ici ? », demanda finalement Lénore en s’essuyant le visage avec un coin de l’ample manche de sa chemise de nuit. « Enfin…je..je veux dire…jusqu’à maintenant, j’ai toujours cru que j’étais ici par erreur… », précisa-t-elle, de peur de froisser encore son interlocuteur, « …et je n’avais jamais pris le temps de demander aux autres si…si ils s’étaient posé la même question. » |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Jeu 20 Nov 2008 - 18:01 | |
| « Comment est-tu arrivé ici ? »
Ce fut la première question que lui posa la jeune fille une fois qu'elle eu essuyait ses larmes. Comment? Il avait eu envie de faire une blague pas drôle avec une réponse du style "en avion" et c'était vrai qu'il avait pris l'avion depuis Pittsburgh mais il ne pensait que Léonore prendrait très bien cette réponse stupide. D'un point de vue strictement pratique, le professeur Xavier était allé le chercher dans son appartement et lui avait parlé de son institut. Aaron avait tout de suite accroché à l'idée d'un endroit où vivaient uniquement des mutants. Une véritable boîte de Pétri géante pour un scientifique mais il était conscient que seul le fait de pouvoir contrôler ses pouvoir l'avait conduit jusqu'ici.
« Enfin…je..je veux dire…jusqu’à maintenant, j’ai toujours cru que j’étais ici par erreur …et je n’avais jamais pris le temps de demander aux autres si…si ils s’étaient posé la même question. »
Après ces précisions, le jeune homme compris qu'elle parlait de quelque chose de plus philosophique que les raisons de sa venue. Elle souhaitait certainement une réponse parlant de destin ou d'un quelconque Dieu qui aurait choisi pour eux tous la direction de que prendrait leur vie. Mais Aaron se considérait comme un scientifique bien qu'il ne soit qu'un simple laborantin et parler de destinée en étudiant le monde vivant lui semblait quelque peu contradictoire. Il n'avait jamais cru en une quelconque puissance guidant le monde. Tout au plus à une intuition aidant plus ou moins certains...et encore. Il aimait croire que le monde était rationnel, que chaque conséquence avait sa cause mais il savait très bien que parfois peu importe nos choix ils nous auraient emmené à la même finalité. Il pourrait croire à la théorie de "l'effet papillon" mais cela lui semblait un peu gros. Quand à la rationalité du monde...il était bien penser pour savoir que dans une certaine mesure les mutants, dont il faisait partie, avaient depuis bien longtemps réduit les lois physique, qu'il avait considéré comme absolu, au silence. Le fait qu'il puisse transformer des éléments en était la preuve la plus concrète.
Mais une fois de plus il était partie dans ses pensées et n'avait toujours pas répondu à la question de Léonore. Et cela devait bien faire un bon moment qu'elle l'avait posée.
_Désolé, la question est difficile...s'excusa-t-il en se frottant le menton. Comment suis-je arrivé ici? Si c'était pourquoi je dirais que c'est parce que je suis un mutant mais c'est pas pourquoi mais comment...
Il laissa passer quelques secondes avant de lever les mains au ciel en signe d'ignorance.
_Je crois que je n'en est aucune idée. Et au final je ne sais pas si c'est important. La plupart des mutants de cet institut sont ici pour apprendre à se maîtriser et je pense que c'est là le plus importance. La finalité est plus importante que le chemin...ou pas. Désolé mais je ne crois pas avoir de réponse. S'excusa, une nouvelle fois Aaron en esquissant un léger sourire. |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Ven 21 Nov 2008 - 19:28 | |
| Aaron réfléchissait, si bien que Lénore cru encore avoir mis les pieds dans le plat. Existait-il une question qui pouvait se terminer sur une réponse simple et facilement explicable ? Elle-même n’avait jamais demandé à être ici. Un beau jour, on lui avait simplement dit qu’elle allait changer d’école, qu’une personne était venue et s’était intéressée pour son cas et que, dès ce moment, elle allait rejoindre une école pour jeunes gens surdoués. Au premier moment, Lénore avait cru à une blague particulièrement douteuse, car ses notes étaient bien loin de plafonner. Puis, elle avait eu un doute plus sérieux qui avait abouti à la théorie qu’on cherchait à se débarrasser d’elle après l’incendient survenu dans son dortoir. Elle avait admis que tout cela était bien réel le jour où elle avait poussé la porte d’entrée de l’Institut sans se faire mettre dehors dans la minute qui avait suivi. Maintenant, elle comprenait. Sans doute que des histoires étranges étaient venues jusqu’aux oreilles attentives des mutants de l’Institut, qui avaient alors faits les démarches pour la faire venir ici. Grâce à Aaron, les choses devenaient lentement plus claires…
« Désolé, la question est difficile... », répondit Aaron au bout d’un long moment, ce qui eut pour effet de surprendre Lénore. « Comment suis-je arrivé ici? Si c'était pourquoi je dirais que c'est parce que je suis un mutant mais c'est pas pourquoi mais comment... »
Puis il leva les mains au ciel, comme si elle venait de lui poser une question sur le sens de la vie. « Je crois que je n'en est aucune idée. Et au final je ne sais pas si c'est important. La plupart des mutants de cet institut sont ici pour apprendre à se maîtriser et je pense que c'est là le plus importance. La finalité est plus importante que le chemin...ou pas. Désolé mais je ne crois pas avoir de réponse. »
Maîtriser un pouvoir……Y avait-il donc un espoir pour lui, peut-être même pour elle? Y avait-il un moyen pour eux deux d’apprendre à contrôler cette force surnaturelle qui leur rendait le quotidien si pénible? Y avait-il une petite, même toute petite chance pour Lénore de pouvoir vivre un jour une vie normale, peut-être avec une maison, un jardin et un chien, sans qu’elle ne doive découvrir au moindre contact où son toutou avait enterré son dernier os?
« Je…je voulais dire…comment ils t’ont trouvé. Moi, on m’a simplement dit que j’intéressais quelqu’un et que j’allais être changée d’école. Au début, j’ai cru à une blague…moi, dans une école de surdoués ? » Lénore secoua la tête et baissa les yeux sur ses gants, qu’elle frottait à présent l’un contre l’autre. Ce que Aaron lui avait dit représentait un espoir, soit quelque chose qu’elle n’avait pas cru possible depuis des années…Oh, il ne lui avait pas dit que la faculté qu’elle possédait allait un jour disparaître, chose qu’elle avait souhaité depuis que le comportement de sa mère vis-à-vis d’elle avait tellement changé, mais il avait parlé de le maîtriser…et donc, peut-être, de l’accepter un jour.
« Tu crois que…qu’il y a un espoir pour que nous…nous puissions un jour enlever ces trucs sans risquer de faire du mal à quelqu’un? », parvint-elle à articuler et, après hésitation, elle releva son regard bleu vers Aaron. |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Ven 21 Nov 2008 - 23:33 | |
| « Je…je voulais dire…comment ils t’ont trouvé. Moi, on m’a simplement dit que j’intéressais quelqu’un et que j’allais être changée d’école. Au début, j’ai cru à une blague…moi, dans une école de surdoués ? »
Aaron ne put s'empêcher de rire. Il avait philosophé sur une question pourtant anodine. Il se sentait stupide, sérieusement il était peut être temps d'aller mettre sa grande carcasse au repos. Il repris sa respiration et répondu.
_Perso, c'est un peu plus compliqué. Je ne suis plus à l'école, je bossais dans un laboratoire pharmaceutique, j'étais une sorte d'assistant. Expliqua le jeune homme. Puis, un jour le big boss de l'institut est venu me voir. Il m'expliqua en quoi consistait son "école" et comment il pourrait m'aider à contrôler mes pouvoirs...mais comme j'avais un job, un appart et toute une vie, j'ai du trouver une excuse pour retourner à l'école et donc officiellement je suis ici pour donner des cours de chimie à une bande de surdoués tout en perfectionnant mes connaissances dans ce domaine aux côté des autres profs...
Il eu comme un doute quand à la clarté de son exposé, à vrai dire lui même ne comprenait pas très bien le fonctionnement de l'institut...et personne n'était venu lui dire clairement ce qu'il devait faire. Il joua un temps avec ses doigts gantés avant que Léonore ne reprenne la parole.
« Tu crois que…qu’il y a un espoir pour que nous…nous puissions un jour enlever ces trucs sans risquer de faire du mal à quelqu’un? »
Enfin...reprenne la parole était un bien grand moment. Clairement peu à l'aise en public et apparemment encore moins lorsqu'il s'agissait de discuter, toutes ses phrases étaient hachés. Aaron trouvait que cela lui donné un côté enfantin... Pour la question qu'elle lui posa, pour la première fois depuis leur rencontre, elle lui sembla claire comme de l'eau de roche. Cela lui semblait tellement évident, non pas qu'il pensait que la jeune fille était une idiote mais de son point de vue la réponse ne faisait absolument aucun doute.
_Oui. Sinon je ne serais pas là, dit-il d'une voix parfaitement assurée. Si je ne le pensais pas, je me serais contenter de continuer ma vie en acceptant de porter des gants jusqu'à ma mort.
Le géant s'étira en émettant un bâillement sonore avant de s'excuser pour cette impolitesse. Puis, il croisa ses mains derrière sa tête et se demanda s'il ne devrait pas aller se coucher. Peut être qu'il aurait à se lever tôt le lendemain...Finalement, il décida de rester debout encore un peu, il souhaiter en apprendre plus sur la jeune fille, elle l'intéressait d'un point de vue purement psychologiquement et il souhaitait voir jusqu'à quel point cette conversation pourrait lui en apprendre sur celle qui lui faisait face.
_Si tu veux mon avis, si d'ici quelques temps tu ne penses pas pouvoir maîtriser un jour ton pouvoir, alors ne le prend pas mal, mais pars. Ca peut paraître cliché mais "l'espoir fait vivre" alors si tu n'as même pas une once d'espoir d'ici quelques semaines ou mois ou après plusieurs échecs alors arrêtes, dit calmement Aaron. Tu as l'air de souffrir de tes "capacités" alors c'est à toi de décider si tu veux espérer. Personnellement, je pense qu'il faut mieux vivre dans un fol espoir toute sa vie que subir quelque chose qu'on ne supporte pas...
Il n'avait absolument aucune idée de l'effet que pourrait avoir ce qu'il venait de dire sur la jeune fille. Après coup, il lui sembla que ses paroles paraissait presque dur et culpabilisante et il espérait qu'elle ne les prendrait pas ainsi mais plutôt comme un conseil ou juste comme la façon dont il s'était promis de vivre. Car il avait d'hors et déjà décidé qu'il contrôlerait son pouvoir, peu importe le temps que cela pourrait prendre. |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Lun 24 Nov 2008 - 10:55 | |
| Aaron riait. Pour la première fois. Lénore en fut soulagée, car entre son rire et la colère d’avant, il y avait eu une nette amélioration. Bien qu’elle ignorait ce qui faisait rire le jeune homme, elle aimait le voir rire…bien plus que de le voir se mettre en colère, même si il le cachait plutôt bien. Puis, sans gène aucune, il lui raconta son histoire et Lénore fut surprise de savoir que c’était le « Big Boss » en personne qui était venu le trouver pour lui proposer d’intégrer l’Institut. Et Aaron avait accepté. Il avait quitté son ancienne vie, son quotidien et peut-être même famille et amis pour venir à l’Institut afin de mieux connaître son pouvoir. Lénore, quand à elle, commençait à comprendre: peut-être bien que cet Institut représentait une chance, sa seule chance d’apprivoiser cette chose qu’elle avait en elle et dont elle ne pouvait se débarrasser.
A la question si il y avait un espoir pour des gens comme eux deux de pouvoir un jour se passer des gants et vivre une vie quasi normale, Aaron mis peu de temps à répondre, comme si il énonçait une évidence. « Oui », répondit-il, catégorique, comme si il n’y avait jamais eu le moindre doute là-dessus, « Sinon je ne serais pas là. Si je ne le pensais pas, je me serais contenté de continuer ma vie en acceptant de porter des gants jusqu'à ma mort. »
Il paraissait tellement sur de lui qu’il parvenait presque à « contaminer » Lénore, elle qui n’avait jamais été une optimiste. Puis Aaron s’étira de toute sa longueur en baillant, ce qui rappela à la jeune fille qu’ils se trouvaient seuls, en pleine nuit, dans la cuisine de l’Institut…une situation étrange, bien que Lénore du se rendre à l’évidence qu’elle se sentait bien moins gênée qu’auparavant. Elle allait déjà proposer à Aaron de retourner se coucher (en prenant garde à ses tournures de phrases), mais le jeune homme avait repris la parole.
« Si tu veux mon avis, si d'ici quelques temps tu ne penses pas pouvoir maîtriser un jour ton pouvoir, alors ne le prend pas mal, mais pars. Ca peut paraître cliché mais "l'espoir fait vivre" alors si tu n'as même pas une once d'espoir d'ici quelques semaines ou mois ou après plusieurs échecs alors arrêtes… » Effarée, Lénore regardait le jeune homme, qui venait d’énoncer sa nouvelle pire crainte, maintenant qu’elle avait découvert le but de l’Institut. Si elle n’arrivait pas à maîtriser cette chose, alors…qu’allait-elle devenir? « Tu as l'air de souffrir de tes "capacités" alors c'est à toi de décider si tu veux espérer. Personnellement, je pense qu'il faut mieux vivre dans un fol espoir toute sa vie que subir quelque chose qu'on ne supporte pas... »
Soudain, Lénore eut peur: que se passait-il avec les mutants qui ne parvenaient pas, même après un certain temps, à faire des progrès ? Ceux-ci étaient-ils obligés de quitter l’Institut et de se débrouiller comme ils le pouvaient ? « Quand cette…cette chose se déclenche, c’est comme si j’étais plus là… », dit soudain Lénore, qui avait pouvait la désagréable impression qu’elle était entrain de se trouver des excuses. «…C’est comme si j’étais…dans l’un de ces trains fantômes de foire…je vois des choses, je les sens, je les subis…ce n’est plus moi qui décide – c’est elle… »
Lénore n’avait encore jamais essayé de décrire ce qu’elle voyait et comment elle le voyait…ou, du moins, pas de cette manière. Elle avait bien tenté de faire comprendre à sa mère que ce n’était pas sa faute, qu’elle ne contrôlait pas ce qu’elle faisait et qu’elle aurait tout donné pour se débarrasser de ce fardeau, mais elle avait été bien incapable de se faire entendre et, finalement, elle avait adopté l’explication de sa mère : elle était maudite, tout simplement. Une explication comme une autre mais, au moins, il y en avait une. Du moins, jusqu’à maintenant…Maintenant, selon Aaron, il ne suffisait plus de subir mais, pour la première fois, on lui demandait de contrôler, endiguer et dompter cette chose…ce qui lui fit presque encore plus peur que la théorie de la malédiction. « Que se passe-t-il avec les gens qui ne parviennent pas à contrôler leur pouvoir? Est-ce que…est-ce qu’ils doivent repartir ? Une nouvelle fois, Lénore du ravaler ses larmes. « Si ils me demandent de partir, je n’ai nulle part où aller… » |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Mer 26 Nov 2008 - 20:20 | |
| Si elle n'avait pas semblé si près des larmes Aaron aurait certainement rit du pessimiste énorme dont faisait preuve la jeune fille. Ils se ressemblaient sur certains points, un pouvoir quelque peu contraignant, une solitude affective...mais leurs façons d'être étaient totalement différentes. Sans être un optimiste convaincu, le jeune homme essayait de voir les choses du bon côté et ne pouvait s'empêcher de chercher l'espoir peu importe la situation. Elle, elle était sur cette partie de leur personnalité, son opposée. Depuis qu'ils discutait, le géant avait tout essayé pour la rassurer mais rien n'y avait fait. Quand il lui semblait apercevoir une once d'espoir dans les yeux de la jeune fille, ses paroles exprimaient sa profonde inquiétude et ses peurs les plus violentes. Elle se posait de nouveau des questions sur son avenir...non pas son avenir mais juste sur sa possibilité d'une vie supportable. Elle était au bord des larmes lorsqu'elle exprima sa peur de ne plus être dans un endroit porteur d'espoir tel qu'était l'institut. Elle se demandait ce qui se passerait si jamais elle ne parvenait pas à contrôler ses capacités.
Et une fois de plus, Aaron dit ce qu'il aurait aimé entendre si jamais c'est lui que l'on aurait du rassurer.
_Je ne pense pas...et puis ils sont venus te chercher c'est pas pour te virer derrière juste parce que tu es toi, dit-il en lâchant un nouveau sourire.
Il réfléchit, attendant peut-être une quelconque réaction de la jeune fille. Il se dit aussi qu'après tout même si elle était peut-être condamnée à limiter à vie les contacts avec le reste de l'humanité, certains mutant étaient biens moins lotis. Au moins, elle ressemblait à un être humain "normal" tandis que d'autres avaient de véritables apparences de monstres. Il n'en avait encore jamais vu mais avait eu vent de leur existence.
_Tu sais, je crois que si tu reste suffisamment longtemps ici, tu découvriras que tu es certainement pas la plus "bizarre". Enfin, tu verras...dit Aaron mystérieusement. Et puis de toute façon, tu es bien trop jeune pour croire si peu au futur.
Une fois de plus le jeune homme sourit. Il croyait fermement en ce qu'il venait de dire et pensa que bizarrement, il n'avait jamais vraiment pensé à son avenir. Il avait découvert son pouvoir et en avait eu peur mais avait décidé de tout faire pour vivre avec. Puis il s'en était servit pour réussir dans le domaine de la chimie. C'est vrai, dans un sens il portait en lui le rêve de bien des scientifiques, pouvoir réellement "voir" les molécules et pas seulement les imaginer avec des équations chiantes comme pas possibles. Il s'étira et émis un bâillement sonore, apparemment la fatigue était en train de le gagner et il se dit qu'il était peut-être temps de laisser Léonore tergiverser seule et d'aller se coucher. Cependant, il décida d'attendre encore un peu, après tout il aurait tout donné pour avoir ne serait-ce qu'une oreille pour l'écouter à une certaine époque...et aujourd'hui il sentait qu'il pouvait être une aide sur laquelle pourrait s'appuyer la jeune fille. Dans un sens, s'il le devenait il en serait plutôt fier... |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Mar 2 Déc 2008 - 19:32 | |
| Une fois encore, il fit une pause et semblait réfléchir. Longtemps, beaucoup trop longtemps au goût de Lénore, qui commençait à se demander si on allait véritablement la mettre à la porte au cas où elle ne parviendrait pas à dominer ce pouvoir étrange. Si on la mettait dehors, où allait-elle pouvoir aller ? Allait-on la reprendre dans son ancien foyer où serait-elle bonne pour aller se produire dans une foire ?
« Je ne pense pas... », répondit finalement Aaron, au grand soulagement de Lénore. « …et puis ils sont venus te chercher c'est pas pour te virer derrière juste parce que tu es toi », ajouta-t-il et lui adressant un sourire franc et optimiste. D’ailleurs, il ne semblait lui-même pas se faire trop de souci au sujet de sa propre capacité d’adaptation au sein de l’Institut, comme si le fait qu’il allait apprendre à contrôler son pouvoir n’avait jamais été mis en doute. Peut-être suffisait-il d’y croire, un peu comme dans les contes…
« Tu sais, je crois que si tu reste suffisamment longtemps ici, tu découvriras que tu es certainement pas la plus "bizarre" », repris Aaron au bout d’un moment. « Enfin, tu verras...Et puis de toute façon, tu es bien trop jeune pour croire si peu au futur. » Lénore jeta un regard quelque peu surpris au jeune homme, étant donné qu’il lui manquait une barbe blanche, quelques rides et un certains nombres d’années pour jouer au vieux sage et ainsi philosopher sur sa jeunesse. Lénore donnait à Aaron vingt-cinq ans au maximum, donc pas vraiment un âge canonique. Et pourtant…il semblait savoir de quoi il parlait, il paraissait tellement plus sur, tellement plus serein qu’elle. D’où avait-il pris autant d’assurance ?
Aaron s’étira et bailla. Sans doute était-il fatigué…quelle heure pouvait-il bien être ? Deux heures ? Trois heures peut-être ? Lénore bougea ses doigts de pieds qui commençaient à absorber le froid du linoléum. Aaron se sentait-il obligé de rester avec elle, de peur qu’elle ne fasse des bêtises ? Lénore aurait voulu lui dire qu’elle allait maintenant se coucher, mais quelque chose l’en empêchait. Etais-ce le fait qu’elle avait ici la toute première possibilité d’avoir des réponses à ses questions ou étais-ce simplement le fait qu’elle venait de vivre sa première véritable conversation depuis des mois ? Un peu plus, elle en aurait oublié le son de sa propre voix...
« Je vois ce que tu veux dire », dit-elle soudain en se souvenant du jour de son arrivée. « Lors que je suis arrivée…il y avait ce type. Il avait les yeux rouges…pas comme…comme si il venait de pleurer…non…vraiment rouges. Comme les démons sur les tableaux…si j’avais pu, je lui aurai jeter ma valise à la tête et je me serais enfuit… » Lénore reporta son regard sur Aaron et secoua la tête en se remémorant la stupidité de sa réaction – ou du moins, de la réaction qu’elle aurait pu avoir si elle avait été capable de bouger. « Heureusement que je ne l’ai pas fait…oh, si j’avais su… » Maintenant, avec le recul qu’elle avait obtenu grâce à Aaron, peut-être aurait-elle la possibilité de réagir différemment face à l’inattendu . D’ailleurs, son échelle concernant les degrés de bizarrerie avait légèrement changé…et puis, elle avait comme un doute : « Il y a…encore plus bizarre que ça, n’est-ce pas ? Plus bizarre que lui …que nous.» |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Jeu 4 Déc 2008 - 19:37 | |
| « Je vois ce que tu veux dire. Lors que je suis arrivée…il y avait ce type. Il avait les yeux rouges…pas comme…comme si il venait de pleurer…non…vraiment rouges. Comme les démons sur les tableaux…si j’avais pu, je lui aurai jeter ma valise à la tête et je me serais enfui…Heureusement que je ne l’ai pas fait…oh, si j’avais su… »
Aaron ne put retenir un rire discret en entendant le récit de la jeune fille et en la voyant secouer la tête comme si cela allait effacé ce qu'elle venait de dire. Il se rendit aussi compte que c'était l'une des premières mimiques quelque peu comique qu'elle avait effectué depuis le début de leur conversation. Il ne se rappelait même pas l'avoir vu rire lorsqu'il s'était effondré au sol alors que lui même n'aurait certainement pas put se retenir s'il avait été témoin de la scène. A part cela, il comprenait sa réaction. Quelqu'un avec des yeux rouges devait vraiment surprendre, un peu comme lorsque l'on voit les yeux blanc brumeux des aveugles...mais en rouge. Il ne savait pas comment lui même aurait réagit face à cette situation...
Elle lui demanda alors s'il existait des personnes encore plus bizarre que ce type aux yeux rouges et eux-même. Mais le jeune homme n'avait aucune expérience de contact avec d'autres mutants, Léonore était l'une des premières avec qui il avait entretenue une véritable conversation. Cependant il le croyait. Il pensait réellement que des êtres plus étranges qu'eux foulaient le sol de cette planète...même s'il pensait être plutôt bien placé dans l'échelle de bizarrerie humaine. Après tout, un type obligé de porter des gants pour ne pas tout transformer autour de lui n'était vraiment pas banale.
_Ouais, je crois. Je n'en ai jamais vu mais les mutants sont un vrai mystère, même pour ceux qui le sont alors je m'attends à avoir de nombreuses surprises, répondit calmement le chimiste.
C'était plutôt vrai qu'il s'attendait à presque tout avec les mutants même s'il supposait que certains d'entre eux devaient dépasser de loin son imagination. La jeune fille face à lui, voyait des choses lorsqu'elle touchait les gens et les objets qui l'entouraient, lui même pouvait transformer la matière, si on lui avait dit cela lorsqu'il était plus jeune et avant l'apparition de ses pouvoirs il aurait certainement cru à une histoire tiré d'un comics. Et pourtant, aujourd'hui cette réalité lui faisait face et il adorait cela. Aaron avait l'impression d'être dans une sorte de laboratoire géant avec des créatures, bien qu'il n'aimait pas ce terme il n'en avait pas d'autres sous le coude, sortis des rêves les plus fous des personnes les plus imaginatives. Une étude grandeur nature sur les effets de l'évolution et des mutations génétiques s'offrait à lui comme une étudiante sans pécule s'offre aux regards d'hommes lubriques afin de payer son savoir. Sans rien cacher mais avec une certaine gêne pudique à l'idée de se mettre à nue devant un étranger.
_Je pense qu'il n'y a aucune limite à l'imagination de la nature. Et que comme l'on trouve toujours plus fort que soi, je pense que chez les mutants on trouve toujours quelqu'un de plus bizarre, étrange voir effrayant que ce que l'on pense être, ajouta Aaron après ses quelques réflexions. Et au final, c'est peut-être ça qui fait la beauté de ce qui nous entoure. La vie serait vraiment chiante si on était tous pareil, tu ne crois pas? Disons, que nous, mutants, sommes juste un plus différents que les autres, conclut-il avec un nouveau sourire et un clin d'œil. |
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| Sujet: Re: Une histoire de bouffe (sujet ouvert) Dim 7 Déc 2008 - 18:39 | |
| Aaron riait. Pas très fort, pas très déployé, mais il avait rit. Lénore avait réussi à le faire rire, et elle préférait amplement cela à la situation de l’avoir fâché. Durant une seconde, Lénore du réfléchir à ce qu’elle avait bien pu dire de si drôle, puis elle s’imagina elle-même balançant sa valise à la tête de ce pauvre homme qui n’avait rien demandé et qui s’était montré très gentil, presque charmant envers elle…Aïe…le pauvre. La valise était une chose, mais la conséquence immédiate de se retrouver enterré au milieu d’une pile de robes, de jupes et de blouses à volant en était une autre et, pour la première fois, Lénore ne pu réprimer un sourire lorsqu’elle imagina la scène.
Pendant ce temps, Aaron avait retrouvé son calme habituel et réfléchissait, sans doute à la seconde partie de sa question, sauf si, bien sur, il avait en ce moment devant les yeux la même image complètement surréaliste qu’elle…mais non. A croire que Aaron n’était pas du genre à s’imaginer un type enterré sous toute une pile de vêtements féminins. « Ouais, je crois pas », répondit-il, « Je n'en ai jamais vu mais les mutants sont un vrai mystère, même pour ceux qui le sont alors je m'attends à avoir de nombreuses surprises. »
…Mais quel genre de surprises? Cette mutation pouvait-elle altérer autant le physique qu’elle altérait le sens du toucher, la vision de la matière ou la vision tout court? Et si tel était le cas, où se trouvaient les limites? Lénore devait-elle s’attendre à croiser dans les couloirs des créatures à l’aspect anormal, étrange ou même carrément repoussant, des corps parsemés de griffes, de crocs, d’ailes ou de couleurs exotiques? Bien que Lénore commençait à comprendre qu’une telle chose n’était pas forcément un mal et ne disait rien sur l’histoire de la créature en question, elle ne savait pas si elle était tout à fait prête pour assumer ça. Aaron, ça allait: il avait l’air normal et ses gants ne dérangeaient pas Lénore, loin de là, ils lui donnaient même quelque chose qui était familier à la jeune fille. Par contre, Lénore ignorait si elle serait capable de tenir ce genre de conversation avec un type à la peau rouge, aux ailes dans le dos ou aux yeux de reptiles.
« Je pense qu'il n'y a aucune limite à l'imagination de la nature », ajouta finalement Aaron et confirma ainsi les doutes de Lénore. Mais lui, encore une fois, voyait ces choses du bon côté, appréciant la variété de chaque créature comme un parfait petit chimiste s’extasiant devant toute une foule de petite bébêtes sous un microscope. « Je ne sais pas si je n’aurai pas peur de certaines de ces créat….euh…certains de ces gens. J’étais à mille lieux de penser qu’une telle chose serait possible… »
Durant tant d’années, Lénore avait cru qu’elle était unique, que quelque chose de profondément mauvais en elle avait fait d’elle ce qu’elle était, mais elle avait maintenant compris qu’elle n’était pas seule et que sa tare...non, que son pouvoir n’était pas un cas unique. Maintenant, il restait à assumer les conséquences de ce nouveau statut. « Au moins, je ne pense pas qu’on va s’ennuyer ici », résuma Lénore. D’une manière ou d’une autre, rajouta-t-elle en pensée. |
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